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Le canon de Muratori reconnaissait le Pasteur d’Hermas, et
l’apocalypse de Pierre dans sa liste, et la sagesse de Salomon.
Voici les livres qui , un moment, furent accpetés, ensuite non:
Clément de ROME, la Didaché, le Pasteur d’Hermas et l’Apocalypse
de Pierre.
L’évangile selon Saint Jean, quant à lui, faillit ne pas être
accepté, car son côté lumineux l’avait fait adopter par des
sectes Gnostiques…
…………………….
L’ANCIEN TESTAMENT
La notion biblique de testament, que le christianisme a valorisée en
la mettant au pluriel (Ancien Testament et Nouveau Testament) pluriel
dont le concept de bible (livre) fut et demeure l’agent
unificateur, est la confluence, repérable comme processus à travers
l’histoire littéraire d’Israël, dans ses éléments canoniques
et non canoniques, de la notion d’alliance (le latin testamentum
traduisant le grec diathèkè ) et de la notion
strictement dite de testament.
Le judaïsme, ancien et tardif, ne cessa de professer l’existence
d’un seul ''testateur'', selon les deux acceptions du terme, Moïse.
Toute écriture et toute tradition lui sont imputées, jusqu’aux
œuvres les plus représentatives, comme littérature, de la période
intertestamentaire, les apocalypses (''révélations'' sur la fin des
temps). Par le truchement de la représentation du Christ sous les
traits du nouveau Moïse, le Nouveau Testament, dont l’unique
référence est la tradition attachée à Jésus, dit le Christ, et
dont l’étape ultime est le livre prophétique appelé l’Apocalypse
de Jean, demeure profondément juif. Dans ce mouvement vers le plus
grand livre, ou mieux vers le dernier livre, l’histoire, par le
mode de connaissance qu’elle met en œuvre, n’est que
l’auxiliaire de la Loi (Torah ) et cela d’autant plus
qu’elle se met progressivement au futur et, plus précisément,
dans les apocalypses, en termes d’échéance. Torah et testament
sont donc synonymes.
Une présentation séparée des caractères spécifiques et du
contenu propre de chacun des testaments s’impose. Mais il convient
de bien relier les deux faces testamentaires par l’ouverture de
l’espace socio-littéraire dont leur articulation est solidaire.
Aussi, entre l’Ancien Testament et le Nouveau, introduirat-on
l’''Intertestament''.
1 L’Ancien Testament
''Qu’il y a de différence d’un livre à un autre !'', a
écrit Pascal ; et ce n’est pas au contenu de l’Ancien
Testament qu’il songeait, mais à sa nature. Avant de chercher ce
que veulent dire des signes, il faut en effet se demander ce qu’ils
sont. Le contenu du terme ''Testament'' se rattache à la notion
d’engagement ou d’alliance. L’Ancien Testament, c’est donc le
monument d’une alliance, l’instrument d’un contrat. Son
écriture prétend au degré majeur de la permanence et de
l’autorité : elle est, elle est encore, le fonctionnement
d’une institution ; elle prend effet comme un acte, au sens
d’acte notarié. Le paradoxe est qu’une écriture dont
l’impression est douée d’une pareille fermeté jouisse du droit
incontesté d’être appelée littérature, parce qu’on y lit tout
autre chose que les monuments du droit : les formes du désir de
l’homme s’y manifestent à partir du sujet qui les éprouve, et
l’humanité s’y inscrit comme réalité mouvante, cela plus
nettement dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau. La recherche
exégétique doit-elle choisir entre ces deux aspects, qui ne
surgissent pas séparément ? Elle s’est orientée à partir
de Gunkel vers la recherche des formes et leur histoire
(Gattungsforschung , Formgeschichte ) définissant pour
chaque écrit sa nature et sa fonction à partir des indices de son
origine. Mais l’infidélité des formes à elles-mêmes, à leur
fonction, à leur origine n’a trop souvent été prise en
considération que pour minimiser leur existence. Il faut au
contraire mesurer cet écart entre l’écrit et le canon formel pour
partir de lui, parce qu’il constitue justement la littérature,
comme fonction à côté de la fonction.
Traits généraux
À un niveau très général, il est possible de relever quelques
caractéristiques de l’écriture de l’Ancien Testament :
d’abord l’éponymat (ou attribution d’écrits à un auteur dont
le nom a valeur d’emblème) et l’anonymat, qui découlent l’un
et l’autre de la fonction normative des textes ; en second
lieu, la ''formularité'' (Jousse disait le ''formulisme'') qui est
une sorte d’écriture dans l’écriture, instituant et perpétuant
de texte en texte et de période en période non seulement les mots,
mais les associations de mots. Les études purement lexicographiques
laissent échapper cette réalité, qui a été perçue dans le
classement des formes et des traditions, mais qui a résisté
jusqu’ici, il faut bien le dire, à une description méthodique.
Elle est due au caractère institutionnel du langage biblique plutôt
qu’à une préhistoire orale. La troisième caractéristique est la
limitation étroite du périmètre de l’écrit, dont l’effet le
plus connu est le volume restreint du canon. Ce n’est qu’un
ultime résultat. Tout au long de l’histoire de la rédaction, on
constate que les textes sont refaits, pourrait-on dire, sur place et
en cours d’usage, rénovés plutôt que remplacés. Ce processus,
analogue à celui qui se déroule sous nos yeux dans le devenir de
nos propres codes, convient à la loi, mais se transféra aussi aux
prophètes et même aux autres écrits, à raison de leur fonction
normative. Plus la recherche exégétique se détache de la première
fascination qui arrêtait son regard aux origines reconstruites,
et plus elle lit les tentatives superposées dans la surface actuelle
du texte, en fonction de leur tendance et de leur terme.
C’est sur l’appui ferme de ces trois premières caractéristiques
que se révèle une extrême puissance de changement : elle
resterait sans cela évanescente et ne nous aurait pas rejoints. Dans
un rapport particulièrement animé entre le même et l’autre,
l’Ancien Testament est une alliance qui se renouvelle : Dieu
est vivant.
…………………………...
Le motif de la formation du canon
L’existence du Nouveau Testament est un fait indéniable. Mais
peut-on discerner les motivations qui y ont conduit ? La
question est aujourd’hui fort débattue. Pourquoi tel ou tel livre
ont-ils été admis, et pas tel autre pourtant édifiant et
parfaitement orthodoxe ? Aucune décision officielle de l’Église
avant la fin du IVe siècle n’autorise une réponse claire ;
l’historien est donc livré à des conjectures.
À la base du raisonnement peut être placé le principe de la
''tradition apostolique'', selon lequel un respect ''religieux''
spécial était accordé aux témoignages remontant à Jésus en
personne et à ses Apôtres. Ainsi en est-on venu à attribuer le
''Ier Évangile'' à Matthieu et l’''Apocalypse'' à Jean l’Apôtre,
ainsi qu’à rattacher l’écrit de Marc à Pierre et celui de Luc
à Paul. Ce principe toutefois ne constituait pas un critère
suffisant, en raison du procédé, courant alors, de la
''pseudépigraphie'', par lequel on conférait autorité à un écrit
en le couvrant artificiellement du nom d’un Apôtre (ainsi pour
l’Évangile de Pierre , l’Évangile selon Thomas , la
Doctrine des Douze Apôtres ). Or un nom d’auteur ne pouvait
suffire à canoniser un écrit. Dans cet esprit, Sérapion, presbytre
d’Antioche vers l’an 200, invitait ses fidèles à se défier de
l’Évangile de Pierre , parce qu’il pouvait favoriser des
interprétations dangereuses pour la vraie foi.
Le souci d’orthodoxie intervenait donc, semblable à celui qu’on
devine chez Marcion (vers 150) désireux de sauvegarder la foi dans
le salut radicalement nouveau et gratuit en Jésus-Christ. Ce critère
d’orthodoxie n’était cependant pas l’unique, il concourait
avec d’autres : lutter contre le docétisme, assurer la
mémoire des confessions de foi, maintenir le respect des Écritures
anciennes...
Un autre fait a compté davantage encore, lorsque le texte concerné
était ''reçu universellement''. C’est ce qui faisait dire à
Sérapion contre l’Évangile de Pierre : ''Nous n’avons
rien reçu de tel.'' C’est cependant avec Tertullien seulement que
ce critère de la réception universelle aura plein succès (à la
fin du IIe siècle). Pour l’entendre, il convient de connaître la
situation que présente alors l’Église. Elle n’est pas encore
centralisée, mais formée de multiples Églises disséminées sur le
littoral méditerranéen : Palestine, Syrie, Asie Mineure, Rome,
Afrique, Égypte. Dans ces Églises, sur un fonds de foi identique
– le Seigneur Jésus et la tradition apostolique – règne
une grande variété d’opinions, par exemple chez les
judéo-chrétiens si différents des chrétiens d’origine païenne.
La communion entre les Églises est cependant assurée par le commun
souci de ''conserver le dépôt'' et de se rattacher aux tout
premiers chrétiens. Chaque Église se trouve ainsi dépositaire
d’écrits dits ''apostoliques'', parce que vraiment transmis depuis
toujours. Quand le besoin se fit sentir de garantir l’universalité
de ces traditions, on écouta volontiers le conseil de Tertullien :
visiter les diverses Églises pour vérifier sur place le caractère
vénérable de tel ou tel écrit, et par là sa réception
universelle.
Enfin on a évité, semble-t-il, de retenir des textes, certes
orthodoxes, mais qui comportaient des dispositions disciplinaires
trop particulières (par exemple sur la vie communautaire). Si les
textes retenus concourent à ''édifier'', ils ne doivent pas
asservir à une doctrine monolithique. Dès le IIe siècle, apparaît
la préoccupation d’un ensemble à la fois concordant sur
l’essentiel et ouvert à des expériences diverses.
Ajoutons l’existence probable d’un autre critère. Si les textes
retenus sont ''édifiants'', c’est qu’ils sont ''inspirés'' par
le Saint-Esprit. Mais ce critère risque de demeurer pleinement
subjectif, tant que ne se manifeste pas une ''autorité'' extérieure
à la communauté, ce qui n’apparaît pas avant le IVe siècle.
Valeur normative du canon néotestamentaire
Entre protestants et catholiques, un accord règne sur l’existence
du canon du Nouveau Testament et sur le fait que ''ce n’est pas
l’Église constituée qui a comme telle créé le canon : elle
en a reconnu l’existence'' (K. Aland). Mais un désaccord
subsiste au sujet de la valeur existentielle de ce livre ;
tentons ici de caractériser les tendances majeures actuelles.
Pour le protestant, qui tient au principe de la Scriptura sola ,
principe selon lequel l’Écriture seule (sans la Tradition) est
règle de foi, l’existence d’un canon fixé du dehors est
gênante : selon le mot de l’un d’eux, le manque de clarté
sur ce sujet est ''une maladie pernicieuse du protestantisme'' (H.
Strathmann). D’où peut venir l’autorité d’une réalité qui
n’a pas sa source dans l’Écriture même ? Les réponses
sont variées, impossibles à mentionner toutes ; on en
indiquera les plus importantes. Pour les uns, le canon est une pure
décision historique, sans cesse révisable, contingente. Le canon
reste ouvert soit pour éliminer certains écrits, soit pour en
ajouter d’autres. Au lieu de ce pourtour flou, d’autres préfèrent
accepter la délimitation actuelle du canon, quitte à généraliser
le comportement de Luther en faisant appel à un ''canon dans le
canon'' (W. G. Kümmel) : la frontière mouvante n’est
plus extérieure, mais intérieure, et dépendante de ce qu’on
appelle le ''centre'' de l’Évangile; à partir de là, on pourrait
apprécier la valeur respective des écrits du Nouveau Testament.
Enfin O. Cullmann a proposé une troisième manière de voir. Il
estime qu’avec le canon on passe de la tradition apostolique
normative (orale ou écrite) à l’Écriture normative; le canon
marque une césure entre le temps de l’Incarnation et celui de
l’Église.
Pour le catholique qui a mieux saisi, depuis le IIe Concile du
Vatican (1964) le rapport de l’Écriture et de la Tradition dans
l’Église – il en va de même pour les orthodoxes –, la
tradition n’est pas seulement à l’origine de l’Écriture, elle
continue à en favoriser l’interprétation authentique. Le canon ne
succède pas à la tradition, il en est l’expression privilégiée
dans laquelle l’Église s’est pleinement reconnue et à laquelle
elle ne cesse de se référer. En définitive, ce n’est pas
l’individu, mais les Églises, puis l’Église qui est ''agie''
par l’Esprit-Saint, de manière à reconnaître les écrits
canoniques et à entendre à travers eux la Parole de Dieu.
Unité et diversité
Malgré ces divergences globales, les exégètes de toute confession
s’efforcent de manifester l’unité qui, en dépit des apparences,
domine et intègre la diversité des affirmations contenues dans le
Nouveau Testament.
Certes il n’est pas étonnant, il est même normal que ce livre,
émanant de communautés fort diverses dans leur origine (juive,
païenne, pauvre, riche, intellectuelle ou non...) et ressortissant à
des préoccupations fort différentes, reflète une grande variété
de perspectives. Découvrir l’unité qui rassemble cette diversité,
c’est donc d’abord tenir compte des points de vue propres à
chaque affirmation, contrairement aux tentatives de nivellement qui,
périodiquement, sévissent depuis le Diatessaron de Tatien
jusqu’aux Quatre Évangiles en un seul . Il reste que
certaines divergences s’imposent. Celle qui apparaît entre les
Synoptiques et Jean est si profonde que, longtemps, aux yeux d’un
grand nombre, le IVe Évangile sembla favoriser la gnose. Et
cependant la tradition évangélique ne doit-elle pas être une ?
On constate des divergences au sujet du rôle des œuvres dans le
salut : Jacques déclare qu’une foi sans les œuvres est
vaine, tandis que Paul semble exclure la valeur de toute pratique des
œuvres. De même au sujet du Christ : pourquoi Paul, à la
différence des Évangiles, n’accorde-t-il guère de place à la
vie terrestre de Jésus de Nazareth ?
Ces différences ne sont pas irréductibles. En revanche, il existe
des options fondamentales, des structures de pensée qui commandent
profondément le langage employé. Ainsi, pour la présentation du
mystère de Jésus, les croyants d’origine juive sont portés à
respecter davantage la divinité du Père et à souligner l’humanité
de Jésus, ''adopté'' en quelque sorte par Dieu ; les croyants
d’origine grecque seront plus enclins à imaginer la descente de
Dieu sur terre et à estomper quelque peu le caractère humain de
Jésus. Certes, les uns et les autres s’efforcent de compenser
leurs tendances respectives en appuyant dans le sens opposé, mais le
portrait de Jésus va s’en ressentir, et le lecteur inattentif
risque de s’égarer dans une sorte d’adoptianisme ou dans quelque
gnose abstraite. De semblables différences se font sentir à propos
de la conception du temps, les uns s’attachant volontiers à la
perspective de la parousie prochaine et de l’attente nécessaire,
les autres insistant davantage sur l’actualisation dans le temps
présent de la vie en Christ. Enfin, selon certains, l’Épître aux
Hébreux pose le problème de l’acclimatation de l’hellénisme,
avec sa conception plus ou moins platonisante d’un monde fait
d’ombres, reflet du véritable monde d’en haut. Notons encore les
diversités dans la présentation des ministères : insistance
sur les charismes ou sur la hiérarchie naissante, telle qu’on la
constate dans les lettres pastorales.
Comment ramener cette diversité à l’unité d’une même
révélation ? Certains ont proposé un principe d’unification.
Luther, par exemple, disait que tout valait dans la mesure où le
Christ était mis en avant. À un tel niveau, tous seront d’accord,
du moins en précisant qu’il n’est pas nécessaire que cette
dimension christologique soit explicite dans les textes. D’autres
ont voulu considérer les formules de foi comme critères de la
croyance ; la foi en Jésus-Christ, Seigneur et Fils de Dieu,
ressuscité et présent aujourd’hui au monde, ainsi que la commune
attente de la fin, tel serait le '' centre » de la foi
chrétienne. Mais peut-on légitimement ramener à des formules la
variété des christologies ? Enfin nombreux sont ceux qui
mesurent l’unité du Nouveau Testament à l’aune de la
justification par la foi, sans se douter que ce principe paulinien
requiert lui-même une transposition radicale. En vérité, il est
permis de douter qu’on puisse contraindre le Nouveau Testament à
dépendre de quelques formules ou de quelque conviction théorique.
S’il y a un '' centre », ce ne peut être qu’une personne,
un mystère, et c’est Jésus lui-même qui est l’Évangile perçu
comme Parole de Dieu (F. Mussner).
Cela dit, on peut se demander comment organiser les données éparses
de ce livre composite. Telle est l’œuvre que veut composer toute
''théologie du Nouveau Testament''. Longtemps on s’est soumis au
carcan d’une théologie élaborée en fonction de catégories
autres que celles de la Bible et s’efforçant de retrouver dans les
textes les principales affirmations de la dogmatique. Aux yeux d’un
exégète, un tel procédé n’a pas de valeur. À l’opposé,
certains estiment vaine toute tentative de ce genre et se contentent
d’élaborer des théologies partielles, celle de Paul première
manière, de Paul seconde manière, celle de Matthieu ou de Luc ou de
Jean, etc. Mais c’est alors renoncer à parler d’une unité du
Nouveau Testament. Récemment, on s’est attaché à détailler les
affirmations majeures du Nouveau Testament, sur la création, le
temps, le monde, etc. ; mais c’est perdre de vue le caractère
proprement historique de la révélation qui est consignée dans ce
livre.
À partir des années 1950, avec R. Bultmann, la théologie du
Nouveau Testament s’est efforcée d’être historique,
c’est-à-dire de décrire l’évolution des principaux moments de
la réflexion chrétienne. Ainsi procède encore W. G. Kümmel.
Dans un tout autre esprit, mais avec les mêmes présupposés,
J. Jeremias élabore une théologie qui part des paroles mêmes
(ipsissima verba ) de Jésus, pour suivre le développement qui
s’est fait au cours du Ier siècle. Il prend le contre-pied des
disciples de Bultmann, mais conserve le projet historique dans son
essence. Les uns diront qu’on peut discerner un '' progrès »
allant de l’implicite à l’explicite, ainsi à propos des
ministères dans l’Église : l’orientation de la révélation
va dans le sens d’une précision concernant les ministères, et
l’on est déjà sur la voie qui conduit à la forme monarchique de
l’épiscopat avec Clément de Rome et Ignace d’Antioche. À
l’inverse, les protestants en général rejettent cette idée de
progrès et font l’apologie de l’origine : il y a eu une
dégradation au cours du temps, et c’est bien au-delà du
protocatholicisme (Frühkatholizismus ) de Luc qu’il faut
remonter, jusqu’à un Urchristentum qui seul serait valable
(par exemple, H. Conzelmann) ; les écrits ultérieurs tels que
les lettres pastorales et ceux qui traitent de l’organisation de
l’Église seraient des déviations ; seule compterait l’Église
charismatique. Mais où s’arrêter dans cette remontée ? Qui,
en définitive, est juge de ce qui est '' primitif'' et de ce qui est
''dégradé'' ? D’autre part, cette préoccupation ne
revient-elle pas à introduire une certaine théologie, certaines
convictions dans la lecture même de la Bible ?
En réalité, ni les uns ni les autres ne semblent avoir posé
correctement le problème, car ils soumettent semblablement le texte
du Nouveau Testament à un a priori évolutionniste, l’évolution
se faisant dans un sens ou dans l’autre, mais toujours de façon
linéaire. C’est là que devraient rendre service les méthodes
d’analyse et de linguistique. Sans doute doit-on s’occuper de
''diachronie'', c’est-à-dire d’histoire des concepts et des
idées ; mais il faut surtout respecter les ''synchronies'',
c’est-à-dire les moments privilégiés auxquels l’Église
apostolique s’est exprimée. La vérité du Nouveau Testament ne
réside pas dans les extrémités de la relation, mais dans la
relation même : il s’agit de découvrir les rapports qui
unissent les différentes synchronies dans une diachronie supérieure,
et de saisir les consonances à un niveau qui respecte les distances
séparant ces différentes synchronies.
Convergences Inter-canonicielles
Ces grands axes soutiennent l’économie d’ensemble des écrits
bibliques. Il serait étonnant que les thèmes de l’origine, ceux
du moment et ceux de la permanence fussent demeurés côte à côte
dans un tout inarticulé. Il serait proprement absurde d’ignorer
les faits d’interaction entre la Loi, les Prophètes et les Sages,
qui à l’intérieur d’un ensemble clos ne peuvent se produire
ailleurs que dans chacune de ces catégories. Absurde parce que cela
reviendrait à ignorer leur sens, c’est-à-dire leur direction, qui
est de se rejoindre. Ces faits, qui concernent le ''bougé'' des
genres et des formes, sont par nature impossibles à décrire
brièvement : on n’a pu que résumer les conditions de leur
découverte. Observons que, dans ces effets de convergence, c’est
la fonction la plus discrète qui agit le plus, celle des sages,
détenteurs de l’écrit comme tel, promoteurs de ses refontes.
Voici au moins quelques exemples.
Le Deutéronome est une édition de la Loi qui la présente comme
sagesse, donc comme propre à éblouir toute nation (Deut., IV, 7-8).
Mais cette Loi est issue d’un prophète, puisque Moïse y reçoit
ce titre (XXXIV, 10). Aussi, dans certaines parties du livre, par un
trait hétérogène au genre législatif, cette loi ne fait pas de la
transgression globale du peuple une hypothèse générale, mais une
certitude qui a la vertu de l’oracle.
Du côté sapientiel, la première section de Proverbes (I-IX) fait
entendre une sagesse qui prêche, qui appelle même les insensés,
qui menace et promet, dans la position des prophètes. Le scribe à
côté du prophète, cette jonction, connue dans le cas de Baruch
avec Jérémie, est à l’œuvre dans la normalisation des écrits
prophétiques, quand leur message tombé dans le passé doit être
relayé dans une méditation quotidienne et former une somme à la
disposition d’un nouveau prophète qui n’aura qu’à l’ouvrir
et à l’accomplir. L’action sapientielle est très lisible dans
le Deutéro-Isaïe (Is., XL-LV) dont le centre fut apporté avec le
prophète prophétisé appelé ''Serviteur souffrant''.
Or le Deutéronome, le Deutéro-Isaïe ainsi que l’ensemble formé
par les chapitres I à IX des Proverbes qui est un livre
deutéro-sapientiel se signalent tous trois par cette étape de
répétition ou de reprise, dans laquelle interviennent les faits
d’intertextualité des genres. La tradition chrétienne y a trouvé
les lieux privilégiés qui encadrent la deuxième Loi qu’est
l’Évangile. Au terme, sagesse et prophétie se rencontrent dans
les apocalypses. Le Livre de Daniel n’est pas dénombré dans le
canon parmi les prophètes : son héros est un second Joseph,
sage au milieu des nations et décrypteur de songes. Les apocalypses
doivent beaucoup au genre sapientiel de l’énigme. Le trinôme des
genres est devenu un schéma familier pour Ben Sira, appelé
l’Ecclésiastique, lequel (chap. XXIV) déclare que la Sagesse
n’est pas autre chose que le livre de la Loi, pour aussitôt
qualifier son propre discours de prophétie. L’interaction des
genres n’a pas été l’effet d’une décision, mais le produit
de l’esprit en tant qu’il travaille dans le temps : c’est
pourquoi l’attention portée à ce phénomène conduit le regard
vers l’avenir de l’Ancien Testament.
Les Apocalypses
La traduction biblique dite des Septante rend les termes ''origine''
et ''généalogie'' (en hébreu, toledot ) par la formule
''Livre de l’origine'' (en grec, biblos génésèôs ). Et
cela dès le Livre de la Genèse, à propos de la création du monde
(II, 4) et de l’apparition des races humaines (V, 1).
Le Nouveau Testament débute par les mots Biblos génésèôs ,
incipit ambigu de la généalogie de Jésus, de l’Évangile selon
Matthieu et du corpus entier qui porte le nom de Nouvelle Alliance.
Cette imputation du concept de livre tant aux représentations de
l’origine et de l’organisation du cosmos, du peuplement et de la
première histoire sociale du monde qu’à des productions
littéraires diverses et spécifiques, comme aussi à la présentation
systématisée d’événements qui s’organisent en une vie de
Jésus-Christ, frappe vivement l’attention. Bien plus, un tel fait
vient s’articuler avec le processus de communication et de
traduction qui, à partir du IIIe siècle avant J.-C. et durant
plusieurs décennies successives, a vu tout un corpus, le livre de la
Torah, déjà quasi canonisé par un groupe doctrinalement défini,
Israël, se manifester non plus dans sa langue originale, l’hébreu,
mais en grec, la langue de la gentilité. C’est d’abord au sein
de la puissante entité judaïque (le politeuma ) d’Alexandrie
que l’ensemble des livres sacrés s’est appelé ''le Livre'' (hè
Biblos ). Un brillant ouvrage alexandrin, la Lettre d’Aristée ,
long plaidoyer à teneur autant politique que dogmatique et défenseur
vigoureux de la traduction grecque des Septante, est, semble-t-il, le
premier document à employer l’expression ''les textes de la
Bible'' (littéralement ''du Livre''). La Règle de la communauté
de Qumrn, ouvrage palestinien en langue hébraïque, de son
côté et presque à la même époque, désignait aussi la Torah
(écrite) comme ''le Livre'' (VI, 7). Il appert donc que le
politeuma , profondément hellénisé mais non moins
doctrinalement juif, d’Alexandrie, la fraternité aux tendances
sectaires et conservatrices de Qumrn, sans oublier les unités
originelles du christianisme – soit autant de groupes
qu’investissait un système dogmatique fortement régulateur –,
ont, chacun en son lieu et dans sa langue propres, défendu et assuré
leur existence dans un rapport de réciprocité avec une collection
unitaire d’œuvres littéraires qu’ils reconnaissaient et
présentaient comme ''la Bible'', c’est-à-dire comme leur livre.
Ce processus d’écriture et de reconnaissance d’une Bible par
un groupe juif, judéo-chrétien ou chrétien paraît historiquement
et socialement s’exprimer sur un champ d’une assez ample
latitude. Ainsi, durant toute la période que l’on dit
''intertestamentaire'', entre le IIe siècle avant et le Ier siècle
après J.-C. environ, bien des textes juifs, aujourd’hui groupés
sous l’appellation technique d’apocalypses (révélations)
manifestèrent une tendance très accusée à s’organiser à la
manière d’une mini-Torah ou d’une mini-Bible, autrement dit à
doublement s’achever : à la fois comme produits littéraires
et comme réalités créatrices de groupes ''biblistes'' déterminés.
On pense aux grands textes palestiniens tels que le Livre d’Hénoch
et le Livre des jubilés , etc., mais aussi à des
ouvrages insolites comme le IIIe Oracle sibyllin . Ce dernier,
né sur le sol alexandrin vers le milieu du Ier siècle avant J.-C.,
est un pur pastiche homérique qui reflète de nombreuses traditions,
croyances et idées grecques (par exemple, le mythe des races
d’Hésiode) ou orientales (telle l’antique doctrine babylonienne
de l’année cosmique) ; il n’en demeure pas moins, dans le
judaïsme hellénisé, le modèle de ce que son dernier commentateur
appelle ''une sorte de Bible en réduction'' (V. Nikiprowetzky, La
Troisième Sibylle , Paris, 1970). Dès lors, on saisit combien,
avec la Bible grecque des Septante, avec les nombreuses et diverses
apocalypses, le rapport socio-littéraire qui articule bible(s) et
groupe(s) judaïque(s) s’est affirmé et renforcé sous les plus
nettes apparences de pluralisme. Le passage de la Bible judaïque à
la Bible chrétienne, ou mieux l’achèvement de la première, ou
encore, si l’on préfère, l’enchaînement des deux Testaments
peuvent fonctionnellement s’inscrire dans ce même contexte.
Il convient, d’ailleurs, de noter dans l’histoire du judaïsme le
déplacement qui s’est opéré du prophète qui parle au prophète
qui écrit. Ce dernier, il s’agit de l’apocalypticien, se dit
prophète non plus en tant qu’il profère des oracles mais en tant
qu’il fixe dans un livre, ou en des livres, ses visions et les
secrets qu’elles révèlent sur la fin des temps. L’Apocalypse de
Jean, œuvre canonique qui clôt la Bible chrétienne, est
précisément adressée à un ''lecteur'' (I, 2) ; à la
dernière page, elle est désignée comme un ''livre prophétique''
dont on doit retenir ''les paroles'' (XXII, 7 et 19). Très
frappantes sont à ce propos les notations de Flavius Josèphe sur
Daniel, reconnu comme le premier et le plus grand des vrais
apocalypticiens. L’historien juif écrit : ''Tous les livres
qu’il a composés et laissés sont lus chez nous encore maintenant
[...]. Daniel fut [...] un prophète de bonheur [...] ; il nous
a laissé par écrit la preuve de l’exactitude immuable de sa
prophétie'' (Antiquités judaïques , X).
Le ''Testament'', clôture et naissance
Le mot ''testament'' est intervenu pour désigner la Bible, et même
les bibles. Or il faut rappeler que les discours d’adieu sont
nombreux tout au long de l’histoire littéraire biblique et juive.
Dès le Livre de la Genèse, on rencontre l’adieu de Jacob à ses
fils (XLVII, 29-L, 14) on connaît aussi l’adieu de Moïse, qui
couvre un livre entier, le Deutéronome. C’est surtout dans la
littérature du judaïsme tardif que l’on voit, avant leur mort et
précédant leur montée au ciel, les grands héros bibliques
s’adresser à leurs proches ou à leur peuple. Bon nombre des
pièces connues du corpus apocalyptique sont rédigées dans la forme
de discours d’adieu, de testaments. Bien plus, certaines, et non
des moindres, ont été transmises et sont explicitement connues sous
l’étiquette : Testament(s) de... Dans la collection des
livres apocryphes de l’Ancien comme du Nouveau Testament, ouvrages
pour la plupart pseudépigraphiques, on relève la présence
fréquente de ''testaments''. À titre d’exemples, signalons, d’une
part, pour l’Ancien Testament, les deux livres approximativement
contemporains des premiers débuts du christianisme, le Testament de
Moïse et les Testaments des douze patriarches , d’autre
part, pour le Nouveau Testament, le Testamentum Domini , texte
chrétien d’inspiration johannique et, tout comme les deux
précédents, à forte imprégnation apocalyptique. Aussi, la masse
littéraire que l’on désigne, en référence aux repères
canoniques traditionnels, comme extra-biblique, se manifeste-t-elle
avec éclat comme l’un des lieux, bibliques s’il en est à
condition qu’on l’évalue selon d’autres critères, où s’est
réalisée l’articulation de ce que l’on appelle Ancien et
Nouveau Testament. Et, si l’on prend objectivement acte de cette
manifestation d’une Bible en tant que bibles, d’un Testament en
tant que testaments, une question se pose : le judaïsme, bien
entendu le judaïsme rabbinique, celui qui dure encore à travers une
tradition dont la marche n’est pas sans similitudes avec celle du
christianisme, n’a-t-il pas reçu son existence en tant que groupe
doctrinal ou ecclèsia (étymologiquement et même
sémantiquement, ''église'' et ''synagogue'' sont équivalents) de
ce qu’il a eu, lui aussi, son ''Nouveau Testament'' ?
On peut esquisser une réponse. Ce que représente la Bible des
Septante comme mouvement de communication ad extra (qui est
aussi ad intra ) a son parallèle ad intra –
c’est-à-dire en relation avec le groupe judaïque demeuré
culturellement solidaire de son humus originel, en Palestine – dans
l’élaboration, selon un processus historique différent, d’une
Bible (ou de bibles) araméenne. À part quelques spécialistes du
culte et de l’enseignement, les juifs palestiniens ne comprenaient
pas davantage l’hébreu que les juifs alexandrins. Les besoins du
culte synagogal réclamèrent, tôt après l’Exil, des traductions
en araméen, la langue vulgaire. D’abord orales, celles-ci se
fixèrent en des écrits, les targums. Il dut exister assez vite un
ou plusieurs targums du Pentateuque – une Torah araméenne. Et la
littérature de Qumrn a révélé ou confirmé l’existence de
targums à l’ère préchrétienne. Dès lors, dans ce champ des
bibles non hébraïques antérieures à la clôture du corpus
chrétien (plus encore que dans la traduction des Septante, elle-même
targumique par bien des traits, les différences et variantes des
targums par rapport au texte hébraïque sont parfois si grandes que,
dans le targum très tardif du Cantique des cantiques, on ne trouve
plus rien qui, de près ou de loin, ressemble à une traduction telle
qu’on l’entend d’ordinaire) dans ce qui ''distancie'' les
targums et, par là, étant donné la finalité d’une traduction,
les rapproche du texte hébraïque, on saisit le judaïsme assurant
son salut dans l’effort même de se communiquer. D’une certaine
façon, on peut dire qu’avec les targums s’acheva dans le
judaïsme l’accouchement de l’Écriture. Avec la Mishna et
le Talmud , parallèlement et simultanément s’acheva
l’accouchement en écriture de la Loi orale. Au terme du parcours
qui avait vu naître la Torah, jusque-là orale autant qu’écrite,
cette fois en tant que texte exclusivement, le judaïsme (rabbinique)
existait comme groupe constitué, défini et situé. Il trouvait son
existence de ce qu’il avait, aussi et fonctionnellement, un
''Nouveau Testament'', dont il était le produit autant que l’auteur.
Texte, le Testament se réalise donc dans la marche vers sa clôture,
qui s’effectue et s’achève dans l’acte d’une double
naissance, celle d’un ''Nouveau Testament'' (ce dernier ayant des
contours variables et des appellations diverses selon le groupe
concerné) et celle d’un groupe-auteur (judaïsme ou christianisme,
Synagogue ou Église).
Dans la littérature chrétienne, vingt-sept livres occupent une
place unique, car ils sont la norme de la foi du chrétien. Ils
constituent ce qu’on appelle le Nouveau Testament, la seconde
partie de la Bible, la première partie étant formée par la Bible
des juifs, celle que les chrétiens appellent, par différence,
l’Ancien Testament.
Le mot ''testament'', qui traduit le latin testamentum (lui-même
traduisant le grec diathèkè ) ne signifie pas seulement
''disposition testamentaire'', c’est-à-dire l’acte par lequel
quelqu’un dispose de ses biens pour le moment de sa mort (Gal.,
III, 15 ; Heb, IX, 16) ; il comporte aussi le sens du mot
hébreu b e rith (rendu en grec par diathèkè )
pacte d’alliance par lequel Dieu s’engage, moyennant conditions,
à combler de biens d’ordre matériel et spirituel celui qui est
devenu son peuple. Il s’agit donc du Livre de l’alliance que Dieu
a contractée avec Israël ; le choix du mot ''testament'' tend
à estomper le caractère bilatéral de toute alliance, pour mettre
en relief l’autorité du testateur. En ce sens complexe, les deux
Testaments consignent en deux groupes de livres l’histoire de Dieu
venant faire alliance avec les hommes.
Quant à l’épithète ''nouveau'', elle se rattache à la prophétie
de Jérémie, XXXI, 31 : l’économie ancienne de la Loi écrite
sur la pierre doit être parachevée en une économie nouvelle, par
laquelle la Loi sera gravée dans les cœurs (cf. Rom., XI, 27 ;
Gal., IV, 24-26). Peu à peu, probablement sous l’influence des
paroles de Jésus à la dernière Cène (Luc, XXII, 20) où il est
question de la ''nouvelle alliance'', sans doute aussi en raison de
l’interprétation paulinienne de II Corinthiens, III, 14, on
en est venu à insister sur la lecture de l’Ancienne Alliance, et
donc sur les livres qui la composent. Le terme ''nouveau'' pourrait
prêter à confusion, si l’on pensait qu’avec lui l’ancien est
écarté. Bien au contraire, une des caractéristiques essentielles
du Nouveau Testament, c’est qu’il ne peut trouver son plein sens
que s’il est en constante relation avec l’Ancien. Selon la
formule classique de saint Augustin, ''le Nouveau Testament est caché
dans l’Ancien, l’Ancien est dévoilé dans le Nouveau''.
Le texte
Les vingt-sept livres du Nouveau Testament ont tous été écrits en
grec. Le plus ancien manuscrit complet qu’on en possède date du
IVe siècle ; il a été découvert au monastère
Sainte-Catherine du mont Sinaï en 1859, d’où son nom de
Sinaiticus . En outre, il existe bien d’autres témoins du
texte, plus ou moins partiels ; en juillet 1984, on dénombrait
93 papyrus fragmentaires (tel d’entre eux remonte à l’an
135) 277 manuscrits ''onciaux'' (c’est-à-dire écrits en lettres
majuscules) datant de la période comprise entre le IVe et le Xe
siècle, 2 796 minuscules, postérieurs au IXe siècle, enfin
2 210 lectionnaires liturgiques d’époques diverses. On
comprend aisément qu’à force d’être recopiés ces textes ont
subi de nombreuses altérations, les unes n’ayant qu’une
importance grammaticale, quelques autres touchant au sens même. Aux
origines de l’imprimerie, on se contenta de reproduire le texte
communément reçu à l’époque : ainsi pour la première
Bible imprimée donnant les textes originaux, la polyglotte d’Alcala
(la Complutensis ) datant de 1520, ou pour les éditions
ultérieures des libraires parisiens, les Estienne (1546-1551). C’est
seulement à partir du XIXe siècle qu’on s’efforça de retrouver
un texte plus originel que le texte reçu ; citons Lachmann
(1831) Tischendorf (1869-1872) Westcott et Hort (1881) Gregory (1900)
Soden (1913) dont les travaux ouvrent la voie à l’édition
monumentale qui se prépare à Münster sous la direction de
K. Aland. Aujourd’hui on tend à ne tenir aucun manuscrit pour
privilégié, pas même le texte ''alexandrin'' (représenté par le
Vaticanus et le Sinaiticus , tous deux du IVe s.) celui
que préféraient Westcott et Hort ; de bonnes leçons peuvent
se trouver dans les autres ''familles'' de textes, l’antiochien, le
césaréen ou ''l’occidental'' (ce dernier est représenté par le
Codex Bezae , qui mériterait d’être dénommé ''Codex
lyonnais'', car il fut dérobé à Lyon lors du sac de la capitale
des Gaules en 1562 et donné par Théodore de Bèze à Cambridge en
1581). Pour l’établissement du texte, on dispose en outre
d’antiques versions qui ont précédé les grandes éditions du
texte et dont l’une ou l’autre pourrait dater du IIe siècle :
la vieille latine (Vetus Itala ) la vieille syriaque (dont la
langue est apparentée à l’araméen) les égyptiennes... On
dispose aujourd’hui de plusieurs éditions manuelles :
Nestle-Aland (26e éd., 1979) Merk (9e éd., 1964) Souter (2e éd.,
1947) Bover (5e éd., 1968) Greek New Testament (4e éd.,
1993). Parmi les traductions françaises, signalons celles d’Osty,
de la ''Bible de Jérusalem'' et la Traduction œcuménique de la
Bible (1972).
Les livres et le Livre
Le Nouveau Testament comprend quatre Évangiles, les Actes des
Apôtres, treize lettres attribuées à Paul, trois à Jean, deux à
Pierre, une à Jacques, une à Jude, enfin l’Épître aux Hébreux
et l’Apocalypse (cf. APOCALYPSE DE JEAN, ÉVANGILES, saint PAUL,
saint PIERRE).
Les Actes des Apôtres se présentent, sous la plume de l’évangéliste
Luc, compagnon de saint Paul, comme la suite du troisième Évangile.
Le livre a été vraisemblablement rédigé vers les années 80-90 À
l’aide des nombreuses traditions qu’il a recueillies et à partir
de son propre ''journal de voyage'' (reconnaissable au ''nous'' qui
survient au cours du récit) Luc montre comment le message du salut
en Jésus-Christ est parvenu ''jusqu’aux extrémités de la terre''
(J. Dupont) spécialement en racontant l’histoire des trois témoins
majeurs, Pierre, Paul, Étienne (P. H. Menoud). Il ne cherche
donc pas proprement à innocenter le christianisme des reproches qui
circulaient sur son compte ni à en justifier le droit à hériter
des privilèges dont jouissait la religion d’Israël. Il ne veut
pas davantage offrir une ''histoire des origines de l’Église'' :
il ne dit rien sur la fondation de l’Église de Rome que pourtant
il connaissait, rien sur l’activité de Pierre ou de Paul après
leur libération respective de la prison, rien sur l’organisation
ou la structure des premières communautés chrétiennes. Derrière
cette présentation théologique, l’historien parvient à déceler
des données valables pour saisir la religion chrétienne à l’état
naissant, encore que la perspective essentielle de Luc soit d’abord
de proposer une description enthousiaste et encourageante pour les
chrétiens à venir.
L’Épître aux Hébreux constitue un document à part dans le
Nouveau Testament : c’est une sorte de discours auquel est
adjoint un billet d’accompagnement (XIII, 22-25). Aucun nom
d’auteur n’est indiqué dans le texte ni ne s’est imposé à la
critique (Luc, Barnabé, Apollos). S’adressant à des
judéo-chrétiens parlant le grec (ou peut-être à des païens)
probablement avant l’an 70 (aucune allusion n’y est faite à
la destruction du Temple de Jérusalem) l’auteur ne veut pas
répondre aux problèmes particuliers d’une Église, mais préciser
les relations qui unissent le Nouveau Testament à l’Ancien,
marquant fortement que le Christ est l’unique Grand Prêtre et
accomplit l’histoire de l’alliance entre Dieu et les hommes ;
le Christ est au centre de l’histoire de l’humanité :
''Hier et aujourd’hui, Jésus-Christ est le même ; il le sera
à jamais'' (XIII, 8).
Les Épîtres catholiques comprennent sept lettres qui ne proviennent
pas de Paul et n’ont pas de destinataires précis (sauf la IIe et
la IIIe de Jean) et, en ce sens, elles sont ''catholiques'',
c’est-à-dire universelles. L’Épître de Jacques, le ''frère du
Seigneur'', considéré comme le chef des judéo-chrétiens, a été
rédigée avant l’an 70, probablement à Jérusalem, peu après
l’Épître de Paul aux Romains, vers les années 60, alors que le
judéo-christianisme était encore vivace. Se présentant comme un
enseignement de sagesse, cet écrit surprend parce qu’il ne fait
pas appel à l’idée du salut en Jésus-Christ ; pour cette
raison, Luther, tout en y reconnaissant des éléments utiles, le
traitait d’''épître de paille''. Aujourd’hui par contre, elle
est acceptée aussi par les protestants qui y trouvent un commentaire
du Sermon sur la montagne (Matth., V-VIII) spécialement intéressant
par ses diatribes contre les riches et par son souci des pauvres.
Dans le passage célèbre où il semble s’opposer à la doctrine
paulinienne du salut par la foi seule (II, 14-26) Jacques s’en
prend à une interprétation erronée de la pensée de Paul (II,
14-26).
La Ire Épître de Pierre reprend vraisemblablement une homélie
baptismale en fonction d’une persécution plus intense des
chrétiens de Rome. Elle est datée ordinairement d’avant la
persécution de Domitien (90) et même des années 63-64 par ceux qui
voient en Pierre l’auteur de la lettre. Quoique apparentée sur
bien des points aux lettres de Paul, elle présente une originalité
fort intéressante et reflète les croyances primitives, par exemple
sur la théologie de Jésus Serviteur souffrant.
L’Épître de Jude, rédigée probablement par le frère de
Jacques, tient à la fois de l’exhortation et du pamphlet. Elle
date de peu avant 90, car, citant des apocryphes comme le Livre
d’Hénoch , elle suppose que le canon de l’Ancien Testament
n’a pas encore été délimité au synode juif de Jamnia.
La IIe Épître de Pierre dépend de l’Épître de Jude, sans
pour autant citer d’apocryphes. Elle est intéressante parce
qu’elle montre l’évolution des idées sur le point de la
parousie (la dernière ''venue'' du Seigneur) et suppose la
constitution d’un corpus paulinien, vis-à-vis duquel l’auteur
prend position (III, 15-16). Elle est datée de la fin du Ier,
peut-être même du début du IIe siècle.
Les Épîtres de Jean reflètent une atmosphère apparentée à celle
du quatrième Évangile, sans qu’on puisse affirmer l’identité
de leurs auteurs respectifs. Tandis que les deux dernières cherchent
à résoudre des difficultés propres à des communautés
particulières, la Ire Épître se meut dans des considérations fort
générales, luttant contre la tendance à évaporer la foi
chrétienne en une gnose qui se désintéresse de Jésus venu en
chair sauver les hommes de leurs péchés. Au cœur de son
enseignement, on trouve la loi de l’amour fraternel.
Face à cette variété des ouvrages, auxquels il faut joindre les
Évangiles, les lettres de Paul et l’Apocalypse pour avoir un
éventail complet (voir les notices respectives) une question
surgit : comment des ouvrages si divers par leurs origines et
leurs orientations ont-ils pu devenir un seul livre qu’on appelle
le Nouveau Testament ? La manière dont ils sont placés à
l’intérieur de ce livre ne suggère aucune réponse ; ils
sont rangés selon leur genre ou selon leur longueur. Les Évangiles
viennent en tête, mais ne sont pas toujours classés dans le même
ordre : ainsi, dans le Sinaiticus , l’Évangile de Jean
vient après celui de Matthieu, si bien que les Actes des Apôtres
succèdent à l’Évangile selon Luc ; ordinairement toutefois,
c’est l’ordre actuel qui a prévalu. Après les Actes des Apôtres
viennent les lettres de Paul et les Épîtres catholiques, rangées
les unes et les autres par ordre de longueur (sans que pour autant
soient séparées celles qui sont attribuées à un même auteur).
L’Épître aux Hébreux, alors volontiers attribuée à Paul,
s’intercale entre les précédentes. L’Apocalypse termine le
recueil. Il est difficile de trouver là une volonté d’unification
de ces divers ouvrages. En quoi consiste alors l’unité du
recueil ? La réponse ne peut venir que des croyants qui lui ont
donné naissance ; c’est celle-là que l’historien est
invité à entendre, s’il veut rendre compte de la formation
progressive de ce livre.
La formation du Nouveau Testament
À la différence de l’Ancien Testament, qui, selon les confessions
protestante ou catholique, comporte un nombre varié d’ouvrages, le
Nouveau Testament a aux yeux de tous les croyants la même extension.
Les seules divergences actuelles sont motivées par des
considérations de critique textuelle. Ainsi en va-t-il pour la
finale de Marc, XVI, 9-20, le passage sur la sueur de sang (Luc,
XXII, 43-44) le récit de la femme surprise en adultère (Jean, VIII,
1-11). Il reste que ce livre a connu une formation lente et fort
complexe.
Jusque vers la moitié du IIe siècle, les chrétiens se référaient
à deux types d’''autorités'' : d’une part, la Loi et les
Prophètes, c’est-à-dire l’Ancien Testament, l’unique Écriture
alors admise ; d’autre part, le Seigneur Jésus-Christ, dont
les paroles qu’il prononça durant sa vie terrestre et leur écho
répercuté par les disciples-témoins commandaient la foi nouvelle.
À l’Écriture se joignait la tradition apostolique qui
communiquait les souvenirs du Seigneur Jésus ; il n’y avait
pas proprement de Nouveau Testament comme Écriture, comme livre.
D’abord tout entiers voués à l’adoration de Dieu qui a accompli
son dessein en Jésus-Christ, ensuite soucieux de justifier leur foi
en s’appuyant sur l’annonce prophétique de l’événement, les
premiers chrétiens évoquaient les souvenirs des paroles et des
gestes de Jésus ou réagissaient contre les adversaires de la secte
naissante. Ainsi se formèrent de petits recueils de textes, des
collections de miracles, de paroles, de récits, destinés à
faciliter la liturgie ou la prédication. Mais il n’existe pas
alors de témoignage explicite sur l’usage des Évangiles comme
collection. La première attestation nette en ce sens se trouve chez
saint Justin (vers 150) qui met les ''mémoires des Apôtres'' sur le
même pied que les écrits prophétiques. Pour les lettres de saint
Paul, il faut d’abord noter qu’elles n’ont pas été toutes
conservées : il écrivit au moins quatre lettres aux
Corinthiens, une seconde aux Philippiens, une aux Laodicéens. En
tout cas, pour la plupart, elles circulaient parmi les Églises ;
vers 95, Clément de Rome parle de telle et telle lettre de Paul,
tout comme, plus tard, la IIe lettre de Pierre. L’historien ne peut
préciser davantage.
Vers les années 150, il semble que l’Église était fort avancée
dans la possession d’un certain nombre de textes qu’elle
considérait comme Écriture sainte, à l’instar de l’Ancien
Testament. Trois faits le montrent. Le premier est l’entreprise de
l’hérétique Marcion du Pont, qui, pour assurer l’existence
d’une Église conforme à ses idées (à savoir que Dieu n’a rien
de commun avec l’Ancien Testament ni avec la création) décréta
que, seuls, certains écrits transmettaient la vérité révélée :
L’Évangélique, qui comprenait l’Évangile de Luc un peu
amputé, et L’Apostolique , comprenant dix lettres de Paul, à
savoir Galates, I et II Corinthiens, Romains, I et II
Thessaloniciens, Laodicéens (c’est-à-dire Éphésiens ?)
Colossiens, Philémon, Philippiens. Une alternative se pose à
l’historien : Marcion a-t-il réduit un corpus préexistant ou
a-t-il provoqué l’Église à réagir contre un canon ainsi
amputé ? Il est difficile de se prononcer, quoique,
aujourd’hui, la première hypothèse l’emporte : la coutume
des hérétiques était de réduire le nombre des textes faisant
autorité, et l’on n’a aucune trace d’un pouvoir central
capable de constituer ou de maintenir de toutes pièces un canon
élargi. Un deuxième indice en faveur de l’existence d’un corpus
scripturaire est l’entreprise de Tatien qui, vers 177, voulut
composer un Diatessaron , c’est-à-dire un Évangile ''à
travers les quatre'' ; à ses yeux, les apocryphes n’avaient
pas de valeur. Enfin, on trouve un troisième indice dans la liste
des livres officiellement lus dans l’Église vers l’an 200, au
temps d’Hippolyte. Le Fragment de Muratori , ainsi désigné
du nom du bibliothécaire milanais qui le découvrit en 1740, est un
document daté du VIIIe siècle, qui se réfère explicitement à
Pie, presbytre de Rome, mort vers l’an 154 Le fragment, quoique
mutilé au début, atteste l’existence des quatre Évangiles ;
après les Actes des Apôtres, qu’il attribue à Luc, il relève
les treize Épîtres de Paul, celle de Jude, deux Épîtres de Jean
et l’Apocalypse. Il exclut de la lecture publique l’Épître aux
Hébreux, mais semble ignorer l’existence des Épîtres de Pierre,
de Jacques, de la IIIe de Jean ; il ajoute des apocryphes comme
l’Apocalypse de Pierre , mais ne signale le Pasteur d’Hermas
que pour la lecture privée. Il est hautement vraisemblable
que, au cours du IIe siècle, le Nouveau Testament comprenait déjà
les quatre Évangiles, les Actes des Apôtres, les treize lettres de
Paul, la Ire de Pierre et la Ire de Jean.
Toutefois, il faudra encore deux siècles pour que l’accord se
fasse sur les livres jusque-là plus ou moins acceptés :
Hébreux, Apocalypse, Jacques, Jude, IIe de Pierre, IIe et IIIe de
Jean. Mais le principe est acquis de considérer certains livres
comme norme de la foi, c’est-à-dire, selon l’étymologie du mot,
qui sont ''canoniques'' (c’est seulement au début du IIIe siècle
que le mot ''canon'' prend le sens de liste d’ouvrages). Dès
l’année 367, saint Athanase propose la même liste que l’actuelle
avec vingt-sept livres canoniques du Nouveau Testament, sans que,
pour autant, on puisse encore dire que la chose soit universellement
reconnue. C’est au IIIe Concile de Carthage (397) que l’on trouve
un acte officiel de l’Église sur le sujet. Si le Concile général
de Florence (1441) et celui de Trente (1546) ont estimé opportun de
rappeler la liste des livres canoniques, c’est que d’autres
problèmes avaient été soulevés entre-temps.
Le motif de la formation du canon
L’existence du Nouveau Testament est un fait indéniable. Mais
peut-on discerner les motivations qui y ont conduit ? La
question est aujourd’hui fort débattue. Pourquoi tel ou tel livre
ont-ils été admis, et pas tel autre pourtant édifiant et
parfaitement orthodoxe ? Aucune décision officielle de l’Église
avant la fin du IVe siècle n’autorise une réponse claire ;
l’historien est donc livré à des conjectures.
À la base du raisonnement peut être placé le principe de la
''tradition apostolique'', selon lequel un respect ''religieux''
spécial était accordé aux témoignages remontant à Jésus en
personne et à ses Apôtres. Ainsi en est-on venu à attribuer le
''Ier Évangile'' à Matthieu et l’''Apocalypse'' à Jean l’Apôtre,
ainsi qu’à rattacher l’écrit de Marc à Pierre et celui de Luc
à Paul. Ce principe toutefois ne constituait pas un critère
suffisant, en raison du procédé, courant alors, de la
''pseudépigraphie'', par lequel on conférait autorité à un écrit
en le couvrant artificiellement du nom d’un Apôtre (ainsi pour
l’Évangile de Pierre , l’Évangile selon Thomas , la
Doctrine des Douze Apôtres ). Or un nom d’auteur ne pouvait
suffire à canoniser un écrit. Dans cet esprit, Sérapion, presbytre
d’Antioche vers l’an 200, invitait ses fidèles à se défier de
l’Évangile de Pierre , parce qu’il pouvait favoriser des
interprétations dangereuses pour la vraie foi.
Le souci d’orthodoxie intervenait donc, semblable à celui qu’on
devine chez Marcion (vers 150) désireux de sauvegarder la foi dans
le salut radicalement nouveau et gratuit en Jésus-Christ. Ce critère
d’orthodoxie n’était cependant pas l’unique, il concourait
avec d’autres : lutter contre le docétisme, assurer la
mémoire des confessions de foi, maintenir le respect des Écritures
anciennes...
Un autre fait a compté davantage encore, lorsque le texte concerné
était ''reçu universellement''. C’est ce qui faisait dire à
Sérapion contre l’Évangile de Pierre : ''Nous n’avons
rien reçu de tel.'' C’est cependant avec Tertullien seulement que
ce critère de la réception universelle aura plein succès (à la
fin du IIe siècle). Pour l’entendre, il convient de connaître la
situation que présente alors l’Église. Elle n’est pas encore
centralisée, mais formée de multiples Églises disséminées sur le
littoral méditerranéen : Palestine, Syrie, Asie Mineure, Rome,
Afrique, Égypte. Dans ces Églises, sur un fonds de foi identique
– le Seigneur Jésus et la tradition apostolique – règne
une grande variété d’opinions, par exemple chez les
judéo-chrétiens si différents des chrétiens d’origine païenne.
La communion entre les Églises est cependant assurée par le commun
souci de ''conserver le dépôt'' et de se rattacher aux tout
premiers chrétiens. Chaque Église se trouve ainsi dépositaire
d’écrits dits ''apostoliques'', parce que vraiment transmis depuis
toujours. Quand le besoin se fit sentir de garantir l’universalité
de ces traditions, on écouta volontiers le conseil de Tertullien :
visiter les diverses Églises pour vérifier sur place le caractère
vénérable de tel ou tel écrit, et par là sa réception
universelle.
Enfin on a évité, semble-t-il, de retenir des textes, certes
orthodoxes, mais qui comportaient des dispositions disciplinaires
trop particulières (par exemple sur la vie communautaire). Si les
textes retenus concourent à ''édifier'', ils ne doivent pas
asservir à une doctrine monolithique. Dès le IIe siècle, apparaît
la préoccupation d’un ensemble à la fois concordant sur
l’essentiel et ouvert à des expériences diverses.
Ajoutons l’existence probable d’un autre critère. Si les textes
retenus sont ''édifiants'', c’est qu’ils sont ''inspirés'' par
le Saint-Esprit. Mais ce critère risque de demeurer pleinement
subjectif, tant que ne se manifeste pas une ''autorité'' extérieure
à la communauté, ce qui n’apparaît pas avant le IVe siècle.
Valeur normative du canon néotestamentaire
Entre protestants et catholiques, un accord règne sur l’existence
du canon du Nouveau Testament et sur le fait que ''ce n’est pas
l’Église constituée qui a comme telle créé le canon : elle
en a reconnu l’existence'' (K. Aland). Mais un désaccord
subsiste au sujet de la valeur existentielle de ce livre ;
tentons ici de caractériser les tendances majeures actuelles.
Pour le protestant, qui tient au principe de la Scriptura sola ,
principe selon lequel l’Écriture seule (sans la Tradition) est
règle de foi, l’existence d’un canon fixé du dehors est
gênante : selon le mot de l’un d’eux, le manque de clarté
sur ce sujet est ''une maladie pernicieuse du protestantisme'' (H.
Strathmann). D’où peut venir l’autorité d’une réalité qui
n’a pas sa source dans l’Écriture même ? Les réponses
sont variées, impossibles à mentionner toutes ; on en
indiquera les plus importantes. Pour les uns, le canon est une pure
décision historique, sans cesse révisable, contingente. Le canon
reste ouvert soit pour éliminer certains écrits, soit pour en
ajouter d’autres. Au lieu de ce pourtour flou, d’autres préfèrent
accepter la délimitation actuelle du canon, quitte à généraliser
le comportement de Luther en faisant appel à un ''canon dans le
canon'' (W. G. Kümmel) : la frontière mouvante n’est
plus extérieure, mais intérieure, et dépendante de ce qu’on
appelle le ''centre'' de l’Évangile; à partir de là, on pourrait
apprécier la valeur respective des écrits du Nouveau Testament.
Enfin O. Cullmann a proposé une troisième manière de voir. Il
estime qu’avec le canon on passe de la tradition apostolique
normative (orale ou écrite) à l’Écriture normative; le canon
marque une césure entre le temps de l’Incarnation et celui de
l’Église.
Pour le catholique qui a mieux saisi, depuis le IIe Concile du
Vatican (1964) le rapport de l’Écriture et de la Tradition dans
l’Église – il en va de même pour les orthodoxes –, la
tradition n’est pas seulement à l’origine de l’Écriture, elle
continue à en favoriser l’interprétation authentique. Le canon ne
succède pas à la tradition, il en est l’expression privilégiée
dans laquelle l’Église s’est pleinement reconnue et à laquelle
elle ne cesse de se référer. En définitive, ce n’est pas
l’individu, mais les Églises, puis l’Église qui est ''agie''
par l’Esprit-Saint, de manière à reconnaître les écrits
canoniques et à entendre à travers eux la Parole de Dieu.
Unité et diversité
Malgré ces divergences globales, les exégètes de toute confession
s’efforcent de manifester l’unité qui, en dépit des apparences,
domine et intègre la diversité des affirmations contenues dans le
Nouveau Testament.
Certes il n’est pas étonnant, il est même normal que ce livre,
émanant de communautés fort diverses dans leur origine (juive,
païenne, pauvre, riche, intellectuelle ou non...) et ressortissant à
des préoccupations fort différentes, reflète une grande variété
de perspectives. Découvrir l’unité qui rassemble cette diversité,
c’est donc d’abord tenir compte des points de vue propres à
chaque affirmation, contrairement aux tentatives de nivellement qui,
périodiquement, sévissent depuis le Diatessaron de Tatien
jusqu’aux Quatre Évangiles en un seul . Il reste que
certaines divergences s’imposent. Celle qui apparaît entre les
Synoptiques et Jean est si profonde que, longtemps, aux yeux d’un
grand nombre, le IVe Évangile sembla favoriser la gnose. Et
cependant la tradition évangélique ne doit-elle pas être une ?
On constate des divergences au sujet du rôle des œuvres dans le
salut : Jacques déclare qu’une foi sans les œuvres est
vaine, tandis que Paul semble exclure la valeur de toute pratique des
œuvres. De même au sujet du Christ : pourquoi Paul, à la
différence des Évangiles, n’accorde-t-il guère de place à la
vie terrestre de Jésus de Nazareth ?
Ces différences ne sont pas irréductibles. En revanche, il existe
des options fondamentales, des structures de pensée qui commandent
profondément le langage employé. Ainsi, pour la présentation du
mystère de Jésus, les croyants d’origine juive sont portés à
respecter davantage la divinité du Père et à souligner l’humanité
de Jésus, ''adopté'' en quelque sorte par Dieu ; les croyants
d’origine grecque seront plus enclins à imaginer la descente de
Dieu sur terre et à estomper quelque peu le caractère humain de
Jésus. Certes, les uns et les autres s’efforcent de compenser
leurs tendances respectives en appuyant dans le sens opposé, mais le
portrait de Jésus va s’en ressentir, et le lecteur inattentif
risque de s’égarer dans une sorte d’adoptianisme ou dans quelque
gnose abstraite. De semblables différences se font sentir à propos
de la conception du temps, les uns s’attachant volontiers à la
perspective de la parousie prochaine et de l’attente nécessaire,
les autres insistant davantage sur l’actualisation dans le temps
présent de la vie en Christ. Enfin, selon certains, l’Épître aux
Hébreux pose le problème de l’acclimatation de l’hellénisme,
avec sa conception plus ou moins platonisante d’un monde fait
d’ombres, reflet du véritable monde d’en haut. Notons encore les
diversités dans la présentation des ministères : insistance
sur les charismes ou sur la hiérarchie naissante, telle qu’on la
constate dans les lettres pastorales.
Comment ramener cette diversité à l’unité d’une même
révélation ? Certains ont proposé un principe d’unification.
Luther, par exemple, disait que tout valait dans la mesure où le
Christ était mis en avant. À un tel niveau, tous seront d’accord,
du moins en précisant qu’il n’est pas nécessaire que cette
dimension christologique soit explicite dans les textes. D’autres
ont voulu considérer les formules de foi comme critères de la
croyance ; la foi en Jésus-Christ, Seigneur et Fils de Dieu,
ressuscité et présent aujourd’hui au monde, ainsi que la commune
attente de la fin, tel serait le ''centre'' de la foi chrétienne.
Mais peut-on légitimement ramener à des formules la variété des
christologies ? Enfin nombreux sont ceux qui mesurent l’unité
du Nouveau Testament à l’aune de la justification par la foi, sans
se douter que ce principe paulinien requiert lui-même une
transposition radicale. En vérité, il est permis de douter qu’on
puisse contraindre le Nouveau Testament à dépendre de quelques
formules ou de quelque conviction théorique. S’il y a un
''centre'', ce ne peut être qu’une personne, un mystère, et c’est
Jésus lui-même qui est l’Évangile perçu comme Parole de Dieu
(F. Mussner).
Cela dit, on peut se demander comment organiser les données éparses
de ce livre composite. Telle est l’œuvre que veut composer toute
''théologie du Nouveau Testament''. Longtemps on s’est soumis au
carcan d’une théologie élaborée en fonction de catégories
autres que celles de la Bible et s’efforçant de retrouver dans les
textes les principales affirmations de la dogmatique. Aux yeux d’un
exégète, un tel procédé n’a pas de valeur. À l’opposé,
certains estiment vaine toute tentative de ce genre et se contentent
d’élaborer des théologies partielles, celle de Paul première
manière, de Paul seconde manière, celle de Matthieu ou de Luc ou de
Jean, etc. Mais c’est alors renoncer à parler d’une unité du
Nouveau Testament. Récemment, on s’est attaché à détailler les
affirmations majeures du Nouveau Testament, sur la création, le
temps, le monde, etc. ; mais c’est perdre de vue le caractère
proprement historique de la révélation qui est consignée dans ce
livre.
À partir des années 1950, avec R. Bultmann, la théologie du
Nouveau Testament s’est efforcée d’être historique,
c’est-à-dire de décrire l’évolution des principaux moments de
la réflexion chrétienne. Ainsi procède encore W. G. Kümmel.
Dans un tout autre esprit, mais avec les mêmes présupposés,
J. Jeremias élabore une théologie qui part des paroles mêmes
(ipsissima verba ) de Jésus, pour suivre le développement qui
s’est fait au cours du Ier siècle. Il prend le contre-pied des
disciples de Bultmann, mais conserve le projet historique dans son
essence. Les uns diront qu’on peut discerner un ''progrès'' allant
de l’implicite à l’explicite, ainsi à propos des ministères
dans l’Église : l’orientation de la révélation va dans le sens
d’une précision concernant les ministères, et l’on est déjà
sur la voie qui conduit à la forme monarchique de l’épiscopat
avec Clément de Rome et Ignace d’Antioche. À l’inverse, les
protestants en général rejettent cette idée de progrès et font
l’apologie de l’origine : il y a eu une dégradation au
cours du temps, et c’est bien au-delà du protocatholicisme
(Frühkatholizismus ) de Luc qu’il faut remonter, jusqu’à
un Urchristentum qui seul serait valable (par exemple, H.
Conzelmann) ; les écrits ultérieurs tels que les lettres
pastorales et ceux qui traitent de l’organisation de l’Église
seraient des déviations ; seule compterait l’Église
charismatique. Mais où s’arrêter dans cette remontée ? Qui,
en définitive, est juge de ce qui est ''primitif'' et de ce qui est
''dégradé'' ? D’autre part, cette préoccupation ne
revient-elle pas à introduire une certaine théologie, certaines
convictions dans la lecture même de la Bible ?
En réalité, ni les uns ni les autres ne semblent avoir posé
correctement le problème, car ils soumettent semblablement le texte
du Nouveau Testament à un a priori évolutionniste, l’évolution
se faisant dans un sens ou dans l’autre, mais toujours de façon
linéaire. C’est là que devraient rendre service les méthodes
d’analyse et de linguistique. Sans doute doit-on s’occuper de
''diachronie'', c’est-à-dire d’histoire des concepts et des
idées ; mais il faut surtout respecter les ''synchronies'',
c’est-à-dire les moments privilégiés auxquels l’Église
apostolique s’est exprimée. La vérité du Nouveau Testament ne
réside pas dans les extrémités de la relation, mais dans la
relation même : il s’agit de découvrir les rapports qui
unissent les différentes synchronies dans une diachronie supérieure,
et de saisir les consonances à un niveau qui respecte les distances
séparant ces différentes synchronies. À cette condition,
semble-t-il, on est sur la voie d’une théologie du Nouveau
Testament.
……………………………
CANON
BIBLIQUE PERLES
[Sommaire histoire] [Historicité Jésus] [Historicité résurrection]
[Histoire de la Bible] [Manuscrits] [Protestantisme] [Vaudois]
HISTOIRE
Manuscrits de la Bible
I- L'Ancien Testament
1- Rédaction des manuscrits de la Bible
a- Quelques règles pour les copistes de la Bible
b- Les Massorètes
2- Les manuscrits hébreux de la Bible
a- Les manuscrits de Qumrân
b- Quelques autres manuscrits de la Bible
3- Les versions anciennes de la Bible
a- La Septante
b- Autres versions grecques de la Bible
c- Versions à partir de la Septante
d- Les Targums araméens
e- La Syriaque ou Peshitta
f- La Vulgate
4- Conclusion
5- Editions de la Bible imprimées en hébreu
II- Le Nouveau Testament
1- Les manuscrits du Nouveau Testament
a- Les papyrus
b- Les manuscrits en lettres onciales (majuscules)
c- Les manuscrits en lettres cursives (minuscules)
d- Les traductions antiques du Nouveau Testament
e- Les citations bibliques des Pères de l'Eglise
f- Les lectionnaires
g- Les Ostraca
h- Remarques
2- Comparaison avec les oeuvres classiques
3- Remarques
III- Bibliographie
I- L'Ancien Testament
1- Rédaction des manuscrits de la Bible
Environ 4 siècles avant JC, l'Ancien Testament était complet.
a- Quelques règles pour les copistes de la Bible
Voici quelques exemples de prescriptions du Talmud pour les copistes:
- Les colonnes devaient faire entre 48 et 60 lignes et les lignes
devaient être de 30 lettres.
- Les copies devaient être effectuées à partir d'un manuscrit
authentique, et il était interdit d'y apporter toute modification.
- On ne devait rien écrire de mémoire.
- Les copistes devaient être Juifs (Pour le pentateuque
Samaritain, ils devaient être Samaritains).
- Quand ils avaient fini la copie, les copistes devaient compter
les lettres et les mots.
-...
b- Les Massorètes
- Ce sont des scribes, qui ont travaillé entre 500 et 1000 ap. JC.
- Ajout des points voyelles au texte
Jusqu'alors le texte n'était écrit qu'avec des consonnes. Afin de
fixer la prononciation des mots et le sens du texte, les massorètes
ont ajouté des points voyelles.
- Ajout des accents au texte
Ces accents indiquent la manière selon lequel le texte doit être
récité (on parle de cantilation du texte, qui est un intermédiaire
entre la lecture et le chant). Il y a un accent par mot. Ces accents
nous renseignent aussi sur la syntaxe du texte car il y a des accents
de fin de verset, de milieu de verset, ...
- Ajout des massores
- Petite massore, ou notes marginales: il s'agit de notes brèves
dans les marges du texte. Elles indiquent surtout les formes
inhabituelles.
- Quand un mot leur semblait incorrect, ils le laissaient dans le
texte (Ketiv) mais plaçaient en marge les consonnes du mot rectifié
(Qeré).
- Lorsqu'il y avait une bizarrerie, ils indiquaient de quelle
manière il fallait comprendre le texte (Sebir).
- Grande massore: il s'agit de notes brèves en haut ou en bas du
texte. Ces notes sont plus développées que celles de la petite
massore. Il s'agit d'une sorte de concordance de passages qui ont un
peu les mêmes bizarreries.
- Massore finale: il s'agit d'indications statistiques à la fin
des livres. Par exemple, elles indiquent le nombre de mots du livre,
le mot, le verset et la lettre qui sont aux centre du livre et vont
même jusqu'à indiquer le nombre de fois qu'une lettre ou expression
particulière est employée dans un livre!..
- Autres remarques
- Les massorètes étaient très scrupuleux et même superstitieux
(ils pensaient que leur avenir éternel dépendait de la qualité de
leur copie, ils se lavaient les mains et changeaient de plume avant
d'écrire le nom du Seigneur, ...).
- S'ils ajoutaient une consonne à un mot, ils l'ajoutaient
au-dessus du mot, pour ne pas altérer le texte.
- Une fois leur travail terminé, les Massorètes ont détruit les
anciens manuscrits de la Bible qui n'avaient plus aucune utilité.
(Info à confirmer).
- Tiqqun soferim: il s'agit de traditions relatives à une
modification du texte oppérée par des scribes au cours de la copie.
Ces traditions ne se trouvent pas dans les manuscrits, mais dans
d'autres documents. Suivant les documents, on relève 8, 11 ou 18
tiqqun soferim pour tout l'Ancien Testament (Ex: Jb 323 à Dieu
remplacé par Job).
2- Les manuscrits hébreux de la Bible
a- Les manuscrits de la mer Morte (Qumrân)
- Les manuscrits de la mer Morte ont été découverts en 1947, par
un berger qui cherchait une chèvre.
- Les manuscrits datent d'environ 200 à 100 avant JC.
- On a retrouvé des manuscrits d'au moins des parties de tous les
livres de l'Ancien Testament (sauf Esther).
- Il y a particulièrement un manuscrit complet d'Isaïe (1QIsa)
d'environ 120 avant JC.
b- Quelques autres manuscrits
- Le Codex de Léningrad (appelé aussi Firkovitch) de la famille
des manuscrits Ben Asher. Il date de 1009 ap. JC, et c'est le seul
manuscrit complet de l'Ancien Testament qu'on possède. Il sert de
base pour les traductions de l'Ancien Testament. Témoin du texte
massorétique.
- Le Codex d'Alep: il date de 925 ap. JC, et ne contient pas le
pentateuque. Témoin du texte massorétique.
- Le Codex des Prophètes de Pétrograd: il date de 916 ap. JC et
ne contient que les livres des prophètes postérieurs[1].
- Le Codex du Caire: il date de 896 ap. JC et contient les livres
des prophètes antérieurs et postérieurs (cf. note 1). Témoin du
texte massorétique.
- L'Oriental 4445 (du British Muséum) qui date d'environ 850 ap.
JC (les points voyelles ont été rajoutés environ 1 siècle après):
il contient le pentateuque. Témoin du texte massorétique.
- Pentateuque Samaritain: il date vraisemblablement du VIIème ap.
JC. On en a une copie à Cambridge, qui date du XIIème ap. JC. Ces
manuscrits sont intéressants car ils ont suivi une filière de
transmission indépendante des autres manuscrits (inimitié entre
juifs et samaritains).
- Manuscrits de la Gheniza du Caire (environ 200 000): comprennent
de nombreux fragments de la Bible (plusieurs milliers) en hébreu et
en araméen ainsi que des traductions en arabe datant pour la plupart
des VIè, VIIè, VIIIè siècles après Jésus-Christ.
- Papyrus de Nash: date de 100 à 50 av. JC, et contient Ex 201-17
et Dt 64-9 Découvert en Egypte au début du 20ème.
- Rouleaux de Ketef Hinnom: ils datent d'environ 650 avant JC. Il
s'agit de 2 courts textes bibliques (Nb 624-26) sur feuille d'argent.
En plus du nom du possesseur qui est ajouté pour la bénédiction,
il y a quelques petites différences avec le texte biblique.
3- Les versions anciennes de la Bible
Ces versions sont intéressantes, car on en possède qui sont plus
vieilles de plusieurs siècles que les plus vieux manuscrits hébreux
de la Bible que nous possédons. De plus, souvent les traductions
anciennes étaient très littérales (mot à mot) ce qui facilite la
"rétroversion", c'est à dire le retour vers le texte
hébreu qui a servi de base à la version.
a- La Septante
- Traduction grecque de la Bible traduite de l'hébreu populaire,
achevée au IVème av. JC à Alexandrie en Egypte (l'histoire selon
laquelle elle aurait été traduite par 72 savants est une réalité
). L'existence de cette traduction est attestée au 2ème av. JC,
dans le prologue du Siracide.
- Intégre les deutérocanoniques dans le canon de l'Ancien
Testament, ajoute des chapitres à Esther et Daniel, raccourci Job et
Jérémie.
- Les auteurs du Nouveau Testament citent toujours l'Ancien
Testament d'après la Septante.
- Est le texte officiel de l'Ancien Testament dans l'Eglise
orthodoxe grecque.
- A donné lieu à de nombreuses traductions de l'Ancien Testament
(latin, copte, ...).
- Les principaux témoins de cette traduction sont:
- Les papyrus
- Fouard et Ryland du IIème av. JC. (Ryland 458: env 150 av. JC:
passages de Dt 23-28).
- Chester Beatty du IVème ap. JC.
- Les Codex en Onciales (majuscules. Onciales utilisées jusqu'au
Xème ap. JC).
- Codex Vaticanus et Sinaïticus du IVème ap. JC.
- Codex Alexandrinus du Vème ap. JC.
- Les Codex en minuscules (à partir du IXème ap. JC).
Ces manuscrits datent du IXème au XVIème, mais ils préservent des
états de textes plus anciens que le texte massorétique (certains
reproduisent des variantes de manuscrits de Qumran).
- Les citations des Pères de l'Eglise.
La trahison du texte sacré par les juifs
b- Autres versions grecques
- Dès l'instant où les chrétiens ont utilisé la Septante, les
Juifs n'ont plus voulu de la Septante. Ils ont alors fait d'autres
traductions juives manipulées (en grec) de l'Ancien Testament. On
peut citer les 3 principales traductions qui ont vu le jour:
- Aquila, Symmaque, Théodothien, au cours du IIème, produisirent
des versions plus ou moins littérales de la Septante.
- On ne possède plus aucun manuscrit original de ces 3 traductions
modifiées de la Bible. Elles nous sont connues par les notes
marginales de manuscrits de la Septante (ex: codex Marchalianus) et
des manuscrits "syro-hexaplaires"(manuscrits en syriaque
avec notes marginales) et les Hexaples d'Origène.
Les Hexaples d'Origène
Elles ont été rédigées au IIIème ap. JC. Il s'agit d'une mise en
colonnes de l'Ancien Testament, avec le texte hébreu (col 1) le
texte hébreu écrit avec les lettres grecques (col 2) Aquila (col 3)
Symmaque (col 4) Septante (col 5) Théodotien (col 6). Quelques
passages de l'Ancien Testament ont une 7ème colonne avec d'autres
versions.
On possède quelques fragments manuscrits de ces Hexaples.
c- Versions à partir de la Septante
Etant traduites à partir de la Septante, ces versions sont d'un
intérêt moindre. On peut néanmoins en mentionner quelques-unes:
- Les vieilles Latines (ou la vieille Latine, car on ne sait pas
s'il y en a eu une ou plusieurs). A partir du 2ème après JC. On la
connaît surtout au travers des citations des Pères de l'Eglise. On
possède un Codex incomplet, du VIIème, à Lyon.
- Les versions Coptes en dialecte sahidique (traduite au IIIème,
ap. JC) pour la haute Egypte, et en Bohaïrique (traduite au IVème,
ap. JC) pour la basse Egypte. C'est la Bohaïrique qui est devenue le
texte officiel de l'Eglise Copte.
- Versions Ethiopiennes (au IVème; on a un manuscrit du XIIIème).
- Versions Arméniennes (au Vème; on a un manuscrit du XIIIème).
- Versions Arabes (Xème). Ces versions ne dépendent pas toutes de
la Septante.
d- Les Targums araméens
Après l'exil, les Juifs se sont mis à parler couramment l'araméen
(l'une des langues officielles de l'empire Perse) et à mieux le
connaître que l'Hébreu. Aussi, lors de la lecture à la synagogue,
le texte hébraïque était traduit oralement en araméen. Cette
traduction comportait beaucoup d'adjonctions ou de modifications
apportées au texte écrit, souvent à titre d'explications. Peu à
peu ces diverses interprétations furent transcrites dans les Targums
(à Qumrân, on a retrouvé des Targums). Ces Targums sont importants
parce qu'ils se réfèrent à un texte de la Bible plus ancien de
plusieurs siècles que le texte définitif des Massorètes. Parmi les
targums que nous possédons, on peut mentionner:
- Le Targum Babylonien:
- On parle du Targum d'Onkelos pour le Pentateuque (du IIIème ap.
JC).
- On parle du Targum de Jonathan pour les prophètes (du IVème
ap. JC).
- Les Targums Palestiniens
- Ils ont d'avantage de développement exégétique que le
Babylonien.
- Ces Targums ont des variations entre eux.
- Le Targum Samaritain (du pentateuque).
e- La Syriaque ou Peshitta
Le Syriaque est un dialecte araméen parlé en Syrie. Cette
traduction ancienne remonte au IIème ap. JC. On ne sait pas trop à
partir de quels manuscrits elle a été traduite. Certains pensent
qu'elle a été faite à partir d'un targum Juif. On s'aperçoit
qu'elle a aussi des parentés avec la Septante, ainsi qu'avec le
texte hébreu. On possède le Codex Ambrosianus du VIème-VIIème,
qui est à Milan (Il existe aussi un Codex Ambrosianus pour la
Septante).
f- La Vulgate
Traduction Latine, à partir des textes hébreux, faite par Jérôme,
à la fin du IVème. L'presbytre de Rome, Damase, avait demandé à
Jérôme de réviser la vieille Latine. Finalement Jérôme a
entrepris de traduire à partir de l'hébreu. Il est allé en
Palestine pour cela. Ce n'est que vers le VIIIème, IXème que la
Vulgate a vraiment remplacé la vieille Latine chez les utilisateurs
! Il y a eu plusieurs révisions de la Vulgate.
Il y a un réel effort pour dire les choses comme on les dirait en
Latin, ce qui rend cette version un peu moins intéressante pour la
critique textuelle. Le texte hébreu que présuppose la Vulgate est
proche du texte massorétique. C'est la 1ère version chrétienne qui
soit très nettement faite à partir des textes hébreux. Le
manuscrit principal de la Vulgate est le Codex Amiatinus, du VIIème.
4- Conclusion
On peut dire que le texte actuel concorde avec les originaux car:
- Il y a correspondance à quelques variantes près entre la
majeure partie du texte de la Septante (grec) et le texte
massorétique (hébreu).
- Il existe peu de différences notoires entre le Pentateuque
Samaritain (les plus anciens manuscrits datent du XIIè siècle après
JC) et le texte massorétique de la Torah: ce fait est absolument
remarquable si on considère que durant environ 1500 ans ils eurent
un chemin indépendant !
- Il y a peu de variantes entre le texte massorétique et les
manuscrits de la mer morte (certains datent du IIème av. JC) malgré
les 1000 ans de copies manuscrites qui les séparent !..
- Les règles de copies étaient très strictes.
5- Editions imprimées en hébreu
- Bible de Venise ou Ben-Hayyim ou Bomberg de 1524-1525 Elle suit
le texte massorétique.
- Kennicott de 1776-1780: édition du texte massorétique avec les
variantes existantes. Il semble que ce travail n'ait pas été très
bien fait.
- Au 20ème on a utilisé
- BHK Kittel. Utilise le Manuscrit de Léningrad à partir de la
3ème édition.
- BHS Stuttgart à partir de 1967 Elle suit le manuscrit de
Leningrad, et c'est actuellement l'ouvrage de référence.
- En 2002 devrait sortir une nouvelle édition critique pour
corriger quelques erreurs de la BHS par rapport au manuscrit de
Léningrad, ainsi que l'appareil critique.
II- Le Nouveau Testament
1- Les manuscrits
Le Nouveau Testament a été fini de rédiger à la fin du Ier siècle
après JC (la majeure partie avant 70). On dispose actuellement
d'environ 5674[2] manuscrits grecs du Nouveau Testament ou de
portions du Nouveau Testament et d'environ 19 300[3] manuscrits de
versions, soit un total de près de 25 000 manuscrits, dont les
principaux sont:
a- Les papyrus
- On en possède environ 99[4] contenant un ou plusieurs passages ou
livres du Nouveau Testament.
- Le plus ancien est le P52 de J.Ryland: il s'agit d'un fragment de
l'évangile de Jean datant de 125 à 130 ap. JC.
- Parmi les plus importants, ceux de C. Beatty (découverts vers
1930): ces différents papyrus contiennent des passages de:
évangiles, actes, lettres de Paul, Hébreux, Ap. Datent de 200 à
250 ap. JC.
- Un autre groupe important est celui de Bodmer: ces papyrus
contiennent des passages de: Luc, Jean, lettres de Pierre, Jude
datant d'environ 200 ap. JC.
b- Les manuscrits en lettres onciales (majuscules)
- On en possède environ 306[5].
- Rédigés entre le IVème et IXème siècle ap. JC.
- Les principaux sont:
- Le Codex Vaticanus (environ 325 - 350 ap. JC): il comprend la plus
grande partie du Nouveau Testament (et de l'Ancien Testament).
Découvert au Vatican vers 1850
- Le Codex Sinaïticus (environ 350 - 400 ap. JC): unique exemplaire
complet du Nouveau Testament en onciales (et la plus grande partie de
l'Ancien Testament). Découvert par Tischendorf en 1859 au monastère
Ste Catherine
- Le Codex Alexandrinus ( Vème siècle ap. JC).
- La Codex Bezae (VIème siècle ap. JC).
- Le Codex Ephraemi (Vème siècle ap. JC).
- ...
c- Les manuscrits en lettres cursives (minuscules)
- On en possède environ 2856[6].
- Rédigés entre le IXème et XVème siècle après JC.
d- Les traductions antiques du Nouveau Testament
- On en compte plus de 15 000[7] (dont plus de 8000 de la Vulgate en
latin, et environ 8 000 en éthiopien, slave, arménien)[8].
- En Syriaque (Codex Syro-Sinaïticus, Codex Syro-Curetonianus de 200
environ, ... ) en Latin (Codex Bobiensis de 400 environ, Codex
Vercellensis de 360 environ, ...) en Copte, ...
e- Les citations bibliques des Pères de l'Eglise
Suite à une recherche sur les citations des Pères de l'Eglise, D
Dalrymple dit: "Comme je possédais tous les écrits des Pères
de l'Eglise du IIème et IIIème siècle, j'ai commencé à chercher,
et j'ai trouvé des citations de tous les versets du Nouveau
Testament, excepté 11 !"[9]
f- Les lectionnaires
- On en possède environ 2403[10].
- Il s'agit de livres contenant des textes bibliques utilisés pour
des services religieux.
- La majeure partie date du VIIème au XIIème, quelques fragments
des IVème, Vème et VIème.
g- Les Ostraca
- On en possède plus de 1700
- Ce sont des tessons de poteries qui ont servi de support d'écriture
pour les pauvres.
h- Remarques sur les manuscrits de la Bible
- Les affirmations selon lesquelles des papyrus dateraient de 50 ou
70 ap JC sont très controversées, car elles mettent en jeu de
nombreuses hypothèses.
- En mai 94, le professeur et papyrologue P.Thiede a "démontré"
qu'un fragment de papyrus citant une partie de Mt 26 datait d'avant
l'an 50 ![11]
- Sur les fragments d'un papyrus en provenance de la grotte n°)7
de Qumrân, des versets de l'évangile de Marc ont pu être
déchiffrés. Ce papyrus date d'avant 70 ap. JC[12].Or ce papyrus
contient uniquement une vingtaines de lettres dont on est sûr que
d'une dizaine !.. De plus, il faut altérer légèrement (de façon
acceptable) le texte de Marc, pour que ça marche!
- On distingue parmi les manuscrits au moins 5 types de textes:
- Byzantin (anciennement appelé Syrien); il correspondent environ
au texte du codex Alexandrinus. C'est le groupe le plus nombreux,
dont quelques manuscrits ont servi à élaborer le "Texte Reçu".
- Alexandrin ou neutre. A peu près le texte des Codex Vaticanus et
Sinaïticus.
- Césaréen: Evangiles de Koridethi, papyrus Chester Betty.
Probablement élaboré en Egypte, et apporté à Césarée par
Origène.
- Occiental: Manuscrits latins, codex de Bèze. Essentiellement
répandu dans les pays latins.
- Antiochien.
2- Comparaison avec les œuvres classiques
Comparatif[13] entre les manuscrits de la Bible et ceux de
différents documents historiques:
Auteur
Titre ou type de document
Nombre de manuscrits
Rédaction de l'original
Plus ancien manuscrit
Durée entre original et plus ancien
/
Nouveau Testament
> 24 000
40 - 100 ap. JC.
130 ap. JC.
30 - 60 ans
Homère
Iliade
643
900 av. JC.
400[14] av. JC.
500 ans
Sophocles
193
496 - 406 av. JC
1000 ap. JC
1400 ans
Tacite
Annales
20
100 ap. JC.
1100[15] ap. JC.
1000 ans
César
Guerre des Gaules
10
100 - 44 av. JC.
900 ap. JC.
950 ans
Josèphe
La guerre des Juifs
9[16]
Ier siècle
Xème
> 800 ans
Thucydides
Histoires
8
460 - 400 av. JC.
900 ap. JC.
1300 ans
Suétone
La vie de César
8
75 - 160 ap. JC.
950 ap. JC.
800 ans
Pline le jeune
Histoire
7
61 - 113 ap. JC.
850 ap. JC.
750 ans
Platon
Tétralogies
7
427 - 347 av. JC.
900 ap. JC.
1200 ans
Remarque: Parmi toute la littérature ancienne grecque ou latine,
l'Iliade arrive en second après la Bible en ce qui concerne le
nombre de manuscrits.[17]
3- Remarques
- Jusqu'à la fin du siècle dernier, le grec du Nouveau Testament
était considéré comme du mauvais grec. Suite à une découverte de
A.Deissmann en 1895, on s'aperçu qu'il s'agissait en fait de la
langue non littéraire utilisée dans la vie courante au Ier
siècle[18].
- Actuellement, on dispose d'un texte grec sûr à plus de 99
%[19].
- Pour les quelques endroits où on n'est pas sûr du texte, cela
ne remet jamais en cause une doctrine essentielle[20].
- Entre les manuscrits les plus divergents, il y a accord sur 97 %
du texte[21].
- Pour le Nouveau Testament, 98,3 % du texte est indemne de
variante[22].
4- Quelques citations
- "L'intervalle entre les dates de la composition originale et
les documents les plus anciens devient donc presque négligeable; le
dernier fondement permettant de douter que les Ecritures nous soient
parvenues en substance telles qu'elles furent écrites, a maintenant
disparu. L'authenticité, de même que l'intégrité générale des
livres du Nouveau Testament, peuvent être considérés comme
définitivement établies."[23]
- "A partir du moment où les savants acceptent les classiques
de l'antiquité comme étant généralement dignes de foi, alors que
les manuscrits les plus anciens on été recopiés longtemps après
les écrits originaux, et que le nombre de manuscrits existant, dans
bien des cas est si faible, il est clair que la validité du texte du
Nouveau Testament est assurée."[24]
III- Bibliographie
- Archer, G.L., Introduction à l'Ancien Testament, Adapté de
l'Américain, Saint Légier, Emmaüs, 1991, pp. 32-51
- Bruce, F.F., Les documents du Nouveau Testament: peut-on s'y fier
?, Farel, 1987
- Glashouver,W.J.J., Sur les traces de la Bible, Maison de la
Bible, 1987
- Green, M., Le grand dérapage, ch 7, Farel, 1988
- Kuen, A, Une Bible et tant de versions !, St-Légier, Emmaüs,
1996, 206 p.
- Manley, G.T., Robinson, G.C., Stibbs, A.M., Le nouveau Manuel de
la Bible, , Traduction Française, Edition Institut Biblique de
Nogent, 1952, pp. 27-33
- McDowell, J., Bien plus qu'un Charpentier, ch 4, Miami, Vida,
1982
- McDowell, J., Christianity a ready defense, San Bernardino,
Here's Life Publishers, 1994, p42-55
- Nicole, Emile, cours Introduction à l'Ancien Testament donné à
l'IBN, en 1999
- Parizet, C., Comment la Bible est venue jusqu'à nous, Viens et
vois, 1986
- Shallis, R., Jésus: qui en fait est Jésus Christ ?, ch 1,
Farel, 1983
- Strobel, L., Jésus: La parole est à la défense !, ?, Vida,
2001, pp.59-80
- Collectif, Nouveau dictionnaire biblique, Saint Légier, Emmaüs,
1992, pp.797-814
[1] Les prophètes antérieurs: Jos, Jg, 1&2 Sam, 1&2Roi. Les
prophètes postérieurs: Es, Jr, Ez, Os, Jo, Am, Ab, Jon, Mi, Na, Ha,
So, Ag, Za, Mal.
[2] Strobel, Lee, Jésus: la parole est à la défense, ?, Vida,
2001, p 70
[3] Mc Dowell, Josh, Christianity a ready defense, San Bernardino,
Here's life publishers, 1994, p43
[4] Strobel, Lee, Jésus: la parole est à la défense, ?, Vida,
2001, p 68
[5] Strobel, Lee, Jésus: la parole est à la défense, ?, Vida,
2001, p 70
[6] Strobel, Lee, Jésus: la parole est à la défense, ?, Vida,
2001, p 70
[7] Mc Dowell, Josh, Christianity a ready defense, San Bernardino,
Here's life publishers, 1994, p47
[8] Strobel, Lee, Jésus: la parole est à la défense, ?, Vida,
2001, p 70
[9] Charles,Leach, Our Bible: how we got it., Chicago, Moody press,
1898, pp. 35-36 Mc Dowell, Josh, Christianity a ready defense, San
Bernardino, Here's life publishers, 1994, p48
[10] Strobel, Lee, Jésus: la parole est à la défense, ?, Vida,
2001, p 70
[11] P.A., Eicher, Bible info, éditorial, n°) 3, septembre 95
[12] C.P., Thiede, The earliest gospel manuscript ? 7Q5 and its
significance for new testament studies, Exeter, 1990
P.A., Eicher, Bible info, éditorial, n°) 3, septembre 95C.P.
[13] Tableau d'après: Mc Dowell, Josh, Christianity a ready defense,
San Bernardino, Here's life publishers, 1994, p45 (sauf données sur
Josèphe).
[14] Selon "Strobel, Lee, Jésus: la parole est à la défense,
?, Vida, 2001, p 67" , les plus anciens dateraient du IIè ap.
JC !
[15] Selon " Strobel, Lee, Jésus: la parole est à la défense,
?, Vida, 2001, p 68", les tomes 11-16 s'appuient sur un
manuscrit de la Bible du XIème, et les tomes 1-6 sur un seul
manuscrit de la Bible datant de 850 environ !.
[16] Selon " Strobel, Lee, Jésus: la parole est à la défense,
?, Vida, 2001, p 67", 9 manuscrits grecs des Xè, XIè, XIIè et
une traduction du IVè.
[17] B.M., Metzger, Chapters in the history of the new testament
textual criticism, Grand Rapids, Wm. B. Eerdmans publishing Co., 1963
[18] Alfred, Kuen, Une Bible et tant de versions, Saint-Légier,
Emmaüs, 1996, p.57
[19] Alfred, Kuen, Une Bible et tant de versions, Saint-Légier,
Emmaüs, 1996, p.56
[20] Alfred, Kuen, Une Bible et tant de versions, Saint-Légier,
Emmaüs, 1996, p.56
[21] Alfred, Kuen, Une Bible et tant de versions, Saint-Légier,
Emmaüs, 1996, p.55
[22] Collectif, Nouveau dictionnaire Biblique, Saint Légier, Emmaüs,
1992rev, p 797
[23] F.G., Kenyon, The Bible and archaeologie, ,New York, Harper and
Row publishers, 1940, p. 288 Kenyon fut conservateur et
bibliothécaire du British Museum.
[24] J.H., Greenlee, Introduction to the new testament textual
criticism, Grand rapids, Eerdmans, 1964, p16 Greenlee est un
helléniste qui a étudié le Nouveau Testament.
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