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L'enseignant de l'Église a su adapter les Écritures à la vie quotidienne. En grec, chrysostome signifie "bouche d'or". Il était utilisé pour faire l'éloge des grands orateurs, dont saint Jean faisait partie. Le 13 septembre, nous fêtons la saint Jean Chrysostome, évêque de Constantinople et docteur de l’Église. Ce père de l’Église est bien connu pour ses prédications et ses discours publics. Son surnom, Chrysostomos, vient du grec et signifie « bouche d’or ». Né à Antioche en 349, il a reçu l’enseignement d’un professeur de rhétorique, qui l’a formé à l’art oratoire et lui a instillé l’amour de la langue et de la littérature. Après avoir été ordonné prêtre et évêque, saint Jean a brillamment utilisé ces aptitudes pour rédiger ses homélies et catéchèses. Il a su se distinguer des autres grandes figures de son temps en adaptant les Écritures à la vie quotidienne, et en enseignant aux gens comment incorporer l’Évangile dans chacune de leurs actions. Sa sensibilité pratique a permis à ses paroles de durer, inspirant des hommes et des femmes du monde entier, 1 609 ans après sa mort. Pour vous donner une idée de sa « bouche d’or » et de sa capacité à adapter l’Évangile à la vie de tous les jours, voici dix citations de saint Jean Chrysostome : 1. « Si vous ne parvenez pas à trouver le Christ dans ce mendiant qui est à la porte de l’église, alors vous ne Le trouverez pas non plus dans le calice ». 2. « Ennemie du désespoir, la conversion nous offre l’espérance du salut. C’est elle qui nous livre les clefs du ciel, c’est elle qui nous permet d’accéder au paradis ». 3. « Peu importe la justesse de vos paroles : vous ruinez tout quand vous parlez avec colère ». 4. « Le péché est une blessure. La repentance est un remède ». 5. « Prier pour soi-même est un instinct de nature ; prier pour les autres est un instinct de grâce ». 6. « L’amour du mari et la femme est la force qui soude la société ensemble ». 7. « De même que les objets qui ont de l’éclat le font rejaillir sur tous les lieux qui en sont proches, les amis répandent une douceur secrète sur tous les lieux où ils ont conversé ensemble. Souvent même, lorsque nous nous trouvons dans les endroits où nous avons vu nos amis, quoiqu’ils n’y soient plus, nous ne pouvons retenir nos larmes en nous rappelant les jours que nous y avons passés avec eux. Il est impossible d’exprimer le plaisir que nous fait goûter la présence d’un ami ; il n’y a que l’expérience qui puisse l’apprendre ». 8. « C’est une chose terrible que l’amour de l’argent ! Elle rend les yeux et les oreilles inopérants, et l’homme pire qu’une bête sauvage ». 9. « La repentance est une arme devant laquelle le démon s’incline toujours ». 10. « Si vous entendez quelqu’un vous dire : “Tu adores le crucifix ?”, n’en rougissez pas, ne baissez pas les yeux, mais soyez-en glorieux et fiers, et recevez le reproche, l’œil serein et le front haut. (…) Car la croix est l’œuvre d’un ineffable amour pour nous, la preuve d’une immense tendresse ». _____________________ L’humilité de Jean Chrysostome contre le vice de Constantinople Si les réformes apportées par l’archevêque Jean Chrysostome au IVe à l’aide de son éloquence redoutable ont attiré la colère de beaucoup, elles ont également permis à l'Église de Constantinople de revenir aux valeurs essentielles de la chrétienté. Imaginons ici les premiers jours de ce docteur de l’Église, fêté le 13 septembre, en tant que patriarche… Constantinople, 397. Lorsque Jean et son escorte parviennent enfin au palais épiscopal, le nouveau patriarche écarquille les yeux de stupeur. L’espace d’un instant, il croit se trouver devant le palais impérial. Chaque couloir brille d’or et d’argent tandis que ses pieds foulent un sol parfaitement poli, et les grandes statues de marbre blanc l’épient de leur regard vide. – Ceci n’est rien à côté de vos appartements, lui dit-on fièrement. Ils sont encore plus magnifiques que la chapelle du palais. Jean ne répond pas, outré par les propos qu’on lui tient. Il décide de se taire et d’observer. Pendant le reste de la journée, on lui fait visiter les lieux en passant par d’immenses pièces de fête où l’on pourrait loger cinquante personnes, et les nourrir avec l’or inutile qui colle à tous les murs. Puis on lui présente ses aides, diacres et évêques, vêtus plus somptueusement les uns que les autres. Lire aussi : « Fais de ta maison le Ciel », la charité selon saint Jean Chrysostome Le soir, un festin est servi pour fêter son inauguration. Mais à la vue des serviteurs de Dieu se jetant sur la chair grasse et le vin, une nausée monte à la tête de Jean. Sans un mot, il s’éclipse vers ses appartements. Mais là aussi, le lit de bois sculpté et les draps de soie le dégoûtent. Retirant ses sandales, le nouveau patriarche se met à genoux devant la fenêtre pour avoir vue sur le ciel étoilé, la seule splendeur qui peut l’apaiser. – Seigneur, pardonne mes brebis de se laisser aller ainsi aux tentations de ce monde. Puisque tu m’as fait leur berger, éclaire-moi dans ma démarche afin que je puisse les ramener à toi. Il réitère sa demande, encore et encore, jusqu’à ce que quelques coups à sa porte ne le tirent de sa prière. Les premiers rayons du soleil ne vont pas tarder à apparaître. Un serviteur lui apporte une tunique splendide et des bijoux, mais Jean les refuse. – Aucun vêtement ne pourrait cacher mes péchés aux yeux de Dieu, déclare-t-il. Et si mon âme est digne et pure, même toutes les richesses de l’empereur ne pourront égaler sa splendeur. Vends-les plutôt, et donne l’argent aux malheureux. L’archevêque ne s’attarde pas devant la mine stupéfaite du serviteur et se hâte d’aller à la chapelle. La messe dite, il renvoie les évêques qui attendent une audience et fait appeler intendants et conseillers. Il ordonne que l’on fasse retirer et vendre tous les objets de valeur du palais, des vases de bronze jusqu’au bois sculpté de son lit. L’argent sera reversé aux pauvres et aux hôpitaux. – Comment puis-je être nourri et logé comme quatre rois alors que certaines de mes brebis dorment dans la rue à même le sol et n’ont que du pain moisi pour se rassasier ? – Mais Monseigneur, certains de ces trésors nous viennent de l’empereur lui-même… proteste-t-on. – Les biens de l’Église sont là pour servir les plus pauvres et non l’inverse. Le total de ces biens ne vaut pas une seule âme. Tel que l’empereur se doit de prendre soin de son peuple, mon devoir est de prendre de soin des âmes qui m’ont été confiées, répond-il. Il n’y aura plus d’entassement de trésors. Plus de repas extravagant, sauf pour les jours de grandes fêtes. Les moines ambulants qui espèrent obtenir des faveurs en gravitant autour du palais épiscopal seront renvoyés dans leurs monastères. Les audiences avec les évêques seront limitées aux affaires urgentes. Ainsi en a décidé Jean Chrysostome. Voyant les regards indignés et interloqués de son entourage, Jean sait bien que cet assaut contre le vice ne plaira guère à tout le monde, et que le combat sera rude. Ce n’est pas seulement les serviteurs de l’Église qu’il faut rappeler à l’ordre. Il faut démasquer et chasser les imposteurs qui osent user du saint nom de Dieu pour se remplir les poches. Enfin, il faut rappeler aux puissants de Constantinople leur responsabilité envers les faibles. L’impératrice elle-même n’échappera pas à ce rappel à l’ordre du patriarche. Voyant les regards indignés et interloqués de son entourage, Jean sait bien que cet assaut contre le vice ne plaira guère à tout le monde, et que le combat sera rude. Mais c’est la mission que Dieu lui a confiée. Et qu’y a-t-il à craindre, si Dieu est à ses côtés ? Enragée par les réformes de Jean Chrysostome, l’autorité politique de Constantinople fait déposer et exiler le patriarche, qui succombe à la maladie sur le chemin de Pithyos en l’an 407. Il est déclaré docteur de l’Église en 1568 par Pie V. L’éloquence et le sens du devoir de ce saint n’avait d’égal que sa grande humilité. ________________________ Saint Jean Chrysostome, docteur de l’Église, appelé aussi saint Jean Bouche d’Or en raison de ses talents d’orateur, a livré dans une de ses homélies une belle réflexion sur la cinquième lettre de saint Paul apôtre aux Ephésiens. Épître bien connu, parfois galvaudé, pour sa célèbre exhortation : « Femmes, soyez soumises à vos maris ». Mais la suite, concernant les maris, est moins souvent relevée. Elle demeure pourtant un enseignement fort dans l’art de l’amour conjugal. « Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l’Église », nous dit saint Paul (Ép 5, 25). Saint Jean Chrysostome (344-407) reprend et explique la métaphore, tout en soulignant que le Christ, en s’unissant à l’Église, a fait beaucoup plus que ce que tout homme serait capable de faire. Il s’est sacrifié pour une Église qui le repoussait. Jean Chrysostome compare ainsi l’Église à une femme laide et méprisante, que le Christ a malgré tout choisi d’épouser. En ce sens, il ne manque pas de souligner que la mission propre à chaque époux, d’aimer sa femme, est plus « facile » dans la mesure où il s’est marié avec une femme qu’il a choisie. Le sacrifice qui découlerait de cet amour serait donc moindre ! Deuxième enseignement, dans le cas où une femme se montrerait vraiment méprisable : c’est par la tendresse qu’un époux la ramènerait vers lui. Le Christ s’est montré plein de tendresse, de sollicitude envers cette Église qui le haïssait, et l’a sanctifiée. « Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l’Église » (Ép 5, 25), dit saint Paul. Il ne se borne pas à dire : « Hommes, aimez vos femmes » ; mais il indique encore le degré de cette affection en ajoutant : « Comme le Christ a aimé l’Église ». Mais comment, dis-moi, le Christ L’a-t-Il aimée ? Jusqu’à se sacrifier pour elle. Ainsi, fallût-il mourir pour ta femme, ne marchande point. Si le Seigneur a aimé son esclave au point de se donner pour elle, à plus forte raison dois-tu le même amour à ta compagne d’esclavage. Mais peut-être est-ce la beauté de l’épouse qui a entraîné l’époux, ou les vertus de son âme ? On ne saurait le prétendre, car la suite montre qu’elle était laide et sordide ; écoutez plutôt : « Il s’est livré pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant » (Ép 5, 26). Par ce mot purifier, il fait entendre qu’elle était impure et souillée, et non point d’une souillure comme une autre, mais d’une extrême impureté ; ce n’était que graisse, que fumée, que sang; que taches de toute espèce. Et cependant il n’a pas eu dégoût de sa laideur, il a remédié à ses disgrâces, il a changé sa figure, corrigé ses formes, réparé ses imperfections ; c’est l’exemple que tu dois suivre. Quelques fautes que ta femme puisse commettre à ton égard, oublie tout, pardonne tout. A-t-elle un mauvais caractère, réforme-le à force de douceur et de bonté, comme a fait le Christ à l’égard de l’Église. » INTRODUCTIONJean Chrysostome, né à Antioche entre 344 et 3491, et mort en 407 près de Comana, a été archevêque de Constantinople et l'un des pères de l'Église grecque. Son éloquence est à l'origine de son surnom de " Chrysostome". (en grec ancien χρυσόστομος/chrysóstomos, littéralement " Bouche d'or".) Cependant, sa rigueur et son zèle réformateur l'ont conduit à l'exil et à la mort. C'est un saint et un docteur de l'Église catholique romaine, de l'Église orthodoxe et de l'Église copte, fêté le 13 septembre en Occident et le 30 janvier en Orient2. Sa famille, chrétienne, appartient à la bourgeoisie d'Antioche. Son père, officier dans l'armée syrienne, trouve la mort alors que Jean est encore enfant. Il est alors élevé par sa mère. Devenu adolescent, il aurait reçu, selon certains auteurs chrétiens du ve siècle, l'enseignement du célèbre orateur et professeur de rhétorique Libanios, mais ce n'est nullement assuré, bien qu'il ait été certainement formé à la rhétorique. Il témoigne avoir mené une jeunesse désordonnée et avoir été " enchaîné par les appétits du monde". (Du Sacerdoce, I, 3), pour s'accuser ensuite d'avoir été gastronome, amateur d'éloquence judiciaire et de théâtre. À 18 ans, il demande le baptême, après avoir rencontré l'évêque Mélétios. Il commence alors à suivre des cours d'exégèse auprès de Diodore de Tarse. Après avoir terminé ses études supérieures, il reçoit les ordres mineurs, puis s'installe en ermite aux portes d'Antioche, et se consacre à la théologie. Il compose alors son traité Du Sacerdoce, influencé par les idées de Grégoire de Nazianze. Selon Jean, le monachisme n'est pas la seule voie menant à la perfection. Si le moine, menant une vie recluse, éloignée des tentations, peut plus facilement atteindre son but, Jean juge plus méritante encore la voie du prêtre, qui se consacre au milieu des périls du monde au salut de ses prochains (VI, 5): " Le moine qui mettrait ses travaux et ses sueurs en comparaison avec le sacerdoce tel qu'il doit être exercé, y verrait autant de différence qu'entre les conditions de sujet et d'empereur.". Durant l'hiver 380–381, il est ordonné diacre par Mélétios à Antioche. Quelques années plus tard, il est ordonné prêtre. Il devient alors prédicateur et directeur spirituel. Il poursuit son travail d'écriture, et rédige de nombreux traités: pour consoler une veuve, sur le remariage, sur l'éducation, sur la pratique de cohabitation de moines et de moniales, etc. Il acquiert une certaine célébrité pour son talent d'orateur: des fidèles prennent des notes de ses homélies. En 397, Nectaire, archevêque de Constantinople, trouve la mort. Au terme d'une bataille de succession acharnée, l'empereur Arcadius choisit Jean. Il s'élève alors avec une grande force contre la corruption des mœurs et la vie licencieuse des grands, ce qui lui attire beaucoup de haines violentes. Il destitue les prêtres ou les évêques, qu'il juge indignes, parmi lesquels l'évêque d'Éphèse, et ramène de force à leur couvent les moines vagabonds. Il s'attaque également aux hérétiques, aux Juifs et aux païens: " Les Juifs et les païens doivent apprendre que les chrétiens sont les sauveurs, les protecteurs, les chefs et les maîtres de la cité". (Homélies sur les statues, I, 12) Il tient un langage sévère à l'égard des Juifs, en qui il voit les adversaires de l'Évangile de Jésus. S'agissant d'eux, il disait: " La synagogue est un mauvais lieu où afflue tout ce qu'il y a de plus dépravé ; c’est un rendez-vous pour les prostituées et pour les efféminés. Les démons habitent et les âmes mêmes des juifs et les lieux dans lesquels ils se rassemblent3".. Article détaillé: Adversus Judaeos. Jean Chrysostome, panneau byzantin du xie siècle, musée du Louvre. Il impose son autorité aux diocèses d'Asie Mineure alentour. Répugnant à ses devoirs de représentation, il prend seul ses repas et impose un mode de vie frugal et austère à son entourage. S'il jouit au départ de la faveur du couple impérial, il s'attire rapidement l'inimitié des classes supérieures et des évêques par ses critiques sévères de leur mode de vie non conforme à l'idéal évangélique. Lorsque Jean ordonne le retour des reliques de saint Phocas, l'impératrice Eudoxie, épouse d'Arcadius, se charge en personne de porter la châsse à travers la ville, ce dont Jean la remercie ensuite vivement dans une homélie. En 399, son influence parvient à sauver, dans un premier temps, l'eunuque Flavius Eutropius, chambellan et favori de l'empereur, disgracié et réfugié dans la cathédrale, et qui avait pourtant été un temps parmi ses adversaires. Mais Flavius Eutropius est décapité peu après. Cependant, l'inimitié de la cour impériale va croissant. Jean finit par blesser vivement Eudoxie en lui reprochant l'accaparement d'une somme appartenant à la veuve Callitrope et des biens d'une autre veuve: il aurait comparé l'impératrice à l'infâme reine Jézabel de l'Ancien Testament. En 402, Jean est mêlé à l'affaire de Théophile, patriarche d'Alexandrie, accusé publiquement de tyrannie et d'injustice par un groupe de moines égyptiens, accusés d'être disciples d'Origène. Ces derniers font appel à Jean, qui tente de se récuser, mais doit finalement accepter de présider un synode, convoqué par l'empereur, devant lequel Théophile est censé se présenter. Théophile engage alors la lutte contre son juge, en rassemblant tous les mécontents. Arrivant finalement à Constantinople en juin 403, Théophile est accompagné de vingt-neuf évêques égyptiens. L'affaire se retourne alors contre Jean: il est convoqué par ces évêques pour répondre des accusations formulées contre lui à un concile qui a lieu dans la villa du Chêne près de Chalcédoine. Jean est alors déposé et condamné, condamnation ratifiée par Flavius Arcadius. Il est aussitôt rappelé à la demande de l'impératrice qui, à la suite d'un mystérieux accident - une fausse couche de l'impératrice - y voit un avertissement du Ciel. Cependant, les accusations reprennent contre lui. Quand la tension avec la cour est à son comble, Jean se montre peu diplomate, commençant un sermon par une allusion à Hérodiade réclamant la tête de Jean le Baptiste: " De nouveau Hérodiade est en démence. De nouveau elle danse. De nouveau elle réclame la tête de Jean sur un plat4.". Finalement, il est une deuxième fois condamné et exilé à Cucusus, en Arménie. Il est remplacé au siège patriarcal le 26 juin 404 par un vieillard, Arsace, auquel succède très vite Atticus, un ennemi de Jean5. Peu de temps après, Jean doit se réfugier au château d'Arabisse pour fuir une incursion des Isauriens. Cependant, sa renommée va grandissant. Devant l'afflux des visiteurs qui viennent à lui, il est exilé en 407, sur ordre impérial, à Pithyos, sur la mer Noire, aux confins de l'empire. Affaibli par la maladie, Jean meurt au cours du voyage près de Comana dans le Pont. Selon la tradition, ses derniers mots sont: " Gloire à Dieu en toutes choses". (" doxa to theo pantôn enekent".) L'Église romaine est toujours restée fidèle à l'évêque Jean. Le pape Innocent Ier lui écrivit dans son exil pour le consoler. Il condamna le concile du Chêne qui l'avait déposé, et ne reconnut que Jean comme seul patriarche légitime de Constantinople. En 438, l'empereur Théodose II fait rapatrier les restes de Jean à Constantinople ; ils sont triomphalement déposés dans l'église des Saints-Apôtres. Cette translation est commémorée dans l'Église le 27 janvier. Œuvres Jean Chrysostome a beaucoup prêché, beaucoup écrit. Si nombre d'œuvres, autrefois faussement attribuées à son patronage, ont été rendues à leur légitime propriétaire, le nombre de ses œuvres authentiques n'en reste pas moins considérable. On divise ses écrits (Clavis Patrum Græcorum 4305-5197) en plusieurs groupes. Traités[modifier] Exhortations à Théodore ; Traité du sacerdoce ; Apologie de la vie monastique ; Comparaison du solitaire et du roi ; Traité de la componction ; Traité des cohabitations illicites ; Traité de la virginité ; Traités contre les secondes noces ; Traités polémiques. Homélies et discours Homélies diverses: Homélies sur les textes de la Bible (Genèse, Psaumes, Isaïe, Matthieu, Jean, Actes des apôtres, Épîtres aux Romains, aux Corinthiens, aux Éphésiens, aux Galates, aux Philippiens, aux Colossiens, aux Thessaloniciens, à Timothée, à Tite, à Philémon, aux Hébreux) ; Homélies sur l'incompréhensibilité de Dieu. Lettres[modifier] Un exemple particulier est la série des " lettres à Olympiade".. Autres[modifier] Enfin, même si elle n'est pas directement de lui, la liturgie habituelle de l'Église orthodoxe porte son nom. De même, l'homélie lue lors de la vigile de Pâques, est attribuée à Jean Chrysostome. Jean Chrysostome et l'Église orthodoxe[modifier] Icône de saint Jean Chrysostome (en phélonion) de l'église Saint-Jean-Chrysostome d'Etterbeek Déposé, exilé de son vivant par l'autorité politique, Jean Chrysostome est un des saints les plus marquants de l'Église orthodoxe. Sur le plan liturgique[modifier] L'Église orthodoxe utilise trois liturgies eucharistiques: celle de saint Basile (utilisée une dizaine de fois dans l'année, particulièrement durant le Grand Carême et pour la Saint Basile), la liturgie des Présanctifiés (en semaine, durant le Grand Carême), et la liturgie de saint Jean Chrysostome, utilisée tout le reste de l'année. Sur le plan théologique[modifier] Si l'Église orthodoxe se définit souvent comme l'Église des Pères, soulignant la continuité dans la transmission de la foi, elle désigne sous le vocable des " Trois saints hiérarques". (hiérarque = évêque) trois Pères qui, chacun sous un aspect particulier, ont particulièrement compté au ive siècle: Grégoire de Nazianze, Basile de Césarée et Jean Chrysostome. Cette réunion de saints si différents les uns des autres par certains aspects, a pour but de montrer que l'unité de l'Église se fait dans la foi unique, et non dans l'uniformité. Sur le plan social[modifier] Prédicateur inlassable, commentateur infatigable de l'Évangile, Jean Chrysostome entrecroise en permanence deux thèmes: la gloire de Dieu et l'amour du prochain. S'il prêche sur le " sacrement de l'autel". (l'eucharistie), c'est pour continuer sur le " sacrement du frère". (l'expression est de lui), et sur la responsabilité des riches en faveur des plus pauvres. S'il parle du Christ ressuscitant, c'est pour souligner qu'il ressuscite " nut'., et qu'à son exemple, il n'est nul besoin d'être enterré dans de luxueuses étoffes, les vendre pour soutenir les miséreux étant bien plus " intelligente".... Fidèle à ces lignes de conduite, il emploie l'argent reçu des dons ou même de la vente de trésors de l'église à la restauration ou la fondation d'hospices pour les malades ou les personnes sans ressources. Patronages[modifier Il est le protecteur des personnes qui souffrent d’épilepsie (car cette maladie est appelée mal de saint Jean) et qui lui adressent des prières pour espérer une guérison. Il est le patron des professionnels qui doivent s’exprimer devant un public (orateurs, présentateurs, maîtres de conférence, etc.) Postérité[modifier] Dans le langage courant, un " saint Jean bouche d'or". est une personne qui s'exprime avec éloquence ou qui parle franchement et nettement6. Stevan Stojanović Mokranjac, Sergueï Rachmaninov, Piotr Tchaïkovski, et Arvo Pärt (Litany) entre autres, ont mis en musique la liturgie de saint Jean Chrysostome. Ivan Rebroff débutait tous les récitals qu'il donnait dans des églises par un chant a cappella extrait de la liturgie de saint Jean Chrysostome. Son éloquence, son audace face aux souverains et l'originalité de son nom sont les raisons pour lesquelles le poète Georges Brassens l'a évoqué dans la chanson " Mourir pour des idées".. Dans le film Le Rouge et le Noir (1954), Julien Sorel (joué par Gérard Philipe), séminariste, cite saint Jean Chrysostome. Un quartier de la ville de Lévis (Québec) porte le nom de Saint-Jean-Chrysostome. Ce quartier compte plus de 21 000 habitants. Notes et références[modifier] ↑ La date de naissance est discutée. ↑ Nominis: Saint Jean Chrysostome [archive] ↑ Deuxième discours, Contre ceux qui observent le jeûne des juifs et contre les juifs eux-mêmes, 3. ↑ Ce sermon nous a été rapporté par l'historien Socrate le Scolastique. Mais l'historiographie du xixe siècle tend à le considérer comme apocryphe. ↑ Ces nominations sont condamnées et cassées par le pape Innocent Ier. ↑ Source dictionnaire du CNRTL [archive] Voir aussi[modifier] Sur les autres projets Wikimedia: Jean Chrysostome, sur Wikimedia Commons (el) Ιωάννης Χρυσόστομος, sur Wikisource (en) John Chrysostom, sur Wikisource Jean Chrysostome, sur Wikiquote Articles connexes[modifier] Grégoire de Nazianze Basile de Césarée Adversus Judaeos Antiochos de Ptolémaïde Bibliographie[modifier] Hans von Campenhausen, Les Pères grecs, Seuil, coll. " Livre de vie"., 1969 (1re édition 1963) (ISBN 2-02-000546-8) J.-M. Le Mayeur et al., Histoire du Christianisme - tome 2 - naissance d'une chrétienté, Desclée, 1995, p.481-497. (en) dans Catholic encyclopedia. Liens externes[modifier] Saint Jean Chrysostome, œuvres complètes sur le site de l'abbaye Saint-Benoît de Port-Valais patristique.org, écrits de saint Jean Chrysostome, informations générales sur les Pères de l'Église, textes originaux, traductions, documentation pédagogique, prières, méditations… (el) Textes de St Jean Chrysostome sur le site Projet Homère Audience du pape Benoît XVI du 19 septembre 2007 consacrée à Jean Chrysostome Audience du pape Benoît XVI du 26 septembre 2007 consacrée à Jean Chrysostome Jean Chrysostome dans Lire les Pères de l'Église, s. Gabriel Peters o.s.b. Précédé par: Nectaire Patriarche de Constantinople Suivi par: ArsaceA Chrysostome prémunit son auditeur contre les déviations des hérétiques. Il fournit des armes au soldat chrétien, et le met en état de repousser les traits des adversaires de la vraie doctrine. C'est ce que le lecteur ne doit pas perdre de vue afin de ne pas perdre de vue l’objectif des homélies. Il existe quatre-vingt-huit Homélies de Chrysostome sur l'Evangile de saint Jean. Il semble probable que c'est à Antioche que Chrysostome les a prononcées. Chrysostome fut ordonné presbytre en 386. En 398, il fut ordonné évêque de la ville impériale de Constantinople. Tout comme Origène, Chrysostome prêchait dès le point du jour, car les Chrétiens de cette époque, travaillant de fort nombreuses heures pour leur employeurs, ou dans les champs, c’est au petit matin qu’ils se réunissaient chaque jour avant le départ pour l’activité profane, selon ce que dit l’Ecriture : ’’que la manne devait être récoltée avant le levé du jour’.’ D'où il suit, qu'il ne se trouvait à ces Sermons du matin que des hommes et des femmes, qui, ayant plus de zèle, de ferveur et d'esprit, étaient aussi plus en état de profiter des instructions de la parole sacrée, et plus capables de combattre et de réfuter les arguments des hérétiques. En outre, Chrysostome instruisait les catholiques présents dans la piété, dans la vertu, et contre toutes sortes de vices, et il le faisait avec beaucoup de force, de courage et d'assiduité, prêchant souvent, malgré la faiblesse de sa santé. Voyant venir à ses conférences des Anoméens, il prononce ses premières homélies avec beaucoup de modération, désirant les gagner par la douceur , mais devant les attaques incessessantes des hérétiques, il fit douze Sermons où il les réfute excellemment; il repousse leurs traits avec beaucoup de vigueur par l'évidence dés raisonnements et des preuves, et fournit de très-puissants arguments contre eux, mais toujours honnêtement et charitablement; ne voulant point blesser ou terrasser ses ennemis, mais au contraire les relever de leur chute. Et ce qui surprend davantage, c'est qu'ils disaient qu'ils connaissaient Dieu, comme Dieu se connaissait lui-mëme. Ces hérétiques se vantant donc d'avoir ure si haute et si sublime connaissance, il n'est point étonnant qu'ils aient eu la témérité de sonder les profondeurs de Dieu, et l'audace d'examiner sa substance, d'agiter tant dé questions sur la Divinité, et de les proposer à tous les catholiques qu'ils rencontraient, même dans les places publiques: Si quelqu'un les reprenait de cette extrême insolence, ils lui répliquaient: " Quoi ! vous ne connaissez pas ce que vous adore".? Ils rebattaient continuellement ces paroles, et aux oreilles de tout le monde: " Le Fils n'est point consubstantiel à son Père: il est une créature, il n'a pas un pouvoir égal à celui de son Père, il ne juge pas avec la même autorité:celui qui prie son Père, ne peut point être égal à son Père".. Ils ajoutaient encore: " Le Fils n'est pas semblable au Père". ; d'où ils furent appelés ANOMÉENS, c'est-à-dire, DISSEMBLABLES. Comme donc ces hérétiques étaient fort opiniâtres, grands parleurs, et qu'ils disputaient continuellement contre des catholiques, le Saint ne cesse point de les combattre dans les Homélies qu'il a prêchées à Antioche et à Constantinople. Et comme ils tiraient leurs arguments et leurs preuves de plusieurs textes de saint Jean, expliqués à leur manière , et accommodés à leur sens, c'est aussi dans ces Homélies que saint Chrysostome les attaque et les presse plus fortement. Le lecteur ne sera sans doute pas fâché de trouver ici leurs principaux arguments avec les réponses du saint Docteur, après que nous lui, aurons donné une idée succincte de l'origine et du progrès de leur hérésie. En effet, il est nécessaire de connaître ces hommes que le Saint combat si souvent: Sans cette connaissance on ne peut même lire avec goût et avec fruit un grand nombre de ses Homélies. Origine et progrès de l'hérésie des Ariens et des Anoméens. Arius répandit son exécrable hérésie dans l'Église de Jésus-Christ vers l'an 320. Il eut beaucoup de disciples et de sectateurs, il jeta le trouble partout, presque toutes les églises du monde en furent ébranlées. Les principaux chefs et articles de l'hérésie d'Arius et des Ariens sont .quo çi Dieu n'avait pas " toujours été Père"., que " le Fils n'avait pas toujours été". ; qu' " il y avait eu un temps auquel il [91] n'était pointe".; qu' " il n'était point avant qu'il fût né".; qu' " il avait été fait dans le temps et tiré du néant". ; qu' " il n'était pas proprement de la nature, ou de la substance du Père". ; qu' " il était une créature parfaite, mais non pas comme une autre des créature". ; qu' " il n'était pas vrai Dieu , mais Dieu par participationt".;.qu' " il n'était pas éternel, mais qu'il avait été créé avant le temps et les siècles".; que " le Fils ne connaissait pas et ne voyait pas parfaitement le Père".. Ils eurent même l'impiété de dire que " le Fils n'était pas l'unique et le véritable Verbe"., et qu' il n'était le Verbe que de nome". ; qu' " il n'était la Sagesse que de nom seulemente". ; que " c'était par grâce qu'il était Fils, le " premier-né des créatures". ; que " le Verbe était muable". ; et qu' " il y avait plusieurs. Verbes".. Arius lui-même disait que le Verbe qui était en Dieu était différent de celui dont saint Jean disait " Au commencement était le Verbe".. Car dans cette impie doctrine, les Ariens n'étaient pas tous d'accord entre eux ; souvent l'un enseignait le contraire de ce que disait l'autre: et comment auraient-ils été d'accord entre eux, puisqu'ils ne l'étaient pas toujours avec eux-mêmes? Tant il est vrai que l'erreur est peu stable et peu ferme ! Il s'en trouvait encore parmi eux qui soutenaient que le Fils n'était point semblable à son Père. Sur ce dogme il se forma différents partis: les uns excluant absolument toute ressemblance, les autres en admettant une, et même de substance. Ceux qui niaient que le Fils était " Homoousios"., consubstantiel, et qui le disaient " Homoiousios"., semblable en substance, firent une secte particulière, et étant différents en quelque chose des purs Ariens, ils furent appelés " Semi-Ariens".. Ces " Demi-Ariens". se partagèrent aussi en diverses sectes: car quelques-uns d'eux enseignaient que le Fils était semblable au Père en substance, par une ressemblance imparfaite, telle que peut être celle de la créature au Créateur, de l'image à l'original. Cette image , cette ressemblance qui est hors de Dieu, disaient-ils, c'est Dieu qui l'a faite ; et elle est semblable à la substance de Dieu, autant qu'une chose créée hors de Dieu peut être semblable à la substance de Dieu. Et ceux-ci ne différaient des purs Ariens que de nom et de parole. En effet, les Ariens, recevant l'Evangile, ne pouvaient s'empêcher de reconnaître une ressemblance imparfaite entre les créatures et le Créateur, puisqu'il est dit dans l'Evangile: " Afin que vous soyez semblable à votre Père, etce". Mais d'autres Semi-Ariens, dont Basile, évêque d'Ancyre, était le chef, expliquaient cette ressemblance de substance d'une manière toute différente; car ils admettaient dans le Père et le Fils une entière ressemblance de substance. Mais toutefois ils rejetaient " l'Homoousiont"., ou la consubstantialité du Père et du Fils; et pour plusieurs raisons que rapporte et réfute en même temps saint Athanase " dans son Livre des Synodes, p. 764".. Ce Père ajoute " dans ce même Livre, p. 757". que ces Demi-Ariens, dont nous parlons, rejetaient le mot: " Homoousiont"., parce qu'il avait été proscrit dans le concile d'Antioche , on Paul de Samosate fut condamné, quoique ce ne fùt pas dans le même sens que le concile de Nicée le reçut depuis, et le mit dans sa profession de foi: ce qui se prouve évidemment par les propres paroles de Denis d'Alexandrie qui avait assisté et souscrit au concile d'Antioche. Cet évêque ayant été accusé devant Denis, évêque de Rome, de ne se point servir dans ses sermons de " l'Homoousiont"., répondit qu'il le recevait et le regardait comme tout à fait catholique ; mais qu'il s'abstenait alors de s'en servir, parce qu'il avait affaire aux Sabelliens qui en abusaient, l'employant pour confondre les trois Personnes en une seule, et, détruisant la Trinité par le terme même de " Consubstantialité".. Ces Semi-Ariens, plus doux et plus mitigés, rejetaient le mot: " Homoousiont"., et lui substituaient celui de " Homoiousiont"., qu'ils expliquaient dans un sens tout à fait catholique, ne différant que dans les termes et les expressions. Car ils admettaient une parfaite ressemblance de substance entre le Père et le Fils,et ils confessaient que le Fils était égal au Père ; quoique le mot:" Homoiousios"., semblable, exprime en soi quelque chose d'impie. En effet, si le Fils est semblable à son Père par sa substance, s'il est véritablement Dieu, comme ils l'avouaient, il ne peut point être d'une autre substance, d'une substance différente: oit ne peut pas dire qu'une chose qui est une et la même, soit seulement semblable. Mais si le Père et le Fils sont de différente substance, si le Père est Dieu, si le Fils est aussi Dieu, il y aura donc deux Dieux; car la substance de Dieu est Dieu même. Ainsi le Fils, semblable au Père par sa substance, sera Dieu semblable à Dieu; il y aura donc deux Dieux. Mais les Semi-Ariens, dont nous parlons, ne recevaient pas cette conséquence, quoiqu'elle parût naturellement suivre de l' " Homoiousios".. Certainement dans l'explication ils s'approchaient du sens catholique, mais ils avaient tort d'introduire ce terme, et aussi ils étaient blâmables de ne recevoir pas le mot d' " Homoousiont"., de consubstantiel, que le saint concile de Nicée avait introduit et appliqué à cette signification. Néanmoins saint Athanase, cette grande lumière de l'Eglise, ne veut pas qu'on les traite d'ennemis, ou d'hérétiques, comme on le peut voir " dans son Livre des Synodes, p. 755".. Il s'ensuit donc de ce que nous venons [96] d'exposer que ces Demi-Ariens ne différaient des catholiques que dans les paroles et dans les expressions, et qu'ils étaient au fond de même sentiment. Aussi saint Athanase ne faisait pas difficulté de dire qu'il espérait que bientôt ils se réuniraient tout à fait à l'Eglise , et par l'unité de foi , et par l'unité d'expressions et de langage, usant de la même formule de foi. Et c'est ce qui arriva dans la suite, etc. Comme donc ces Semi-Ariens étaient au fond réellement d'accord avec les catholiques, de même aussi les autres Semi-Ariens qui enseignaient que le Fils avait été tiré et fait du néant, et qu'il n'était point coéternel au Père, encore qu'ils le disent " Homoiousiont"., c'est-à-dire, semblable au Père en substance, étaient peu ou point du tout différents des Ariens, et de ceux qui soutenaient que le Fils était " Anomoiont"., c'est-à-dire, dissemblable au Père: c'est pourquoi ces Semi-Ariens ne furent pas longtemps séparés des Ariens et des Anoméens, et ils furent enfin presque tous appelés " Anoméens"., comme je le crois, dit le Révérend Père Dom Bernard de Montfaucon, que nous suivons dans cette histoire des Ariens et de leurs sectateurs. Les historiens rapportent qu'Aétius fut l'auteur et le chef de ces nouveaux Anoméens qui s'élevèrent alors: cet Aétius que son impiété fit surnommer ATHÉE. Ils commencèrent à 'troubler l'Eglise dès le temps de saint Athanase, disant que le Fils était tout à fait dissemblable au Père; en quoi ils s'accordaient parfaitement avec Arius et avec les Ariens. Car dès lors qu'ils tenaient que le Fils était créé et fait du néant, il s'ensuivait sûrement de leur impie doctrine, qu'il y avait autant de différence entre le Père et le Fils, qu'il y en a entre le Créateur et la créature; et qu'y ayant une distance immense entre le Créateur et la créature, il y en avait une de même entre le Père et le Fils. Ils disaient donc le Christ " Anomoiont"., dissemblable, d'où ils furent appelés " Anoméens".. Saint Chrysostome, ayant commencé à prêcher l'an 386, trouva la ville d'Antioche entièrement inondée et infectée de ces abominables Anoméens: ce qui l'engagea à composer contre eux les douze Homélies de " l'incompréhensibilité de Dieu'.; et dès cette année et dans les suivantes il les réfuta par des preuves et des raisonnements également pleins de feu, de force et d'éloquence. Car ces Anoméens embrassaient tous les dogmes des Ariens, et les soutenaient, y ajoutant encore beaucoup d'autres blasphèmes et d'autres impertinences, que le saint Docteur leur reproche à tous moments. Ils se vantaient insolemment d'une science universelle, comme nous l'avons déjà remarqué, et de connaître Dieu aussi parfaitement que Dieu se tonnait lui-même: pouvait-on rien entendre de plus absurde et de plus insensé! Mais c'en est assez et même trop. Car nous déclarons, avec le pieux auteur des Mémoires sur l'histoire Ecclésiastique (1), que c'est avec horreur et avec regret que nous osons écrire ces blasphèmes, qui ont fait frémir tous les saints évêques dans le concile de Nicée. Et. nous pouvons dire, avec saint Athanase, que c'est la seule nécessité de notre sujet qui nous empêche de les supprimer. Quoique dans ses discours le Saint ne cesse point d'attaquer les Anoméens, qu'il nomme rarement par leur nom d'Anoméens, toutefois il ne cite et ne réfute jamais plus particulièrement leurs arguments, que " dans ces Homélies sur l'Evangile de saint Jeant".. C'est pourquoi, pour en faciliter la lecture et en donner une plus claire intelligence, il est à propos d'exposer ici au moins une partie des textes sur lesquels ils prétendaient s'appuyer et établir leurs dogmes impies. Preuves et arguments des Anoméens. — Réponses et réfutations de saint Chrysostome. Il parait que les Anoméens, qui sont sortis des Ariens, se distinguaient particulièrement d'eux, et se caractérisaient par l'impertinente vanité dé s'attribuer une science universelle, et d'assurer qu'ils connaissaient Dieu aussi parfaitement que Dieu les connaissait eux-mêmes, et qu'il se connaissait lui-même: ce qui était également fou et impie. Enflés de cette science imaginaire, ils se croyaient forts, et partout ils attaquaient hardiment les catholiques, qui les réfutaient principalement. par l'Evangile de saint Jean, et tiraient de ce divin arsenal les traits dont ils se servaient pour les repousser et les abattre: les Anoméens en tiraient aussi du même Evangile pour les écarter et les détourner. Ces impies étaient extrêmement chagrins et piqués de ce qu'on renversait leurs dogmes par ces paroles du sublime Théologien: LE VERBE ÉTAIT DIEU: MON PÈRE ET MOI NOUS SOMMES UNE MÊME CHOSE: JE SUIS DANS MON PÈRE, ET MON PÈRE EST EN MOI: AFIN QUE TOUS HONORENT LE PÈRE, COMME ILS HONORENT LE FILS: COMME MON PÈRE ME CONNAIT, JE CONNAIS MON PÈRE: CELUI QUI ME VOIT, VOIT MON PÈRE: SI VOUS M'AVIEZ CONNU, VOUS AURIEZ AUSSI CONNU MON PÈRE ; et par d'autres semblables, par lesquels Jésus-Christ déclare qu'il est un avec son Père, de la même substance, égal à lui, et vrai Dieu. Ces hérétiques donc, pour se défendre, tâchaient de tirer aussi des preuves et des arguments du même texte de saint Jean, 1. Tillemont et ils opposaient aux catholiques ces paroles: " Au commencement était le Verbe". ; ces paroles, disaient-ils, ne marquent point l'éternité du Fils, puisqu'il est dit aussi des choses créées: " Au commencement Dieu a fait le ciel et la terre".. Donc, ajoutaient-ils , c'est vainement qu'on se sert de ce mot: " Au commencemente"., pour prouver l'éternité du Fils. Saint Chrysostome réplique fort au long à ce sophisme, mais en des termes proportionnés à la; portée de ses auditeurs. Pour expliquer, dit-il, ces paroles: " Au commencement était le Verbe"., il ne faut pas aller bien loin chercher des témoignages, il n'y a qu'à y joindre ce peu de paroles qui suivent immédiatement: ET LE VERBE ÉTAIT AVEC DIEU, ET LE VERBE ÉTAIT DIEU".. Ce mot " était avec Dieu'. signifie " était dans Dieu'.. Or tout ce qui est dans Dieu est certainement éternel. Mais que le Verbe soit dans Dieu, le Fils le déclare lui-même en disant: JE SUIS DANS MON PÈRE, ET MON PÈRE EST EN MOI. Je suis dans mon Père et mon Père est aussi en moi, cette parole démontre clairement et invinciblement l'unité, l'égalité, et par conséquent l'éternité du Fils. Nous passons les autres arguments des Anoméens: on les trouvera bien détaillés " dans les Homélies III, IV et V".. Nous y renvoyons le lecteur, pour ne pas tomber dans des redites, et n'être pas trop longs. Saint Chrysostome n'attaque pas seulement les Anoméens, mais souvent aussi Paul de Samosate, les Sabelliens, les Marcionites, les Manichéens, et les Docètes, ou " Apparent"., qui prétendaient que l'Incarnation n'était qu'une illusion et un fantôme ; c'est-à-dire que Jésus-Christ n'était né, n'était mort, et n'était ressuscité qu'en apparence.. Cette hérésie , qui s'était élevée dans l'Eglise dès les premiers siècles, vivait encore au temps de saint Chrysostome, comme il le témoigne dans la onzième Homélie. Le Saint prémunit souvent ses auditeurs, et leur prête des armes contre les plus anciens hérétiques, dont les sectateurs s'étaient conservés jusqu'à son siècle, parce qu'ils étaient continuellement aux prises avec les catholiques, et ne cessaient point de les attaquer. Les catholiques n'avaient pas seulement alors à combattre contre les hérétiques: ils avaient aussi à se défendre des Gentils, dont le nombre était encore fort grand. On verra que le Saint les dresse à ces sortes de combats ".dans l'Homélie dix-septième".. Mais quoiqu'en bien des endroits il attaque les Gentils et les anciens hérétiques, il s'attache pourtant davantage à repousser les Anoméens, et il a grand soin de réfuter leurs objections, et d'enseigner à ses auditeurs la manière d'y répondre. Quelquefois aussi il relève leur arrogance et leur folie, comme " dans l'Homélie seizième"., où il les apostrophe en ces termes: " Jean-Baptiste se déclare indigne de dénouer les courroies des souliers de Jésus-Christ; et les ennemis de la vérité ont l'insolence et la folie de se vanter de le connaître aussi parfaitement qu'il se connaît lui-même ! est-il rien de plus détestable que cette manie? Est-il rien de plus furieux que cette arrogance?". Dans ces Homélies sur saint Jean, le saint docteur combat donc les Anoméens plus vivement et plus fortement que les autres hérétiques, parce qu'ils étaient les plus puissants en nombre et en arrogance, les plus effrontés et les plus hardis à attaquer continuellement les catholiques; et que tous les passages qu'ils trouvaient, où Jésus-Christ pour s'abaisser, pour prouver son incarnation et son humanité, parlait et s'énonçait en des termes simples et populaires, humbles et modestes, ils les détournaient à leur sens, et s'en servaient tant pour battre les fidèles, que pour appuyer et soutenir leurs impiétés et leurs blasphèmes. Nous en pourrions produire bien des exemples, mais nous Dons bornons à un seul. Il sera facile au lecteur de remarquer les autres. " Il est certaint"., dit le saint Docteur aux Anoméens, " que Jésus-Christ a souvent parlé comme homme, et voilà les expressions que vous saisissez et que vous n'entendez point. Mais il n'est pas moins certain qu'il a très-souvent parlé comme " Dieu; et voilà ce que vous ne voulez point entendre et sur quoi vous faites la sourde oreille. Jésus" Christ vous déclare manifestement son égalité et sa divinité , quand il dit: MON PÈRE ET MOI NOUS SOMMES UNE MÊME CHOSE: JE SUIS DANS MON PÈRE, ET MON PÈRE EST EN MOI"., etc. C'est à cause que Jésus-Christ se faisait égal à Dieu, continue-t-il encore, et qu'il se déclarait Dieu, que les Juifs lui faisaient des reproches, qu'ils s'élevaient contre lui, qu'ils le persécutaient, et voulaient même le faire mourir, " parce que non-seulement il ne gardait point le sabbat, mais aussi parce qu'il disait que Dieu était son Père , se faisant égal à Dieu'.. A cette preuve si éclatante et si lumineuse les Anoméens répondaient que Jésus-Christ ne se faisait point égal à Dieu, mais que seulement les Juifs le croyaient et l'en soupçonnaient. Sur quoi saint Chrysostome s'élève, et repoussant ses adversaires jusqu'au pied du mur, il ne leur laisse aucune échappatoire. Vous avouez, leur dit-il, que les Juifs ont cru que Jésus-Christ se faisait égal à Dieu: vous ne pouvez nier qu'il n'ait dit bien des choses qui les jetaient dans ce soupçon et dans cette opinion, comme quand il dit: " Mon Père et moi, nous sommes une même chose: Je suis dans mon Père, et mon Père est en moi: Celui qui me voit, voit mon Père, etc.". Et beaucoup d'autres choses qui non-seulement donnaient lieu aux Juifs, mais encore à tous ceux qui les entendaient, de penser qu'il se faisait égal à Dieu le Père, et qu'il se [98] montrait véritablement Dieu: donc s'il n'eût pas été égal à son Père, s'il n'eût pas été véritablement Dieu, étant pieux, saint et juste, comme vous le reconnaissez et le confessez, aurait-il pu laisser les Juifs dates leur erreur, leur laisser croire qu'il se faisait égal à Dieu le Père, et qu'il se disait Dieu? Non. certes, s'il n'était pas un fourbe et un imposteur, ce qui est horrible à dire, il ne pouvait pas s'empêcher de leur découvrir leur erreur, et de leur déclarer ce qu'il était. Et toutefois, il fait le contraire: il insiste continuellement là-dessus, il leur confirme son égalité avec son Père, par de nouvelles paroles et de nouveaux témoignages; et il leur marque sa puissance et sa divinité par des prodiges et des miracles toujours plus évidents. Il est vrai que dans ces mêmes paroles et ces mêmes oeuvres qui prouvent sa divinité, son égalité avec son Père et sa consubstantialité, Jésus-Christ mêle beaucoup de choses tout humaines et tout ordinaires: mais c'est parce qu'il parlait souvent comme homme ; c'est parce qu'il voulait donner aux hommes un modèle de modestie et d'humilité, et être lui-même ce modèle; c'est aussi parce que, les Juifs étant méchants, le baissant, ne cherchant que l'occasion de le surprendre et de l'accuser, et ne pouvant souffrir la doctrine de la divinité et de la consubstantialité, il voulait peu à peu les adoucir, les attirer, les faire entrer dans leur devoir et les convertir. Mais néanmoins, nulle part, ni jamais, il n'a rétracté aucune des paroles qu'il avait dites, pour montrer son égalité avec son Père et sa consubstantialité. Et même, s'il mêle quelquefois dans son discours quelques paroles peu relevées et communes, il y en joint aussitôt d'autres qui prouvent et démontrent qu'il est véritablement Dieu , et consubstantiel à son Père. C'est pourquoi il faut lire l'Évangile de saint Jean avec beaucoup d'attention et de prudence, pour ne point se heurter contre les pierres d'achoppement qu'on y rencontre, et ne. pas tomber dans les. précipices. Ce qui est arrivé est une preuve que ce chemin en est bordé de tous côtés, mais pour ceux qui se confient en leur propre sens, et qui ne s'attachent point à l'Église de Dieu. Sabellius, uniquement attentif à ces paroles par lesquelles Jésus-Christ montre son égalité avec son Père et sa consubstantialité, a ôté la distinction des personnes pour avoir mal entendu la consubstantialité, et a dit que le Père, et le Fils, et le Saint-Esprit n'étaient qu'une seule et même personne: Arius, ayant trouvé une pierre d'achoppement dans les paroles tout humaines de Jésus-Christ, est tombé dans une autre impiété, en enseignant que la substance du Père est différente de la substance du Fils, et que celle-ci lui est inférieure. C'est ainsi que doivent toujours craindre de faire naufrage en la foi, tous ceux qui abandonnent la grosse ancre, ou qui s'écartent de la doctrine et des décisions de l'Église. Ces pierres d'achoppement ne se rencontrent pas seulement dans l'Écriture, il s'en trouve aussi dans les Pères: dans saint Chrysostome, il s'en trouve. Le Saint dit, ou plutôt il parait dire dans quelques-unes de ses Homélies que " Dieu ne nous prévient pointe".. Si nous nous arrêtons à l'écorce de ces sortes d'expressions, nous sommes Pélagiens: " Il est de foi que Dieu nous a aimés le premier"., que " la vocation à la foi est purement gratuite"., qu' " il nous prévient de sa grâce par sa sainte miséricorde"., que " sans les mérites du divin Sauveur nous serions tous demeurés dans le péché et morts ennemis de Dieu, etc.".Pour ne se heurter et ne se briser pas contre ces pierres d'achoppement, le vrai secret est de lire toujours avec attention et avec prudence, de s'assurer d'abord de la doctrine de l'auteur, de voir en quel siècle, en quel temps, contre qui il a écrit, quelles hérésies déchiraient alors l'Église, et d'examiner enfin ce qui précède et ce qui suit. Par exemple, dans l'endroit de saint Chrysostome que nous citons, le Saint ajoute immédiatement et tout de suite: " La grâce ne nous force pointe".; il parle aux Manichéens, qui ôtaient absolument toute liberté à l'homme, etc. Le saint Docteur veut donc simplement établir contre ces impies, que Dieu ne force et ne nécessite point l'homme, qu'il lui conserve sa liberté; qu'il lui fait vouloir et faire le bien librement; en un mot, que la grâce ne détruit point le libre arbitre. Véritablement, l'expression parait d'abord un peu forte; mais, en suivant de près la doctrine du saint Docteur, qui est toujours pure et orthodoxe, en considérant la fureur enragée de ces ennemis de Dieu et de son Eglise . elle reprend sa nature, et on découvre le vrai sentiment de fauteur. C'est à quoi un lecteur sage et judicieux doit toujours faire attention, pour ne se pas laisser entraîner dans les piéges de ceux qui, ou par ignorance, ou par des préjugés et des sentiments de parti, jugent témérairement de la doctrine des plus grandes lumières de l'Église, décident en maîtres, lorsqu'ils devraient s'honorer de la qualité de disciples, et condamnent hardiment ceux à qui ils doivent tout leur respect et leur profonde vénération. Pour finir ce que nous avions à dire sur ces Homélies, nous ne ferons plus que cette seule observation. Comme saint Jean est celui de tous les évangélistes qui a le plus fortement et avec le plus de [99] lumière établi la divinité du Fils, son égalité avec son Père et sa consubstantialité, saint Chrysostome est aussi celui de tous les Pères qui a soutenu et défendu avec plus de feu et plus d'ardeur, et d'une manière plus pleine et plus étendue cette divinité, cette égalité, et cette consubstantialité contre les Ariens, les Anoméens, et les autres ennemis de cette grande et très-importante vérité, soit dans les douze Homélies qu'il a expressément composées contre eux, ou dans plusieurs de celles-ci sur saint Jean. En effet, c'est dans ces discours que brillent davantage son. éloquence et la force de ses raisonnements, qu'il repousse et qu'il terrasse leurs objections et leurs blasphèmes par des réponses et des preuves si vives, si pressantes et si solides, qu'il serait difficile de trouver un autre athlète qu'on lui pût comparer, et qu'il faut nécessairement avouer qu'on les doit regarder comme les plus admirables et les plus excellents que saint Chrysostome ait composés. En lisant " la LII° Homélie"., où le Saint explique " le VIII° chapitre de saint Jeant"., on sera sans doute surpris de n'y pas trouver l'histoire de la femme adultère. On peut donc demander pourquoi saint Chrysostome l'a omise. Le Révérend Père Dom Bernard de Montfaucon, après nous avoir renvoyé aux auteurs critiques qui ont traité de l'Évangile de saint Jean, et nommément à Sixte de Sienne, " Bibli. Lib. " VI, annot. CXCVIII"., nous en donne ces raisons: C'est, dit-il, ou parce que cette histoire ne se trouvait pas dans l'exemplaire du Saint , ou parce que prêchant à un peuple fort enclin et livré même à ce vice, il ne jugeait pas à propos de lui exposer l'histoire de la femme adultère, ou pour quelque sujet que nous ne savons pas. Il ajoute qu'il croit que cette histoire manquait dans les exemplaires de l'église d'Antioche: Il n'est pas à croire, dit-il, que saint Chrysostome l'eût passée à dessein, si on l'avait lue dans cette église. Enfin, il nous fait observer que cette omission n'en diminue point l'autorité, et qu'on la lisait dans tout l'Occident, dans l'Afrique, dans l'église d'Alexandrie, qui était la seconde du monde chrétien, et aussi dans toute la Grèce, si l'on en excepte quelques églises. Les Homélies de saint Chrysostome se divisent en deux parties ; elles forment en quelque sorte deux discours et comprennent deux sujets: l'un dogmatique, et l'autre moral. Le premier est un commentaire du texte sacré, où le Saint nous explique la doctrine de Jésus-Christ et de l'Église; le second est une exhortation familière, instructive, édifiante, toujours vive, pressante et éloquente , où il nous détourne du vice, en nous faisant connaître ce qu'il a d'horrible et d'affreux; où il nous excite à la vertu, en nous représentant combien elle est belle, combien elle est aimable: Quand même, dit-il en plusieurs endroits, quand même il n'y aurait point de récompenses à espérer, il faudrait toujours l'aimer, parce qu'elle est à elle-même sa propre récompense; si on l'aime pour elle-même; on l'aimera toujours, etc. Jean Chrysostome, né à Antioche entre 344 et 3491, et mort en 407 près de Comana, a été archevêque de Constantinople et l'un des pères de l'Église grecque. Son éloquence est à l'origine de son surnom de " Chrysostome". (en grec ancien χρυσόστομος/chrysóstomos, littéralement " Bouche d'or".) Cependant, sa rigueur et son zèle réformateur l'ont conduit à l'exil et à la mort. C'est un saint et un docteur de l'Église catholique romaine, de l'Église orthodoxe et de l'Église copte, fêté le 13 septembre en Occident et le 30 janvier en Orient2. Sommaire [masquer]1 Biographie 2 Œuvres 2.1 Traités 2.2 Homélies et discours 2.3 Lettres 2.4 Autres 3 Jean Chrysostome et l'Église orthodoxe 3.1 Sur le plan liturgique 3.2 Sur le plan théologique 3.3 Sur le plan social 4 Patronages 5 Postérité 6 Notes et références 7 Voir aussi 7.1 Articles connexes 7.2 Bibliographie 7.3 Liens externes Biographie[modifier] Sa famille, chrétienne, appartient à la bourgeoisie d'Antioche. Son père, officier dans l'armée syrienne, trouve la mort alors que Jean est encore enfant. Il est alors élevé par sa mère. Devenu adolescent, il aurait reçu, selon certains auteurs chrétiens du ve siècle, l'enseignement du célèbre orateur et professeur de rhétorique Libanios, mais ce n'est nullement assuré, bien qu'il ait été certainement formé à la rhétorique. Il témoigne avoir mené une jeunesse désordonnée et avoir été " enchaîné par les appétits du monde". (Du Sacerdoce, I, 3), pour s'accuser ensuite d'avoir été gastronome, amateur d'éloquence judiciaire et de théâtre. À 18 ans, il demande le baptême, après avoir rencontré l'évêque Mélétios. Il commence alors à suivre des cours d'exégèse auprès de Diodore de Tarse. Après avoir terminé ses études supérieures, il reçoit les ordres mineurs, puis s'installe en ermite aux portes d'Antioche, et se consacre à la théologie. Il compose alors son traité Du Sacerdoce, influencé par les idées de Grégoire de Nazianze. Selon Jean, le monachisme n'est pas la seule voie menant à la perfection. Si le moine, menant une vie recluse, éloignée des tentations, peut plus facilement atteindre son but, Jean juge plus méritante encore la voie du prêtre, qui se consacre au milieu des périls du monde au salut de ses prochains (VI, 5): " Le moine qui mettrait ses travaux et ses sueurs en comparaison avec le sacerdoce tel qu'il doit être exercé, y verrait autant de différence qu'entre les conditions de sujet et d'empereur.". Durant l'hiver 380–381, il est ordonné diacre par Mélétios à Antioche. Quelques années plus tard, il est ordonné prêtre. Il devient alors prédicateur et directeur spirituel. Il poursuit son travail d'écriture, et rédige de nombreux traités: pour consoler une veuve, sur le remariage, sur l'éducation, sur la pratique de cohabitation de moines et de moniales, etc. Il acquiert une certaine célébrité pour son talent d'orateur: des fidèles prennent des notes de ses homélies. En 397, Nectaire, archevêque de Constantinople, trouve la mort. Au terme d'une bataille de succession acharnée, l'empereur Arcadius choisit Jean. Il s'élève alors avec une grande force contre la corruption des mœurs et la vie licencieuse des grands, ce qui lui attire beaucoup de haines violentes. Il destitue les prêtres ou les évêques, qu'il juge indignes, parmi lesquels l'évêque d'Éphèse, et ramène de force à leur couvent les moines vagabonds. Il s'attaque également aux hérétiques, aux Juifs et aux païens: " Les Juifs et les païens doivent apprendre que les chrétiens sont les sauveurs, les protecteurs, les chefs et les maîtres de la cité". (Homélies sur les statues, I, 12) Il tient un langage sévère à l'égard des Juifs, en qui il voit les adversaires de l'Évangile de Jésus. S'agissant d'eux, il disait: " La synagogue est un mauvais lieu où afflue tout ce qu'il y a de plus dépravé ; c’est un rendez-vous pour les prostituées et pour les efféminés. Les démons habitent et les âmes mêmes des juifs et les lieux dans lesquels ils se rassemblent3".. Article détaillé: Adversus Judaeos. Jean Chrysostome, panneau byzantin du xie siècle, musée du Louvre. Il impose son autorité aux diocèses d'Asie Mineure alentour. Répugnant à ses devoirs de représentation, il prend seul ses repas et impose un mode de vie frugal et austère à son entourage. S'il jouit au départ de la faveur du couple impérial, il s'attire rapidement l'inimitié des classes supérieures et des évêques par ses critiques sévères de leur mode de vie non conforme à l'idéal évangélique. Lorsque Jean ordonne le retour des reliques de saint Phocas, l'impératrice Eudoxie, épouse d'Arcadius, se charge en personne de porter la châsse à travers la ville, ce dont Jean la remercie ensuite vivement dans une homélie. En 399, son influence parvient à sauver, dans un premier temps, l'eunuque Flavius Eutropius, chambellan et favori de l'empereur, disgracié et réfugié dans la cathédrale, et qui avait pourtant été un temps parmi ses adversaires. Mais Flavius Eutropius est décapité peu après. Cependant, l'inimitié de la cour impériale va croissant. Jean finit par blesser vivement Eudoxie en lui reprochant l'accaparement d'une somme appartenant à la veuve Callitrope et des biens d'une autre veuve: il aurait comparé l'impératrice à l'infâme reine Jézabel de l'Ancien Testament. En 402, Jean est mêlé à l'affaire de Théophile, patriarche d'Alexandrie, accusé publiquement de tyrannie et d'injustice par un groupe de moines égyptiens, accusés d'être disciples d'Origène. Ces derniers font appel à Jean, qui tente de se récuser, mais doit finalement accepter de présider un synode, convoqué par l'empereur, devant lequel Théophile est censé se présenter. Théophile engage alors la lutte contre son juge, en rassemblant tous les mécontents. Arrivant finalement à Constantinople en juin 403, Théophile est accompagné de vingt-neuf évêques égyptiens. L'affaire se retourne alors contre Jean: il est convoqué par ces évêques pour répondre des accusations formulées contre lui à un concile qui a lieu dans la villa du Chêne près de Chalcédoine. Jean est alors déposé et condamné, condamnation ratifiée par Flavius Arcadius. Il est aussitôt rappelé à la demande de l'impératrice qui, à la suite d'un mystérieux accident - une fausse couche de l'impératrice - y voit un avertissement du Ciel. Cependant, les accusations reprennent contre lui. Quand la tension avec la cour est à son comble, Jean se montre peu diplomate, commençant un sermon par une allusion à Hérodiade réclamant la tête de Jean le Baptiste: " De nouveau Hérodiade est en démence. De nouveau elle danse. De nouveau elle réclame la tête de Jean sur un plat4.". Finalement, il est une deuxième fois condamné et exilé à Cucusus, en Arménie. Il est remplacé au siège patriarcal le 26 juin 404 par un vieillard, Arsace, auquel succède très vite Atticus, un ennemi de Jean5. Peu de temps après, Jean doit se réfugier au château d'Arabisse pour fuir une incursion des Isauriens. Cependant, sa renommée va grandissant. Devant l'afflux des visiteurs qui viennent à lui, il est exilé en 407, sur ordre impérial, à Pithyos, sur la mer Noire, aux confins de l'empire. Affaibli par la maladie, Jean meurt au cours du voyage près de Comana dans le Pont. Selon la tradition, ses derniers mots sont: " Gloire à Dieu en toutes choses". (" doxa to theo pantôn enekent".) L'Église romaine est toujours restée fidèle à l'évêque Jean. Le pape Innocent Ier lui écrivit dans son exil pour le consoler. Il condamna le concile du Chêne qui l'avait déposé, et ne reconnut que Jean comme seul patriarche légitime de Constantinople. En 438, l'empereur Théodose II fait rapatrier les restes de Jean à Constantinople ; ils sont triomphalement déposés dans l'église des Saints-Apôtres. Cette translation est commémorée dans l'Église le 27 janvier. Œuvres[modifier] Jean Chrysostome a beaucoup prêché, beaucoup écrit. Si nombre d'œuvres, autrefois faussement attribuées à son patronage, ont été rendues à leur légitime propriétaire, le nombre de ses œuvres authentiques n'en reste pas moins considérable. On divise ses écrits (Clavis Patrum Græcorum 4305-5197) en plusieurs groupes. Traités[modifier] Exhortations à Théodore ; Traité du sacerdoce ; Apologie de la vie monastique ; Comparaison du solitaire et du roi ; Traité de la componction ; Traité des cohabitations illicites ; Traité de la virginité ; Traités contre les secondes noces ; Traités polémiques. Homélies et discours[modifier] Homélies diverses: Homélies sur les textes de la Bible (Genèse, Psaumes, Isaïe, Matthieu, Jean, Actes des apôtres, Épîtres aux Romains, aux Corinthiens, aux Éphésiens, aux Galates, aux Philippiens, aux Colossiens, aux Thessaloniciens, à Timothée, à Tite, à Philémon, aux Hébreux) ; Homélies sur l'incompréhensibilité de Dieu. Lettres[modifier] Un exemple particulier est la série des " lettres à Olympiade".. Autres[modifier] Enfin, même si elle n'est pas directement de lui, la liturgie habituelle de l'Église orthodoxe porte son nom. De même, l'homélie lue lors de la vigile de Pâques, est attribuée à Jean Chrysostome. Jean Chrysostome et l'Église orthodoxe[modifier] Icône de saint Jean Chrysostome (en phélonion) de l'église Saint-Jean-Chrysostome d'Etterbeek Déposé, exilé de son vivant par l'autorité politique, Jean Chrysostome est un des saints les plus marquants de l'Église orthodoxe. Sur le plan liturgique[modifier] L'Église orthodoxe utilise trois liturgies eucharistiques: celle de saint Basile (utilisée une dizaine de fois dans l'année, particulièrement durant le Grand Carême et pour la Saint Basile), la liturgie des Présanctifiés (en semaine, durant le Grand Carême), et la liturgie de saint Jean Chrysostome, utilisée tout le reste de l'année. Sur le plan théologique[modifier] Si l'Église orthodoxe se définit souvent comme l'Église des Pères, soulignant la continuité dans la transmission de la foi, elle désigne sous le vocable des " Trois saints hiérarques". (hiérarque = évêque) trois Pères qui, chacun sous un aspect particulier, ont particulièrement compté au ive siècle: Grégoire de Nazianze, Basile de Césarée et Jean Chrysostome. Cette réunion de saints si différents les uns des autres par certains aspects, a pour but de montrer que l'unité de l'Église se fait dans la foi unique, et non dans l'uniformité. Sur le plan social[modifier] Prédicateur inlassable, commentateur infatigable de l'Évangile, Jean Chrysostome entrecroise en permanence deux thèmes: la gloire de Dieu et l'amour du prochain. S'il prêche sur le " sacrement de l'autel". (l'eucharistie), c'est pour continuer sur le " sacrement du frère". (l'expression est de lui), et sur la responsabilité des riches en faveur des plus pauvres. S'il parle du Christ ressuscitant, c'est pour souligner qu'il ressuscite " nut'., et qu'à son exemple, il n'est nul besoin d'être enterré dans de luxueuses étoffes, les vendre pour soutenir les miséreux étant bien plus " intelligente".... Fidèle à ces lignes de conduite, il emploie l'argent reçu des dons ou même de la vente de trésors de l'église à la restauration ou la fondation d'hospices pour les malades ou les personnes sans ressources. Patronages[modifier] Il est le protecteur des personnes qui souffrent d’épilepsie (car cette maladie est appelée mal de saint Jean) et qui lui adressent des prières pour espérer une guérison. Il est le patron des professionnels qui doivent s’exprimer devant un public (orateurs, présentateurs, maîtres de conférence, etc.) Postérité[modifier] Dans le langage courant, un " saint Jean bouche d'or". est une personne qui s'exprime avec éloquence ou qui parle franchement et nettement6. Stevan Stojanović Mokranjac, Sergueï Rachmaninov, Piotr Tchaïkovski, et Arvo Pärt (Litany) entre autres, ont mis en musique la liturgie de saint Jean Chrysostome. Ivan Rebroff débutait tous les récitals qu'il donnait dans des églises par un chant a cappella extrait de la liturgie de saint Jean Chrysostome. Son éloquence, son audace face aux souverains et l'originalité de son nom sont les raisons pour lesquelles le poète Georges Brassens l'a évoqué dans la chanson " Mourir pour des idées".. Dans le film Le Rouge et le Noir (1954), Julien Sorel (joué par Gérard Philipe), séminariste, cite saint Jean Chrysostome. Un quartier de la ville de Lévis (Québec) porte le nom de Saint-Jean-Chrysostome. Ce quartier compte plus de 21 000 habitants. Notes et références[modifier] ↑ La date de naissance est discutée. ↑ Nominis: Saint Jean Chrysostome [archive] ↑ Deuxième discours, Contre ceux qui observent le jeûne des juifs et contre les juifs eux-mêmes, 3. ↑ Ce sermon nous a été rapporté par l'historien Socrate le Scolastique. Mais l'historiographie du xixe siècle tend à le considérer comme apocryphe. ↑ Ces nominations sont condamnées et cassées par le pape Innocent Ier. ↑ Source dictionnaire du CNRTL [archive] Voir aussi[modifier] Sur les autres projets Wikimedia: Jean Chrysostome, sur Wikimedia Commons (el) Ιωάννης Χρυσόστομος, sur Wikisource (en) John Chrysostom, sur Wikisource Jean Chrysostome, sur Wikiquote Articles connexes[modifier] Grégoire de Nazianze Basile de Césarée Adversus Judaeos Antiochos de Ptolémaïde Bibliographie[modifier] Hans von Campenhausen, Les Pères grecs, Seuil, coll. " Livre de vie"., 1969 (1re édition 1963) (ISBN 2-02-000546-8) J.-M. Le Mayeur et al., Histoire du Christianisme - tome 2 - naissance d'une chrétienté, Desclée, 1995, p.481-497. (en) dans Catholic encyclopedia. Liens externes[modifier] Saint Jean Chrysostome, œuvres complètes sur le site de l'abbaye Saint-Benoît de Port-Valais patristique.org, écrits de saint Jean Chrysostome, informations générales sur les Pères de l'Église, textes originaux, traductions, documentation pédagogique, prières, méditations… (el) Textes de St Jean Chrysostome sur le site Projet Homère Audience du pape Benoît XVI du 19 septembre 2007 consacrée à Jean Chrysostome Audience du pape Benoît XVI du 26 septembre 2007 consacrée à Jean Chrysostome Jean Chrysostome dans Lire les Pères de l'Église, s. Gabriel Peters o.s.b. Précédé par: Nectaire Patriarche de Constantinople Suivi par: ArsaceA ……………… Les homélies de saint Jean Chrysostome sont toutes tirées du dixième tome des oeuvres complètes, publiées en 1867 par J. Bareille. Certes, ces traductions demandent à être revues et corrigées, mais faute de moyens, je les publie telles quelles, car mon but n'est pas littéraire ou scientifique mais pastoral. Ceux qui cherchent une édition ".critique". n'ont qu'à recourir aux Sources Chrétiennes par exemple où ils auront en plus du texte français le texte grec ou latin et tout un bagage d'introduction, de notes, de bibliographie, des tables d'index, en plus de l'Imprimatur qui quadruplent le texte lui-même et qui ont par surcroît le mérite d'alléger la bourse et de dessécher le coeur. En tant que pasteur et orateur, le divin Chrysostome, s'adressait au peuple - un peuple croyant et simple qu'il fallait instruire et guider. L'époque et le contexte ont changé, mais les problèmes restent les mêmes et c'est pour cela que ces homélies sont toujours actuelles et nous parlent. Ce n'est plus à l'hyppodrome que les gens courent, mais devant la télé, et les hérésies ont disparu É pour résurgir de plus belle sous d'autres formes. ".Quand Jean à la bouche d'or, ( ".Chrysostome". en grec ), parlait, disent ses contemporains, même les sourds pouvaient l'entendre,". non à cause d'une voix forte, qu'il n'avait d'ailleurs pas, mais à cause des ses paroles pleines de vie et de son exemple également vivants. Ses dernières paroles, après un travail infatigable pour son Seigneur et son peuple furent: ".Gloire à Dieu pour toutes choses. Gloire à Dieu pour toutes choses... Ne cesse de répéter ce mot et de l'enseigner aux autres. C'est le mot qui a fait couronner Job, ce mot qui fait fuir le diable. C'est lui qui enlève tout trouble. Continue donc d'en charmer tout ce qui t'arrive". Puissent ces homélies réchauffer nos coeurs, comme ceux des disciples d'Emmaüs dans ce monde d'aujourd'hui où il y a tout sauf la parole salutaire. Hiéromoine Cassien |
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