La vie de saint Cyprien
(210-258)
Presbytre et Evêque fidèle
Cyprien est né dans une riche
famille de
parents païens et devint avocat à Carthage avant de se convertir au
Christianisme aux alentours de 246.
Après son baptême, il
abandonnât complètement
la vie pécheresse et inutile qu'il avait menée auparavant.
Deux ans plus tard, il fut
élu doyen de
Carthage et seulement quelques mois plus tard, fut confronté à la
persécution
de Dèce et entra en clandestinité.
Face au feu de la
persécution, des milliers de
Chrétiens apostasièrent, pendant que d'autres obtenaient hypocritement
des
"libelli", certificats, par lesquels ils déclaraient avoir sacrifié
aux dieux païens.
Lorsque la persécution
commença à diminuer, les
‘confesseurs’, c'est-à-dire ceux qui avaient victorieusement confessés
le Nom
de Jésus et étaient restés fermes dans leur foi, commencèrent à
réconcilier
facilement les ‘lapsi’ affirmant qu'en tant qu'"amis du Christ", ils
avaient le droit d'accorder le pardon.
Cyprien retourné à Carthage
au début de l'année
251, réintégra immédiatement ses fonctions lors du concile qui se tînt
en mai.
Ce même concile décréta que,
même si personne
ne devait être totalement exclu du pardon, ceux qui avaient simplement
accepté
des faux certificats, disant qu’ils avaient sacrifié, ne devaient être
réadmis
qu'après différentes périodes de probation. Mais que, par contre, ceux
qui
avaient vraiment sacrifié leur foi (les sacrificati) ne devaient être
réadmis
que sur leur lit de mort.
Trois principes importants de
la discipline de
l'Eglise furent ainsi mis en avant:
1°) Le droit et le pouvoir de
remettre les
péchés capitaux, même celui de l'apostasie, étaient entre les mains de
l'Eglise.
2°) L'autorité finale en
matière disciplinaire
appartient aux évêques en concile en tant que dépositaires du
Saint-Esprit.
2°) Les membres indignes
parmi les laïcs
doivent être acceptés dans le Nouvel-Israël du Christianisme tout comme
cela
avait été le cas dans l'Ancien-Israël.
Cete même année, Cyprien prit
la défense de
l'évêque fidèle Corneille contre l'hérétique Novatien, et écrivit le
‘Traité sur
l'unité de l'Église catholique’, qui souligne la centralité du siège de
Pierre,
mais n'impliquait aucune acceptation des prérogatives juridictionnelles
de la
ville de Rome.
Nouvelle persécution
En 252, une nouvelle menace
de persécution par
décrétée par l'empereur Gallus, mais cette fois, l'Eglise se présentait
fortifiée.
La fermeté du clergé chrétien
face à l'épidémie
de peste avait gagné un meilleur soutien populaire; Cyprien venait de
défaire
les ennemis internes de l'Eglise, qui avaient eu l'audace d'installer
un évêque
rival à Carthage et cette nouvelle persécution encouragea une
réintégration
plus rapide des 'lapsi qui voulaient désormais faire leurs preuves en
tant que
martyrs.
Litiges avec Rome
À l'été 254, une dispute
éclata avec Étienne,
évêque de Rome.
Deux congrégations espagnoles
(Mérida et León) firent
appel à Cyprien contre une décision d'Étienne de rétablir les évêques
ayant
apostasiés pendant la persécution. Cyprien convoqua donc un concile
pour
examiner l'affaire. Le concile décida que les congrégations avaient non
seulement le droit mais le devoir de se séparer d'un clerc qui avait
commis un
péché mortel tel qu'une telle apostasie. Cyprien écrivit (Lettre 67)
que le
Saint-Esprit n'était plus dans un tel prêtre et que ses sacrements
conduiraient
à la perdition et non au salut. L'église en tant que "pure épouse du
Christ" pouvait se sentir obligée d'absorber un laïque pécheur, mais un
prêtre pécheur faisant des offrandes au nom du peuple était impensable.
Un différend encore plus
grave surgit quelques
mois plus tard avec l'Eglise de Rome:
Beaucoup de ceux que les
Novatiens avaient
baptisés réclamaient d'être admis dans l'Eglise. Leur baptême était-il
valide
ou non ?
A Rome, Etienne décida que
tout baptême au Nom
de la Trinité était valide.
Les Africains d'abord
partagés sur la question,
réunirent une série de trois conciles entre l'automne 255 et septembre
256 sous
la direction de Cyprien.
Ce concile décida à
l'unanimité qu'il ne
pouvait y avoir de baptême hors de l'Eglise, tout comme il ne pouvait y
avoir
de foi, d'espoir ou de salut pour ceux qui n'en faisaient pas partie.
Un
ministre ne pouvait pas dispenser ce qu'il ne possédait pas lui-même, à
savoir
le Saint-Esprit. Ceux qui avaient reçu le baptême des Novatianistes
devaient
être rebaptisés. Le baptême impliquait le renoncement total au monde et
la
réception de l'Esprit.
Derrière ce choc se posa la
question plus
fondamentale de la hiérarchie de l'Église.
Si Rome soulignait le
caractère universel bien
qu'inévitablement mixte de l'Église sur terre, les Africains
soulignaient son
intégrité en toutes circonstances. Une rupture complète entre Rome et
Carthage
fut évitée de justesse par la mort d'Etienne le 2 août 257, et son
successeur,
Sixte II, fut plus conciliant.
Persécution de Valérien
La persécution se renouvela
par le fait de
l'empereur Valérien (253-260).
Le 30 août 257, Cyprien fut
convoqué devant le
proconsul Aspasius Paternus et se vit assigner en résidence forcée à
Curubis
(Kurba) dans le golfe d'Hammamet.
A la suite d'un édit plus
sévère l'année
suivante, il fut ramené à Carthage, jugé et condamné à mort.
Tous sont unanimes à
reconnaître que cyprien
fut un dirigeant courageux et ingénieux de l'église d'Afrique.
Sa théologie était basée sur
l'idée centrale de
l'unité de l'Église : "Il n'a plus Dieu pour Père, qui n'a pas l'Église
pour mère" (Sur l'unité de l'Église catholique).
L'unité s'exprimait par le
consensus des
évêques, tous également dotés de l'Esprit Saint et souverains en leur
propre
siège. L'église se composet du peuple uni à son évêque. Le schisme et
la
rébellion contre le sacerdoce étaient considérés comme le pire des
péchés.
Ces vues - associées à une
insistance sans
compromis sur l'intégrité et le caractère exclusif de l'Église, en
total accord
avec le théologien nord-africain Tertullien - ont reçu la bénédiction
divine
pour la plupart des Chrétiens nord-africains et son martyre est le gage
de sa
foi et de sa fidélité.
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