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RABBA. 1° Ville des
montagnes de Juda, Jos. 15, 60.
Ce nom, qui signifie grande, désigne une ville distinguée, soit par son
étendue, soit par son rang comme capitale d'un pays ; il était ainsi
commun à plusieurs villes, et pour les distinguer, on ajoutait à ce nom
celui du pays ou du peuple auquel la ville appartenait. C'estainsi que
nous avons encore 2° Rab-bath-Hammon, capitale des Hainmonites, Deu 3,
11. Jos. 13,23. Après l'injure faite aux députés d'Israël, elle fut
assiégée par Joab et conquise par David, 2 Sam. 11, 1. 12, 26. cf. 1
Chr. 20,1., mais elle ne resta pas entre les mains des Israélites, Jér.
49,2. A l'époque delà domi-
nation
macédonienne, elle reçut de Ptolé-mée
Philadelpbe le nom de Philadelphie, et c'est sous ce nom qu'elle est
citée par les écrivains grecs et romains, ainsi que par Josèphe en
plusieurs endroits; elle est aussi mentionnée sur des médailles
romaines comme ville de l'Arabie, ou plus exactement de la Cœlésyrie et
de la Déca-pole, et comme chef-lieu du district arabe de Philadelphène.
Cependant elle a conservé sur les lieux son ancien nom, qu'A-bulféda
donne encore à ses ruines. Défendue par son assiette naturelle,
fortifiée par l'art, située sur les bords d'une grande rivière et au
milieu d'une contrée fertile, elle existait depuis plusieurs siècles,
lors-que 600 ans av. J.-C. Jérémie écrivait : Rabba sera un monceau de
désolation, 49, 2. Rien ne faisait prévoir alors l'accomplissement de
cette prophétie, etlesHam-monites ne pouvaient imaginer que leur
capitale, leurs forteresses et leurs opulentes cités seraient un jour
transformées en vastes champs découverts où viendraient paître les
chèvres et les brebis. Cependant la prophétie s'est accomplie, Seetzen
et Burckhardt décrivent avec détails ce qu'ils ont vu sur l'emplacement
de l'ancienne Rabba ; l'on y trouve encore des ruines remarquables qui
attestent une splendeur qui n'est plus, des palais, des temples, des
débris de murailles, les restes d'un amphithéâtre, de majestueuses
colonnades, un pont dont les arches sont élevées, un château qui a dû
être très fort, une plaine jonchée de ruines d'édifices particuliers,
v. Keith, chap. IV. Ammon.
3°
Rabbath-Moab, capitale des Moabi-tes. v. Uar.
RABBI (mon maître), et
Rabboni, titre d'honneur des
docteurs de la loi juive au temps de Jésus, comme de nos jours les
titres de magister, de docteur, de maître ès-arls ou ès-sciences. Le
peuple, et en particulier leurs élèves, donnaient cette qualification à
ceux qui remplissaient au milieu d'eux ces fonctions, Mat 23, 7. Jésus
l'a de même reçue de ses disciples et de ses adhérents, Mat 26, 25. 49.
Marc. 9, 5. 10, 54. 11, 21. Jean 1, 38. 4, 31. 20, 16. Il y avait une
hiérarchie doctorale, et l'on disait que le rabbi est plus grand que le
rab, mais le rabban est plus que le rabbi. Les Juifs ne comptaient que
sept rabbans, dont le principal est Siméon, fils de Hillel, à peu près
contemporain de Jésus. On ignore l'époque précise à laquelle ces noms
et leurs nuances ont pris naissance.
RABMAG, Jér. 39,13., doit
être traduit par chef des
mages ; c'était le titre de Nergal-Saréetzer.
RABSAKÉ, 2 Rois 18, 17. Es.
36, 2., général des
troupes de Sanchérib, envoyé de Lakis par son maître pour assiéger
Jérusalem, 712 av. C. Arrivé près de la ville vers le torrent de
Cédron, il conféra avec Eliakim et d'autres délégués d'Ezéchias, qu'il
étonna et qu'il effraya par l'audace de ses éloquentes bravades.
Parlant aux envoyés du roi de Juda, il voulait être en-tendu du peuple
et des soldats, et c'est à eux bien plus qu'à Eliakim qu'il s'adresse
réellement. II insiste sur tous les motifs qui doivent engager Ezéchias
à se soumettre ; il fait ressortir la faiblesse du royaume de Juda,
divisé et mécontent des réformes religieuses, la faiblesse de l'E-gypte
dont on songeait à réclamer le secours, les horreurs d'un long siège
qui finirait cependant par une capitulation, la protection divine
acquise à l'Assyrie. Mais ses menaces comme ses promesses furent
inutiles, et après avoir probablement laissé Tarta et Rabsaris devant
les murs de Jérusalem, il retourna auprès de son maître au camp de
Libna. — Rabsa-ké, qui signifie en caldéen échanson, est plutôt un
titre qu'un nom propre. Les officiers de la maison royale en Orient,
servent aussi comme officiers militaires du plus haut rang.
RABSARIS, % Rois 18, 17.,
officier de Sanchérib, qui
fut envoyé, avec Rabsaké, sommer Jérusalem de se rendre, et qui resta
sous les murs de la ville, après que Rabsaké fut retourné auprès de
Sanchérib. Le nom de Rabsaris qui signifie chef des eunuques, se
retrouve encore Jér. 39, 13., où il doit être traduit comme désignant
la charge de Nébusazban et non comme le nom d'un personnage nouveau. Il
est possible aussi que dans le passage 2 Rois 18,17., il désigne un
office plutôt qu'un nom propre.
RACAL, ville de la tribu
de Juda, 1 Sam. 30, 29.
RACHAB ou Rahab, femme
chez laquelle les envoyés de
Josué entrèrent à Jérico, et dans la maison de laquelle ils trouvèrent
un asile assuré contre les poursuites des gouverneurs de la ville, Jos.
2, 1. 6, 17. Elle reçut en échange de son hospitalité sa grâce et celle
de sa famille, lorsque les Israélites se furent rendus maîtres de
Jérico; un fil écarlate, probablement une pièce d'étoffe de cette
couleur pendue à sa fenêtre, servit à désigner aux vainqueurs la maison
qu'ils devaient épargner, comme dans la dernière nuit de la captivité
égyptienne, les poteaux des portes, teints de sang, arrêtèrent le bras
de l'ange exterminateur qui se promenait sur le pays. Elle avait cru au
Dieu d'Israël et fut reçue comme prosélyte par la nation sainte, qui
l'adopta ; elle épousa Salmon, et donna le jour à Booz, Iluth
4, 21. Malth. 1, S. — Le livre de Josué la désigne comme une femme de
mauvaise vie. Le Nouveau Testament, Ilébr. 11, 31. Jacq. 2, 2a., tout
en paraissant lui conserver ie même titre, rend hommage à sa foi et à
ses œuvres. Répugnant à l'idée de compter une débauchée parmi les
ancêtres de David et du Sauveur, les Juifs et les chrétiens ont essayé
de donner au mot grec et au mot hébreu, qui tous les deux désignent une
courtisane, mais qui, étymologiquement, peuvent aussi signifier une
hôtelière, cette dernière signification. C'est ce qu'ont fait en
particulier les Targums et Chrysostome. Mais il n'y avait pas
d'auberges proprement dites dans les anciens temps, comme dans l'Orient
moderne on n'en rencontre pas partout non plus. 11 faut remarquer
ensuite que Rahab était établie, qu'elle avait sa maison à elle, et
que, dans l'énumération de ses parents, elle ne fait cependant mention
ni de mari, ni d'enfants; or, soit qu'elle ait été hôtelière, ou
qu'elle ne l'ait pas été, l'établissement d'une fille indépendante de
ses parents est significatif, surtout si l'on tient compte de la
sévérité des mœurs orientales à l'égard des femmes honnêtes et de la
facilité avec laquelle la liberté des mœurs était interprétée en
mauvaise part. L'usage de la langue est positif, et l'on ne voit nulle
part, quoi qu'il en soit de l'é-tymologie, les mots qui désignent Rahab
désigner autre chose qu'une femme perdue, mais il faut se rappeler
aussi que les malheureuses qui avaient une fois mérité ce nom, le
conservaient alors même qu'elles ne vivaient plus dans la pratique du
mal, cf. Mat 21, 31.32. Rahab doit donc être considérée comme une femme
qui a exercé le métier de prostituée, mais qui, touchée par la grâce de
Dieu, frappée à l'ouïe des miracles que le Dieu d'Israël avait faits en
faveur de son peuple, a renoncé à sa mauvaise conduite et à son
idolâtre incrédulité. En recevant les espions, en les favorisant contre
son propre peuple, en demandant miséricorde pour elle et pour sa
famille, au lieu d'arrêter les projets d'Israël dès leur premier essai
d'accomplissement, et de trahir ceux qui cherchaient la ruine de
Jérico, elle a montré sa foi par ses œuvres; elle a reconnu que l'on ne
pouvait rien contre Dieu, mais tout pour Dieu. Le langage des apôtres
nous montre dans la conduite de Rahab une conversion du mal au bien, et
en joignant son nom à celui d'Abraham, celui de la courtisane à côté de
celui du père des croyants, ils ont voulu faire ressortir que devant
Dieu, ni la circoncision, ni l'incireoncision n'ont aucune efficace,
mais la foi agissant par la charité. RACHEL, fille cadette de Laban,
Gen. 29, 6. 46,19. Elle fut la première personne que rencontra Jacob
lorsque, fuyant la colère d'un frère, il se rendit en Mésopotamie. La
beauté de la jeune fille frappa Jacob, alors âgé de soixante-dix-sept
ans; cousin de Rachel, il songea à une alliance plus intime avec elle,
et sept années de service furent le prix auquel Laban la céda à son
neveu. Elle n'épousa cependant Jacob qu'après que celui-ci eut épousé
d'abord sa sœur Léa, moins belle, et moins aimée ; comme elle ne
donnait pas d'enfants à son mari, elle essaya de faire à sa sœur, plus
heureuse, une étrange concurrence; Bilha, sa servante, devint la
concubine de Jacob, et Rachel adopta les enfants issus de ce commerce
illégitime. Les deux sœurs, souvent aigries l'une contre l'autre,
finirent cependant par se rapprocher; dés mandragores cimenlèrent la
paix, et la naissance de Joseph, fils de Rachel, finit par ôter à
l'épouse préférée tout sujet de jalousie et d'irritation. Lors du
départ de Caldée, voyant son mari en butte à de sourdes inimitiés de la
part de sa famille, elle n'hésita pas à le suivre, déroba les
marmousets ou théraphims de Laban, et les cacha sous le bât de son
chameau, quand Laban, pour les retrouver, vint fouiller les tentes de
Jacob. Fort avancée dans sa dernière grossesse, elle marchait la
dernière avec Joseph, lorsque Jacob attendait avec crainte la rencontre
d'Esaii, et bientôt après, non loin de Bethléem, elle mourut en donnant
le jour à Benjamin, 35, 16. 48, 7. Jacob éleva sur son sépulcre un
monument qui prit son nom, et que l'on connaissait encore aux jours de
Saiil, 1 Sam. 40, 2. Le térébinthe dit de Tabor, qui se trouvait non
loin de ce tombeau, porte maintenant, d'après Troïlo, le nom de
térébinthe de la sainte Yierge. Le caractère de Rachel n'est pas assez
connu pour pouvoir être apprécié bien exactement : Nie— meyer la met
au-dessous de Léa quant à la bonté du cœur, et il faut avouer qu'elle
se montre jalouse, et vive dans la manifestation de sa jalousie; mais,
d'un autre côté, l'offense première était venue de l'intrigante ou trop
obéissante Léa, et Rachel pouvait à bon droit n'être pas contente.
Quant au reste, elle se montre sous un jour aimable, fille et femme
docile, peu riche en ruses, et maladroite quand elle essaie de
l'intrigue. On ne comprend pas, en particulier, à quelle intention elle
a dérobé les idoles de son père; ce ne pouvait être pour empêcher Laban
de les consulter sur la route de Jacob, car une fois découverte, elle
refuse encore de les rendre : il est difficile de supposer que ce soit
par cupidité, car, ces marmousets eussent-ils été d'or ou d'argent, ce
qui n'est pas prouvé, ces métaux n'avaient pas alors le prix qu'ils ont
de nos jours, et n'eussent ajouté que bien peu de chose à l'immense
fortune des fugitifs. Pour se venger de l'artifice qui lui avait
substitué sa sœur? mais la faute était vieille de treize ou quatorze
ans, et Rachel avait eu bien du temps pour se venger ou pour oublier
son offense. Pour détacher son père d'une pratique superstitieuse, en
lui enlevant les objets de son culte intérieur ? mais le vol serait un
singulier moyen de prosélytisme. Nous croyons plutôt que Rachel ne
s'est pas rendu compte de son action, et qu'elle a dérobé les
théraphims, cédant à un attachement instinctif et non réfléchi pour les
dieux de sa jeunesse, aussi bien qu'à une de ces envies si fréquentes
chez les femmes dans sa position. Quant au prétexte qu'elle donne, 31,
35., pour ne pas se lever, la manière dont on l'entend ordinairement
n'aurait pas même eu l'apparence de la plausibilité, et il faut le
rapporter plutôt à la grande fatigue du voyage pour une femme qui
devait bientôt mourir en donnant la vie à un fils. — Le nom de Rachel
est rappelé avec celui de sa sœur dans les vœux que Booz reçut des
habitants de Bethléem, Ruth, 4, 11. Dans le passage Jérémie 31, 15.,
Rachel pleure ses enfants, et refuse d'être consolée : ce morceau
prophétique fut inspiré à l'occasion du séjour de Jérémie à Rama, parmi
les captifs que Nébuzar-Adan y faisait passer en revue, 40, 1. La voix
est isolée, mais elle exprime la douleur de bien des mères, de toutes
les mères de Bethléem dont les fils sont conduits dans l'exil, de
toutes les mères de Benjamin dont Rachel est l'aïeule, et par
extension, des deux tribus que Rachel représente pleurant à Rama sur
son tombeau, parce que les Juifs de ce royaume sont arrachés du sol que
Dieu leur avait donné. Saint Matthieu, 2, 18., applique ce passage au
massacre des enfants de Bethléem, et l'on peut croire que Jérémie
lui-même, au milieu des souffrances du moment, pensait aux souffrances
de l'avenir, et aux promesses de l'Eternel, quand il s'écrie quelques
versets plus loin : « Jus-ques à quand seras-tu agitée, fille rebelle?
car l'Eternel a créé une chose nouvelle sur la terre, une femme
environnant un homme puissant (comme la mère entoure l'enfant qui est
dans son sein). »
RAGAU, Luc 3, 35., appelé
Réhu ou Réhhu, Gen. 11,
18. 1 Chr. 1,25., fils de Péleg, et père de Sarug, mourut à l'âge de
trois cent trente-neuf ans. 11 est nommé parmi les ancêtres de Marie
dans la généalogie du Sauveur.
RAHAB, v. Rachab. RAHMA,
descendant de Cam par Cus,
Gen. 10,7. 1 Chr. 1, 9., nommé à côté de Seba dans le premier de ces
passages, etEz. 27, 22., où l'on voit que le pays où il se fixa avec
ses descendants, abondait en encens, en or et en pierres précieuses, et
qu'il trafiquait avec Tyr et la Syrie. Les Septante rendent ce nom par
Rhegma, ville qui, selon Ptolémée 6, 7., était située dans la
Caramanie, sur les bords du golfe Persique. D'autres placent Rahma en
Afrique, mais cette opinion ne repose sur aucune base solide.
Braunschweig, enfin, voit dans Rahma le père des Indous, et les idées
obscènes de ce peuple sur la religion rendent assez probable sa
filiation de Cam ; on peut aussi comparer avec Rahma, le héros des
Indous devenu dieu sous le nom de ? rahma.
RAHMÉSÈS. 1° District de la
Basse Egypte, qui
comprenait le territoire de Goscen ; peut-être aussi la contrée de
Goscen tout entière, sous un autre nom que Jablonsky dérive des deux
mots coptes : rem ou romi, homme, et shos, berger; Remshos ou Rahmésès
désignerait donc un pays de bergers. — 2° Rahmésès, ville de la Basse
Egypte, que les Hébreux durent fortifier, et qui fut aussi leur
première station dans leur fuite, Ex. 1,11. 12, 37. Nomb. 33, 3. 5.
Tous les anciens interprètes ont conservé ce nom, excepté le
Pseudo-Jonathan, qui le traduit par Pélusium, évidemment à tort, et
Saa-dias, qui le rend par Héliopolis ; Jablonsky a essayé, par des
raisons étymologiques, de soutenir cette dernière opinion; ré signifie
soleil, et méésèchamp; champ du soleil ne diffère que peu de ville du
soleil ou Héliopolis ; mais cette dernière ville est généralement
désignée sous le nom d'On, et eue est positivement distinguée de
Rahmésès, Ex. 1, 11. On a pensé encore à Héroopolis, à Avaris, que
Salatis, roi des Hycsos, fit fortifier ; à Amris, à l'ouest du bras du
Nil de Rosette; mais ce ne sont que des hypothèses, et presque toutes
invraisemblables ou impossibles.
RAISIN, v. Vignes.
RAM. v. Aram 3°.
RAMA. 1”On donnait ce
nom, d'une manière générale,
à toute la contrée qui entourait Bethléem, Mat 2, 18.: c'est une
montagne de vignobles, entourée de toutes parts de vallées qui sont, du
côté oriental, très profondes et très escarpées, et qui seraient d'une
très grande fertilité si elles étaient mieux cultivées. Le sol de toute
la contrée est excellent ; on y voit de gras pâturages, des champs
fertiles, des plantations d'oliviers, des grenadiers, des amandiers, et
surtout des figuiers.
2°
Rama, ville de la tribu de Benjamin, située sur
les montagnes d'Ephraïm, non loin de Guibha, Jos. 18, 25. Jug. 4, 5.
19, 13. Es. 10, 29. Os. 5, 8. Elle appartint plus tard au royaume
d'Israël, comme ville frontière entre ce royaume et celui de Juda, et
sa position était telle qu'elle pouvait interrompre toute communication
entre les deux états, ce qui engagea un roi d'Israël à en faire une
ville forte, 1 Rois 15, 17-22. 2 Chr. 16, 1. Jér. 40, 1. C'est dans son
voisinage que Rachel fut ensevelie, Jér. 31, 15. cf. 1 Samuel 10, 2.,
et, d'après cet indice, saint Jérôme la place à 6 milles, Josèphe à 40
stades au nord de Jérusalem, sur le chemin de Béthel. Rama signifie la
hauteur : elle est nommée aussi Ramatha ; Ramoth, les hauteurs, à cause
des montagnes voisines; Ramathajim, ou les deux hauteurs, peut-être à
cause de sa situation sur deux collines ; Ramathajim-Tsephim,
c'est-à-dire Rama dans le pays deTsouph.oudumiel, 1 Sam.1,1. 7,17. 9,
5. Plusieurs villes ont porté ce nom, ou un nom semblable, à cause de
leur position ; on bâtissait en effet plus volontiers sur les hauteurs,
qui présentent le double avantage d'un air plus sain que celui des
vallées, et d'une meilleure position militaire. La ville dont nous
parlons ici fut la patrie de Samuel ; il y naquit, y demeura, y mourut,
1 Sam. 1, 1. 2,11. 7,17. 15, 34.16, 13. 25, 1. On trouve encore un
village nommé Samuële, ou Ne-bi-Sahamiel, et, près de là, de fort
belles ruines en marbre qui occupent un espace de deux lieues de
circuit ; l'on y montre, dans une mosquée, un tombeau que les
chrétiens, les Juifs et les mahomélans, s'accordent à désigner du nom
de Samuel.
Rama
est appelée Ramathem, 1 Macc. 11, 34.,
Arimathée dans les Evangiles, Ar-mathem chez Eusèbe. Quelques essais
tendant à prouver la non identité de ces endroits n'ont pas réussi.
3°
Ville de Nephthali, Jôs. 19,36., probablement la
même qui est désignée comme frontière au verset 29.
RAMATH. \°v. Léhi.2°
Ramath-Mit-spé, v. Ramoth. 3° Ramath-Nègeb, ou Rama du midi, ville de
la
tribu de Si-méon, Jos. 19, 8. Elle est appelée Ra-moth-Nègeb, ou du
midi, 1 Sam. 30, 27.
RAMOTH. 1° Ramoth de
Galaad, ou Ramath-Mitspé, ville
lévitique, et ville de refuge, située en Galaad, sur le territoire de
la tribu de Gad, Deu 4, 43. Jos. 13, 26. 20, 8. 21, 38., probablement
la même qui est appelée Mitspé de Galaad, Jug. 11, 29. v. Mitspa G.
SousSalomon, elle fut la résidence d'un des pourvoyeurs de la maison
royale, 1 Rois 4, 13. Plus tard, elle tomba entre les mains des
Syriens, auxquels Achat) essaya inutilement de la reprendre, 1 Rois 22.
Elle finit cependant par être rendue à Israël, 2 Rois 9, 1. cf. 8, 28.,
et 2 Chr. 18. Eusèbe la place à 15 milles ouest de Philadelphie. Elle
était située sur une montagne qui domine la vallée du Jabbok et le
plateau de Galaad. On y trouve aujourd'hui une ville dont les valeureux
habitants sont presque indépendants des pachas turcs ; placée entre des
sommets escarpés, elle est défendue par une grande forteresse qui
occupe la pointe rocheuse d'une de ces hauteurs ; aux environs, sont un
grand nombre de jardins et de vergers, et ses vignes en terrasses
produisent en abondance des raisins, qu'on sèche pour les vendre. La
vue, depuis les cimes de la montagne, est très-étendue.
2° Ramoth, ville lévitique d'Issacar, 1
Chr. 6,
73., probablement la même que Rémeth, Jos. 19, 21., et Jarmuth, cf.
REMA
RAPHA, 2 Sam. 21,16.1
Chr. 20, 4., chef de tribu qui
paraît avoir été, comme Arbah et Hanak, d'une taille et d'une force
remarquable. On ne sait à quelle époque il a vécu ; ses descendants
furent nommés, de son nom, Réphaïms, et c'est sous ce nom qu'ils
apparaissent, à diverses reprises, dans l'histoire. Une branche de
cette famille, celle qui régna en Ba-san, et qui est mentionnée déjà du
temps d'Abrabam, paraît s'être éteinte, en partie dans ses luttes
contre les Moabites et les Hammonites, en partie dans les guerres
d'extermination de Josué, Gen. 14, S. 15, 20. Deu 3, 11. Jos. 12, 4.
13, 12. Leur territoîfe fut donné à la tribu deManassé. Une autre
branche subsistait encore aux jours de Saiil et de David, mais peu
nombreuse, et, pour ainsi dire, fondue avec la race des Philistins, de
telle sorte que ce n'est qu'accidentellement, et pour des hommes
extraordinaires, que cette ancienne origine est rappelée. Les Réphaïms
désignaient aussi, dans un sens plus général, toutes les peuplades
géantes qui habitaient l'ancienne Canaan, lesEmins, cf., lesZamzum-mims
et les Hanakins, Deu 2, 11. 20., ce qui favoriserait assez l'opinion de
ceux qui prétendent que le mot Rapha ou Ré-phaïm n'était pas un nom
propre, mais signifiait géant dans la langue de ces peuples.
La
Vallée des Réphaïms, qui se trouvait dans le
voisinage de Jérusalem, sur les frontières de Juda et de Benjamin, 2
Sam. 5, 18. 22. 1 Chr. 14, 9.13. 11,15. Es. 17, 5., semblerait indiquer
que des Réphaïms s'étaient, dans des temps fort anciens, établis en
deçà du Jourdain.
Ps.
88, 10. « Les trépassés se relèveront-ils pour
te célébrer? • Nos traductions sont exactes. Le terme hébreu Ré-phaïm
peut désigner les morts ; c'est dans ce sens qu'il est pris en
plusieurs passages, et le sens de la phrase exige qu'il en soit de même
ici. La Vulgate l'a traduit par médecins, ce qui se justifie par la
langue, mais non par l'esprit.
RËBECCA, Gen. 22-27, fille
du nomade araméen Béthuel.
Abraham la lit demander, par Elihézer, en mariage pour son fils lsaac ;
elle lui fut accordée avec empressement par cette famille, dont tous
les membres paraissent avoir eu une tendance plus ou moins prononcée à
la cupidité. Après vingt ans d'une union stérile, pendant laquelle, à
Guérar, elle avait couru le même danger que Sara, elle donna le jour à
deux jumeaux, Jacob et Esaii. Elle avait déjà pressenti leurs dis-
cordes futures ; par ses prières (car on
ne
peut entendre autrement les dernières paroles de 25, 22.), elle avait
consulté l'Eternel, qui lui avait annoncé que des intérêts contraires
diviseraient les enfants qu'elle portait dans son sein, et que le
premier-né serait assujetti au plus jeune. Soit inintelligence de ses
devoirs de mère, soit affection naturelle d'une mère pour celui de ses
enfants qui lui ressemble le plus, soit sympathie pour celui qui se
présentait le plus jeune, le plus faible, le plus féminin, soit
caprice, soit désir de se concilier d'avance les bonnes grâces de celui
dont elle savait bien qu'il finirait par triompher, soit esprit de foi,
et confiance en Dieu qui lui avait fait les promesses, et, dans tous
les cas, il y a eu de la foi dans sa conduite, sans qu'il soit facile
de dire en quelle proportion sa foi se combina avec ces autres éléments
ter-restres, elle témoigna, dès l'abord, pour Jacob, une préférence
coupable et imprudente qui, à elle seule, eût suffi pour diviser la
famille, et qui fut pour tous la source de longues épreuves. Forte des
promesses divines qui semblaient annoncer que le droit d'aînesse serait
transmis à Jacob, la faible créature voulut seconder les desseins du
souverain, et, par une suite d'intrigues dont le plat de lentilles fut
peut-être le premier anneau, et le faux gibier le dernier, de tromperie
en tromperie, elle finit par soutirer à Isaac la bénédiction de son
cher Jacob. Elle n'avait rien obtenu qu'elle ne dût obtenir; mais elle
avait péché pour l'obtenir, et elle fut punie par où elle avait péché.
La juste colère d'Esaii menaçait la vie de Jacob ; Rébecca dut se
séparer du fils qu'elle aimait tant ; elle cache son véritable motif
derrière une nouvelle accu-sation qu'elle dirige contre Esaii ; Isaac
éloigne Jacob, et Rébecca ne revoit plus ce fils pour lequel elle
s'était rendue si coupable. Lorsqu'au bout de vingt ans Jacob revint de
Mésopotamie, Rébecca n'existait plus ; elle reposait dans la caverne de
Macpélah, 49, 31.
Aimable et complaisante dans ses premiers
jours, comme le sont d'ordinaire les jeunes ambitieux, Rébecca, en
séchant avec l'âge, avait perdu cette grâce qui cache ou fait pardonner
l'esprit d'intrigue ; on n'aime en elle ni l'épouse, ni la mère, ni la
femme, car on n'aime pas les fourberies méditées pendant des années,
et, si la ruse qui fit donner à Jacob la bénédiction paternelle fut
ourdie en un instant, elle se rattachait cependant à tout un ensemble
de projets et d'espérances qu'elle croyait ne pouvoir réaliser que par
de mauvais moyens, oubliant que l'Eternel règne. Saint Paul, en
paraissant légitimer sa conduite, Rom. 9, 10., ne parle que du résultat
qui était conforme à la volonté de Dieu, mais non de ces stratagèmes
que la conscience humaine réprouve, que les lois divines condamnent, et
que Dieu n'a pas tardé à punir de la manière la plus cruelle pour le
cœur d'une mère. Dieu qui dicta à Jacob les bénédictions qu'il avait à
prononcer sur la tète de ses petits-fils, aurait su dicter aussi à
Isaac ses volontés ; Rébecca a voulu prendre sa place, mais elle a eu
le temps de s'en repentir. Meyer (dans ses Blœtter fur hœh. Wahrheit) a
exagéré ce qu'il y a eu de foi chez Rébecca ; d'autres ont essayé de
lui ôter tout caractère de foi, et ils n'ont pas moins exagéré ;
Rébecca savait ce que c'est que consulter l'Eternel.— Elle devait être
âgée de cent vingt ans au moins au départ de Jacob, qui en avait alors
soixante-dix-sept. (Isaac en avait alors cent trente sept).
RÉCA, un des chefs de la
tribu de Juda parmi les
descendants de Pharez, 1 Chr. 4,12. Son nom est mentionné sans doute à
cause de quelque illustration particulière, peut être comme chef d'une
expédition qui pendant le séjour d'Egypte sera venue se fixer en
Canaan. D'autres pensent que Réca est le nom d'une ville dont il ne
serait parlé qu'ici, et qui aurait été l'un des premiers établissements
des Hébreux, mais l'expression « hommes de Réca » indique plutôt la
descendance que l'établissement.
RÉCAB. 1°?. Bahana. — 2°
Récab, ou Réchab;
Récabites. Cette grande famille dont il est parlé Jér. 35, descendait
de Jé-honadab, ou Jonadab, cf. Elle avait pris le nom du père de son
fondateur, Récab, qui ne nous est connu que comme fils de Hamath,
Kénien, et descendant de Hobab beau-frère de Moïse, 1 Chr. 2, 35. 2
Rois 10,13., qui avait suivi les Israélites dans leur voyage par le
désert de l'Arabie, et s'élait établi ensuite dans la tribu de Juda,
apparemment dans le désert, puisqu'il était nomade. Les préceptes que
Jona-dab donna à sa famille furent observés avec plus de piété que la
loi de Dieu ne le fut par les Juifs, Jér. 35, 14., elles Récabites en
furent bénis, 35, 18. 19. La promesse que Dieu leur fit alors : « Il
n'arrivera jamais qu'il n'y ait quelqu'un de cette famille qui assiste
devant moi tous les jours, » phrase qui se prend soit pour marquer le
service du roi, soit pour indiquer le service du temple, semblerait
confirmer l'explication que les interprètes hébreux donnent de ce
passage, savoir que les Récabites étaient admis aux fonctions de
lévites dans le temple. Mais d'un autre côté la loi est trop positive,
qui fait de ces fonctions le partage exclusif des enfants de Lévi, pour
que l'on puisse admettre cette explication. Celle de Vatable, adoptée
par Dahler, qui compare Ps. 102, 28., nous paraît donc devoir être
préférée. « lis jouiront constamment de ma bonne grâce ; je ne cesserai
jamais de m'en souvenir ; ils seront sous mes yeux et je les protégerai
toujours. » Jérémie, du reste, ne dit pas comment cette promesse fut
accomplie. On cite l'inscription qui est en tête du Ps. 71, dans la
version d'Alexandrie : « Des fils de Jonadab et des premiers qui ont
été emmenés en captivité ; » mais outre que ces additions étrangères
n'ont aucune autorité, cette inscription ne prouverait pas qu'il s'agit
ici des Récabites. Grotius et d'autres supposent, d'après 1 Chr. 2,
35., que les Récabites sont revenus de l'exil de Babylone avec ceux de
Juda ; mais le texte ne l'indique pas, et l'auteur se borne à
recueillir les restes des généalogies de la tribu de Juda avant l'exil
sans jamais descendre au-delà. Une tradition rapportée par Hé-gésippe,
relativement à un prêtre de la race des Récabites qui aurait assisté au
supplice de saint Jacques, paraît ne reposer que sur un malentendu
qu'Epi-phane relève et corrige. Le témoignage de Benjamin de Tudéla
(douzième siècle), qui prétend avoir trouvé des Juifs qui se disaient
fils de Réchap, dans le pays de Théima, n'a pas convaincu D. Calmet,
parce que Tudéla n'est pas toujorus exact, et que le pays qu'il décrit
est inconnu à tous les géographes postérieurs. Les découvertes du
missionnaire Wolff, les informations qu'il a prises à Jérusalem sur les
René Kaibr, fils de Héber, dont parle Niebuhr, la rencontre qu'il a
faite de quelques individus qui se réclament du nom deRécab, et qui
vivent de la vie des Récabites, permettent de croire que cette famille
existe encore; cela n'aurait rien d'improbable, mais il faut attendre
de posséder des documents plus précis et plus détaillés.
Diodore de Sicile raconte' des
Naba-théens,
peuplade de l'Arabie, des faits semblables à ceux qui concernent la
constitution des Récabites, 19, 94. Afin de maintenir leur liberté ils
se sont imposé la loi de ne pas semer de blé, de ne planter aucune
espèce d'arbres à fruit, de ne pas boire de vin, de ne pas bâtir de
maison, et de punir de mort celui d'entre eux qui ferait l'une ou
l'autre de ces choses.
On
pourrait terminer cet article sans parler de
l'opinion du père Boulduc ; cependant elle se recommande par un côté si
extraordinaire, si original, qu'on ne regrettera pas d'en avoir pris
connaissance. C'est, selon lui, une espèce de secte, ou d'ordre
religieux, qui date d'Enos avant le déluge ; depuis cette époque, ils
ont été connus successivement sous les noms de Kéniens, Kéniziens,
nazariens, enfants des prophètes, Récabites, et pharisiens. Jusque-là
c'est un système comme un autre, faux et sans preuve. Mais ce qui en
fait un système hors ligne, c'est l'étymologie qu'il donne à ces deux
derniers mots ; il la découvre, 2Rois2,12. cf. 13,14. : «Mon père, mon
père, chariot d'Israël et sa cavalerie! «s'écriait Elisée en voyant
Elie monter au ciel dans un char de feu; et c'est dans ce chariot
(rekeb) qu'il voit l'institution des Récabites, dans cette cavalerie (
phara-shim) celle des pharisiens.
RECEVEUR, Dan. 3, 3., v.
Bailli.
REFUGE. De même que
l'antiquité grecque et romaine,
le mosaïsme reconnaissait en général des lieux ayant droit d'asile,
mais ces lieux n'étaient pas aussi nombreux, leur protection n'était
pas ?ussi efficace, aussi absolue, qu'elle l'était chez les paiens,
qu'elle le fut plus tard chez les romanistes. L'autel, dont le coupable
empoignait les cornes, dans le tabernacle d'abord, puis dans le temple,
fut le premier asile que les Hébreux reconnurent comme tel, Ex. 21,14.,
sans doute parce que le regardant comme siège de la divinité, ils ne
pensaient pas que la justice humaine pût intervenir là où celle de Dieu
se taisait. Mais cette protection se bornait au seul cas d'homicide
involontaire. Dans la suite, lorsque les Israélites furent établis en
Canaan, la loi, pour concilier les droits.du sang répandu avec l'équité
qui ne permet pas d'assimiler un crime à un malheur ou à une
imprudence, permit au parent du mort de poursuivre le meurtrier, mais
accorda à celui-ci le droit de fuir, et lui assura un asile pour le cas
où il saurait atteindre une ville de refuge avant d'avoir été frappé.
Six villes jouissaient du droit d'asile, trois à l'occident du
Jourdain, Kadès, Sichem, et Hébron, trois à l'orient, Betser, Ramoth de
Galaad, et Golan, Jos. 20, 7. 8. cf. Homb. 35, 6. Deu 19, 3. Ex. 21,
13. C'étaient des villes sacerdotales ou léviti-ques. Elles devaient
être d'un accès facile, ayec des routes partout bien entretenues, et
des ponts là où il en était besoin : là où le chemin se bifurquait, on
avait soin d'y mettre un écriteau indiquant la direction de la ville de
refuge. Chaque année les magistrats faisaient la visite des chemins
pour vs'assurer que leur entretien était bien ce qu'il devait être. Le
meurtrier, si l'enquête démontrait que son crime avait été
involontaire, devait, pour échapper aux vengeurs du sang, rester dans
la ville où il avait trouvé un refuge, jusqu'à la mort du souverain
sacrificateur sous le règne duquel le crime avait été commis. Ces
arrêts forcés étaient réellement une peine, comme l'exil dont les
Athéniens frappaient celui qui s'était rendu coupable du même crime ;
et il est remarquable que toutes les législations, même les plus
douces, aient senti la nécessité de condamner l'homicide involontaire
comme un délit contre Ta société. Si le meurtrier sortait de la ville
de refuge avant la mort du grand prêtre, il pouvait être tué impunément
par la famille du défunt, Nomb. 35, 28. Lorsque c'était un assassin qui
se réfugiait dans la ville, et que l'enquête établissait que le meurtre
avait été volontaire, il était remis entre les mains des juges
ordinaires, qui le condamnaient à mort, Nomb. 35, 21.
L'antiquité
païenne qui avait accordé le droit
d'asile aux autels, aux temples, à leurs parvis, à certaines villes et
à leur banlieue, y protégeait non seulement les meurtriers
involontaires, mais encore les débiteurs insolvables, et les pauvres
esclaves fuyant la barbare cruauté de leurs maîtres. Daphnéprès
d'Antioche,2 Macc. 4, 33., et le temple de Diane à Ephèse, étaient les
lieux de refuge les plus renommés de l'antiquité', et leurs droits
d'asile s'étaient considérablement accrus avec la suite des siècles.
RÉGDEMMÉLEC et Saretser. Deux
Juifs qui pendant la
captivité de Baby-lone, ou peu de temps après le retour, furent
envoyés, probablement de Béthel à Jérusalem, pour s'informer auprès des
! sacrificateurs de la maison de l'Eternel, et savoir si certains jours
de jeûne solennel établis et célébrés en mémoire de leurs'désastres, de
la destruction du temple, de la mort de Guédalia, de la prise de
(Jérusalem, etc., devaient continuer d'être célébrés, Zach. 7, 2. sq.
Le prophète, en répondant que ces jours étaient d'institution humaine,
ajouta qu'ils seraient ; changés en des jours de joie, d'allégresse et
de réjouissances, 8,19.
RÉHABIA;, petit-fils de
Moïse, par Elihézer son fils,
qui du reste n'eut pas pas d'autres enfants ; mais, ajoute l'auteur
sacré, 1 Chr. 23, 17. cf. 24, 81. 26, 25., les enfants deRéhabia
multiplièrent merveilleusement : remarque dont la portée échappe si
l'on oublie qu'une descen-dance nombreuse était considérée comme une
bénédiction divine. Un fils de Moïse n'ayant eu qu'un enfant, c'était
presque une tache pour la mémoire du législateur : cette tache est
effacée par la postérité nombreuse de cet unique enfant.
RËHI, un des principaux
officiers de
David,
lequel ne prit aucune part à la conspiration
d'Adonija, 1 Roisl, 8. On a remarqué que son nom ne se trouve dans
aucune liste des guerriers de ce temps, non plus que d'autres, tels que
Jonathan, que l'on se fût attendu à y rencontrer, 2 Sam. 23, 24. 1 Chr.
11, 26. Sa jeunesse peut-être, lorsque ces listes furent dressées,
peut-être aussi un changement de nom expliquent cette lacune ou cette
omission.
REHOB (rue, place). Deux
villes de la tribu d'Aser,
dont l'une était échue en partage aux Lévites, portaient ce nom, Jos.
19,28.30. cf. 21,31. L'une des deux cependant ne fut pas conquise, et
continua de rester au pouvoir des Cananéens, Jos. 19, 28. Jug. 4, 31.
C'est probablement la même qui est mentionnée, Nomb. 13, 22., comme
étant à l'entrée de Ha-math, et formant la frontière extrême de la
Palestine vers le nord, par opposition au désert de Tsin qui était au
midi. C'est probablement aussi la même que Beth-Réhob, Jug. 18, 28.;
elle était située à quelque distance de Kidon, dans une vallée de G
Anti-Liban, près de Laïs ou Dan, et non loin des sources du Jourdain
(Ro-senmuller). On la comptait comme faisant partie de la Syrie ou
Aram, et l'état d'A-ram-Beth-Réhob (la Syrie dans la contrée du
passage), 2 Sam. 10, 0., avait encore ses rois indépendants aux jours
de David.
RÉHOBOTH, nom qui indique
proprement des rues ou une
grande place. — 1° Isaac appela ainsi un puits qu'il avait creusé, et
pour lequel il n'y eut pas de contestation, Gen.26, 22.—
2°Réhoboth-Hir, que nos versions traduisent littéralement par « les
rues de la ville, » Gen. 40,11., comme Platée en Béotie pourrait se
traduire d'une manière analogue. C'était une ville d'Assyrie au suÉgple
laquelle les anciens interprètes varont ; selon les uns ce serait
Sittacé au sud de l'Assyrie, différente d'une autre Sittacé près du
Tigre, sur l'emplacement de l'ancienne Bagdad ; selon Ephrem ce serait
la province d'Adiabène ; Schulthess pense à Ra-haba, ville de
Mésopotamie à l'est de l'Eu-phrate, Bochart cherche autre chose encore,
de sorte qu'en définitive cette ville est complètement inconnue. — 3°
Réhoboth-Hannahar, ou du fleuve, Gen. 36, 37.1 Chr. 1,48., lieu de
naissance du roi édomite Saiil ; du reste inconnu. Cette ville était
sur l'Euphrate, peut-être là où s'élève maintenant le bourg de
Racha-bath-Malik-Ibn-Tauk.
RÉHU. v. Ragau.
RÉHUEL. v. Jéthro.
RÉHUM, Esd. 4, 8.,
officier du roi de Perse, et l'un
des plus violents ennemis des Juifs à l'époque de la reconstruction du
temple. Il obtint d'Artaxercès, par une lettre insidieuse, un édit qui
interdisait la continuation des travaux commencés, et de concert avec
quelques amis de son espèce, il pourvut lui-même à ce que cet ordre fût
exécuté. D'après le titre de la lettre on peut croire que c'étaient des
Babyloniens, mais la haine jalouse qu'ils témoignent contre la ville
sainte, et la connaissance qu'ils paraissent avoir de son histoire
indiqueraient plutôt une origine samaritaine.—Réhum est appelé
président du conseil, et l'on croit que ses amis et lui formaient une
administration spéciale, une espèce de conseil des colonies, ou des
affaires étrangères.
REMPHAN, Act 7, 43. v.
Caldée.
RENARD (hébr. Shou'hal). Cet animal était autrefois plus
connu en Palestine qu'il ne l'est de nos jours, cf. Mat 8, 20. Ez. 4 3,
4. Il dévastait les vignobles, Cant. 2, 15. cf. Aristoph. Chev. 1076.
Théocr. 5,112. Notre Seigneur en fait le symbole de la ruse cruelle, et
de la per-fidie, Luc 13, 33. Le passage Néh. 4, 3., désigne d'une
manière ironique la faiblesse des murailles de Jérusalem, qui sont
telles qu'un renard peut les renverser en essayant de les franchir. Le.
terme hébreu peut aussi désigner le chacal dans les passages Jug. 45,4.
Ps. 63,10., mais cette signification n'est pas nécessairement prouvée,
tandis que Lam. 5,18., il s'agit évidemment de renards. Il y a
d'ailleurs en hébreu un terme spécial pour marquer le chacal, cf.
REPAS. Les festins
proprement dits avaient lieu dans
la soirée, comme de nos jours encore le repas principal, chez les
Perses et chez les Orientaux, se fait habituellement vers les six ou
sept heures du soir, souvent même, plus tard. Mais cette coutume n'eût
pu convenir à un peuple agriculteur, tel que les Hébreux, et il résulte
de divers passages, 1 Rois 20, 16. Gen. 43, 25. Act 10, 9. 10. cf.
Susan. 7.13., que midi était l'heure ordinaire de leur dîner. Dans la
matinée ils prenaient un repas plus léger, un déjeûner, qui ne se
faisait généralement qu'après la première prière de la journée, Luc 14,
12. Jean 21, 12. Act 2, 15., et l'on croit que les jours de sabbat, à
cause de l'heure de la synagogue, les Juifs postérieurs ne mangeaient
rien avant midi (Jo-sèphe, Vita 54.). On se lavait soigneuse-ment avant
le repas, surtout lorsque, après l'exil, les Pharisiens eurent mis en
vogue leurs traditions, Matlh.15, 2. Marc 7, 2. Luc 11, 38., puis le
père de famille, ou la personne la plus respectée de celles qui étaient
à table, prononçait la bénédiction sur les aliments, au-dessus desquels
il étendait les mains, Luc 9,16. Jean 6. 11. Mat 14, 19. 15, 36.26, 26.
cf. 1 Tim. 4, 3. Dans quelques maisons juives, c'est encore un usage de
réciter le psaume 23.en se mettant à table. La prière terminée, on
apportait la viande coupée en morceaux, et quelques légumes, ser-vis
dans un plat large et profond où chacun se servait à sa fantaisie,
prenant avec les doigts pour le mettre' sur son pain, le morceau qu'il
avait choisi, et le mangeant sans couteau ni fourchette, cf. Prov. 19,
24., comme les paysans de beaucoup de pays. S'il y avait du jus ou de
la sauce, on y trempait son pain, Mat 26, 23. Quelquefois aussi le père
de famille mettait devant chacun la portion qui lui revenait, et
donnait aux uns plus qu'aux autres suivant l'honneur qu'il croyait
devoir leur faire, mais toujours de façon à ce que ceux qui avaient le
moins eussent encore du superflu, 1 Sam. 1,4. Jean 13, 26. Gen. 43,31.
En plusieurs endroits on trouve encore des gens qui croient vous faire
honneur en vous pressant de manger. — Il paraît que primitivement les
Hébreux étaient assis à table comme on l'est chez nous, Gen. 27,19.
Jug. 19, 6. 1 Sam. 20,24. cf. lliad. 10,578.; plus tard seulement ils
suivirent l'usage oriental et mangèrent couchés sur des lits de table,
ou espèces de divans ; on en trouve diverses traces dans les écrits
postérieurs, Prov. 23, 1. Am. 6, 4. 6. Ez. 23, 41. Est. 1, 6.7,8., et
dans le Nouveau Testament, Mat 26, 7.9,10. Marc 14, 3. Lue o, 29. 7,
36.14, 10. Jean 13,23. 25. Trois personnes prenaient place d'ordinaire
sur chaque divan ; appuyées sur le bras gauche, elle retiraient en
arrière leurs pieds déchaussés. Le convive de droite avait la tête sur
le sein de son voisin de gauche ; de là les paroles de Jean 13, 23. 21,
20. ; c'était par conséquent la place de l'épouse préférée, ou de
l'intime ami. La place d'honneur était au milieu. Les tables étaient
basses. — La plupart de ces usages existent encore en Perse et à la
table des rois orientaux. On buvait du vin pendant et après le repas,
mais surtout après. Une prière d'actions de grâces et des ablutions
d'eau sur les mains terminaient non seulement les festins, mais les
repas ordinaires.
Les anciens Hébreux étaient aussi réservés
dans
le choix de leurs compagnies, que peu délicats sur le choix des
aliments. Du temps de Joseph, ils ne mangeaient pas avec les Egyptiens,
Gen. 43, 32.; du temps de Jésus, ils ne mangeaient pas avec les
Samaritains, Jean 4, 9., et, non contents de cette séparation
religieuse et nationale, on les voit, parmi leurs propres concitoyens,
dédaigner la table de leurs inférieurs, et blâmer le Seigneur qui mange
avec des péa-gers et des gens de mauvaise vie, Mat 9, 11. A l'égard des
vivres, la quantité importait plus que la qualité, comme on le voit par
le veau et l'énorme pain qu'Abraham sert aux trois anges, Gen. 18, 6.
7., et, en général, partout où une civilisation avancée ne vient pas
encore au secours de5laPlensualité ou de l'appétit. Les héros d'Homère
rôtissent des bœufs et des porcs tout entiers; les soldats dans leurs
bivouacs en font presque autant de nos jours, et, dans plusieurs
contrées, les riches habitants des campagnes, agrestes dans leurs
habitudes, font consister la splendeur de leurs repas dans l'énor-mité
des quartiers de viande.
Comme assaisonnement, les Hébreux
employaient
le sel, le beurre, l'huile, le miel, l'anis, le safran, le gingembre,
et quelques autres herbes souvent nommées dans l'Ecriture, et qui
servaient à des sauces ; la plupart de nos épiceries leur étaient
inconnues. — La musique et les parfums accompagnaient ordinairement
leurs repas de réjouissances, ?. Festins.
Le
sang, certaines graisses, et le muscle de la
cuisse, étaient prohibés par la loi, Lév. 3, ainsi que la viande de
certains animaux, Lév. 11, v. Animaux ; et les Hébreux furent fidèles à
observer cette défense. Quelques rabbins avaient même défendu l'usage
de la chair et du poisson dans le même repas; mais cette tradition a eu
le sort que doivent avoir toutes les traditions humaines, et les Juifs
de nos jours se sont mis au-dessus de ce règlement pharisaïque.
Des repas de deuil sont mentionnés Os. 9,
4.
Ez. 24, 17. Jér. 16, 7. et ailleurs, notamment dans les apocryphes,
Baruc 6, 31. Tob. 4, 18. Sir. 30, 18. Il s'en faisait pendant les
funérailles, et ceux qui y prenaient part étaient regardés comme
souillés à cause des obsèques du mort, ou après les funérailles, et on
les considérait comme un honneur rendu au défunt. Le passage Jér. 16,
7., se rapporte à ces repas funèbres que les amis du mort donnaient à
ceux qui étaient en deuil, pour les distraire de leur tristesse, cf.
Deu 26, 14. 2 Sam. 3, 35. Mais ces repas, dit le prophète, n'auront
plus lieu à cause du grand nombre de morts dans chaque famille, et
parce que la famine obligera tout le monde à se borner au strict
nécessaire. — Les païens avaient, en outre, l'habitude de faire un
petit repas sur le tombeau du mort, et de laisser sur les sépulcres
quelque nourriture réservée aux âmes errantes; Trivia, la déesse des
rues et des carrefours, était censée venir chercher elle-même ces
aliments ; mais, en réalité, c'étaient les pau-vres qui venaient les
prendre pendant la nuit. v. encore Sacrifices, Festins, Dîmes,
Nourriture, etc.
RÉPHAIMS. v. Rapha.
RÉPHIDIM, station et
campement des Israélites dans le
désert. Ex. 17, 1., située, d'après Nomb. 33, 14., entre AIus et le
mont Sinaï. Elle est célèbre par le combat de Josué contre Hamalec, et
plus
encore
parle miracle du rocher de Horeb. La
position de Réphidim n'est pas facile à déterminer, et la pierre de
Moïse, que l'on montre au pied du mont Sérieh, avec les douze bouches
desquelles l'eau découlait, n'est pas très authentique ; un ruisseau
coule au pied de la montagne. Nous n'avons à examiner ici ni la réalité
du miracle qui ne saurait être contestée, ni son mode d'action. Le
rocher suivait-il les Israélites? Etait-il porté à la suite du camp?
Son eau seule les suivait-elle dans le cours de leurs voyages ?
Etait-ce un ruisseau qui avait jailli, et dont les Israélites suivaient
le courant ? Etait-ce une fontaine permanente à laquelle les Israélites
avaient recours lorsque leur provision d'eau était épuisée, et à
laquelle ils s'approvisionnaient de nouveau pour un certain temps?
C'est au lecteur de se décider ; mais quelques-unes de ces suppositions
seraient non seulement contraires aux lois de la nature, mais encore
contraires au bon sens. Le passage 1 Cor. 10, 4.: « La pierre
spirituelle qui les suivait était Christ, » a été si lourdement
expliqué par divers interprètes, et notamment par les rabbins, qu'il
n'est pas nécessairedeleurrépondre: l'apôtre,d'ailleurs, répond assez
en parlant d'une pierre spirituelle ; il veut dire évidemment que cette
même grâce de Christ, qui 1 eur fournit de l'eau en Réphidim, les
suivit dans tout leur voyage (Calvin, Olshausen). Si plus tard l'eau
vint à manquer de nou-veau, ce fut une épreuve de leur foi, et ils se
montrèrent plus faibles que l'épreuve ; Dieu leur rendit de nouveau le
témoignage de sa fidèle présence, mais il châtia leur incrédulité, v.
Méribah. L'historien Tacite (Hist. S, 3.), a conservé le souvenir de
cette tradition, et il l'explique d'une manière naturelle: des ânes
sauvages s'étant dirigés vers un rocher garni d'arbres verdoyants,
Moïse les suivit, et reconnut, à la fraîcheur de l'herbe, l'existence
de sources intérieures qu'il mit à découvert.
RÉSEN, grande ville
placée, d'après Gen. 10,12.,
entre Ninive et Calah; son nom signifie bride, et si cette étymologie a
un sens pour ce cas particulier, Résen aurait été peut-être une ville
construite
pour
tenir en bridé des peuples assujettis. On n'a,
du reste, aucune autre trace de son existence et de sa situation.
Bochart pense au Larisse de Xénophon, sur la rive est du Tigre ; Ephrem
lit Rosaine, village assyrien situé, d'après Assemann, au-delà du
Tigre, dans la contrée de Mossoul;. Schulthess pense à une autre
Resaina placée par Ptolémée entre Charres et Ni-sibis, mais comme cette
dernière ville appartenait, non à l'Assyrie, mais à la Mésopotamie,
cette supposition ne peut être admise.
RÉSERVOIRS, v. Etangs.
RETSIN, roi de la Syrie de
Damas, 2 Rois 15, 37.
Hostile d'abord à Jotham, il finit par s'allier avec son successeur,
Pékach, roi d'Israël, contre Achaz, roi de Juda (740 av. C), obtint de
grands avantages, fit des prisonniers, mais échoua devant Jérusalem, 2
Rois 16, 5. Es. 7,1. Renonçant à cette entreprise qui, si elle eût
réussi, lui eût facilement assujetti tout le reste de la Judée, il se
tourna contre Edom et fut plus heureux; il s'empara du port d'Elath qui
appartenait alors à Juda, et devint ainsi le maître du commerce de
l'Iduhiée et des contrées voisines. Cependant il ne jouit pas longtemps
de son triomphe ; l'année suivante, selon qu'Esaïe l'avait annoncé, 8,
6. 9,10.. Ti-glath-Piléser devint maître de Damas, réduisit ses
habitants en esclavage, fit mettre Retsin à mort, et la Syrie finit
avec son dernier roi.
REVENANTS. Tous les peuples
de l'antiquité, et notamment
les Orientaux, sans en excepter les Israélites avant l'exil, ont cru à
des revenants, à des esprits habitant particulièrement les lieux
déserts, et les sépulcres, cf. Es. 13, 21. 34, 14. et Tob. 8, 4.
L'hébreu lilith de Es. 34, 14., que nos versions rendent par orfraie,
désigne proprement un spectre nocturne du sexe féminin, les lamiœ et
les striges des Romains, les goules des contes arabes. L'Ecriture n'en
parle pas ailleurs, mais les talmudistes prétendent que ces belles
liliths tourmentent les petits enfants et les hommes pendant la nuit,
les rabbins racontent des choses plus absurdes encore, et les Juifs
faisaient porter aux enfants nouveau-nés des amulettes préser-
vatrices. Les se'irim de Es. 13, 21. 34.
14. cL
Lév. 17,7.2 Chr. 11,13., seraient des hommes-boucs, espèces de
revenants semblables aux satyres des Grecs et des Romains, dénions
dansant dans les lieux sauvages, conformément à l'opinion générale des
anciens habitants de l'Egypte et de l'Asie, v. Mat 12, 43. et Apoc. 18,
2. Les shedim (idoles, ou démons) de Deu 32,17. Ps. 106, 37., étaient
des démons du même genre, et le bouc Hazazel lui-même, avec une
signification tout à fait particulière, devait rappeler au peuple les
démons du désert, Lév. 16,10. 21 :— v. au reste ce que nous avons dit à
l'article Possédés. — Quant à ce que l'on appelle proprement chez nous
des revenants, l'exemple de la pythonisse évoquant l'ombre de Samuel,
est le seul qui nous fournisse l'occasion d'en parler, v. Saul, et
Pythonisse.
RÉZEPH, ville araméenne
qui fut soumise par les
Assyriens, 2 Rois 19,12. Es. 37,12. Abulféda mentionne plusieurs villes
de ce nom : la Résapha de Ptolémée (5,15.), était située dans la Syrie
Palmy-réné, c'est peut-être la même que la Résapha Heschami d'AbuIféda,
située à environ une journée à l'ouest de l'Euphrate; il est probable
que c'est celle dont parle le texte sacré. Une autre Rézeph était
située sur les bords de l'Euphrate, plus au midi, dans la contrée où
est aujourd'hui Bagdad.
RÉZON, fondateur et
premier maître du royaume de
Syrie, au temps de David et de Salomon, iRois 11, 23. Fils d'Elja-dah,
il avait été d'abord comme officier au service de Hadadhézer, mais il
ne lui fut pas plus fidèle que la fortune ; il l'abandonna lorsqu'il le
vit vaincu, se mit avec quelques aventuriers à vivre de brigandage,
enleva Damas au roi d'Israël, et rétablit l'ancien royaume de Syrie
(d'après une autre manière d'entendre le texte, ce serait Hadad et non
Rézon qui aurait conquis Damas). — Cette biographie, qui embrasse un
espace d'une soixantaine d'années et qui se termine par un trait
d'énergie et par un succès tel que les cheveux blancs n'en voient
guères, paraît devoir se partager entre le père et le fils. Le père,
Eljadah, aurait été l'officier déserteur et l'aventureux brigand; le
fils aurait été le maître de Damas. Rézon est peut-être le même que
Hezjon, peut-être son père. Tout est bref dans ce récit.
RHÈGE, ville de l'Italie
méridionale, dans laquelle
Paul passa en se rendant de Syracuse à Pouzzoles, Act 28,13. C'est le
Reggio actuel, la capitale de la Calabre ultérieure, située, dit Pline,
comme sur l'épaule de l'Italie, et tirant son nom, dit-on, d'un verbe
grec qui signifie séparer, parce qu'on était dans l'opinion que c'est
en cet endroit que la Sicile avait été séparée de l'Italie. Fondée par
des Chalci-diens, elle fit partie plus tard du territoire des
Bruttiens, bergers révoltés dont les mœurs ont donné à l'épithète de
brute la signification qu'elle a reçue depuis.
RHÉSA, Luc 3, 27., fils
ou petit-fils de Zorobabel,
cf., et ancêtre de notre Seigneur par Marie ; du reste, inconnu. C'est
à son nom que les deux listes se séparent pour la seconde fois.
RHODE. 1° Servante de
Marie mère de Marc, Act
12,13., et peut-être portière de la maison, car ces doubles fonctions
étaient souvent réunies (Jean 18,16.17.). Son nom correspond à celui de
Rose. Elle n'est connue que par la joie qu'elle éprouva en
reconnaissant la voix de Pierre, heurtant dans la rue, et par le
singulier effet de cette joie presque enfantine qui lui fit oublier
d'ouvrir à l'apôtre, le laissant exposé au danger d'être arrêté, pour
courir annoncer cette heureuse nouvelle aux frères réunis en prières au
milieu des persécutions de ce temps.
2° Rhodes, île bien connue, située près
des
côtes de l'Asie-Mineure, vis-à-vis de la Carie, et au nord-est de la
Crète : saint Paul s'y rendit en venant de Cos, Act 21, 1. Elle a 70
kilom. de long, sur 23 de largeur moyenne, et 1,100 kilom. carrés. Elle
porta successivement les noms d'O-phiusa, à cause des serpents qu'on y
trouvait; de Stadia, à cause de sa forme allongée, semblable au stade
des athlètesjdeMa-caira, bien-heureuse; deTelcuinis, à cause des
Telchiniens qui, après avoir quitté la Crète pour l'île de Cypre,
finirent par se rendre dans l'île qui plus tard prit le nom de Rhodes.
A-t-elle reçu ce dernier nom comme la rose de la Méditerranée, ou à
cause de l'abondance de ses roses ? Quoi qu'il en soit, l'air en est si
pur et si serein, qu'il ne se passe pas un jour de l'année, dit-on,
sans qu'on y voie le soleil. Elle était si fertile, et dans une
position si favorable pour le commerce, qu'elle fut de bonne heure
extrêmement peuplée. Après avoir appartenu aux Romains, elle passa sous
la domination des empereurs grecs ; puis Foulques de Yil-laret, grand
maître des Hospitaliers, s'en empara le 1S août 1310. Enfin sous Vil—
liers de l'Ile-Adam, elle tomba au pouvoir de Soliman II, le 1er
janvier 1583, après un siège.long et meurtrier, et dès lors elle est
restée aux Turcs. Elle porte maintenant le nom de Rhodis, et compte
30,000 habitants. Sa capitale, Rhodes, au nord de l'île sur la côte
est, se distinguait par son commerce, sa puissance, la magnificence de
ses édifices, ses statues sorties des mains des plus habiles
sculpteurs, et surtout par son colosse dont les pieds étaient placés à
l'entrée du port sur deux roches, mais non pas, comme on le dit
souvent, sur les deux môles qui formaient l'entrée. Il fut commencé par
Charès de Linde, et achevé par Lâchés de la même ville (300-288 av. C.)
; douze ans furent consacrés à cet ouvrage, et soixante-six ans après
(222 av. C.) le colosse ( il avait 70 coudées, 33 mètres de haut) fut
abattu par un tremblement de terre; huit cent soixante-quinze ans se
passèrent avant qu'on touchât à ses ruines, et neuf cents chameaux
furent chargés de ses débris en 635. —Les autres villes de l'île de
Rhodes étaient Linde, Jalyse etCamire.
RIBLA, ville située près
des frontières nord de la
Palestine, Nomb. 34, 11., dans la province de Hamath, sur la route qui
conduit de Babylone en Palestine, 2 Rois 23, 33. Jér. 39, 8. C'est là
que Jé-hoachaz fut pris par Pharaon Néco, et que plus tard
Nébucadnetzar établit son quartier généra! dans la guerre des Cal-déens
contre la Judée, 2 Rois 23, 6. 20. 21. Jér. 52,10. Cette ville n'est
pas nommée ailleurs que dans la Bible. Les interprètes juifs ont voulu
à tort la confondre avec Antioche, ou avec Daphné, qui toutes deux sont
trop éloignées de la Palestine et de Hamath.
RIMMON. 1°ViHe de la
Palestine, donnée d'abord à la
tribu de Juda, puis à celle de Siméon, Jos. 1S, 32. 19, 7. cf. 1 Chr.
4, 32-, touchant à la frontière d'E-dom, cf. Jos. 15,32. avec 21., et
désignée à cause de cela comme la frontière méridionale du royaume de
Juda, Zach. 14, 10. Eusèbe, sous le nom d'Erembon, la place à 16 milles
sud d'Eleuthéropolis.— 2° Rocher situé non loin de Guibha dans le
désert, Jug. 20, 45. 47., peut-être aussi 1 Sam. 14,2.—
3°Rimmon-Méthoar, ville de Zabulon, Jos. 19, 13., peut-être identique
avec Rimmono, 1 Chr. 6,77.— 4° Rimmon-Pérets, campement des Israélites
dans le désert entre Rithma et Libna, Nomb. 33, 19. : position
inconnue.— 5° Divinité des Syriens : Leclerc, Selden, Vitringa,
Rosenmuller dérivent son nom de la racine ram qui désigne une hauteur,
une élévation, et ils en font le Dieu suprême ; d'autres comparent la
racine rimmon, grenade, et ils pensent à Vénus à qui la pomme de
grenade était consacrée.
RIMMONO. v. Rimmon 3°.
RIPHATH, Gen. 10, 3.,
descendant de Gomer, nommé avec
Askénas et Thogar-ma. On ne peut rien dire de positif sur cette
famille; il paraît même que déjà dans les anciens temps il y avait de
l'incertitude sur ce nom, car, 1 Chr. 1, 6., il est écrit Diphath, mais
sous cette forme il n'est pas davantage connu. Josè-phe pensait aux
Paphlagoniens, et Bo-chart qui préfère la leçon Diphath se prononce
dans le même sens, en pensant au fleuve Rhebseus de la Bithynie, lequel
se jette dans la mer Noire près de Tobata. Le seul nom que l'on puisse
réellement comparer à Riphath, ce sont les monts Riphéens, qui, d'après
Sickler, auraient formé la continuation des monts Ourals vers
l'Occident ; Braunschweig fait descendre de Riphath plusieurs nations
qui occupèrent autrefois les montagnes et les plaines de la Russie
actuelle, entre autres les habitants de la Finlande, et les autres
tribus de cette race, les Huns, etlesMad-schars ou Magyares, les aïeux
des Hongrois. Hasse se prononce pour les Kar-pathes, Schulthess, et
Schrœder pour les Rhibiens de la mer Caspienne, etc.
RISSA, campement des
Israélites au désert, Nomb.
33,21., peut-être le même endroit que le Rasa que l'on trouve sur
quelques cartes, à 32 milles romains d'Elana, mais différent du Ressa
que Jo-sèphe place près de Mesada.
RITSPA, 2 Sam. 3, 7. 21,
8., concubine de Saiil, qui
passa, après sa mort, entre les bras d'Abner. Is-Boseth, fils de Saiil,
ayant reproché cet acte à Abner comme une trahison, le général s'en
vengea en passant au parti de David. Après la mort d'Abner, Ritspa
n'ayant plus l'appui de son nom se vit poursuivie comme uue veuve de
Saiil ; ses enfants, Armoni et Méphiboseth, furent mis à mort par les
Gabaonites à qui David les abandonna. Elle n'avait pas compris ses
devoirs de femme, elle comprit ses devoirs de mère, et veilla depuis
les premiers jours de la moisson jusqu'au commencement des pluies, de
mars en automne, sur les cadavres crucifiés de ses fils et des autres
enfants de Saiil, éloignant le jour les oiseaux des cieux, et la nuit
les bêtes des champs, du corps de ces infortunés. Elle avait eu le
douloureux courage de faire dresser, sur un rocher voisin, une tente de
deuil de laquelle elle pouvait contempler et protéger encore ses
enfants ; David, ému de cette preuve d'amour maternel, la récompensa de
la seule récompense qu'il pût offrir à la mère sans enfants; il fit
détacher les corps de la croix, et les fit ensevelir dans les sépulcres
de leurs ancêtres.
ROBE. v. Vêtements.
ROBOAM, fils de Salomon
par l'Ham-monite Nahama, et
son successeur au trône de Jérusalem, 1 Rois 11, 43.14,21. 31. Il fut
le premier roi de Juda. La prospérité du règne de son père ne
permettait pas de prévoir la division du royaume qui devait éclater
sous son règne, et l'affaiblissement qui en serait la suite. Il avait
quarante et un ans lors de son avènement. Il se hâta de réunir les
tribus, mais au lieu de les convoquera Jérusalem, il choisit Sichem
comme lieu de rendez-vous, peut-être à l'instigation de ses ennemis non
encore déclarés. Ce fut une faute de sa politique, et il l'expia. Le
peuple parla librement, il demanda la diminution des impôts ; les
mécontentements comprimés sous le règne précédent éclatèrent, les
jalousies se firent jour ; Roboam, fort comme le sont les faibles,
demanda un délai avant de répondre, et prêtant l'oreille à des conseils
de jeunes gens, il voulut faire de l'énergie, repoussa brutalement les
légitimes demandes de ses sujets, et mit le feu à la révolution.
Ephraïm et les tribus qui marchaient avec lui, ne voulaient pas d'un
roi de Juda; l'occasion était bonne, le prétexte honnête, la division
éclata, et dix tribus se séparèrent de Roboam, de Juda, de Jérusalem,
et du temple. Elles choisirent pour roi Jéroboam. Le fils de Salomon
voulut courir aux armes, mais le prophète Sé-mahja, déclarant la
séparation consommée, le fait accompli, fit renvoyer les troupes, 1
Rois 12, 21. 2 Chr. 1 1, 1. Roboam songea dès lors à fortifier le peu
qui lui restait de l'héritage paternel, il bâtit des forteresses et les
approvisionna : il donna asile aux prêtres et aux lévites fidèles des
dix tribus qui, chassés par les veaux d'or, se réfugiaient en Judée, en
protestant contre la révolution et contre ses conséquences. Les
Israélites fidèles des dix tribus, Eglise libre aussi quoique tenue en
suspicion, continuaient de venir sacrifier à Jérusalem, et le pouvoir
de Roboam se fortifiait de ces adhésions morales. 11 continua de
rattacher par des alliances tout ce qui restait de la maison de David,
choisit Abija pour son successeur, et donna à ses autres fils des
postes importants dans ses villes fortes. Mais après trois années de
sagesse, il se fati-gua du culte de l'Eternel et de ses bénédictions;
le péché et l'idolâtrie reprirent le dessus, et en la cinquième année
de ce règne, Sisak roi d'Egypte, l'ancien protecteur de Jéroboam, monta
contre Jérusalem, ravagea le pays, et ne cessa de triompher que lorsque
le peuple, averti par Sémahja, cessa de pécher. Roboam ne racheta la
paix qu'au prix des trésors du temple et du palais, et il dut remplacer
par des boucliers d'airain les magnifiques boucliers d'or que l'on
portait en pompe devant Salomon. Il régna douze ans encore, sans
gloire, ennemi de Jéroboam et sujet de Sisak, puis il mourut à l'âge de
cinquante-huit ans, après en avoir régné dix-sept, et fut enseveli avec
ses pères en la cité de David. Les prophètes Hiddo et Sémahja ont écrit
des mémoires de ce règne si grand par les résultats que produisit la
nullité de celui qui lui donna son nom. Abija lui-même méprisa son
père, l'appelant « un enfant, et de peu de courage, qui ne sut pas
tenir ferme, » 2 Chr. 13,7.; si ces paroles ne sont pas respectueuses,
elles caractérisent du moins parfaitement l'esprit et le système de
Roboam. — On peut conclure de 1 Rois 14, 30. 2 Chr. 12,15., que, s'il
n'y eut pas guerre proprement dite entre les deux royaumes, il n'y eut
pas de paix non plus, et que des hostilités de détail continuèrent de
donner issue à la vieille rivalité d'Ephraïm et de Juda. ?. ce qui a
été dit à l'article de ces deux tribus. — Quant aux femmes et aux
enfants de Roboam, v. 2 Chr. 41,18.
ROCHET. ?. Prêtres.
ROGLIM, ville de Galaad,
peut-être sur le territoire
de la tribu de Gad, 2 Sam. 17,27. 19, 31.
ROGUEL, fontaine située
près de Jérusalem, dans la
vallée de Josaphat, sur la frontière de Juda et de Benjamin, 2 Sam.
17,17.1 Rois 1,9. Jos. 15,7. 18, 16. Elle communiquait autrefois sous
terre avec Siloé, mais elle n'a plus aujourd'hui qu'une eau de médiocre
qualité.
ROI, Royauté, Royaume.
Dieu fut toujours le roi
réel des Juifs sous les diverses formes de leur gouvernement, sous
Moïse qui, avec l'empire le plus absolu, rappelait cependant un régime
républicain, le régime des doges, sous le commandement militaire de
Josué, sous la dictature des juges, et même après l'établissement de la
royauté. L'état normal d'Israël était la liberté dans la théocratie ;
Israël devait être un état libre et indépendant, gouverné de Dieu par
l'intermédiaire des prêtres et des prophètes. Cet idéal ne fut jamais
réalisé, et, si quelques époques de la vie de ce peuple rappelèrent de
loin cet idéal, ce fut dans la période des juges, et sous sa forme la
plus repoussante, celle de l'anarchie. Le législateur avait prévu
cependant qu'un jour ou l'autre, le peuple dégoûté de l'anarchie, de la
liberté, ou de la théocratie, se laisserait entraîner à demander un
roi, et il avait tracé, Deu 17,44-20., les règles dont le peuple et le
roi devraient se souvenir lorsque le moment serait venu où ce désir que
Moïse blâme, sans l'interdire, recevrait son accomplissement. On a
voulu voir, dans ces préceptes relatifs à la royauté, une interpolation
postérieure, soit parce que ni le peuple, ni Samuel, ne font d'allusion
à ce passage lors de l'établissement de la royauté, 1 Sam. 8, soit à
cause de certains détails qui paraissent être, une allusion au règne de
Sa-lomon (Winer, De Wette); Staùdlin et Haevernick ont maintenu
l'intégrité du texte du Deutéronome, et ne laissent aucun doute sur ce
sujet.—Les pleins pouvoirs temporaires des juges étaient une espèce de
royauté temporaire ; en offrant à Gédéon l'hérédité de cette charge
dans sa famille (Jug. 8, 22.), les Israélites montraient déjà cet
impérieux besoin de ressembler aux autres nations, dans leur
constitution civile, comme dans leurs mœurs et dans leur religion;
Gédéon, en refusant la royauté, paraît la regarder comme antinationale,
et contraire à l'esprit de la loi mosaïque. Le jour vint néanmoins où
le vœu populaire ne permit plus à Samuel de reculer. On voulut avoir un
roi « comme les autres peuples, » paroles qui renferment en elles-mêmes
leur condamnation. Dieu accéda à ce vœu dans sa colère, jusqu'à ce que,
dans sa fureur, il brisa de nouveau cette unité factice. Saùl fut sacré
par Samuel, le premier des rois par le dernier des grands hommes de la
république d'Israël. Le droit du royaume, 1 Sam. 10, 25., n'est pas
men-tionné dans le Deutéronome; on peut supposer qu'il n'était que le
développement des droits du peuple et des droits du roi, énumérés Deu
17, et 1 Sam. 8. Le roi, malgré son titre, n'avait rien d'absolu ;
régnant sous une constitution théocratique, il ne devait être que le
premier représentant de l'Eternel, du roi céleste, lié par sa loi
souveraine, et chargé de la faire observer ; il conservait le caractère
de roi théocratique, et, dans certains cas, l'Urim et le Thummim, un
prophète, ou un autre intermédiaire choisi de Dieu, décidaient des
choses que le roi devait considérer et exécuter comme la volonté
suprême du Roi des rois, 1 Sam. 28,6.30, 7. 2 Sam. 2, 1.1 Rois 22,7.,
etc. Dieu continuait donc de se manifester et d'agir directement. En
réalité, cependant, cette intervention immédiate finit par n'être plus
que nominale ; les rois d'Israël s'arrogèrent l'omnipotence; ils
prirent sur eux de déclarer la guerre ou de faire la paix, 1 Sam. 11,
5.; ils jugèrent en dernière instance, et s'attribuèrent le droit de
grâce, 2 Sam. 14; 15,2.1 Rois 3,16. Ils se considérèrent comme les
protecteurs et les chefs suprêmes du culte, 1 Rois 8, 2 Rois 12, 4.18,
4. 23,1., et conduisirent, en général, eux-mêmes leurs troupes à la
bataille, 1 Sam. 8, 20. Un contrepoids au despotisme se trouvait, soit
dans les capitulations que les rois devaient souscrire avant leur
élection, soit dans la constitution des tribus, dont les chefs réunis
formaient une sorte de représentation nationale, 1 Sam. 10, 25. 2 Sam.
S, 3. 1 Rois 12, 4. 2 Rois 11, 17. 1 Chr. 4, 42. cf. 13, 2. 29, 1.;
quelquefois aussi le peuple intervenait directement contre certains
actes, et se faisait écou-ter, 4 Sam. 14, 45. Enfin, les prophètes que
Samuel avait établis comme les conservateurs vigilants du régime
théocratique, et dont il avait fait un ordre que Dieu renouvelait
toutes les fois que cela devenait nécessaire, les prophètes
s'opposaient aux envahissements de l'arbitraire et du despotisme, les
uns en profitant de leur position à la cour comme conseillers intimes,
Nathan, Esaïe, les autres en se procurant des audiences spéciales, 1
Rois 20, 22. 38. 2 Rois 1, 15.; d'autres fois enfin, en flétrissant
publiquement des mesures illégales, et en s'opposant à leur exécution.
Mais ces moyens de détail, ces garanties de cir^ constance,
n'empêchèrent pas toujours les empiétements et les excès du despotisme;
on vit des règnes entiers se soustraire à l'influence théocratique.
La légitimité de la famille de Saùl
commença
avec lui et finit avant lui. Avant la mort de Saùl, David commençait
déjà une nouvelle légitimité qui ne devait cesser qu'avec le royaume.
Le fils aine paraît presque toujours avoir succédé de droit à son père,
2 Ghr. 21, 3., et avoir pris les rênes de l'Etat même avant l'âge de
majorité, 2 Rois 11,21. On ne voit nulle part exprimée l'idée d'une
régence à l'égard d'un roi mineur, à moins qu'on ne veuille donner ce
nom aux soins paternels dont Joas, le roi de sept ans, fut entouré
pendant la vie de celui qui l'avait soustrait aux fureurs d'Hatalie.
Parfois cependant, en dépit du droit d'aînesse, le roi choisissait
librement parmi plusieurs fils celui qui devait régner après lui, 1
Rois 1,17. 20. 2 Chr. 11,22. Plus tard, à l'époque de la décadence, la
volonté du peuple, ou l'influence étrangère des puissances voisines,
contribuèrent à faire des rois en modifiant la ligne de succession sans
toutefois sortir de la descendance directe, 2 Rois 21, 24. 23, 30. 34.
24, 17. Dans le royaume d'Israël, le premier roi, Jéroboam, fut choisi
et annoncé par un prophète, 1 Rois 11,31.; mais le trône devait être
héréditaire dans sa famille et passer soit au fils, s'il en avait, soit
au frère du monarque, 2 Rois 3,1.; mais les continuels changements de
dynastie laissent à peine apercevoir la succession naturelle, et le
choix du peuple intervint de bonne heure dans les élections, 1 Rois 16,
21. Dans l'antiquité, l'on regardait à la taille et à la beauté du roi
qu'on choisissait, 1 Sam. 10, 23. Ez. 28,12. cf. Ps. 45, 2. Iliad. 3,
106. Il fallait en outre, chez les Hébreux, que le roi appartînt à la
nation, Deu 17,13. Ceux qui ouvraient une nouvelle dynastie cherchaient
souvent à la consolider par l'entière destruction de la famille déchue,
1 Rois 16,11.2 Rois 10,11.17.11,1. (Les nations modernes ont remplacé
la mort par le bannissement ; on a banni les familles de Charles X, de
Napoléon, de Louis-Philippe ; l'exécution du duc d'Enghien, et la lente
mort du duc de Reichstadt, pourraient peut-être seules rappeler ces
anciennes exterminations). Les premiers rois, Saiil, David et Salomon
furent solennellement sacrés par des prophètes ou des souverains
sacrificateurs, 1 Sam.9,14.10,1.13,1.17.16,12. 2 Sam. 2,4.5,3.1 Rois
1,34. 39.5,1.; les seuls dont plus tard le sacre soit également
mentionné, sont Joas, après l'usurpatrice Atalie, Joachaz, fils de
Josias, que le peuple fit monter sur le trône, et en Israël, Jéhu, le
chef d'une nouvelle dynastie, 2 Rois 11,12. 23, 30. 9,1.; le sacre
paraît donc n'avoir été renouvelé que pour ceux dont la succession
n'était pas tout à fait régulière et légitime ; il sanctionnait une
élection qui avait besoin de se faire reconnaître. Le nom d'oint du
Seigneur, ou simplement oint, était, dans le style élevé, donné à tous
les rois légitimes, alors même que la cérémonie du sacre n'avait pas
été nécessaire pour valider leur couronnement, 1 Sam. 2, 10. 35. 16, 6.
24, 7. 26, 46. 23. 2 Sam. 49, 21. 22, 51. Ps. 2, 2. Lam. 4, 20. On ne
voit pas qu'il y eût d'autres cérémonies prescrites pour célébrer un
avènement au trône ; le peuple témoignait sa joie par des cris, de la
musique et des sacrifices; le roi montait sur sa monture, et les
acclamations l'accompagnaient à sa sortie, 1 Rois 1, 25. 38. 40. 1 Sam.
10, 24. 2 Rois 9,13. 11, 44. 2 Chr. 23, 11.
Quant au costume du roi, outre la
magnificence
de ses vêtements, et les ornements, bracelets (2 Sam. 1,40) etc., dont
il était couvert, on distinguait comme les attributs de sa charge le
diadème, 2 Sam. 1,10. 2 Rois 11, 12., la couronne ornée de pierre
précieuses, 2 Sam. 12,30. Cant. 3,11.Ez. 21, 34.1 Macc. 10,20.,le
sceptre, Ez. 49, 41. (il était de bois; ceux d'Homère sont d'or ou
dorés), et le trône, Prov. 16, 12.; on trouve la description du trône
de Salomon, 1 Rois 10, 18. 2 Chr. 9,17. Chez les Perses, le trône était
un siège garni d'or, et si élevé qu'un marchepied était nécessaire pour
y monter ; on peut supposer que celui de Est. 5,4., avait cette forme.
Plus tard le manteau de pourpre fut ajouté aux vêtements royaux, 4
Macc. 6,4 5. cf. Mat 27, 28. Act 12, 21.
Les revenus des rois d'Israël, qui
servaient
indifféremment à l'entretien de leur cour et aux besoins du service
public, provenaient, soit des dons volontaires et fréquents de leurs
sujets, 1 Sam. 10, 27. 16, 20. 2 Sam. 8, 11.1 Rois 10, 25, soit de
domaines, champs, jardins, vignobles, appartenant à l'Etat, 1 Sam.
8,14.1 Chr. 27,26. 2 Chr. 26, ÎO., soit des confiscations, 1 Rois
21,16. cf. Ez. 46,18.2 Sam. 16, 4., soit de régies, 1 Rois 10,11.26.
Am.7, l.,soit de corvées, 1 Rois 5,13. 9, 21. cf. 1 Sam. 8,13., soit
d'impôts en nature perçus régulièrement sur le peuple, ou sur les pays
conquis, 1 Sam. 8, 15. 17, 23. Es. 16, 4. Il est parlé encore d'une
espèce d'impôt foncier levé dans des moments de besoins
extraordinaires, 2 Rois 23, 35.; le roi, enfin, s'appropriait toujours
dans les guerres heureuses une notable portion des dépouilles ennemies,
2 Sam. 8,2. v. Butin, et Impôts. — Avec de pareilles sources de revenus
on s'ex-plique ces trésors royaux parfois si considérables, ces riches
garde-robes, ces monuments, ces palais, ces jardins de plaisance, et
ces riches et somptueuses tables auxquelles c'était un si grand honneur
d'être invité comme convive ordinaire, 1 Rois 2, 7. 4, 22. 7, 1.10, 21.
14, 26. 2 Sam. 9, 7. 2 Rois 14,14.10, 22. 21, 18.28, 4. Jér. 39,
4.52,7. Dan. 5,1. Est. 1, 3. Un harem nombreux ne tarda pas à faire
partie des plaisirs des rois, 2 Sam. 5,13.12,8.2 Chr. 11,21.1 Rois
11,1. 20, 3.; gardé par des eunuques, il appartenait à l'héritage du
successeur ; celui qui s'en approchait et qui s'appropriait une des
femmes du monarque, se posait en prétendant ; la déclaration d'amour
devenait une déclaration de guerre ; Abner contre la famille de Saiil,
Absalon contre son père, Adonija contre son frère Salo-mon,
manifestèrent de cette manière leurs prétentions à la couronne ; 2 Sam.
16,22. 1 Rois 2,17.
Les rois témoignaient leur bienveillance
par de
riches présents en argent, en armes ou en vêtements ; c'était une
distinction particulière s'ils faisaient asseoir quelqu'un à leur
droite, 1 Rois 2, 19. Le respect qu'on leur devait était très grand,
Prov. 24, 21.; on se jetait à terre devant eux, de telle sorte que le
front touchât la poussière, 1 Sam. 24, 9. 25, 23. 2 Sam. 9, 6. 19, 18.;
les femmes du roi elles-mêmes étaient obligées à de pareilles
démonstrations, 1 Rois 1,16.: celui qui se trouvait sur le passage du
roi, devait descendre de sa monture, 1 Sam. 25, 23. On embrassait les
rois, et dans les rues ou dans les audiences, on leur criait des vivats
et des vœux de prospérité^ Sam. 10,24, Ps. 2,12. Dan. 2, 4. 3, 9. Jos.
Bell. Jud. 2,1.1. On se faisait une haute idée de leur intelligence et
de leurs facultés, et l'on cherchait à capter leur bienveillance quand
on se l'était aliénée, 2 Sam. 19,18. 20. A leur entrée dans les villes
ils étaient reçus avec grande pompe, 2 Rois 9,13.1 Sam. 18,6. Les
offenses à la maj esté royale étaient punies de mort, 1 Rois 21,10.; si
le coupable appartenait à la famille même du roi, on se contentait de
l'éloigner de la cour, 2 Sam. 14, 24. 28. Les rois hébreux étaient
d'ailleurs beaucoup plus populaires que tous les autres monarques de
l'Orient; ils se montraient fréquemment au milieu de leurs sujets, et
se laissaient facilement aborder par eux, 2 Sam. 19, 8.1 Rois 3, 16.
20, 39. 2 Rois 6, 26. 8, 3. Jér. 38, 7. A leur mort ils étaient déposés
dans les sépulcres royaux, les rois de Juda étaient enterrés à
Jérusalem, 1 Rois2,10.11, 43. 14, 31. ; quelques rois vicieux furent
cependant privés de cet honneur, 2 Chr. 28, 27., ce qui ne va pas
jusqu'à établir que les Israélites eussent, comme les Egyptiens, la
coutume de juger les rois après leur mort ; ce pouvait fort bien n'être
que l'explosion momentanée et spontanée de l'irritation publique. Entre
eux, les rois s'honoraient par de riches présents, 1 Rois 10,2., et par
des ambassades n'ayant d'ordinaire qu'une mission spéciale de
félicitations ou de condoléances, 2 Sam. 10, 2. 2 Rois 20, 12.
Les
principales charges de la cour étaient : 1 °
celle de grand-maître, 1 Rois 4, 6. 18, 3. 2 Rois 18, 18. 19, 2. Es.
22, 15.; les portiers du palais, 2 Rois 7, 11., lui étaient
subordonnés, et il avait l'inspection générale de tout ce qui
concernait la maison royale ; 2° le percepteur des impôts, commis sur
les tributs, 2 Sam. 20, 24.1 Rois 4, 6. 12,18. cf. 11, 28.— 3° Le
maître de la garde-robe, inspecteur du vestiaire, 2 Rois 10, 22. — 4U
Le ministre ou commis des finances, intendant des villes, châteaux,
vignobles, jardins de la couronne, l Chr. 27,5.; il y avait douze
directeurs des domaines dans les douze cercles du pays, 1 Rois 4, 7.,
et il est à croire que Chuzas et l'officier de Canda-
ce, Luc 8, 3. Act 8, 27., remplissaient
des
fonctions de ce genre, à la fois inspecteurs, percepteurs, et payeurs.
Les serviteurs du roi étaient en général des eunuques, 2 Rois 8, 6.
Jér. 52, 25., de même que l'échanson, i Rois 40, S. Est. 1. 10. Ceux
qui se tenaient près de la personne du roi, et dont parle Jérémie,
étaient peut-être une classe spéciale de serviteurs; peut-être aussi
ces mots désignent-ils simplement les plus hauts fonctionnaires de la
cour, ceux qui avaient l'honneur d'approcher le roi de plus près. — Il
faut nommer encore les gardes du corps, chargés de pourvoira la sûreté
du château et du palais, 2 Rois 1.1, 5., de remplir l'office de
bourreaux à l'occasion, et de faire exécuter les édits dans les
provinces. Ce n'est que par exception que les princes du sang avaient
quelquefois une garde, 2 Sam. 15, 1. Les Kéréthiens et les Pélé-thiens
mentionnés 2 Sam. 1 5, 18. 20, 7.1 Rois 1, 38. 44., et réunis sous les
ordres de Bénaja, 2 Sam. 8,18., comme gardes du corps de David, étaient
peut-être des soldats appartenant à des tribus parentes des Cretois et
des Philistins ; mais leur nom a aussi une signification particulière,
et l'on peut traduire les exécuteurs et les courriers (karath
signifiant tuer, et palath s'enfuir, se hâter, courir). On voit par 1
Rois 2,23.34., que les soldats du roi étaient souvent chargés des
hautes-oeuvres, de même qu'en Egypte et en Babylonie, Gen. 37, 36. 40,
3. 41, 10. Dan. 2, 14., et par 2 Chr. 30, 6., qu'ils faisaient l'office
de messagers estafettes. Cette traduction est préférable à celle qui
ferai! de ces noms des noms propres ; on comprendrait difficilement en
effet, que David se fût fait une garde de soldats étrangers et païens ;
c'eût été une mesure antithéocratique et impopulaire au dernier pas, et
de nos jours, les quelques monarques qui se font garder encore, ou
restaurer par des soldats étrangers, ont pu comprendre que c'est un
danger plutôt qu'un secours. — ?. Gouvernement, Israël, Juda, etc.
Livres des Rois. Composés d'après un grand
nombre de sources qui sont indiquées au fur et à mesure, et qui ont
presque toutes pour auteurs des prophètes, Nathan, Ahija, Hiddo,
Sémaja, Jéhu, etc., ces deux livres racontent l'histoire d'Israël et de
Juda, depuis Salomon jusqu'à Sédécias et Jéhojachin, qui fut tiré de
prison la trente-septième année de sa captivité, et vécut en liberté
jusqu'au jour de sa mort, sous Evilmérodac, roi de Ba-bylone, qui lui
accorda une pension. Ce dernier trait sert à fixer l'époque de la
rédaction définitive de ces livres. On assiste à la mort de Jéhojachin
; il meurt sous Evilmérodac, et, au dire de Bérose, rapporté par
Josèphe, Evilmérodac n'a régné que deux ans. La date est précise, ou à
peu près. Or, sauf une mention incidente faite d'Urie (v. Jér. 26,
20.), Jérémie est le seul prophète de cette époque, où les oracles de
Dieu étaient rares. Jérémie paraît donc avoir été le
collecteur-rédacteur de ces deux livres qui conduisent jusqu'à son
temps, et le témoignage talmudique (Baba Bathra), qui n'est jamais
complètement à mépriser, reçoit, dans ce cas particulier, la sanction
de la vraisemblance et de toutes les probabilités réunies. Les Livres
des Rois sont placés, dans le canon hébreu, parmi les livres
prophétiques (N'biim), ce qui suppose qu'au pas de vue des Juifs ils
jouissaient d'un haut caractère d'inspiration. Le style a beaucoup
d'analogie avec celui de Jérémie, et les rapports sont souvent
frappants, quelquefois textuels, cf. par exemple 2 Bois 17, 10. Jér. 2,
20.-2 Rois 25,1. Jér. 39, 1. — 2 Rois 47, 14. Jér. 7, 26. — Quelques
idées reviennent avec fréquence dans les Rois et dans Jérémie,
notamment celle de la permanence de la maison de David sur le trône,
cf. 1 Rois 2, 4. 8, 25. 9, 5. Jér. 33, 17.13,13. 17, 25. 22, 4., et
l'auteur des deux ouvrages affecte de rechercher volontiers des
expressions empruntées à la loi de Moïse, les appliquant d'une manière
tantôt historique, tantôt prophétique, suivant le but qu'il poursuit,
cf. Deu 13, 47. 2 Rois 23, 26. Jér. 4, 8. Quant au rapport qu'il y a
entre Jér. 52, et 2 Rois 24, 18. sq., on peut voir que ce morceau, tout
à fait conforme à l'ensemble de l'histoire des Rois, et sorti de la
même plume, se présente isolé à la lin des prophéties, et il est
évident que le collecteur des prophéties de Jérémie ne l'a placé à la
fm de ce recueil que parce qu'il ne pouvait y avoir aucun doute sur la
personne de son auteur; en outre, comme ce morceau, dans Jérémie, est
plus développé qu'il ne l'est dans le Livre des Rois, il y avait de
l'intérêt à ce qu'il ne fût pas retranché et laissé de côté. Le
prophète avait écrit les mémoires de son temps comme d'autres l'avaient
fait avant lui, et ce sont ces mémoires qui terminent à la fois ses
oracles et son histoire des rois. L'opinion qui fait d'Esdras ou
d'Ezéchiel l'auteur de cette collection, se justifie difficilement, et
n'a pour elle ni la tradition, ni des raisons suffisantes.
Le but que s'est proposé l'auteur de
l'histoire
des rois est à la fois didactique et prophétique ; il a moins en vue de
raconter et de décrire, que d'instruire et de rendre attentif. Il
apprend aux peuples et aux rois que le principal de la sagesse, c'est
la crainte de l'Eternel; il leur rappelle les avantages de la piété,
les maux de l'idolâtrie, l'incertitude des choses humaines; il met
enfin devant leurs yeux l'unique et véritable roi de Juda selon
l'Esprit, Jésus le descendant des rois se lon la chair, dont la
sainteté, les perfections, la justice, doivent être prises d'avance
pour modèles par ceux qui occupent le trône que le Messie doit occuper
un jour. Il met en relief aussi les rapports du prophétisme avec la
royauté, faisant pénétrer l'un dans l'autre, et montrant combien la
royauté est essentiellement théocratique, puisqu'elle succombe toutes
les fois qu'elle méconnaît les enseignements transmis de Dieu par la
bouche des prophètes. Les oracles et la vie de ceux-ci occupent une
aussi grande place dans ces deux livres que les actions des rois, et se
combinent avec elles de manière à n'offrir aux lecteurs qu'un ensemble
d'enseignements éminemment religieux et pratiques. Le premier livre
renferme l'histoire de 14 8 ans ; le second raconte les faits des 320
dernières années de la vie nationale d'Israël et de Juda. On peut voir,
à ces deux articles, ce que nous avons dit sur les difficultés
chronologiques qui résultent de la comparaison de ces livres avec les
Chroniques.
ROME ( Empire de Rome).
Sans nous arrêter ici à
faire une histoire même fort abrégée de ce vaste empire, si puissant
qu'il n'a fini par mourir que pour renaître bientôt après avec d'autres
noms, et sous une autre forme ; sans essayer non plus de rappeler
comment les différents commentateurs ont voulu trouver l'empire romain
tour à tour dans les Kittim de Nomb. 24, 24., et dans le Tubal d'Es.
66, 19., à côté d'explications, v. Edom, et de contradictions plus
bizarres encore, nous nous bornerons à rappeler les rapports de
l'histoire romaine avec l'histoire juive, tels que nous les indiquent
les livres canoniques du Nouveau Testament et les apocryphes de
l'Ancien. Les prophètes déjà, et Daniel en particulier, ont parlé de
cet empire, mais d'une manière trop obscure, et dans un but trop
spécial, pour que l'examen de leurs oracles appartienne à notre travail.
Ce
fut l'an 161 av. C. que les Juifs entrèrent,
pour la première fois, en rapport avec les Romains comme nation. Judas
Maccabée conclut avec eux une alliance défensive, qui devait mettre son
pays à l'abri des tentatives, toujours renouvelées, de Démétrius, roi
de Syrie, 1 Macc. 8. Ce furent cependant moins ces alliances que les
querelles de succession au trône de Syrie, qui procurèrent aux Juifs le
repos, et qui donnèrent à leurs princes un certain poids et une
certaine indépendance dans les questions de la politique de l'Orient, 1
Macc. 10, et 11. Jonathan, en 144, puis Simon, l'un et l'autre frères
de Judas Maccabée, renouvelèrent successivement encore l'alliance avec
le sénat romain, 1 Macc. 12,1-16. 14, 24., et Simon, ayant envoyé
Numé-nius avec un grand bouclier d'or, eut l'avantage de voir son
ambassadeur très bien reçu, et son peuple appelé l'ami, l'allié, le
frère du peuple romain, dangereux honneur qui ne lui valut jamais rien
de bon. Jean Hyrcan, son successeur, sut se maintenir, seul et sans
secours étranger, au milieu des agitations continuelles de la Syrie, et
ne sentit qu'une fois, à propos de quelques déprédations occasionnées
par Antiochus Sidétès, l'utilité de [l'alliance romaine (Jos. Antiq.
13. 9, 2.).
Les Romains acquirent une influence et une
prépondérance plus décisive sur les affaires juives, lors des luttes
qui s'élevèrent entre Hyrcan II et Aristobule II, à propos du trône.
Les deux partis sollicitèrent l'intervention du général Scau-rus, que
Pompée envoyait contre Tigrane, puis celle de Pompée lui-même, qui
venait d'arriver à Damas ; celui-ci marcha conlre Jérusalem, la prit
d'assaut, et nomma Hyrcan souverain pontife et prince des Juifs, en
réduisant son territoire à ses anciennes limites, et sous la condition
qu'il paierait aux Romains un tribut annuel. Dès lors les Juifs furent
soumis à l'administration militaire du président de la Syrie, de
l'avidité duquel ils eurent maintes fois à se plaindre, et la monarchie
dégénéra peu à peu en une aristocratie. Jules César, qui porta en
Orient la politique modifiée de l'empire romain, ramena la monarchie,
et se montra, par plusieurs décrets, assez favorable aux Juifs; mais il
donna comme adjoint à Hyrcan, un Iduméen nommé Antipater, qui, en
réalité, exerçait seul les droits et les fonctions de la royauté. Les
Juifs furent de nouveau déclarés les amis du peuple romain, quoiqu'ils
ne fussent que ses sujets, et ils restèrent tels assez longtemps, sauf
un moment d'indépendance que leur procura une irruption des Par-thes
sur les possessions romaines. L'an 40 av. C, le sénat de Rome nomma
Hé-rode comme roi (mais roi vassal) des Juifs; on a vu, à l'article des
Hérodes, ce que devint le peuple sous la domination de cette famille.
Après qu'Archélaiis eut été détrôné, une partie du pays passa
directement sous la domination et l'administration romaine, tandis que
la Judée et la Samarie, annexées à la Syrie, furent sou-mises à
l'administration de procurateurs, dont la résidence habituelle fut
fixée à Césarée ; la Batanée et la Gaulonite éprouvèrent le même sort,
l'an 33 de Christ. En 38 et en 42, Hérode Agrippa devint roi de la
Galilée et de la Pérèe, puis de la Judée et de la Samarie ; mais il
mourut en 44, et dès lors la Palestine tout entière demeura romaine, à
l'exception de la Batanée et de quelques villes de la Galilée, qui
furent données, en 52, au tétrarque Agrippa II.
La
religion juive et l'exercice du culte restèrent
libres, même sous la domination la plus immédiate de la politique
romaine qui, par indifférence ou par principe, sut toujours respecter
la foi des provinces conquises. L'administration de la justice civile
fut de même abandonnée aux autorités municipales des Juifs, et le
sanhédrin paraît n'avoir eu à s'occuper en général que des causes
essentiellement criminelles. Les procurateurs étaient chargés de
l'exécution des sentences, mais les chefs provinciaux paraissent avoir
eu aussi le droit de grâce.
Les Romains prélevaient des impôts
fonciers et
personnels, parfois même des droits de douane ou d'octroi, qu'ils
affermaient assez habituellement à des chevaliers romains. Des cohortes
étaient mises à la disposition des procurateurs en Judée, même au temps
des Hérodes, et une division militaire occupait, spécialement lorsque
la pâque attirait un grand concours de peuple dans la ville sainte, la
citadelle Antonia, d'où elle pouvait dominer à la fois le temple et le
peuple, Act 24, 31. Le quartier général était à Césarée, Act 40, et
27,1. Une cohorte italique est nommée Act 10, 1. Elle portait ce nom,
sans doute parce qu'elle se composait de soldats venus d'Italie, tandis
que la plupart des troupes qui se trouvaient en Syrie et en Judée,
étaient composées de soldats indigènes. On a vu tour à tour, dans les
archers de Act 23, 23., des ar-chers, des licteurs, des huissiers, des
gardes du corps, etc., sans qu'il soit possible de déterminer
exactement ce que signifie le terme grec, qui ne se trouve que dans ce
seul passage. — Les poids, les mesures et les monnaies romaines furent
reçues des Juifs pendant toute la du-rée de la domination, et la langue
latine paraît même n'avoir pas été étrangère, du moins aux classes
élevées de la Palestine, d'autant plus qu'elle était régulièrement
employée dans les débats judiciaires et dans les publications
officielles, cf. Jean 19, 20.; quelques latinismes, quoique peu
nombreux, se sont même glissés dans la langue grecque des écrivains
inspirés. — Dans les autres provinces de l'empire, les Juifs, non
seulement continuèrent de jouir de leur pleine et entière liberté
religieuse, mais ils étaient même exempts du service militaire ; les
nombreux Juifs d'Alexandrie étaient en particulier, depuis les
Ptolémées, les objets de faveurs tout à fait spéciales ; au dire
d'Alabarque, ils avaient même une espèce de représentation nationale.
On peut en dire autant des Juifs d'Antioche.
2°
Rome (la ville). Cette vieille capitale du
paganisme, sise sur sept collines aux bords du Tibre, avec ses
trente-sept portes et une circonférence de treize mille pas, est nommée
pour la première fois dans le premier livre des Maccabées, où elle
désigne d'une manière générale tout l'empire, puis plusieurs fois dans
les Actes, et enfin dans l'Apocalypse, mais en termes prophétiques. La
ville éternelle et toujours la même, était habitée au commencement de
l'ère chrétienne par un grand nombre de Juifs qui s'étaient établis
dans un quartier spécial au-delà du Tibre, où ils pratiquaient leur
culte en toute liberté, faisant même à ce qu'il paraît, beaucoup de
prosélytes. C'étaient pour la plupart des affranchis, des descendants
de ceux que Pompée avait emmenés en captivité. L'empereur Tibère, et
Claude après lui, les chassèrent de la ville, Suétone ne dit pas en
quelle année ; d'après Orose, ce serait en la neuvième de ce dernier
règne; le nom de Chrestus, mêlé à ce décret comme celui d'un agitateur
dont les désordres auraient provoqué l'expulsion des Juifs, n'est
peut-être que la corruption du nom de Christ; peut-être aussi qu'un
fait spécial dont un Chrestus (nom assez général et qui reparaît sur
plusieurs inscriptions), aurait été le promoteur, a provoqué une mesure
sur les causes de laquelle les détails nous manquent.
Une Eglise composée de Juifs, de
prosélytes et
de païens convertis, n'avait pas tardé à se former à Rome, à la suite
de la prédication de l'Evangile, que des voyageurs venus de Palestine
avaient occasionnellement fait connaître à leurs amis de la métropole ;
en 58, à l'époque où nous découvrons par l'Épître aux Romains la
première trace de cette Eglise, on voit qu'elle était déjà assez
nombreu-; se, quoiqu'elle n'eût encore eu aucun mi-, nistère régulier,
et que le grand apôtre des gentils ne l'eût pas encore visitée. Saint
Paul, cependant, déjà dès son troisième voyage missionnaire, s'était
proposé d'aller visiter ces chrétiens, Act 19, 21. Rom. 15, 23.; il s'y
rendit en effet, mais comme prisonnier, Act 28,16. v. Paul.
Dans
l'Apocalyse, Rome est clairement désignée sous
le nom symbolique de Ba-bylone, 14, 8. 16, 19. 17, 5. 18, 2. etc. Siège
du paganisme, elle est opposée à Jérusalem, le siège du judaïsme, et le
lieu de naissance du christianisme : la corruption est opposée à la
sainteté, les ténèbres sont mises en présence de la lumière. Déjà les
Juifs avaient l'habitude de désigner sous le nom fatal de Babylone,
cette Rome qu'ils haïssaient, et les prophètes en regardant l'avenir y
voyaient le paganisme ressuscitant toujours aussi païen, mais avec des
dehors chrétiens, avec- un nom chrétien. Les sept collines et la
domination du monde, 17, 9. et18., ne peuvent laisser aucun doute sur
la ville que saint Jean avait en vue. Elle est appelée la Bête, et son
chiffre est 666; on a trouvé de ce chiffre diverses solutions,
grecques, latines, hébraïques, arabes, allemandes, françaises, etc. Le
mot latin en grec, ?.a-TSIVOS, dont toutes les lettres ont une valeur
en chiffres, donne par l'addition 666;
? =
30
a =
1
t =
300
e =
5
t =
10
? =
50
0 —
70
?
=. 200
?”= 666.
Il en est de même du mot romain en hébreu;
on
Ta vu encore dans la fameuse inscription PAULO V. YICEDEO, qui se
trouvait en tète des thèses dédiées au pape Paul V, et dont les
lettres, celles qui ont une valeur en chiffres (VLVV1CD), représentent
le même nombre. C'est Irénée, évèque de Lyon, qui, dès le second
siècle, a découvert dans ? le chiffre de la Bête ; la solution est
ingénieuse et probable; si nous étions moliniste, ou partisan des
traditions, nous n'hésiterions pas à l'accepter. La curiosité peut être
engagée dans ces recherches, et elle l'est ordinairement plus que la
foi ; le nom de Mahomet a fourni son contingent d'explications, et il
n'y a pas jusqu'au nom de Luther dans lequel on n'ait trouvé le chiffre
666, à la condition toutefois qu'on l'écrive Loulthr, en lettres et
chiffres hébraïques. — Au reste, ces mystères trouvent mieux leur place
dans un commentaire qu'ici.
3° Epître aux Romains. Dictée par l'apôtre
à un
certain Tertius, et portée aux chrétiens de Rome par la diaconesse
Phébé (Rom. 16,1. sq.), cette épître renferme, sur le lieu et l'époque
de sa rédaction, des indices si positifs, que les opinions n'ont jamais
beaucoup varié sur l'un et sur l'autre pas. Ce fut après avoir été
chassé d'Athènes, et pendant son séjour en Macédoine, que Paul, étant à
Co-rinthe, écrivit cette lettre. On voit par 1 Cor. 16, 3. 4., que
l'apôtre se proposait de faire un voyage à Jérusalem pour assister les
saints, après qu'il aurait été recueillir à Corinthe les dons de la
libéralité chrétienne; or, d'après Rom. 15, 25., il est sur le pas
d'entreprendre ce voyage; il était donc à Corinthe en écrivant ces
lignes. Aquila et Priscille, qui étaient encore à Ephèse lorsque saint
Paul écrivait, 1 Cor. 16,19. cf. Act 18, 18. 26., étaient arrivés à
Rome, Rom. 16, 3. Enfin le voyage que Paul avait résolu de faire à Rome
après celui de Jérusalem, Act 19, 21., il annonce qu'il va le faire,
Rom. 15, 28., se proposant même de se rendre jusqu'en Espagne. D'autres
détails confirment encore l'opinion généralement reçue; il salue les
chrétiens de Rome de la part de Caïus, 16, 23., or Caïus était à
Corinthe, 1 Cor. 1,14. : il les salue de la part d'Eraste, et celui-ci
demeurait à Corinthe, 2 Tim. 4, 20.; Phébé la diaconesse était de
Cenchrée, port de Corinthe, etc. D'après ce que nous avons dit
ailleurs, ce serait donc vers l'an 58 ou 59 que cette lettre aurait été
écrite.
Bolten et Berthold, prenant toujours le
parti
de l'invraisemblance, ont essayé de prouver que l'Epitre aux Romains
avait d'abord été écrite en araméen ; le P. Ilar-douin soutient en
revanche que saint Paul l'a écrite en latin, telle qu'elle se trouve
dans la Vulgate, et il a un certain intérêt à l'établir ; mais sauf ces
deux tentatives désespérées, l'ancienne tradition est restée
généralement admise, que saint Paul a écrit en grec. La circonstance
que l'apôtre écrivait en Grèce, dans une ville entièrement grecque, et
l'examen du texte dont le style trahit un tra-vail original, seraient,
lors même qu'il n'y aurait pas de tradition, des arguments suffisants
pour répondre à toutes les inductions contraires. La langue grecque
était d'ailleurs parfaitement connue à Rome, et chacun la comprenait
(Suet., Claude, 4. Dial. des Orat. c. 29. Juvénal, Sat. IV, 185.)
Si l'on se rappelle que cette épître a été
écrite avant le voyage de Paul à Rome, on s'étonnera que, lors de son
arrivée, les Juifs parlent à l'apôtre comme ne sachant rien de cette
secte, sinon qu'on la contredit partout, Act 28, 22. Comment les
chrétiens de Rome qui avaient attiré l'at-tention de
l'apôtre-missionnaire absent, et qui étaient assez nombreux pour avoir
plusieurs lieux de culte, qui s'étaient même avancés jusque près des
marches du trône, comment pouvaient-ils n'être pas connus, surtout des
principaux d'entre les Juifs ? L'Eglise n'était-elle composée que de
païens convertis ? môme dans ce cas elle n'eût pu rester cachée. Ce
n'est d'ailleurs pas probable, et l'Epître aux Romains semble indiquer
que parmi ceux auxquels l'apôtre s'adresse, il y avait sinon des
divisions et des divergences de vues, tout au moins des positions et
des origines différentes, des païens et des Juifs. L'ignorance des
chefs de la synagogue à leur égard, a donc lieu de surprendre, et les
théologiens ont essayé de l'expliquer de diverses manières ; Tholuck et
Reiche pensent que les Juifs feignaient seulement de n'en avoir pas
entendu parler; d'autres, comme Olshausen dans sa première édition,
croient que par suite des persécutions de Claude, la petite Eglise
avait été dispersée et presque anéantie; mais on ne comprend pas les
motifs qui auraient pu porter les Juifs à feindre, et quanta la
persécution de Claude, comme elle avait eu lieu avant la rédaction de
l'Epître aux Romains, et qu'à cette époque l'Eglise paraît de nouveau
constituée, elle ne peut non plus expliquer l'ignorance des principaux
des Juifs. Il vaut donc mieux admettre avec Olshau-sen, dans son
Introduction à l'Epître aux Romains (1838), que les Juifs ne
connaissaient pas l'existence des chrétiens, parce que ceux-ci avaient
cru devoir, peut-être par des motifs politiques, se séparer entièrement
et catégoriquement du parti juif, afin d'échapper aux mesures de
proscription auxquelles ceux-ci étaient exposés sous Claude : les
chrétiens, même les judéo-chrétiens, ne voulaient pas être confondus
avec les Juifs, comme plus tard aussi, lors du siège de Jérusalem, ils
durent se séparer d'eux d'une manière ostensible, pour pouvoir se
réfugier dans la citadelle d'jElia ; cette séparation qui leur était
dictée par leur intérêt, fut peut-être facilitée au pas de vue
dogmatique, par l'influence de quelques disciples de saint Paul qui
enseignaient la complète rupture avec les traditions juives.
En
admettant cette explication, l'on comprend aussi
que les questions qui s'agitaient ailleurs, et les divisions entre
judéo et pagano-chrétiens, ne fussent pas à l'ordre du jour dans
l'Eglise de Rome. L'apôtre, en écrivant aux frères, reste donc sur le
terrain abstrait de l'exposition, et ne parle de la position que
l'Evangile fait aux Juifs et aux païens que d'une manière générale,
sans que rien dans les circonstances de l'Eglise ait provoqué ces
observations. Les rapports de la loi et de l'Evangile sont le sujet de
sa lettre. Dans les dix-sept premiers versets il introduit et expose
son sujet, savoir que l'Evangile est la puissance de Dieu, en salut à
tout croyant, et que la justice de Dieu se révèle en lui pleinement de
foi en foi. La seconde partie va de 1,18. à 41, 36.; elle est consacrée
aux développements dogmatiques, et forme comme le noyau de l'épître.
Dans la troisième (12,1 .-15,33.), Paul examine les conséquences
morales et pratiques de la justification par la foi.
Le
chapitre 16 enfin est un épilogue qui renferme
les vœux de l'apôtre, et de nombreuses salutations.
L'importance
de l'Epître aux Romains a été sentie
de tout temps ; c'est ce qui lui a valu d'être placée en tête des
autres épîtres, quoiqu'elle ne soit pas la première en date. La
grandeur du sujet, la profondeur des pensées, l'énergie du langage, la
puissance du raisonnement, la clarté et la précision de la doctrine,
font de cette lettre une lettre à part, et lui assignent aux yeux des
chrétiens, une place spéciale dans le canon du Nouveau Testament ; et
si le sermon sur la montagne a été considéré comme le commencement de
l'Evangile, on peut dire que l'Epître aux Romains en est le dernier
mot. L'apôtre a cru, c'est pourquoi il a parlé, et jusque dans les plus
petits détails, on reconnaît que l'inspiration divine n'a parlé qu'à
travers l'expérience intime et personnelle de l'apôtre. On ne peut le
comprendre aussi que lorsqu'on a fait les mêmes expériences que lui ;
il faut avoir reconnu d'abord qu'au milieu des œuvres de la loi, l'on
se trouvait encore faire la guerre à Dieu et persécuter le Sauveur,
pour renoncer entièrement au salut par les œuvres et ne plus chercher
d'autre justice que celle qui est par la foi.
Il n'est peut-être pas d'ouvrage qui ait
été
l'objet de plus de recherches et de travaux dans la Rible que l'Epître
aux Romains ; le nombre des commentateurs qui l'ont expliquée est
considérable ; on en trouve la liste dans Reiche, page 9a et suiv., et
dans le commentaire d'Oltra-mare, quoique cette dernière ne soit pas
complète. Il est à remarquer que saint Augustin et Luther n'ont pas
abordé ce travail de front; le premier n'a commenté que quelques «
propositions » de l'épître ; le second a pu, en commentant les Galates,
examiner la doctrine de saint Paul sur la justification par la foi,
sans rencontrer aussi directement sur son chemin la doctrine de la
prédestination. Parmi les pères, Chrysostome et Théodoret, nons ont
laissé des commentaires homi-létiques sur les Romains ; nous ne
possédons le travail d'Origène que dans la traduction de Rufm ; Jérôme
et Cassiodore nous ont conservé un commentaire de Pelage ; QEcumenius
et Théophylaete n'ont rien laissé de bien saillant dans leurs travaux
sur cette épître ; en général les Pères grecs ne la comprenaient pas
bien, et les latins, sauf l'Ambrosiaster, ont évité de se prononcer
clairement. Le travail de Mélanchthon, et surtout celui de Calvin, sont
les véritables ouvrages pa-tristiques sur la matière, et l'on y trouve
tout le génie de la réformation. Parmi les modernes, nous ne
mentionnerons que le commentaire de Tholuck qui se distingue au pas de
vue scientifique, celui de Stier qui est plus pratique, celui
d'Ols-hausen, le plus dogmatique, le plus profond des commentaires
allemands, et dans tous les cas celui qui se lit avec le plus
d'entraînement ; en anglais, celui de Hod-ges et celui de Haldane, tous
deux traduits en français, le premier plus intéressant, le second plus
dogmatique et plus profond ; en français, celui de Mou-linié, l'un des
meilleurs ouvrages de ce vénérable champion de la vérité à Genève, et
celui d'Oltramare qui n'est pas encore achevé, savant, grammatical,
intéressant comme étude, mais manqué au pas de vue dogmatique. Les noms
de Zwingle, d'QEcolampade, de Grotius, de Flatt, de Ruckert, de Reiche,
de Néander, de Glceck-ler, d'Usleri, de Meyer, de Moses Ste-wart, et
d'Erskine, doivent également être rappelés ; nous n'avons d'ailleurs
pas nommé les commentateurs qui, ayant expliqué tout le Nouveau
Testament, ont par conséquent aussi publié des travaux sur l'Epître aux
Romains.
Les
questions spéciales relatives à cette épître
sont traitées aux articles spéciaux, Paul, etc.,si elles sont
historiques : quant aux difficultés dogmatiques, ce n'est pas ici
qu'elles doivent être résolues.
ROS. 1° Fils de
Renjamin, Gen. 46,21. — 2° Ez. 38,
2. 3. 39, 1. Nos versions ont traduit « prince des chefs » au lieu de
prince de Ros, deMésec, etc.; mais l'analogie de la langue hébraïque
n'autorise pas une semblable traduction ; il faudrait l'article hébreu,
et cela d'autant plus que le mot prince se rapporte au nom de Gog qui
ne précède pas immédiatement. Ros, ou Rosh, doit donc être pris comme
un nom de peuple, aussi bien que Tubal, et la circonstance qu'il n'est
parlé de ce peuple nulle part ailleurs dans l'Ancien Testament, cesse
d'être une objection dès qu'on se rappelle la position particulière du
prophète. Il était en Rabylonie, et par conséquent en rapports plus
faciles avec les peuples païens du Nord, ou du moins avec leur
géographie, que les écrivains de la Palestine. Il est du reste
difficile de préciser la position de Ros, et ce que nous avons dit à
l'article Mésec peut suffire. Les Ras dont il est parlé dans le Coran
(Sur. 25, 40. et 30.) comme d'un peuple qui a cessé d'être, ne sont
probablement pas sans analogie avec le Ros d'Ezéchiel ; les
commentateurs les placent au Nord, sur les bords de l'Araxe. Les
écrivains byzantins parlent souvent des Ros, ce qui indiquerait qu'ils
n'en étaient pas fort éloignés; et si l'analogie de ce nom avec celui
de Russie n'est peut-être qu'accidentelle, il n'en est pas moins
frappant de voir Ros, Tubal, et Mésec réunis autrefois sous le sceptre
d'un seul prince, comme le sont maintenant la Russie, Tobolsk et Moscou.
ROSE. C'est par ce mot que Luther a
traduit,
Cant. 2,1.4, 5., l'hébreu shoshan que nos versions, également à tort,
ont rendu par muguet; v. Lys. Nos versions ont traduit de même par
rose, Cant. 2, 1., le terme hébreu que nous avons vu désigner le
narcisse, cf. Il ne paraît pas qu'il soit nulle part question des roses
dans l'Ecriture, mais il en est quelquefois parlé dans les apocryphes,
comme de belles fleurs dont on se servait volontiers pour faire les
guirlandes, Sir. 39, 16. 50, 8. Sap. 2, 8. L'espèce dite de Jé-rico
était particulièrement estimée, Sir. 24. 18., et le climat fertile de
ce district pouvait en effet faciliter la culture de diverses espèces
rares et remarquables. Les roses de Cyrène passaient dans l'antiquité
pour les plus odoriférantes, Pline, 21, 10.
ROSEAU. On distingue
ordinairement trois espèces de
roseaux dans l'Ecriture : G Le roseau d'eau que l'on trouve dans les
marais, dans les étangs, au bord des fleuves, du Nil, du Jourdain,
etc., Ex. 2. 3. 1 Rois 14, 13. Job 8, 11, Es. 19, <i.
35, 7. Ses sous-espèces les plus connues
sont
l'arundo phragmites, et le ca-lamogrostris. —2° Une espèce plus forte
dont on fait des bâtons et des cannes, 2 Rois 18, 21. Ez. 29, 6. Mat
27, 29., parfois aussi une mesure de longueur, Ez. 40, 3. Apoc.
11,1.21,15. C'est l'arundo donax, dont le tronc dur et li-gneux,
atteint la hauteur de 3 mètres, et l'épaisseur de 3 décimètres. Il est
aussi très abondant sur les bords du Nil. — 3° Le roseau à écrire,
arundo scriptoria, 3 Jean 13., que les Arabes nomment kalam (ca-lamus).
Il croît dans les marais de la Mésopotamie, entre le Tigre et
l'Euphrate, près d'Hellah, dans le golfe Persique, etc. Lorsque le
tuyau, qui est rempli de moelle, a été d'abord amolli, puis séché, on
le fend et on le taille, à peu près comme nos plumes, et c'est après
cette préparation que l'on s'en sert. Il manque du reste une
description exacte et complète de cette plante, qui croissait autrefois
dans l'Asie Mineure, en Egypte, et même en Italie, Plin. 16, 35. Toutes
ces espèces sont connues en hébreu sous le nom général de kanneh',
cannes, Le terme ag-mon employé Es. 9, 13.19, 15., comme faisant
opposition au rameau (de palmier), désigne peut-être aussi bien le jonc
que le roseau ; on en faisait des cordelettes, Job 40, 21., comme on en
fait maintenant encore avec le jonc et le roseau. Le mot achou,
d'origine égyptienne, Gen. 41, 2.18., est assez bien traduit dans nos
versions par herbe des marais, Job 8,11.; il désigne en effet la
Iaîche, ou le carex, et saint Jérôme l'explique par tout ce qui est
verdure dans les marais. Le gomé, Es. 35, 7. Job 8, 11., traduit par
joncs, est le papyrus si célèbre des anciens ; il n'appartient pas à la
famille des roseaux, c'est le cyperus papyrus de Linnée : on le
trouvait autrefois dans tous les marais de l'Egypte et sur les bords du
Nil, mais il y est maintenant fort rare, et au dire de Minutoli ce
n'est plus qu'aux environs de Damiette qu'on le trouve; sa tige
trian-gulaire, garnie de longues feuilles qui se recouvrent par le bas,
atteint une hauteur de 3 mètres et plus, et se termine par un bouquet
de feuilles rougeâtres au milieu desquelles se trouve une touffe de
filets qui forment l'effet d'une chevelure. La racine a l'épaisseur du
bras, et l'on s'en servait au lieu de bois; de la tige on fabriquait de
petites et légères embarcations, Ex. 2, 3. Es. 18, 2. (papyraceas
naves, Plin. 6, 24. etc.), qui, au dire d'Héliodore, étaient fort
rapides '. la pellicule et les parties membraneuses de la plante, d'un
vert-clair, et ressemblant assez à la couche la plus fine de l'écorce
d'arbre, servait à divers usages; on en faisait des voiles, des
matelas, des souliers, des cordes, des cribles, des mèches, et surtout
du papier. Le nom de cette plante est berd, ou berdi, en arabe. — Quant
à la canne odoriférante, ou roseau aromatique, dont il est parlé Ex.
30, 23. Jér. 6, 20. Es. 43, 24. Ez. 27, 19. Cant. 4, 14., c'est
l'acorus calamus de Linnée, plante dont la racine surtout se distingue
par son odeur agréable et sa forte saveur, et qui croissait, selon
Pline, en Arabie, en Syrie et aux Indes ; selon Théophraste, on
trouvait aussi la canne dans les vallées du mont Liban : elle n'était
peut-être pas étrangère non plus aux contrées méridionales de l'Europe,
mais la meilleure était celle des Indes et celle de l'Arabie. C'était
un des ingrédients dont on composait l'huile sacrée, et l'on en faisait
des encensements. — Les roseaux de mer dont il est parlé Jon. 2, 6.,
désignent une espèce d'algues marines (fucus natans de Linnée) que l'on
trouve en quantité près des rivages de la Méditerranée, de
l'Hel-lespont, et de la mer Rouge; cette dernière en a même tiré son
nom de Yam Souph, ou mer des Algues. La tige en est noueuse, rameuse et
filamenteuse; les feuilles sont longues, pointues, et dentées en forme
de scies. On en trouve différentes espèces dans la mer Rouge ; le
latifolius est le plus commun.
ROSÉE .Elle est si
abondante en Orient pendant les
chaudes nuits d'été, qu'elle fait l'effet d'une petite pluie, Dan.
4,15. 23. Cant. 5, 2. Elle tempère les violentes ardeurs du jour et
rafraîchit les plantes qui, sans elle, périraient de sécheresse; sans
la rosée on ne peut attendre aucune végétation, aucune récolte, tout
est stérile, Gen. 27, 28. Zach. 8, 12. Agg. 1,10. Job 29, 19., et elle
est toujours nommée à côté de la pluie comme une des plus grandes
bénédictions que Dieu accorde à la terre, Reut. 33, 28. Elle a fourni
aux poètes de belles et gracieuses images, soit qu'ils décrivent le
bonheur et la fertilité, soit qu'ils en fassent le symbole de la
rapidité avec laquelle disparaissent les jouissances de la vie, ou les
bonnes dispositions de ceux qui ne sont pas fondés en Christ, 2Sam.
17,12. Ps. MO, 3. Prov. 19, 12. Os. 6, L 13, 3. 14, 5. Mich. 5, 7. Es.
18,4. 26, 19., etc.
ROTIS. Cette manière
d'apprêter les viandes, la plus
ancienne peut-être, et dans tous les cas la plus ordinaire encore dans
l'Orient moderne, n'est mentionnée qu'en passant dans l'Ecriture, 1
Sam. 2, 18. Es. 44, 16. Ex. 12.8.
ROUTES. Les grandes routes
de la Palestine devaient
être, d'après la nature du terrain, les unes montueuses et rocheuses,
les autres planes et sablonneuses; les premières étaient les plus
difficiles, et dans les temps de pluies, lorsque les eaux découlaient
en abondance des mon-tagnes, improvisaient des ruisseaux et
grossissaient des rivières, le passage de ces routes était dangereux,
parfois même impraticable ; elles avaient d'un autre côté l'avantage
d'être solides, fermes, dures, ce qui est considérable dans un pays où
l'on n'est pas, comme dans l'ancien Orient, bien avancé dans l'art des
ponts et chaussées. Le passage Deu 19, 3., relatif à l'entretien des
routes conduisant aux villes de refuge, est tout à fait isolé dans
l'Ecriture; et si Josèphe semble indiquer que les routes à l'entour de
Jérusalem avaient été pavées par Salo-mon, c'est le seul indice que
nous en ayons. On voit au reste, par l'analogie de Es. 40, 3., que
lorsque les rois se mettaient en voyage on préparait la route devant
eux, en rendant praticable et sans danger le chemin qu'ils devaient
suivre. Les Romains furent les premiers qui con-struisirent en Orient
des routes régulières, et en organisèrent un réseau dans les pays
soumis à leurs armes ; ils élevèrent aussi, mais seulement sous les
derniers empereurs, des pierres milliaires en Palestine.
Il est naturel que des moyens de
communication
plus ou moins parfaits aient relié entre elles les différentes villes,
entre eux les différents villages de la Palestine; la liste de ces
petites routes serait sans valeur et resterait nécessairement
incomplète. Nous n'avons à nous occuper ici que des routes principales
du pays, lesquelles servaient en même temps à mettre Israël en
communication avec les contrées voisines; elles sont restées jusqu'à
aujourd'hui à peu près les mêmes que ce qu'elles étaient autrefois. —La
configuration de la Palestine donne à ses routes deux directions
principales; les unes sont longitudinales et courent du nord au sud,
les autres sont transversales et vont de l'est à l'ouest. Parmi les
premières, on remarque : 1 ° la route maritime. qui conduit de Sidon en
Egypte, en suivant les côtes de la Méditerranée; elle passe par Tyr ;
sa première station en Palestine est Acre ou Acco ; longeant de près le
rivage, ef souvent taillée dans le roc, elle passe au pied du Carmel,
traverse Césa-rée, Joppe, les villes principales des Philistins,
Askélon, Gaza, où de fertiles gradins commencent à faire place à un
terrain inculte et sablonneux; près d'El Arish on trouve le vrai désçrt
de Sur, puis Pélusium et l'Egypte.
2° Sur l'étroit plateau du haut pays
occidental
est une seconde route longitudinale qui, de Jérusalem, conduit vers le
sud à Hébron et relie les principales villes de la Judée, et vers le
nord s'avance jusqu'en Galilée, et sert de communication entre les
trois provinces, puisqu'elle traverse la Samarie en entier. Une forte
journée conduit de Jérusalem à Sichem; la route touche à Samarie,
traverse la plaine de Jizréel, et aboutit à Nazareth.
3°
La vallée du Jourdain n'a jamais offert une
route régulière et facile ; les Galiléens, qui voulaient éviter la
Samarie en se rendant à Jérusalem, traversaient le fleuve au midi près
de Bethséan, et le repassaient de nouveau au nord près de Jé-rico ;
cette roule défectueuse s'arrêtait là, et ne longeait la mer Morte ni à
droite, ni à gauche.
Parmi les routes transversales, on
distinguait
surtout celle d'Acco à Nazareth, au nord, et celle de Joppe à Jérico
par Jérusalem, au sud. La première, partant d'Acco et se dirigeant vers
le sud pour éviter les montagnes, touchait presque, à la plaine de
Jizréel, remontait vers le nord-est à Tibérias, longeait la mer à
Gé-nésareth jusqu'à Capernaiim, traversait le Jourdain près du puits de
Jacob (P), et se dirigeait de là au nord-est, en franchissant les
hauteurs peu escarpées de l'Anti-Liban jusqu'à Damas. C'était là le
chemin de la mer, qui vient d'au-delà du Jourdain, Es. 8, 23. Mat 4,
15.; les Romains y avaient établi un péage important, Mat 9, 9., et,
jusqu'à l'époque des croisades, ce fut la route la plus fréquentée de
toute la Palestine, et la principale par laquelle les caravanes
arrivaient de l'intérieur de l'Asie jusqu'aux ports des Phéniciens. —
La route de Joppe (Jaifa) à Jérusalem est tortueuse, et compte 15
lieues de longueur; après avoir traversé la plaine de Saron, on arrive
à Ramlé, la station principale, qui n'a été fondée qu'au huitième
siècle ; puis, au milieu de collines variées, on entre dans les gorges
des montagnes de Juda, on longe la vallée des Térébinthes, on passe le
mont Gui-hon, d'où l'on aperçoit, dans le lointain, les montagnes qui
forment la rive orientale de la mer Morte, et l'on ne tarde pas à
entrer dans Jérusalem. — Le chemin de Jérico, mentionné Mat 20, 29.
21,1. Luc 10, 29-37., est aujourd'hui fréquenté par les pèlerins qui
viennent célébrer, dans le Jourdain, la mémoire du baptême de
Jésus-Christ. On descend dans la vallée de Josaphat ; on traverse la
partie sud du mont des Oliviers, sur la pente duquel est Béthanie; les
montagnes deviennent escarpées et arides ; les rochers sont de plus
déchirés et affreux ; c'est là, dit-on, le désert de la Quarantaine, où
eurent lieu les scènes de la tentation du Sauveur. Le sentier est
suspendu sur d'effrayants précipices; çà et là on trouve quelques
ruines d'aqueducs et de réser-voirs, ou les restes d'antiques
terrasses, et une multitude de cavernes jadis habitées par des ermites.
En sept heures, on arrive dans la plaine de Jérico. La route se partage
alors ; un bras poursuit à l'est, et conduit, en deux heures, au
Jourdain : c'est le chemin que prirent les Israélites après le voyage
du désert ; l'autre suit le pied des rochers, et se dirige vers le
nord, pendant trois heures, jusqu'à l'endroit où la rivière présente un
gué sûr et facile ; c'est le chemin que suivent les pèlerins qui
viennent de la Galilée.
On pourrait mentionner aussi la route
d'Hébron
à Gaza, celle de Jérusalem à Gaza, Act 8,26., celle d'Hébron à la mer
Morte, celle de Sichem à Jérico, celle de Cana à Tibériade, etc. ?.
Brsem, trad. Rougemont, 77-94. La contrée la plus dépourvue de routes
était la Samarie, vrai pays de montagnes, que ne traversent ni des
caravanes de marchands, ni des caravanes de pèlerins, et qui fut
toujours assez riche pour se suffire à lui-même.
ROYAUME "N’attribuons
donc la puissance de disposer des royaumes qu’au vrai Dieu, qui ne
donne qu’aux bons le royaume du ciel, mais qui donne les royaumes de la
terre aux bons et aux méchants, selon qu’il lui plaît" -
Augustin d'Hippone, Citée de Dieu, L05, 21
RUBEN, fils aîné de Jacob
et de Léa, Gen.
29,32.38,23.46,8., souilla la couche de son père, et perdit ainsi, avec
son droit d'aînesse, toute prééminence en Israël, 35, 22. 49, 3. 4. Sa
conduite à l'égard de Joseph fut plus modérée que celle de ses frères,
soit caractère ou affection naturelle, soit qu'il voulût essayer de
rentrer en grâce auprès de son père, soit enfin que sa responsabilité,
comme aîné, fût plus engagée que celle des autres ; il s'opposa au
meurtre, et ne consentit à la descente dans le puits que parce qu'il
espérait faire évader Joseph, mais le mar-ché se conclut pendant qu'il
s'était un moment éloigné : « L'enfant ne se trouve pas, s'écria-t-il
alors devant la fosse vide, et moi, moi, où irai-je? » Gen. 37, 30.
Cette cruelle expérience lui apprit peut-être pour la vie, qu'il ne
sert de rien, quand on se propose le bien, de proposer un compromis aux
méchants, et que toute demi-mesure, que tout accommodement, que toute
concession est fatale: le demi-mal est autant que le mal, et celui qui
veut le bien doit le réclamer tout entier. Ruben put cependant rappeler
plus tard son infructueuse tentative, et il fut le premier à presser
Jacob de laisser Benjamin partir avec eux pour l’Egypte.
Il suffit souvent d'un instant pour briser
une
carrière, d'une tache pour ternir toute une vie; Ruben en est un
exemple. La tribu dont il fut le père, Ex. 6,14. Nomb. 1,3.20.
2,10.7,30.10,18., forte de 46,500 hommes lors du dénombrement de Sinaï,
Nomb. 1, 20.. ne comptait plus que 43,730 hommes à l'époque de l'entrée
en Canaan, Nomb. 26, 7. Elle n'ambitionna pas même l'honneur d'avoir
son lot dans la terre promise, et se choisit sur les confins des
Moabites et des Arabes nomades, sans aucun contact avec les tribus
occidentales, une contrée de peu d'étendue, les plaines septentrionales
des districts de l'Arnon, ce fleuve la bornant au sud, et la tribu de
Gadau nord,Nomb. 32,1. 34. 14. Jos. 1 et 18. Deu 3, 12. 16. Ces limites
n'étaient cependant pas toujours bien rigoureusement fixées, et l'on
voit les villes d'Hesbon et de Dibon attribuées successivement à l'une
et à l'autre tribu, Jos. 13. 17.26, 21,39.Ru-ben fut toujours une tribu
médiocre, un peuple de bergers, qui ne produisit aucun homme célèbre,
et qui ne paraît pas, dans son isolement, avoir exercé jamais une
grande influence ; on le vit même se refuser à prendre part à une
guerre nationale, et sa prudente lâcheté fut chantée par Débora,Jug. S,
1S. 16. Ainsi s'est accomplie la prophétie de Jacob, Gen. 49, 3. 4., et
Moïse, dans ses bénédictions,ne dit de Ruben que ce peu de mots : « Que
Ruben vive, et qu'il ne meure pas; que ses hommes soient un nombre »
(c'est-à-dire que l'on puisse compter, peu considérable), Deu 33, 6.
Lors de la séparation des deux royaumes, Ruben, Adèle à la majorité,
passa au royaume d'Israël ; il vit, sous Jébu. son beau territoire
ravagé par les Syriens . 2 Rois 10, 33-, et, plus tard, lors de la
destruction de Samarie et de la déportation de ses principaux
habitants, ses beaux pâturages devinrent la proie des Moabites. On
trouve maintenant encore quelques ruines assez importantes des
anciennes villes de cette tribu. RUBIS. C'est probablement par ce mot
que l'on doit traduire, ou le mot hébreu cadcod, Es. 54,12. Ez. 27,
16., ou le terme ekdach, Es. 54, 12. L'un et l'autre, d'après leur
étymologie, doivent signifier une pierre précieuse du plus beau rouge,
ou couleur de feu ; mais l'on est réduit à des conjectures sur leur
véritable signification. Le premier de ces mots a été rendu par agate,
le second par rubis. Il faudrait au moins donner au premier une
épithète qui rappelât sa signification hébraïque, comme rouge,
éclatante, brillante ; peut-être l'un des termes hébreux désigne-t-il
le grenat.
RUE. 1°«. Villes. 2°
Herbe domestique assez
connue, que l'on trouve même chez nous, et qui se distingue, par son
agréable odeur, Luc 11, 42. Ses feuilles, presque triangulaires, sont
épaisses, lisses et glauques ; ses fleurs sont jaunes et en pani-cules
terminaux. On en compte plusieurs espèces. Cette plante, exempte de la
dîme, selon quelques-uns, chez les Juifs, mais assujettie à cet impôt
lorsqu'elle était cultivée dans les jardins, ainsi que tous les autres
herbages, est choisie à cause de sa petitesse par notre Seigneur, qui
reproche aux pharisiens leur soin minutieux à s'acquitter de devoirs
qui n'en valent, pour ainsi dire, pas la peine, ou qui ne coûtent rien
à remplir, lorsqu'ils négligent sciemment des devoirs plus importants,
mais plus pénibles.
RUFUS, Mare 1 S,21. Rom.
16,13., fils de Simon le
Cyrénéen, probablement le même individu dans les deux passages, mais on
ne peut l'affirmer, car ce nom était assez ordinaire. D'après Dorothée,
qui distingue les deux personnages, le dernier aurait été l'un des
soixante-dix disciples, et serait mort évèque de Thèbes. Si dans les
deux passages il est question du même homme, on peut croire que la
charge imposée à Simon de porter la croix du Seigneur, n'a pas été sans
bénédiction pour lui et pour les siens ; en suivant l'agneau que l'on
menait à la boucherie, il aura pu se convaincre de l'accomplissement
des prophéties messianiques ; un pareil spectacle n'aura pu sortir de
sa mémoire, et cette muette prédication de la victime aura touché son
cœur; on voit en effet, par la salutation de saint Paul, que les deux
fils et l'épouse de Simon auraient été amenés à la foi, et étaient
distingués parmi les disciples de Rome. II y aurait lieu à de riches
réflexions pratiques sur le bonheur de l'homme qui porte la croix de
Jésus, et sur les bénédictions qui sont promises à sa famille et à sa
postérité.
RUISSEAUX.
C'est le nom que l'Ecriture donne, comme
nous, aux petites rivières qui coulent au fond des vallées, et qui
proviennent de sources intérieures, comme l'Arnon. le Cédron, le
Jabbok, le Kison, le Sorek, etc. ; les vallées elles-mêmes portent
souvent aussi le nom de ruisseaux, comme la vallée des Arabes, Es.
15,7. (ou ruisseau des Saules), On appelait aussi ruisseaux, ces
torrents formés pendant la saison des pluies et desséchés en été, Job
6, 15.; c'est à cette classe qu'appartient, par exemple, le torrent
d'Egypte à la frontière méridionale de la Palestine. Nomb. 34, 5. Jos.
15, 4. 47. 2 Rois 24, 7. 2 Chr. 7, 8. Es. 27, 12., et qui, à une lieue
et demie de la Méditerranée, se retrouve maintenant encore sous le nom
d'El-Arish près de Rhinocolure.
RUMA, 2 Rois 23, 36.,
ville inconnue, située dans
le village de Sichem ; peut-être la même qu'Anima, cf.
RUTH. femme païenne, de
Moab, qui nous rappelle
déjà sous l'ancienne économie, qu'en toute nation, celui qui craint
Dieu et qui s'adonne à la justice, lui est agréable, Act 10, 35. Veuve
d'un Juif qui était venu, pressé par la disette, l'épouser en terre
païenne, elle accompagne sa belle-mère lorsque celle-ci se décide à
retourner dans son pays, et elle s'établit avec elle à Rethléem. Sa
modestie et sa piété filiale la font remarquer des habitants, et Booz,
l'un des proches parents de son mari, l'épouse, conformément à la loi
du lévirat, cf.; leur fils compte parmi les ancêtres de David et du
Sauveur. On doit croire que Ruth était déjà prosélyte avant d'épouser
son premier mari. Son histoire, avec les diverses réflexions qu'elle
suggère, est rapportée en détail dans mon Histoire des Juges d'Israël,
73-82.
L'époque
à laquelle s'est passé ce charmant
épisode, n'est pas clairement désignée ; ce fut sous les juges, Ruth,
1,1., pendant une famine dont la date n'est pas indiquée et dont il
n'est pas parlé dans le livre des Juges. Le passage 4, 17., en faisant
du fils de Ruth le grand père de David, si aucune génération n'est
omise, indiquerait les derniers siècles de la période des juges comme
la date probable de cette histoire, que Josèphe place peut-être un peu
trop tard, après Samson, sous Héli.
Le Livre de Ruth,
écrit par un auteur inconnu,
plus tard que David, mais à une époque où l'intérêt pour sa famille,
pour son origine et pour son histoire, existait encore pleinement,
probablement dans le temps de la belle littérature classique des
Hébreux, comble la lacune que présentent les livres historiques
relativement aux ancêtres de David le fondateur de la dynastie juive.
Il valait certainement la peine d'exhumer ces vieilles origines avec
leur antique fraîcheur, et si celui qui les a rédigées n'était pas un
prophète dans le sens ordinaire du mot, son œuvre n'en a pas moins été
jugée digne de prendre place dans le canon sacré parmi les
hagio-graphes; en l'insérant entre les Juges et le premier livre de
Samuel, les interprètes d'Alexandrie ont eu égard au contenu et à la
date plutôt qu'à son auteur. Mais à côté de sa valeur historique, le
livre de Ruth a une signification théocratique sans laquelle il ne
serait, en définitive, qu'un document quant au fond, une idylle quant à
la forme. Le nœud de cette histoire, la pensée du livre se trouve
exprimée, 1,16., puis plus clairement encore, 2, 11.12. Ruth a quitté
son pays, sa famille et ses dieux pour le Dieu d'Israël, et par cet
acte de foi, elle a obtenu ce qu'elle attendait, et plus qu'elle
n'attendait ; sa conversion a fait son bonheur ; elle a vu que la piété
a des promesses pour la vie présente et pour celle qui est à venir;
elle est devenue la mère des rois de Juda. — Ce petit livre a plus été
lu et admiré que commenté ; les différentes questions que sa lecture
peut soulever sont examinées dans l'Introduction de Ha;ver-nick,
notamment celles qui concernent le caractère historique du fait
raconté. Chateaubriand en a fait une imitation qu'il reconnaît
d'ailleurs, malgré son talent, être de beaucoup inférieure à la pure
sim-plicité de l'original.
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