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Christian's Encyclopedia : V






VACHE Bœuf. Elles sont le symbole des femmes riches, délicates, voluptueuses qui font de leur plaisir leur dieu, Os. 4, 16. Am. 4, 1.

Le sacrifice de la vache rousse, était l'un des plus remarquables sacrifices expiatoires, Nomb. 19. Cette vache, ou génisse, devait être prise du bétail des Israélites et amenée au sacrificateur ; elle devait être rousse, entière, sans tare, et n'ayant jamais porté le joug, Deu 21, 3.; il fallait qu'elle fût égorgée par le peuple hors du camp, que le sacrificateur prît du sang avec le doigt, et en jetât par sept fois contre l'entrée du tabernacle ; qu'on brûlât sous ses yeux sa peau, sa chair, son sang, tout ce qui lui appartenait ; qu'après cela le sacrificateur prît du bois de cèdre, de l'hysope et de l'écarlate, et jetât le tout au milieu du feu qui avait consumé la génisse ; qu^un homme net ramassât les cendres de la génisse pour les mettre en réserve hors du camp, dans un lieu pur; enfin, que de ces'cen dres, mêlées avec de l'eau, on fit une eau appelée eau de séparation, et dont on se servait, avec de l'hysope qu'on y trempait, pour arroser la tente, les ustensiles. les vêtements et le corps de ceux qui avaient été souillés, afin de les purifier et de les mettre en état d'assister à la sainte congrégation avec le reste du peuple. Ceux qui avaient pris part à ce sacrifice étaient souillés jusqu'au soir, et ils devaient laver leurs vêtements et leur chair, avant de rentrer dans le camp. La vache rousse était un type de Jésus-Christ, Hébr. 9, 13., et les analogies sont nombreuses et faciles à trouver ; v. G. Des Bergeries, ? 143 etc., E. Guers, Le Camp etc., p. 56 et suiv. Selon Spencer, ce sacrifice aurait été établi par opposition aux superstitions des Egyptiens qui ne tuaient jamais d'animaux femelles, et qui avaient le poil roux en horreur ; Beland croit au contraire que les vaches rousses étaient plus rares et plus estimées. On ignore si ce sacrifice était annuel, c'est peu probable; quelques auteurs juifs prétendent même qu'on ne brûla qu'une vache rousse depuis Moïse jusqu'à Esdras, et seulement six à neuf jusqu'à la destruction du temple par les Romains. — Les Malabares, les Perses, les Grecs et les Romains avaient aussi une espèce d'eau sainte faite avec de la fiente pulvérisée d'une vache sainte, ou avec l'urine d'un taureau.

VAISSEAUX, flotte, marine. La position de la Palestine, baignée par les flots d'une mer aussi fréquentée que la Méditerranée, et la circonstance qu'elle possédait encore sur son territoire un lac navigable, le lac de Tibériade, sont deux causes qui expliquent la fréquente mention de vaisseaux et de flottes dans l'Ancien Testament. Il n'y est du reste question que de la navigation extérieure, et des vaisseaux qui faisaient le service de la Palestine et des côtes voisines, car dès les temps les plus anciens, Joppe de la contrée des Philistins, et Tyr de Phéni-cie, étaient des ports célèbres desquels partaient des vaisseaux de long cours, 2 Chr. 2, 16. Jon. 1, 3. cf. 2 Macc. 12, 3. Es. 23, 1. Ez. 27, Act 21, 7. Leur marine mit de bonne heure les Tyriens en communication avec le pays d'Israël, et l'on peut conclure de Gen. 49,13., que la tri-bu de Zabulon ne fut pas des dernières à entrer dans la marine marchande. Lorsque les ports d'Elath et de HetsjoTi-Guéber eurent été conquis par les armes, et annexés au royaume d'Israël, Salomon établit aux frais de la couronne, et avec le concours des mariniers de Phénicie, un service de navigation, qui cependant ne lui survécut pas, et que Josaphat essaya en vain quelques années plus tard de relever, 1 Rois 9, 26. lu, 22. 22, 49. 50. A l'époque des Maccabées, Joppe était un port juif, 1 Macc. 14, 5., mais Hérode le Grand en fit construire un beaucoup plus considérable à Césarée, quoique le commerce maritime juif ne fût pas assez flo-rissant pour pouvoir le demander ; c'est dans ce port que Paul mit à la voile pour Rome, Act 27, 2. On considérait la voie par Alexandrie comme plus sûre et même plus courte que le trajet direct par Brindes, pour se rendre de Syrie ou de Palestine en Italie ; Pouzzoles était le lieu de débarquement. Il n'est parlé qu'en passant de la flotte marchande de Babylone Es. 43, 14. Quant aux vaisseaux de Tar-sis, du Nil, etc. v. ces articles.

Dans le Nouveau Testament, outre les voyages de Paul, qui tant de fois sillonna les eaux de la Méditerranée, nous voyons les rives romantiques du lac de Génésa-reth, et ses eaux claires, mais orageuses, devenir le théâtre de scènes entièrement nouvelles, ou la tribune de laquelle descendent les paroles d'une sagesse et d'une doctrine jusqu'alors inconnue. Tour à tour Jésus monte sur une nacelle de pêcheurs pour enseigner le peuple qui l'écoute du rivage, Mat 13, 2. Luc 3, 3., ou pour traverser ce lac, seul, ou dans la compagnie de ses amis,Mat 8, 23. 9,1. 14, 13. Jean6,17. Des souvenirs l'attachaient à ces rives sur lesquelles il avait trouvé ses premiers disciples, péchant ou raccommodant leurs filets, Mat 4, 21. Jean 21, 3. Luc 5, 5.

Les vaisseaux tyriens étaient les mieux construits et le plus richement ornés, les boiseries étaient en cyprès, la mâture en cèdre, les voiles en fin lin d'Egypte brodé, les rames en chêne, tenues par des rameurs assis sur des bancs ornés d'ivoire. Ez. 27, 1-7. Il n'est parlé expressé-ment ni des cordages, ni du gouvernail, quoique Umbreit ait cru voir ce dernier désigné Prov. 23, 34. (traduction qui offre des difficultés étymologiques, mais qui irait bien pour le sens). Le gouvernail est nommé dans le Nouveau Testament, Act 27, 40.; il y en avait quelquefois deux, ou même quatre, pour les gros bâtiments, à la poupe, à la proue, et aux deux côtés (Tacit. Annal. 2, 6). Les chapitres 27 et 28 des Actes, renferment au reste presque tous les détails relatifs à la construction, aux agrès, et à la manœuvre d'un vaisseau marchand, pendant la période romaine. Les vaisseaux marchands étaient plus profonds et moins allongés que les vaisseaux de guerre ; ils allaient plutôt à la voile qu'à la rame, tandis que ceux-ci comptaient souvent de deux à cinq rangs de rameurs (birèmes, trirèmes, etc.). A la proue était l'enseigne qui donnait son nom au bâtiment, Act 28, 11.: l'effigie de la divinité tuté-laire était à la poupe (Virg. JEn. 10,11.); quelquefois les deux images n'en faisaient qu'une seule, et le navire portait le nom de son dieu protecteur. Chaque vaisseau avait un canot de sauvetage, plusieurs ancres, et une sonde, Act 27, 16-40. La voile d'artimon, ou selon d'autres du perroquet, est nommément désignée Act 27, 40.; on la déployait pour modérer la violence du vent. L'opération de Act 27, 17., qui consistait à lier le vaisseau par-dessous comme avec une ceinture, pour l'empêcher de s'entr'ou-vrir s'il venait à heurter contre un écueil, est souvent mentionnée chez les anciens (Horace, Od. 1,14,6.). En cas de danger, on jetait à la mer la charge du navire pour l'alléger, et si l'on échouait, on essayait de gagner le rivage à la nage ou en canot. Chaque vaisseau avait un capitaine et un pilote ; c'est du premier qu'il est question Jon. 1, 6. Les anciens suivaient en général les côtes autant que possible (comme le font encore aujourd'hui les vaisseaux de la mer Rouge), ce qui rendait les navigations très longues, 1 Rois 10, 22. S'ils étaient obligés de gagner la pleine mer, ils se dirigeaient en l'absence de boussole, d'après les étoiles, les Pléiades, les deux Ourses, Orion, etc. Les Dioscures, cf., étaient les divinités privilégiées qu'ils invoquaient dans le danger. Les tempêtes étant plus fréquentes ou plus redoutables en hiver, les anciens, Grecs et Romains, ne naviguaient guère que l'été ; la saison marine commençait en mars et finissait en novembre ; un vaisseau retardé, et surpris par les vents au milieu d'une navigation un peu longue, cherchait un port pour y passer l'hiver, Act 27, 12.

On a cru trouver une trace de la piraterie dans une traduction nouvelle de Job 24,18.

Valentin
Valentinien [empereur] 321-375

Vallee

VASIN. «. Abija 1°.

VASTI, reine perse, sultane favorite d'Assuérus (Xercès), qui fut disgraciée pour avoir noblement résisté à une sotte et honteuse prétention de son époux exalté par les vapeurs du vin, Est. 1. Elle donnait un festin à ses femmes pendant qu'Assuérus avait réuni ses gentilshommes, et le dernier jour, le tyran ivre, ayant voulu montrer son épouse aux hommes de sa cour pour leur faire admirer sa beauté, elle refusa de paraître, ne doutant pas qu'Assuérus à jeun ne lui sût gré de sa conduite et ne se repentît lui-même d'avoir oublié à ce pas l'étiquette orientale et l'honneur de sa femme. Mais les seigneurs prirent, séance tenante, contre elle, une résolution extrême à laquelle Assuérus adhéra ; elle fut déclarée rebelle à son mari, etindigned'être plus longtemps son épouse. Assuérus ne tarda pas à la regretter, Est. 2,1., mais il était déjà trop tard pour revenir en arrière, et des ordres furent donnés pour le choix d'une nouvelle sultane. La juive Ester succéda à la généreuse Vasti. — Josèphe et Justinien l'absolvent en s'ap-puyant sur les coutumes de l'Orient; Ro-senmuller et d'autres, s'appuyant d'un passage d'Hérodote, 5, 18., pensent au contraire, qu'elle a violé ces coutumes et qu'elle eût dû paraître pour faire honneur aux assistants. Chacun cependant se sent pressé de l'absoudre intérieurement: on admire sa conduite, et si l'on en croit quelques interprètes juifs, tout ce qui pourrait excuser Vasti n'est pas consigné dans le livre d'Ester; l'antiquité profane offre d'autres exemples de fantaisies pareilles, et des abominations ou des cruautés qui en ont été les suites.

VEAU. v. Bœuf. — Le veau d'or, adoré par les Israélites, au pied même du Sinaï, et peu de jours après la promulgation de la loi, Ex. 32, 4. Deu 9, 21. cf. Néh. 9, 18. Ps. 106, 19. Act 7, 41., et dont le culte fut renouvelé par Jéroboam après son retour d'Egypte et son avènement au trône d'Israël, 1 Rois 12, 28. 32. 2 Rois 10, 29. cf. 17,16. Os. 8, S. 10, 5. Tobie 1,5., fut véritablement une importation égyptienne, une imitation du bœuf Apis, symbole d'Osiris, ou du bœuf Mnévis, symbole du soleil, dont l'un était adoré à Memphis, l'autre à Héliopolis. Ce fut sans doute l'image d'un de ces bœufs, probablement celle d'Apis, qui servit de modèle au veau d'or, quoique Philon estime, par des raisons ihéologiques plutôt qu'historiques, que le veau représentait le Typhon égyptien. On a fait de vains efforts pour disculper Aaron de sa participation à ce dieu de fonte ; on a dit qu'il avait voulu faire l'image (théocra-tique) des chérubins, et que le peuple, se méprenant à cette ressemblance, crut re-trouver ses souvenirs d'Egypte et l'adora; d'autres estiment qu'Aaron, ayant voulu fondre en lingot l'or apporté par les Israélites, ce lingot se trouve accidentellement avoir une forme de veau, que le peuple y vit un miracle, et adora ; d'autres encore disent qu'Aaron, voyant le peuple entraîné par ses souvenirs, réclamer le culte d'Apis, le trompa en lui faisant de fausses concessions, qu'il lui donna une apparence de veau, mais qu'il prit soin de bien rappeler que c'était l'Eternel qu'il fallait adorer. Concession ou non, ce qui est sûr, c'est qu'Aaron fut coupable, et que cette idolâtrie, qui poussait l'impudence jusqu'à s'étaler devant le Sinaï, fut, non seulement blâmée, mais sévèrement punie par la mort de 3,000 hommes ; Aaron lui-même reconnut son crime, et n'échappa que par l'intercession de Moïse, à cette juste exécution.

La plus grande difficulté de toute cette histoire se trouve Ex. 32, 20., dans la pulvérisation du veau d'or (massif), qui fut brûlé au feu, moulu jusqu'à ce qu'il fût réduit en poudre, puis cette poudre répandue dans de l'eau, et donnée à boire au peuple. On ne peut guère s'expliquer ce fait qu'en supposant à Moïse des connaissances chimiques très étendues, qu'il pouvait avoir puisées dans l'étude des mystères et des sciences de l'Egypte. On connaît, en effet, plusieurs moyens d'obtenir ce résultat, soit la calcination de l'or par le natron, soit sa dissolution par trois parties de sel de tartre et deux parties de soufre, soit sa fusion qui s'ob-tient à 32° du pyromètre de Wedgwood, soit sa dissolution provoquée par du chlore dissous dans de l'eau. On peut le dissoudre encore en versant dans un ma-tras deux parties d'acide hydrochlorique et une partie d'acide azotique, et en plongeant de l'or solide dans le produit ainsi obtenu ; la présence du métal détermine aussitôt un dégagement d'oxyde d'azote, et le produit de la réaction est un chlorure d'or ou la liquéfaction du métal (Berzélius). Selon M. Orfila, 8 parties d'acide hydrochlorique à 22° de concentration, et 2 parties d'acide azotique à 4°, ajoutées l'une à l'autre, peuvent dissoudre, à l'aide d'une légère chaleur, 1,9 partie d'or (Traité de chimie, II, 273). ?. encore Lettres de quelques Juifs portugais, 1, p. 80; Grandpierre, Essais sur le Pentat., p. 410 et suiv. — L'or, rendu potable par le soufre ou le natron, est dé-testable au goût, et, en faisant boire aux coupables ces débris du veau d'or, Moïse associait, en quelque sorte, à la condamnation de l'idolâtrie des souvenirs désagréables qui, par liaison d'idées, devaient rendre odieuse toute réminiscence de ce culte. L'amère libation couronnait dignement des fêtes impies.

Le culte du veau d'or est fréquemment rappelé dans Osée, et sous différentes formes, 8, 5. 6. 10, 5. 13, 2. 14. 2., etc. Plusieurs de ces passages ont même exercé la sagacité des interprètes, qui y ont vu des sens nouveaux et des choses nouvelles, v. les Commentaires. Jér. 34,18.19. renferme une allusion à un usage dont nous trouvons déjà les traces Gen. 15, 9-17. En passant par les deux moitiés des victimes placées l'une vis-à-vis de l'autre, les parties contractantes déclaraient leur inteution de perdre la vie comme la victime, si elles violaient leur foi. v. Alliance. On ne sait quand fut jurée l'alliance dont il est parlé dans ce passage ; mais elle n'était pas fort ancienne, puisque ceux qui l'avaient contractée étaient encore vivants.

VEILLES de la nuit. Les Hébreux, comme les Grecs et les Romains, partageaient les nuits en veilles de plusieurs heures, d'après les moments de relevée des gardes de nuit. Avant l'exil, les Hébreux ne comptaient que trois veilles, dont la première est nommée le commencement des veilles, Lam. 2, 19.; la seconde est appelée la seconde garde, Jug. 7, 19., et la troisième la veille du matin, Ex. 1 4, 24. 1 Sam. 11, 11. Pendant la période romaine, les Juifs reçurent de leurs maîtres la division de la nuit en quatre veilles égales, indiquées Marc 13, 35., par ces mots: le soir, minuit, l'heure que le coq chante, et le matin. Les rabbins ont continué de n'admettre que trois divisions, et ils regardent la quatrième comme appartenant au jour; mais il ressort deAct 12, 4. que le système romain était admis, au moins militairement, par les Hérodes. La nuit étant tantôt plus courte, tantôt plus longue, et les veilles s'adaptant par quarts à sa longueur, elles étaient elles-mêmes plus ou moins longues, suivant la saison, quoique toujours elles fussent di-visées en trois heures. — Il est parlé, Cant. 3, 3. 5, 7. cf. Ps. 127, 1., de gardes de nuit faisant le guet ; cette institution, d'ailleurs, est si naturelle chez un peuple policé, qu'on l'aurait devinée en l'absence de tout témoignage.

VENGEANCE. C'est sous ce nom qu'il est parlé, Act 28, 4., de la déesse grecque et romaine de la Justice (???), fille de Jupiter et de Thémis, presque égale au premier, à la puissance (c'est, en germe, la distinction des pouvoirs, la justice indépendante de l'Etat). Comme puis-sance vengeresse, elle est souvent confondue avec Némésis; on lui attribuait spécialement la punition du meurtre, Eu-rip., Médée, 1390.Sophoc.,OEdip.à Col., 1384. Les Hébreux et les chrétiens ne connaissent pas celte divinité ; ils se rappellent qu'elle n'est qu'un attribut de Dieu, que c'est à Dieu seul que la vengeance appartient, que l'homme ne saurait se faire justice à lui-même. Le chrétien reconnaît cette vérité sans restriction, le Juif l'admettait comme règle gé-

nérale, à deux exceptions près : le talion légal qui reconnaît le droit de vengeance, mais pour le modérer, et le droit du goël, ou vengeur, cf.

VENGEUR du sang. C'est ainsi que l'on désignait ( en hébreu, goël) le plus proche parent d'un homme assassiné, parce que la loi lui accordait le droit de venger la mort du défunt dans le sang du meurtrier partout où il le rencontrerait, sauf dans les lieux consacrés sous le nom de villes de refuge, cf., 2 Sam. 14,7.11. La justice restait inerte dans ces cas ; elle se taisait, et laissait faire ; le vengeur tâchait de venger, le coupable tâchait de fuir ; l'un et l'autre étaient protégés, ou, pour mieux dire, abandonnés à eux-mêmes. Cette coutume, déjà fort ancienne parmi les Hébreux, Gen. 27, 45. cf. 4,14., et maintenant encore en usage chez un grand nombre de peuples de l'Orient, les Arabes, les Perses, les Abyssins, les Druses, les Circassiens, présente de trop graves inconvénients, et donne trop de facilités aux vengeances particulières pour que Moïse ne sentît pas le besoin de restreindre considérablement l'exercice d'un pareil droit. C'est ce qu'il fit par l'établissement des villes de refuge. Le meurtrier qui pouvait en atteindre une avant d'avoir été frappé, retombait sous le pouvoir de la justice ordinaire; coupable d'un meurtre commis avec intention, il était puni par les lois ; coupable d'inad-vertance ou d'imprudence, il échappait encore au vengeur aussi longtemps qu'il restait dans la ville, Ex. 21, 13. Nomb. 35, 9. Deu 19, 1. Mais le vengeur conservait ses droits jusqu'au moment où le meurtrier entrait dans la ville, et il les recouvrait si le coupable quittait la ville avant la mort du souverain sacrificateur.

VENIN, v. Poison.

VEÏST. Dans un pays situé comme la la Palestine, entre la mer et le désert, garni de montagnes et de vallées, les vents jouent un rôle assez considérable, soit par leurs rapports avec la température en général, soit par leur influence sur l'agriculture, pour qu'on ait examiné de bonne heure leurs caractères, et recherché leur périodicité. Bien qu'on puisse compter en Palestine des vents venant de plusieurs directions diflérentes, les Israélites, s'en tenant à une division facile et grossière, n'ont jamais compté que quatre espèces de vents différents, correspondant aux quatre points cardinaux, Jér. 49, 36. Dan. 7, 2.8, 8. Zach. 2, 6. Mat 24, 31. Apoc. 7,1., d'où l'on aurait tort cependant de conclure, comme l'ont fait assez légèrement quelques théologiens, qu'ils aient regardé la terre comme carrée, puisque nous-mêmes qui admettons sa rotondité, nous tenons un langage semblable au leur. Les vents sont assez réguliers en Palestine quant à leur direction, leur durée et leur influence, quoique l'on ne possède pas encore d'observations météorologiques suffisantes qui permettent d'indiquer, mois par mois, l'ordre de leur succession. Lèvent d'ouest, ou sud-ouest, qui souffle de la Méditerranée, est humide et amène ordinairement la pluie, 1 Rois 18, 44. Luc 12, 34.; il règne de novembre en mars, et préside à l'hiver. Lèvent du sud,ou sud-est (thé-man), apporte les chaleurs du désert d'Arabie qu'il vient de traverser, et donne à l'équinoxe du printemps une chaleur de 16°-36°; il souffle d'ordinaire en mars pendant trois jours, et s'affaiblit à mesure qu'il s'avance vers le nord ou qu'il s'élève sur les montagnes. Le vent d'est (ka-dim) sort des steppes de l'Arabie déserte et des sables de la Syrie, Jér. 13, 24.; il est particulièrement violent, Job 1,19. 27, 21. Es. 27, 8. cf. Ps. 48, 7. Ez. 27,26., et, par sa sécheresse, exerce une action délétère sur la végétation, Ez. 17,10. 19, 12. Os. 13, 15. Jacq. 1,11. cf. Jonas 4, 8. Il n'est pas sans quelques rapports avec le terrible simoun de l'Arabie, et quoique celui-ci ne souffle pas d'ordinaire en Palestine, quelques auteurs croient qu'il est indiqué Ps. 11, 6. 91, 6. Nomb. 11.1. Le vent d'orient règne pendant les mois d'été jusqu'en juin. La bise, ou vent du nord (tsaphôn), ou nord-ouest, apporte avec elle la fraîcheur, Cant. 4, 16., et même le froid, Sir. 43, 22.; elle chasse la pluie, Prov. 25.23., et dessèche la terre et la végétation ; c'est souvent à l'équinoxe d'automne qu'elle se lève, et elle règne d'ordinaire pendant troisjours consécutifs. L'Ecriture mentionne encore la brise du matin et du soir, qui vient assez régulièrement tempérer les trop grandes chaleurs des jours de l'Orient, Gen. 3,8. Cant. 2, 17., et les tourbillons de la Palestine (soupha), qui soulèvent des nuages de poussière, et obscurcissent l'atmosphère, Es. 17, 1 3. Job 21, 18. Le lac de Tibériade est exposé à de fréquents orages qui semblent sortir des montagnes, etqui,parleur violence, ne déjouent que trop souvent les efforts et les prévisions des mariniers, Jean 6,4 8. Mat 8, 26. 14, 24. La soudaineté de ces orages, que rien n'a pu expliquer encore, est un phénomène que l'on remarque sur un grand nombre de lacs entourés de hautes montagnes ; il est frappant à l'extrémité orientale du lac de Genève, et sur le lac des Quatre-Cantons en Suisse. Les deux vents nommés Act 27, 12. (en grec Xif et ?&???), sont ceux du sud-ouest et du nord-ouest. L'Euroclydon de Act 27,14. n'est pas un vent régulier, mais une espèce de vent orageux soufflant du sud-est (et non du nord-est, comme le portent quelques versions), v. Plin. 2,48. Un vent du sud-ouest poussa le vaisseau de Paul de Reggio à Pouzzoles.

Un même mot, rouach, désigne, en hébreu, l'esprit et le vent (le souffle) ; dans la plupart des passages, le sens de la phrase explique suffisamment le sens du mot; dans d'autres, comme Gen. 1, 2. (v. Schrœder), Es. 40, 7. cf. 1 Pier. 1, 24. Jacq. 1, 11., les interprètes ne sont pas d'accord s'il s'agit de l'Esprit de l'Eternel ou d'un vent violent envoyé de Dieu.

VÉNUS, v. Méni.

VER, vermisseau. Image de ce qu'il y a de plus chétif et de plus misérable ; c'est l'image de l'homme et du fils de l'homme, Ps. 22,6. Job 23, 6. Ce fut aussi l'image des Hébreux menacés et envahis par l'étranger, Es. 41, 14. C'est enfin l'une des images employées pour dépeindre les peines à venir, Es. 66, 24. Marc 9, 44. 46, Origène et Ambroise pensent que ce ver n'est qu'une métaphore qui représente les remords de la conscience ; Augustin, Chrysostome, Cyrille, Théo-phylacte, Anselme, etc., sans condamner l'opinion contraire, se prononcent pour un ver physique, corporel ; Bernard hésite, ou plutôt favorise alternativement l'une et l'autre manière de voir.

Act 12, 23. Hérode Agrippa I meurt rongé des vers. Pareille chose était arrivée à Antiochus Epiphanes, 2 Macc. 9, S., et arriva plus tard, selon Lactance, à l'empereur romain Maximin. Au dire de Jo-sèphe, la dernière maladie d'Hérode le Grand aurait présenté des caractères ana-logues. Enfin il est parlé dans Hérodote 4, 205., d'une princesse africaine qui mourut de la même manière. Il est difficile d'expliquer ce genre de mort, car il est complètement inconnu de la médecine moderne, et les anciens n'en font pas davantage mention. On ne saurait voir dans les prodiges qui frappèrent Hérode un simple développement en nombre et en grosseur, des vers intestinaux qui, dans certains cas, pourraient aller jusqu'à ronger les entrailles, ce que quelques médecins regardent tout au plus comme possible, et d'autres comme fort douteux. On n'a jamais vu ces vers intestinaux ronger les muscles et paraître du dedans au dehors ; ils n'ont jamais traversé une charpente humaine vivante. Il serait plus simple peut-être de rapprocher la maladie d'Hérode d'un phénomène qui a déjà été remarqué. A la suite d'ulcères et d'abcès fort douloureux, on a vu quelquefois des vers très petits se former en fort grand nombre et ronger la peau et les chairs tout àl'entour ; d'autres fois des animalcules se sont engendrés dans un sang fort corrompu et se sont fait jour par toutes les ouvertures, par le nez, les yeux, la vessie, etc. : ce dernier cas est toujours mortel. Mais ce ne sont là que des analogies dont on ne peut rien tirer de certain pour le passage des Actes. L'entendre de !a maladie pédiculaire,-c'est substituer une hypothèse à une incertitude. Nous hésitons d'autant moins à regarder ces cas de maladie comme des phénomènes providentiels, que l'on compte parmi les victimes de cette maladie un grand nombre de ceux qui ont persécuté l'Eglise, notamment parmi les bourreaux des réformés en France, entre le règne de François Ier et celui de Henri IV. ?. Jurieu, Apol. pour la Réforme. T. I.

VERGE

Mesure de longueur, cf.— On a beaucoup parlé de la verge de Moïse qu'on a voulu retrouver clans le caducée de Mercure, et de la verge d'Aaron que des savants, guidés par un mot d'Euripide, ont cru être devenue le thyrse de Bacchus. La verge de Moïse, instrument de ses premiers miracles, Ex. 4, 2. 14, 16. 17, 5., n'a pas laissé de traces historiques ; dom Calmet lui-même, tout en supposant que Moïse l'a léguée à Josué, reconnaît qu'on n'en a pas de preuves, et la regarde comme perdue. La verge d'Aaron, qui fleurit miraculeusement lors de la rébellion de Coré, Nomb. 17, 8., fut placée dans le tabernacle, peut-être dans l'arche, en souvenir de cet événement, Nomb. 17,10. Hébr. 9, 4. cf. 1 Bois 8, 9. On l'adore à Rome dans Saint-Jean-de-Latran comme une précieuse relique ; mais elle ne porte plus ni feuilles, ni fleurs, ni boutons; les Egyptiens ont également prétendu en posséder les restes dans le temple d'Isis, et lui ont pareillement rendu un culte religieux.

VERITE

"Ceux donc qui ont livré leur vie (Act 15,26) jusqu'à mourir pour l'Evangile du Christ, comment auraient-ils pu parler suivant les opinions qui avaient cours parmi les hommes? S'ils l'avaient fait, ils n'auraient pas souffert. Mais ils ont prêché dans un sens diamétralement opposé à ceux qui refusaient la vérité, et c'est pour cela qu'ils ont souffert. Il est donc clair qu'ils n'abandonnaient pas la vérité, mais qu'ils prêchaient en toute indépendance (Act 4,29;28,31) aux Juifs et aux Grecs". HE 3,142

VERRE

Il n'est pas douteux que les Israélites n'aient appris de bonne heure à connaître ce produit de l'industrie phénicienne ; leurs relations de voisinage et de commerce ne purent leur laisser ignorer longtemps une découverte aussi remarquable qu'utile, et nous voyons déjà le verre mentionné dans Job 28,17., sous le nom de zekoukith, quoique quelques interprètes pensent que ce nom désigne le cristal de roche, et que nos versions (et Luther) l'aient rendu par diamant. Les Arabes actuels n'ont qu'un mot pour désigner le cristal et le verre, et il est pos-sible qu'il en ait été de même des Hébreux. D'après le Targum de Jonathan, c'est aussi au verre que Moïse fait allusion dans la bénédiction de Zabulon et d'Issacar, lorsqu'il dit qu'ils suceront l'abondance de la mer, et les choses les plus cachées dans le sable, Deu 33, 19. Il est enfin parlé de verre dans le Nouveau Testament, Apoc. 21. 18. 21. cf. 4, 6. 13, 2. Les anciens ne s'en servirent pendant longtemps que pour faire des vaisseaux à boire et des vases à liqueur : l'usage des fenêtres et des miroirs ne fut introduit que plus tard.

VERITE "L'ami de la vérité laisse là les vaines paroles, il s'attache aux faits et les discute".- Théophile d'Antioche,a Autolycus

VESCE, plante traînante dont les feuilles sont longuettes et étroites, les fleurs rougeâtres et quelquefois blanches, les gousses semblables à celles des pois, mais plus courtes et plus grêles; ses grains ronds et noirâtres servent à la nourriture des pigeons. C'est par ce mot que nos versions ont traduit l'hébreu kètsach, Es. 28, 2o. 27. ; mais il est plus probable que ce mot désigne la nielle, le ni-gella melanthium.


VÊTEMENTS. On peut voir les articles spéciaux pour les détails ; ici quelques remarques générales suffiront. L'Ecriture qui nomme diverses pièces de vêtements, ne parle nulle part de leur forme et de leur coupe, à l'exception de ce qui concerne les prêtres et le souverain sacrifi-cateur ; mais on peut conclure de l'usage général de l'Orient ancien et moderne, et des besoins du climat, que les vêtements des Juifs étaient amples et à larges replis: les modes changent peu, lorsqu'elles sont indiquées ou commandées par la nature ; et quelques bas-reliefs retrouvés à Babylone, à Persépolis, et dans les nécropoles de Thèbes, confirment ce que l'induction fait soupçonner. Le costume des femmes ne différait pas essentiellement de celui des hommes ; quelques pièces de plus, quelques ornements, peut-être une étoffe plus fine et plus riche, servaient à distinguer les deux sexes, et la défense faite aux hommes de se déguiser en femmes, ou l'inverse, Deu 22, 5., ne porte que sur ces quelques caractères extérieurs, et non sur un costume complet : cette défense n'avait d'autre but que de prévenir les désordres que provoquent si souvent les méprises et les quiproquos des mascarades.

La confection des habits fut dans presque tous les temps l'une des occupations des femmes, et même des plus distinguées par leur rang, 1 Sam. 2,19. Prov. 31, 21. Act 9, 39. L'exemple de Pénélope montre qu'il en était de même chez d'autres peuples de l'ancien monde. Chez les Juifs, l'ensemble du costume se composait de deux parties principales : 1° le vêtement de dessous, espèce de robe ou de tunique, nommée en hébreu k'toneth, que l'on retenait autour du corps au

moyen d'une ceinture, et qui recouvrait j quelquefois une chemise de lin (hébreu, sadin), Jug. 14, 12. Prov. 31, 24. Es. 3, 23., passages qui sont les uns et les autres traduits dans nos versions de manière à écarter ce dernier mot ; les riches n'étaient pas seuls à posséder ce vête-tement nécessaire : la classe ouvrière, les pêcheurs en particulier, portaient aussi des chemises, de manière à pouvoir au besoin jeter la tunique en arrière pour faciliter les mouvements, sans être tout à,fait nus ; dans ce dernier cas, cependant, lorsqu'un homme n'avait plus que sa chemise, on disait souvent qu'il était nu, 4 Sam. 19, 24. 2 Sam. 6, 20. Es. 20, 2. Jean 21, 7. Les grands et les hommes en voyage portaient quelquefois aussi deux tuniques, dont l'une supérieure et avec des manches (mahatapha) était toujours plus grande que celle de dessous, qui était sans manches (mehil), 1 Sam. 15, 27.18, 4. 24, 5. Esaïe 3, 22.; mais celte habitude fut toujours considérée comme une affaire de luxe, Mat 10,10. Marc 6, 9. Luc 3,11. 9, 3. — 2° Un vêtement de dessus, ou manteau (simla, bè-ged, etc.). Cette pièce, qui était la plus apparente, variait aussi le plus dans sa forme, et avait différents noms suivant sa coupe, sa finesse, le sexe qui devait s'en servir, etc. En général, c'était un vêtement très ample, mais qu'on a eu tort de croire régulièrement doublé de fourrures, d'après Gen. 25, 25. Zach. 13, 4., quoique aujourd'hui encore, même en été, les Orientaux, et notamment les Turcs, aiment à se couvrir de riches pelisses. Ces deux passages citent un vêlement particulier qui, bien loin de faire règle, semble précisément n'être indiqué que comme exception. L'ampleur du manteau pouvait, à l'occasion, servir de poche ou de sac, Ruth 3, 15.Ps.79,12. Luc 6, 38. La robe qui fut donnée à Joseph par son père, et celle que portait Tamar, Gen. 37,3. 2 Sam. 13, 18. (hébr. passim), étaient probablement des manteaux bigarrés de di-verses couleurs et de broderies ; ils étaient extrêmement recherchés, Jug. 5, 28. 8, 26.2 Sam. 1, 24. Prov. 31, 22. Est. 8,15t Ez. 16, 10. On les faisait, en partie, venir du dehors, Soph. 1, 8. Les vêtements | blancs, de lin ou de coton, étaient également considérés comme très précieux, et cette couleur, le symbole de l'innocence, est recommandée par Salomon, dans un sens figuré, à celui qui veut vivre justement, Eccl. 9, 8. Le vêtement du Christ transfiguré devint tout blanc, Luc 9,29., et les anges qui apparurent aux femmes, après la résurrection, sont représentés comme vêtus de robes blanches, Mat 28, 3.; mais, dans ces deux cas, la couleur exprime plutôt la splendeur, le rayonnement de la pure lumière du ciel, cf. Luc 24, 4. D'après la loi de Moïse, les prêtres seuls pouvaient être vêtus de blanc. Il paraît que, sous les derniers rois, un luxe dévergondé s'introduisit dans l'habillement, Jér. 4, 30. Lam. 4, 5. Soph. 1, 8.; c'est un caractère de toutes les époques de décadence, et il durait encore parmi les Juifs au temps des apôtres, 1 Timoth. 2, 9. 1 Pierr. 3, 3. Jacq. 2, 2. Des personnes soi-disant pieu ses suivaient la mode à cet égard, et ne faisaient disparate que par leur mise recherchée, Luc 20, 46. cf. Mat 23, 5.

Les Orientaux ont toujours aimé changer fréquemment d'habits, Gen. 41, 14. 1 Sam. 28, 8. 2 Sam. 12,20.; les riches Hébreux avaient ordinairement une garde-robe bien montée et un grand nombre de vêtements de rechange, Es. 3,6.7. Job 27, 16. Luc 15, 22. Les rois, en particulier, avaient, comme ils ont encore aujourd'hui, des provisions d'habits de cérémonie destinés à être offerts en cadeaux, 1 Sam. 18,4.2 Rois 5, 5. Est. 4, 4. 6, 8.11. La souillure légale motivait un changement de vêtements, Lév. 6,11. 27. 11, 25. 15, 13. cf. Gen. 35,2.

Pendant le deuil, les Juifs s'habillaient de vêtements grossiers, de couleur foncée et sans ampleur. Les prophètes portaient un costume analogue, à cause du sérieux de leur vie, 2 Rois 1,7.8. Mat

3,4-

V. encore Accouplement, Lèpre (des étoffes), Rois, Soulier, Turban, etc.

Deu 8, i. peut s'entendre littéralement d'une miraculeuse préservation des vêtements des Israélites dans le désert, ou, d'une manière plus simple, du soin merveilleux avec lequel Dieu pourvut à cette partie des besoins d'Israël. La première interprétation, quoique plus simple en apparence, offre plusieurs difficultés de détail: les vêtements grandissaient-ils, grossissaient-ils avec ceux qui les portaient? Comment les enfants nouveau-nés étaient-ils vêtus ? Que devenaient les habits de ceux qui mouraient ? etc. La seconde opinion n'est pas contraire au texte, et se rapproche davantage, quant à l'esprit, de ce qu'on remarque dans la conduite ordinaire de Dieu envers son peuple.

Jean 19,23. La robe sans couture a beaucoup préoccupé les interprètes, mais à tort; elle avait été faite au métier, et l'art du tisserand était déjà assez perfectionné anciennement pour que de pareils travaux qui, aujourd'hui, ne sont qu'un jeu, pussent être exécutés. Josèphe décrit, comme étant sans couture, la robe du souverain sacrificateur (Ant. 3, 6.), et l'on en connaissait de diverses espèces, les unes n'ayant d'ouverture que pour passer la tête, d'autres en ayant aussi pour les bras. — Cette fameuse robe, que Calvin appelle saye ou hoqueton, est pré-sentement à Trêves et à Argenteuil : le premier de ces deux exemplaires a déchiré la grave Allemagne, et le nom de Ronge lui est asssocié pour toujours par contraste. La robe de Trêves n'est d'ailleurs pas une tunique, mais une chasuble, ce qui ajouterait à l'invraisemblance de l'imposture s'il était nécessaire d'y ajouter quelque chose.

En fait de vêtements grecs et romains, nous ne trouvons mentionné dans les Apocryphes, que la chlamys, vaste manteau dont se servaient les chasseurs, les soldats, et surtout les cavaliers, 2 Macc. 12, 35.; dans le Nouveau Testament, un manteau de voyage, 2 Tim. 4,13., que les Romains mettaient par dessus la tunique, et qui était garni d'un capuchon pour préserver la tête de la pluie ou du froid, et le manteau d'écarlate, Mat 27, 28., manteau de laine teinte que portaient ordinairement les généraux et les officiers romains, et même les empereurs jusqu'au temps de Dioctétien.


VEUVES. Outre l'obligation pour un frère d'épouser la veuve de son frère mort sans enfants, v. Lévirat, la loi de Moïse renfermait encore en faveur des veuves les prescriptions suivantes : 1° Comme les étrangers et les orphelins, les veuves devaient être invitées aux festins d'actions de grâces et au repas des dîmes, Deut 16, H. 12, 18. 26,12.-2° Il leur revenait de droit quelques glanures de la moisson, Deu 24, 19.— 3° Leur vêtement, comme aucun ustensile nécessaire, ne pouvait être pris pour gage, Deu 24, 17. cf. Job 24, 3. 21.

Le veuvage, de même que la stérilité, étaient peu estimés en Israël, Es. 54, 4., à moins d'être volontaire et de provenir de l'affection d'une veuve pour la mémoire de son époux décédé. On supposait qu'une femme qui ne trouvait pas un second mari, avait quelque défaut secret, ou une réputation équivoque. La loi cependant recommandait les veuves au respect public, et à la justice des magistrats, Ex. 22, 22. Deu 10, 18. 27,19. Zach. 7, 10. Mais les Juifs ne tinrent pas longtemps compte d'une recommandation qui froissait leurs préjugés, et ils méritèrent plus d'une fois les reproches des prophètes, Job 22, 9. 24, 3. 21. Es. 10, 2. Jér. 7, 6. 22, 3.Ez. 22, 7. Mal. 3, 5. Mat 23,14. cf. Luc 18, 3. sq.

Il était défendu au souverain sacrificateur d'épouser une veuve, Lév. 21,14., parce qu'une idée de pureté et de virginité devait l'entourer dans sa personne et dans tous ses actes. Il semblerait même résulter de Ez. 44, 22., que par la suite cette interdiction s'étendit également aux simples prêtres, ce qui n'est pas absolument prouvé, mais ce qui cadrerait assez avec l'esprit généralement rigoriste des Juifs des derniers temps. La tradition tendait à remplacer la loi.

On ne saurait conclure de Gen. 38, 24., comme on l'a voulu faire, que les veuves qui tombaient sous la loi du lévirat, mais qui, n'en admettant pas les bénéfices, se livraient à un autre homme que leur beau-frère, fussent condamnées au feu comme adultères, et que la loi de Moïse ait, par son silence, sanctionné cette barbare coutume. Il est vrai qu'en renonçant aux avantages du lévirat, elles ne remplissaient pas le but de la loi, et qu'elles méritaientun châtiment sévère en anéantissant ainsi le nom de leur époux, mais c'était aux parents de ce dernier qu'était donné l'ordre de veiller à perpétuer la race de leur frère ; la veuve était, pour ainsi dire, hors de cause, elle était passive, et quand la loi ne la frappe pas solennellement, on ne peut supposer qu'elle la frappe sans l'avertir, et de la peine la plus cruelle.

Les veuves des rois ne pouvaient pas se remarier, et ceux qui aspiraient à les épouser passaient pour candidats au trône, et risquaient leur tête, 1 Rois 2,13-17. cf. 2 Sam. 16, 21. 20, 3.

Job. 27, 15. et Ps. 78, 64. représentent comme un grand malheur pour un homme de mourir sans être pleuré par sa femme ; on sait que les lamentations des veuves faisaient une partie importante des funérailles chez les anciens.

Le Nouveau Testament perpétue les traditions de l'Ancien quant au soin à prendre des veuves, 1 Tim. 5, 3-9. Celles qui sont vraiment veuves doivent être assistées par l'Eglise ; elles doivent en même temps se rendre utiles par leurs conseils, et faire participer les jeunes femmes aux fruits de leur expérience, cf. Tite 2, 3. 4.

Il a été dit quelques mots, à l'art. Mariage, du veuvage et des secondes noces. Toutes les questions morales qui se rattachent à ce sujet sont traitées de main de maître, et avec un tact parfait, dans l'ouvrage intitulé Veuvage et Célibat (Genève, 1848); c'est, malgré son intérêt comme lecture, un bon traité de théologie sur la matière.


VIANDE, v. Chair.

VIE

VIE ETRENELLE

VIGNES. La vigne était l'un des principaux objets de la culture Israélite, comme on trouvait également, dans les contrées environnantes, des vignobles estimés : dans le pays des Philistins, Jug. 14, o. 45, 5.; en Edom, Nomb. 20,17. 21,22.; en Moab, Nomb. 22,24. cf. Es. 16, 8.; en Hammon, Jug. 11,33.; en Egypte, Nomb. 20,5.; en Phénicie, Plin. 14,9.; en Syrie, Strabon 13, 73b. Le sol de la Palestine, ses coteaux tournés vers le soleil, son climat, étaient particulièrement favorables à la culture de la vigne, dont le fruit se distinguait autant par la douceur et la qualité, que par l'abondance et la grosseur des grains. La vigne est en conséquence nommée très souvent au nombre des principaux produits de la Palestine, Gen. 49, H.Deut, 6, 11. 8, 8. Nomb. 16, 14. Jos. 24, 13. 1 Sam. 8, 14., à côté du figuier, Jér. 5, 17. Os. 2, 12. 2 Rois 18, 32., et de l'olivier, Jos. 24,13.1 Sam. 8, 14. 2 Rois 5, 26.; elle ne manque presque jamais d'être mentionnée dans les prophéties qui promettent le bonheur au pays, ou qui le menacent d'être désolé ; v. encore Es. 7, 23. 61,5.Zach. 8, 12. Mal. 3, 11. L'expression être assis sous sa vigne, ou manger du fruit de sa vigne, est l'image de la paix et de la prospérité, 1 Rois 4, 25. Mich. 4, 4. Zach. 3, 10.

On comptait un grand nombre de vignobles dont quelques-uns ont conservé jusqu'à nos jours des droits à une bonne réputation ; les plus célèbres étaient ceux de Hen-Guédi, ceux d'Hébron situés dans la vallée des Raisins, ceux de Sichem, de Carmel, du Liban, ceux de la contrée transjourdaine, Es. 16, 8. Jér. 48, 32., ceux des rives du lac de Génésareth, etc. v. ces différents articles; cf. encore 1 Sam. 8, 14. Jér. 39. 10. 2 Rois 25, 12. Néh. 5, 3.4. S. 11. Plusieurs villes avaient même tiré leur nom des vignobles ( ké-rem) qui les entouraient, Abelkeramim, Rethkéreiu, etc. C'était ordinairement sur des hauteurs que l'on plantait la vigne, Es. 8, 1. Jér. 31, 5. Am. 9, 13. Virg. Georg. 2,113.; quelquefois cependant on en trouvait aussi dans les plaines. Chaque vignoble était entouré d'une haie ou même d'un mur destiné à le protéger contre les animaux des champs, sauvages ou non, renards, lièvres, chèvres, chacals, etc., Cant. 2.15. Es. 5,5. Mat 21,33. Nomb. 22, 24. Prov. 24,31. Ps. 80, 12. cf. Virg. Georg. 2, 371. 380. Theocrit. 1, 48. 5, 112 Une ou plusieurs tours servaient de logement soit aux vignerons, soit aux maîtres,Es. 1, 8. 5, 2. Mat 21, 33.; on veillait de là à ce qu'il ne se fît aucun dégât dans la vigne, Cant. 1, 6., mais on n'avait pas le droit d'empêcher les passants de cueillir autant de raisin qu'ils en pouvaient manger, Deu 23, 24. Les ceps de la Palestine se distinguaient, et se distinguent encore aujourd'hui par leur hauteur et leur force, Ps. 80,11.; un voyageur moderne trouva sur le versant méridional du Liban, un cep de vigne qui avait 10 mètres de hauteur, et 0m, 50 de diamètre; ses rameaux s'étendaient tout autour, et couvraient de leur ombre un espace de 10 à 18 mètres de terrain en longueur et en largeur. Les ceps de la Cœlésyrie atteignent, d'après Belon, une hauteur moyenne de 4 mètres. Ils portent pour la plupart des grappes rouges, Prov. 23, 31. cf. Gen. 49, 11. Deu 32, 14., et en général fort grosses, Nomb. 13, 24.; on en voit même encore qui ont jusqu'à 1 mètre de longueur, qui pèsent 6 kilog., et dont les grains sont comme de petites prunes ; Schute raconte que quelquefois, surtout vers le sud, on coupe une grappe, qu'on la pose sur une planchette, et que les amis, assis autour, en cueillent les fruits, qu'ils mangent avec un peu de pain pour leur repas. L'espèce de raisin le plus estimé paraît avoir été le sorek ou soreka, Gen. 49, 11. Es. 5, 2. Jér. 2, 21. Kimhi, dans son livre des racines, dit que c'est une espèce de raisin dont les grains sont fort petits et fort doux ; on assure même qu'ils ne contiennent pas de pépins, ce qui doit être entendu en ce sens que ces pépins sont si petits et si tendres qu'on ne les aperçoit pas. C'esfrapparem-ment la même espèce qui porte encore aujourd'hui au Maroc le nom de serki ; on la trouve également en Syrie et en Arabie sons un nom semblable. On a fort peu de détails sur la manière dont les Hébreux cultivaient la vigne, comment ils en augmentaient et multipliaient les plants, s'ils la laissaient traîner à terre comme cela se fait dans presque tout l'Orient, s'ils la dressaient en hutlins ou cordons, ou s'ils la soutenaient par des appuis donnés à chaque cep. Il résulterait de Ez. 17, 7. Psaum. 80,11., que la vigne était souvent soutenue, soit par un échalas, soit par un arbre autour duquel elle entrelaçait ses sarments, comme cela se voit encore parfois en Palestine, et au sud de l'Europe. On émondait les ceps avec une serpe, on retournait la terre, on l'épier-rait, Jean 15, 2. Luc 13, 8. Es. 5, 2. La vendange commençait en septembre et finissait en octobre, et donnait lieu, comme dans tous les pays de vignobles, à de grandes réjouissances, Jug. 9, 27. Es.16,10. Jér. 25, 30. On cueillait les raisins, que l'on déposait d'abord dans des corbeilles ; puis on les portait au pressoir, avec des chants et des cris de jubilation, Jér. 6, 9. On prélevait les prémices et la dîme sur le moût, Deut, 18, 4.Néh. 10,37.13,5.12., que l'on enfermait dans des outres de peaux, Job. 32, 19. Mat 9,17. Marc 2, 22., ou dans de grandes cruches de grès, dont on se sert encore en Orient ; on l'y laissait fermenter, quelquefois on le cuisait en sirop; v. Miel. On buvait aussi le moût avant qu'il eût fermenté, Os. 4, 11. Joël 1, S. Quand le vin était bien cuit, on avait l'habitude de le transvaser pour le purifier et l'améliorer; Jér. 48,11. renferme une allusion à cet usage.

La loi contenait, au sujet de la vigne, les prescriptions suivantes : 1° Tout vignoble était soumis au repos de l'année sabbatique, Ex. 23, 11. Lév. 25, 3. — 2° Il était défendu de semer aucune espèce de grain au milieu d'un vignoble, soit qu'il s'agisse, dans ce passage, d'un enclos de blé renfermé dans un plant de vigne, soit plutôt qu'il soit question d'épuiser la terre en semant du blé dans les chemins de la vigne, entre les lignes des huttins, comme cela se fait en diverses contrées, Deu 22, 9. La confiscation de la récolte punissait tout délit de cette nature. Outre l'idée générale du législateur, qui voulait prévenir des mélanges hétérogènes, v. Accouplements, le but de cette défense était de ménager le sol, de ne pas l'épuiser, de ne pas nuire non plus à l'un des produits en détournant une partie des sucs de la terre vers un autre travail. Spencer croit, d'après un passage de Maïmonides, que Moïse voulait prémunir les Juifs contre l'idolâtrie, les Sabéens, et les Arabes ayant coutume de mêler ainsi dans leurs champs la vigne et le blé, pour les mettre sous le patronage réuni de Cérès et de Bacchus ; mais c'est une supposition aussi hasardée qu'inutile. — 3° Le propriétaire n'avait pas le droit de faire une vendange minutieuse, il devait abandonner les grappillages aux pauvres et aux étrangers, Lév. 19, 10.

Deu 24,21.-4° Les passants avaient le droit de cueillir pour leur usage et pour les consommer en chemin, les fruits qui bordaient la route, Deu 23, 24. — 8° Celui qui avait planté une vigne, mais qui n'en avait pas encore recueilli du fruit, était dispensé du service militaire, Deu 20, 6. cf. 1 Macc. 3, 56. Or, d'après Lév. 19, 23., il était défendu de manger du fruit des trois premières années d'un plant, verger ou autre, probablement aussi de la vigne, et il eût été trop dur d'enlever pour le service celui qui, après quatre années d'un travail inutile, pouvait espérer enfin de recueillir quelque fruit de ses peines; la législation mosaïque tenait compte du droit individuel comme du droit public.

La vigne fournit, non seulement des détails à bien des comparaisons, Jug. 8, 2. Es. 1, 8. 34, 4. Jér. 6, 9. Os. 4 4, 7., mais souvent le thème même d'une parabole tout entière, d'une allégorie, d'une fable ou d'un apologue, Mat 20,1. 21, 28. Jean 15, Jug. 9, 12. C'est surtout le peuple de Dieu qui est habituellement représenté sous l'image d'une vigne que Dieu a tirée d'Egypte, établie en Palestine, entourée d'une barrière (la loi, et aussi l'isolement produit par les frontières naturelles); une vigne dont il espérait de bons fruits, et qui n'a produit que des grappes sauvages, Es. 5, cf. 3, 14. Ps. 80, 8. Jérém. 2,21. Ez. 17, 0. Os. 10, 1. Mat 20, 1. Jésus-Christ lui-même se compare à un cep, dont les sarments sont les hommes, les uns sont émondés, les autres rejetés, Jean 15.

Le plant de Sodome, Deu 32, 32., était connu pour son amertume, comme tous les autres fruits qui s'aventuraient à croître sur les bords maudits de la mer Morte ; ses grappes étaient de fiel et son vin un venin de dragon. Que tous ces fruits tombassent en poussière quand on les ouvrait, c'est ce qu'on ne saurait garantir, malgré le témoignage de Tacite, Hist. 5.

On appelle lambrusques une espèce de raisins sauvages qui croissent sans culture le long des chemins, au bord des haies ou dans les champs en friche ; leurs grains sont petits, et deviennent noirs et lorsqu'ils mûrissent, ce qui est rare ; v. Es. 5, 2. 4.

La vigne de Naboth est devenue l'image de tout bien enlevé au pauvre par la puissante méchanceté du riche, 1 Rois 21,1.


VILLES. C'est de ce nom, trop pompeux dans l'origine, qu'on décora d'abord, dès les temps des patriarches, les établissements fixes des familles agricoles, par opposition aux camps volants des nomades. Ces établissements étaient entourés de murailles ou de murs, et chaque ville était une forteresse, Nomb. 32, 17., ce qui explique les sièges nombreux dont il est parlé dans le livre de Josué. On choisissait d'ordinaire une hauteur, une montagne, ou tout au moins un mamelon, pour y fonder une ville ; la place était plus facile à défendre, et d'ailleurs, en beaucoup de cas, il n'était guère possible de faire autrement, car, à cause des mouvements du terrain, on n'avait de choix qu'entre la hauteur et le ravin. C'est à peu près là tout ce qu'on sait sur la construction des villes de la Palestine, Jérusalem seule, cf., étant exceptée.

Les villes modernes de l'Orient sont bâties largement, sans économie de terrain, et renferment dans leur intérieur de grandes places et de vastes jardins ; un voyageur à cheval a besoin d'une journée pour faire le tour d'Ispahan. 11 est probable qu'il en était de même des villes de l'ancienne Asie, dont l'étendue, d'après le témoignage des historiens les plus dignes de foi, était presque fabuleuse, v. Babylone, Ninive, etc. Les portes des villes étaient des lieux de rendez-vous ; on s'y entretenait des affaires publiques et particulières, et l'on y rendait la justice ; elles donnaient ordinairement sur une place plus ou moins grande qui servait aussi de marché, Néh. 8,1.16. Job 29,7. Cant. 3, 2. Esd. 10, 9. 2 Sam. 21, 12. 2 Rois 7,1.2 Chr. 32, 6. Les rues n'étaient sans doute pas aussi étroites qu'elles le sont aujourd'hui (à Saint-Jean-d'Acre, deux chameaux chargés ne sauraient passer l'un à côté de l'autre, même dans les rues les plus larges). Elles avaient souvent, surtout dans les grandes villes, des noms empruntés aux denrées, marchandises, objets quelconques qui s'y fabriquaient ou s'y vendaient, Jér. 37, 21., car chaque rue avait souvent sa spécialité, comme à Londres Paternosterrow est la rue des libraires, comme en Orient les rues larges (ou bazars), ne sont souvent occupées que par un seul genre d'industrie ou de négoce. Les rues de Jérusalem étaient pavées dans la dernière période de son existence, probablement déjà avant Hérode Agrippa II, puisque celui-ci fit paver une grande rue à Antioche, dans une ville qui lui était étrangère, ce qu'il n'eût pas fait sans doute si Jérusalem n'avait pas joui du même avantage; mais il est probable que les autres villes de la Palestine n'étaient pas pavées, ce qui, d'ailleurs, était peu nécessaire dans un pays où plusieurs d'entre elles étaient bâties sur le roc, et d'autres, surtout au nord-est, sur du basalte. La mention la plus ancienne qui soit faite d'une espèce de pavé, est celle des dalles dont Salomon fit garnir le parvis du temple. — 1 Rois 20, 34. nous montre des concessions de terrain faites dans des villes étrangères, comme conditions de la paix.

Jérusalem avait déjà des aqueducs avant l'exil, Es. 7, 3. 22, 9. 2 Rois 20, 20., tandis que les autres villes se contentaient de puits et de citernes construites à grands frais.

On n'a que des données incertaines et incomplètes sur la statistique des villes de Canaan jusqu'à l'exil. Plusieurs de ces villes furent détruites au temps d'Abraham, Gen. 19, 24. D'autres furent renversées sous Josué, lors de la prise de possession du pays, et mises à l'interdit, Jos. 6, 24. 26. 11, 11., puis en partie reconstruites plus tard ; et dans presque tous les passages où il est parlé de villes fondées par des Israélites, il faut l'entendre plutôt de villes rétablies, agrandies, embellies et surtout fortifiées, Jug. 1,26. 18,28. 1 Rois12, 25. 15, 17.21. 16, 24. cf. 2 Chr. 8, 5. Les invasions successives des Caldéens détruisirent un grand nombre de villes, d'autres tombèrent en ruines pendant l'exil, et les rois de Syrie, dans leurs luttes avec les Maccabées, ne firent que continuer cette œuvre de désolation, 1 Macc. 5, 65. 9, 62. En même temps, à cause des terreurs de la guerre, on se mit à fortifier celles des villes encore existantes qui semblaient avoir le plus de chances de pouvoir se défendre. Jérusalem en particulier, devint une place de guerre, et l'on bâtit même des tours et des forts isolés, 1 Macc. 9, 50.12, 36. 38. Pendant la période romaine, et surtout par les soins des Hérodes, des villes nouvelles s'élevèrent en Palestine, d'autres furent agrandies et embellies; les maîtres donnèrent des théâtres, des gymnases, des stades, des temples et d'autres monuments à leurs sujets, pour adoucir le joug de leur esclavage; les citadelles, les forts de montagnes furent également multipliés, comme on le voit par divers passages de Josèphe; et la topographie nouvelle de la Palestine compta un grand nombre de lieux qui ne sont pas mentionnés dans l'Ancien Testament; tandis que d'autres lieux, anciennement célèbres, avaient complètement disparu. La Galilée était particulièrement riche en villes et villages ; elle en comptait, au rapport de Josèphe, environ 204.

Les noms des villes de la Palestine avaient presque tous, comme dans tous les pays primitifs, une signification particulière, tirée de leur situation, de leurs alentours, ou de leur histoire; Rama, Ga-baon, Jérico, Rethléem, etc. ?. ces articles. Plusieurs étaient composés, commençant par beth (maison), hir ou kiriath (ville), hatsar (la terminaison correspondante, cour, est très fréquente en France, notamment en Picardie, Hargicourt, Achicourt, Jancourt, etc.), hémek (vallée, vallon), abel (pré, prairie), beér (puits, comme en français Fontainebleau), hen (source),— et après l'exil, surtout par kephar, ou capher (village, Capernaùm). Les noms commençant par bahal trahissent une origine cananéenne, comme on trouve dans tous les pays quelques restes de leurs anciens habitants païens (Tem-pleux, Templum Esi, etc.). Quelques noms affectaient la terminaison du duel, d'autres celle du pluriel ; ailleurs, v. Beth-horon, on distinguait par supérieure et inférieure deux villes voisines du même nom (chez nous Aizecourt-le-Haut, Aize-court-le-Bas) : si ces villes du même nom étaient éloignées l'une de l'autre, on les distinguait par le nom de tribu, ou par tel autre caractère distinctif, comme on dit Châlons-sur-Saône ou Chàlons-sur-Mar-ne, Francfort-sur-le-Mein, ouFrancfort-sur-1'Oder. Les Hérodes changèrent plusieurs noms anciens, et les remplacèrent par des noms romains en l'honneur des maîtres du pays, Césarée, Sébaste, Néa-polis, Diospolis, mais il n'est que peu de ces noms qui aient réussi à déposséder l'ancien ; Neapolis ou Naplouse est presque le seul que l'on connaisse généralement, mais on n'a pas oublié Sichem, et les habitants du pays ont jusqu'à nos jours conservé en partie les noms pri-mitifs des lieux qu'ils occupent.

On ne sait que fort peu de chose de la population des villes Israélites, ?. Jérusalem, et les chiffres épars desquels on pourrait essayer de tirer une conclusion, sont si rares qu'on ne saurait s'y attacher. La différence entre les villes (fortifiées), et les bourgs ou villages (sans murailles), n'est pas marquée dans l'Ancien Testament ; ce n'est que vers la fin que l'on commence à l'apercevoir, Ez. 38,11. Néh. 11, 25. Le Nouveau Testament distingue en revanche les villes des bourgs ou bourgades, Mat 10,11. Marc 1, 38. 6, 06. 8, 27. Luc 8, 1. 13, 22. Act 8, 25. Les bourgs sont par exemple Bethphagé, Emmaùs,Bethléem. Cependant cette différence n'est pas toujours rigoureusement maintenue, ni dans le Nouveau Testament (v. Bethsaïda), ni dans Josèphe, qui donne une fois le nom de bourg à une ville très peuplée et entourée de murailles. La plupart des endroits dont le nom commence par Caper étaient des bourgs, quoique Caper signifie village, et l'on doit supposerqu'après n'avoir été d'abord que des villages, ils s'étaient petit à petit agrandis, comme tant de villes en Allemagne dont le nom se termine par dorf (village).

Nous n'avons pas de détails non plus sur les autorités locales, ou municipales, si l'on peut employer ceg mots en parlant de la nation juive. Il est parlé de juges Deut16, IS.(shôterim), mais l'expression est douteuse, et Dengstenberg y verrait plutôt une espèce de greffier ou d'écrivain public : les anciens paraissent avoir été les conseillers de ville, comme juges et comme administrateurs, et avoir formé un véritable conseil municipal, sans le nom. Depuis l'exil, il est parlé de magistrats présidés ou dirigés par un archonte, ou chef (Josèphe), et de chefs, surveil-lants, ou commissaires de districts, dont les attributions ne sont pas déterminées; v. aussi Sanhédrin.

Aux portes des villes se tenaient des sentinelles qui faisaient le guet, et donnaient des avertissements, soit en criant, soit au moyen d'une trompette ou d'un cor, 2 Sam. 18, 24. 2 Rois 9,17. cf. Es. 21, M. Ps. 127, 1. Jér. 6,17. Ez. 33, 6. Des gardes de nuit sont mentionnés Cant. 3, 3.

Quant aux communications des villes entre elles, v. Routes. Des pierres mil-liaires marquant la distance qui les séparait furent posées pendant la période romaine. On n'a presque pas de données, soit sur la distance, soit sur la position respective des différentes villes ; les in-dications ne sont qu'approximatives, et se rapportent au cours du soleil, Gen. 12, 8. Jug. 21, ! 9. Les travaux de Josèphe, d'Eusèbe, surtout de Jérôme, les vieux itinéraires, les tables d'Abulféda, sont particulièrement précieux à consulter. Les travaux modernes, en revanche, ne peuvent être lus qu'avec beaucoup de précautions, la manie de l'ignorance étant de deviner, le danger des hypothèses étant de flatter l'amour-propre, et de convain-vre leur auteur plus que ne ferait souvent la certitude, et l'Orient ancien ne pouvant plus guère être que deviné. Le Voyage de Schubert est parmi ceux qui renferment le plus d'observations importantes, et le moins d'hypothèses affirmées. Les Français sont restés bien en arrière des Allemands sous le rapport des recherches consciencieuses, et sauf l'Itinéraire de Chateaubriand, leurs ouvrages sont plutôt des affaires de poésie ou d'impressions.

Pour ce qui concerne les villes de refuge et les villes des Lévites, v. ces articles.


VIN. Quant à sa fabrication, v. Vignes. Quant à son usage dans les festins et dans les sacrifices, ?. ces articles et Libations. — Act 2,13. mentionne une espèce particulière de vin, renommée par sa douceur, et non du vin nouveau, car ce n'était pas la saison ; il est possible que chez les Juifs ce nom s'appliquât par excellence au vin de sorek (ci-dessus, p. 442).

On ignore si les Juifs avaient, comme les Grecs et les Romains, l'habitude de mettre de l'eau dans leur vin ; Es. 1, 22. 2 Cor. 2, 17. parlent de vin frelaté. Les Orientaux modernes boivent le vin à part, et l'eau à part. Quoique le Talmud parle de vin mêlé d'eau, il est probable que les anciens Israélites cherchaient plutôt à augmenter la force du vin au moyen de diverses épices, de la myrrhe, de l'opium, etc. Es. 3,22. Ps. 75, 8. Cant. 7, 9. D'après Hitsig cependant, Esaïe parlerait d'un mélange du vin avec de l'eau, mais avec de l'eau chaude. Le vice de l'ivrognerie était commun chez les Hébreux, et soit que Noé connût déjà l'usage du vin, soit qu'il l'ait inventé ou expérimenté le premier (ce qui n'est pas constant), il en a légué les dangers à tous ceux à qui il a légué le vin ; les prophètes en parlent fréquemment, Es. S, 22. 19, 14. 28,1. Os. 7, 5. Jér. 23,9.cf. Prov. 23,20., et les livres historiques en rapportent quelques exemples, 1 Sam. 25, 36.1 Rois 16, 9. La loi même y fait une allusion, Deu 21, 20. — Le vin était défendu aux nazariens et aux prêtres, pendant tout le temps qu'ils étaient occupés au service de l'autel, Nomb. 6, 3. Lév. 10, 9. Les Récabites avaient reçu et accepté de leur père la même défense, Jér. 35.

Gen. 49, 14. annonce que la tribu de Juda sera une terre abondante en bon vin, et c'est sur son territoire, en effet, qu'on remarque les meilleurs vignobles.

Ez. 27, 18. parle d'un vin de Helbon (ou gras, onctueux), que l'on vendait aux foires de Tyr, et qui était particulièrement recherché. Le vin du Liban, Os. 14, 7. (mal traduit dans Martin, celle du Liban), était célèbre par son arôme (ou bouquet); peut-être était-il fabriqué.

On s'est beaucoup trop préoccupé du passage Jug. 9,13., où il est parlé du vin qui réjouit Dieu et les hommes. Outre qu'on pourrait l'expliquer des libations qui sont faites en l'honneur de Dieu, il faut remarquer que, dans ce passage, c'est la vigne qui parle, un être imaginaire, mythologique, sans aucune prétention à devenir une autorité dogmatique. Sa déclaration n'est pas plus bonne à croire que son égoïsme à imiter.

Prov. 31, 4-6. parle d'un vin que l'on donnait à ceux qui étaient affligés, et, selon les rabbins, il s'agirait dans ce passage d'un vin falsifié, ou d'une liqueur forte, qu'on faisait boireà ceux qui étaient condamnés au dernier supplice pour les étourdir moralement, ou même pour les engourdir physiquement, et provoquer une sorte d'insensibilité semblable à celle que produit l'éther ou le chloroforme. C'est de ce vin qu'on aurait oifert à Jésus sur le lieu de son supplice, Marc 15, 23., et quelques-uns le distinguent du vinaigre mêlé de fiel qu'on lui aurait offert d'abord, et qu'il aurait également refusé, Mat 27, 34. Luc 23, 36. Cependant, il ne s'agit dans ces passages que dune seule et même boisson, dont l'amertume était le caractère principal, Ps. 69, 21. Jésus la refusa, non parce qu'elle était amère, mais parce qu'il voulait mourir avec la conscience du supplice et de la mort, et vider la coupe jusqu'au bout. Il ne faut pas confondre ce vin amer avec le vinaigre qu'on approcha plus tard de ses lèvres, Marc 15, 36., soit pour le soulager, soit pour raviver ses douleurs en ranimant ses forces.

Vin artificiel, v. Cervoise.


VINAIGRE. Il y en avait apparemment de deux sortes : l'une dont les gens du peuple buvaient ordinairement pour se désaltérer, en le mélangeant d'eau ou d'huile, Ruth 2,14., l'eau ne pouvant désaltérer à la longue sous ce soleil ardent : c'était une espèce de piquette, ou de petit vin, que les nazariens devaient s'interdire comme le vin véritable, Nomb. 6, 3.; — l'autre était plus acide, et ne se buvait que difficilement, Ps. 09, 21. Prov. 10, 26. 25, 20. On faisait du vinaigre avec du vin, de la bière, du cidre, et même avec de l'eau; le vin de palmier s'aigrit si on le garde trois ou quatre jours. Les Orientaux, jusqu'à nos jours, aiment à se rafraîchir avec de bon vinaigre étendu d'eau, et les soldats romains ne buvaient guère autre chose dans leurs expéditions. Si le vinaigre qu'on offrit à Jésus sur la croix, Mat27, 48., est le même que celui qu'on lui avait offert avant le supplice, on peut voir ce qui a été dit à l'art. Vin. On y faisait dissoudre du fiel ou de la myrrhe, qui en augmentaient l'amertume. Dissoute dans de bon vin, la myrrhe lui donnait un fort goût aromatique (lauda-tissima); le vin de myrrhe était exquis, et il n'est guère probable qu'au milieu de tant d'ignominie, ce soit du vin qu'on ait offert au Sauveur; il a goûté le vinaigre amer.


VIOLON, v. Musique.


VIPÈRE, serpent vivipare, v. Serpent.


VISIONS, v. Prophètes.


VISITES. La Bible ne donne que peu de détails sur le cérémonial des visites que les Israélites se faisaient entre eux. Le lavage des pieds paraît avoir été l'une des parties les plus essentielles et les plus ordinaires de ce cérémonial, Gen. 18, 4. 24, 32. Jug.19, 21.1 Sam. 25, 41.Luc 7, 44. De nos jours encore, ce devoir subsiste. On brûle de l'encens devant son hôte, Dan. 2, 46., ou l'on arrose sa barbe d'une huile odoriférante, cf. Luc 7. Après ces témoignages d'affection, l'on se hâte de lui fournir de la nourriture, et l'on prend soin de sa monture, s'il y a lieu, cf. Gen. 18,4.24,32. Jug.19,21.Des présents réciproques étaient également chose ordinaire dans les visites faites ou reçues.

Les épreuves et les afflictions sont souvent appelées des visites ou visitations de Dieu, Ex. 20, 5. 32, 34. Lév. 18, 25., expression bien surprenante dans un livre qui nous parle d'un Dieu d'amour; mais c'est aussi un Dieu de justice, et le même mot se prend ailleurs en bonne part, Gen. 21,1. Ex. 3,16.1 Sam.2, 21. Luc 1,68. L'idée fondamentale qui justifie l'emploi de ce mot, c'est que rien ne se fait sans la volonté de Dieu ; tout ce qui arrive, bien ou mal, doit rappeler à l'homme que Dieu a passé par là, que Dieu est là, qu'il se manifeste ; ce qui nous paraît douloureux ne l'est que d'une manière relative; l'action de Dieu sur l'homme a pour objet, non le temps qui nous échappe, mais l'éternité qu'il nous offre, et les épreuves sont des appels au bonheur ; l'affligé est rappelé tout ensemble au sérieux et à l'espérance ; l'homme heureux, est appelé à la reconnaissance et à la foi.

VOEUX. On en distinguait de deux sortes chez les Hébreux : les vœux positifs, et les vœux négatifs, ou la promesse faite à Dieu de s'abstenir de certaines choses; le nazaréat était le plus important de ces derniers, parmi lesquels on peut compter aussi l'interdit, cf. Quant aux vœux positifs, c'est-à-dire la promesse de faire une chose à l'honneur de l'Eternel, on en retrouve la trace dès les temps les plus anciens : Jacob promet à Dieu la dîme de ses biens, si Dieu bénit son voyage en Mésopotamie, Gen. 28,20. Tous les peuples de l'antiquité ont connu cette espèce d'engagement de l'homme vis-à-vis de Dieu (Iliad. 6, 308. Odyss. 3, 382. Virg., Enéid. 5, 234., etc.), et la cause s'en trouve dans les idées anthropomorphiques et anthropopathiques qu'on se faisait de Dieu, comme s'il ne consentait à accorder certaines choses que sous condition, et en réclamant pour sa part quelques avantages correspondants. Ce pas de vue n'est pas contraire à la piété, mais il est contraire à la vérité, et des idées saines sur Dieu et sur l'homme ne s'accorderont jamais avec une théorie des vœux, souvent fatale, toujours inintelligente. On faisait des vœux lorsqu'on se trouvait dans une position pénible ou désespérée, Jug. 11, 30. Jon. 1,16., quelquefois pour obtenir la possession d'une chose désirée, 1 Sam. 1,11.2 Sam. 15,8., et leur accomplissement était considéré comme un des plus impérieux devoirs, Jug. 11, 39. Eccl. 5, 4. cf. Ps. 66,13. 76, 11.116,18. Moïse ne combattit pas les vœux en théorie, quoiqu'il ne les recommandât pas non plus; mais, comme toujours, il en restreignit l'usage par des prescriptions de nature à prévenir, autant que possible, les inconvénients domestiques ou publics qui pouvaient en résulter. Un vœu devait im-manquablement et entièrement être rempli, Deu 23,21.Nomb. 30, 3.; aussi Sa-lomon recommande-t-il de n'en faire jamais qu'avec circonspection, Prov. 20,23.

Des personnes non indépendantes, telles que des esclaves, des femmes, des filles (il n'est pas parlé des fils qui, cependant, ne sauraient être absolument exceptés), n'avaient pas ledroit de faire un vœu sans le consentement formel de leurs supérieurs, maîtres, parents ou tuteurs, Nomb. 30, 4. Un vœu fait intérieurement ne suffisait pas : pour lier, il devait avoir été fait à haute voix, Deu 23, 23. Il va sans dire qu'on ne pouvait pas vouer à Dieu quelque chose d'imparfait, lorsqu'on était en état de faire mieux ; mais il résulte de Mal. 1,14. que la lésinerie s'en était mêlée, et qu'avec le temps les vœux ne comportaient plus un bien grand renonce-ment ; c'était un moyen de se débarrasser pieusement de ce dont on ne pouvait plus faire usage soi-même.

Tout ce qui avait été voué pouvait se racheter, moyennant un certain prix fixé d'avance, même les personnes (les enfants par exemple) qui s'étaient vouées, ou avaient été vouées à l'Eternel par leurs parents, pour le service du tabernacle, Lév. 27, cf. I Sam. 1, 11. Des animaux impurs, des maisons, des héritages pouvaient être rachetés ; l'estimation en était faite par le prêtre, et il fallait payer un cinquième en sus de leur valeur. Celui qui ne rachetait pas son champ en était légitimement et pour toujours dépossédé ; en l'année jubilaire ce champ était réuni aux domaines du temple, si celui qui l'avait voué en était le vrai possesseur par héritage ; s'il n'en était propriétaire que par achat, ce champ retournait à son maître primitif, pour que la succession des héritages ne fût pas interrompue,. On ne voit du reste aucun exemple de vœux pareils, et il paraît que les réserves et les restrictions imposées par la loi étaient assez gênantes pour équivaloir dans ces cas à une interdiction réelle. — Il n'était pas permis de vouer à l'Eternel ce qui lui appartenait naturellement, comme les premiers-nés. Le salaire de la débauche ne pouvait non plus être affecté aux choses saintes, qu'il s'agît d'une femme ou d'un homme, Deu 23, 18. (dans ce passage le mot chien a le même sens que Apoc. 22, la. cf. Rom. 1, 24.) : cette défense était une condamnation formelle

des mœurs païennes, notamment de celles des Phéniciens, qui déposaient dans les temples de leurs dieux le prix de la prostitution.— L'accomplissement d un vœu était souvent accompagné de sacrifices et de festins, comme aussi un sacrifice pouvait avoir été lui-même l'objet d'un vœu, Lév. 7,16. 22,18. 21. Nomb. 15,3. Deu 12, 17. 1 Sam. 1,21.2 Sam. 18, 7.

Quant au vœu de Jephthé, v. cet article.

Dans le Nouveau Testament il n'est parlé de vœux que deux fois, et, chose singulière ! c'est à propos de l'apôtre des gentils, de Paul, de celui qu'on accusait de renverser la loi. On ne sait à quelle occasion il fit son premier vœu, Act 18, 18.: on suppose qu'il avait couru quelque grand danger, et que selon l'usage juif il fit un vœu, non pas de nazaréat proprement dit, comme le pensent certains auteurs, mais de purification ou d'actions de grâce, de nazaréat temporaire. Ce vœu consistait à promettre un sacrifice, à s'abstenir de vin trente jours à l'avance, et à se faire couper les cheveux. On s'explique ainsi la hâte avec laquelle, venant de Cenchrée, Paul traver-sa Ephèse pour se rendre à Jérusalem. Il n'est pas probable que ce vœu ait aucun rapport avec celui dont il est parlé plus tard, Act 21, 24.; ce dernier fut fait à l'instigation de Jacques et des chrétiens de Jérusalem, qui désiraient que Paul prouvât par un acte public, qu'il était encore attaché aux formes et aux habitudes du judaïsme ; la cérémonie qu'on lui demandait, était de ces choses qu'il pouvait faire sans mentir à ses principes ; en contribuant à la dépense de la purification de quatre chrétiens juifs, il montrait sa largeur d'esprit et sa tolérance pour les formes. Ce vœu néanmoins laisse quelque trouble dans l'esprit ; Dieu ne le bénit pas ; une émeute éclata, Paul fut arrêté, incarcéré, conduit à Rome, et s'il eut l'occasion d'y rendre témoignage à l'Evangile, ce fut au prix de sa vie.


VOILE, ?. Tabernacle. Dans l'Orient, ancien et moderne, le voile a toujours été l'une des parties les plus importantes de la toilette d'une femme ; les esclaves seules, et les danseuses qui étaient en même temps filles publiques, faisaient exception

à cette règle, quelquefois aussi les femmes de la dernière classe. Le même usage régnait également parmi les Juifs, quoique chez eux, notamment à l'époque patriarcale, l'étiquette fût en général moins sévère. On voit chez leurs familles nomades, des filles, et même des fem-mes, sortir sans voile ; mais la fiancée se voilait devant son époux (nubere viro), Gen. 12, 14. 20,16. 24, 65. Le voile dont s'enveloppa Tainar, Gen. 38, 15., était plutôt un déguisement que l'enseigne d'une prostituée. Es. 3, 22. Cant. 5, 7., montrent combien les voiles étaient re-cherchés ; ils étaient à la fois l'ornement de la pudeur et celui de la beauté ; les femmes de distinction en portaient souvent plusieurs les uns sur les autres. Les différents noms sous lesquels ils sont désignés, ne peuvent suffire à caractériser leur nature ou leurs différences; l'étymo-logie même, dans des affaires de mode, n'est presque jamais un guide auquel on puisse se fier, ou dont on puisse attendre des éclaircissements. Le rahal était probablement une espèce de voile composé de deux pièces réunies près des yeux, de manière à les laisser libres; lune des pièces était rejetéé en arrière sur le dos, l'autre retombait en avant sur la poitrine, Es. 3,19. Le radid, Es. 3, 23. Cant. 5, 7., était un grand voile de gaze qui enveloppait la tête entière, et redescendait assez bas de tous les côtés, comme les voiles des mariées ou des catéchumènes. On trouve encore en Syrie et en Egypte, une troisième espèce de voile qui part des yeux, et ne couvre que le bas du visage, le cou et la poitrine; il est probable qu'il était connu des Israélites, et quelques bas-reliefs des ruines de Per-sépolis prouvent qu'il est fort ancien ; mais ce serait trop hasarder que de prétendre, comme on l'a fait, le retrouver dans le tsahiph de Gen. 24, 65. 38,14., ou dans le tsamma de Cant. 4,1. Es. 47, 2., la signification de ce dernier mot n'étant même pas assurée.

Voiles de vaisseau, v. Vaisseau.


VOL. Les lois de Moïse sur le vol, Ex.20,15., avaient pour le moins autant pour objet d'indemniser le volé que de punir le voleur ; elles étaient basées sur le principe de la restitution, et de cette manière elles agissaient aussi efficacement que des mesures plus répressives. La constitution du pays, où chaque individu était propriétaire foncier, rendait ce système plus applicable qu'il ne le serait dans nos sociétés modernes, où une partie de la for-tune consiste souvent dans des créances insaisissables. — Le vol simple était puni d'une restitution double, si l'objet volé n'avait été ni dénaturé, ni vendu ; dans le cas contraire, la restitution était quintuple pour un vol de bœufs, quadruple pour un vol de brebis, Ex. 22,1.4.7. 9. (Les bœufs et les brebis expriment ici des objets d'une valeur plus ou moins considérable ; le concret est mis pour l'abstrait, selon l'habitude de la loi; le juge devait suivre l'esprit et ne pas s'en tenir à la lettre). Le vol du bétail était puni plus sévèrement que celui d'autres objets, soit à cause de son importance chez les Hébreux, soit à cause des facilités qu'on avait pour en détourner quelques pièces. Celui qui ne pouvait payer l'amende devenait l'esclave de son créancier, si toutefois l'amende équivalait au prix d'un esclave, Jos. Ant. 16,1,1. D'après Prov. 6, 31., la restitution aurait été portée au septuple au temps de Salomon, modification qui, d'après Michaélis et Cel-lérier, s'expliquerait par l'insuffisance de la règle ancienne quand le luxe et le commerce vinrent, sous les rois, changer la nature de la propriété : toutefois ce pas-sage est susceptible d'une interprétation plus large, et le chiffre indiqué serait un nombre rond souvent employé. Le voleur de nuit pouvait être tué s'il était surpris en flagrant délit, Ex. 22, 2. 3., soit parce qu'on était censé ne pas connaître ses intentions et sa force, soit parce que la difficulté de le reconnaître diminuait les chances d'une restitution. — Les lois de Solon et des anciens Romains avaient plus d'un rapport avec celle des Juifs sur le vol ; elles admettaient la restitution multiple, et le droit de tuer un voleur nocturne.—Le vol d'hommes était impitoya-blement puni de mort, Ex. 21, 16. Deu 24, 7. cf. 1 Tim. 1,10. C'était une espèce de traite fort facile dans un pays dont presque la moitié des frontières étaient maritimes ; on pouvait aisément se débarrasser de celui dont on faisait un esclave, et le séparer pour toujours des siens : la peine ne pouvait être trop sévère ; les rabbins disent que le coupable était étranglé.

Le vol ne paraît pas avoir emporté chez les Hébreux une infamie particulière ; c'était un acte coupable, mais pas honteux, surtout lorsqu'il se faisait en grand. Il semble qu'on le considérât comme une industrie chanceuse pour celui qui l'exerçait, préjudiciable à celui contre qui on l'exerçait, mais comme une industrie. C'était bien l'idée païenne, et dans tous les temps, on a plus ou moins respecté le vol heureux ; de nos jours encore, on respecte la contrebande et l'agiotage, pourvu qu'ils réussissent. Jephthé était plus ou moins chef de voleurs, Jug. 11,3. Les gens de David en fuite n'avaient guère d'autre métier, 2 Sam. 3,22., et les pillages nombreux qu'on trouve dans sa vie, touchent de plus près au brigandage qu'à la guerre, 1 Sam. 30, 8. 23. cf. 2 Sam. 4, 2. 1 Rois 11,23. 24. Job 1,17. — Il semblerait que Salomon excuse le vol commis par besoin, Prov. 6, 30.; il ne le dispense pas de la peine, mais il l'affranchit de la honte, et en fait dans tous les cas une chose à part, un vol d'une nature particulière. « On ne méprise pas un larron s'il dérobe pour remplir son âme quand il a faim. » Ce passage, d'ailleurs, n'a pas un caractère législatif, ainsi que le prouve le verset suivant; il exprime simplement ce qui est dans le cœur de chacun, c'est qu'il y a une différence morale énorme entre celui qui vole par cupidité et celui qui dérobe un pain pour satisfaire sa faim et celle de ses enfants. Dans ce dernier cas, la société a sa part de responsabilité.

VOLAILLES, v. Poules.

VOYAGES. Les Orientaux ont toujours beaucoup moins voyagé que les peuples de l'Europe, et ils ne le font jamais que pour affaires. Ils ne voyagent pas pour leur plaisir, leur plus grande jouissance consistant à rester tranquilles chez eux.

Outre le caractère souvent mou des Orientaux, diverses raisons contribuent à rendre les voyages difficiles dans ces contrées, l'ardeur du climat, les déserts à traverser, le mauvais état des chemins, le manque d'hôtelleries, la crainte des bandes de voleurs, etc. Ceux qui sont obligés de se mettre en route, se réunissent ordinairement en caravanes, souvent aussi nombreuses qu'une petite armée, et pourvues de toutes les provisions nécessaires. Une avant-garde et une arrière-garde armées, protègent la marche. Dans les déserts on prend volontiers un guide qui puisse, à de vagues indices, reconnaître le chemin, cf. Nomb. 10, 31. Dans les pays habités, comme la Palestine, on peut se hasarder à voyager seul. Les riches voyageaient en voiture, les autres sur des ânes ou à pied ; ceux-ci portaient ordinairement avec eux, dans des sacs, leurs provisions de route, Mat 10,10., et souvent une tente légère, sous laquelle ils campaient quand ils ne pouvaient atteindre une hôtellerie. Lors des grandes fêtes, les Juifs de toutes les parties du pays montaient à Jérusalem, réunis en caravanes, et poussant des cris d'allégresse, Luc 2, 42. Les voyageurs trouvaient partout une hospitalité affeclueuse (à l'exception de Juifs chez les Samaritains, ou l'inverse); cependant, il paraît que dans les derniers temps, des espèces d'auberges, tenues par des étrangers et non destinées aux Juifs, s'établirent sur quelques-unes des routes les plus fréquentées de la Palestine. Lorsqu'on savait l'arrivée d'étrangers de distinction, on allait à leur rencontre, et on les recevait avec toutes sortes d'égards, 2 Macc. 4, 22. v. Hospitalité. On faisait de même la conduite aux hôtes qui partaient, Act 13, 13. 20, 38. 21, 5. Rom. 15, 24., etc. Lorsque les Juifs de la Galilée se rendaient aux fêtes de Jérusalem, ils passaient par la Pérée, pour éviter la Samarie; cependant, comme c'était un détour considérable, ils étaient quelquefois obligés de prendre ce dernier chemin, Luc 17,11. Jean 4, 4.; mais ils se munissaient alors de provisions suffisantes pour n'être pas obligés de rien demander aux Samaritains, ce qui ne les empêchait pas d'avoir quelquefois des difficultés et des altercations avec ceux-ci.

V. Routes. Hôtelleries, etc.

VOYANCE



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