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VACHE Bœuf. Elles sont le symbole des femmes
riches, délicates, voluptueuses qui font de leur plaisir leur dieu, Os.
4, 16. Am. 4, 1.
Le sacrifice de la vache rousse, était
l'un des
plus remarquables sacrifices expiatoires, Nomb. 19. Cette vache, ou
génisse, devait être prise du bétail des Israélites et amenée au
sacrificateur ; elle devait être rousse, entière, sans tare, et n'ayant
jamais porté le joug, Deu 21, 3.; il fallait qu'elle fût égorgée par le
peuple hors du camp, que le sacrificateur prît du sang avec le doigt,
et en jetât par sept fois contre l'entrée du tabernacle ; qu'on brûlât
sous ses yeux sa peau, sa chair, son sang, tout ce qui lui appartenait
; qu'après cela le sacrificateur prît du bois de cèdre, de l'hysope et
de l'écarlate, et jetât le tout au milieu du feu qui avait consumé la
génisse ; qu^un homme net ramassât les cendres de la génisse pour les
mettre en réserve hors du camp, dans un lieu pur; enfin, que de ces'cen
dres, mêlées avec de l'eau, on fit une eau appelée eau de séparation,
et dont on se servait, avec de l'hysope qu'on y trempait, pour arroser
la tente, les ustensiles. les vêtements et le corps de ceux qui avaient
été souillés, afin de les purifier et de les mettre en état d'assister
à la sainte congrégation avec le reste du peuple. Ceux qui avaient pris
part à ce sacrifice étaient souillés jusqu'au soir, et ils devaient
laver leurs vêtements et leur chair, avant de rentrer dans le camp. La
vache rousse était un type de Jésus-Christ, Hébr. 9, 13., et les
analogies sont nombreuses et faciles à trouver ; v. G. Des Bergeries, ?
143 etc., E. Guers, Le Camp etc., p. 56 et suiv. Selon Spencer, ce
sacrifice aurait été établi par opposition aux superstitions des
Egyptiens qui ne tuaient jamais d'animaux femelles, et qui avaient le
poil roux en horreur ; Beland croit au contraire que les vaches rousses
étaient plus rares et plus estimées. On ignore si ce sacrifice était
annuel, c'est peu probable; quelques auteurs juifs prétendent même
qu'on ne brûla qu'une vache rousse depuis Moïse jusqu'à Esdras, et
seulement six à neuf jusqu'à la destruction du temple par les Romains.
— Les Malabares, les Perses, les Grecs et les Romains avaient aussi une
espèce d'eau sainte faite avec de la fiente pulvérisée d'une vache
sainte, ou avec l'urine d'un taureau.
VAISSEAUX, flotte, marine. La position de la
Palestine,
baignée par les flots d'une mer aussi fréquentée que la Méditerranée,
et la circonstance qu'elle possédait encore sur son territoire un lac
navigable, le lac de Tibériade, sont deux causes qui expliquent la
fréquente mention de vaisseaux et de flottes dans l'Ancien Testament.
Il n'y est du reste question que de la navigation extérieure, et des
vaisseaux qui faisaient le service de la Palestine et des côtes
voisines, car dès les temps les plus anciens, Joppe de la contrée des
Philistins, et Tyr de Phéni-cie, étaient des ports célèbres desquels
partaient des vaisseaux de long cours, 2 Chr. 2, 16. Jon. 1, 3. cf. 2
Macc. 12, 3. Es. 23, 1. Ez. 27, Act 21, 7. Leur marine mit de bonne
heure les Tyriens en communication avec le pays d'Israël, et l'on peut
conclure de Gen. 49,13., que la tri-bu de Zabulon ne fut pas des
dernières à entrer dans la marine marchande. Lorsque les ports d'Elath
et de HetsjoTi-Guéber eurent été conquis par les armes, et annexés au
royaume d'Israël, Salomon établit aux frais de la couronne, et avec le
concours des mariniers de Phénicie, un service de navigation, qui
cependant ne lui survécut pas, et que Josaphat essaya en vain quelques
années plus tard de relever, 1 Rois 9, 26. lu, 22. 22, 49. 50. A
l'époque des Maccabées, Joppe était un port juif, 1 Macc. 14, 5., mais
Hérode le Grand en fit construire un beaucoup plus considérable à
Césarée, quoique le commerce maritime juif ne fût pas assez flo-rissant
pour pouvoir le demander ; c'est dans ce port que Paul mit à la voile
pour Rome, Act 27, 2. On considérait la voie par Alexandrie comme plus
sûre et même plus courte que le trajet direct par Brindes, pour se
rendre de Syrie ou de Palestine en Italie ; Pouzzoles était le lieu de
débarquement. Il n'est parlé qu'en passant de la flotte marchande de
Babylone Es. 43, 14. Quant aux vaisseaux de Tar-sis, du Nil, etc. v.
ces articles.
Dans le Nouveau Testament, outre les
voyages de
Paul, qui tant de fois sillonna les eaux de la Méditerranée, nous
voyons les rives romantiques du lac de Génésa-reth, et ses eaux
claires, mais orageuses, devenir le théâtre de scènes entièrement
nouvelles, ou la tribune de laquelle descendent les paroles d'une
sagesse et d'une doctrine jusqu'alors inconnue. Tour à tour Jésus monte
sur une nacelle de pêcheurs pour enseigner le peuple qui l'écoute du
rivage, Mat 13, 2. Luc 3, 3., ou pour traverser ce lac, seul, ou dans
la compagnie de ses amis,Mat 8, 23. 9,1. 14, 13. Jean6,17. Des
souvenirs l'attachaient à ces rives sur lesquelles il avait trouvé ses
premiers disciples, péchant ou raccommodant leurs filets, Mat 4, 21.
Jean 21, 3. Luc 5, 5.
Les vaisseaux tyriens étaient les mieux
construits et le plus richement ornés, les boiseries étaient en cyprès,
la mâture en cèdre, les voiles en fin lin d'Egypte brodé, les rames en
chêne, tenues par des rameurs assis sur des bancs ornés d'ivoire. Ez.
27, 1-7. Il n'est parlé expressé-ment ni des cordages, ni du
gouvernail, quoique Umbreit ait cru voir ce dernier désigné Prov. 23,
34. (traduction qui offre des difficultés étymologiques, mais qui irait
bien pour le sens). Le gouvernail est nommé dans le Nouveau Testament,
Act 27, 40.; il y en avait quelquefois deux, ou même quatre, pour les
gros bâtiments, à la poupe, à la proue, et aux deux côtés (Tacit.
Annal. 2, 6). Les chapitres 27 et 28 des Actes, renferment au reste
presque tous les détails relatifs à la construction, aux agrès, et à la
manœuvre d'un vaisseau marchand, pendant la période romaine. Les
vaisseaux marchands étaient plus profonds et moins allongés que les
vaisseaux de guerre ; ils allaient plutôt à la voile qu'à la rame,
tandis que ceux-ci comptaient souvent de deux à cinq rangs de rameurs
(birèmes, trirèmes, etc.). A la proue était l'enseigne qui donnait son
nom au bâtiment, Act 28, 11.: l'effigie de la divinité tuté-laire était
à la poupe (Virg. JEn. 10,11.); quelquefois les deux images n'en
faisaient qu'une seule, et le navire portait le nom de son dieu
protecteur. Chaque vaisseau avait un canot de sauvetage, plusieurs
ancres, et une sonde, Act 27, 16-40. La voile d'artimon, ou selon
d'autres du perroquet, est nommément désignée Act 27, 40.; on la
déployait pour modérer la violence du vent. L'opération de Act 27, 17.,
qui consistait à lier le vaisseau par-dessous comme avec une ceinture,
pour l'empêcher de s'entr'ou-vrir s'il venait à heurter contre un
écueil, est souvent mentionnée chez les anciens (Horace, Od. 1,14,6.).
En cas de danger, on jetait à la mer la charge du navire pour
l'alléger, et si l'on échouait, on essayait de gagner le rivage à la
nage ou en canot. Chaque vaisseau avait un capitaine et un pilote ;
c'est du premier qu'il est question Jon. 1, 6. Les anciens suivaient en
général les côtes autant que possible (comme le font encore aujourd'hui
les vaisseaux de la mer Rouge), ce qui rendait les navigations très
longues, 1 Rois 10, 22. S'ils étaient obligés de gagner la pleine mer,
ils se dirigeaient en l'absence de boussole, d'après les étoiles, les
Pléiades, les deux Ourses, Orion, etc. Les Dioscures, cf., étaient les
divinités privilégiées qu'ils invoquaient dans le danger. Les tempêtes
étant plus fréquentes ou plus redoutables en hiver, les anciens, Grecs
et Romains, ne naviguaient guère que l'été ; la saison marine
commençait en mars et finissait en novembre ; un vaisseau retardé, et
surpris par les vents au milieu d'une navigation un peu longue,
cherchait un port pour y passer l'hiver, Act 27, 12.
On a cru trouver une
trace de la piraterie dans une
traduction nouvelle de Job 24,18.
Valentin
Valentinien [empereur] 321-375
Vallee
VASIN. «. Abija 1°.
VASTI, reine perse, sultane favorite d'Assuérus
(Xercès), qui fut disgraciée pour avoir noblement résisté à une sotte
et honteuse prétention de son époux exalté par les vapeurs du vin, Est.
1. Elle donnait un festin à ses femmes pendant qu'Assuérus avait réuni
ses gentilshommes, et le dernier jour, le tyran ivre, ayant voulu
montrer son épouse aux hommes de sa cour pour leur faire admirer sa
beauté, elle refusa de paraître, ne doutant pas qu'Assuérus à jeun ne
lui sût gré de sa conduite et ne se repentît lui-même d'avoir oublié à
ce pas l'étiquette orientale et l'honneur de sa femme. Mais les
seigneurs prirent, séance tenante, contre elle, une résolution extrême
à laquelle Assuérus adhéra ; elle fut déclarée rebelle à son mari,
etindigned'être plus longtemps son épouse. Assuérus ne tarda pas à la
regretter, Est. 2,1., mais il était déjà trop tard pour revenir en
arrière, et des ordres furent donnés pour le choix d'une nouvelle
sultane. La juive Ester succéda à la généreuse Vasti. — Josèphe et
Justinien l'absolvent en s'ap-puyant sur les coutumes de l'Orient;
Ro-senmuller et d'autres, s'appuyant d'un passage d'Hérodote, 5, 18.,
pensent au contraire, qu'elle a violé ces coutumes et qu'elle eût dû
paraître pour faire honneur aux assistants. Chacun cependant se sent
pressé de l'absoudre intérieurement: on admire sa conduite, et si l'on
en croit quelques interprètes juifs, tout ce qui pourrait excuser Vasti
n'est pas consigné dans le livre d'Ester; l'antiquité profane offre
d'autres exemples de fantaisies pareilles, et des abominations ou des
cruautés qui en ont été les suites.
VEAU. v. Bœuf. — Le veau d'or, adoré par les
Israélites, au pied même du Sinaï, et peu de jours après la
promulgation de la loi, Ex. 32, 4. Deu 9, 21. cf. Néh. 9, 18. Ps. 106,
19. Act 7, 41., et dont le culte fut renouvelé par Jéroboam après son
retour d'Egypte et son avènement au trône d'Israël, 1 Rois 12, 28. 32.
2 Rois 10, 29. cf. 17,16. Os. 8, S. 10, 5. Tobie 1,5., fut
véritablement une importation égyptienne, une imitation du bœuf Apis,
symbole d'Osiris, ou du bœuf Mnévis, symbole du soleil, dont l'un était
adoré à Memphis, l'autre à Héliopolis. Ce fut sans doute l'image d'un
de ces bœufs, probablement celle d'Apis, qui servit de modèle au veau
d'or, quoique Philon estime, par des raisons ihéologiques plutôt
qu'historiques, que le veau représentait le Typhon égyptien. On a fait
de vains efforts pour disculper Aaron de sa participation à ce dieu de
fonte ; on a dit qu'il avait voulu faire l'image (théocra-tique) des
chérubins, et que le peuple, se méprenant à cette ressemblance, crut
re-trouver ses souvenirs d'Egypte et l'adora; d'autres estiment
qu'Aaron, ayant voulu fondre en lingot l'or apporté par les Israélites,
ce lingot se trouve accidentellement avoir une forme de veau, que le
peuple y vit un miracle, et adora ; d'autres encore disent qu'Aaron,
voyant le peuple entraîné par ses souvenirs, réclamer le culte d'Apis,
le trompa en lui faisant de fausses concessions, qu'il lui donna une
apparence de veau, mais qu'il prit soin de bien rappeler que c'était
l'Eternel qu'il fallait adorer. Concession ou non, ce qui est sûr,
c'est qu'Aaron fut coupable, et que cette idolâtrie, qui poussait
l'impudence jusqu'à s'étaler devant le Sinaï, fut, non seulement
blâmée, mais sévèrement punie par la mort de 3,000 hommes ; Aaron
lui-même reconnut son crime, et n'échappa que par l'intercession de
Moïse, à cette juste exécution.
La plus grande difficulté de toute cette
histoire se trouve Ex. 32, 20., dans la pulvérisation du veau d'or
(massif), qui fut brûlé au feu, moulu jusqu'à ce qu'il fût réduit en
poudre, puis cette poudre répandue dans de l'eau, et donnée à boire au
peuple. On ne peut guère s'expliquer ce fait qu'en supposant à Moïse
des connaissances chimiques très étendues, qu'il pouvait avoir puisées
dans l'étude des mystères et des sciences de l'Egypte. On connaît, en
effet, plusieurs moyens d'obtenir ce résultat, soit la calcination de
l'or par le natron, soit sa dissolution par trois parties de sel de
tartre et deux parties de soufre, soit sa fusion qui s'ob-tient à 32°
du pyromètre de Wedgwood, soit sa dissolution provoquée par du chlore
dissous dans de l'eau. On peut le dissoudre encore en versant dans un
ma-tras deux parties d'acide hydrochlorique et une partie d'acide
azotique, et en plongeant de l'or solide dans le produit ainsi obtenu ;
la présence du métal détermine aussitôt un dégagement d'oxyde d'azote,
et le produit de la réaction est un chlorure d'or ou la liquéfaction du
métal (Berzélius). Selon M. Orfila, 8 parties d'acide hydrochlorique à
22° de concentration, et 2 parties d'acide azotique à 4°, ajoutées
l'une à l'autre, peuvent dissoudre, à l'aide d'une légère chaleur, 1,9
partie d'or (Traité de chimie, II, 273). ?. encore Lettres de quelques
Juifs portugais, 1, p. 80; Grandpierre, Essais sur le Pentat., p. 410
et suiv. — L'or, rendu potable par le soufre ou le natron, est
dé-testable au goût, et, en faisant boire aux coupables ces débris du
veau d'or, Moïse associait, en quelque sorte, à la condamnation de
l'idolâtrie des souvenirs désagréables qui, par liaison d'idées,
devaient rendre odieuse toute réminiscence de ce culte. L'amère
libation couronnait dignement des fêtes impies.
Le culte du veau d'or est fréquemment
rappelé
dans Osée, et sous différentes formes, 8, 5. 6. 10, 5. 13, 2. 14. 2.,
etc. Plusieurs de ces passages ont même exercé la sagacité des
interprètes, qui y ont vu des sens nouveaux et des choses nouvelles, v.
les Commentaires. Jér. 34,18.19. renferme une allusion à un usage dont
nous trouvons déjà les traces Gen. 15, 9-17. En passant par les deux
moitiés des victimes placées l'une vis-à-vis de l'autre, les parties
contractantes déclaraient leur inteution de perdre la vie comme la
victime, si elles violaient leur foi. v. Alliance. On ne sait quand fut
jurée l'alliance dont il est parlé dans ce passage ; mais elle n'était
pas fort ancienne, puisque ceux qui l'avaient contractée étaient encore
vivants.
VEILLES de la nuit. Les Hébreux, comme les Grecs et
les Romains, partageaient les nuits en veilles de plusieurs heures,
d'après les moments de relevée des gardes de nuit. Avant l'exil, les
Hébreux ne comptaient que trois veilles, dont la première est nommée le
commencement des veilles, Lam. 2, 19.; la seconde est appelée la
seconde garde, Jug. 7, 19., et la troisième la veille du matin, Ex. 1
4, 24. 1 Sam. 11, 11. Pendant la période romaine, les Juifs reçurent de
leurs maîtres la division de la nuit en quatre veilles égales,
indiquées Marc 13, 35., par ces mots: le soir, minuit, l'heure que le
coq chante, et le matin. Les rabbins ont continué de n'admettre que
trois divisions, et ils regardent la quatrième comme appartenant au
jour; mais il ressort deAct 12, 4. que le système romain était admis,
au moins militairement, par les Hérodes. La nuit étant tantôt plus
courte, tantôt plus longue, et les veilles s'adaptant par quarts à sa
longueur, elles étaient elles-mêmes plus ou moins longues, suivant la
saison, quoique toujours elles fussent di-visées en trois heures. — Il
est parlé, Cant. 3, 3. 5, 7. cf. Ps. 127, 1., de gardes de nuit faisant
le guet ; cette institution, d'ailleurs, est si naturelle chez un
peuple policé, qu'on l'aurait devinée en l'absence de tout témoignage.
VENGEANCE. C'est sous ce nom qu'il est parlé, Act
28,
4., de la déesse grecque et romaine de la Justice (???), fille de
Jupiter et de Thémis, presque égale au premier, à la puissance (c'est,
en germe, la distinction des pouvoirs, la justice indépendante de
l'Etat). Comme puis-sance vengeresse, elle est souvent confondue avec
Némésis; on lui attribuait spécialement la punition du meurtre,
Eu-rip., Médée, 1390.Sophoc.,OEdip.à Col., 1384. Les Hébreux et les
chrétiens ne connaissent pas celte divinité ; ils se rappellent qu'elle
n'est qu'un attribut de Dieu, que c'est à Dieu seul que la vengeance
appartient, que l'homme ne saurait se faire justice à lui-même. Le
chrétien reconnaît cette vérité sans restriction, le Juif l'admettait
comme règle gé-
nérale, à deux exceptions près : le talion
légal qui reconnaît le droit de vengeance, mais pour le modérer, et le
droit du goël, ou vengeur, cf.
VENGEUR du sang. C'est ainsi que l'on désignait ( en
hébreu, goël) le plus proche parent d'un homme assassiné, parce que la
loi lui accordait le droit de venger la mort du défunt dans le sang du
meurtrier partout où il le rencontrerait, sauf dans les lieux consacrés
sous le nom de villes de refuge, cf., 2 Sam. 14,7.11. La justice
restait inerte dans ces cas ; elle se taisait, et laissait faire ; le
vengeur tâchait de venger, le coupable tâchait de fuir ; l'un et
l'autre étaient protégés, ou, pour mieux dire, abandonnés à eux-mêmes.
Cette coutume, déjà fort ancienne parmi les Hébreux, Gen. 27, 45. cf.
4,14., et maintenant encore en usage chez un grand nombre de peuples de
l'Orient, les Arabes, les Perses, les Abyssins, les Druses, les
Circassiens, présente de trop graves inconvénients, et donne trop de
facilités aux vengeances particulières pour que Moïse ne sentît pas le
besoin de restreindre considérablement l'exercice d'un pareil droit.
C'est ce qu'il fit par l'établissement des villes de refuge. Le
meurtrier qui pouvait en atteindre une avant d'avoir été frappé,
retombait sous le pouvoir de la justice ordinaire; coupable d'un
meurtre commis avec intention, il était puni par les lois ; coupable
d'inad-vertance ou d'imprudence, il échappait encore au vengeur aussi
longtemps qu'il restait dans la ville, Ex. 21, 13. Nomb. 35, 9. Deu 19,
1. Mais le vengeur conservait ses droits jusqu'au moment où le
meurtrier entrait dans la ville, et il les recouvrait si le coupable
quittait la ville avant la mort du souverain sacrificateur.
VENIN, v. Poison.
VEÏST. Dans un pays situé comme la la Palestine,
entre la mer et le désert, garni de montagnes et de vallées, les vents
jouent un rôle assez considérable, soit par leurs rapports avec la
température en général, soit par leur influence sur l'agriculture, pour
qu'on ait examiné de bonne heure leurs caractères, et recherché leur
périodicité. Bien qu'on puisse compter en Palestine des vents venant de
plusieurs directions diflérentes, les Israélites, s'en tenant à une
division facile et grossière, n'ont jamais compté que quatre espèces de
vents différents, correspondant aux quatre points cardinaux, Jér. 49,
36. Dan. 7, 2.8, 8. Zach. 2, 6. Mat 24, 31. Apoc. 7,1., d'où l'on
aurait tort cependant de conclure, comme l'ont fait assez légèrement
quelques théologiens, qu'ils aient regardé la terre comme carrée,
puisque nous-mêmes qui admettons sa rotondité, nous tenons un langage
semblable au leur. Les vents sont assez réguliers en Palestine quant à
leur direction, leur durée et leur influence, quoique l'on ne possède
pas encore d'observations météorologiques suffisantes qui permettent
d'indiquer, mois par mois, l'ordre de leur succession. Lèvent d'ouest,
ou sud-ouest, qui souffle de la Méditerranée, est humide et amène
ordinairement la pluie, 1 Rois 18, 44. Luc 12, 34.; il règne de
novembre en mars, et préside à l'hiver. Lèvent du sud,ou sud-est
(thé-man), apporte les chaleurs du désert d'Arabie qu'il vient de
traverser, et donne à l'équinoxe du printemps une chaleur de 16°-36°;
il souffle d'ordinaire en mars pendant trois jours, et s'affaiblit à
mesure qu'il s'avance vers le nord ou qu'il s'élève sur les montagnes.
Le vent d'est (ka-dim) sort des steppes de l'Arabie déserte et des
sables de la Syrie, Jér. 13, 24.; il est particulièrement violent, Job
1,19. 27, 21. Es. 27, 8. cf. Ps. 48, 7. Ez. 27,26., et, par sa
sécheresse, exerce une action délétère sur la végétation, Ez. 17,10.
19, 12. Os. 13, 15. Jacq. 1,11. cf. Jonas 4, 8. Il n'est pas sans
quelques rapports avec le terrible simoun de l'Arabie, et quoique
celui-ci ne souffle pas d'ordinaire en Palestine, quelques auteurs
croient qu'il est indiqué Ps. 11, 6. 91, 6. Nomb. 11.1. Le vent
d'orient règne pendant les mois d'été jusqu'en juin. La bise, ou vent
du nord (tsaphôn), ou nord-ouest, apporte avec elle la fraîcheur, Cant.
4, 16., et même le froid, Sir. 43, 22.; elle chasse la pluie, Prov.
25.23., et dessèche la terre et la végétation ; c'est souvent à
l'équinoxe d'automne qu'elle se lève, et elle règne d'ordinaire pendant
troisjours consécutifs. L'Ecriture mentionne encore la brise du matin
et du soir, qui vient assez régulièrement tempérer les trop grandes
chaleurs des jours de l'Orient, Gen. 3,8. Cant. 2, 17., et les
tourbillons de la Palestine (soupha), qui soulèvent des nuages de
poussière, et obscurcissent l'atmosphère, Es. 17, 1 3. Job 21, 18. Le
lac de Tibériade est exposé à de fréquents orages qui semblent sortir
des montagnes, etqui,parleur violence, ne déjouent que trop souvent les
efforts et les prévisions des mariniers, Jean 6,4 8. Mat 8, 26. 14, 24.
La soudaineté de ces orages, que rien n'a pu expliquer encore, est un
phénomène que l'on remarque sur un grand nombre de lacs entourés de
hautes montagnes ; il est frappant à l'extrémité orientale du lac de
Genève, et sur le lac des Quatre-Cantons en Suisse. Les deux vents
nommés Act 27, 12. (en grec Xif et ?&???), sont ceux du
sud-ouest et du nord-ouest. L'Euroclydon de Act 27,14. n'est pas un
vent régulier, mais une espèce de vent orageux soufflant du sud-est (et
non du nord-est, comme le portent quelques versions), v. Plin. 2,48. Un
vent du sud-ouest poussa le vaisseau de Paul de Reggio à Pouzzoles.
Un même mot, rouach,
désigne, en hébreu, l'esprit
et le vent (le souffle) ; dans la plupart des passages, le sens de la
phrase explique suffisamment le sens du mot; dans d'autres, comme Gen.
1, 2. (v. Schrœder), Es. 40, 7. cf. 1 Pier. 1, 24. Jacq. 1, 11., les
interprètes ne sont pas d'accord s'il s'agit de l'Esprit de l'Eternel
ou d'un vent violent envoyé de Dieu.
VÉNUS, v. Méni.
VER, vermisseau. Image de ce qu'il y a de plus
chétif et de plus misérable ; c'est l'image de l'homme et du fils de
l'homme, Ps. 22,6. Job 23, 6. Ce fut aussi l'image des Hébreux menacés
et envahis par l'étranger, Es. 41, 14. C'est enfin l'une des images
employées pour dépeindre les peines à venir, Es. 66, 24. Marc 9, 44.
46, Origène et Ambroise pensent que ce ver n'est qu'une métaphore qui
représente les remords de la conscience ; Augustin, Chrysostome,
Cyrille, Théo-phylacte, Anselme, etc., sans condamner l'opinion
contraire, se prononcent pour un ver physique, corporel ; Bernard
hésite, ou plutôt favorise alternativement l'une et l'autre manière de
voir.
Act 12, 23. Hérode Agrippa I meurt rongé
des
vers. Pareille chose était arrivée à Antiochus Epiphanes, 2 Macc. 9,
S., et arriva plus tard, selon Lactance, à l'empereur romain Maximin.
Au dire de Jo-sèphe, la dernière maladie d'Hérode le Grand aurait
présenté des caractères ana-logues. Enfin il est parlé dans Hérodote 4,
205., d'une princesse africaine qui mourut de la même manière. Il est
difficile d'expliquer ce genre de mort, car il est complètement inconnu
de la médecine moderne, et les anciens n'en font pas davantage mention.
On ne saurait voir dans les prodiges qui frappèrent Hérode un simple
développement en nombre et en grosseur, des vers intestinaux qui, dans
certains cas, pourraient aller jusqu'à ronger les entrailles, ce que
quelques médecins regardent tout au plus comme possible, et d'autres
comme fort douteux. On n'a jamais vu ces vers intestinaux ronger les
muscles et paraître du dedans au dehors ; ils n'ont jamais traversé une
charpente humaine vivante. Il serait plus simple peut-être de
rapprocher la maladie d'Hérode d'un phénomène qui a déjà été remarqué.
A la suite d'ulcères et d'abcès fort douloureux, on a vu quelquefois
des vers très petits se former en fort grand nombre et ronger la peau
et les chairs tout àl'entour ; d'autres fois des animalcules se sont
engendrés dans un sang fort corrompu et se sont fait jour par toutes
les ouvertures, par le nez, les yeux, la vessie, etc. : ce dernier cas
est toujours mortel. Mais ce ne sont là que des analogies dont on ne
peut rien tirer de certain pour le passage des Actes. L'entendre de !a
maladie pédiculaire,-c'est substituer une hypothèse à une incertitude.
Nous hésitons d'autant moins à regarder ces cas de maladie comme des
phénomènes providentiels, que l'on compte parmi les victimes de cette
maladie un grand nombre de ceux qui ont persécuté l'Eglise, notamment
parmi les bourreaux des réformés en France, entre le règne de François
Ier et celui de Henri IV. ?. Jurieu, Apol. pour la Réforme. T. I.
VERGE
Mesure de longueur, cf.— On a beaucoup parlé
de la verge de Moïse qu'on a voulu retrouver clans le caducée de
Mercure, et de la verge d'Aaron que des savants, guidés par un mot
d'Euripide, ont cru être devenue le thyrse de Bacchus. La verge de
Moïse, instrument de ses premiers miracles, Ex. 4, 2. 14, 16. 17, 5.,
n'a pas laissé de traces historiques ; dom Calmet lui-même, tout en
supposant que Moïse l'a léguée à Josué, reconnaît qu'on n'en a pas de
preuves, et la regarde comme perdue. La verge d'Aaron, qui fleurit
miraculeusement lors de la rébellion de Coré, Nomb. 17, 8., fut placée
dans le tabernacle, peut-être dans l'arche, en souvenir de cet
événement, Nomb. 17,10. Hébr. 9, 4. cf. 1 Bois 8, 9. On l'adore à Rome
dans Saint-Jean-de-Latran comme une précieuse relique ; mais elle ne
porte plus ni feuilles, ni fleurs, ni boutons; les Egyptiens ont
également prétendu en posséder les restes dans le temple d'Isis, et lui
ont pareillement rendu un culte religieux.
VERITE
"Ceux
donc qui ont livré leur vie (Act 15,26) jusqu'à mourir pour l'Evangile
du Christ, comment auraient-ils pu parler suivant les opinions qui
avaient cours parmi les hommes? S'ils l'avaient fait, ils n'auraient
pas souffert. Mais ils ont prêché dans un sens diamétralement opposé à
ceux qui refusaient la vérité, et c'est pour cela qu'ils ont souffert.
Il est donc clair qu'ils n'abandonnaient pas la vérité, mais qu'ils
prêchaient en toute indépendance (Act 4,29;28,31) aux Juifs et aux
Grecs". HE 3,142
VERRE
Il n'est pas douteux que les
Israélites
n'aient appris de bonne heure à connaître ce produit de l'industrie
phénicienne ; leurs relations de voisinage et de commerce ne purent
leur laisser ignorer longtemps une découverte aussi remarquable
qu'utile, et nous voyons déjà le verre mentionné dans Job 28,17., sous
le nom de zekoukith, quoique quelques interprètes pensent que ce nom
désigne le cristal de roche, et que nos versions (et Luther) l'aient
rendu par diamant. Les Arabes actuels n'ont qu'un mot pour désigner le
cristal et le verre, et il est pos-sible qu'il en ait été de même des
Hébreux. D'après le Targum de Jonathan, c'est aussi au verre que Moïse
fait allusion dans la bénédiction de Zabulon et d'Issacar, lorsqu'il
dit qu'ils suceront l'abondance de la mer, et les choses les plus
cachées dans le sable, Deu 33, 19. Il est enfin parlé de verre dans le
Nouveau Testament, Apoc. 21. 18. 21. cf. 4, 6. 13, 2. Les anciens ne
s'en servirent pendant longtemps que pour faire des vaisseaux à boire
et des vases à liqueur : l'usage des fenêtres et des miroirs ne fut
introduit que plus tard.
VERITE
"L'ami de la vérité laisse là les vaines paroles, il s'attache aux
faits et les discute".- Théophile d'Antioche,a Autolycus
VESCE, plante traînante dont les feuilles sont
longuettes et étroites, les fleurs rougeâtres et quelquefois blanches,
les gousses semblables à celles des pois, mais plus courtes et plus
grêles; ses grains ronds et noirâtres servent à la nourriture des
pigeons. C'est par ce mot que nos versions ont traduit l'hébreu
kètsach, Es. 28, 2o. 27. ; mais il est plus probable que ce mot désigne
la nielle, le ni-gella melanthium.
VÊTEMENTS. On peut voir les articles spéciaux pour
les
détails ; ici quelques remarques générales suffiront. L'Ecriture qui
nomme diverses pièces de vêtements, ne parle nulle part de leur forme
et de leur coupe, à l'exception de ce qui concerne les prêtres et le
souverain sacrifi-cateur ; mais on peut conclure de l'usage général de
l'Orient ancien et moderne, et des besoins du climat, que les vêtements
des Juifs étaient amples et à larges replis: les modes changent peu,
lorsqu'elles sont indiquées ou commandées par la nature ; et quelques
bas-reliefs retrouvés à Babylone, à Persépolis, et dans les nécropoles
de Thèbes, confirment ce que l'induction fait soupçonner. Le costume
des femmes ne différait pas essentiellement de celui des hommes ;
quelques pièces de plus, quelques ornements, peut-être une étoffe plus
fine et plus riche, servaient à distinguer les deux sexes, et la
défense faite aux hommes de se déguiser en femmes, ou l'inverse, Deu
22, 5., ne porte que sur ces quelques caractères extérieurs, et non sur
un costume complet : cette défense n'avait d'autre but que de prévenir
les désordres que provoquent si souvent les méprises et les quiproquos
des mascarades.
La confection des habits fut dans presque
tous
les temps l'une des occupations des femmes, et même des plus
distinguées par leur rang, 1 Sam. 2,19. Prov. 31, 21. Act 9, 39.
L'exemple de Pénélope montre qu'il en était de même chez d'autres
peuples de l'ancien monde. Chez les Juifs, l'ensemble du costume se
composait de deux parties principales : 1° le vêtement de dessous,
espèce de robe ou de tunique, nommée en hébreu k'toneth, que l'on
retenait autour du corps au
moyen d'une ceinture, et qui recouvrait j
quelquefois une chemise de lin (hébreu, sadin), Jug. 14, 12. Prov. 31,
24. Es. 3, 23., passages qui sont les uns et les autres traduits dans
nos versions de manière à écarter ce dernier mot ; les riches n'étaient
pas seuls à posséder ce vête-tement nécessaire : la classe ouvrière,
les pêcheurs en particulier, portaient aussi des chemises, de manière à
pouvoir au besoin jeter la tunique en arrière pour faciliter les
mouvements, sans être tout à,fait nus ; dans ce dernier cas, cependant,
lorsqu'un homme n'avait plus que sa chemise, on disait souvent qu'il
était nu, 4 Sam. 19, 24. 2 Sam. 6, 20. Es. 20, 2. Jean 21, 7. Les
grands et les hommes en voyage portaient quelquefois aussi deux
tuniques, dont l'une supérieure et avec des manches (mahatapha) était
toujours plus grande que celle de dessous, qui était sans manches
(mehil), 1 Sam. 15, 27.18, 4. 24, 5. Esaïe 3, 22.; mais celte habitude
fut toujours considérée comme une affaire de luxe, Mat 10,10. Marc 6,
9. Luc 3,11. 9, 3. — 2° Un vêtement de dessus, ou manteau (simla,
bè-ged, etc.). Cette pièce, qui était la plus apparente, variait aussi
le plus dans sa forme, et avait différents noms suivant sa coupe, sa
finesse, le sexe qui devait s'en servir, etc. En général, c'était un
vêtement très ample, mais qu'on a eu tort de croire régulièrement
doublé de fourrures, d'après Gen. 25, 25. Zach. 13, 4., quoique
aujourd'hui encore, même en été, les Orientaux, et notamment les Turcs,
aiment à se couvrir de riches pelisses. Ces deux passages citent un
vêlement particulier qui, bien loin de faire règle, semble précisément
n'être indiqué que comme exception. L'ampleur du manteau pouvait, à
l'occasion, servir de poche ou de sac, Ruth 3, 15.Ps.79,12. Luc 6, 38.
La robe qui fut donnée à Joseph par son père, et celle que portait
Tamar, Gen. 37,3. 2 Sam. 13, 18. (hébr. passim), étaient probablement
des manteaux bigarrés de di-verses couleurs et de broderies ; ils
étaient extrêmement recherchés, Jug. 5, 28. 8, 26.2 Sam. 1, 24. Prov.
31, 22. Est. 8,15t Ez. 16, 10. On les faisait, en partie, venir du
dehors, Soph. 1, 8. Les vêtements | blancs, de lin ou de coton, étaient
également considérés comme très précieux, et cette couleur, le symbole
de l'innocence, est recommandée par Salomon, dans un sens figuré, à
celui qui veut vivre justement, Eccl. 9, 8. Le vêtement du Christ
transfiguré devint tout blanc, Luc 9,29., et les anges qui apparurent
aux femmes, après la résurrection, sont représentés comme vêtus de
robes blanches, Mat 28, 3.; mais, dans ces deux cas, la couleur exprime
plutôt la splendeur, le rayonnement de la pure lumière du ciel, cf. Luc
24, 4. D'après la loi de Moïse, les prêtres seuls pouvaient être vêtus
de blanc. Il paraît que, sous les derniers rois, un luxe dévergondé
s'introduisit dans l'habillement, Jér. 4, 30. Lam. 4, 5. Soph. 1, 8.;
c'est un caractère de toutes les époques de décadence, et il durait
encore parmi les Juifs au temps des apôtres, 1 Timoth. 2, 9. 1 Pierr.
3, 3. Jacq. 2, 2. Des personnes soi-disant pieu ses suivaient la mode à
cet égard, et ne faisaient disparate que par leur mise recherchée, Luc
20, 46. cf. Mat 23, 5.
Les Orientaux ont
toujours aimé changer fréquemment
d'habits, Gen. 41, 14. 1 Sam. 28, 8. 2 Sam. 12,20.; les riches Hébreux
avaient ordinairement une garde-robe bien montée et un grand nombre de
vêtements de rechange, Es. 3,6.7. Job 27, 16. Luc 15, 22. Les rois, en
particulier, avaient, comme ils ont encore aujourd'hui, des provisions
d'habits de cérémonie destinés à être offerts en cadeaux, 1 Sam. 18,4.2
Rois 5, 5. Est. 4, 4. 6, 8.11. La souillure légale motivait un
changement de vêtements, Lév. 6,11. 27. 11, 25. 15, 13. cf. Gen. 35,2.
Pendant le deuil, les Juifs s'habillaient
de
vêtements grossiers, de couleur foncée et sans ampleur. Les prophètes
portaient un costume analogue, à cause du sérieux de leur vie, 2 Rois
1,7.8. Mat
3,4-
V. encore Accouplement,
Lèpre (des étoffes), Rois,
Soulier, Turban, etc.
Deu 8, i. peut s'entendre littéralement
d'une
miraculeuse préservation des vêtements des Israélites dans le désert,
ou, d'une manière plus simple, du soin merveilleux avec lequel Dieu
pourvut à cette partie des besoins d'Israël. La première
interprétation, quoique plus simple en apparence, offre plusieurs
difficultés de détail: les vêtements grandissaient-ils,
grossissaient-ils avec ceux qui les portaient? Comment les enfants
nouveau-nés étaient-ils vêtus ? Que devenaient les habits de ceux qui
mouraient ? etc. La seconde opinion n'est pas contraire au texte, et se
rapproche davantage, quant à l'esprit, de ce qu'on remarque dans la
conduite ordinaire de Dieu envers son peuple.
Jean 19,23. La robe sans
couture a beaucoup
préoccupé les interprètes, mais à tort; elle avait été faite au métier,
et l'art du tisserand était déjà assez perfectionné anciennement pour
que de pareils travaux qui, aujourd'hui, ne sont qu'un jeu, pussent
être exécutés. Josèphe décrit, comme étant sans couture, la robe du
souverain sacrificateur (Ant. 3, 6.), et l'on en connaissait de
diverses espèces, les unes n'ayant d'ouverture que pour passer la tête,
d'autres en ayant aussi pour les bras. — Cette fameuse robe, que Calvin
appelle saye ou hoqueton, est pré-sentement à Trêves et à Argenteuil :
le premier de ces deux exemplaires a déchiré la grave Allemagne, et le
nom de Ronge lui est asssocié pour toujours par contraste. La robe de
Trêves n'est d'ailleurs pas une tunique, mais une chasuble, ce qui
ajouterait à l'invraisemblance de l'imposture s'il était nécessaire d'y
ajouter quelque chose.
En fait de vêtements grecs et romains,
nous ne
trouvons mentionné dans les Apocryphes, que la chlamys, vaste manteau
dont se servaient les chasseurs, les soldats, et surtout les cavaliers,
2 Macc. 12, 35.; dans le Nouveau Testament, un manteau de voyage, 2
Tim. 4,13., que les Romains mettaient par dessus la tunique, et qui
était garni d'un capuchon pour préserver la tête de la pluie ou du
froid, et le manteau d'écarlate, Mat 27, 28., manteau de laine teinte
que portaient ordinairement les généraux et les officiers romains, et
même les empereurs jusqu'au temps de Dioctétien.
VEUVES. Outre l'obligation pour un frère d'épouser la
veuve de son frère mort sans enfants, v. Lévirat, la loi de Moïse
renfermait encore en faveur des veuves les prescriptions suivantes : 1°
Comme les étrangers et les orphelins, les veuves devaient être invitées
aux festins d'actions de grâces et au repas des dîmes, Deut 16, H. 12,
18. 26,12.-2° Il leur revenait de droit quelques glanures de la
moisson, Deu 24, 19.— 3° Leur vêtement, comme aucun ustensile
nécessaire, ne pouvait être pris pour gage, Deu 24, 17. cf. Job 24, 3.
21.
Le veuvage, de même que la stérilité,
étaient
peu estimés en Israël, Es. 54, 4., à moins d'être volontaire et de
provenir de l'affection d'une veuve pour la mémoire de son époux
décédé. On supposait qu'une femme qui ne trouvait pas un second mari,
avait quelque défaut secret, ou une réputation équivoque. La loi
cependant recommandait les veuves au respect public, et à la justice
des magistrats, Ex. 22, 22. Deu 10, 18. 27,19. Zach. 7, 10. Mais les
Juifs ne tinrent pas longtemps compte d'une recommandation qui
froissait leurs préjugés, et ils méritèrent plus d'une fois les
reproches des prophètes, Job 22, 9. 24, 3. 21. Es. 10, 2. Jér. 7, 6.
22, 3.Ez. 22, 7. Mal. 3, 5. Mat 23,14. cf. Luc 18, 3. sq.
Il était défendu au
souverain sacrificateur
d'épouser une veuve, Lév. 21,14., parce qu'une idée de pureté et de
virginité devait l'entourer dans sa personne et dans tous ses actes. Il
semblerait même résulter de Ez. 44, 22., que par la suite cette
interdiction s'étendit également aux simples prêtres, ce qui n'est pas
absolument prouvé, mais ce qui cadrerait assez avec l'esprit
généralement rigoriste des Juifs des derniers temps. La tradition
tendait à remplacer la loi.
On ne saurait conclure de Gen. 38, 24.,
comme
on l'a voulu faire, que les veuves qui tombaient sous la loi du
lévirat, mais qui, n'en admettant pas les bénéfices, se livraient à un
autre homme que leur beau-frère, fussent condamnées au feu comme
adultères, et que la loi de Moïse ait, par son silence, sanctionné
cette barbare coutume. Il est vrai qu'en renonçant aux avantages du
lévirat, elles ne remplissaient pas le but de la loi, et qu'elles
méritaientun châtiment sévère en anéantissant ainsi le nom de leur
époux, mais c'était aux parents de ce dernier qu'était donné l'ordre de
veiller à perpétuer la race de leur frère ; la veuve était, pour ainsi
dire, hors de cause, elle était passive, et quand la loi ne la frappe
pas solennellement, on ne peut supposer qu'elle la frappe sans
l'avertir, et de la peine la plus cruelle.
Les veuves des rois ne
pouvaient pas se remarier,
et ceux qui aspiraient à les épouser passaient pour candidats au trône,
et risquaient leur tête, 1 Rois 2,13-17. cf. 2 Sam. 16, 21. 20, 3.
Job. 27, 15. et Ps. 78,
64. représentent comme un
grand malheur pour un homme de mourir sans être pleuré par sa femme ;
on sait que les lamentations des veuves faisaient une partie importante
des funérailles chez les anciens.
Le Nouveau Testament
perpétue les traditions de
l'Ancien quant au soin à prendre des veuves, 1 Tim. 5, 3-9. Celles qui
sont vraiment veuves doivent être assistées par l'Eglise ; elles
doivent en même temps se rendre utiles par leurs conseils, et faire
participer les jeunes femmes aux fruits de leur expérience, cf. Tite 2,
3. 4.
Il a été dit quelques
mots, à l'art. Mariage, du
veuvage et des secondes noces. Toutes les questions morales qui se
rattachent à ce sujet sont traitées de main de maître, et avec un tact
parfait, dans l'ouvrage intitulé Veuvage et Célibat (Genève, 1848);
c'est, malgré son intérêt comme lecture, un bon traité de théologie sur
la matière.
VIANDE, v. Chair.
VIE
VIE ETRENELLE
VIGNES. La vigne était l'un des principaux objets de
la culture Israélite, comme on trouvait également, dans les contrées
environnantes, des vignobles estimés : dans le pays des Philistins,
Jug. 14, o. 45, 5.; en Edom, Nomb. 20,17. 21,22.; en Moab, Nomb. 22,24.
cf. Es. 16, 8.; en Hammon, Jug. 11,33.; en Egypte, Nomb. 20,5.; en
Phénicie, Plin. 14,9.; en Syrie, Strabon 13, 73b. Le sol de la
Palestine, ses coteaux tournés vers le soleil, son climat, étaient
particulièrement favorables à la culture de la vigne, dont le fruit se
distinguait autant par la douceur et la qualité, que par l'abondance et
la grosseur des grains. La vigne est en conséquence nommée très souvent
au nombre des principaux produits de la Palestine, Gen. 49, H.Deut, 6,
11. 8, 8. Nomb. 16, 14. Jos. 24, 13. 1 Sam. 8, 14., à côté du figuier,
Jér. 5, 17. Os. 2, 12. 2 Rois 18, 32., et de l'olivier, Jos. 24,13.1
Sam. 8, 14. 2 Rois 5, 26.; elle ne manque presque jamais d'être
mentionnée dans les prophéties qui promettent le bonheur au pays, ou
qui le menacent d'être désolé ; v. encore Es. 7, 23. 61,5.Zach. 8, 12.
Mal. 3, 11. L'expression être assis sous sa vigne, ou manger du fruit
de sa vigne, est l'image de la paix et de la prospérité, 1 Rois 4, 25.
Mich. 4, 4. Zach. 3, 10.
On comptait un grand nombre de vignobles
dont
quelques-uns ont conservé jusqu'à nos jours des droits à une bonne
réputation ; les plus célèbres étaient ceux de Hen-Guédi, ceux d'Hébron
situés dans la vallée des Raisins, ceux de Sichem, de Carmel, du Liban,
ceux de la contrée transjourdaine, Es. 16, 8. Jér. 48, 32., ceux des
rives du lac de Génésareth, etc. v. ces différents articles; cf. encore
1 Sam. 8, 14. Jér. 39. 10. 2 Rois 25, 12. Néh. 5, 3.4. S. 11. Plusieurs
villes avaient même tiré leur nom des vignobles ( ké-rem) qui les
entouraient, Abelkeramim, Rethkéreiu, etc. C'était ordinairement sur
des hauteurs que l'on plantait la vigne, Es. 8, 1. Jér. 31, 5. Am. 9,
13. Virg. Georg. 2,113.; quelquefois cependant on en trouvait aussi
dans les plaines. Chaque vignoble était entouré d'une haie ou même d'un
mur destiné à le protéger contre les animaux des champs, sauvages ou
non, renards, lièvres, chèvres, chacals, etc., Cant. 2.15. Es. 5,5. Mat
21,33. Nomb. 22, 24. Prov. 24,31. Ps. 80, 12. cf. Virg. Georg. 2, 371.
380. Theocrit. 1, 48. 5, 112 Une ou plusieurs tours servaient de
logement soit aux vignerons, soit aux maîtres,Es. 1, 8. 5, 2. Mat 21,
33.; on veillait de là à ce qu'il ne se fît aucun dégât dans la vigne,
Cant. 1, 6., mais on n'avait pas le droit d'empêcher les passants de
cueillir autant de raisin qu'ils en pouvaient manger, Deu 23, 24. Les
ceps de la Palestine se distinguaient, et se distinguent encore
aujourd'hui par leur hauteur et leur force, Ps. 80,11.; un voyageur
moderne trouva sur le versant méridional du Liban, un cep de vigne qui
avait 10 mètres de hauteur, et 0m, 50 de diamètre; ses rameaux
s'étendaient tout autour, et couvraient de leur ombre un espace de 10 à
18 mètres de terrain en longueur et en largeur. Les ceps de la
Cœlésyrie atteignent, d'après Belon, une hauteur moyenne de 4 mètres.
Ils portent pour la plupart des grappes rouges, Prov. 23, 31. cf. Gen.
49, 11. Deu 32, 14., et en général fort grosses, Nomb. 13, 24.; on en
voit même encore qui ont jusqu'à 1 mètre de longueur, qui pèsent 6
kilog., et dont les grains sont comme de petites prunes ; Schute
raconte que quelquefois, surtout vers le sud, on coupe une grappe,
qu'on la pose sur une planchette, et que les amis, assis autour, en
cueillent les fruits, qu'ils mangent avec un peu de pain pour leur
repas. L'espèce de raisin le plus estimé paraît avoir été le sorek ou
soreka, Gen. 49, 11. Es. 5, 2. Jér. 2, 21. Kimhi, dans son livre des
racines, dit que c'est une espèce de raisin dont les grains sont fort
petits et fort doux ; on assure même qu'ils ne contiennent pas de
pépins, ce qui doit être entendu en ce sens que ces pépins sont si
petits et si tendres qu'on ne les aperçoit pas. C'esfrapparem-ment la
même espèce qui porte encore aujourd'hui au Maroc le nom de serki ; on
la trouve également en Syrie et en Arabie sons un nom semblable. On a
fort peu de détails sur la manière dont les Hébreux cultivaient la
vigne, comment ils en augmentaient et multipliaient les plants, s'ils
la laissaient traîner à terre comme cela se fait dans presque tout
l'Orient, s'ils la dressaient en hutlins ou cordons, ou s'ils la
soutenaient par des appuis donnés à chaque cep. Il résulterait de Ez.
17, 7. Psaum. 80,11., que la vigne était souvent soutenue, soit par un
échalas, soit par un arbre autour duquel elle entrelaçait ses sarments,
comme cela se voit encore parfois en Palestine, et au sud de l'Europe.
On émondait les ceps avec une serpe, on retournait la terre, on
l'épier-rait, Jean 15, 2. Luc 13, 8. Es. 5, 2. La vendange commençait
en septembre et finissait en octobre, et donnait lieu, comme dans tous
les pays de vignobles, à de grandes réjouissances, Jug. 9, 27.
Es.16,10. Jér. 25, 30. On cueillait les raisins, que l'on déposait
d'abord dans des corbeilles ; puis on les portait au pressoir, avec des
chants et des cris de jubilation, Jér. 6, 9. On prélevait les prémices
et la dîme sur le moût, Deut, 18, 4.Néh. 10,37.13,5.12., que l'on
enfermait dans des outres de peaux, Job. 32, 19. Mat 9,17. Marc 2, 22.,
ou dans de grandes cruches de grès, dont on se sert encore en Orient ;
on l'y laissait fermenter, quelquefois on le cuisait en sirop; v. Miel.
On buvait aussi le moût avant qu'il eût fermenté, Os. 4, 11. Joël 1, S.
Quand le vin était bien cuit, on avait l'habitude de le transvaser pour
le purifier et l'améliorer; Jér. 48,11. renferme une allusion à cet
usage.
La loi contenait, au sujet de la vigne,
les
prescriptions suivantes : 1° Tout vignoble était soumis au repos de
l'année sabbatique, Ex. 23, 11. Lév. 25, 3. — 2° Il était défendu de
semer aucune espèce de grain au milieu d'un vignoble, soit qu'il
s'agisse, dans ce passage, d'un enclos de blé renfermé dans un plant de
vigne, soit plutôt qu'il soit question d'épuiser la terre en semant du
blé dans les chemins de la vigne, entre les lignes des huttins, comme
cela se fait en diverses contrées, Deu 22, 9. La confiscation de la
récolte punissait tout délit de cette nature. Outre l'idée générale du
législateur, qui voulait prévenir des mélanges hétérogènes, v.
Accouplements, le but de cette défense était de ménager le sol, de ne
pas l'épuiser, de ne pas nuire non plus à l'un des produits en
détournant une partie des sucs de la terre vers un autre travail.
Spencer croit, d'après un passage de Maïmonides, que Moïse voulait
prémunir les Juifs contre l'idolâtrie, les Sabéens, et les Arabes ayant
coutume de mêler ainsi dans leurs champs la vigne et le blé, pour les
mettre sous le patronage réuni de Cérès et de Bacchus ; mais c'est une
supposition aussi hasardée qu'inutile. — 3° Le propriétaire n'avait pas
le droit de faire une vendange minutieuse, il devait abandonner les
grappillages aux pauvres et aux étrangers, Lév. 19, 10.
Deu 24,21.-4° Les passants avaient le
droit de
cueillir pour leur usage et pour les consommer en chemin, les fruits
qui bordaient la route, Deu 23, 24. — 8° Celui qui avait planté une
vigne, mais qui n'en avait pas encore recueilli du fruit, était
dispensé du service militaire, Deu 20, 6. cf. 1 Macc. 3, 56. Or,
d'après Lév. 19, 23., il était défendu de manger du fruit des trois
premières années d'un plant, verger ou autre, probablement aussi de la
vigne, et il eût été trop dur d'enlever pour le service celui qui,
après quatre années d'un travail inutile, pouvait espérer enfin de
recueillir quelque fruit de ses peines; la législation mosaïque tenait
compte du droit individuel comme du droit public.
La vigne fournit, non seulement des
détails à
bien des comparaisons, Jug. 8, 2. Es. 1, 8. 34, 4. Jér. 6, 9. Os. 4 4,
7., mais souvent le thème même d'une parabole tout entière, d'une
allégorie, d'une fable ou d'un apologue, Mat 20,1. 21, 28. Jean 15,
Jug. 9, 12. C'est surtout le peuple de Dieu qui est habituellement
représenté sous l'image d'une vigne que Dieu a tirée d'Egypte, établie
en Palestine, entourée d'une barrière (la loi, et aussi l'isolement
produit par les frontières naturelles); une vigne dont il espérait de
bons fruits, et qui n'a produit que des grappes sauvages, Es. 5, cf. 3,
14. Ps. 80, 8. Jérém. 2,21. Ez. 17, 0. Os. 10, 1. Mat 20, 1.
Jésus-Christ lui-même se compare à un cep, dont les sarments sont les
hommes, les uns sont émondés, les autres rejetés, Jean 15.
Le plant de Sodome, Deu 32, 32., était
connu
pour son amertume, comme tous les autres fruits qui s'aventuraient à
croître sur les bords maudits de la mer Morte ; ses grappes étaient de
fiel et son vin un venin de dragon. Que tous ces fruits tombassent en
poussière quand on les ouvrait, c'est ce qu'on ne saurait garantir,
malgré le témoignage de Tacite, Hist. 5.
On appelle lambrusques une espèce de
raisins
sauvages qui croissent sans culture le long des chemins, au bord des
haies ou dans les champs en friche ; leurs grains sont petits, et
deviennent noirs et lorsqu'ils mûrissent, ce qui est rare ; v. Es. 5,
2. 4.
La vigne de Naboth est
devenue l'image de tout bien
enlevé au pauvre par la puissante méchanceté du riche, 1 Rois 21,1.
VILLES. C'est de ce nom, trop pompeux dans l'origine,
qu'on décora d'abord, dès les temps des patriarches, les établissements
fixes des familles agricoles, par opposition aux camps volants des
nomades. Ces établissements étaient entourés de murailles ou de murs,
et chaque ville était une forteresse, Nomb. 32, 17., ce qui explique
les sièges nombreux dont il est parlé dans le livre de Josué. On
choisissait d'ordinaire une hauteur, une montagne, ou tout au moins un
mamelon, pour y fonder une ville ; la place était plus facile à
défendre, et d'ailleurs, en beaucoup de cas, il n'était guère possible
de faire autrement, car, à cause des mouvements du terrain, on n'avait
de choix qu'entre la hauteur et le ravin. C'est à peu près là tout ce
qu'on sait sur la construction des villes de la Palestine, Jérusalem
seule, cf., étant exceptée.
Les villes modernes de l'Orient sont
bâties
largement, sans économie de terrain, et renferment dans leur intérieur
de grandes places et de vastes jardins ; un voyageur à cheval a besoin
d'une journée pour faire le tour d'Ispahan. 11 est probable qu'il en
était de même des villes de l'ancienne Asie, dont l'étendue, d'après le
témoignage des historiens les plus dignes de foi, était presque
fabuleuse, v. Babylone, Ninive, etc. Les portes des villes étaient des
lieux de rendez-vous ; on s'y entretenait des affaires publiques et
particulières, et l'on y rendait la justice ; elles donnaient
ordinairement sur une place plus ou moins grande qui servait aussi de
marché, Néh. 8,1.16. Job 29,7. Cant. 3, 2. Esd. 10, 9. 2 Sam. 21, 12. 2
Rois 7,1.2 Chr. 32, 6. Les rues n'étaient sans doute pas aussi étroites
qu'elles le sont aujourd'hui (à Saint-Jean-d'Acre, deux chameaux
chargés ne sauraient passer l'un à côté de l'autre, même dans les rues
les plus larges). Elles avaient souvent, surtout dans les grandes
villes, des noms empruntés aux denrées, marchandises, objets
quelconques qui s'y fabriquaient ou s'y vendaient, Jér. 37, 21., car
chaque rue avait souvent sa spécialité, comme à Londres Paternosterrow
est la rue des libraires, comme en Orient les rues larges (ou bazars),
ne sont souvent occupées que par un seul genre d'industrie ou de
négoce. Les rues de Jérusalem étaient pavées dans la dernière période
de son existence, probablement déjà avant Hérode Agrippa II, puisque
celui-ci fit paver une grande rue à Antioche, dans une ville qui lui
était étrangère, ce qu'il n'eût pas fait sans doute si Jérusalem
n'avait pas joui du même avantage; mais il est probable que les autres
villes de la Palestine n'étaient pas pavées, ce qui, d'ailleurs, était
peu nécessaire dans un pays où plusieurs d'entre elles étaient bâties
sur le roc, et d'autres, surtout au nord-est, sur du basalte. La
mention la plus ancienne qui soit faite d'une espèce de pavé, est celle
des dalles dont Salomon fit garnir le parvis du temple. — 1 Rois 20,
34. nous montre des concessions de terrain faites dans des villes
étrangères, comme conditions de la paix.
Jérusalem avait déjà des
aqueducs avant l'exil, Es.
7, 3. 22, 9. 2 Rois 20, 20., tandis que les autres villes se
contentaient de puits et de citernes construites à grands frais.
On n'a que des données incertaines et
incomplètes sur la statistique des villes de Canaan jusqu'à l'exil.
Plusieurs de ces villes furent détruites au temps d'Abraham, Gen. 19,
24. D'autres furent renversées sous Josué, lors de la prise de
possession du pays, et mises à l'interdit, Jos. 6, 24. 26. 11, 11.,
puis en partie reconstruites plus tard ; et dans presque tous les
passages où il est parlé de villes fondées par des Israélites, il faut
l'entendre plutôt de villes rétablies, agrandies, embellies et surtout
fortifiées, Jug. 1,26. 18,28. 1 Rois12, 25. 15, 17.21. 16, 24. cf. 2
Chr. 8, 5. Les invasions successives des Caldéens détruisirent un grand
nombre de villes, d'autres tombèrent en ruines pendant l'exil, et les
rois de Syrie, dans leurs luttes avec les Maccabées, ne firent que
continuer cette œuvre de désolation, 1 Macc. 5, 65. 9, 62. En même
temps, à cause des terreurs de la guerre, on se mit à fortifier celles
des villes encore existantes qui semblaient avoir le plus de chances de
pouvoir se défendre. Jérusalem en particulier, devint une place de
guerre, et l'on bâtit même des tours et des forts isolés, 1 Macc. 9,
50.12, 36. 38. Pendant la période romaine, et surtout par les soins des
Hérodes, des villes nouvelles s'élevèrent en Palestine, d'autres furent
agrandies et embellies; les maîtres donnèrent des théâtres, des
gymnases, des stades, des temples et d'autres monuments à leurs sujets,
pour adoucir le joug de leur esclavage; les citadelles, les forts de
montagnes furent également multipliés, comme on le voit par divers
passages de Josèphe; et la topographie nouvelle de la Palestine compta
un grand nombre de lieux qui ne sont pas mentionnés dans l'Ancien
Testament; tandis que d'autres lieux, anciennement célèbres, avaient
complètement disparu. La Galilée était particulièrement riche en villes
et villages ; elle en comptait, au rapport de Josèphe, environ 204.
Les noms des villes de la Palestine
avaient
presque tous, comme dans tous les pays primitifs, une signification
particulière, tirée de leur situation, de leurs alentours, ou de leur
histoire; Rama, Ga-baon, Jérico, Rethléem, etc. ?. ces articles.
Plusieurs étaient composés, commençant par beth (maison), hir ou
kiriath (ville), hatsar (la terminaison correspondante, cour, est très
fréquente en France, notamment en Picardie, Hargicourt, Achicourt,
Jancourt, etc.), hémek (vallée, vallon), abel (pré, prairie), beér
(puits, comme en français Fontainebleau), hen (source),— et après
l'exil, surtout par kephar, ou capher (village, Capernaùm). Les noms
commençant par bahal trahissent une origine cananéenne, comme on trouve
dans tous les pays quelques restes de leurs anciens habitants païens
(Tem-pleux, Templum Esi, etc.). Quelques noms affectaient la
terminaison du duel, d'autres celle du pluriel ; ailleurs, v.
Beth-horon, on distinguait par supérieure et inférieure deux villes
voisines du même nom (chez nous Aizecourt-le-Haut, Aize-court-le-Bas) :
si ces villes du même nom étaient éloignées l'une de l'autre, on les
distinguait par le nom de tribu, ou par tel autre caractère distinctif,
comme on dit Châlons-sur-Saône ou Chàlons-sur-Mar-ne,
Francfort-sur-le-Mein, ouFrancfort-sur-1'Oder. Les Hérodes changèrent
plusieurs noms anciens, et les remplacèrent par des noms romains en
l'honneur des maîtres du pays, Césarée, Sébaste, Néa-polis, Diospolis,
mais il n'est que peu de ces noms qui aient réussi à déposséder
l'ancien ; Neapolis ou Naplouse est presque le seul que l'on connaisse
généralement, mais on n'a pas oublié Sichem, et les habitants du pays
ont jusqu'à nos jours conservé en partie les noms pri-mitifs des lieux
qu'ils occupent.
On ne sait que fort peu de chose de la
population des villes Israélites, ?. Jérusalem, et les chiffres épars
desquels on pourrait essayer de tirer une conclusion, sont si rares
qu'on ne saurait s'y attacher. La différence entre les villes
(fortifiées), et les bourgs ou villages (sans murailles), n'est pas
marquée dans l'Ancien Testament ; ce n'est que vers la fin que l'on
commence à l'apercevoir, Ez. 38,11. Néh. 11, 25. Le Nouveau Testament
distingue en revanche les villes des bourgs ou bourgades, Mat 10,11.
Marc 1, 38. 6, 06. 8, 27. Luc 8, 1. 13, 22. Act 8, 25. Les bourgs sont
par exemple Bethphagé, Emmaùs,Bethléem. Cependant cette différence
n'est pas toujours rigoureusement maintenue, ni dans le Nouveau
Testament (v. Bethsaïda), ni dans Josèphe, qui donne une fois le nom de
bourg à une ville très peuplée et entourée de murailles. La plupart des
endroits dont le nom commence par Caper étaient des bourgs, quoique
Caper signifie village, et l'on doit supposerqu'après n'avoir été
d'abord que des villages, ils s'étaient petit à petit agrandis, comme
tant de villes en Allemagne dont le nom se termine par dorf (village).
Nous n'avons pas de détails non plus sur
les
autorités locales, ou municipales, si l'on peut employer ceg mots en
parlant de la nation juive. Il est parlé de juges Deut16,
IS.(shôterim), mais l'expression est douteuse, et Dengstenberg y
verrait plutôt une espèce de greffier ou d'écrivain public : les
anciens paraissent avoir été les conseillers de ville, comme juges et
comme administrateurs, et avoir formé un véritable conseil municipal,
sans le nom. Depuis l'exil, il est parlé de magistrats présidés ou
dirigés par un archonte, ou chef (Josèphe), et de chefs, surveil-lants,
ou commissaires de districts, dont les attributions ne sont pas
déterminées; v. aussi Sanhédrin.
Aux portes des villes se
tenaient des sentinelles
qui faisaient le guet, et donnaient des avertissements, soit en criant,
soit au moyen d'une trompette ou d'un cor, 2 Sam. 18, 24. 2 Rois 9,17.
cf. Es. 21, M. Ps. 127, 1. Jér. 6,17. Ez. 33, 6. Des gardes de nuit
sont mentionnés Cant. 3, 3.
Quant aux communications
des villes entre elles, v.
Routes. Des pierres mil-liaires marquant la distance qui les séparait
furent posées pendant la période romaine. On n'a presque pas de
données, soit sur la distance, soit sur la position respective des
différentes villes ; les in-dications ne sont qu'approximatives, et se
rapportent au cours du soleil, Gen. 12, 8. Jug. 21, ! 9. Les travaux de
Josèphe, d'Eusèbe, surtout de Jérôme, les vieux itinéraires, les tables
d'Abulféda, sont particulièrement précieux à consulter. Les travaux
modernes, en revanche, ne peuvent être lus qu'avec beaucoup de
précautions, la manie de l'ignorance étant de deviner, le danger des
hypothèses étant de flatter l'amour-propre, et de convain-vre leur
auteur plus que ne ferait souvent la certitude, et l'Orient ancien ne
pouvant plus guère être que deviné. Le Voyage de Schubert est parmi
ceux qui renferment le plus d'observations importantes, et le moins
d'hypothèses affirmées. Les Français sont restés bien en arrière des
Allemands sous le rapport des recherches consciencieuses, et sauf
l'Itinéraire de Chateaubriand, leurs ouvrages sont plutôt des affaires
de poésie ou d'impressions.
Pour ce qui concerne les
villes de refuge et les
villes des Lévites, v. ces articles.
VIN. Quant à sa fabrication, v. Vignes. Quant à
son usage dans les festins et dans les sacrifices, ?. ces articles et
Libations. — Act 2,13. mentionne une espèce particulière de vin,
renommée par sa douceur, et non du vin nouveau, car ce n'était pas la
saison ; il est possible que chez les Juifs ce nom s'appliquât par
excellence au vin de sorek (ci-dessus, p. 442).
On ignore si les Juifs avaient, comme les
Grecs
et les Romains, l'habitude de mettre de l'eau dans leur vin ; Es. 1,
22. 2 Cor. 2, 17. parlent de vin frelaté. Les Orientaux modernes
boivent le vin à part, et l'eau à part. Quoique le Talmud parle de vin
mêlé d'eau, il est probable que les anciens Israélites cherchaient
plutôt à augmenter la force du vin au moyen de diverses épices, de la
myrrhe, de l'opium, etc. Es. 3,22. Ps. 75, 8. Cant. 7, 9. D'après
Hitsig cependant, Esaïe parlerait d'un mélange du vin avec de l'eau,
mais avec de l'eau chaude. Le vice de l'ivrognerie était commun chez
les Hébreux, et soit que Noé connût déjà l'usage du vin, soit qu'il
l'ait inventé ou expérimenté le premier (ce qui n'est pas constant), il
en a légué les dangers à tous ceux à qui il a légué le vin ; les
prophètes en parlent fréquemment, Es. S, 22. 19, 14. 28,1. Os. 7, 5.
Jér. 23,9.cf. Prov. 23,20., et les livres historiques en rapportent
quelques exemples, 1 Sam. 25, 36.1 Rois 16, 9. La loi même y fait une
allusion, Deu 21, 20. — Le vin était défendu aux nazariens et aux
prêtres, pendant tout le temps qu'ils étaient occupés au service de
l'autel, Nomb. 6, 3. Lév. 10, 9. Les Récabites avaient reçu et accepté
de leur père la même défense, Jér. 35.
Gen. 49, 14. annonce que
la tribu de Juda sera une
terre abondante en bon vin, et c'est sur son territoire, en effet,
qu'on remarque les meilleurs vignobles.
Ez. 27, 18. parle d'un
vin de Helbon (ou gras,
onctueux), que l'on vendait aux foires de Tyr, et qui était
particulièrement recherché. Le vin du Liban, Os. 14, 7. (mal traduit
dans Martin, celle du Liban), était célèbre par son arôme (ou bouquet);
peut-être était-il fabriqué.
On s'est beaucoup trop préoccupé du
passage
Jug. 9,13., où il est parlé du vin qui réjouit Dieu et les hommes.
Outre qu'on pourrait l'expliquer des libations qui sont faites en
l'honneur de Dieu, il faut remarquer que, dans ce passage, c'est la
vigne qui parle, un être imaginaire, mythologique, sans aucune
prétention à devenir une autorité dogmatique. Sa déclaration n'est pas
plus bonne à croire que son égoïsme à imiter.
Prov. 31, 4-6. parle d'un vin que l'on
donnait
à ceux qui étaient affligés, et, selon les rabbins, il s'agirait dans
ce passage d'un vin falsifié, ou d'une liqueur forte, qu'on faisait
boireà ceux qui étaient condamnés au dernier supplice pour les étourdir
moralement, ou même pour les engourdir physiquement, et provoquer une
sorte d'insensibilité semblable à celle que produit l'éther ou le
chloroforme. C'est de ce vin qu'on aurait oifert à Jésus sur le lieu de
son supplice, Marc 15, 23., et quelques-uns le distinguent du vinaigre
mêlé de fiel qu'on lui aurait offert d'abord, et qu'il aurait également
refusé, Mat 27, 34. Luc 23, 36. Cependant, il ne s'agit dans ces
passages que dune seule et même boisson, dont l'amertume était le
caractère principal, Ps. 69, 21. Jésus la refusa, non parce qu'elle
était amère, mais parce qu'il voulait mourir avec la conscience du
supplice et de la mort, et vider la coupe jusqu'au bout. Il ne faut pas
confondre ce vin amer avec le vinaigre qu'on approcha plus tard de ses
lèvres, Marc 15, 36., soit pour le soulager, soit pour raviver ses
douleurs en ranimant ses forces.
Vin artificiel, v.
Cervoise.
VINAIGRE. Il y en avait apparemment de deux sortes :
l'une dont les gens du peuple buvaient ordinairement pour se
désaltérer, en le mélangeant d'eau ou d'huile, Ruth 2,14., l'eau ne
pouvant désaltérer à la longue sous ce soleil ardent : c'était une
espèce de piquette, ou de petit vin, que les nazariens devaient
s'interdire comme le vin véritable, Nomb. 6, 3.; — l'autre était plus
acide, et ne se buvait que difficilement, Ps. 09, 21. Prov. 10, 26. 25,
20. On faisait du vinaigre avec du vin, de la bière, du cidre, et même
avec de l'eau; le vin de palmier s'aigrit si on le garde trois ou
quatre jours. Les Orientaux, jusqu'à nos jours, aiment à se rafraîchir
avec de bon vinaigre étendu d'eau, et les soldats romains ne buvaient
guère autre chose dans leurs expéditions. Si le vinaigre qu'on offrit à
Jésus sur la croix, Mat27, 48., est le même que celui qu'on lui avait
offert avant le supplice, on peut voir ce qui a été dit à l'art. Vin.
On y faisait dissoudre du fiel ou de la myrrhe, qui en augmentaient
l'amertume. Dissoute dans de bon vin, la myrrhe lui donnait un fort
goût aromatique (lauda-tissima); le vin de myrrhe était exquis, et il
n'est guère probable qu'au milieu de tant d'ignominie, ce soit du vin
qu'on ait offert au Sauveur; il a goûté le vinaigre amer.
VIOLON, v. Musique.
VIPÈRE, serpent vivipare, v. Serpent.
VISIONS, v. Prophètes.
VISITES. La Bible ne donne que peu de détails sur le
cérémonial des visites que les Israélites se faisaient entre eux. Le
lavage des pieds paraît avoir été l'une des parties les plus
essentielles et les plus ordinaires de ce cérémonial, Gen. 18, 4. 24,
32. Jug.19, 21.1 Sam. 25, 41.Luc 7, 44. De nos jours encore, ce devoir
subsiste. On brûle de l'encens devant son hôte, Dan. 2, 46., ou l'on
arrose sa barbe d'une huile odoriférante, cf. Luc 7. Après ces
témoignages d'affection, l'on se hâte de lui fournir de la nourriture,
et l'on prend soin de sa monture, s'il y a lieu, cf. Gen. 18,4.24,32.
Jug.19,21.Des présents réciproques étaient également chose ordinaire
dans les visites faites ou reçues.
Les épreuves et les afflictions sont
souvent
appelées des visites ou visitations de Dieu, Ex. 20, 5. 32, 34. Lév.
18, 25., expression bien surprenante dans un livre qui nous parle d'un
Dieu d'amour; mais c'est aussi un Dieu de justice, et le même mot se
prend ailleurs en bonne part, Gen. 21,1. Ex. 3,16.1 Sam.2, 21. Luc
1,68. L'idée fondamentale qui justifie l'emploi de ce mot, c'est que
rien ne se fait sans la volonté de Dieu ; tout ce qui arrive, bien ou
mal, doit rappeler à l'homme que Dieu a passé par là, que Dieu est là,
qu'il se manifeste ; ce qui nous paraît douloureux ne l'est que d'une
manière relative; l'action de Dieu sur l'homme a pour objet, non le
temps qui nous échappe, mais l'éternité qu'il nous offre, et les
épreuves sont des appels au bonheur ; l'affligé est rappelé tout
ensemble au sérieux et à l'espérance ; l'homme heureux, est appelé à la
reconnaissance et à la foi.
VOEUX. On en distinguait de deux sortes chez les
Hébreux : les vœux positifs, et les vœux négatifs, ou la promesse faite
à Dieu de s'abstenir de certaines choses; le nazaréat était le plus
important de ces derniers, parmi lesquels on peut compter aussi
l'interdit, cf. Quant aux vœux positifs, c'est-à-dire la promesse de
faire une chose à l'honneur de l'Eternel, on en retrouve la trace dès
les temps les plus anciens : Jacob promet à Dieu la dîme de ses biens,
si Dieu bénit son voyage en Mésopotamie, Gen. 28,20. Tous les peuples
de l'antiquité ont connu cette espèce d'engagement de l'homme vis-à-vis
de Dieu (Iliad. 6, 308. Odyss. 3, 382. Virg., Enéid. 5, 234., etc.), et
la cause s'en trouve dans les idées anthropomorphiques et
anthropopathiques qu'on se faisait de Dieu, comme s'il ne consentait à
accorder certaines choses que sous condition, et en réclamant pour sa
part quelques avantages correspondants. Ce pas de vue n'est pas
contraire à la piété, mais il est contraire à la vérité, et des idées
saines sur Dieu et sur l'homme ne s'accorderont jamais avec une théorie
des vœux, souvent fatale, toujours inintelligente. On faisait des vœux
lorsqu'on se trouvait dans une position pénible ou désespérée, Jug. 11,
30. Jon. 1,16., quelquefois pour obtenir la possession d'une chose
désirée, 1 Sam. 1,11.2 Sam. 15,8., et leur accomplissement était
considéré comme un des plus impérieux devoirs, Jug. 11, 39. Eccl. 5, 4.
cf. Ps. 66,13. 76, 11.116,18. Moïse ne combattit pas les vœux en
théorie, quoiqu'il ne les recommandât pas non plus; mais, comme
toujours, il en restreignit l'usage par des prescriptions de nature à
prévenir, autant que possible, les inconvénients domestiques ou publics
qui pouvaient en résulter. Un vœu devait im-manquablement et
entièrement être rempli, Deu 23,21.Nomb. 30, 3.; aussi Sa-lomon
recommande-t-il de n'en faire jamais qu'avec circonspection, Prov.
20,23.
Des personnes non indépendantes, telles
que des
esclaves, des femmes, des filles (il n'est pas parlé des fils qui,
cependant, ne sauraient être absolument exceptés), n'avaient pas
ledroit de faire un vœu sans le consentement formel de leurs
supérieurs, maîtres, parents ou tuteurs, Nomb. 30, 4. Un vœu fait
intérieurement ne suffisait pas : pour lier, il devait avoir été fait à
haute voix, Deu 23, 23. Il va sans dire qu'on ne pouvait pas vouer à
Dieu quelque chose d'imparfait, lorsqu'on était en état de faire mieux
; mais il résulte de Mal. 1,14. que la lésinerie s'en était mêlée, et
qu'avec le temps les vœux ne comportaient plus un bien grand
renonce-ment ; c'était un moyen de se débarrasser pieusement de ce dont
on ne pouvait plus faire usage soi-même.
Tout ce qui avait été voué pouvait se
racheter,
moyennant un certain prix fixé d'avance, même les personnes (les
enfants par exemple) qui s'étaient vouées, ou avaient été vouées à
l'Eternel par leurs parents, pour le service du tabernacle, Lév. 27,
cf. I Sam. 1, 11. Des animaux impurs, des maisons, des héritages
pouvaient être rachetés ; l'estimation en était faite par le prêtre, et
il fallait payer un cinquième en sus de leur valeur. Celui qui ne
rachetait pas son champ en était légitimement et pour toujours
dépossédé ; en l'année jubilaire ce champ était réuni aux domaines du
temple, si celui qui l'avait voué en était le vrai possesseur par
héritage ; s'il n'en était propriétaire que par achat, ce champ
retournait à son maître primitif, pour que la succession des héritages
ne fût pas interrompue,. On ne voit du reste aucun exemple de vœux
pareils, et il paraît que les réserves et les restrictions imposées par
la loi étaient assez gênantes pour équivaloir dans ces cas à une
interdiction réelle. — Il n'était pas permis de vouer à l'Eternel ce
qui lui appartenait naturellement, comme les premiers-nés. Le salaire
de la débauche ne pouvait non plus être affecté aux choses saintes,
qu'il s'agît d'une femme ou d'un homme, Deu 23, 18. (dans ce passage le
mot chien a le même sens que Apoc. 22, la. cf. Rom. 1, 24.) : cette
défense était une condamnation formelle
des mœurs païennes, notamment de celles
des
Phéniciens, qui déposaient dans les temples de leurs dieux le prix de
la prostitution.— L'accomplissement d un vœu était souvent accompagné
de sacrifices et de festins, comme aussi un sacrifice pouvait avoir été
lui-même l'objet d'un vœu, Lév. 7,16. 22,18. 21. Nomb. 15,3. Deu 12,
17. 1 Sam. 1,21.2 Sam. 18, 7.
Quant au vœu de Jephthé,
v. cet article.
Dans le Nouveau Testament il n'est parlé
de
vœux que deux fois, et, chose singulière ! c'est à propos de l'apôtre
des gentils, de Paul, de celui qu'on accusait de renverser la loi. On
ne sait à quelle occasion il fit son premier vœu, Act 18, 18.: on
suppose qu'il avait couru quelque grand danger, et que selon l'usage
juif il fit un vœu, non pas de nazaréat proprement dit, comme le
pensent certains auteurs, mais de purification ou d'actions de grâce,
de nazaréat temporaire. Ce vœu consistait à promettre un sacrifice, à
s'abstenir de vin trente jours à l'avance, et à se faire couper les
cheveux. On s'explique ainsi la hâte avec laquelle, venant de Cenchrée,
Paul traver-sa Ephèse pour se rendre à Jérusalem. Il n'est pas probable
que ce vœu ait aucun rapport avec celui dont il est parlé plus tard,
Act 21, 24.; ce dernier fut fait à l'instigation de Jacques et des
chrétiens de Jérusalem, qui désiraient que Paul prouvât par un acte
public, qu'il était encore attaché aux formes et aux habitudes du
judaïsme ; la cérémonie qu'on lui demandait, était de ces choses qu'il
pouvait faire sans mentir à ses principes ; en contribuant à la dépense
de la purification de quatre chrétiens juifs, il montrait sa largeur
d'esprit et sa tolérance pour les formes. Ce vœu néanmoins laisse
quelque trouble dans l'esprit ; Dieu ne le bénit pas ; une émeute
éclata, Paul fut arrêté, incarcéré, conduit à Rome, et s'il eut
l'occasion d'y rendre témoignage à l'Evangile, ce fut au prix de sa vie.
VOILE, ?. Tabernacle. Dans l'Orient, ancien et
moderne, le voile a toujours été l'une des parties les plus importantes
de la toilette d'une femme ; les esclaves seules, et les danseuses qui
étaient en même temps filles publiques, faisaient exception
à cette règle,
quelquefois aussi les femmes de la
dernière classe. Le même usage régnait également parmi les Juifs,
quoique chez eux, notamment à l'époque patriarcale, l'étiquette fût en
général moins sévère. On voit chez leurs familles nomades, des filles,
et même des fem-mes, sortir sans voile ; mais la fiancée se voilait
devant son époux (nubere viro), Gen. 12, 14. 20,16. 24, 65. Le voile
dont s'enveloppa Tainar, Gen. 38, 15., était plutôt un déguisement que
l'enseigne d'une prostituée. Es. 3, 22. Cant. 5, 7., montrent combien
les voiles étaient re-cherchés ; ils étaient à la fois l'ornement de la
pudeur et celui de la beauté ; les femmes de distinction en portaient
souvent plusieurs les uns sur les autres. Les différents noms sous
lesquels ils sont désignés, ne peuvent suffire à caractériser leur
nature ou leurs différences; l'étymo-logie même, dans des affaires de
mode, n'est presque jamais un guide auquel on puisse se fier, ou dont
on puisse attendre des éclaircissements. Le rahal était probablement
une espèce de voile composé de deux pièces réunies près des yeux, de
manière à les laisser libres; lune des pièces était rejetéé en arrière
sur le dos, l'autre retombait en avant sur la poitrine, Es. 3,19. Le
radid, Es. 3, 23. Cant. 5, 7., était un grand voile de gaze qui
enveloppait la tête entière, et redescendait assez bas de tous les
côtés, comme les voiles des mariées ou des catéchumènes. On trouve
encore en Syrie et en Egypte, une troisième espèce de voile qui part
des yeux, et ne couvre que le bas du visage, le cou et la poitrine; il
est probable qu'il était connu des Israélites, et quelques bas-reliefs
des ruines de Per-sépolis prouvent qu'il est fort ancien ; mais ce
serait trop hasarder que de prétendre, comme on l'a fait, le retrouver
dans le tsahiph de Gen. 24, 65. 38,14., ou dans le tsamma de Cant. 4,1.
Es. 47, 2., la signification de ce dernier mot n'étant même pas assurée.
Voiles de vaisseau, v.
Vaisseau.
VOL. Les lois de Moïse sur le vol, Ex.20,15.,
avaient pour le moins autant pour objet d'indemniser le volé que de
punir le voleur ; elles étaient basées sur le principe de la
restitution, et de cette manière elles agissaient aussi efficacement
que des mesures plus répressives. La constitution du pays, où chaque
individu était propriétaire foncier, rendait ce système plus applicable
qu'il ne le serait dans nos sociétés modernes, où une partie de la
for-tune consiste souvent dans des créances insaisissables. — Le vol
simple était puni d'une restitution double, si l'objet volé n'avait été
ni dénaturé, ni vendu ; dans le cas contraire, la restitution était
quintuple pour un vol de bœufs, quadruple pour un vol de brebis, Ex.
22,1.4.7. 9. (Les bœufs et les brebis expriment ici des objets d'une
valeur plus ou moins considérable ; le concret est mis pour l'abstrait,
selon l'habitude de la loi; le juge devait suivre l'esprit et ne pas
s'en tenir à la lettre). Le vol du bétail était puni plus sévèrement
que celui d'autres objets, soit à cause de son importance chez les
Hébreux, soit à cause des facilités qu'on avait pour en détourner
quelques pièces. Celui qui ne pouvait payer l'amende devenait l'esclave
de son créancier, si toutefois l'amende équivalait au prix d'un
esclave, Jos. Ant. 16,1,1. D'après Prov. 6, 31., la restitution aurait
été portée au septuple au temps de Salomon, modification qui, d'après
Michaélis et Cel-lérier, s'expliquerait par l'insuffisance de la règle
ancienne quand le luxe et le commerce vinrent, sous les rois, changer
la nature de la propriété : toutefois ce pas-sage est susceptible d'une
interprétation plus large, et le chiffre indiqué serait un nombre rond
souvent employé. Le voleur de nuit pouvait être tué s'il était surpris
en flagrant délit, Ex. 22, 2. 3., soit parce qu'on était censé ne pas
connaître ses intentions et sa force, soit parce que la difficulté de
le reconnaître diminuait les chances d'une restitution. — Les lois de
Solon et des anciens Romains avaient plus d'un rapport avec celle des
Juifs sur le vol ; elles admettaient la restitution multiple, et le
droit de tuer un voleur nocturne.—Le vol d'hommes était
impitoya-blement puni de mort, Ex. 21, 16. Deu 24, 7. cf. 1 Tim. 1,10.
C'était une espèce de traite fort facile dans un pays dont presque la
moitié des frontières étaient maritimes ; on pouvait aisément se
débarrasser de celui dont on faisait un esclave, et le séparer pour
toujours des siens : la peine ne pouvait être trop sévère ; les rabbins
disent que le coupable était étranglé.
Le vol ne paraît pas avoir emporté chez
les
Hébreux une infamie particulière ; c'était un acte coupable, mais pas
honteux, surtout lorsqu'il se faisait en grand. Il semble qu'on le
considérât comme une industrie chanceuse pour celui qui l'exerçait,
préjudiciable à celui contre qui on l'exerçait, mais comme une
industrie. C'était bien l'idée païenne, et dans tous les temps, on a
plus ou moins respecté le vol heureux ; de nos jours encore, on
respecte la contrebande et l'agiotage, pourvu qu'ils réussissent.
Jephthé était plus ou moins chef de voleurs, Jug. 11,3. Les gens de
David en fuite n'avaient guère d'autre métier, 2 Sam. 3,22., et les
pillages nombreux qu'on trouve dans sa vie, touchent de plus près au
brigandage qu'à la guerre, 1 Sam. 30, 8. 23. cf. 2 Sam. 4, 2. 1 Rois
11,23. 24. Job 1,17. — Il semblerait que Salomon excuse le vol commis
par besoin, Prov. 6, 30.; il ne le dispense pas de la peine, mais il
l'affranchit de la honte, et en fait dans tous les cas une chose à
part, un vol d'une nature particulière. « On ne méprise pas un larron
s'il dérobe pour remplir son âme quand il a faim. » Ce passage,
d'ailleurs, n'a pas un caractère législatif, ainsi que le prouve le
verset suivant; il exprime simplement ce qui est dans le cœur de
chacun, c'est qu'il y a une différence morale énorme entre celui qui
vole par cupidité et celui qui dérobe un pain pour satisfaire sa faim
et celle de ses enfants. Dans ce dernier cas, la société a sa part de
responsabilité.
VOLAILLES, v. Poules.
VOYAGES. Les Orientaux ont toujours beaucoup moins
voyagé que les peuples de l'Europe, et ils ne le font jamais que pour
affaires. Ils ne voyagent pas pour leur plaisir, leur plus grande
jouissance consistant à rester tranquilles chez eux.
Outre le caractère souvent mou des
Orientaux,
diverses raisons contribuent à rendre les voyages difficiles dans ces
contrées, l'ardeur du climat, les déserts à traverser, le mauvais état
des chemins, le manque d'hôtelleries, la crainte des bandes de voleurs,
etc. Ceux qui sont obligés de se mettre en route, se réunissent
ordinairement en caravanes, souvent aussi nombreuses qu'une petite
armée, et pourvues de toutes les provisions nécessaires. Une
avant-garde et une arrière-garde armées, protègent la marche. Dans les
déserts on prend volontiers un guide qui puisse, à de vagues indices,
reconnaître le chemin, cf. Nomb. 10, 31. Dans les pays habités, comme
la Palestine, on peut se hasarder à voyager seul. Les riches
voyageaient en voiture, les autres sur des ânes ou à pied ; ceux-ci
portaient ordinairement avec eux, dans des sacs, leurs provisions de
route, Mat 10,10., et souvent une tente légère, sous laquelle ils
campaient quand ils ne pouvaient atteindre une hôtellerie. Lors des
grandes fêtes, les Juifs de toutes les parties du pays montaient à
Jérusalem, réunis en caravanes, et poussant des cris d'allégresse, Luc
2, 42. Les voyageurs trouvaient partout une hospitalité affeclueuse (à
l'exception de Juifs chez les Samaritains, ou l'inverse); cependant, il
paraît que dans les derniers temps, des espèces d'auberges, tenues par
des étrangers et non destinées aux Juifs, s'établirent sur
quelques-unes des routes les plus fréquentées de la Palestine.
Lorsqu'on savait l'arrivée d'étrangers de distinction, on allait à leur
rencontre, et on les recevait avec toutes sortes d'égards, 2 Macc. 4,
22. v. Hospitalité. On faisait de même la conduite aux hôtes qui
partaient, Act 13, 13. 20, 38. 21, 5. Rom. 15, 24., etc. Lorsque les
Juifs de la Galilée se rendaient aux fêtes de Jérusalem, ils passaient
par la Pérée, pour éviter la Samarie; cependant, comme c'était un
détour considérable, ils étaient quelquefois obligés de prendre ce
dernier chemin, Luc 17,11. Jean 4, 4.; mais ils se munissaient alors de
provisions suffisantes pour n'être pas obligés de rien demander aux
Samaritains, ce qui ne les empêchait pas d'avoir quelquefois des
difficultés et des altercations avec ceux-ci.
V. Routes. Hôtelleries,
etc.
VOYANCE
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