Presbytre et Evêque fidèle
Cyprien est né dans une riche famille de parents païens et devint
avocat à Carthage avant de se convertir au Christianisme aux
alentours de 246.
Après son baptême, il abandonnât complètement la vie pécheresse
et inutile qu'il avait menée auparavant.
Deux ans plus tard, il fut élu doyen de Carthage et seulement
quelques mois plus tard, fut confronté à la persécution de Dèce
et entra en clandestinité.
Face au feu de la persécution, des milliers de Chrétiens
apostasièrent, pendant que d'autres obtenaient hypocritement des
"libelli", certificats, par lesquels ils déclaraient avoir
sacrifié aux dieux païens.
Lorsque la persécution commença à diminuer, les ‘confesseurs’,
c'est-à-dire ceux qui avaient victorieusement confessés le Nom de
Jésus et étaient restés fermes dans leur foi, commencèrent à
réconcilier facilement les ‘lapsi’ affirmant qu'en tant qu'"amis
du Christ", ils avaient le droit d'accorder le pardon.
Cyprien retourné à Carthage au début de l'année 251, réintégra
immédiatement ses fonctions lors du concile qui se tînt en mai.
Ce même concile décréta que, même si personne ne devait être
totalement exclu du pardon, ceux qui avaient simplement accepté des
faux certificats, disant qu’ils avaient sacrifié, ne devaient être
réadmis qu'après différentes périodes de probation. Mais que, par
contre, ceux qui avaient vraiment sacrifié leur foi (les
sacrificati) ne devaient être réadmis que sur leur lit de mort.
Trois principes importants de la discipline de l'Eglise furent ainsi
mis en avant:
1°) Le droit et le pouvoir de remettre les péchés capitaux, même
celui de l'apostasie, étaient entre les mains de l'Eglise.
2°) L'autorité finale en matière disciplinaire appartient aux
évêques en concile en tant que dépositaires du Saint-Esprit.
2°) Les membres indignes parmi les laïcs doivent être acceptés
dans le Nouvel-Israël du Christianisme tout comme cela avait été
le cas dans l'Ancien-Israël.
Cete même année, Cyprien prit la défense de l'évêque fidèle
Corneille contre l'hérétique Novatien, et écrivit le ‘Traité
sur l'unité de l'Église catholique’, qui souligne la centralité
du siège de Pierre, mais n'impliquait aucune acceptation des
prérogatives juridictionnelles de la ville de Rome.
Nouvelle persécution
En 252, une nouvelle menace de persécution par décrétée par
l'empereur Gallus, mais cette fois, l'Eglise se présentait
fortifiée.
La fermeté du clergé chrétien face à l'épidémie de peste avait
gagné un meilleur soutien populaire; Cyprien venait de défaire les
ennemis internes de l'Eglise, qui avaient eu l'audace d'installer un
évêque rival à Carthage et cette nouvelle persécution encouragea
une réintégration plus rapide des 'lapsi qui voulaient désormais
faire leurs preuves en tant que martyrs.
Litiges avec Rome
À l'été 254, une dispute éclata avec Étienne, évêque de Rome.
Deux congrégations espagnoles (Mérida et León) firent appel à
Cyprien contre une décision d'Étienne de rétablir les évêques
ayant apostasiés pendant la persécution. Cyprien convoqua donc un
concile pour examiner l'affaire. Le concile décida que les
congrégations avaient non seulement le droit mais le devoir de se
séparer d'un clerc qui avait commis un péché mortel tel qu'une
telle apostasie. Cyprien écrivit (Lettre 67) que le Saint-Esprit
n'était plus dans un tel prêtre et que ses sacrements conduiraient
à la perdition et non au salut. L'église en tant que "pure
épouse du Christ" pouvait se sentir obligée d'absorber un
laïque pécheur, mais un prêtre pécheur faisant des offrandes au
nom du peuple était impensable.
Un différend encore plus grave surgit quelques mois plus tard avec
l'Eglise de Rome:
Beaucoup de ceux que les Novatiens avaient baptisés réclamaient
d'être admis dans l'Eglise. Leur baptême était-il valide ou non ?
A Rome, Etienne décida que tout baptême au Nom de la Trinité était
valide.
Les Africains d'abord partagés sur la question, réunirent une série
de trois conciles entre l'automne 255 et septembre 256 sous la
direction de Cyprien.
Ce concile décida à l'unanimité qu'il ne pouvait y avoir de
baptême hors de l'Eglise, tout comme il ne pouvait y avoir de foi,
d'espoir ou de salut pour ceux qui n'en faisaient pas partie. Un
ministre ne pouvait pas dispenser ce qu'il ne possédait pas
lui-même, à savoir le Saint-Esprit. Ceux qui avaient reçu le
baptême des Novatianistes devaient être rebaptisés. Le baptême
impliquait le renoncement total au monde et la réception de
l'Esprit.
Derrière ce choc se posa la question plus fondamentale de la
hiérarchie de l'Église.
Si Rome soulignait le caractère universel bien qu'inévitablement
mixte de l'Église sur terre, les Africains soulignaient son
intégrité en toutes circonstances. Une rupture complète entre Rome
et Carthage fut évitée de justesse par la mort d'Etienne le 2 août
257, et son successeur, Sixte II, fut plus conciliant.
Persécution de Valérien
La persécution se renouvela par le fait de l'empereur Valérien
(253-260).
Le 30 août 257, Cyprien fut convoqué devant le proconsul Aspasius
Paternus et se vit assigner en résidence forcée à Curubis (Kurba)
dans le golfe d'Hammamet.
A la suite d'un édit plus sévère l'année suivante, il fut ramené
à Carthage, jugé et condamné à mort.
Tous sont unanimes à reconnaître que cyprien fut un dirigeant
courageux et ingénieux de l'église d'Afrique.
Sa théologie était basée sur l'idée centrale de l'unité de
l'Église : "Il n'a plus Dieu pour Père, qui n'a pas l'Église
pour mère" (Sur l'unité de l'Église catholique).
L'unité s'exprimait par le consensus des évêques, tous également
dotés de l'Esprit Saint et souverains en leur propre siège.
L'église se composet du peuple uni à son évêque. Le schisme et la
rébellion contre le sacerdoce étaient considérés comme le pire
des péchés.
Ces vues - associées à une insistance sans compromis sur
l'intégrité et le caractère exclusif de l'Église, en total accord
avec le théologien nord-africain Tertullien - ont reçu la
bénédiction divine pour la plupart des Chrétiens nord-africains et
son martyre est le gage de sa foi et de sa fidélité.
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