- MAATH
- MACÉDOINE
- Marc
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MAATH
Luc 3, 26., (ils
de Mattathie, l'un des
ancêtres de Jésus par Marie ; inconnu.
MACÉDOINE
Pays bien connu
dans l'histoire ancienne,
mais dont les frontières varièrent souvent à la suite des guerres que
ses possesseurs soutinrent, heureusement contre les Perses, avec perte
contre les Romains. Sous ses premiers rois, avant Philippe le père
d'Alexandre, elle était très resserrée, ayant au nord la Dardanie, à
l'est la Thrace, au sud la Thessalie, à l'ouest l'Illyrie; Philippe
recula ses bornes au-delà du fleuve Strymon et y réunit la Thessalie
ainsi qu'une partie de l'Epire et de la Thrace. Les nombreuses
montagnes qui l'entouraient et la traversaient en divers sens,
renfermaient beaucoup de mines d'airain et donnaient naissance à
plusieurs fleuves qui assuraient au pays une grande fertilité, et
enrichissaient ainsi ses plaines et ses vallées. Parmi les rois qui
gouvernèrent la Macédoine, deux sont nommés I Macc. 8, S., Philippe III
(V) et Persée. II.
Les
démarches politiques de ce dernier l'ayant rendu suspect au sénat
romain, la guerre lui fut déclarée, et malgré quelques premiers succès,
la Macédoine fut vaincue et soumise par Paul Emile (168 av. C); elle
fut partagée en quatre provinces, et son indépendance momentanément
conservée ; mais les dissensions et la rivalité de deux prétendants au
trône nécessitèrent bfentôt une nouvelle intervention des armes
romaines, et la Macédoine fut définitivement constituée en province
proconsulaire de l'empire romain ; c'est sous cette forme qu'elle
apparaît dans le Nouveau Testament, Acl. 16, 9. 18, o. 19, 21. Rom. Va,
26. 2 Cor. 1,16. 11,9. Phil. 4, 15.; son nom est joint à celui de
l'Achaïe, 2 Cor. 9, 2. 1 Thess. 1, 8. Ses quatre villes principales
étaient Amphipolis, Thessalonique, Pella et Pélagonie ; le Nouveau
Testament nomme encore Philippes, Néapolis, Apol-lonie et Iîérée, cf. —
v. aussi Kittim.
MACTES, Soph. 1, 11., nom
propre peut-être d'une
vallée près de Jérusalem ; saint Jérôme pense à celle de Siloh, le
parapnraste caldéen à celle de Cédron, Rosenmuller à celle des faiseurs
de fromage, v. Jérusalem; ce sont autant de suppositions en l'air. Le
nom de Mactès, qui signifie alvéole, a fait croire à quelques auteurs
(Calmet) que ce lieu était le même que Ramath-Léhi, où Samson vit
s'ouvrir une dent de laquelle jaillit une fontaine; c'est une
explication un peu forcée ; le mieux est certainement de ne rien
décider.
MADIAN, Madianites.
Peuplade arabe descendue
d'Abraham par Kétura, Gen. 2S, 2. 4. Elle ne tarda pas à se répandre et
à devenir forte et commerçante, puis-qu'aux jours de Jacob, nous voyons
déjà les Madianites formés en caravane, traverser le désert pour se
rendre de Galaad en Egypte, au travers de la Palestine, Gen. 37, 28.
36. Ils paraissent avoir ha-bité d'abord, comme bergers nomades, les
vastes plaines de l'Arabie Pétrée, voisines de l'Egypte, Ex. 2,4S.; ils
vivaient sous l'autorité d'un chef à la fois sacrificateur et prince,
Jéthro, et poussaient leurs troupeaux jusqu'aux environs du mont Sinaï,
3, 1. Cependant ils ne s'y trouvaient pas au moment où les Israélites
traversèrent le désert, et Jéthro, parent de Moïse, dut quitter les
lieux qu'il habitait pour venir à la rencontre de celui-ci, Ex. 18,1.
Nomb. 10, 29. Plus tard nous les trouvons à l'orient de la terre
promise, dans les plaines de Moab, où de bonne heure déjà des conflits
avaient eu lieu entre les Moabites et les Madianites, Gen. 36, 35.;
alors ces deux peuples sont alliés, et ils s'unissent dans le mal pour
séduire Israël et le perdre, Nomb. 22 ; issus d'Abraham, ils devaient
être épargnés par leurs frères d'Israël, mais les honteuses
machinations dont ils se rendirent coupables attirèrent sur eux la
vengeance divine ; Moïse les attaqua et en fit un grand carnage, Nomb.
25 et 31, cf. Jos. 13, 21. Sous les juges, lorsque les Israélites
furent définitivement établis en Canaan, les Madianites alliés aux
Amalécites et à d'autres hordes arabes, firent de fréquentes incursions
sur leur territoire et ravagèrent leurs moissons jusque sur la
frontière du pays des Philistins, Jug. 8,-3. 12.6,2.; mais enfin Gédéon
les surprit dans les plaines de Jizréel où ils s'étaient rassemblés,
Jug. 6, 33, et les repoussa au-delà du fleuve au sud de Scythopolis,
les frappa de rechef dans le voisinage de Succoth et en délivra
définitivement le peuple dont il était juge, 7 et 8 ; cf. Ps. 88, 9.41.
Es. 9, 3. 10, 26. Hab. 3, 7. Leur nom est encore rappelé comme celui
d'un peuple commerçant, Es. 60, 6, dans un passage où le prophète,
parlant des temps messianiques, et racontant quelle sera alors la
gloire finale du peuple juif, dit que toutes les nations s'empresseront
de venir déposer devant lui leurs tributs.
Il est difficile de déterminer exactement
d'après l'Ecriture, le territoire qu'occupait cette peuplade ; les
géographes arabes du moyen âge (Edrîsi el Abulféda) parlent des ruines
d'une ville nommée Madian qui était située sur les côtes orientales du
golfe èlanitique ; Jospèhe connaît de même une ville Madiène au bord de
la mer Rouge, ce qui placerait le pays de Madian entre la partie du
golfe d'Arabie, l'Arabie Heureuse, et les plaines de Moab. On
comprendrait, dans ce cas, que les Madianites aient pu faire le
commerce de caravane entre l'Egypte et l'Arabie. Dans 1 Rois 11,18.,
Madian est placé entre les Edomites et le désert de Paran.
Certains,
n’acceptant pas que Moïse aie eu deux épouses, situent l’Ethiopie en
Madian affirmant que c’est Séphora fille de Jéthro et femme de Moïse,
qui est appelée Cushite (éthiopienne) bien qu'elle fût Madianite.
(Nomb. 12, 1). En fait, il ne s’agit pas de Séphora dans ce passage,
mais de la première épouse de Moïse, celle qu’il avait prise, lors de
la conquête de l’Ethiopie, alors qu’il était encore général en chef des
armées de Pharaon.
Les
Madianites furent d'abord gouvernés par des anciens, Nomb. 22,4., plus
tard par des princes et des rois, Nomb. 2o; 15.18. 31, 8. Jug. 7, 23.
8, 3., qui paraissent au temps de Moïse avoir été tributaires de Sihon,
roi des Amorrhéens, Jos. 13, 21. Ils étaient extrêmement nombreux, Jug.
6,5. 7,12. 8,10., possédaient une grande quantité de chameaux, Jug. 6,
5. 7, 12. Es. 60, 6. et avaient acquis de fort bonne heure un grand
bien-être matériel par le commerce et l'élevage des bestiaux, Jug. 8,
24. Leur divinité nationale était Bahal Péhor, cf., Nomb. 25, 3. 18. —
Après l'exil leur nom se retrouve encore, Judith 2,16.; mais il
disparaît dès lors pour se fondre avec celui d'Arabes, plus général et
plus connu.
MADMEN, ville de Moab,
Jér. 48, 2. Cependant
l'interprète alexandrin et la Vulgate ont pris ce nom pour un
appellatif, et traduisent « tais-toi donc. »
MADMÉNA, Es. 1 o, 31.,
ville inconnue, du voisinage de
Jérusalem.
MADON, ville royale des
Cananéens dans le nord de la
Palestine; Calmet pense, mais sans motifs, qu'il faut lire Maron, et
chercher cette ville dans le bourg Maronia en Syrie, à 30 milles est
d'Antioche, nommé par saint Jérôme, et probablement le même que Maronée
dont parie Ptolémée.
MAGDALA, Mat 13, 39.,
petite ville de Galilée située à
l'angle occidental du lac de Génésareth dans l'endroit de sa plus
grande largeur, à 5 kilom. de Tibériade, à 8 de la sortie du Jourdain,
près de l'embouchure d'une petite rivière qui ne tarit jamais, et au
pied de rochers escarpés qui forment le bord du plateau, et dans
lesquels on remarque des grottes. Marie-Magdeleine devait son nom à
cette bourgade oU elle était née, Luc 8, 2. On ne trouve plus
maintenant qu'un misérable village du nom de Medgel, qui renferme des
ruines dont l'architecture indique une très haute antiquité, entre
autres une tour (hébr. migdal) qui expliquerait le nom de Magdala donné
à cet endroit. — Le village de Dalmanutha, cf., appartenait, à ce qu'on
croit, au territoire de Magdala.
MAGES. Ce mot est mède ou
persan, et signifie grand
; il désignait primitivement, comme nom propre, une tribu mède qui
avait en quelque sorte le monopole des choses saintes, le soin des
objets relatifs au culte, et le devoir d'instruire la jeunesse et l'âge
mûr dans les mystères de la superstition, comme la famille de Lévi
était chez les Hébreux la tribu dépositaire des oracles de Dieu et
chargée de la cure des âmes. La caste des mages passa des Mèdes chez
les Perses, à qui elle communiqua la civilisation ; elle acquit bientôt
un développement et une puissance prodigieuses, et accapara
l'instruction publique, la religion, la divination et la magie ; ils
jouirent d'un grand crédit auprès des rois, mais se servirent de leur
influence pour intervenir dans la politique, ei présidèrent à plusieurs
révolutions (Hérodote 3, 61.), comme il est arrivé à tant d'ordres
ecclésiastiques qui se sont rendus successivement aimables à force de
souplesse, nécessaires à force d'habileté, et redoutables à force
d'audace et d'intrigues. Zoroastre, au septième siècle avant l'ère
chrétienne, introduisit plusieurs réformes chez les mages mèdes, qui
s'adonnaient particulièrement à l'astrologie et à l'interprétation des
songes ; il les divisa en trois classes, les herbeds ou élèves, les
mobeds ou maîtres, et les des-turmobeds ou maîtres parfaits.
Il
est aussi parlé de mages chez les Caldéens, Jér. 39, 3. 13., et les
auteurs profanes nous montrent la même caste chez un grand nombre
d'autres peuples de l'antiquité : Pline parle de mages de l'Arabie, de
l'Egypte et de l'Ethiopie; l'interprète grec Aquila donne le même nom à
ceux qui interrogeaient les morts, Deu 18, H.; de même encore
Théodo-tion pour désigner les astrologues de Babylone. Dan. 2, 2. —cf.
Mat 2, 1. Il n'est pas à croire que les mages perses et mèdes aient
volontairement abandonné leurs prérogatives à d'autres, mais on peut
supposer que ce nom est devenu d'un usage plus étendu, et qu'il a servi
plus tard à désigner d'une manière générale les sages d'autres nations
; les Caldéens
appelaient
probablement ainsi leurs savants, et
Jérémie aura répété ce titre comme il l'avait entendu de leur bouche.
Les Caldéens possédaient en effet une caste de prêtres savants très
distingués, et organisés à peu près de la même manière que celle des
Perses, cf. Jér. 30, .15. Dan. 2,12., et ils étaient indifféremment
nommés mages ou caldéens par les Romains et les Grecs. Ils vivaient
dispersés dans toutes les villes du pays, et pouvaient posséder. Comme
leur religion était passablement une affaire d'étoiles, ils avaient
construit de bonne heure sur le temple de Bélus un observatoire qui
était le complément obligé de leur culte; c'est de là qu'ils
prédisaient des calamités publiques ou des bouleversements de la
nature, lisant dans les astres, dans le vol des oiseaux, et dans les
entrailles des victimes, tout à la fois prêtres, augures et devins, Es.
47, 9. 13. Dan. i. Sis apparaissent dans le livre de Daniel sous
plusieurs noms différents qui se rapportent sans doute aux différentes
classes ou bran-chesde l'ordre, à leurs diverses spécialités, mais que
nous ne sommes pas en mesure de déterminer d'une manière précise {?.
Maevernick, Comm. sur Dan.) Au-dessus de la caste se trouvait un chef
ou surintendant, Jér. 39, 3., et nous voyons que Daniel, un étranger,
un Hébreu, fut établi dans cette haute dignité par la faveur royale,
Dan. 2, 48.
Le
nom de mages fut donné plus tard, sous les Romains, à tout ce qui
s'occupait de théosophie ou de magie orientale, à tous les astrologues,
devins et jongleurs ambulants de l'Asie, qui joignaient à tous ces
titres déjà usés, le mérite d'être un peu médecins. On voit par Act 8,
9. 13, (i. 8. qu'ils avaient pénétré bien avant dans la faveur et
l'estime publique.
On
s'est perdu en conjectures pour savoir quels pouvaient être les mages
qui vinrent chercher, pour l'adorer, le Sauveur du monde, Mat 2, 1. Us
venaient d'Orient, nous dit Matthieu, et cette expression vague (v. 9),
de même que celle du verset 12, montrent qu'il ne pouvait, ou qu'il ne
voulait pas en dire davantage. Quelques auteurs ont cru trouver, dans
les dons qu'ils apportaient, une preuve qu'ils venaient d'Arabie ; mais
cette preuve est ridicule ; car de l'or, de la myrrhe et de l'encens,
on peut en acheter partout. L'opinion qui se justifie le plus est celle
qui les fait venir de Perse ou des contrées voisines de la Perse ; le
système de la religion Zend est celui des systèmes païens qui
renfermait peut-être le plus de germes de la vérité; on y trouvait,
entre autres, l'idée d'un Sosiosh, d'un Rédempteur qui devait venir.
Les rapports des Perses avec les Juifs avaient favorisé pour eux une
certaine fusion des doctrines israélitiques dans le système de leur
religion populaire. L'étoile (cf.) qui' sert de guide aux mages,
rappelle cette religion astronomique des Perses, et peut avoir été
choisie de Dieu comme un flambeau qui ne leur était pas inconnu, et qui
devait, plus sûrement qu'un autre, en tenant compte de leurs
préoccupations habituelles, les amener vers une lumière plus grande, la
seule véritable ; enfin, peut-être, le souvenir des calculs de Daniel,
qui avait été chef des mages, et dont les travaux avaient été sans
doute étudiés et médités par les plus fidèles de ses adhérents, aura
contribué à donner aux mages cette assurance et cette foi qui ne les
abandonna jamais, qui surprend celui qui n'entend rien aux choses de
Dieu, mais qui ne saurait étonner celui pour qui la parole divine est
une règle suffisante de doctrine et de conduite. On sait combien,
d'après le témoignage des auteurs profanes, le monde entier était dans
l'attente d'un roi puissant qui de-vait se lever dans les mêmes
contrées où le soleil se lève ; mais cette attente, vague et incomprise
chez ceux mêmes qui la partageaient, était plus claire et plus grande
chez les mages ; le roi qu'ils attendaient n'était pas un conquérant
qu'ils dussent fuir, c'était un sauveur qu'ils devaient chercher.
L'ancienne église a vu, dans celte visite des mages, la salutation
reconnaissante et respectueuse avec laquelle le îiionde païen devait
accueillir celui qui venait rompre la clôture de la paroi mitoyenne,
rendre à Dieu l'humanité, aux hommes l'espérance et leur Dieu. La
tradition, l'on ne sait trop pour-
quoi,
a fait de ces mages des rois, et a ? fixé lf
ur nombre à trois, qu'elle a baptisés : Gaspard, Melchior et Balthasar.
Ce seraient les seuls rois qui eussent adoré le Roi des rois pendant
son séjour sur là terre, et rien ne justifie une tradition qui n'a pris
naissance que tard, et que Cal-met et d'autres catholiques regardent à
la fois comme indifférente en elle-même, et sans fondement dans
l'histoire. C'est toujours la même passion de vouloir introduire la
grandeur terrestre dans la grandeur céleste. L'adoration des mages a
heureusement C inspiré M. L. Delàtre dans un morceau de ses Chants de
l'exil (chez Gosselin) :
Le
voyage est fini, l'étoile aux ailes d'or Sur
l'humble Bethléem arrête son essor, etc.
MAGIE, Magiciens, v.
Divinations, Enchanteur, etc.
MAGOG,Gen.
10, 2., fils de Japhet, et frère de Gomer, de Madaï, de Javan, de
Tubal, de Mésec et de Tiras. Le même nom se retrouve, Ez. 38, 2. cf.
39, 6., comme celui d'un pays voisin de Mésec et de Tubal, et sur
lequel règne Gog : le texte de ces passages indique un pays situé vers
le nord ou le nord-est. Les auteurs orientaux font mention des peuples
Jagoug et Magoug, comme habitant le nord de l'Asie et le nord-ouest de
l'Europe. Un mur qui, à partir de Der-ben, passe de la mer Caspienne à
la mer Noire, et qui a été bâti par un des rois de l'ancienne Perse
contre les invasions des barbares du nord, porte le nom du mur de
Jagoug et Magoug. — Les descendants de Magog sont probablement les
peuples que les anciens nomment, d'une manière générale, Scythes
(Josè-phe, Jérôme); Suidas l'entend des Perses ; Braunschweig, dans un
travail très remarquable (Leipsig, 1833), croit que, de cette race,
dérive le peuple des Mant-choux, qui a fait la conquête de la Chine au
dix-septième siècle.
La
mention prophétique qui est faite de cette nation et de Gog, son roi,
dans les passages cités d'Ezéchiel, et Apoc. 20, 8., nous la représente
comme une puissance formidable; c'est presque le paganisme personnifié
qui viendra, dans les derniers jours, livrer une dernière bataille au
peuple de Dieu, pour essayer de l'anéantir. La prospérité d'Israël le
tentera,la piété de ce peuple l'irritera; sa faiblesse enfin, ses
villes sans murailles. ses portes sans verroux, ses habitants paisibles
et sans méfiance, lui feront espérer une victoire facile, un grand
butin, un grand pillage ; mais cette guerre contre les saints, que
Magog estimera devoir être la dernière, le sera, en effet, mais
autrement qu'il ne le pense. En prenant les armes, il renversera, comme
Crésus, un grand empire, mais le sien : Dieu se révélera des cieux ;
les tours et les murailles seront abattues; les montagnes seront
renversées ; tout ce qui respire sera épouvanté ; Magog et son roi
seront détruits ; Israël sera délivré ; ce sera la lin des tribulations
du monde ; les élus jouiront éternellement de leur victoire et d'un
triomphe dont rien de fâcheux ne viendra plus jamais ternir l'éclat,ou
diminuer l'allégresse.
Le
nom de Gog, Apoc. 20, 8., est employé librement
et poétiquement pour désigner le pays, bien qu'il soit le nom propre,
ou peut-être le nom appellatif du souverain qui régnera sur Magog. — v.
sur ce sujet, Hsevernick, Comm. sur Ezéch., p. 594 et suiv.
MAHACA. 1° Mère d'Absalon,
2Sam. 3, 3. fChr. 3, 2.
—2° Fille d'Abisalom, seconde femme deRoboam, et mère d'A-bijam, roi
deJuda, 1 Rois, 15,2. On peut conclure de 2 Chr. 11, 20-23. que ce fut
par son influence que les fils du premier lit furent dépossédés de la
couronne. Quelques auteurs pensent que laMahaca, nommée la mère d'Asa,
1 Rois 15, 10., étaitproprementsagrand'mère, et qu'elle serait appelée
sa mère, selon l'usage oriental de noter et de faire ressortir dans les
généalogies, les personnages les plus distingués, en omettant ceux qui
le sont moins ; et, en effet, cette Maliaca s'est rendue célèbre par
son idolâtrie, au pas qu'Asa, son fils ou petit-fils, dut lui retirer
la régence. Toutefois, si l'identité du nom de Mahaca, et de son père
Abisalom, dans les deux passages, semble autoriser cette manière de
voir, elle ne la prouve pas; l'usage de la langue même ne peut pas être
rigoureusement
invoqué,
attendu que nulle part ailleurs le mot em,
qui signifie mère, n'est pris pour grand'mère. Une autre opinion voit
simplement une faute de copie dans 1 Rois 15, 2., et se fonde sur ce
que la mère d'Abijam est appelée, 2 Chr. 13, 2., Micaja, fllle d'Uriel
de Guibha. — Quoi qu'il en soit, et malgré son rang et son pouvoir
presque royal, 1 Rois 15, 13. 2 Chr. 15, 16., elle vit Asa mettre en
pièces l'idole qu'elle avait faite, et la brûler, de même, sans doute,
que le bocage, théâtre de son idolâtrie. Quelle était cette idole?
c'est ce qu'on ignore; on doit penser que c'était une invention
nouvelle, impure et bizarre.
3°
etc. D'autres Mabaca sont encore nommées, I Chr.
2, 48. 7,15. 16., et des hommes du même nom, Gen. 22, 24. 1 Rois 2, 39.
I Chr. 11, 43. 27, 16., etc.
MAHACATH, ou Mahaca, ou plus
complètement et dans un
sens plus déterminé Aram Mahaca (dans l'hébreu), 1 Chr. 19, 6., ville
ou province de Syrie, gouvernée monarchiquement, à l'orient et au nord
des sources du Jourdain, nommée plusieurs fois à côté de districts
syriens, 2 Sam. 10, 6. 8. 1 Cbr. 19, 6. Jos. 13, 11., et placée, Deu 3,
14., sur les frontières de la partie transjourdaine d'Israël, notamment
près des tribus de Gadet deRuben.Jos. 13,13. Sa position est inconnue,
et plusieurs hypothèses qui ont été mises en avant, restent à l'état de
pures présomptions.
MAHALALÉEL, fils de Caïnan ou
Ké-nan, naquit l'an 395 du
monde, et devint père de Jéred à l'âge de cent soixante-cinq ans; il a
vécu huit cent quatre-vingt-quinze ans, Gen. 5, 12. 1 Chr. 1, 2. 11 est
nommé dans la généalogie de Marie, Luc 3, 37.
MAHALOTH. v. Psaumes.
MAHANAJIM (les deux camps),
ville d'au-delà le Jourdain,
au nord du Jab-bok, Gen. 32, 2. 22., sur les frontières de Gad et de
Manassé. Dans le partage, elle fut d'abord comprise dans le territoire
de la première de ces deux tribus, puis donnée aux Lévites, Jos. 21,
38. cf. 1 Chr. 6, 80. Elle fut choisie pour siège de la royauté
passagère et rebelle d'Is-Boseth, 2 Sam.”2, 8. 12. J9. i. 5.,etSalomon
en fit l'une des douze villes chargées de pourvoir aux
approvisionnements de la cour, 1 Rois 4, 14. David s'y retira pendant
la révolte d'Absalon, et c'est non foin de là que périt ce fils
ambitieux et dénaturé, 2 Sam. 17, 24. 27. cf. encore 1 Rois 2, 8. Ce
nom disparaît après les jours de l'exil.
MAHER-SALAL-HAS-BAS, très bien traduit
par Luther Eilebeute,
Raubebald, Es. 8,1.3., et assez lourdement dans nos versions « qu'on se
dépêche de butiner, il hâte le pillage. » C'est un peu long pour un nom
d'enfant, et on pourrait le remplacer peut-être par « presse-butin, 1
pille—vite. » Ces quatre mots durent être placés en grosses lettres,
par le prophète, sur un écriteau destiné à être lu par tout le peuple ;
la concision de ce langage permettait à chacun d'apprendre et de
retenir dans sa mémoire la promesse de la délivrance, en même temps
qu'elle exprimait, la rapidité avec laquelle, au jour indiqué, la
vengeance divine fondrait sur les ennemis. Achaz, roi de Juda, était
vivement pressé par les armées alliées de Retsin et de Pékak, Es. 7,
1.; idolâtre et incrédule, il ne méritait pas le secours de Dieu, mais
Dieu voulait punir les ennemis de son peuple sans sauver Achaz ; il
annonça donc au prophète la naissance d'un fils auquel il devait donner
le nom de Maher-Salal-Has-Bas, et ajouta qu'avant que l'enfant put
prononcer le nom de son père, Juda serait délivré : cette prophétie ne
tarda pas à s'accomplir, 2 Rois 16, 9., et le roi d'Assyrie s'enrichit
des secours que lui avait donnés Achaz, ainsi que du butin qu'il fit
sur les rois d'Israël et de Syrie.
MAHLON. v. Elimélec.
MAHON. 1° Ville de la
tribu de Juda, Jos. 15, 55.,
non loin d'un désert du même nom, et près du Carmel ; David demeura
pendant quelque temps dans ces contrées pendant que Saiil le
poursuivait, et Nabal y possédait des propriétés dans le désert, 1 Sam.
23, 24. 25, 2. — 2° Peuplade étrangère qui se trouve, Jug. 10,12., en
relation avec les Amalécites, les Philistins et les Sidoniens ;
peut-être la même que celle qui est mentionnée sous le nom de Méhunites
(ou Méoniens), 1 Chr. 26, 7., et 1 Chr. 4, 41. dans le Ke-ri (trad.
habitations) ; ils furent vaincus par Hozias. On croit retrouver leur
nom dans l'ancienne Maân (Abulféda, Burck-hardt), située dans l'Arabie
Pétrée, au sud de Wadi Musa, sur la route de la Mecque, où se voient
encore des ruines assez considérables de villes et de villages.
Rosenmuller compare, mais sans preuves, la ville de Beth-Méhon, cf. —
3° Fils de Sammaï, et père ou fondateur de Beth-Sur, 1 Chr. 2, 45. Jos.
15, S8.
MAIN. Le lavage des
mains et des pieds, acte de
propreté en soi, était sou-?_ vent considéré comme le symbole de la
pureté ; ainsi Pilate lave ses mains pour déclarer qu'il est innocent
du sang du Juste; saint Pierre veut que ses mains soient lavées par
Jésus ; le juste lave ses mains dans le sang des méchants en approuvant
la vengeance que Dieu tire de leur iniquité ; il lave ses mains dans
l'innocence; Mat 27, 24. Jean 13, 9. Ps. 58, 10. 26, 6. Verser de l'eau
sur les mains de quelqu'un, c'est remplir à son égard l'office de
serviteur, 2 Rois 3,11. S'appuyer sur la main de quelqu'un est un acte
de supériorité, 2 Rois 7, 2. 17. o, 18. Tendre la main signifie, ou
demander ou faire alliance, Lam. 5, 6. cfc Rom. 10, 21. La main du
Seigneur exprime sa puissance ou l'influence de son esprit, Ps. 19, 1.
118, 16. Jér. 1,9. cf. Es. 6, 6. 1 Sam. 5, 6. 7. La main élevée du
pécheur, Deu 32,27., désigne son insolence. — On comprend du reste
facilement la signification de ce mot partout où il est pris dans un
sens figuré. — La main (ou la paume), est plusieurs fois employée comme
unité de mesure ( = 0m,09), cf. 1 Rois 7, 26. Léy. \ 2. etc. — Quant à
la main sèche que Jésus guérit, Mat 12,10. Marc 3,1. Luc 6, 6. 8.,
c'est un engourdissement du bras ou d'une portion du bras, produit par
l'obstruction de certains canaux qui empêche la nourriture d'arriver en
quantité suffisante, et a pour résultat le dépérissement, la
dessication et la mort de l'organe ; c'est une atrophie locale comme
chacun peut en éprouver momentanément, mais qui est souvent aussi
permanente et incurable. Quelquefois aussi, cette mort locale peut
surprendre les membres subitement, c'est alors une paral\sie, et il est
probable que les cas dont il est parlé, I Rois 13, 4. et Jean o, 3.,
étaient des cas de cette nature. Jéroboam fut frappé de paralysie par
celui qui dit à la maladie : Viens, et elle vient, v. Paralytique.
MAINAN, Luc 3, 31.;
inconnu.
MAISONS. Elles étaient
ordinairement en Palestine
bâties de briques cuites, ou même simplement séchées au feu, ce qui ne
leur assurait ni une grande solidité, ni une longue durée, Mat 7, 25.
Ez. 12, 5. 7.13,13. Job 4, 19. Il y en avait cependant aussi qui
étaient faites de pierre, et les palais étaient construits en pierre de
taille, ou même en marbre blanc, Lév. 14, 40. 42. 1 Rois 7, 9. Es. 9,
9. 1 Chr. 29, 2. (il paraît d'après Esd. 3,10. Job 38, 6. 7. cf. Zach.
4, 7., qu'il y avait des fêtes particulières et des invocations
solennelles lors de la pose des fondements. ) Le mortier, la chaux ou
le gypse, et peut-être aussi l'asphalte, servaient de ciment dans les
constructions, Jér. 43, 9. Es. 33. 12. Deu 27,4. Gen. 11, 3., et un
enduit de chaux venait recouvrir les parois extérieures, Lév. 14, 41.
Mat 23, 27. Ez. 13,10.: pour les palais cette couche était colorée,
Jér. 22, 14. La charpente était ordinairement en sycomore, puis, mais
rarement, en olivier, en cèdre ou en san-dal, Jér. 22,14.1 Rois 6, 15.
33. Des co-lonnes (les plus belles étaient de marbre, Cant. 3,15), et
même quelquefois de longues galeries de colonnes, servaient d'ornements
extérieurs aux bâtiments de luxe, 1 Rois 7, 6.15. 2 Rois 2a, 13. v.
Temple. Les maisons des grands et des riches, ordinairement bâties en
carré, avaient plusieurs étages, 1 Rois 7,2. Act 20, 9. Autour de la
maison, ou quelquefois au milieu, lorsque c'était un grand bâtiment, se
trouvait une vaste cour pavée, entourée d'une ou de plusieurs rangées
de colonnes en galerie, ornée d'arbres, avec une fontaine et
quelquefois avec des bains ; c'était dans la belle saison la pièce la
plus importante, celle où se tenaient les maîtres, et où ils recevaient
leurs amis, 2 Sam. 17,18.11, 2. Mat 26,69. Néh. 8, 16. cf. Est. 1,3. 5,
1. Les toits (cf.) étaient plats, entourés d'un parapet très peu
relevé, et servaient de terrasses ; on s'y réunissait pour jouir de
l'air frais du soir, quelquefois on y couchait, ou bien l'on y
célébrait le culte et l'on y dressait des autels ; il y avait
ordinairement une communication directe entre le toit et la chambre
haute, 2 Rois 23,12.; cette pièce, qui était la plus élevée de la
maison, et qui était située immédiatement au-dessous du toit, était une
chambre privée, le plus souvent une chambre à coucher, ou une retraite
tran-quille pour les malades, 2 Sam. 18, 33. I Rois 17, 19. Act 9, 37.
39. 1, 13 20, 8.; elle avait souvent deux escaliers, dont l'un,
extérieur, communiquait avec la rue, l'autre avec l'intérieur de la
maison. Chez les grands, il y avait devant la porte une petite cour qui
servait de vestibule ou d'antichambre, Jér. 32, 2. Marc 11, 68. Jean
18, 16., et qui d'un côté s'ouvrait dans la cour proprement dite, et
conduisait de là dans l'appartement, de l'autre communiquait avec le
toit et avec l'étage supérieur par un escalier tournant, l Rois 6. 8.,
qui était souvent fait d'un bois re-cherché et précieux, 2 Chron. 9,
11. Les chambres du rez-de-chaussée, qui composaient la partie la plus
importante et la plusconsidérabledel'appartement, étaient ornées dans
le goût du luxe oriental, qui attache plus de prix à la pompe
intérieure, qu'à l'embellissement des murs extérieurs ; une boiserie
magnifique, des lambris incrustés d'or et d'ivoire, des garnitures en
tapisserie, des tableaux, un plancher quelquefois de marbre, de
porphyre ou d'albâtre, voilà ce que présentaient à leurs hôtes les
riches habitants de la Palestine ; un parquetage de bois de cèdre était
déjà moins splendide, et le plancher des plus pauvres était un simple
travail de gypse et de terre, ou de briques cuites; 1 Rois 7, 7. 22, 39. Jér. 22,
U. Am. 3,15. Ps. 45, 8. Est. 1,6. cf. Horac. Od. II, 18 (15), 2. Odyss.
4,
72., etc. — Les portes tournaient sur des pivots ou sur des gonds, et
se fermaient en dedans au moyen de verroux de bois que l'on poussait ou
retirait avec des espèces de clefs, Jug. 3,25. Prov. 26,1 4. 1 Rois
7,50. Cant. 5, S. Luc 11,7. Les riches avaient de* portiers ou des
portières remplissant les mêmes fonctions que les nôtres, 2 Sam. 18,
26. Jean 18, 16. Act 12,13.15. Luc 13, 23. Mat 7, 7. Quant aux
fenêtres, v. cet article. Il y avait pour les femmes des appartements
particuliers et retirés, dont l'entrée était absolument interdite à
tout autre homme que le maître. Les grandes maisons avaient leurs
chambres d'hiver et leurs chambres d'été; les premières se chauffaient
apparemment de la même manière que de nos jours, au moyen d'un feu
allumé au milieu de la pièce dans un enfoncement circulaire; on le
couvrait, lorsqu'il était éteint, d'une espèce de tambour carré, garni
d'un ta- i pis, destiné à conserver la chaleur, Am. 3,15. Jér. 36, 22.
Jug. 3, 20. cf.Niebuhr II, 394. Tavernier 1, 376. On voyait aussi dans
les palais des chambres à manger indépendantes, Joseph. Ant. 8, 5. 2.
Les
meubles principaux étaient des so-phas ou lits
de repos, des sièges, des tables et des chandeliers, que la
magnificence orientale s'attachait à charger d'autant d'ornements que
possible, Ez. 23. 41. Am. 6, 4. Prov. 7, 16. 2 Rois 4, 1 ol
On
a parlé de la lèpre des maisons à l'article
Lèpre.
D'après
les récits des voyageurs, l'architecture
orientale moderne ne différerait pas essentiellement de l'ancienne, et
l'on peut voir dans Niebuhr, Volney, lady Montague, Hartley,
Buckingham, Schubert, etc., combien peu de changements il s'est fait
sous ce rapport depuis plus de vingt siècles. « Les maisons, dit
Buckingham, se composent de séries d'appartements donnant sur une cour
qui se trouve au milieu de chambres souterraines pour se mettre pendant
le jour à l'abri de4a chaleur, et de terrasses découvertes pour prendre
le repas du soir et pour dormir pendant la nuit. Ces terrasses sont
quelquefois partagées en compartiments séparés, ayant chacun son
escalier, et formant ainsi autant de chambres découvertes. »
MAITRE d'hôtel, Jean 2,
8., en grec archilriclin. Les
noces duraient souvent six à huit jours, et une personne quelconque,
serviteur ou même parent, était choisie pour être l'ordonnateur des
repas, veiller à la distribution régulière des
plats,
notamment des aliments plus recherchés et
des boissons, pour remplir en un mot les fonctions de maître d'hôtel ou
de maître des cérémonies. Cette charge ne doit probablement pas être
confondue avec celle du président de table (symposiarque, rex convivii)
qui était choisi ou tiré au sort entre les convives eux-mêmes et qui
était le roi de la fête au lieu d'en être le serviteur. Cependant v.
Wetstein, Novum Testamentum, I, 847.; le passage de Jean n'a rien qui
repousse positivement l'identité des deux charges.
MAK1R. G Petit-fils de
Joseph, fils de Manassé et
dune concubine syrienne, 1 Chr. 7, 14. Ses enfants purent encore jouir
de la vue et des soins de leur aïeul, le gouverneur d'Egypte, Gen. 30,
t'A.; plus tard ils occupèrent une partie du pays de Galaad dont ils
s'étaient emparés, v. Jaïr. .Nomb. 32, 39. Deu 3, 15. Jos. 13, 31.17,
I. Le nom de Makir se retrouve encore Nomb. 26, 29. 27,1. 36,1. I Chr.
2, 21. 7, 14. et Jug. 5, 14., où il semble représenter toute la tribu
de Manassé.
2°
Fils de Hammiel et probablement un ancien ami de
la maison de Saiil ; il avait recueilli le seul descendant qui restât
du premier roi d Israël, Méphiboseth, et c'est dans sa maison à Lodebar
que les employés de David trouvèrent ce jeune prince. Peu'.-ètre la
nourrice de Méphiboseth appartenait-elle à la famille de Makir, et l'on
comprendra que, soit affection, soit compassion, soit espérance de
temps meilleurs, elle l'eût retiré chez elle pour le conserver. Il ne
paraît pas qu'il y eût de la politique dans l'affection de Makir pour
les enfants de Saul, car on le voit plus tard apporter des vivres à
David fuyant devant Absalon, et le secourir lui et les siens au milieu
du désert, 2 Sam. 4, 4. 9, 4. 17, 27.
MAKKÉDA. Jos. 45,41. cf.
10, 28.29., ville de Juda,
située, d'après Eusèbe, à 8 milles est d'Éleuthéropolis. Elle fut prise
par Josué qui poursuivit jusque là les Cananéens, et compléta par cette
victoire la prise de possession du sud du pays.
MALACHIE. Plusieurs opinions
ont été mi?es en avant sur
l'existence de ce pro~
| phète, dont le nom ne se trouve nulle I
part
ailleurs que dans son livre. Déjà quelques docteurs juifs, traduisant
le nom de Malachie par messager ou ange de l'Eternel, avaient émis
l'idée qu'Esdras était l'auteur de cet oracle, caché sous un nom
symbolique ; v. aussi Jérôme, Calmet et Simonis; Vitringa, et après lui
Hengs-tenberg, ont généralisé cette idée en la modifiant, et pensent
qu'un prophète quelconque a pris ce nom appellatif si bien en rapport
avec ses fonctions ; ils se, fondent en particulier sur ce que le nom
de Malachie n'est accompagné d'aucune autre désignation de personne ou
de famille ; mais v. Abdias 1, 1. Habac. 1,1., où le nom des prophètes
est également isolé sans que personne ait songé à en faire des noms
appellatifs. D'autres encore (Origène) ont pensé que Malachie était un
ange incarné. Il n'y a pas de raisons pour nier l'existence de
Malachie, et s'il y a dans son nom un appel et une grande solennité, on
peut dire la même chose d'Osée, de Joël, etc. On ne sait du reste rien,
ni de sa personne, ni de sa famille, ni de son activité. Quant à
l'époque où il prononça et rédigea les prophéties qui portent son nom
et qui ne forment qu'un seul oracle, on est d'accord maintenant, depuis
les travaux de Vitringa, à la faire coïncider à peu près avec le second
voyage de néhémie en Palestine, sans que l'on puisse déterminer si ce
fut immédiatement avant son départ, pendant son absence ou après son
retour. Malachie fut avec Néhémie dans les mêmes rapports qu'Aggée avec
Jénosuah, que Zacharie avec Zorobabel; l'activité intérieure de l'un
concourt avec l'activité extérieure de l'autre ; elles s'associent
mutuellement. Malachie reproche aux sacrificateurs leur négligence dans
l'evercice de leurs devoirs, au peuple son refus de payer les dîmes, et
le choix d'offrandes et de victimes méprisables ; il reproche à tous
leur indifférence religieuse et leurs murmures, et le portrait qu'il
fait du peuple de Dieu rappelle parfaitement celui que fait Néhémie.
cf. Mal. 2, 8. 3, 10. et Nèh. 13, 4 0. 30., etc. Le même parallèle
pourrait s'établir dans tout le cours de l'histoire juive entre sa
mission des prophètes et la vie des rois, entre les paroles des
premiers et les actes des seconds, entre Esaïe et Ezéchias, entre
Jérémie et Josias. Malachie ajoute des menaces à ses reproches, et
termine en annonçant la venue du précurseur qui sera immédiatement
suivie de celle du Messie. — Si cet auteur n'est pas nommé dans le
Nouveau Testament, il y est au moins cité à diverses reprises, soit
directement, soit indirectement; ?. Mat 41, 10. 17, 10-12. Marc 1, 2.
9, 11. 12. Luc 1,16. 17. 7, 27. Rom. 9, 13., etc.
MALADIES. Malgré la
salubrité du climat de la Palestine
et des contrées environnantes, et quoique la régularité de la vie et la
sobriété soient presque un préservatif immanquable de tous les maux, il
y a quelques maladies qui se développent là comme ailleurs, qui
rappellent aux habitants les conséquences du péché, et les avertissent
que l'homme n'est que poudre, que le temps passe, que la fleur se fane
et tombe. Ce ne sont en général que des maladies de courte durée. La
langueur, la fièvre (chaude), les ulcères, la gale, lagonorrhée,les
hémorrhoïdes, la lèpre, sont nommées en plusieurs passages des livres
de Moïse, Lév. 15,3. 26, 16. Deu 28, 22. 27., etc. Les dyssen-teries en
été, la fièvre au printemps et en automne, paraissent avoir régné chez
les Juifs, comme elles sont encore de nos jours en Orient les maladies
de la saison, Act 28, 8. Mat 8,14. Luc 4,39. Jean 4, 82. cf.
Burckhardt, Arab. 615., etc. L'Ecriture parle encore de coups de
soleil, 2 Rois 4, 19., d'hypocondrie et de mélancolie noire, 1 Sam.
18,10., mais les maladies les plus communes étaient la lèpre, la
cécité, la paralysie, les pestes, et dans le Nouveau Testament, les
maladies d'esprit ou possessions, cf. — La maladie dont le pays fut
frappé sous Joram, 2 Chr. 21,15., était probablement une longue et
violente dyssenterie qui faisait de cruels ravages dans le corps,
entraînait avec elle du sang et déchirait les entrailles. —
L'hydropisie était bien connue, Luc 14, 2. La gangrène, nommée 2 Tim.
2.17., est une espèce de combustion froide qui commence quelquefois à
la suite de coups ou de blessures, et qui ronge peu à peu autour d'elle
la chair et le système nerveux jusqu'à la mort complète (spbacèle) de
l'organe attaqué; le couteau peut seul arrêter les progrès de ce mal
auquel sont comparés les faux docteurs, les fausses doctrines et les
disputes vaines, — v. encore les articles spéciaux, Médecine,
Né-bucadnetsar, Vers, etc.
Les
Juifs regardaient en général les maladies comme des châtiments divins,
Job 7, 20. Jean 5, 14. 9, 1., etc., et l'Ecriture nous les fait aussi
considérer comme les suites du péché, Gen. 3,16. Jésus en parle comme
en étant le maître absolu, les envoyant ou les rappelant 4 comme on
ferait d'un serviteur, Mat 8, 8., et c'est à la possession des démons
qu'est attribuée dans l'Evangile la cause de la plupart des maladies,
Luc 13, 11. 16.Mat 17,13.48.1 Cor. 5, 5.14, 30. 2 Cor. 12, 7. cf. Deu
28, 22. 27. 7, 15.
MALCHUS, serviteur du
souverain sacrificateur Caïphe;
son nom se trouve Jean 48, 10. Comme il allait mettre la main sur Jésus
pour le saisir, Pierre lui coupa l'oreille d'un coup d'épée, soit que
l'oreille fût entièrement détachée de la tête, soit qu'elle ne fût pas
entièrement coupée ; il est assez probable que saint Pierre avait envie
de lui couper la tête, dit Calmet. Mais Jésus qui donnait sa vie ne
pouvait pas faire payer au serviteur les fautes de son maître ; juste
et miséricordieux, il guérit la plaie qu'avait faite son disciple peu
intelligent de l'épée qui doit servir à la défense du christianisme ;
il toucha l'oreille blessée, et son dernier miracle avant d'être livré,
fut pour un de ses ennemis, cf. Mat 26, 51. Marc 14, 47. Luc 22, 50.
Jean qui était en relation avec la cour du pontife, nous a seul
conservé le nom de ce serviteur. — La tradition porte que Malchus se
convertit plus tard (Corn. ad. Lapid.). — Ce nom, déri-vé de méleck,
roi, se retrouve ailleurs dans l'histoire, et Josèphe (Ant. 13, 5.
14,14., etc.), parle d'un Malchus, roi des Arabes, qui avait de très
grandes obligations à Hérode, fils d'Antipater.
MALKIEL, 4 Chr. 7, 31.,
inconnu, de la tribu d'Aser,
prince ou fondateur d'une ville, Birzavith, également inconnue.
MALKUA,1°
filsdeHammélec,Jér. 38, 6., et peut-être frère de Jérahméel, 36, 26.,
n'est connu que pour avoir donné son nom à la citerne dans laquelle fut
jeté le prophète Jérémie, et qu'il avait probablement fait creuser
lui-même.—2°Père de Pashur, Jér. 21,1. 38. 1.
MALTE, île bien connue de
la Médi-diterranée, située
entre la Sicile et la côte africaine ; elle a environ 28 kil. de long
sur 16 de large, et 85 de circuit. Selon Diodore, des Phéniciens, ayant
remarqué qu'elle avait plusieurs ports commodes,,• en chassèrent les
Phéaques, et y établi— - rent une nouvelle colonie qui s'enrichit par
son commerce et son industrie ; les habitants excellaient surtout à
fabriquer des étoffes d'une beauté et d'une finesse admirables. Ovide
parle de sa prodigieuse fertilité en grains ; maintenant, on n'y trouve
plus que du coton et des fruits, principalement des oranges. Selon les
poètes, après la mort de Didon, Anne, sa sœur, qui l'avait suivie en
Afrique, se retira dans l'île de Malte, d'où Pygma-lion ayant voulu
l'enlever, elle se sauva en Italie, et fut très bien reçue par Enée.
Malte passa successivement des Carthaginois aux Romains. Le consul Tib.
Sem-pronius fit voile de Sicile à Malte, où Carthage entretenait une
garnison (218 av. C). Dès qu'il parut, on lui livra Amil-car, tils de
Giscon, qui commandait dans l'île, v. Bochart, Can. 1, 26. C'est sur
lés côtes de cette île que Paul, après être sorti de Crète, fit
naufrage, et l'on dit que, depuis son départ, il ne se trouve plus de
bêtes venimeuses dans l'île. Quelques auteurs ayant donné à la mer
Adriatique, Act 27, 27., le sens moderne dé golfe de Venise, ont
cherché cette île dans la petite île de Mélite, près de la côte
d'Illyrie; mais cette opinion est combattue par la direction que prit
le vaisseau en partant de l'île, et par le fait que le voyage s'acheva
sur un navire qui, venant d'Alexandrie, ne pouvait avoir fait, pour se
rendre à Rome, le détour que cette opinion suppose et nécessite, v.
Adriatique.
MAMRÉ, Escol et Haner,
Gen. 14, 13., trois frères
amorrhéens, amis et allies d'Abraham, qui aidèrent le patriarche dans
son expédition contre Kédor-Laho-mer. On peut croire, sans toutefois
l'affirmer, qu'ils avaient, comme Melchi-sédec, renoncé à l'idolâtrie
en suivant Abraham. Mamré avait donné son nom à une forêt de chênes
située au sud de Jérusalem, à l'orient des montagnes de Ju-da, près de
la haute, large et fertile vallée d'Hébron, et qui fut, pendant quelque
temps, la résidence ordinaire d'Abraham et des siens, Gen. 13, 18.18,1.
23, 17. 25, 9. 35, 27. 49, 30. 50, 13. La vallée de Mamré portait aussi
le nom de vallée du Térébinthe, à cause d'un arbre de cette espèce qui
s'y trouvait, et qui passait pour aussi ancien que le monde, Jos., G.
des Juifs, 4, 17. 7. Eusèbe, Prép. év., 5, 9., etc. On prétendait
qu'Abraham était assis à l'ombre de cet arbre lorsqu'il fut visité par
les anges qui allaient à Sodome. Plus tard, on vit les Juifs, les
chrétiens et les païens, y célébrer, chacun à leur manière, les
solennités de leur religion ; l'on y sacrifiait des victimes, on ornait
de lampes allumées le puits du patriarche, et l'on y jetait du vin, des
gâteaux et des pièces d'argent. Constantin défendit cette idolâtrie, et
y fit bàlir une église. Le chêne de Mamré ne survécut pas longtemps à
cette persécution religieuse : il n'en restait que le tronc au temps de
saint Jérôme ; sans cela, il est à croire que les mahométans se-raient
venus joindre leur idolâtrie à celle qui dut être supprimée par
Constantin. Quelques voyageurs modernes ont cru retrouver les ruines du
tronc près des ruines de la chapelle ; mais il est difficile de s'v
fier.
MÂNAHEM, frère de lait
d'Hérode le Tétrarque, élevé
avec celui qui fit mettre à mort Jean-Baptiste, eut le bonheur de se
convertir, et devint l'un des prophètes et docteurs de l'église
d'Antioche, Act 13,1. Saint Luc, en faisant le rapprochement de ces
deux hommes, qui, après avoir reçu la même éducation, finirent d'une
manière si différente, semble vouloir nous dire : « L'un fut pris, et
l'autre laissé. » — On ne sait rien autre, d'ailleurs, sur sa vie;
quelques-uns le font fils d'un essénien, ami d'Hérode le Grand, qui
prédit a celui-ci son avènement au rent, sur les bords du Jourdain, un
autel destiné à témoigner en leur faveur, ou même, au besoin, contre
elles, et à les relier ainsi aux neuf autres tribus, Jos. 22, 10. sq. —
La seconde demi-tribu, dont le territoire fut placé à côté de celui
d'Ephraïm, était comprise entre le ruisseau de Cana, la Méditerranée,
la chaîne du Carmel, et à l'est les montagnes d'Ephraïm, Jos. 16, 9.
17, 4. Elle avait aussi pour voisins Aser et Issacar, sur le territoire
desquels elle paraît même avoir eu quelques parcelles enclavées, 17,
11., qu'elle ne put, sous les juges, défendre entièrement contre les
Cananéens, Jos. 17, 12. Jug. I, 27. —Après la mort de Salomon, les deux
demi-tribus, sous la puissante main d'Ephraïm, passèrent au royaume des
Dix tribus, dont elles suivirent les destinées. Le nom de Manassé se
trouve, Apoc. 7,6.8., avec celui de la tribu de Joseph, qui, dans ce
cas, désigne Ephraïm.
2°
Manassé, père de Guersom, et grand-père de
Jonathan, Jug. 18, 30. Peut-être faut-il lire Moïse (?. Guersom);
peut-être aussi les noms de Moïse et de Guersom se trouvaient-ils parmi
les Lévites. Dans tous les cas, il ne faut pas confondre ce nom avec
celui du (ils de Joseph ; car Jonathan descendait de Lévi, 17, 7.12.;
il était Lévite, et non Manas-site.
3°
Manassé, quatorzième roi de Juda, fils indigne
et successeur d'Ezéchias, régna cinquante-cinq ans (698-643), 2 Chr.
33, 2 Rois 21. A douze ans il perdit son père et monta sur le trône ;
mais le parti antithéocratique s'empara de son esprit, l'entoura et
régna par lui ; ce fut le triom-phe de l'impiété et de l'idolâtrie; le
jeune roi suivit fidèlement les principes de ses conseillers ; il
rétablit les hauts lieux que son père avait détruits, adora les idoles
païennes, dressa des autels à Bahal et à tous les astres jusque dans
les parvis du temple de l'Eternel, consulta les devins, et opposa des
imposteurs aux prophètes que Dieu lui envoyait et dont il fit verser à
Jérusalem le sang innocent : Esaïe, selon la tradition juive, mourut
victime de ses fureurs, et c'est peut-être à cette mort que l'apôtre
fait allusion, Hébr. 11. 37.
trône,
et un règne long, mais injuste; 'j'autres
ajoutent qu'il fut l'un des soixante-dix disciples.
MANASSÉ. 4° Fils aîné de
Joseph et d'Asénath, fut
dépouillé de son droit d'aînesse par son aïeul Jacob, qui lui annonça
une moins grande prospérité et une postérité moins nombreuse qu'à son
frère cadet, Ephraïm, Gen. 44, 54. 46, 20. 48, 4.4 Chr. 7, 4 4. Les
deux frères sont réunis, sous le nom de Joseph, dans les dernières
bénédictions du vieillard, Gen. 49, 22., ainsi que dans celles de
Moïse, qui leur promet à chacun « ce qu'il y a de plus précieux sur la
terre » ; mais à Manassé des milliers de descendants, et à Ephraïm des
dix milliers, Deu 33, 4 3-47. Manassé apparaît comme chef de tribu,
Nomb. 1, 40. 2, 20. 7, 54., et le nombre de ses hommes d'armes, au
moment de la sortie d'Egypte, est de 32,000 (4, 35.). Les deux tribus
sont presque toujours nommées ensemble, Nomb. 26, 28. Jos. 44, 4., etc.
Lors de l'entrée en Canaan, Manassé se divisa en deux demi-tribus;
Makir, parce qu'il fut homme de guerre, reçut en partage Galaad et
Basan; il devait servir de boulevard à Israël contre les peuples
inquiets et brigands de la Trachonite, contre les Syriens de Damas, et
contre les Gessuriens de l'Anti-Liban. « Les maîtres de l'arc ont
irrité Manassé, ont lancé contre lui des flèches, l'ont attaqué; mais
son arc a conservé sa force, et ses bras leur vigueur, et il a, de sa
corne, heurté les peuples jusqu'aux extrémités du pays. » 11 habita des
contrées bénies par l'Eternel, les riches plaines de l'Hauran, les
belles montagnes de Galaad, et, dans ses vastes limites, il s'est
étendu « comme un rameau fertile près d'une source, » Nomb. 32, 39. cf.
34, 4 4. Jos. 12, 6. 13, 7. Cette demi-tribu était séparée de Gad par
le Jabbok, et comprenait, dans son territoire, Hasta-roth et Edréhi ;
elle s'étendait ainsi assez loin vers l'est, Deu 3, 13. Jos. 43, 29.,
et, comme son èloignement du sanctuaire, qui était a Silo, pouvait
avoir, par la suite, des conséquences fâcheuses pour ses descendants,
qui pourraient oublier leur culte, ou voir leurs droits mé-connus, les
tribus transjourdaines élevè-
(ils
ont été sciés); enfin, pour n'oublier aucune
abomination, il brûla ses propres enfants devant les faux dieux! Les
menaces divines étaient méprisées, elles s'accomplirent, et l'Eternel
prononça cette terrible sentence : « J'étendrai sur Jérusalem le
cordeau de Samarie et le niveau de la maison d'Achab; je torcherai
Jérusalem comme une écuelle qu'on essuie et qu'on renverse sur son
fond. » Manassé tomba entre les mains des Assyriens, peut-être lorsque
Ezar-Haddon transportait ses colons dans le royaume d'E-phraïm, Esd. 4,
2.; il fut, malgré l'appui de l'Egypte qu'il avait recherché, saisi
dans /es haUievs, chargé de chaînes, et conduit à Babylone la
vingt-deuxième année de son règne : ce fut la fin de la première partie
de sa vie, de son idolâtrie et de ses malheurs (Seder-Olam). Dans la
détresse et dans l'angoisse, il s'humilia, se repentit de ses crimes,
et supplia l'Eternel avec larmes ; il obtint son pardon, et fut bientôt
rétabli sur son trône, peut-être à la condition de rester vassal
assyrien ; c'est ce que rendent probable les événements qui eurent lieu
dans les derniers jours de Josias son petit-fils, — Sa conversion était
sincère : il le prouva en faisant son possible pour remédier aux maux
dont il était lui-même l'auteur : il rétablit le culte du vrai Dieu,
purifia le temple, renversa les bocages et détruisit les autels. La fin
de son long règne fut consacrée à en taire oublier le commence-ment, et
il vit prospérer son activité et son administration intérieure ; il
releva les murs de Jérusalem à l'occident de Guihon, ceignit Hophel
d'ouvrages élevés, rétablit l'ordre dans l'armée, et lui donna une
discipline et des chefs. Il mourut à l'âge de soixante-sept ans, et fut
enseveli dans un sépulcre qu'il s'était préparé au milieu de ses
jardins.
On
croit que Joël prophétisa sous son règne; c'est à la même époque aussi
que quelques auteurs (Bossuet, Cahnet, Bon-nechose) placent l'histoire
de Judith et d'Holopherne. La tradition a conservé, sous le nom de
prière de Manassé dans l'angoisse, un chapitre qui a été ajouté dans
quelques exemplaires grecs et latins à la fin du second livre des
Chroniques cette prière est belle, mais sa forme liturgique suffirait
pour la faire reconnaître comme apocryphe.
Le
second livre des Rois ne parle que des crimes et
des malheurs de Manassé ; il ne dit mot de sa repentance, mais indique
en passant qu'à sa mort il n'était plus prisonnier : ce dernier détail
montre qu'il n'y a pas contradiction entre le récit des Rois et celui
des Chroniques, mais l'omission d'une partie aussi importante de la vie
de Manassé ne s'explique pas : on pourrait croire que l'auteur des
Chroniques, qui a puisé à plus de sources, a trouvé aussi plus de
détails; mais la cou-version de Manassé n'est pas un détail dans sa
vie, et caractérise son histoire tout entière; tout Israélite,
historien ou non. devait connaître un événement de cette importance.
MANDRAGORE. Cette plante,
désignée par certains auteurs
sous le nom de mandegloire, et qui dans son étymologie grecque signifie
ornement des cavernes, est l'atropa mandragora des Latins, et
appartient à la cinquième classe (peu— tandrie monogynie) de Linnée. De
tout temps et dans tous les pays où elle se trouve, elle a été l'objet
des opinions les plus contradictoires, comme des fables les plus
absurdes. Elle aime les pays chauds, la Palestine, la Grèce, l'Italie,
l'Espagne, et ne croît que très difficilement dans nos jardins, mais
dans les lieux qu'elle habite elle préfère les endroits sombres, tels
que l'entrée des cavernes. La racine est épaisse, longue, fusiforme,
ordinairement bifurquée, ou même divisée en trois, fauve
extérieurement, blanchâtre â l'intérieur : les feuilles sortent du
collet de la racine, grandes, ovales, pointues, vertes, ondulées sur
leurs bords, et disposées en faisceau : entre ces feuilles naissent
plusieurs pédoncules simples, courts, portant chacun une fleur dont la'
corolle est campanulée, rétrécie vers sa base en forme de cône
renversé, un peu velue en dehors, blanchâtre, légèrement teinte de
violet : le fruit est une baie sphérique ressemblant à une petite
pomme, jaunâtre dans sa maturité, molle, charnue, pleine d'une pulpe
qui contient des graines reniformes, placées sur un vseul rang. Cette
baie, narcotique et stupéfiante, n'est dangereuse que lorsqu'elle est
prise en certaine quantité.
Le
nom de la mandragore se trouve deux fois dans l'Ecriture sainte, Gen.
30, 14. Cant. 7,13. ; c'est ainsi que les traducteurs ont entendu
l'hébreu dudayim; dans le premier passage, c'est la vertu prolifique de
la plante qui est relevée; dans le second, c'est son odeur agréable et
forte. 11 s'en faut du reste de beaucoup qu'il y ait eu unanimité pour
cette interprétation, qui a été appuyée par Jacq. Tbomasiusdans une
dissertation spéciale, 1739, mais déjà fortement combattue par 1 ) Ant.
Densing (1659), qui entend par dudayim le petit melon de Perse odorant
(cuciimis dudaïm, L); de même Sprengel, Faber, la traduction persane,
etc.; 2) Lu-dolf, dans son Hist. d'Ethiop., soutient qu'il faut
entendre par là un certain fruit que les Syriens appellent mauz, dont
la figure et le goût ont beaucoup de rapports avec le ficus indica; 3)
Celse entend une espèce de lotus; 4) Pfeiffer y voit une espèce de lys;
5) Calmet, Bo-chart, Browne croient pouvoir donner à l'hébreu le sens
de citron ; 6) Junius traduit : des fleurs agréables; 7) Codurque, des
truffes ; 8) Hiller, des cerises ; 9) d'autres, des violettes ou du
jasmin ; 10) d'autres enfin, Yirey, Chaurneton, l'entendent de
l'orchis. Il ressort de toutes ces divergences que la véritable
signification du mot est perdue, et même qu'elle l'a été de bonne heure
; on voit par le passage de la Genèse que la plante dont il s'agit
passait pour donner la fécondité, et le nom même de dudayim (dod,
amour) pourrait bien être en rapport avec cette opinion. La mandragore
et l'orchis sont les deux plantes qui harmoniseraient le mieux
peut-être avec le peu que nous connaissons du dudayim, la première par
la bifurcation de sa racine, à laquelle, avec un peu de peine et de
bonne volonté, on pourrait encore donner la forme du corps humain, de
là le nom d'anthropomorphos qui lui a été donné par Pythagore; la
seconde, par la grossière ressemblance qu'on a cru trouver dans ses
bulbes ordinairement géminées, et qui a amené la préconisation ridicule
de ses vertus aphrodisiaques. L'une et l'autre de ces plantes peuvent
exercer une certaine influence sur l'homme ; elles peuvent stimuler,
exciter, irriter ; Vénus est appelée mandragoritis, et l'empereur
Julien, dans son épître à Calixène, dit qu'il boit du jus de mandragore
pour s'exciter à la volupté; mais elles ne peuvent rien sur les femmes,
surtout elles n'ont pas les vertus qu'on leur prête. Les bulbes de
l'orchis se cueillent à la fin de l'année; on les lave, et, après qu'on
les a soumises pendant quelques minutes à l'action de l'eau bouillante,
on les fait sécher au soleil ou dans un four ; c'est dans cet état
qu'elles entrent dans le commerce sous le nom de salep de Perse ou de
salap; elles sont connues pour leurs propriétés nutritives,
éniol-lientes et lubrifiantes ; mais c'est par ces qualités seules, et
à cause de son abondance en principes assimilants, que le salep peut
être considéré comme aphrodisiaque, et il ne l'est qu'à la manière des
œufs, de la viande ou du lait, c'est-à-dire parce qu'il est
nourrissant.—Hasselquist, Michaélis, Maundrell, de même que l'abbé
Mariti (Voyag. II, 195), sont favorables à la traduction mandragore, et
leurs preuves, sans être très convaincantes, ont cependant un certain
poids : ce qui est dit du dudayim s'applique en tous points à la
mandragore ; c'est au temps de la moisson des blés (mai) que leur truit
mûrit, cf. Genèse 30, 14.; elles ont une odeur agréable ; elles peuvent
se conserver, et soutiennent une espèce de comparaison avec les
grenades. Ces caractères sont, il faut l'avouer, assez vagues pour
permettre l'incertitude, et si l'on n'admet pas la traduction orchis,
le mieux est peut-être de s'en tenir a la version traditionnelle.
Pour
l'étude des miracles et des fables relatives à
cette plante historique (dont un des plus grands torts est de nous
avoir donné la Mandragore de Machiavel), on peut consulter Théophraste,
Pline, Dios-coride, Calmet, Hiller, et Celsius, ainsi que les
monographies de Heiddeger, de Drusius, de Thomasius, de Laurent
Cate-lan (Rare et curieux discours de la plante appelée mandragore,
Paris, 1639), de Holzbom, 1702, et de Garnier de Nîmes.
Manifestation (de Dieu) Cf. Hypostase
MANJSE, Ex. 16, Nomb.
11,Deu8,3.
Jos.
8, 12. La nourriture que Dieu donna aux
Israélites dans le désert, depuis Sin, leur huitième campement, jusqu'à
la fin de leur séjour. Moïse la décrit comme quelque chose de menu,
blanc, rond comme dû grésil, commede la semence de coriandre, et ayant
le goût de beignets. Elle tombait chaque matin avec la rosée, et
lorsque la rosée avait disparu sous l'iiction des premiers rayons du
soleil., la manne restait seule sur le roc ou sur le sable, où les
Israélites venaient la ramasser, mais seulement en quantité suffisante
pour la journée, à l'exception du vendredi où il en tombait une
quantité double et où les Israélites devaient aussi faire la provision
do sabbat. Elle se gàlait du jour au lendemain, et ceux qui, se méfiant
de la divine Providence, voulurent essayer d'en conserver, la virent se
corrompre et les vers s'y mettre. Chacun avait droit à un homer (litres
3, 50), et celui qui en avait recueilli beaucoup n'en avait pas plus,
comme celui qui en avait recueilli peu n'en avait pas moins,
c'est-à-dire qu'ils rêpartissaient entré eux, proportionnellement au
nombre des membres de chaque famille, ce qu'ils avaient ramassé, de
sorte que celui qui en avait trop communiquait de son superflu à celui
qui n'avait pas assez, et ramenait l'égalité voulue de Dieu. Le passage
2 Cor. 8, 45. semble établir ce sens, en même temps qu'il trace aux
chrétiens une ligne de conduite qui n'est malheureusement que bien peu
suivie. En commémoration de cette merveilleuse Providence qui nourrit
pendant tant d'années un peuple tout entier dans un désert, Dieu voulut
qu'un homer de manne fût recueilli dans un vase d'or et placé devant le
témoignage à côté de l'arche sainte, cf. Hébr. 9, 4.
Cette
nourriture comme telle, et cette substance considérée en elle-même,
était quelque chose de tout à fait nouveau pour les Israélites, si bien
qu'en la voyant pour la première fois couvrir le sol, ils se
demandèrent les uns aux autres : Qu'est-ce? (hébr., man), et ce nom
interrogatif resta à ce pain descendu du ciel : man hou, qui signifiait
qu'est ce que cela? fut traduit : cela est de la manne. C'est la même
question que firent plus tard les Juifs au sujet de Jésus le vrai pain
céleste, Luc 4, 36., car il était pour eux une apparition également
inconnue, mais plus bénie encore.
Outre
les passages déjà cités, la manne est
rappelée ? en. 9, 20. Jean 6, 31. 49. 38. Ps. 78, 24. Apoc. 2, 17. Ce
dernier passage contient une allusion évidente à l'urne d'or renfermant
la manne : la manne commune et corruptible du désert était la
nourriture du corps mortel ; mais la manne cachée dans l'urne est
incorruptible, c'est la nourriture du corps immortel.
Ps.78,24.
25. —«... bien qu'il eût fait pleuvoir la manne...; tellement que
chacun mangeait du pain des puissants. » Nos versions rendent
exactement le sens de l'hébr. abirim, mais la phrase n'est pas claire
et ne se comprend pas : la Vul-gate, l'anglais, et Luther ont « le pain
des anges, » ce qui ne se justifie pas par l'usage de la langue ;
Hengstenberg paraphrase : le pain venu des lieux habités par les anges
; Durck propose le pain des taureaux, qui d'après l'analogie de Soph.
1, 17., pourrait signifier la viande des taureaux; abirim a en effet
quelquefois le sens de taureaux, Ps. 22, 12. 50, 13. 68, 30. Es. 34, 7.
Jér. 50, 11., et l'auteur entendrait que, outre la manne, Dieu a aussi
donné aux Israélites de la chair à manger, ce qui ne s'accorde ni avec
le sens du passage, ni avec l'histoire du désert. Dimock pense qu'au
lieu de abirim il faut lire Elohim, ou Abir Jéhovah (cf. Ex. 16,15-16.
Jean 6, 33.), et traduire le pain de l'Eternel. Harris enfin prend
abirim dans le sens de ailis pour oiseaux, « chacun mangea (outre la
manne) du pain,c'est-à-dire de la chair d'oiseaux; il leur envoya de la
nourriture à les rassasier. » Mais toutes ces explications sont un peu
recherchées, et la traduction française, qui est la plus littérale, n'a
besoin que d'être comprise dans le sens du génie de la langue hébraïque
: le pain des puissants ou des riches, c'est un pain excellent, ou,
d'une manière générale, une nourriture excellente. Dieu envoya aux
Israélites la manne, le froment des cieux, tellement qu' (au lieu de
disette) chacun avait en abondance un mets très recherché, une
nourriture agréable et délicate. L'auteur de la Sapience (46, 20. 21.)
dit que la manne s'accommodait tellement au goût de ceux qui la
mangeaient, que chacun y trouvait de quoi satisfaire son appétit, et
quelques-uns l'ont entendu en ce sens qu'elle prenait pour chacun le
goût particulier qu'il désirait y trouver. Josèpbe dit plus simplement
qu'elle était si excellente qu'on ne pourrait rien désirer de meilleur;
et saint Augustin, qu'elle se conformait au goût de ceux qui en
usaient, en faveur des enfants de Dieu, lesquels ne s'en lassèrent pas,
tandis que pour les autres elle ne fut plus bientôt qu'un objet de
dégoût, Nomb. 11,6.
La
manne n'est pas une substance qui soit entièrement inconnue ou perdue :
elle se retrouve encore en divers lieux, en Pologne, dans le Dauphiné,
en Calabre, en Arabie, sur le Sinaï, sur le Liban, et ailleurs. La plus
estimée est celle d'Arabie, espèce de miel condensé qui suinte des
feuilles et des branches, et que l'on recueille quand elle a pris une
certaine consistance. On peut augmenter de beaucoup la récolte qu'on en
fait, au moyen d'incisions pratiquées à l'arbre, et c'est au mois
d'août surtout que cette opération se fait avec le plus de succès ;
parfois c'est un petit insecte, le coccus, qui se charge de piquer
l'arbre avec son aiguillon, et de provoquer ainsi l'écoulement de la
résine. Saumaise pense que c'est de cette manne qu'il est parlé dans
l'histoire du désert, et que le miracle a consisté moins dans la
production même que dans l'a-bondance et la régularité de cette
production. Son opinion peut parfaitement se soutenir en ce sens
qu'elle n'enlève rien à tout ce qu'il y a eu de miraculeux dans presque
tous les détails de cette alimentation providentielle ; en général on
peut remarquer dans la plupart des miracles de la Bible, qu'ils ne
contrarient pas la nature, qu'ils ne sont pas des monstruosités en
dehors du cours des choses; mais qu'ils se distinguent soit par des
modifications apportées à certaines lois, physiques, soit par
l'accélération d'effets qui se produisent également dans la nature,
mais lentement et suivant certaines règles, soit enfin par la
multiplication . l'augmentation en nombre ou en volume, des effets que
des causes physiques auraient aussi produits, mais en moindre quantité.
Admettant que la manne céleste n'ait pas été une création nouvelle, le
mi-rac'e reste dans son abondance, sa régularité, sa périodicité,
interrompue le sabbat, mais précédée d'une quantité double de
nourriture la veille, sa prompte corruption pendant la semaine, et sa
conservation au septième jour, sa production au milieu des sables quand
d'ordinaire elle ne se trouve que découlant des arbres, etc., tout
autant de caractères qui ne sont pas naturels, mais que Dieu a pu
miraculeusement ajouter pour un temps à l'une des productions de la
nature orientale, les uns pour conserver son peuple, les autres pour
l'habituer au respect de la loi qu'il avait donnée. — Disons cependant
que les voyageurs donnent à la manne du désert quelques propriétés qui
ne rendent pas l'identité absolue. Cette gomme qui découle goutte à
goutte ne se laisse ni piler, ni broyer, comme faisait la manne
israélite, et de plus elle a une vertu légèrement purgative et
affaiblissante, qui se perd, il est vrai, pour celui qui, par un
fréquent usage, en a pris l'habitude, comme on sait que l'estomac peut
s'accoutumer à une nourriture qui lui est naturellement con-traire.
Les
Hébreux et les Orientaux pensent, à l'inverse
de Saumaise, que la manne était un miracle, jusque dans la nature même
de sa substance, et c'est bien, à toutprendre, l'opinion qui paraît le
mieux justifiée par la lettre de l'Ecriture ; mais ils sont tellement
jaloux de la grâce que Dieu leur fit en cette occasion, qu'ils vont
jusqu'à prononcer l'analhème contre ceux qui ne partagent pas
entièrement leur manière de voir à cet égard (A bon Esr. ad Ex. 16,
15.); c'est aller un peu loin.
On
peut consulter sur la manne la Physique sacrée de Scheuchzer avec les
notes de Donat, la dissertation de Faner, l'Hist. de la manne de
Buxtorf, Sauniaise, les Notes de Rosenmuller sur Bochart, le Traité
d'Altomare, et un art. dans les Comptes rendus de l'Académie des
sciences, 18i6, t. II, p. 452, séance du 31 août. MANOAH, Jug.
13,2.,deTsorhah, père de Samson. Cet homme faible et craintif, mais
bien intentionné, gémissait sur les malheurs que l'idolâtrie de ses
compatriotes avait amenés sur la commune patrie, lorsque sa femme,,
plus pieuse apparemment, et plus éclairée que lui, vint lui annoncer
que sa longue stérilité qui les affligeait l'un et l'autre, allait
enfin cesser, et qu'un prophète de l'Eternel lui avait promis un fils;
bien plus, ce fils devait être le libérateur d'Israël, et pour le
préparer à sa grande et sainte mission, elle devait elle-même observer
jusqu'au moment de sa naissance toutes les prescriptions du nazaréat.
Manoah, tout ensemble troublé et réjoui, demanda au Seigneur de lui
faire voir à lui-même ce messager de bonnes nouvelles, afin qu'il pût
apprendre de lui la conduite qu'il aurait à tenir à l'égard de ce fils
béni. Bientôt après, en etfet, l'ange apparut de nouveau à la femme,
qui alla chercher son mari; mais il ne répondit pas aux questions
prématurées de l'humble Manoah ; il se borna à répéter à la femme
qu'elle devait, pendant tout le temps de sa grossesse, vivre dans
l'abstinence nazaréenne, et Manoah n'insista plus ; mais désireux de
retenir auprès de lui ce prophètede l'Eternel, et de l'honorer selon
les usages de l'antique hospitalité, il lui offrit un festin; l'ange le
refusa, mais engagea son hôte à présenter un holocausteà l'Eternel.
L'ange refusa de même de déclarer son nom, car il est admirable, dit-il
(cf. Es. 9, 3.}. Manoah qui jusqu'alors n'avait vu dans celui qui lui
parlait qu'un simple prophète, ne tarda pas à comprendre que c'était
l'Eternel lui-même; car lorsqu'il eut offert son holocauste, et que la
flamme s'é-levant de l'autel vers les cieux, l'Eternel y fut monté avec
la flamme, Manoah s'é-cria : Certainement nous mourrons, parce que nous
avons vu Dieu ! Sa femme comprit mieux que lui, la faveur que cette
manifestation divine leur promettait à eux et à leur lils : elle y
puisa de nouvelles forces, un nouveau courage, une nouvelle confiance
dans la fidélité de celui qui ne peut mentir.—L'enfant naquitau temps
indiqué, mais il ne parait pas avoir, dans son éducation, subi ou
accepté l'influence de son faible père. Sa jeunesse indomptée et ses
fougueuses passions l'éman-cipèrent de bonne heure ; Manoah vécut assez
pour voir, sans pouvoir l'empêcher, le mariage de son fils avec, une
Philistine, mais son nom qui ne reparaît plus que dans le nom de son
sépulcre, 10, 31.. porte à croire qu'il ne fut pas le témoin des
derniers excès, de la gloire, et de la conversion de son fils.
L'apparition
de l'ange à Manoah rappelle celles
dont jouirent Abraham, Jacob et Gédéon : le refus de l'ange de se faire
connaître, rappelle le même refus qu'éprouva Jacob dans sa lutte
merveilleuse au bord du Jabbok, Gen. 32, 29.
MANTEAU. Ce mot qui a déjà
un sens assez vaste dans
notre langue, en avait un plus étendu encore en hébreu ; il
s'appliquait à plusieurs espèces de vêtements, tunique, manteau,
vêtement de dessus, etc. La pièce d'habillement dont il est parlé, Marc
12, 38., à propos des scribes, et qui peut aussi se traduire par
manteau, était un large pan d'étoffe, descendant jusqu à la cheville du
pied. n. Vêtements.
MARAH (amertume). G Une
des premières stations des
Israélites dans le désert ; ils lui donnèrent ce nom à cause de
l'amertume de ses eaux, Ex. 15,23. JNomb. 33,8. Les voyageurs ne sont
pas d'accord sur la situation de ce lieu; Shaw a cru le trouver dans un
endroit appelé maintenant Corondel ou Gbarendtl, où coule encore de nos
jours un ruisseau dont les eaux sont amères; Niebuhr, dans le Aijun
Musa (fontaine de Moïse), à 2 lieues sud-est de Suez, à une demi lieue
du golfe d'Arabie ; Burckhardt le place à <IS lieues
plus au sud, où il a trouvé une source appelée Howara, dont les eaux
sont si amères que les chameaux mêmes refusent d'en boire, à moins
qu'ils ne soient très altérés; le même voyageur pense que Moïse se
servit des baies du gharcad ou hamra pour adoucir l'amertume de cette
source. (Michaélis raconte de même. qu'il y a aux Indes un arbre qui a
la propriété de rendre douces les eaux devenues amères). L'opinion de
Niebuhr est conforme à la tradition, mais celle de Burckhardt paraît
mieux justifiée géographiquement par la marche que suivaient les
Israélites ; c'est celle qu'a admise Hsevernick.
2°
Ce même nom est employé au duel Marathayim, Jér.
50,21 .,où nos versions l'ont traduit par vous deux, rebelles. Le
passage est difficile à entendre, mais il vaut mieux (avec Dahler) le
rapporter au pays, et lire: marchez contre ce pays doublement rebelle,
ou bien le regarder comme un nom symbolique de Babylone, marchez contre
ce pays de Marathayim, ce qui renferme le même sens, mais exprimé d'une
manière plus solennelle.
MARBRE. Substance bien
connue pour sa dureté et le
beau poli dont elle est susceptible. Quatre noms différents paraissent
en avoir désigné différentes espèces dans la langue des Hébreux. Shesh
ou shish, Cant. 5,15. Est. 1, 6. I Chr. 29, 2.: la version syriaque le
traduit par marbre blanc, ce qui s'accorde bien avec la comparaison du
Cantique ; il est également probable que ce devait être de cette espèce
de marbre qu'étaient faites les colonnes du temple, et David l'aura
fait venir des cortiées voisines de l'Arabie; Barris compare le nom de
shish avec la montée deTsits, 2 Chr. 20, 16., qu'il pense avoir été la
carrière, ou l'une des carrières où les Hébreux choisissaient leur
marbre ; mais c'est forcé, et l'hypothèse ne repose sur aucune autre
preuve que cette lointaine analogie. Le marbre blanc du palais royal de
Suze, était tiré des carrières mêmes du pays, où il se trouve en
abondance. Le sochereth, Est. 1, 6., ne peut être déterminé d'une
manière bien sûre ; les Septante le traduisent comme le précédent,
espèce de marbre blanc. Le bahat, que le syriaque rend de môme, est
traduit par les Septante, émeraude, ce qui doit s'entendre non de la
pierre précieuse de ce nom, mais d'un marbre nuancé de vert. Enfin le
dar (ibid.) est traduit par l'arabe, perle, et par les Septante, pierre
de perle ; c'est aussi l'opinion de Bochart, mais elle cadre
difficilement avec le contexte : il faut plutôt l'entendre avec
Michaélis et Winer, de l'albâtre qui, lorsqu'il est bien travaillé,
peut dans une mosaïque faire l'effet de perles enchâssées. Il faut
avouer, du reste, que ces significations ne sont que devinées; aucun
fll ne peut plus guider dans ces recherches, et les savants y dépensent
inutilement leur esprit étymologique et scientifique. — On sait que les
anciens attachaient beaucoup d'importance au luxe de leurs planchers,
de leurs parquets, et des pavés de leurs cours ou de leurs jardins :
nous en sommes venus au pas, disait Sénèque, que nous ne voulons plus
fouler que des pierres précieuses. Et Apulée, décrivant le sol des
appartements de Psyché, dit que les pierres précieuses dont il était
composé, représentaient à l'œil, par leur disposition et la variété de
leurs formes et de leur grandeur, des tableaux et des peintures de
divers genres.
MARCHANDS, v. Commerce.
MARCHÉ, v, Forum.
Marcion
Mardochee
MARÉSA, Jos. 15, 44.,
ville des plaines de Juda, que
Roboam fit, plus tard, fortifier, 2 Chr. 11, 8, cf. 14, 9. 40. Mich. 1,
15. Il en restait encore quelques ruines au temps d'Eusèbe. Josèphe en
fait une possession des Iduméens, mais quileur fut enlevée, plus tard,
par Alexan-dre (Ant. 12, 8, 6. cf. 13, 15, i.).v. Moréseth.
MARIAGE. Chez les Hébreux,
comme en général chez les
Orientaux, et de nos jours encore, c'étaient les pères, et, à leur
défaut, les mères, qui arrangeaient seuls les mariages de leurs
enfants, de sorte qu'il arrivait souvent que ceux-ci étaient fiancés
avant de s'être jamais vus. Ordinairement la famille du fils faisait
les premières démarches, et offrait une dot pour le prix de la jeune
fille, vieille et universelle coutume toujours justifiée par les
circonstances, que l'on retrouve chez les Grecs de l'antiquité, chez
les Germains, les Babyloniens, les Assyriens, et maintenant encore en
Arabie et dans le Kurdistan, ainsi que chez presque tous les peuples de
l'Asie. Cette dot variait naturellement suivant la fortune et la
condition des familles : un minimum de 50 sicles est indiqué, Deu 22,
29., et n'a pas même toujours été donné, Os. 3, 2. D'autres fois
l'époux devait, par son travail, mériter sa fiancée ; d'autres fois
encore, celle-ci apportait elle-même quelque portion de bien que son
père lui donnait. Qu'une femme eût à s'occuper de la recherche d'un
mari, c'était considéré, par les Orientaux, comme une véritable
calamité, et c'est dans ce sens qu'on peut comprendre Es. 4,1. Le
consentement des frères, notamment du frère aîné, paraît avoir été
aussi requis pour le mariage de leurs sœurs. Le contrat était passé
verbalement entre les parents en présence de témoins ; quelquefois le
serment intervenait, Mal. 2, 14.; ce ne fut que plus tard, après les
jours de l'exil, que les contrats par écrit furent connus. On trouvera
ces détails sur le mariage chez les Hébreux, Gen. 21, 24, 29, 34, et
38; Exod. 22; Deu 22; Jos. 15; Jug. 1, et 14; 1 Sam. 18 ; 2 Sam. 3; I
Rois 2, et 3; Tobie 7; cf. Iliad. 11, 224. Odyss. 3, 281. 8, 318. Tac.
Germ. 8; Hé-rod. 1, 196. 6, 127. Diod. Sic. 4, 42.64.
Il
était, jusqu'à certain pas, permis à un homme d'avoir plusieurs femmes,
v. Concubines, et Polygamie.
Les
mariages étaient défendus, d'abord entre les Israélites eux-mêmes, dans
certains cas de proche parenté, par consanguinité ou par alliance, Lév.
18 et 20, Deu 27, Jos. Ant. 3, 12, 1., et cette prohibition avait pour
sanction, quelquefois la peine de mort, d'autres fois une simple peine
théocratique, la privation d'enfants, soit qu'on doive l'entendre d'un
simple vœu de malédiction prononcé par le législateur, soit que Dieu
rendît tout inceste stérile, soit enfin que la loi refusât de
reconnaître ces enfants comme légitimes. Une pareille défense reposait
sur le besoin de garantir les familles qui eussent été trop facilement
envahies par l'impureté, de protéger les filles et les sœurs contre des
passions qu'un contact habituel, intime et familier, eût embrasées
facilement si le mal n'eût été coupé d'avance dans sa racine, et si les
esprits n'eussent été détournés par une loi positive, de nourrir avec
complaisance un amour plutôt sensuel et voluptueux que conjugal ;
c'était, en outre, une barrière de plus, élevée entre le peuple juif et
les nations qui l'entouraient, depuis l'Egypte jusqu'à la Syrie, où les
mariages entre les plus proches parents n'étaient pas rares: la Grèce
et l'Italie avaient déjà, sous ce rapport, des mœurs moins relâchées.
On ne peut guère s'expliquer comment la princesse Tamar peut parler de
la possibi'ité d'une union entre elle et son beau-frère Amnon, 2 Sam.
13, 13.: ce n'était peut-être, dans sa bouche, qu'un moyen de chercher
à se soustraire à ses violences. — On voit, du reste, par Ezéch. 22,
41., que les Israélites ne respectèrent pas toujours cette loi morale,
et cela n'a rien d'étonnant lorsqu'on songe à tous les autres crimes
auxquels les poussa leur sensualité orientale. Les Hérodes, en
particulier, ne se firent pas faute d'alliances défendues, et l'on en
voit un épouser la fille de son frère, Jos. Ant. 12, 4. 6. 17, 1. 3.
etc. cf. Mat 14, 4. Tacit. Hist. S, S. 2. On se montra lâchement
tolérant avec les prosélytes, et, sous prétexte que pour eux les liens
du sang avaient été rompus par leur conversion, on leur permit des
alliances monstrueuses, cf. 1 Cor. 5, 1. — Sur les conditions relatives
au mariage des prêtres, ?. cet article. — Les tribus pouvaient s'allier
l'une à l'autre; il n'y a qu'une seule restriction à cet égard,
relative aux héritières, qui devaient se marier dans leur tribu pour
maintenir intacte la division des propriétés et des terri-toires,
Nombr. 36, 6. cf. Tob. 4, 3. (Une disposition semblable existait chez
les Athéniens). On remarque enfin que, dans l'antiquité juive, comme de
nos jours encore en Orient, les familles aimaient à maintenir leur
unité par des mariages contractés entre parents aux degrés autorisés,
Gen. 24, 4. 48. 26, 34. 28, 1. 8. 29, 19.; pour les patriarches, un
motif religieux se joignait aux motifs x d'affection ; ils tenaient et
devaient tenir à ce que la vérité divine, qui leur avait été confiée,
ne fût pas altérée par le contact de femmes païennes et idolâtres ; la
même chose se voit encore en France ou des familles protestantes,
dispersées dans un grand nombre de villages, sont presque toutes
parentes entre elles, et ne forment guère d'alliances au-dehors.
Les
mariages entre les Israélites et les Cananéens étaient de même
formellement prohibés, quoique les premiers pussent épouser des femmes
étrangères; les Cananéennes seules étaient exclues, et les autres
devaient en outre être naturalisées, Ex. 34, Deu 7 et 21, Gen. 24, 3.
28, 1. Ruth, 1,4.4, 13. Nomb. 12; 1 Chr. 2, 17. 1 Rois 3, 1. 14,21.,
etc. (cf. Jug. 3, 6. 14, 1. 1 Rois 11, 1. 16, 31.). Mais après l'exil,
un rigorisme nouveau et légitime s'introduisit dans les mœurs ; on
comprit que ces alliances étrangères, quoique permises, tendaient à
compromettre la foi et le monothéisme ; les prophètes, les
législateurs, le peuple se prononcèrent énergiquement dans ce sens,
Esd. 9, 2. 10, 3. Néh. 13, 23 (cf. Jug. 3, 6.).
Sur
un cas de mariage voulu par la loi, v. Lévirat.
De
secondes noces n'étaient pas réputées très
honorables chez les Grecs et chez les Romains, surtout de la part des
femmes, Virg., En. 4, 23. Diod. Sic. 13, 12. Les Juifs pensaient de
même, cependant ils étaient moins prononcés, et les pharisiens
eux-mêmes avaient quelque tolérance sous ce rapport ; le prêtre
Josèphe, après avoir renvoyé sa première femme, procéda sans scrupule à
un second mariage ; mais on regardait cependant comme plus conforme à
la sainteté de la vie et au respect dû à la femme de ne pas se remawer,
cf. Luc 2, 36. 1 Cor. 7, 8. Cette question a été l'objet de vifs débats
dans l'Eglise primitive ; elle a fini par être résolue dans le sens
naturel, l'Ecriture ne renfermant aucune prescription positive à cet
égard : les premières noces étaient appelées lex (la règle), les
secondes jus (le droit), les troisièmes avaient obtenu moins de faveur.
Les
esséniens se distinguèrent par leur mépris pour
le mariage, et c'était se distinguer, en effet, au milieu d'un peuple
qui regardait la vie de famille, non seulement comme honorable, mais
comme i ordonnée de Dieu, Gen. \, 28. cf. 1 Tim.
4,
3. L'âge de dix-huit ans était tixé par les
rabbins pour le mariage d'un homme; une femme pouvait se marier depuis
douze à treize ans, et devait le faire au plus tôt.
Quelques
récits ou paraboles du Nouveau Testament renferment des allusions aux
coutumes pratiquées par les Juifs dans les noces et dans les
fiançailles, ainsi Luc 14, Jean 2, Mat 25 et 22, cf. Ps. 4o, Jug. 14,
Ezéch. 16, 12., etc. W. Jowett's missionary researches; missSar-doe,
City of the sultan; Hartley's Christian Researches; Maltby, Coutumes
bibliques, Lamartine, Chateaubriand, etc. —v. encore les articles
Adultère, Divorce, La-ban, Eve, Femme, etc.
MARIE (bébr. Mireyam,
leur rébellion).
1°
La sœur aînée de Moïse et d'Aa-ron, fille ou descendante comme
eux de
Hamram et de Jokébed, de la tribu de Lévi, Nomb. 26, 59. 1 Chr. 6, 3.
Elle veilla sur le sort de son plus jeune frère déposé dans un cotfret
de jonc parmi les roseaux du Nil, Ex. 2, et sut avec autant de grâce
que de présence d'esprit, rendre à sa mère le fils qu'elle croyait
perdu. Plus tard elle mérita le titre de prophétesse, et rassemblant
sur l'autre rive de la mer Rouge les femmes d'Israël au son du
tambourin, elle chanta un cantique de délivrance et les actions
merveilleuses de l'Eternel en faveur de son peuple, Ex. 1S. Une tache
apparaît dans sa vie et s'ajoute à tous les exemples qui prouvent que
les personnes les plus saintes sont encore sujettes à faillir ; elle
eut avec sa belle-sœur, la femme de Moïse, une contestation dont
l'écrivain sacré ne nous dit pas la nature ; peut-être que jalouse de
l'autorité de Moïse, et n'osant l'attaquer directement, elle reproche à
la femme Cushite sa qualité d'é-trangère, afin de faire rejaillir sur
son frère la honte d'une alliance antithéocra-tique et indigne de lui.
Aaron se joignit à sa sœur, ils parlèrent mal de Moïse, s'élevèrent
contre son autorité, et se prévalurent des grâces que Dieu leur avait
faites pour méconnaître le pouvoir législatif et civil que Dieu n'avait
donné qu'au seul Moïse. Leurs paroles répétées dans le camp risquaient
d'être accueillies avec trop d'empressement par les Israélites
toujours
disposés à se révolter contre leur chef, et Dieu ne fit pas attendre
son jugement; Marie et ses frères durent comparaître au tabernacle
d'assignation, et la vengeance divine frappa d'une lèpre subite la sœur
qui, dans son âge avancé, n'avait pas craint de troubler par ses
mé-disances la paix d'une famille, et par son ambition l'ordre du camp
d'Israël, Nomb. 12, cf. Deu 24, 9. Mais à la requête de Moïse, la santé
lui fut rendue, elle fut nettoyée de la lèpre, et les formalités
nécessaires à la purification des lépreux, un exil de sept jours hors
du camp, furent la seule peine de sa révolte. Elle mourut au désert de
Tsin, quelque temps avant la fin du grand voyage, après avoir vécu cent
vingt ans avec le frère dont elle avait été la jeune libératrice; on
peut croire qu'elle avait au moins cent trente ans. Josèphe la fait
épouse de Hur l'ami de Moïse. — Quelques auteurs rapportent à la mort
très rapprochée de Marie et de ses deux frères ce qui est dit Zach. 11,
8. « Je supprimai trois pasteurs en un mois, car mon âme s'est ennuyée
d'eux. » Les noms de ces trois grandes autorités sont rappelés et
réunis, Mich. 6, 4.; mais il ne paraît pas que Marie ait joui elle-même
d'une autorité autre que l'autorité naturelle que lui donnaient ses
relations d'intime parenté avec le chef et le souverain pontife
d'Israël. — Eusèbe dit qu'on montrait encore de son temps le tombeau de
Marie à Kadès.
2° Marie, fille de Méred,
inconnue, 1 Chr. 4, 17.
3°
Marie, fille d'Héli et mère de Jésus : épouse fiancée à
Joseph,
mais encore vierge, elle vit s'accomplir en elle les antiques promesses
faites à la maison de David, et servante de l'Eternel, cette humble
femme donna la nature humaine à celui qui, à la fois homme et Dieu,
devait délivrer les hommes de leurs péchés en vivant et en mourant pour
eux. Dans une visite à sa cousine Elisabeth, qui portait comme elle en
son sein un gage de la faveur divine envers elle et envers tous les
hommes, elle composa le cantique si humble et si triomphant qui porte
son nom, et qui rappelle les paroles d'Anne, la mère de Samuel ; puis
lorsque le moment de la délivrance de sa cousine fut proche, Marie
revint à Nazareth où elle habitait, et où elle se proposait d'attendre
dans la retraite les jours de sa gloire; mais l'oracle deMichée, 5, 2.,
devait s'accomplir, et César Auguste, en ordonnant le recensement de la
Judée, contraignit Joseph de se rendre à Bethléem, où Marie le suivit,
soit qu'elle ne voulût pas se séparer de son époux dans les
circonstances où elle se trouvait, soit qu'elle dut aussi, comme fdle
unique, héritière et propriétaire d'un immeuble dans sa tribu, se
présenter elle-même au lieu où elle pos-sédait. Mais son terme était
accompli, elle enfanta dans une étable son fils premier-né, qui n'eut
qu'une crèche pour berceau, et dont la royauté terrestre ne devait pas
avoir un lieu où reposer sa tête. Cette humble fin de tant de
glorieuses espérances devait être une déception pour Marie, qui ne
comprenait pas encore la nature de la gloire et de la grandeur de
Jésus; mais les manifestations célestes qui présidèrent à défaut de
pompes terrestres à la naissance de l'en-fant, furent pour la mère un
enseignement qu'elle garda dans son cœur et qui lui devint clair plus
tard, bien qu'elle soit restée de longues années encore avant de
comprendre les mystères qui l'entouraient (Luc 1, et 2,). Après avoir
vu les mages d'Orient s'humilier aux pieds de son fils, et lorsqu'elle
eut accompli les quarante jours de purification exigés des jeunes mères
par la loi de Moïse, Lév. 12, 2., les jours de tribulation commencèrent
pour elle; divinement avertie, elle partit pour Jérusalem, où elle
offrit dans le temple le sacrifice des relevailles, et le vieux Siméon,
heureux de tenir dans ses bras le gage de la rédemption d'Israël, bénit
son jour, mais ne cacha pas à Marie les peines qu'elle aurait à
souffrir et l'épée qui devait percer son âme. Elle passa de Jérusalem
en Egypte, où elle attendit la mort du tyran qui eut lieu dans le
courant de la même année. Lorsque Jésus eut atteint l'âge de douze ans,
sa mère, qui se rendait selon l'usage à Jérusalem pour y célébrer la
Pâque, le perdit de vue et ne le retrouva qu'après trois jours de
recherches; usant de son autorité maternelle, elle crut pouvoir
adresser à l'enfant dé tendres reproches, expression des inquiétudes
auxquelles elle avait été en proie, mais elle ne comprit pas la réponse
du Messie, sa justification et la revendication de ses droits dans
l'exécution de ses devoirs. 11 ne paraît pas même que dans les dix-huit
années qui suivirent, elle ait fait des progrès dans la connaissance et
dans l'intelligence de la vérité éternelle, car aux noces de Cana, où
nous la retrouvons pour la première fois après ce long intervalle, elle
s'attire de la part du Sauveaur des paroles où l'on est obligé de
reconnaître quelque dureté, Jean 2, 1-4. (cf. Jug. Il, 12. 2 Sam. 19,
22. 2 Rois 9,18. etc.); c'est ainsi que l'ont entendu les pères de
l'Eglise les plus distingués, Chrysostome, Augustin, Théophylacte,
Origène et Cal-met lui-même. Marie n'eut jamais aucune part au
ministère de son fils, et lorsque Jésus fut appelé, soit par une folle
béatification que l'on voulait faire de sa mère, soit à propos d'une
interruption qu'elle occasionna en se présentant avec ses autres fils
pendant que la foule, attentive à ses discours, l'environnait et
l'écoutait avidement, à parler de celle à qui il devait son corps et sa
nature humaine, ce fut pour répondre la première fois : « mais plutôt
heureux ceux qui entendent la parole de Dieu et qui la pratiquent, Luc
M, 28., » et la seconde fois : « Qui est ma mère et qui sont mes frères
? quiconque fera la volonté de mon père qui est aux cieux. » Mat 12,
48. Marc 3. 38. Luc 8, 21. —Cependant l'époque où le Fils de l'homme
devait être glorifié, approchait ; Marie toujours bornée dans ses
espérances, dans ses désirs et dans ses vues sur la grandeur de son
fils à qui un trône était promis, n'était pas préparée aux scènes
douloureuses dont elle devait être témoin ; elle monta encore de
Nazareth à Jérusalem pour y faire la Pâque, et l'oracle de Siméon
s'accomplit, qui lui avait annoncé qu'une épée percerait son âme; elle
accompagna vers le lieu du supplice le fils qu'elle avait tant aimé
sans le comprendre ; elle se tenait là avec ses pieuses compagnes ;
elle regardait de loin, Mat 27, K5. Marc 10.40. Luc 23, 49., et s'étant
approchée pour recueillir en silence le dernier soupir du Juste
condamné, elle eut le bonheur d'entendre encore sa voix qui la
recommandait au disciple bien-aimé, léguant à celui-ci une mère, à
celle-là un fils, Jean 19, 26. Elle se retira en effet chez saint Jean,
et la tradition porte qu'elle passa onze années sous son toit
hospitalier; son nom se retrouve, Act 1, 14. avec celui des disciples
réunis en prières après l'ascension du Christ res-suscité ; dès lors il
n'en est plus question ni directement, ni indirectement dans aucun des
livres du Nouveau Testament, dans aucune des vingt et une épîtres, qui
traitent cependant de tous les dogmes et de toutes les vérités
religieuses, non plus que dans la description que saint Jean
(Apocalypse) nous fait de la demeure des bienheureux. Le silence de
l'Ecriture sous ce rapport, est la meilleure réponse à la doctrine
mariolàtre de l'Eglise romaine. On ne sait, ni où, ni quand mourut
Marie, mais elle devait avoir plus de soixante ans ; on ne sait pas non
plus comment les papistes ont pu se procurer tout le lait qu'ils
montrent de la sainte Vierge, et comme dit Calvin, elle eût été vache,
et nourrice toute sa vie, que l'on comprendrait encore difficilement la
prodigieuse quantité que l'on en vend en tant de lieux. Il est
affligeant pour le christianisme que M. de Chateaubriand ait osé parler
de cette beauté qui s'interpose entre Dieu et les hommes ; nous voulons
aussi appeler Marie bienheureuse, mais c'est parce-qu'elle a été reçue
en grâce, parcequ'elle a eu un Sauveur; le silence des livres saints,
aussi bien que la manière dont ils parlent de Marie, quand ils le font,
doit nous rappeler qu'un seul est adorable, qu'un seul est
intercesseur. Sur la question de controverse, ?. A. Bost, Ador. de
Marie; Malan, Commentpourrais-je, etc.; Puaux, Anat. du Pap.; Roussel,
Portrait de Marie, et plusieurs autres ouvrages et brochures.
"L'Ecriture
Sainte se montre étonnamment réservée et avare de détails quand il
s'agit de parler de la Vierge, il en est d'ailleurs de même pour ce qui
touche à la nature des anges et à la gloire du Paradis céleste." -
Saint Laurent de Brindisi.
4°
Marie Magdeleine (Magdala), Mat 9 et 28, Marc 13 et 16,
Luc 8,
23, et 24, Jean 19 et 20. Elle est toujours, sauf Jean 19,25, nommée la
première parmi les pieuses femmes qui accompagnaient le Christ et qui
le soutenaient de leurs dons, même avant la femme de Chuzas intendant
d'Hérode, et l'on en a conclu qu'elle appartenait probablement à la
haute classe de la société, et qu'elle jouissait d'une fortune assez
considérable ; rien du moins ne peut faire croire le contraire. Elle
fut délivrée par la puissance du Sauveur, de sept esprits immondes dont
elle était possédée, et cette délivrance fut pour elle une naissance
nouvelle; dès lors, pleine de reconnaissance, elle se dévoua sans
réserve à son maître, et le suivit jusqu'au calvaire et dans le jardin
de Joseph. Elle voulut contribuer ou pourvoir aux dépenses de
l'embaumement, et se rendit de bonne heure au tombeau le lendemain du
sabbat ; mais la pierre était roulée, et le corps n'y était plus. Les
femmes qui n'ont pas encore aperçu les anges gardiens, s'inquiètent et
s'étonnent ; Marie court à Jérusalem avertir les apôtres (Jean 20,), et
revient au sépulcre, où elle ne trouve plus personne que les deux anges
qu'elle ne reconnaît pas, et à qui elle confie le secret de son
angoisse ; et quand Jésus lui-même s'approche, encore toute troublée,
elle le prend pour le jardinier, le supplie de lui rendre le corps de
son maître, et ne le reconnaît que lorsque sa voix bien connue et
pénétrante, l'appelle de son nom, Marie ! Elle se jette alors à ses
pieds, qu'elle embrasse en s'écriant : Rabboni ! Mon maître!
Mais il la relève et lui dit : ne me touche pas, car je ne suis pas
encore monté vers mon père (v. 17).
Ici
s'arrête son histoire ; la tradition ajoute, mais sans le moindre
fondement, que c'est elle qui, pauvre pécheresse, après une vie
d'impuretés, trouva son pardon aux pieds de Jésus qu'elle oignait de
nard pur en les arrosant de ses larmes, Luc 7, 37. Il suffit de se
rappeler que la pécheresse était de Nain et non de Magdala. La
tradition (Nicéphore), fait venir Marie Madeleine à Rome, et raconte
qu'après avoir porté plainte contre Pilate, elle se retira dans les
Gaules comme évangéliste.
Le
caractère de Marie Madeleine est un des plus purs portraits de femme du
Nouveau Testament, et son amour pour le maître est empreint
d'intelligence, d'élévation, et d'un christianisme réellement
évangélique.
5°
Marie, femme d'Alphée ou Cléopas, Jean 19,25., et mère de
Jacques le
Mineur, de Joses, de Simon et de Jude. Elle était sœur de la mère de
Jésus, et compta parmi les pieuses femmes qui assistèrent le Sauveur
pendant sa vie, le suivirent au Calvaire, se rendirent au sépulcre pour
l'embaumer, et annoncèrent sa résurrection aux apôtres, Mat 27 et 28,
Marc 15 et 16, Luc 23 et 24. Trois de ses fils devinrent apôtres, Joses
seul ne le fut pas. D'après d'autres passages, ces quatre enfants
auraient été fils de Marie, femme de Joseph, Mat 13, 55. Marc 6, 3., et
l'apôtre Jean, 7, S., leur rend le triste témoignage qu'ils ne
croyaient pas en Jésus ; ?. Jacques. Sur cette question à laquelle les
romanistes ont donné plus d'importance qu'elle n'en a réellement, nous
croyons qu'un mot peut suffire ; Jésus était le fils unique du Père, il
n'est
I pas le fils unique de Marie, mais son
premier-né, Mat 1, 25. Luc 2,7. Ceci est positif, peu importent les
noms de ses frères ; et si les deux sœurs, si les deux Marie ont porté
le même nom, il est possible qu'elles aient aussi donné à leurs enfants
des noms semblables.
6° Marie, sœur de Lazare et de Marthe, Luc
10, 39. Jean 11 et 12. Dans
une visite, peut-être la première, que Jésus fit à la famille de
Béthanie, Marie était assise aux pieds du Sauveur, écoutant sa parole,
et se réjouissant de la vérité; Marthe, plus vive, plus extérieure, et
s'occupant de recevoir de son mieux un hôte, si cher et si vénéré,
voyait avec impatience le calme de sa sœur, mais Jésus rendit à
celle-ci ce beau témoignage: « Marie a choisi la bonne part qui ne lui
sera pas ôtée, » parole qui se rapportait tout ensemble à la
bénédiction du moment, et aux bénédictions à venir, à l'avantage de
recueillir les instructions du maître, et au salut qui devait en
découler pour la femme disciple.
Lorsque
Lazare fut mort, Marthe courut au devant du Seigneur ; Marie
l'attendait, mais quand elle sut que Jésus la demandait, elle
s'empressa de se rendre à son invitation, et se jetant à ses pieds,
sans beaucoup de raisonnements ou de paroles, elle dit seulement :
Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort. Au
tombeau de son frère, oppres-sée peut-être par la douleur, en même
temps qu'agitée par l'espérance, et soutenue par la foi, elle garda le
silence, mais un silence plus significatif que toutes les paroles de sa
sœur. Peu de jours après la résurrection de son ami Lazare, Jésus étant
encore à Béthanie où tant de sou-venirs et tant d'affections
l'attiraient, il fut invité à un repas chez Simon dit le lépreux: là,
Marie qui célébrait avec les autres convives la résurrection de son
frère, sut plus qu'eux tous, plus même que les apôtres, rendre la
gloire à celui à qui appartient la gloire, et répandit sur la tête et
sur les pieds du Sauveur un parfum précieux qui avait été destiné
peut-être à la sépulture de Lazare, et essuya de ses cheveux les pieds
qu'elle venait d'honorer ainsi.
Un
témoignage si naturel de reconnaissance fut cependant mal com- \ pris
et mal interprété; plusieurs disciples s'indignèrent, et Judas forma le
projet de livrer son maître ; mais Jésus justifia la pieuse chrétienne,
et profita de cette circonstance pour rappeler aux siens que dans peu
de jours il marcherait lui-même à la mort, et que son ccrps réclamerait
à son tour les honneurs de la sépulture que Marie venait de lui rendre
d'une manière anticipée et sans le savoir. —Cette onction des pieds de
Jésus ne doit pas être confondue avec celle qui est racontée Luc 7, 37.
sq. Dans l'une et l'autre occasion, du reste, c'est un personnage autre
que le chef de la maison qui donne à Jésus cette preuve d'hommage et
d'amour; on ne saurait donc y voir l'acte ordinaire de la politesse et
de l'hospitalité dont il fallait user avec tous les convives, mais un
témoignage extraordinaire de reconnaissance et de dévouenent, v.
Bonnet, Famille de Béthanie, et le Sermon de Saurai sur ce texte.
7°
Marie, mère de Marc, et ainsi tante de Barnabas, Act -12,12.
cf.
Col. 4, 10. C'est dans sa maison que Pierre se rendit après être
échappé de la prison, parce qu'il était sûr d'y rencontrer plusieurs
frères qui s'y réunissaient ordinairement pour prier. Elle n'est connue
que par ce détail, mais on en conclut qu'elle jouissait d'une certaine
considération auprès des apôtres, et que peut-être elle était riche, et
membre d'une famille distinguée.
8°
Marie, femme disciple de Rome, à laquelle Paul
rend un beau témoignage, Rom.
16, 6., mais du reste inconnue.
MARTHE, sœur de Lazare et
de Marie, Luc 10, 38. 40.
Jean 11,1.5. 20. 12, 2. Active, résolue, et plus intelligente d'abord
des intérêts de la terre que de ceux du ciel, elle met de
l'empressement à bien servir Jésus qui vis ite sa famille ; elle veut
l'honorer, mais elle s'y prend mal, et le Seigneur doit justifier Marie
en adressant à sa sœur ces paroles d'un reproche bienveillant : Marthe,
Marthe, tu t'inquiètes et t'agites pour beaucoup de choses ; mais une
seule est nécessaire ; or, Marie a choisi la bonne part qui ne lui sera
pas ôtée. A la mort de Lazare,
Marthe
montre le même empressement extérieur; elle
accourt au devant du Christ, et le reçoit avec des paroles douloureuses
en même temps que pleines de confiance. Prompte à répondre, elle veut
toujours paraître avoir compris, et quand le Seigneur lui annonce la
résurrection de Lazare, elle répond : Oui, je sais qu'il ressuscitera
au dernier jour : mais quand le Seigneur eut déclaré qu'il était
lui-même la résurrection, elle confessa franchement sa foi, et rendit
témoignage à l'esprit qui l'animait. Sa profession rappelle celle de
Saint Pierre, comme son caractère celui de cet excellent apôtre. Enfin,
près du tombeau, dans son zèle peu sage, elle fait remarquer que le
corps sent déjà, et si ses scrupules eussent été écoutés, Lazare fut
resté dans le sépulcre ; à force d'une fausse prévenance pour le
Seigneur, elle eût rendu à la mort celui qui devait ressusciter à la
gloire de celui qui est la vie. D'anciennes traditions portent qu'elle
était veuve de Simon le lépreux, et qu'elle passa plus tard dans les
Gaules avec son frère Lazare. Son caractère qui est assez généralement
jugé d'une manière défavorable, doit au contraire être relevé ; trop
vif sans doute il a les défauts de la vivacité, mais il en a aussi les
avantages ; très accessible à toutes sortes d'impressions, Marthe ne
garde que les bonnes ; elle aime à servir, à se dévouer, et si elle est
sans connaissance, au moins elle a du zèle, et c'est quelque chose.
Notre Seigneur l'a quelquefois blâmée, mais il ne lui a pas retiré son
affection, et ses leçons n'ont pas été perdues pour son humble
servante. Sans aller aussi loin que Schulthess qui met Marthe beaucoup
au-dessus de Marie, on peut, je crois, ne pas la mettre beaucoup
au-dessous ; il y a diversité de dons; chez Marie, on remarque plus la
foi, chez Marthe, les œuvres.
MASRÉKA. chef de famille,
et tribu ou ville des
Edomites, Gen. 36, 36. 1 Chr. 1, 47.
MASSA (tentation), ?.
Méribah.
MATTAN, sacrificateur de
Bahal sous le règne impie
d'Hathalie, fut tué devant les autels de ses dieux, lorsque le peuple
revenu à lui-même rendit à Joas le trône de ses pères, 2 Rois 11, 18. 2
Chr. 23,
17.
A la fois prêtre de divinités étrangères et soutien d'une couronne
usurpée, il périt selon les menaces de la loi, Deu 18,20. Ex, 22, 20.
MATTANV un des campements
des Israélites dans le
désert ; u était près des frontières de l'Arabie et de Moab. Nomb. 21,
18.
MATTHAN un des ancêtres de
Jésus par Joseph, Mat
1,15., inconnu.
MATTHANIA v. Sédécias.
MATTHAT deux hommes de ce
nom, Matthata, et deux
Matthatie, ancêtres de Jésus par Marie, mais inconnus, Luc 3,
24.25.26.29.31.
MATTHIAS (Act 1,23) L'un des
deux disciples que les
apôtres choisirent, et sur lesquels ils jetèrent le sort pour trouver
le successeur de Judas lscariote. Quelques-uns pensent que c'est le
même que Nathanaël, Jean 1, 43. Il résulte des paroles de saint Pierre,
Act 1, 21. 22-, que Joseph et Matthias avaient été au nombre des
soixante-dix disciples, et l'honneur que leur font les apôtres prouve
que ces deux hommes s'étaient distingués dans leur mission par leur
foi, leur zèle et leur piété. Matthias fut élu et admis au nombre des
douze, mais il reste dès lors ignoré, et c'est une question de savoir
si les apôtres, en procédant comme ils ont fait, ont agi par l'esprit
de Christ; saint Paul, qui ne se montre que plus tard, apparaît comme
étant véritablement le douzième apôtre, appelé par le Seigneur lui-même
à compléter le collège apostolique, et devenant le plus puissant
instrument dans la main de Dieu. L'auteur sacré ne paraît pas jeter le
moindre blâme sur cette élection par le sort, et nous voyons qu'elle
fut précédée de la prière, mais il faut se rappeler aussi que les
apôtres n'avaient pas encore reçu l'effusion du Saint-Esprit, et que
leurs actes officiels n'avaient par conséquent pas toujours à cette
époque une sanction divine et spirituelle. Si donc c'est une question,
ce n'est que cela, et personne ne peut la trancher, ni en blâme, ni en
approbation. — Eusèbe et Clément d'Alexandrie mentionnent un ou deux
ouvrages apocryphes de Matthias, un évangile, et peut-être des
mémoires; les traditions varient sur son genre de mort : quelques-uns
disent qu'il évangéiisa la Judée et que les Juifs le lapidèrent;
d'autres lui font souffrir le martyre en Ethiopie, d'autres enfin
prétendent qi'il fut décapité en Macédoine.
MATTHIEU aussi nommé Lévi,
était fils d'Alphée,
probablement d'un premier mariage de ce disciple. Quoique Hébreu, il
exerçait à Capernaum les fonctions de publicain, si méprisées et si
détestées des Juifs, qu'ils alliaient presque toujours ensemble les
noms de péagers et de gens de mauvaise vie : on peut croire par la
grandeur du repas qu'il offrit à Jésus, et par le nombre des convives
invités, qu'il était riche, comme l'étaient presque tous ceux qui
exerçaient la même profession. Il était assis devant le bureau du péage
quand le Sauveur le vit et l'appela ; comme André, comme Pierre, comme
les fils de Zébédée, il suivit le Seigneur sans hésiter, et abandonna
ses biens et l'emploi dont il était revêtu. Le jour même, ou quelque
temps après, il réunit dans un grand repas plusieurs de ses amis, afin
de leur fournir l'occasion d'entendre le Seigneur, et son nom ne se
retrouve plus qu'avec ceux des frères qui se réunirent pour prier après
que Jésus fut remonté vers son père. (Mat 9,9. 10,3. Mar 2,14.3.18. Luc
5,27. 6,13. Act 1,13.
Quelques
auteurs modernes, notamment Schleier-macher et De Wette, ont voulu
refuser à l'évangile, tel que nous le possédons, un caractère
apostolique ; ils s'appuient en particulier sur des indices extérieurs,
alors que ceux-là sont précisément de ceux qui parlent le plus haut en
faveur de l'inspiration divine de cet ouvrage, que l'antiquité
chrétienne a placé en tête des livres du Nouveau Testament.
Mathieu mourut en martyre selon Isidore,
Ambroise, et d’autres.
Le plus probable si
l'on considère les caractères intérieurs de son évangile, c'est qu'il
l’écrivit entre 60 et 70, avant la destruction de Jérusalem, dont il
annonce la ruine comme prochaine (24,1).
Il
s'attache essentiellement à présenter Jésus comme le Christ, le Messie
promis, le roi qui doit monter sur le trône de David, le grand
prophète, (Deu 18,18) le législateur et le juge; il se tient, autant
que possible, aux prophéties de l'Ancien Testament, et son langage, sa
manière de parler, est celle d'un Juif parlant à des Juifs de leurs
communes espérances dont il a vu l'accomplissement ; sa conclusion est
en parfaite harmonie avec son commencement ; il montre s'élevant vers
les cieux comme Roi celui qui en était descendu pour pardonner. Simple
et sans apprêt, il ne se laisse pas lier par l'ordre chronologique, et
il groupe volontiers des événements, des discours ou des paraboles qui
ont un même but, qui doivent produire un même effet, alors même qu'ils
ont été séparés dans l'action. Seul il donne avec quelques détails
l'histoire de l'adoration des mages, avec quelque suite le sermon sur
la montagne, avec un plan déterminé les paraboles du royaume ; beaucoup
plus que les autres il cite l'Ancien Testament. Comme on l'a dit
ailleurs, Matthieu a un caractère moins universel, moins catholique que
saint Luc, et il arrête la généalogie du Sauveur à Abraham au lieu de
la faire remonter à Adam ; il est moins homme qu'il n'est Juif. La
grandeur n'est pas pour cela étrangère à son récit ; au contraire ; il
cherche partout l'esprit, et s'embarrasse peu des détails et de la
forme ; les faits ne sont pour lui que l'accessoire de la pensée, et
souvent il est bref là où les autres évangélistes ne craignent pas
d'être abondants. Partout il est plein de la grandeur de son maître, et
il la comprend d'autant mieux qu'il la cherche dans le ciel et non pas
sur la terre ; il contraste avec le messianisme charnel de ses
compatriotes qui attendaient un roi comme en ont les autres peuples,
mais il ne s'élève pas au spiritualisme de saint Jean, que les anciens
avaient appelé l'évangile spirituel par opposition à celui de saint
Matthieu qui était pour eux l'évangile corporel ; non pas qu'ils le
mettent au-dessous, ou qu'ils lui refusent l'inspiration divine, mais
comme en Christ il y avait deux natures, et qu'on pouvait l'envisager
sous diverses faces, ils désignaient ainsi le point de vue différent
auquel s'étaient attachés ces deux évangélistes ; Matthieu a dit la vie
du Sauveur, il est essentiellement historien.
MÉCHONA, ville de la tribu
de Juda, Néh. 11, 28.;
peut-être le bourg de Méchanus dont parle Jérôme, qui était situé entre
Eleuthéropolis et Jérusalem.
MÉDAD. v. Eldad.
MÉDÉBAH, ville frontière de
la tribu de Ruben, Jos.
13, 16. Les Hébreux l'avaient prise sur les Hammonites, mais elle avait
d'abord appartenu aux Moabi-tes, qui la reconquirent plus tard,Nomb.
21, 30. 1 Chr. 19, 7. Es. 15, 2. Ensèbe la place dans les environs
d'Hesbon et Burckhardt en a encore trouvé les ruines à 8 lieues de
cette ville.
MÉDECINE. La première fois
que cet art est mentionné
dans l'Ecriture sainte, c'est Gen. 50, 2., en parlant du corps de Jacob
que Joseph fit embaumer par les médecins: l'Egypte, alors la terre
classique de toute les sciences, était célèbre dans le monde païen par
ses secrets mer-veilleux, et par l'habileté de ses jongleurs, de ses
prêtres et de ses médecins, à guérir les malades ou à les embaumer
s'ils venaient à mourir, llérod. 2, 84. Odyss. 4, 229. Diod. Sic. 1,
82. Les Hébreux, et Moïse en particulier, pendant le séjour d'Egypte,
avaient pu s'inilier aux connaissances égyptiennes, et ils en avaient
profité; l'on voit par Ex. 21, 19., qu'ils étaient plus ou moins en
état de soigner toutes sortes de maladies, naturelles ou accidentelles,
et quelques auteurs ont voulu même attribuer à la science de Moïse ses
préceptes sur le flux, la lèpre, les animaux purs ou impurs, etc. Dans
le principe la médecine était surtout chirurgicale, se renfermant
presque exclusivement dans le traitement des plaies, blessures ou
affections extérieures; il y avait déjà depuis longlemps des
sages-femmes pour aider de laborieux enfantements, Ex. 1, 15., et l'on
peut croire que l'étude de cette inévitable souffrance avait commencé
avec les douleurs elle-mêmes. Plus tard, les médecins hébreux, parmi
lesquels on comptait plusieurs prophètes, continuèrent de pratiquer, en
le perfectionnant, l'art de soigner les blessures, 2 Rois 4, 21. d, 10.
8, 7. 9. 29. 9,15. 20, 7. Es. 1, 6. 38, 1. sq. Ez. 30, 21.; ils y
joignirent la médecine proprement dite, le traitement des maladies
internes, même des maladies de l'esprit, 2 Chr. 16, 12. 1 Sam. 16,16.,
mais sans donner à cette difficile science un bien grand développement.
L'emploi des médecins, assez rare avant l'exil, 2 Chr. 16,12, Jér. 8,
22., fut plus fréquent dans la suite, Marc 5, 26. Luc 4, 23. 5, 31.8,
43.; les esséniens en particulier, consacrèrent leurs loisirs soit à
l'étude, soit au traitement des maladies. Le livre de l'Ecclésiastique
(38,1-3.), tout en ramenant à Dieu la guérison du malade, professe un
grand respect pour la médecine « que Dieu a créée, » dit-il. Les
remèdes le plus ordinairement employés étaient l'huile, le baume, des
bains, des eaux thermales et des emplâtres, Jér. 8, 22. 46,11. 51, 8. 2
Rois 20, 7. 5, 10. Luc 10. 34. Jean 5, 8. Joseph. A.ntiq. 17, 6, 5.
Parfois aussi, dans la méfiance qu'inspirait encore un art si jeune et
si inexpérimenté, l'on avait recours à des devins ou magiciens, qui par
leur rites super-stitieux, leurs amulettes, leurs prières et leurs
chants, devaient guérir les malades et notamment les possédés : c'est
probablement l'emploi de remèdes de ce genre qui attira sur Asa le
blâme et la peine qu'il encourut, et qui l'empêcha de se relever de son
lit de maladie, 2 Chr. 16,12. cf. 2 Rois 5, 11. Jér. 8,17. Une espèce
de police de santé est instituée, Lév. 13 et 14, contre la lèpre, et
l'exercice en était confié aux prêtres; ils n'étaient pas chargés de
guérir ou de nettoyer, mais d'inspecter et de constater la présence ou
la guérison de cette hideuse maladie, Luc 17,14. D'autres prescriptions
sanitaires étaient également établies par Moïse, relatives soit à la
nourriture, soit aux puritications. D'après Lightfoot,un médecin
particulier (medicus viscerum) aurait été attaché au service du temple,
à cause des fréquentes indispositions et des refroidissements auxquels
étaient exposés les prêtres, qui devaient remplir leurs fonctions
nus-pieds.
MÉDIE, Mèdes. Cette
contrée, qui porte, dans
l'Ecriture sainte, le nom du troisième fils de Japhet, tirait son nom,
suivant les Grecs, de Médus, tils de Mé-dée, qui fut femme d'Egée, roi
d'Athènes. Obligée de fuir l'Attique, parce qu'on découvrit les
embûches qu'elle dressait à Thésée, elle se retira dans le pays qu'on
appelait alors plus particulièrement Asie, et donna le nom de Médes à
ses habitants. La Médie n'a pas toujours eu les mêmes limites : ses
défaites et ses \i<ioires ont quelquefois apporté, dans son
étendue, de notables changements. Elle touchait au nord à l'Arménie,
dont elle était séparée par l'Araxe, et bordait ensuite le rivage
méridional de la mer Caspienne ; à l'orient, était l'Asie proprement
dite; au midi, la Perse et la Susiane; au couchant, l'Assyrie; elle
était comprise entre les 34-40° lat. nord, et vers le 70° long.. La
partie septentrionale, sur les cotes de la mer Caspienne, était humide,
froide, malsaine; une chaîne de montagnes qui rejoignait plus loin
l'Anti-Taurus, la séparait du reste de la Médie. Une peuplade rude,
forte et indépendante, habitait ces demeures sauvages qui portent
encore, de nos jours, le nom de Masanderen ou Silan. Au sud, se
trouvait la Médie Atro-patène, séparée, à l'ouest, de l'Arménie par le
mont Caspius qui vient de G Ara-rat, et resserrée, au sud et au
sud-est, entre les montagnes de l'Oronte, qui traversent toute la
Médie. Cette contrée, maintenant presque tout l'Aderbidschan,
renfermait un grand nombre de plaines et de vallées fertiles et bien
cultivées, dont le produit suffisait à l'entretien de ses habitants ;
le nord seul était froid et improductif. Un troisième district, enfin,
était la Grande Mèdie, au sud-sud-est de l'Oronte, traversée par le
mont Za-grius, qui la sépare de la Perse à l'ouest et au sud ; des
déserts la bornent à l'est, et la mer Caspienne la met en communication
avec l'Hyrcanie et les Partbes. C'est un plateau élevé, mais riche en
fertiles vallées et en gras pâturages ; il jouit d'un climat tempéré,
salubre et serein ; son nom actuel est lrak-Adshemi. Sa capitale était
Ecbatanc, cf. Là se trouvaient aussi Rages, ville bien connue par
l'histoire du jeune Tobie, et les plaines de îsysa, célèbres par leurs
nombreux haras, d'où sortaient des chevaux très estimés qui servaient
aux rois et aux grands de leur cour.
La
Médie avait été d'abord une province de l'empire d'Assyrie. Divisés en
six tribus ou peuplades, les Mèdes avaient été de bonne heure
assujettis par Ninus, qui en avait fait une satrapie assyrienne; mais,
après la destruction du premier empire assyritn par Arbace, ils
s'affranchirent du joug; à l'esclavage succéda la liberté, à la liberté
la licence, et l'anarchie fit regretter au peuple le despotisme de ses
rois. Quelques historiens assurent qu'Arbacc régna sur eux, mais il
n'en est pas fait mention dans Hérodote, qui dit, au contraire, qu'ils
se donnèrent un roi de leur nation, et qu'ils élurent, à cet effet, un
simple juge de village, Dé-jocès, fils de Phraortès, qui éfait devenu,
par sa réputation de probité, l'arbitre de tous les bourgs. Après lui
vinrent Phraortès, Cyaxare etAstyage, et les quatre, d'après Hérodote,
régnèrent cent cin-quante ans. Eusèbe et Syncelle comptent encore,
avant Déjocès, quatre autres rois, et portent à deux cent
cinquante-neuf ans la durée totale du règne des huit. Aucun des
premiers n'est nommé dans l'histoire sacrée, où les Mèdes
n'apparaissent que comme sujets du roi d'Assyrie ialmanassar, 2 Rois
17, (i., au temps d'Hosée, roi d'Israël, 731 av. C. Plus tard, sous
Nébueadnetsar, on les voit indépendants et gouvernés par leurs propres
rois, Es. 13,17. Jér. 25, %i. 51, M. 28. On peut donc croire que, peu
de temps après Arbace, ils retombèrent sous le joug assyrien, et que,
plus tard seulement, profitant des guerres lointaines de Sanchérib, ils
s'émancipèrent entièrement pour se donner, depuis Déjocès, une suite de
rois de leur choix. Au dire d'Hérodote, ils subjuguèrent, sous Cyaxare,
Ninive et l'empire assyrien, jusqu'à ce que, soumis par Darius et Cyrus
(v. Darius), et réunis à la Perse, ils cessèrent d'exister comme nation
indépendante ; dès lors, les noms des Perses et des Mèdes sont réunis,
Dan. .'i. 28. fi, l o. 8. 20. Est. 1, 3. I S. 10, 2. La Babylo-nie,
également sous Cyrus. fut aussi réduite en province de ce double empire
médo-perse. Après deux siècles, cette immense monarchie tomba sous les
coups d'Alexandre le Grand, 300 av. C; puis, après ia mort de celui-ci,
Séleueus Nica-tor détacha la Médie de l'empire uni, et en fit une
province du nouveau royaume de Syrie, jusqu'à ce que, après une suite
de victoires incertaines, cette province fut définitivement aggrégée à
l'empire des Parthes, fondé 230 av. C.
Les
anciens Médes passaient pour un peuple
belliqueux, redoutable surtout par son habileté dans le maniement de
l'arc ; les montagnards conservèrent le plus longtemps leur
indépendance et leur force, tandis que les habitants des plaines et des
villes, livrés de bonne heure aux arts et à l'industrie, s'adonnèrent
au luxe et à la mollesse qui en firent, pour leurs ennemis, une proie
facile. Leur vêtement, qui se composait d'un manteau et d'un large
pantalon, fut adopté par les Perses d'abord, puis généralement en Asie,
par les riches et les nobles. Ils adoraient les astres : le soleil et
la lune occupaient, pour eux, le premier rang ; puis venaient Jupiter,
? énus, Saturne. Mercure et Mars. », Caldéens et Mages. Deux langues
non sémitiques étaient parlées dans l'ancienne Médie : le zend au nord,
et le pehlvi au sud ; cette dernière devint la langue dominante des
Parthes.
MÉDITERRANÉE, v. Mer.
MÉGUIDDO, appeléeaussi
Meyuiddon, Zach. 12, 11., ville
située sur le territoire d'Issacar, mais appartenant à la tribu de
Manassé; d'abord résidence royale des Cananéens, elle fut prise par
Josué, puis reprise par ses premiers possesseurs, Jos. 12, 21. 17, U.
Jug. 1,27. Elle était située dans une plaine du plateau de Jizréel, 2
Chr. 35, 22., et fut témoin de plusieurs batailles, 2 Rois 23, 29.30.
Dans son voisinage, se trouvaient les eaux de Méguiddo, Jug. 5, 19.,
probablement une manière poétique de désigner le torrent du Kison,
verset 21, qui a sa source au pied du Tabor. Salo-mon fit fortifier
cette ville, qui avait pour lui une très grande importance militaire,
comme clef occidentale du pays entre le nord et le midi ; il y établit
aussi un des douze commissaires pourvoyeurs de la maison royale, 1 Rois
4, 12. 9,15.
MÉ-HAJARKON, ville danite, Jos.
19, 46. — Les Septante ont
traduit mer de Jarkon.
MÉHARA, ville ou bourg
appartenant aux Sidoniens,
Jos. 13, 4. Quelques-uns ont cru la retrouver dans la ville de
Ma-rathos, citée par Strabon, 16, 753.; d'autres y ont vu
l'inexpugnable caverne si-donienne (cavea de Tyro), célèbre dans
l'histoire des croisades ; d'autres enfin (Grotefend, Winer), la ville
sidonienne de Moyra, dont il est parlé dans Sancho-niathon, 8, 88.
MÉHUMAN. v. Mémucan.
MÉLANGES, v. Accouplements.
MELCA, et deux Melchi,
Luc3, 31.24. 28., ancêtres
inconnus de Jésus par Marie.
MELCHISÉDEC, Gen. U. Son nom
signifie roi de justice ; il
était en même temps roi de Salem, soit que ce nom désigne Sichem ou
Jérusalem, qui, l'une et l'autre, paraissent avoir porté le nom de
Salem, soit que Salem, qui signifie paix, doive être pris dans son sens
purement appellatif. Melchisédec était donc un roi distingué par son
amour de la justice et de la paix ; il était, en même temps, pontife et
sacrificateur, comme Jéthro, comme plusieurs autres princes-prêtres
dont il est parlé dans l'Ancien Testament, où nous voyons, avant
l'établissement de la loi, ces deux fonctions et dignités fréquemment
réunies en la même personne. Nous ne nous arrêterons pas à rechercher
qui pouvait être ce grand personnage, comme nous n'indiquerons pas non
plus toutes les suppositions, plus hardies et plus bizarres les unes
que les autres, qu'on a faites sur sa personne. On a voulu mettre du
mystérieux là où il n'y avait que de la concision, et quelques-uns ont
voulu voir en Melchisédec un ange, et même Jésus-Christ; rien, dans
l'Ecriture sainte, n'autorise de pareilles hypothèses, et l'on doit
admettre que ce n'était qu'un homme comme un autre, un roi comme les
rois de la plaine, mais pieux et adorateur de l'Eternel, ainsi qu'il
s'en trouvait encore quelques-uns à côté de la famille du grand
patriarche. Il alla au-de- ~ vant d'Abraham lorsque celui-ci revenait
de la défaite des rois impies, et, sans doute heureux de saluer un ami
si puissant qui venait de châtier la rapine et la brutalité, il lui fit
apporter du pain et du vin. Sacrificateur, il bénit le patriarche,et
celui-ci, reconnaissant, lui remit la meilleure dîme du butin. Toute
l'histoire de Melchisédec est dans cette courte notice ; rien sur sa
famille, sur sa vie, sur sa mort. Il est naturel que les auteurs sacrés
qui voulaient établir qu'il y a, au-dessus de la sacrificature
lévitique, une sacrificature plus excellente encore, aient été frappés
de l'apparition mystérieuse et solennelle de cette grande ligure,
sacri-licateur en dehors de toute ordination d'homme,sacrificateur
au-dessusd'Aaron, de Lévi, d'Abraham même, puisque celui-ci lui rendit
hommage, et lui paya la dime. Cette sacrificature extraordinaire devait
frapper ceux des Juifs à qui Dieu permettait de voir au-delà du voile,
et le Psalmiste (110) annonça prophétiquement un nouveau sacrificateur,
selon l'ordre de Melchisédec, paroles que saint Paul (Hébr. S, et 7)
applique directement à Jé-sus en les développant encore. 11 y aurait
autant d'imprudence à presser le rapprochement, qu'il y a d'impiété à
n'y voir qu'un jeu de mots. On a été trop loin peut-être dans le
premier sens, et l'on fera mieux de s'en tenir aux traits dessinés par
l'apôtre, sans aller voir encore dans le pain et le vin que le prince
offrit au patriarche fatigué, un symbole de la sainte Cène, etc.
L'abrégé historique des livres de l'Ancien Testament par Jér. ftisler,
et Moïse sans voile de Girard des Bergeries, renferment, sur
Melchisédec, des observations intéressantes, et seront lus avec fruit,
quoique peut-être on puisse aller moins loin qu'eux dans la recherche
des types.
MELON, cucurbitus
citrullus L., hébr. abattichim, et
maintenant encore en Egypte battich, ne se trouve nommé que Nomb. 14,
5. Les melons, et surtout les melons d'eau, assez connus en Orient,
depuis la Palestine jusqu'aux Indes, l'étaient davantage encore en
Egypte, parti-culièrement sur le Delta et sur les terrains gras et
féconds que le Nil déposait sur ses bords. Ils atteignaient jusqu'à une
longueur de 1 mètre sur 0, 70 de diamètre, et servaient aux pauvres et
aux riches de nourriture et de boisson, en même temps qu'on les
employait dans la médecine pour leurs propriétés rafraîchissantes.
Hasselquist, en parlant de ce fruit, la ressource des pauvres à cause
de son abondance, le représente comme une vraie bénédiction dans la
saison chaude, et fait voir la main de la Providence donnant à chaque
saison ses produits naturels, et à chaque peuple ce qui lui est
nécessaire pour supporter ou adoucir les rigueurs de son climat. Il est
facile de comprendre aussi les regrets et les murmures des Israélites,
qui, dans le brûlant désert, ne trouvaient aucun des rafraîchissements
auxquels le séjour d'Egypte les avait habitués. Les habitants du
Carmel, dit Harmer, cultivent d'excellents melons dont la chair est
rouge surtout vers le centre, et dont l'écorce, d'un blanc rougeâtre,
contient une huile facile à exprimer, et d'un usage précieux contre
toutes sortes d'inflammations et d'affections cutanées. Les melons à
chair blanchâtre sont moins estimés, quoiqu'ils soient aussi savoureux
et d'un goût aussi tin que les rouges, mais ils n'ont été cultivés que
plus tard, et n'ont pu renverser ni égaler la réputation toute faite
'des premiers. Les pauvres les mangent avec ou sans pain, et satisfont
à la fois leur soif et leur appétit.
MELTSAR, proprement le
maître de la cave, ou le
préposé au vin, peut être entendu, soit comme nom propre, soit comme
désignation d'un office, Dan. 1, 11. C'était l'officier chargé par
Aspénaz de pourvoir à l'entretien de Daniel et de ses amis à la cour de
Nébucadnetsar ; il consentit, après une épreuve de dix jours, à
l'abstinence de vins et de viandes dans laquelle les jeunes Hébreux lui
avaient témoigné le désir de vivre, et, spéculant sur la pieuse
sobriété des captifs, il s'empara de leurs portions qui lui furent,
pendant trois ans, une source de malhonnêtes revenus; il se paya
lui-même pour sa complaisance.
MEMPHIS, très ancienne
ville de la Basse Egypte,
appelée en copte Mem-phi ou Méphis, en hébreu Moph, Os. 9, ß., ou Noph,
Es. 19, 13, Jér. 46, 19. Elle était située dans une étroite vallée, sur
la rive gauche du Nil, à six lieues sud de la pointe du Delta; une
forte digue et un large fossé, destinés à la
défendit1
contre les inondations du fleuve, lui
servirent aussi de défense militaire. Elle avait déjà des rois au temps
d'Abraham, et le nom de Mesr, que lui donnent quelques historiens
arabes, peut faire supposer que la terre de Misraïm qu'occupèrent en
Egypte Abraham et ses descendants, était le territoire de Memphis.
Fondée par Uchoréus, cette ville devint, sous Psammétique, la résidence
du maître de l'Egypte et la capitale de tout le pays ; elle s'accrut en
même temps que Thèbes s'abaissait. Diodore de Sicile lui donne 150
stades de circuit; outre le château royal, elle renfermait une foule de
magnifiques monuments, le temple de Phtha (Vulcain), la cour d'Apis,
etc. Après la prise de Péluse par Cambyse, Psamménite s'avança contre
lui avec une nombreuse armée qui fut défaite dans un combat sanglant,
et, du temps d'Hérodote, on voyait encore les crânes des Egyptiens,
solides et durs, couvrir la terre à côté de ceux des Perses, si mous
qu'on les perçait avec facilité. Memphis commença à déchoir quand elle
cessa d'être la résidence des rois; dans la suite, lorsque Alexandrie
s'éleva, elle perdit encore davantage ; mais elle ne fut démolie, ni
par Nébucadnetsar, ni par Cambyse : le premier se contenta d'en
transporter les habitants, le second exerça surtout sa fureur sur les
temples, et fit périr le bœuf Apis. Aux jours de Strabon, Memphis s'en
allait doucement en ruines; plusieurs de ses grands bâtiments étaient
dégradés, et, bien qu'elle fût encore riche et peuplée, on pouvait
prévoir sa fin prochaine. La construction du Caire, dans son voisinage,
acheva ce que le temps et la guerre avaient commencé. Aujourd'hui, l'on
ne voit plus que de faibles restes de cette grande ville, en sorte
qu'on a été longtemps incertain sur le lieu qu'elle avait occupé
autrefois. Ce sont les Sarrasins qui l'ont démolie.
MËMUCAN ou Méhuman, Est.
1,10., etc., l'un des sept
conseillers intimes d'Assuérus, celui qui prit le premier la parole
pour condamner la reine Vasti, soit qu'il fût le plus grand et que le
roi l'eût interrogé le premier, soit qu'il fût le plus Jeune et le plus
impétueux, et que, dans sa vivacité, il ait parlé avant d'y être
appelé. 11 condamna Vasti, dans la crainte, dit-il, qu'un exemple de
désobéissance impunie venant de si haut, n'encourageât une rébellion
générale de toutes les dames de la Perse et de la Médie contre
l'autorité de leurs maris. On peut croire que son vote était dicté par
des motifs, sinon meilleurs, du moins plus sérieux, et que peut-être il
haïssait la favorite, ou qu'il en était haï. Ces sages, ou conseillers
du roi, étaient choisis entre les grands du royaume, et devaient être
versés dans la connaissance des lois et du droit ; c'étaient des
politiques, et ils formaient une espèce de conseil d'Etat ou conseil
des ministres.
MÉNAHEM, seizième roi
d'Israël, usurpa une couronne
déjà teinte de sang par l'usurpation de Sallum qui la portait, et qu'il
fit assassiner. Fils de Gadi, il avait été probablement officier de
Zacha-rie. A la mort de son maître, il accourut, le vengea dans sa
capitale, tua le meurtrier et lui succéda sur le trône. Son règne de
dix ans fut fécond en crimes et en cruautés : la ville de Thiphsa ayant
refusé de lui ouvrir ses portes, il s'en empara, tua tous les habitants
jusqu'aux femmes enceintes, et ravagea son territoire. Idolâtre comme
ses prédécesseurs, il vit Pul, roi d'Assyrie, fondre sur Israël, et dut
se reconnaître son tributaire ; il lui paya mille talents, et fit peser
cette dette sur les riches du royaume, qu'il taxa à cinquante sicles
par tète, à la décharge du pauvre peuple, dont il sut, par cette
mesure, se gagner l'affection et s'assurer l'appui. Il se maintint
ainsi di;c années sur le trône, et mourut la cin-qu'antième année du
règne d'Hozias, roi de Juda. Sa mort fut naturelle, ce qui était bien
rare alors dans le royaume des Dix tribus (770-760) 2 Rois 4 o. Les
prophètes Osée et Amos virent, sous son règne, leurs oracles dédaignés,
mais n'en continuèrent pas moins leurs avertissements et leurs menaces.
MÉNI, idole, Es. 65,11.
v. Gad 3°.
MÉPHAAT, ville lévitique de
la tribu de Ruben, non
loin de Kédémoth, Jos. 1 3, 48.21,37.1 Chr. 6, 79.; elle fut plus tard
acquise par les Moabites, Jér. 48, 21. Eusèbe la nomme Méphath et en
fait une citadelle romaine située vers l'Arabie.
MÉPHIBOSETH. 1”FilsdeSaiil,«.
Ar-moni. 2° Fils de Jonathan
; il est aussi appelé Méribaal, 2 Sam. 4, 4. 1 Chr. 8, 34. 9, 40. Fort
jeune encore à la mort de son père, il fut recueilli par sa nourrice
qui le laissa tomber dans sa fuite, et il resta boiteux toute sa vie en
suite de cet accident. Il vécut longtemps dans l'obscurité ; son
épreuve était à cette époque plus encore qu'aujourd'hui, de nature à
l'éloigner de la scène du monde, et il n'eût plus jamais reparu à la
cour si l'ami de son père, si David, aidé de Tsiba, ne l'eût cherché et
découvert dans la maison de Makir. Les biens de son aïeul lui furent
rendus, il s'établit à Jérusalem et fut admis à la table du roi, 2 Sam.
9. Une incroyable calomnie le perdit, 2 Sam. 16, 3. Tsiba accusa le
timide boiteux de se poser en prétendant et d'attendre, pour se
décider, l'issue de la guerre d'Absalon; le calomniateur obtint pour
récompense les biens et la fortune de sa victime. Ab-salon était déjà
maître de Jérusalem ; Mé-pliiboseth, fidèle à son roi légitime, ne
rendit pas hommage au vainqueur et porta publiquement le deuil,
laissant croître sa barbe et ne changeant pas de vêtements, pour
protester de son attachement à la maison de David, 19, 24. Bientôt
après, il trouva l'occasion de se justifier devant le roi, il se
contenta d'établir son innocence sans demander aucune réparation, et
répondit par un vœu humble et touchant à la seconde injustice que lui
fit David en ne lui rendant que la moitié de ses biens, et en laissant
l'autre au calomniateur. Son caractère est humble et modeste, et l'on
ne saurait douter que l'infirmité n'ait mûri son âme d'une manière
salutaire; il ne réclame qu'une seule chose, l'atfection de David et
l'intégrité de sa propre réputation ; quant à son patrimoine il
l'abandonne, et il bénit ses ennemis au lieu de s'indigner en les
voyant abuser de leur force contre sa faiblesse. Les désavantages
physiques assouplissent le caractère quand il ne l'ai-grissent pas, et
c'est une chose singulière que ce contraste dans les fruits de la
difformité; la bonne part échut à Méphiboseth, et l'esprit se fortifia
d'autant que la chair s'affaiblit. — Lorsque, à la démande des
Gabaonites, David leur livra sept enfants de Saiil pour être mis à mort
(parmi lesquels se trouvait l'autre Méphi-boseth), le fils de Jonathan
fut encore redevable de son salut à la mémoire de son père et à
l'affection de David, 21, 7.; c'est le dernier fait de son humble vie
raconté dans l'Ecriture ; il n'est rien dit de sa mort.
MER. 4° Méditerranée,
appelée mer intérieure par
les Romains ; les Hébreux la désignaient par grande mer, Nomb. 34, 6.
7. Jos. 1,4., mer d'occident, Deu 11, 24. Zach. 14, 8., mer des
Philistins. Ex. 23, 31., ou simplement la mer, 1 Rois 5, 9.; elle
formait toute la frontière occi-dentale de la Palestine. Le rivage de
la Méditerranée est escarpé et souvent à pic de Tyr à Ptolémaïs; vers
le sud il s'abaisse et devient sablonneux après avoir formé près du
mont Carmel le grand golfe d'Acco ou Ptolémaïs, le seul port naturel de
toute la côte ; des mouillages artificiels ont été de bonne heure
creusés à Césarée, Joppe et Gaza. La marée, très peu considérable dans
la Méditerranée, est presque insensible et très irrégulière sur les
côtes de la Palestine. Un courant qui va du sud au nord se fait
apercevoir, surtout à l'époque des inondations du Nil, et dépose sur
les côtes d'immenses amas de sables et de boue ; aussi a-t-on remarqué
depuis quelques siècles que la rive méridionale gagne du terrain sur la
mer. un a découvert entre Gaza et Joppe des bancs de corail, et ces
eaux sont très poissonneuses. Le commerce juif eût trouvé dans la
Méditerranée un puissant auxiliaire, mais déjà l'Egypte et la Phénicie
avaient pris possession de l'empire maritime, et d'ailleurs les
empêchements que la loi de Moïse mettait au commerce extérieur ne
permirent pas de longtemps aux Hébreux de profiter des avantages que la
nature leur procurait ; les bois du Liban, destinés à la construction
du temple furent cependant transportés par mer à Joppe ; c'est
également sur la Méditerranée que Jonas s'embarqua pour échapper à la
mission divine.
2°
Mer Morte; c'est le plus grand des trois lacs de la vallée du Jourdain
; elle porte aussi dans la Bible les noms de mer Salée, merde la
Campagne, mer Orientale, Deu 3, 17. 4, 49.Gen. 14, 3. Jos. 3, 16. Ex.
47, 18. Joël 2, 20. Zach. 14, 8. Josèphe, Diodore de Sicile et Pline
l'appellent lac Asphaltite, et les Arabes lui ont conservé le nom de
mer de Lot. Nous empruntons à Braem les détails suivants, en les
modifiant ou les complétant par d'autres géographes et par les détails
des voyageurs modernes (Raumer, Chateaubriand, etc.). Le Ghor, ou
vallée du Jourdain, conserve sa forme et sa largeur; les bords en sont
des montagnes escarpées et nues; la chaîne orientale semble être une
prodigieuse muraille ; on n'y distingue aucun sommet, et l'on dirait
seulement que la main du peintre qui a tracé sur le ciel cette longue
ligne horizontale, a tremblé en quelques endroits; ces montagnes, au
dire de quelques voyageurs, ressemblent, par leur grandeur et leur
situation, aux rives du lac de Genève, vis-à-vis de Lausanne et de
Vevey. La chaîne occidentale n'est ni aussi élevée, ni aussi uniforme ;
elle présente même des montagnes de figures extraordinaires et
bizarres. Au fond de la vallée, entre ces deux chaînes, est encaissé un
bassin sombre et profond qui a 22 lieues de long sur 5 à 6 de large
(Josèphe compte 580 stades en longueur et 130 en largeur), et qui est
rempli par les eaux claires, lourdes et très salées d'un lac immobile
et mort. Comme ces eaux contiennent une quantité de sel presque égale à
la moitié de leur volume, elles sont si pesantes que le vent ne les
agite qu'avec peine. Arvieux, qui voulut porter à ses lèvres quelques
gouttes de ces eaux, les trouva si amères et si cuisantes, qu'elles lui
causèrent une vive douleur et produisirent de l'enflure; Chateaubriand
les compare à une forte dissolution d'alun ; un voyageur anglais, qui
s'y baigna avec six de ses amis (Morgenl. 1840. p. 190), raconte ainsi
ses impressions : « Si nous voulions nager, nous avions de la peine à
maintenir nos pieds sous l'eau ; si nous voulions nous tenir
perpendiculairement, la moitié du corps surnageait, et nous avions de
la peine à garder l'équilibre, probablement à cause de la plus grande '
pesanteur de la tète et des épaules, qui étaient hors de l'eau et qui
ne trouvaient pas dans la partie inférieure du corps un contrepoids
suffisant. L'un d'entre nous qui ne savait pas nager, restait étendu
sur l'eau immobile comme un morceau de liège, et nous avions en général
beaucoup de peine à plonger entièrement. Le goût de l'eau à la bouche
est très repoussant, salé, amer, sulfureux, et si fort que pendant
longtemps nos yeux, qui en avaient été mouillés, en ressentirent une
cuisson douloureuse; la peau même en était affectée, et je suis
persuadé que si l'on établissait ici une maison de bains, ils agiraient
puissamment et avantageusement sur les maladies de la peau. »
Ce
lac n'a pas d'écoulement, mais l'action d'un soleil ardent y produit
une évaporation très active qui dépose une très grande quantité de sel
sur les pierres et sur les chétifs arbrisseaux de ses bords, et qui,
selon quelques auteurs, peut suffire à maintenir le niveau ordinaire;
mais quand on pense que le Jourdain seul charrie journellement en
moyenne 6,090,000 tonnes d'eau dans la mer Morte (Shaw), il devient
plus probable que ces eaux se perdent par des communications
souterraines, soit avec la mer Rouge, soit avec la Méditerranée, soit
avec l'intérieur du globe. On ne voit aucune plante, aucune habitation
sur ses rives; c'est un désert de sel et de bitume, de l'aspect le plus
triste. Aucun poisson ne peut vivre dans ses eaux, et ceux qui y
descendent avec les flots du Jourdain y périssent bientôt, Ez. 47,
8-10. On n'y voit pas même un coquillage vivant (Seet-zen). Les bêtes
sauvages, qui n'y trouvent ni nourriture ni breuvage, l'évitent et
semblent le redouter ; à peine y découvre-t-on quelques vautours, des
aigles qui ont élevé leur aire sur ses noirs rochers, et des
hirondelles qui font la cbasse à quelques insectes près de ses bords.
De légères éruptions volcaniques qui partent de ses profondeurs,
quelques nuages de vapeurs d'une couleur sombre, s'élancent par
moments, surtout vers le milieu du jour, et obscurcissent, mais pour
peu de temps seulement, la pureté naturelle de
son
atmosphère; sur ses rives orientales on trouve
des sources chaudes contenant du soufre et un asphalte gras et foncé,
qui passe de ces sources dans la mer, sur laquelle il nage en masses
parfois très considérables ; on les recueille soit pour médicaments,
soit pour la teinture des laines, soit pour la construction des
bâtiments à la place de chaux ; c'est de là que la mer Morte a pris
aussi le nom de lac Asphaltite.
La
place qu'elle occupe était jadis un pays délicieux comme un jardin de
Dieu. L'ardeur du soleil y était adoucie par des eaux abondantes, et
elle favorisait probablement ici, comme sur les rives du lac de
Génésareth, la production en une même contrée, des fruits les plus
variés; la fertilité du sol y était encore accrue, ainsi que dans la
plaine de Ba-bylone et ailleurs, par sa nature bitumineuse. Mais les
habitants de la plaine de Siddim, cf., étaient des hommes mé-chants, et
leurs péchés attirèrent sur eux les jugements du Seigneur : il les
avait en vain avertis, Gen. 14, et il fit pleuvoir du feu et du souffre
sur Sodome, Gomorrhe, Tseboïm et Adama ; la fumée monta du pays comme
d'une fournaise. Nulle contrée sur la terre entière n'offre une telle
désolation, et l'état où a été réduite cette vallée jadis si belle,
atteste depuis nombre de siècles que le jour du Seigneur vient sur tous
ceux qui se”croient en sûreté, tout en vivant dans l'oubli de Dieu et
dans le péché. — On peut conférer les passages suivants de l'Ecriture,
où il est parlé de ce terrible événement, Es. 13,19.4, 9.10. Jér. 23,
14. 49, 18. 50, 40. Ez. 1 6, 46. Os. 41, 8. Soph. 2, 9. Deu 29, 23. Mat
10, 45. 41, 23. 24. 2 Pier. 2,4-40. Jude 7.— Au temps de notre
Seigneur, et de nos jours encore, quelques voyageurs peut-être un peu
faciles à persuader, croient avoir vu près des bords de cette mer des
ruines de murs et de palais dans l'emplacement des villes détruites. —
Cette contrée doit être un jour renouvelée, Ez. 46, 53. 55. 36.47, 8.
sq.
II
existe un contraste frappant entre cette mer et le lac de Génésareth,
si riant et si fertile ; et l'on recherchait pendant le moyen âge
pourquoi l'eau bénite du Jourdain se versait dans la mer de
malédiction, dans la mer du Diable, La mer Morte est toujours citée
dans l'Ecriture, comme un exemple permanent des jugements de Dieu, et
elle est mentionnée seulement dans l'Ancien Testament, qui ne parle
qu'en passant du lac de Kinnéreth, tandis que le lac de Génésareth et
ses villes ont été le principal théâtre de la vie de notre Sauveur.
3°
Mer Rouge (hébr. mer des roseaux) ; appelée par
les Grecs et les Latins golfe Arabique. On ne sait d'où lui vient son
nom de mer Rouge ; quelques-uns l'attribuent à certaines herbes marines
abondantes dans ses eaux, et dont les feuilles sont tachetées de rouge,
d'autres à un ancien roi Erythros (rouge), ou Edom, qui a la même
signification, et qui par sa puissance aurait peut-être bien mérité de
donner son nom à cette mer (Calmet) ; d'autres enfin (Reland et
Rosenmuller), le regardent comme synonyme de mer méridionale, les
poètes appelant quelquefois la zone torride zone rouge à cause de
l'ardeur de son climat. L'ancien nom de mer Rouge servait d'abord à
désigner toute la mer qui sépare l'Afrique et les Indes, et comprenait
ainsi les deux golfes principaux, celui de l'Arabie et celui de Perse ;
plus tard cependant sa signification s'est restreinte au seul golfe qui
sépare l'Egypte de l'Arabie, l'Afrique de l'Asie : vers le nord il se
divise en deux branches, l'Héroopolitanus, maintenant Bahhr Assuez ou
Baahr el Kolsum, et à l'orient, l'^Elanites ou golfe élanitique,
maintenant Bahhr El Akaba ; ces deux branches comprenaient entre elles
l'Arabie Pétrée. La longueur de la mer Rouge depuis le détroit de
Bab-el-Mandeb est de 300 milles géographiques en suivant la rive
africaine ; la largeur varie beaucoup et ne dépasse guère 6 milles au
détroit; la profondeur est également très diverse, de 300 pieds en
plusieurs endroits, et de 27 seulement près de Suez (Niebuhr). Le flux
et le reflux s'y font sentir sur tous les bords d'une manière très
remarquable, atteignant près de Suez 2 mètres en temps ordinaire, et 26
décimètres dans le mauvais temps (Dubois-Aymé). Sa sur-
face
est, sauf dans le bras de Suez, couverte d'une espèce d'algue, de
mousse ou de roseau appelé en hébreu souph, d'où elle a tiré son nom;
?. Roseaux. — Quant à ce qui concerne la description géographique des
côtes de la mer Rouge, nous n'avons pas à nous en occuper ici ; on
trouvera ces détails dans tous les livres de géographie, notamment dans
Rit-ter, Erdk. II. 204. 245. etc.; v. aussi Ro-zière, Description de
l'Egypte ; Dubois-Aymé; Gobât, Voyage en Abyssinie, etc. te plus
célèbre événement auquel se rattache le souvenir de la mer Rouge, est
Te passage miraculeux des Israélites, raconté Ex. 14. On a cherché à
l'expliquer d'une manière naturelle, et l'on a substitué la science et
la sagesse de Moïse à la puissance de Dieu ; il faut avouer qu'il y a
en effet quelque éhose de simple et de naturel dans plusieurs détails
de cette explication, et nous la reproduisons d'après les divers
auteurs qui l'ont développée. Moïse, parfaitement au fait des heures de
la marée, connaissant aussi les gués de la mer Rouge, aurait sous ces
deux rapports choisi les circonstances les plus favorables pour
effectuer, avec la plus grande promptitude possible, la traversée que
l'approche des Egyptiens avait rendue nécessaire, et à laquelle il
n'aurait peut-être pas pensé sans cela. Sans rien pouvoir déterminer
sur l'endroit qu'il «hoisit, il est de fait qu'anciennement le golfe
qu'ils passèrent s'étendait beaucoup plus au nord, et qu'il avait là
une largeur beaucoup moins grande que plus bas; près dé Suez encore
(Niebuhr), cette largeur ne dépasse guère 1500 pas, ce qui équivaut à
quatre fois seulement là Wrgeur de l'Elbe. En plusieurs endroits îï. y
a dès gués ou des1 bancs de sâblë, qui pendant là basée 'marée' sont
presque à fleur' d'eau, et très faciles à franchir. Christophe Fûrèr de
Heimeùdorf, patricien deNuremberg, traversa' éft'i 565 ce bras dé la
mer. Rouge près dé Suez, mais non toutefois sans danger ; on en cite
d'autres exemples encore. Le fond de l'eau vers le nord de ce golfe est
uni, sans coraux, et presque sans algues ni herbes marines ; il se
compose essentiellement de sable. On sait que c'est à peu près là que
passèrent les Hébreux, et Moïse aura choisi le gué le moins profond et
le moment du reflux. Quant à la difficulté de faire traverser ce gué à
600,000 hommes, sans compter les femmes et les petits enfants, pendant
les six ou sept heures seulement que dure la marée basse, elle est
levée par la circonstance, mentionnée ?. 21., d'un grand vent d'orient
qui retint les eaux, comme cela se voit souvent en temps d'orage, et
Michaélis admet à cause de cette circonstance, une marée double qui
dura douze heures, et dont le retour plus violent et plus rapide, parce
qu'il avait été longtemps arrêté, fut pour les Egyptiens le messager de
mort. Dubois-Aymé fait disparaître encore quelques autres difficultés
en supposant que le passage s'est effectué plus au nord de Suez, là où
l'on voit maintenant, au sud d'Adsherud, un banc de sable qui paraît
s'être formé d'une manière lente et progressive sur un lit peu profond,
par les sables du midi ; le lit de Suez aurait aussi été anciennement
beaucoup plus bas qu'il n'est au-jourd'hui. Josèphe compare le miracle
du passage de la mer Rouge avec le passage de la mer de Pamphylie par
les Macédoniens sous Alexandre, Jos. Ant. 2,16, 5. cf. Strabon 14,458.
Liv. 26,46.; mais dans ces passages il est plutôt question de rives
côtoyées que de bras de mer traversés : cette observation de
l'historien juif est peut-être ce qui a fait croire à quelques anciens
pères et rabbins, du reste peu importants, que les Hébreux n'avaient
fait que côtoyer la mer Rouge, mais elle n'a pas eu grand succès ; il
en est de même de plusieurs autres essais de solutions rationalistes,
comme aussi de la négation même du fait. L'explication du”passage à gué
pendant la marée basse, a en revanche trouvé un grand nombre de
partisans, depuis lès prêtres dé Mèmpbis, qui, au rapport d'Artapane,
s'étaient prononcés dans éé sens (Eus., Prép. évang. 9, 27. cf. Philon
Op., II, 108), jusqu'aux temps modernes où elle a été développée par
beaucoup de savants et de théologiens, Leclerc, Michaélis, Ritter,
Paulus, Dœderlein, Winer, etc. Il n'y a contre elle qu'une seule
objection, mais elle est
dages,
etc., Nomb. 4, 29. Cette famille comptait
alors déjà 3,200 personnes de trente à cinquante ans.
MERCURE (?. Caldéens),
divinité bien connue qui
représentait chez les Grecs et les Romains le commerce, l'éloquence et
le vol; messager des dieux, son esprit souple et intrigant le rendait
propre aux négociations ; il faisait une espèce de service régulier du
ciel à la terre, et accompagnait presque toujours Jupiter dans ses
excursions ; aussi les habitants de Lystre crurent voir dans les
personnes de Paul et de Barnabas ces deux divinités voyageuses, et
prirent Paul pour Mercure à cause de son éloquence et de la puissance
de sa parole. Quelquefois il était représenté avec de la barbe,
d'autres fois il était imberbe, mais toujours dans la force de l'âge,
comme l'était aussi saint Paul au commencement de son mi-nistère, lors
de son passage à Lystre.
MÉRED-,
1 Chr. 4, 17., ?. Pharaon 3°.
MÉRIBAB (querelle). C'est
un des noms que donna Moïse
au campement de Réphidim, cf., parce que les Israélites manquant d'eau
s'élevèrent contre lui et voulurent le lapider; il appela aussi ce lieu
Massa (tentation), parce qu'ils tentèrent Dieu, Ex. 17, cf.Ps.
81,8.Hébr. 3, 8. Sur la fin du voyage dans le désert, l'eau étant venue
de rechef à manquer, les murmures du peuple éclatèrent de nouveau, et
Moïse partagea ce mécontentement; il parla légèrement de ses lèvres,
Ps. 106, 33v et Dieu qui ne fut pas glorifié par eux, se glorifia en
eux, il rendit l'eau au rocher, et annonça aux chefs mêmes du peuple
qu'ils mourraient avant d'avoir vu la terre promise, Nomb. 20. Cet
endroit, qui était Kadès dans le désert de Tsin, au nord-est de
Kadès-Barné, fut appelé Méribah-Kadès pour le distinguer de l'autre
Kadès et de l'autre Méribah, cf. encore Nomb. 27, 14. Ez. 47, 49. 48,
28., etc. — Selon quelques auteurs ce-pendant les deux Méribah ne
seraient qu'un seul et même endroit, et ce serait par manque de
coordination que le même fait est raconté deux fois et avec des
circonstances différentes ; cette opinion doit être repoussée par ceux
qui regardent l'histoire de Moïse comme inspirée, et
grave
; c'est que le texte sacré, soit de Moïse,
soit des auteurs inspirés qui rappellent cet événement, parle
clairement d'un fait miraculeux, d'un passage de la mer Rouge d'une
rive à l'autre dans un lit très vaste, que les eaux retirées leur
laissèrent à sec ; que l'on confère seule-ment Ex. 14, 16. 17. 15,8.
Ps. 78, 13. 114,3.5.77,16. Es. 63,11. Hab. 3,1b. v. aussi Sapience
10,17.18.19,7. 8. Ce n'est qu'après avoir maintenu la séparation des
eaux comme miraculeuse, que l'on peut y joindre, mais plus comme
secours ou comme explication, la coïncidence de faits naturels, de bas
fonds ou de marée basse, comme points de contact entre la nature et le
surnaturel, entre le connu et l'inconnu ; le verset 21 établit en
effet, comme on le voit d'ailleurs par l'examen de presque tous les
miracles, que si Dieu peut créer des moyens miraculeux, il peut se
servir aussi des moyens ordinaires d'une manière miraculeuse.
4°
Mer de Tibériade, v. Génésareth.
5°
Le mot de mer est encore employé dans l'Ecriture
en diverses acceptions moins étendues, pour désigner une portion de la
mer, Es. Il, 1b., un étang, v. Jahzer, ou les grands fleuves, le Nil,
l'Euphrate, le Tigre, etc. Une langue de mer désigne ce que nous
appellerions une langue de terre. Quant à la mer d'airain ou de fonte,
v. Cuve; quant à la mer de sable, v. Mirage.
MËRAB, fille aînée de
Saiil et d'Ahino-ham, 1 Sam.
14, 49. Fiancée d'abord à David, elle fut donnée à Hadriel, sans que
l'on sache à quoi attribuer cette rupture, sinon à l'esprit de jalouse
inimitié qui anima toujours le premier roi d'Israël contre celui qui
devait être son successeur, 18, 17. sq. C'est par erreur que sa sœur
Mical est nommée au lieu d'elle, 2 Sam. 21, 8.
MÉRARI, Gen. 46, 11. Ex.
6, 16. Nomb. 3, 17. 1 Chr.
6. 1., troisième et dernier fils de Lévi, naquit en Canaan, et a donné
son nom à l'une des branches lévi-tiques, celle qui dans le désert fut
chargée de veiller à l'entretien et au transport de la partie
extérieure du tabernacle d'assignation, piliers du parvis, clous, cor-
qui
respectent l'authenticité et l'intégrité du
Pentateuque.
MÉBIBAAL, v. Mépliiboseth.
MÉRODAC-BALADAN fils de Baladan,
roi de Babylone, n'est connu
que par l'ambassade qu'il envoya auprès d'Ezéchias pour le féliciter de
sa guèrison, % Rois 20, 12. Es. 39, l. cf. 2 Chr. 32, 31. Il s'était
rendu indépendant dans la Babylonie, et cherchait dans l'amitié
d'Ezéchias un appui contre Sanchérib à la puissance duquel il s'était
soustrait. C'est ce roi probablement que l'on trouve dans le canon de
Ptolémée sous le nom de Mardoc-empad; cependant, d'après ce canon,
Mardoc aurait régné douze ans (721-709), tandis que Mé-rodac, d'après
un fragment de Bérose cité par G-esenius, ne sut se maintenir que six
mois : Hitzig et Winer lèvent cette difficulté en faisant du Mérodac de
Bérose un personnage différent, et en plaçant son histoire dans
l'interrègne de deux ans qui. selon le canon de Ptolémée, précéda le
règne de Belibus. — Baladan son père est moins connu, quoique
l'histoire profane en fasse aussi mention sous le nom de Ingœus ou
llulaeus, comme contemporain d'Achaz et d'Ezéchias ; on l'a pris
longtemps pour INabo-nassar. Il se ligua avec Arbacès, satrape de
Médie, contre Sardanapale roi d'Assyrie, et ces deux conjurés ne
réussirent qu'après plusieurs années de luttes sanglantes, à faire
reconnaître leur indépendance.
D'après
Jér. S0, 2. Mérodac était probablement
aussi le nom d'une divinité adorée à Babylone ; le prophète la place à
côté de Bel et en parle de la même manière ; il est de plus employé
dans la composition de plusieurs noms propres (Evil Mérodac,
Mérodac-Baladan, etc.), selon l'usage des Babyloniens de se servir de
noms d'idoles pour noms d'hommes, Bel-tesatsar composé de Bel,
Nébucadnetsar de Nébo, etc. Gesenius pense que Mérodac était une
personnification de la planète Mars.
MÉROM,
lac dont le nom signifie supérieur, parce qu'il est au nord du lac de
Génésareth et par conséquent plus élevé ; il est formé par l'affluent
de plusieurs ruisseaux dans le Jourdain, cf. C'est sur ses bords que
Josué vainquit les rois des Cananéens septentrionaux, Jos. 11, 5. 6. —
Les Grecs l'appelaient lac Samo-chon, et maintenant les Arabes Bahrat
Hhule, lac de la vallée-plaine. Il est très poissonneux, quoique ses
eaux ne soient pas toujours bonnes.
MÉROS, ville du nord de
la Palestine, maudite par
Débora pour s'être tenue à l'écart pendant les combats d'Israël, Jug.
S, 23. On compare le Merrus d'Eusèbe et de saint Jérôme, à 12 milles de
Sébaste, non loin de Dothaïm, mais cette dernière ville était au sud du
champ de bataille, tandis que Méros était plus au nord.
MÉSA, une des frontières
de la contrée habitée par
les Joctanides, Gen. 10, 30. Si l'on peut dire avec quelque certitude
que c'est en Arabie et dans ses environs qu'on doit chercher cette
ville, il est difficile d'en préciser la place davantage. L'opinion de
Bochart, soutenue par Ge-senius, savoir qu'il s'agit de Mousa, port de
mer au sud de l'Yémen, ne peut guère être admise, parce que d'un côté
l'orthographe des deux noms dans les langues originales est trop
différente, et de l'autre le pays donné comme territoire à la race
nombreuse des descendants de Joktan serait trop petit. Michaélis prend
pour pas de départ l'embouchure de l'Eu-phrate, et la partie inférieure
du cours des deux fleuves réunis, depuis Séleucie jusqu'au golfe
Persique ; c'est là que se trouve aujourd'hui Bassora. Les Grecs
(Philos-torg.) appelaient cette contrée Mesène, et Abulféda parle de
deux villes situées dans la même direction, sous les noms de Mesan et
de Mousan.
MÉSAC, nom caldéen de
Misaël, un des trois
compagnons de Daniel choisis par Nébucadnetsar pour le service et
l'ornement de sa cour, Dan 1, 7. A son nom hébreu qui devait lui
rappeler la grandeur de l'Eternel ( qui est comme Dieu est?). fut
substitué un nom caldéen dont la signification est incertaine (d'après
Calmet : qui tire avec force). —Sur son histoire, ?. Abed-Négo.
MÉSAH. I ° Fils inconnu
de Caleb, et fondateur ou
père de Ziph, I Chr. 2, 42. — 2° Mésah. roi de Moab, occupé de l'é-
lève
des bestiaux, dut payer à Achab, roi d'Israël, un impôt annuel de cent
mille agneaux, et d'autant de moutons (2 Rois 3) ; mais après la mort
d'Achab, Mésah secoua le joug, 2 Rois 1, 1. cf. Es. 16, et Joram prit
les armes contre lui pour le soumettre ; il fit alliance avec
le roi d'Edom et avec le pieux Josaphat de Ju-da. Ces trois rois
passèrent par le chemin du désert d'Edom ; mais bientôt l'eau vint à
leur manquer, et ils pensèrent périr de soif dans ces arides solitudes
: heureusement un des serviteurs de Joram découvrit le voisinage
d'Elisée, et les trois rois descendirent auprès du prophète qui
consentit, en faveur de Josaphat, à consulter l'Éternel ; des canaux
furent ouverts dans la vallée, des fossés furent coupés, et Elisée
annonça qu'au lendemain matin, sans vent ni pluie, les canaux et les
fossés seraient remplis d'eau : il annonça en même temps la défaite du
roi de Moab. Dans l'intervalle, Mésah avait appris l'approche des rois
alliés ; il s'était mis en mesure de les recevoir avec toute la partie
de sa population habile à porter les armes, et il s'était avancé à leur
rencontre jusqu'à la frontière de ses états. Ses troupes se levèrent de
bon matin, et ignorant les travaux de la veille et la prophétie
d'Elisée, elles virent la vallée pleine d'eaux qui, aux premiers rayons
du soleil, leur parurent rouges comme du sang, et sans réfléchir
davantage sur ce phénomène, concluant que leurs ennemis s'étaient
enir'égorgés, elles s'élancèrent en criant: Maintenant donc, Moabites !
au butin ! Mais Israël fondit sur celte armée en désordre, la mit
facilement en fuite, et la poursuivit jusque dans son pays ; Moab fut
ravagé, ses plantations détruites, ses fontaines bouchées, ses puits
comblés ; les fuyards se retirèrent dans Kir Haré-seth qu'ils
essayèrent de défendre; Mésah fit contre Edom une sortie inutile, et
rentrant dans ses murs, soit désespoir, soit fanatisme, il égorgea son
fils premier-né, en holocauste, sur la muraille, à la vue des
assiégeants. Indignés de tant d'horreurs, émus d'un si affreux
spectacle, les alliés se retirèrent, et l'on peut croire que ce fut à
l'instigation du pieux et bon Josaphat, plutôt qu'à celle du
sanguinaire Joram, pour le compte de qui cette guerre avait été
entreprise.— Quelques auteurs par une fausse construction de la phrase,
et en comparant Amos 2,1., ont cru que c'est le premier-né du roi
d'Edom que Mésah fit égorger, mais le passage d'Amos n'a aucun rapport
avec cette histoire.
MÉSEC, peuplade nommée
Gen. 10, 2., parmi les
descendants de Japhet. Ezé-chiel, 27,13., nous apprend que ces deux
peuples,ainsi que celui de Tubal, faisaient avec Tyr le commerce d
hommes et de vaisseaux d'airain. Selon toute apparence on doit penser
aux Mosques (Moschi), et comparer les montes Moschici, chaîne de
montagnes qui s'étend depuis le Caucase dans la direction sud-ouest. Ce
nom est souvent réuni à celui de Tubal, Gen. 10,2. Ez. 27, 13. 32, 26.,
et l'on voit ordinairement les descendants de Tubal dans les
Tibarénlens des anciens ; c'était un peuple voisin des Mosques, et les
deux réunis formèrent une province de la monarchie persane (Hérod. 3,
91. 7, 78.). Plus tard les Tibaréniens furent poussés vers le nord
comme les autres descendants de Japhet qui occupaient les défilés du
Caucase, et ils reparaissent dans l'histoire sous le nom de Turcs. Le
commerce qu'Ezéchiel attribue à Mésec et à Tubal est précisément celui
que faisaient ces deux peuples d'après le témoignage des anciens. Le
peuple Ros était aussi en relation avec Mésec, Ez. 38, 2. 39, 1., et
l'on peut retrouver ces trois noms anciens dans trois noms modernes,
Ros dans Russie, Mésec dans Moscou, Tubal dans le fleuve Tobol et la
ville de To-bolsk en Sibérie. —Quant au rapprochement de Mésec et de
Kédar, Ps. 120, 5., il n'indique pas un voisinage, mais une analogie
relativement à la position de celui qui parle, soit qu'on doive la
chercher dans l'idée d'exil, soit qu'elle rappelle la barbarie de l'un
et de l'autre peuple, comme nous pourrions dire les Turcs et les
Hottentots pour désigner des peuples barbares (De Wette).
MÉSOBAB, et plusieurs
autres chefs siméonites, nommés
1 Chr. 4, 34. sq., paraissent avoir quitté l'Egypte déjà avant
les
jours de Moïse, lorsque leurs familles se
furent accrues ; ils se rendirent en Guédor jusqu'à l'orient de la
vallée, cherchant des pâturages pour leurs troupeaux ; là ils
trouvèrent un pays spacieux et fertile, dont ils chassèrent les
premiers habitants, descendants de Cam, et où ils s'établirent ;
plusieurs d'entre eux se fixèrent même dans le voisinage des montagnes
de Séhir, et achevèrent de détruire ceux qui restaient des
Hama-lécites. — Le verset 41 doit se traduire: « Ceux-ci donc qui ont
été écrits par leurs noms du temps d'Ezéchias, vinrent etc. » Il paraît
qu'Ézéchias avait fait recueillir les noms et les hauts faits des
anciens héros d'Israël, et que c'est alors que l'on découvrit cette
expédition singulière de quelques chefs isolés.
MÉSOPOTAMIE. Cette contrée dont
le nom signifie un pays
entre deux fleuves (littéralement au milieu des fleuves), apparaît dans
l'Ancien Testament sous les noms de Padan Aram ou campagne de Syrie,
Gen. 31, 18. sq., de Sadeh Aram ou plaine de Syrie, Os. 12,13., d'Aram
Naharayim ou Syrie des deux fleuves, Gen. 24,10.,d'Aram ou Syrie, Nomb.
23, 7., et de Padan ou champ, plaine, Gen. 48, 7. Le nom de Mésopotamie
dont l'usage ne remonte guère au-delà des jours d'Alexandre le Grand,
se trouve employé dans le Nouveau Testament, Act 2, 9. 7, t. — La
Mésopotamie comprenait tout le pays entre le Tigre et l'Euphrate,
espèce de grande île, bornée au nord par le Ma-sius appartenant à la
chaîne du Taurus, au sud par la Babylonie, à l'est par le Tigre qui la
séparait de l'Assyrie, à l'ouest par l'Euphrate, la Syrie et l'Arabie
Déserte ; elle s'étendait entre les 33°-38° latitude, et les 35° à 61°
longitude. Elle ne formait pas un état à part, et son nom se rapporte
plus à une désignation de géographie naturelle, qu'à une division
politique; les Romains continuèrent de l'employer, bien que sous les
empereurs la Mésopotamie fût administrativement jointe à la Syrie.
C'est dans sa partie sep-tentrionale, dans ce plateau si riche et si
fertile, qu'habitèrent d'abord les ancêtres nomades des Hébreux, Gen.
11, cf. Act 7, i. v. Ur: c'est de là qu'Isaac reçut son épouseRébecca,
Gen.24,10.25,20.;c'est dans ces plaines que servit Jacob, qu'il épousa
Rachel, c'est là encore qu'il vit naître presque tous ses fils, 28, 2.
35,26. 46, 15. Plusieurs villes, et des villes assez considérables,
s'élevaient sur les rives des deux grands fleuves et de leurs affluents
le Chaboras et le Mygdonius, v, Caran, Carkémis, Edesse etTsobah ;
leurs habitants étaient d'origine syrienne et parlaient un dialecte
araméen. La partie méridionale, depuis Carkémis et Mossul, est une
plaine inculte et déserte, qui contraste singulièrement avec la
richesse et la beauté de la partie supérieure ; à l'exception des
rives, qui ont une forte végétation et un sol susceptible de culture,
ce ne sont que des landes sans eau, habitées par des lions, des
autruches et des brigands arabes ; autrefois on y trouvait aussi des
ânes sauvages. Cependant une route traversait ce désert, et servait aux
caravanes qui faisaient le commerce entre l'Euphrate et Babylone ou
Séleucie ; maintenant encore on va d'Anah à Bagdad.
L'histoire
de ce pays jusqu'à la domination des
Perses est peu connue ; Cusan Rischatajim dont il est parlé, Jug. 3, 8.
10., comme d'un roi de la Mésopotamie, ne régnait probablement que sur
une partie de la contrée voisine de l'Euphrate ; il en est peut-être de
même des rois de la Syrie de Tsoba qui apparaissent sous David, 2 Sam.
8, 3. v. Tsoba. Huit siècles avant Christ, Salmanassar, roi d'Assyrie,
avait déjà assujetti et réuni les diverses peuplades de cette contrée,
2 Rois 19,13., qui depuis lors partagèrent les destinées des grands
empires qui s'élevèrent pour se détruire et se succéder en Orient,
Babylone, la Perse et la Macédoine. A la mort d'Alexandre la
Mésopotamie échut aux Séleucides de Syrie, puis elle devint un grand
champ de bataille où les armes parthes, arméniennes et romaines se
heurtèrent, jusqu'à ce que Trajan victorieux y apporta la paix avec sa
domination.
MESSULLAM, fils du
sacrificateur Bé-récia, fut un de
ceux qui contribuèrent à la restauration de Jérusalem, Néh. 3, 4.; mais
plus tard, ayant donné sa fille au fils de Tobija, on peut croire qu'il
s'associa, en partie du moins, aux complots de ce lâche ennemi de
Néhémie, 6,18.
MESURES. Il est parlé assez
souvent dans la Bible,
mais toujours en passant, des mesures des Israélites ; leurs rapports,
leurs grandeurs relatives, sont quelquefois déterminées, cf. Ex. 16,
36., mais nous n'avons aucune donnée sûre et positive sur leur grandeur
absolue ; l'unité de poids ou de mesure n'est fixée nulle part, et nous
devons pour ce qui concerne ce sujet nous en tenir aux indications
fournies par Josèphe, l'auteur qui compare avec le plus de soin les
mesures hébraïques avec les mesures en usage de son temps chez les
Grecs et chez les Romains ; resterait à savoir si, à cette époque, les
anciennes mesures étaient encore bien connues des Hébreux eux-mêmes, et
si elles n'avaient pas été dénaturées ou oubliées pendant les jours de
l'exil et de la captivité. On verra sous leurs différentes lettres les
détails relatifs à chacune de ces mesures, nous ne faisons que les
indiquer ici avec leurs valeurs relatives, et leur réduction
approximative en mesures françaises décimales. Ajoutons seulement que
les Hébreux, peuple agricole, aimaient à compter ou à mesurer en
partant de certaines données naturelles ; et comme les œufs de poule
ont une grandeur assez régulièrement la même, ils l'avaient prise pour
unité de mesure ; les figues et les olives étaient aussi des unités de
mesure pour des quantités plus petites ; la fève du caroubier était
l'unité de pesanteur (un gué-rah) ; v. Mishna Chelim, 17, 6. 7. sq. La
loi de Moïse avait de même pris dans l'usage ordinaire, une main
pleine, une poignée, comme unité pour la mesure des choses sèches, Lév.
2. 2. 5, 12. 16, 12. etc.
Mesures
de capacité. — A. Pour les liquides. 1°
Lebath, 1 Rois 7, 26., 35 litres. 2° Le hin, six fois plus petit,
litres 5,83. 3° Le log, douze fois plus petit que le hin, litre 0,486.
— B. Pour les choses
sèches. 1 ° Le ho-mer valant dix baths, Ez. 45, 11., aussi appelé core,
350 litres. 2° Le léthek ou demi-core, 175 litres. 3° L'épha, égal au
bath, 35 litres; dix faisaient un homer. 4° Le gomer ou homer
(différent du premier), la dixième partie de l'épha, Ex. 16, 36.,
litres 3,30. S0 Le sat, 2 Rois 7, 1.; d'après les rabbins c'était le
tiers de l'épha, litres 11,70. 6° Le cab, sixième partie du sat,
d'après les rabbins, litre 1,94. Dans le Nouveau Testament, les
évaluations sont faites quelquefois en mesures grecques; ainsi le
chenix, Apoc. 6, 6., et les métrètes de Jean 2, 6.; cette dernière
mesure qui répondait au bath des Hébreux et à l'amphore attique, était
d'une grande capacité; Eisenschmidt a calculé qu'elle devait contenir
environ 72 bouteilles.
Mesures
de longueur. 1° Le doigt ou pouce (pris en
largeur), Jér. 52, 21., mètres 0,0225. 2° La largeur de la main, 1 Rois
7, 26. 3° La paume ou palme valant 12 pouces, Ez. 43, 13, 0m,09. 4° La
coudée, v. cet article. 5° La canne ou verge, Ez. 41, 8., de la
longueur de six coudées. 6° Legomed de Jug. 3, 16. est, à ce qu'on
suppose, un peu plus qu'une coudée, peut-être une aune.
Mesures
de distance. Le pas était la plus petite, 2 Sam. 6, 13; il équivalait à
environ 0m,54. On comptait aussi par journées et par nuits de voyage, 1
Rois 19, 8., mais cette mesure variait naturellement beaucoup et ne
peut être déterminée ; il en est de même du kiberath haa-rets, Gen. 35,
16. 48, 7. 2 Rois 5, 19., qu'on doit traduire vaguement par mesure,
petit espace de pays, station, etc.; la version syriaque et la version
perse traduisent parasange, environ 1 lieue 1/2, 6 kilomètres. Les
Septante l'entendent de l'espace qu'un cheval doit parcourir chaque
jour pour conserver ses forces et son activité, c'est-à-dire au moins
une lieue; d'autres pensent au chemin qu'un cheval peut faire à la
course sans s'arrêter, environ 3 lieues, etc. — Les Juifs comptaient
encore par chemin d'un sabbat, par milles romains, et par stades grecs,
cf.
Mesures
de pesanteur. 1° La plus petite était le guérah, que nos versions ont
rendu par obole, cf., grammes 0,58 environ; c'était probablement le
grain, la fève du caroubier. 2° Le békah, Gen. 24, 22. Ex. 38, 26.,
traduit dans nos versions
par
demi-sicle (ou drachme), valait 10 guérahs, grammes 5,83.
3°Lesicle,ving! guérahs, grammes 11, 667. Ex. 30, 13. Lév. 27, 25. Ez.
4b, 12. 4° La mine, 1 Rois 10, 17., valait, d'après Winer, cent sicles
(grammes 1,100), d'après la traduction vulgaire de Ez. 45, 42., 15
sicles (grammes 173), d'après une traduction préférable de ce même
passage, v. Mine, suivie par Mackenzie, la mine valait cent sicles,
environ une livre, ou grammes 583,333. S”Enfin le talent valait 30
mines, ou 3,000 sicles, 15 kilos ; cf. Ex. 38, 25. sq. — v. Sicles.
Pour
tout cet article, on peut consulter
l'appendice qui est à la fin du dictionnaire de Calmet; il contient la
réduction des mesures juives aux anciennes mesures de France, mais
peut-être avec une précision exagérée, qu'il n'est pas possible de
justifier en tous points; il évalue la coudée juive à I pied, 8 pouces
1/2, et le stade à 125 pas géométriques, v. Mille 2°.
Miehaélis,
(Mos. Recht § 226), fait remarquer que
le tabernacle fournissait aux Hébreux un état exact et constant des
poids et mesures ; en effet, dans la détermination législative des
pièces qui entraient dans sa composition, l'on trouvait la valeur
primitive et rigoureuse de toutes les mesures de longueur, de poids et
de capacité en usage chez le peuple. Sans insister plus qu'il n'est
juste sur cette observation, et sans attribuer, ni àMoïse, ni aux
sacrificateurs l'idée que le tabernacle dût servir à déterminer de
pareils détails, il faut avouer que le fait est intéressant, et que
plusieurs fois peut-être le lieu Saint a pu conserver ainsi chez les
Israélites les usages et les coutumes des temps anciens, gages de leur
nationalité.
MÉTAUX. Les montagnes de
la Palestine renfermaient
diverses espèces de métaux et particulièrement du cuivre (l'airain
était un mélange),Deu8,9.: cependantil ne paraît nulle part <;ue
les Hébreux aient connu l'art d'une exploitation régulière des mines,
et c'est des contrées voisines, de l'Asie et de l'Europe, d'Ophir ou
d'Espagne, qu'ils faisaient venir les métaux dont ils avaient besoin,
précieux ou communs, bruts, en lingots, en plaques, ou déjà travaillés
en objets d'art, d'utilité ou d'agrément. — Il est parlé dans l'Ancien
Testament, du fer, de l'acier, du cuivre ou de l'airain, de l'argent,
de l'or, de l'étain et du plomb ; cf. Nomb. 31, 22. Ez. 22, 18. 27,
12., et les différents articles. Le commerce de ces métaux se trouvait
principalement entre les mains des Phéniciens de Tyr, qui les tiraient
soit de leurs colonies, et notamment de l'Espagne, soit de l'Arabie,
soit des contrées voisines du Caucase, Ez. 27, 12. 13. 19. Jér. 10, 9.
Ils paraissent n'avoir pas ignoré l'art de fondre ensemble et de
combiner plusieurs espèces de métaux, et l'on a cru voir des
compositions de ce genre dans l'airain brillant d'Apoc. 1, 15., dans le
Hasmal d'Ez. 1,4. et dans dans le Pouk de Jér. 4, 30. (?. Airain et
Antimoine), comme, dans l'aurichalque des Romains ; le cuivre
resplendissant (Muts'hab) d'Esd. 8, 27. appartenait probablement aussi
à cette classe.
On
est surpris de voir avec quelle profusion l'or et l'argent se
trouvaient répandus aux jours de Salcmon, non seulement pour les
ornements du temple et du palais royal, mais par tout le pays, au pas «
que l'argent n'était rien estimé, que l'or et l'argent n'étaient pas
plus prisés dans Jérusalem que les pierres, tant il y en avait, » 1
Rois 10, 21. 2 Chr. 1, 15. cf. 1 Chr. 22, 14. 29, 4. La même richesse
en métaux précieux se remarquait aussi dans les anciennes cours de
l'Orient, particulièrement en Perse où les vases et les ornements d'or
et d'argent abondaient et frappaient la vue partout où elle s'arrêtait;
mais aucun ustensile d'argent ne se trouvait dans la maison de Salomon,
tout y était or, l'argent trop commun servait au luxe des petits.
C'étaient l'Afrique et l'Inde qui pourvoyaient aux délices des rois,
l'argent venait d'Espagne et du nord de l'Asie pour l'usage des peuples.
On
travailla de bonne heure les métaux, et nous voyons dans l'Ancien
Testament le fer employé pour la confection de haches, de scies, de
poêlons, de plaques, de chaînes, verroux, couteaux, charriots, etc.; le
cuivre, d'une exploitation plus facile, parce que la terre le livre en
masses plus considérables, et d'un travail de fabrication plus simple,
parce qu'il a besoin d'une moins grande chaleur que le fer pour devenir
ductile et malléable, était aussi d'un usage plus répandu ; on en
taisait des casques, des boucliers, des lances, des harnais, des
chaînes, des armes, des miroirs, des vases de toute espèce ; lorsque la
grandeur de l'objet que l'on voulait faire, ne permettait pas le
travail au marteau, on opérait par la fonte; c'est ainsi que la grande
cuve et les colonnes du temple de Salomon sortirent du creuset, I Rois
7 ; toutefois l'art de mouler n'était encore, aux jours de Salomon,
qu'une im-portation de la Phénicie, un art étranger aux Hébreux et qui
ne se naturalisa que plus tard, au service de l'idolâtrie,Es. 44, 10.,
etc. Les Grecs et le monde d'Homère se servaient comme les Hébreux,
d'armes de fer et de cuivre, Hésiod. Trav. et Jours, 134. Lucret. o,
1285.— L'or et l'argent servaient principalement à la fabrication des
objets de luxe, boucles, bagues, bracelets, etc.; on en faisait
cependant aussi des vases, des coupes et d'autres ustensiles à l'usage
des grands; c'est ainsi que tous les vaisseaux du temple étaient faits
de ces précieux métaux, Esd.”>, 14., et qu'ils tentèrent
d'autant plus l'avidité des conquérants. L'idolâtrie se fit des dieux
d'or et d'argent, Ex. 20, 23. Es. 2, 20. Dan. 3, 1. Act 17, 29., ou
d'autres reliques précieuses, Act 19,24., et se borna souvent aussi à
plaquer d'or ses amulettes lorsqu'elle ne pouvait suffire à les faire
d'or massif. — Quant au plomb, moins conuu et moins estimé, il servait
comme matière inerte et pesante ; on en faisait des poids et on les
suspendait aux fils à plomb, Zach. o, 8. Am. 7, 7. cf. Zach. 4. 10. Il
paraîtrait, d'après Job. 19, 24. qu'on s'en servait aussi comme de
tablettes pour y écrire, môme des ouvrages entiers, cf. Pausan 9, 31.
Plin. 13, 21.; cependant Jarchi, Rosen-muller et Umbreit pensent qu'il
ne s'agit là que d'inscriptions faites dans les ro-chers et reproduites
au moyen de plomb fondu que l'on y versait.
Les
instruments nommés comme servant au travail des métaux, sont l'enclume,
le marteau, les tenailles, le soufflet, le creuset et le fourneau, Es.
41, 7. 44, 12. Jér. 6, 29. Ez. 22, 18. Prov. 17, 3. La fusion et le
travail au marteau étaient, les procédés les plus ordinaires pour la
manipulation des métaux. La fusion n'avait pas seulement pour but la
mise en œuvre et la production d'un objet d'art ; quelquefois elle ne
se faisait que pour l'épuration des métaux nobles, pour séparer de l'or
et de l'argent l'alliage qu'ils pouvaient renfermer, l'écume et
l'étain, Es. 1, 2i>. Ez. 22, 18. 20.; il paraît que pour
faciliter et accélérer cette séparation, l'on se servait d'ingrédiens
particuliers que l'on ajoutait dans la masse fondue, comme ayant avec
l'alliage plus d'affinité qu'avec l'or ou l'argent, ainsi du plomb,
Jér. 6, 29., du savon, Es. 1, 25. (ce passage doit se traduire « je
refondrai ton écume comme avec du savon, et j'ôterai, » etc.). Il n'est
jamais question de la fonte proprement dite qu'en parlant de l'or, de
l'argent ou du cuivre, jamais du fer, Ex. 25, 12. 26, 37. Es. 40, 19.
Quant au martelage, ou battage en feuilles, il en est parlé, Nomb. 16,
38. cf. Es. 44,12, Jér. 10,4.: de soudure, Es. 41, 7., de polissage, I
Rois 7, 4b., de placage en airain, or ou argent, Ex. 25, 11. 24. 1 Rois
6, 20. sq. 2 Chr. 3, S. cf. Es. 40, 19.; enfin de l'épreuve des métaux
par le feu ou la pierre de touche, Prov. 17, 3. 1 Pierre 1, 7.
Différents corps de métiers s'étaient déjà distingués en Israël
longtemps avant les jours de l'exil : ceux qui travaillaient le fer,
Es. 44,12., ceux qui étaient habiles dans les ouvrages d'airain, 1 Rois
7, 14., et les orfèvres qui ne s'occupaient que des mé-taux nobles,
Jug. 17, 4. Mal. 3, 2. Le travail des métaux utiles remonte d'ailleurs
aux plus anciens jours du monde, et nous voyons, Gen. 4, 22.,Tubalcaïn
s'en occuper et forger des instruments de toute espèce. La construction
du tabernacle dans le désert, et plus tard celle du temple de Salomon,
prouvent que les Israélites ne se laissèrent ni devancer, ni surpasser
; aussi leurs vainqueurs surent-ils toujours apprécier leurs
connaissances en ce genre, et nous voyons les serruriers, les maréchaux
et les armuriers, emmenés en captivité chez les ennemis d'Israël, et
obligés de mettre au service
des
conquérants leurs talents et leurs forces, 2 Rois 24, U. 16. Jér. 24,1.
29,2. cf. 1 Sam. 13,19. Es. 3, 3.
MÉTHUSÉLAH. Gen. 5,21. 1
Chr.1,3. Luc 3, 37., fils
d'Enoch et père de Lémec ; c'est de tous les patriarches dont l'âge
nous est rapporté, celui qui a vécu le plus longtemps, ayant atteint
l'âge de neuf cent soixante-neuf ans, A. M. 687-1636. D'après la
chronologie ordinaire il serait mort l'année même du déluge. 11 vécut
deux cent quarante-trois ans avec Adam et six cents ans avec Noé, et
fut ainsi contemporain de toutes les générations depuis la création du
monde jusqu'à sa première destruction par les eaux.
MÉTIERS. C'est en Egypte
probablement que les Hébreux,
jusqu'alors nomades et pasteurs, apprirent à connaître les arts
mécaniques et les différents métiers; plus tard, le voisinage des
Phéniciens leur fut également utile sous ce rapport, et leur fil faire
des progrès ; mais, sauf le cas tout à fait exceptionnel et miraculeux
rapporté Ex. 31, 2. 6., il ne faut pas croire qu'avant la fin de la
période des juges, les arts aient atteint un degré de perfectionnement
bien avancé, cf. 1 Sam. 13, 20. La division du travail était peu connue
et peu pratiquée ; le père de famille devait savoir faire un peu de
tout, même les ouvrages les plus grossiers, et ceux qui de nos jours
seraient le moins estimés, cf. Odyss. 5, 243.; les femmes étaient
cependant spécialement chargées de l'ordonnance intérieure de la maison
; à elles le pain, le fil, la toile et les vêtements, même les habits
d'hommes, Ex. 35, 25.1 Sam. 2, 19. 2 Sam. 13, 8. Prov. 31, 21. 24. Act
9, 39. etc. Cependant peu à peu, et à mesure que le besoin d'artisans
spéciaux se lit sentir, surtout pour les travaux d'une exécution
difficile et qui demandaient un exercice habituel et constant, les
industries s'établirent, et non seulement des esclaves, mais des hommes
libres devinrent artisans et se livrèrent au travail des différents
métiers. (v. aussi Iliad. 4,110.485.18, 601. Odyss. 3, 425. 432.) Il
est parlé dans les livres saints, du fondeur, Jug. 17, 4. Es. 40, 19.
Jér. 10,14., et ailleurs, de l'ouvrier en or et en argent, spécialement
affecté au travail, placage ou fabrication d'idoles, Act 19, 24.; du
parfumeur, Ex. 30, 35. ; de l'artisan ou de l'ouvrier en général, Ex.
35, 35. Deu 27,15.1 Sam. 13. 19.: ce mot comprend l'ouvrier en fer, Es.
44,12. 2 Rois 24,14.1 Sam. 13, 19., celui qui travaille l'airain, 1
Rois 7,14.cf. 2 Tim. 4, 14., le charpentier et les ouvriers sur bois, 2
Sam. 5,11. Es. 44,13. cf. Mat 13, 55. Marc 6, 3., les maçons et
plâtriers, 1 Chr. 14,1., et les tailleurs de pierre, 2 Rois 12, 12. Le
potier est aussi indiqué comme exerçant une profession spéciale, Es.
29, 16. cf. Mat 27, 7.10.; de même le serrurier, Jér. 24, 1., le
foulon, 2 Rois 18, 17. cf. Marc 9, 3., le tisserand et le tapissier,
Ex. 28, 32., le fabricant de coton, 1 Chr. 4, 21., et même dans les
grandes villes, mais là seulement, le boulanger, Os. 7, 4. Jér. 37, 21.
cf. Luc 11, 5.; plus tard encore on voit le barbier oriental s'établir
aussi comme industriel dans la terre sainte, Ez. 5,1. (On trouvera sous
leurs lettres plus de détails sur quelques-uns de ces métiers.)
Cependant comme une seule personne exerçait souvent plusieurs de ces
professions à la fois, Ex. 31, 3.2 Chr. î, 14., on ne peut pas croire
que les Hébreux soient jamais arrivés à une bien grande habileté dans
tous ces différents travaux, et nous voyons que David et Sa-lomon
recherchèrent pour les grands ouvrages qu'ils firent exécuter au temple
et dans leurs pajais, des ouvriers étrangers, et notamment des
Phéniciens de Sidon, I.Rois o, 6. 1 Chr. 14,1.2 Chr. 2, 7.14.
Après
l'exil, les arts et les métiers furent
beaucoup plus considérés qu'ils ne l'étaient auparavant ; des grands et
même des savants se firent artisans, et prirent souvent des noms
destinés à rappeler le métier qu'ils exerçaient, ?. Paul ; et ceux qui
ne donnaient pas à leurs enfants une profession, passaient pour les mal
élever ; c'est, dit un Targum, comme s'ils leur apprenaient le métier
de voleur.
On
trouve encore dans le Nouveau Testament des corroyeurs et des faiseurs
de tentes, Act 9, 43.10,6. 32.18, 3., et dans les livres apocryphes
ainsi que dans Josèphe, des fromagers, des cordonniers, des tailleurs,
des fraters sachant pratiquer la saignée, des orfèvres, des
cré-pisseurs, et des orfèvres bijoutiers; toutefois ces métiers étaient
rangés au nombre de ceux qui rendaient inhabiles ceux qui les
exerçaient à pouvoir jamais devenir sacrificateurs.
Les
ateliers, boutiques ou magasins, étaient, dans les grandes villes,
réunis sur les places publiques ou dans des rues très fréquentées, Jér.
37, 21.: il y avait aussi des boucheries, un marché aux viandes, et une
vallée où se réunissaient les fabricants de fromages, et qui en a reçu
le nom grec de vallon des Tyropéuns.
MEULE (mouture). Dans les
premiers temps, lorsque
l'agriculture était encore dans l'enfance, comme l'humanité elle-même,
on rôtissait les grains, puis on les pilait dans un mortier, cf. î\omb.
11,8. et Serv. ad. /En. 1,4 84. AudiredeBurck-hardt, le même usage
subsiste encore chez les Arabes de nos jours, et dans les petits
ménages de l'Orient. Cependant les moulins à bras, sous leur forme la
plus simple, ont été connus de très bonne heure ; les Hébreux eux-mêmes
en avaient déjà connaissance pendant le séjour de l'Egypte, Nomb. 11,
8., et ils continuèrent de tout temps à s'en servir comme s'en servent
encore aujourd'hui les Orientaux. Ces moulins consistaient en deux
meules posées l'une sur l'autre, la supérieure étant mobile et appelée
en conséquence le char ou le coureur, Deu 24,6.2 Sam. 11,21. Jug.
9,53.; l'inférieure immobile, Job 41,15., était la borne, on l'appelait
aussi quelquefois l'âne, c'est-à-dire le porteur. Dans les familles
pauvres et peu nombreuses, c'étaient les femmes qui devaient moudre ;
dans de grandes familles où ce travail devenait considérable et
pénible, il était remis à des esclaves, soit hommes, soit plus
ordinairement femmes, Mat 24, 41. Luc 17, 35., et en général aux plus
méprisés et à ceux qui n'étaient pas capables d'un travail plus
délicat, Ex. 11,5. Es. 47.2. Jug. 16, 21. Eccl. 12. 5. C'était surtout
comme punition, comme peine corporelle, quon infligeait à des hommes
cette occupation, et lorsqu'ils étaient dangereux on les chargeait de
chaînes,
même on les aveuglait, ce qui avait le double eflet de paralyser des
forces qu'ils auraient pu mal employer en les portant plus loin, et
d'empêcher le vertige que le mouvement de la meule produit
naturellement, Jug. 10, 21. Lam. 5. 13. On trouve, Jér. 25, 10., une
allusion au bruit que la meule fait en tournant, bruit agréable par ses
souvenirs, agréable comme espérance et par liaison d'idées, agréable,
parce qu'il promet du pain à la famille, et parce qu'il rappelle la
paix et la tranquillité du chez soi ; on peut comparer à l'impression
produite par ce bruit, celle que fait le bruit du moulin à café : ce
bruit cessera comme tant d'autres jouissances, lorsque s'accompliront
les menaces de l'Eternel. Les meules étant regardées comme objets de
première nécessité, ne pouvaient être prises en gage, Deu 24, 6.
Il
est parlé plus tard, dans le Talmud et dans le Nouveau Testament, v.
Mat 18, 6., de meules d'ânes, c'est-à-dire de meules pour la mise en
mouvement desquelles l'homme étant trop faible, on se servait d'ânes
(asini molarii); les Grecs, les Romains avaient des meules de ce genre,
et les Orientaux de nos jours s'en servent encore, et les font mouvoir
par des ânes ou des mulets, quelquefois par plusieurs esclaves réunis,
Ovid. Fast. 6, 318. v. Burckhardt, et ailleurs. Sur la coutume
d'attacher une meule d'âne au cou de certains criminels, et de les
préci-piter dans l'eau pour les noyer, v. Peines.
MEURTRE, meurtrier. Le
droit criminel des Israélites
reconnaissait comme l'ont fait toutes les législations, la distinction
entre le meurtre proprement dit et l'homicide involontaire, quoiqu'elle
se servît du même nom pour désigner l'un et l'autre, cf. jNomb. 35, 25.
sq. Le meurtre entraînait toujours après lui la peine de mort sans
possibilité de commutation, Lév. 24,17. : la loi n'était ainsi que
l'écho de la première institution de cette peine, lorsque Dieu dit à
Noé au sortir de l'arche, « quiconque aura répandu le sang de l'homme,
son sang sera aussi répandu, » Gen. 9, 5. 6. L'homicide involontaire
pouvait aussi quelquefois amener la mort pour le meurtrier, en vertu de
l'ancienne
coutume qui abandonnait aux | membres de la famille du mort le droit de
la vengeance du sang; le coupable était innocent devant la loi, mais, à
cause du sang et de la terre qui en était souillée, les parents
pouvaient poursuivre le meurtrier; la justice refusait de sévir, mais
laissait libre cours aux ressentiments privés; l'institution des villes
de refuge était la seule garantie que la loi donnât dans ce cas à
l'homicide innocent, Nomb. 35, %'à. Deu 19, 5. Quand le meurtre avait
été commis par un animal, par un bœuf, par exemple, l'animal était mis
à mort, et son propriétaire, rendu responsable par la loi, devait une
indemnité à la famille du défunt, et si la famille du défunt ne se
contentait pas de cette réparation, elle avait le droit de vengeance
comme dans le cas de l'homicide involontaire, cf. Ex. 21, 28-30. Mais
s'il y avait eu meurtre volontaire, ou même simplement intention de
donner la mort, accompagnée de voies de fait et de violences sur la
personne d'un homme libre, la peine capitale était inévitablement
prononcée, Ex. 21, 12. Nomb. 3o, 16. Deu •19, M. Il pouvait même ne pas
y avoir intention de donner la mort, mais coups portés par haine et
suivis accidentellement de la mort par un faux mouvement de celui qui
était menacé; la loi par sa sévérité pressentait dans ce cas cette
belle maxime du Messie : « Celui qui hait est un meurtrier • • le
coupable était considéré comme assassin. Le meurtre d'un voleur surpris
pendant la nuit en flagrant délit n'était pas punissable ; mais si le
soleil était levé, il était considéré comme un meurtre ordinaire, et
puni comme tel, Ex. 22,2. ; pendant la nuit, en effet, deux
circonstances pouvaient excuser l'homicide qui se trouvait dans ce cas
: le soin de sa propre défense, à laquelle il doit pourvoir seul,
puisque chacun dort autour de lui; puis l'incertitude de ses coups,
qu'il ne peut pas diriger comme il le voudrait dans l'obscurité, et du
funeste résultat desquels il ne saurait être justement rendu
responsable. La mort d'une femme enceinte, lorsqu'elle était produite,
involontairement sans doute, dans une rixe entre deux hommes, était
cependant vengée par la mort, du meurtrier, parce que dans ce cas il y
avait double meurtre, et que la cause de la mort n'était pas un
accident, mais un esprit de querelle qui en lui-même déjà mérite un
châtiment, et qui doit être responsable du mal dont il est la cause,
Ex. 21, 23. II n'est pas sûr que la peine de mort fût prononcée contre
le propriétaire d'une maison dont le toit, non garni d'une balustrade,
aurait occasionné la chute et la mort d'une personne, Deu 22, 8.
Mi-chaélis penche pour l'affirmative, Winer croit, au contraire, que le
législateur se borne à mettre cette responsabilité sur la conscience du
propriétaire. Lorsqu'un esclave frappé par son maître mourait sous les
coups, le maître était puni ; rien n'indique de quelle nature était ce
châtiment, mais on peut croire qu'il était sévère, puisque pour une
dent ou pour un œil l'esclave était affranchi ; les rabbins pensent que
le maître était puni de mort, mais ils ne s'appuient sur aucune raison
suffisante : si cependant l'esclave survivait de quelques jours à ces
mauvais trai-tements, la loi, tenant compte du droit de frapper,
devenait impuissante, et la perte de l'esclave était considérée comme
une peine assez forte pour qu'il ne fallût pas l'aggraver par une
condamnation spéciale « c'est son argent. » Ex. 21, 20. Enfin, dans le
cas d'un meurtre inconnu, Deu 21, 1-9., le lieu le plus voisin de
l'endroit où le délit avait été commis était chargé de la
responsabilité, et les anciens de la ville sacrifiaient en expiation,
dans une vallée solitaire et abrupte, une jeune génisse à laquelle on
coupait le cou comme on l'aurait fait au criminel, au lieu de la mettre
à mort suivant l'usage ordinaire.
La
constatation d'un meurtre ne pouvait avoir lieu que sur la déposition
d'au moins deux témoins, Nomb. 35, 30.; le faux témoignage en pareille
matière était puni de mort par la loi du talion, Deu 19,16-20. Les
témoins, dans le cas de lapidation, devaient les premiers jeter la
pierre au condamné ; lorsqu'il y avait décapitation, c'était,
semble-t-il, au vengeur du sang de remplir l'office de bourreau, Nomb.
35, 19. 21. On peut voir, 2 Sam. 41 4, l'exemple d'un cas où les rois
d'Israël se sont arrogé le droit de grâce à l'égard de meurtriers
reconnus; mais on ne peut pas généraliser la conclusion tirée de ce cas
particulier.
La
loi ne renferme aucune disposition relative à
l'infanticide, et ce crime paraît avoir été inconnu des Israélites, les
causes qui l'amènent dans nos sociétés modernes n'existant pas chez
eux, où tout tendait à le prévenir. Il n'est rien dit non plus du
parricide. Les Juifs postérieurs ont appliqué à l'empoisonneuse ce qui
est dit de la sorcière, Ex. 22, 18., et ils punissaient de mort ceux
qui préparaient des poisons, alors même qu'on ne s'en était pas servi.
Enfin,
il n'y a rien dans la loi qui soit relatif
au suicide ; Josèphe le condamne dans une digression théologique, et
l'on trouve des exemples de cas de ce genre, 1 Sam. 31, 4., où Saiil se
perce de son épée ainsi que son écuyer; 2 Sam. 17,23., où Achitophel
s'étrangle, et Aet. 1, 18., où le traître se fait justice à lui-même ;
cf. aussi 2 Macc. 14, 41.
V.
encore les articles spéciaux. MICA ou Michée (Jug. 17 et 18), Israélite
de la tribu d'Ephraïm, vivait probablement pendant l'époque qui
s'écoula entre la mort de .losuè et l'institution îles juges, vola à sa
mère 1,100 pièces d'argent qu'il ne tarda cependant pas à lui rendre ;
une partie de cette somme fut consacrée à l'achat de deux images, le
reste dut subvenir aux frais de ce culte idolâtre. Mica fit lui-même un
éphod et des théraphims, et consacra l'un de ses fils pour prêtre à
l'Eternel, mêlant ainsi dans sa conduite le paganisme et la religion
révélée, et paraissant ne pas s'apercevoir de toutes ses
inconséquences. Bientôt un lévite passe, et Mica l'engage comme prêtre
au service de sa maison, dans l'espoir que l'Eternel lui fera du bien
pour ce singulier acte de fidélité ; mais cette espérance est vaine,
son lévite le trahit, quelques espions danites envoyés à la découverte
deviennent maîtres de ses secrets, et les livrent avec ses trésors à la
troupe armée qui les accompagne. Il réclame, il poursuit, mais ses
paroles comme ses démarches sont inutiles, on refuse de l'entendre, et
il rentre chez lui, désolé d'avoir perdu des dieux qui n'avaient
pourtant pas su le défendre, et dont au contraire la possession avait
été pour lui une cause de ruine, en attirant l'attention et la
convoitise des soldats pillards. L'histoire de Mica, épisode peu
intéressant d'une époque où il n'y avait en Israël ni état ni
gouvernement, reste comme un exemple de l'aveuglement où l'idolâtrie
jette ceux qui abandonnent la droite voie, et du malheur qui s'attache
à ceux qui veulent suivre à la fois Dieu et le monde, les ténèbres et
la lumière. Ce pauvre Juif a été peut-être plein de bonnes intentions
par devers lui, mais un zèle sans connaissance n'a pas de prix aux yeux
de l'Eternel, lorsque c'est par sa faute que le pécheur manque des
connaissances qu'il devrait avoir dans la doctrine de la vérité.
MICAEL (qui est comme
Dieu?), un des grands anges ou
archanges dont l'existence et le nom nous sont révélés par l'Ecriture.
Micaël, appelé Michel en grec, Jud. 9., était regardé comme le
représentant du peuple juif devant Dieu, et en quelque sorte sa
personnification. Les rabbins l'opposent souvent à Sam-maël, le prince
des ténèbres. C'est comme protecteur d'Israël qu'il apparaît Daniel 10,
13. 21. 12,1., et saiut Jean nous le montre remportant aux derniers
jours la victoire sur Satan et ses anges, Apoc. 12, 7. Ces différents
passages n'ont pas besoin d'explication, mais le combat rapporté Jud.
9., entre l'archange et le démon, présente de graves difficultés. On a
cru t rouver dans ce passage une allusion à Zach.
3,1.2.(BèzeetVitringa), mais pour appuyer cette opinion, il faut
changer le texte et lire (au lieu de Michel) Jésus, Jo-sué, ou
Jéhosuah, trois noms qui n'en sont qu'un dans l'original avec de
légères modifications ; cette variante n'étant qu'une hypothèse sans
fondement doit être abandonnée, d'autant plus qu'il faudrait encore, en
l'admettant, prendre Micaël pour Jéhovah, et le corps pour la personne.
D'autres théologiens, partageant la même opinion sans accepter les
variantes, pensent que le corps de Moïse représente le judaïsme
personniûé dans le grj'iirt sacrificateur Jéhosuah (Wolff, Witsius).
—Une seconde classe de commentateurs, et non seulement les
rationalistes, mais aussi quelques théologiens orthodoxes, par exemple
Litghfoot, supposent que Jude a cité ici des traditions apocryphes,
comme Paul quelquefois allègue des poètes païens ; il ne veut ni
confirmer, ni réfuter, il se borne à employer cet argument contre ceux
auxquels il s'adresse, parce qu'ils ajoutent foi à de pareils récits,
tout en faisant parade de leur prétendue sagesse; il se sert contre eux
d'un argument qu'ils accepteront, bien qu'il ne l'accepte pas lui
-même. Mais quand Paul fait des citations de ce genre, c'est avec plus
de précautions, et il est probable que si Jude eût voulu citer une
fable, il se serait exprimé autrement qu'il n'a fait. Troisièmement
enfin, et c'est depuis Calvin l'opinion le plus ordinaire-ment reçue
par les commentateurs chrétiens, il se peut bien que cette tradition se
trouvât dans les livres apocryphes, mais ce n'est pas là que Jude l'a
puisée : l'apôtre nous transmet une tradition qui s'était conservée
parmi les Juifs, et dont il connaissait l'authenticité par une
révélation de l'esprit de Dieu qui était en lui. C'est ainsi qu'on peut
trouver, dans des légendes, ou racontés par des prêtres, beaucoup de
faits qui n'en sont pas moins des vérités pour avoir passé par ces
intermédiaires, en général peu dignes de confiance. Jude a fait ici ce
que Paul a fait 2 Tim. 3, 8., en citant les noms de Jaunes et de
Mambrès ; il a suivi la tradition dans un cas où il savait qu'il
pouvait le faire. Bèze s'est joint à cette manière de faire, ainsi que
Buddé, Schœttgen, Witsius, etc.
On
prend-ordinairement comme motif de cette dispute l'intention de Satan
de pousser les Juifs à l'idolâtrie en leur présentant le corps de Moïse
; mais il vaut mieux avouer son ignorance que d'avancer des choses sans
fondement. S'il y a dans l'Eglise chrétienne une idolâtrie relativement
aux corps des saints, cette idolâtrie n'existait pas, et ne pouvait
même pas exister pour l'Orient où les corps morts souillent les vivants
; on évite de les approcher, et les Juifs devaient se purifier s'ils
n'avaient pu éviter de toucher un cadavre. D'autres ont modifié cette
explication en disant qu'il est question de nécromancie dans ce passage
; mais dans ce but le corps mort de celui auquel on s'adressait n'était
pas nécessaire, cl. 1 Sam. 28, et 23, 1. — Il paraît bien que la
circonstance que Moïse a été enseveli par le Seigneur lui-même, a donné
occasion à cette dispute, Deu 34, 6., mais nous n'en savons pas
davantage, et lé seul cas un peu analogue que nous trouvions dans
l'Ecriture est celui de Zach. 3, 2. L'opinion qui entend par le corps
de Moïse son corps de doctrine, n'est pas soutenable. — Les noms de
plusieurs autres Micaël se trouvent Nomb. 13, 14. 4. Chr. 3, 13. 7,3.
12, 20. 2 Chr. 21, 2.
MICAJA, v. Mahaca 2”.
MICAL, fille cadette de
Saiil et d'Ahi-noham, I Sam.
14, 49. Elle aima David et devint son épouse après que Mérab son aînée,
d'abord fiancée au fils d'Isaï, eut été donné à un autre, 18, 20. Saiil
se réjouit de cet amour, espérant faire tomber David entre les mains
des Philistins en lui demandant une dot sanglante ; mais le jeune
berger, trop heureux de mériter par son courage une épouse qu'il
aimait, revint triomphant et déjoua, sans le savoir, des plans qu'il
avait ignorés. La haine de Saiil ayant éclaté, Mical fut attentive à
veiller sur les jours de son mari, et le tint autant que possible au
courant des mesures que Saui prenait contre lui; la maison de David
ayant été cernée, Mical le fit évader par une fenêtre, et mit un
simulacre avec une hure de poil de chèvre dans son lit, pour retarder
les recherches, en faisant croire aux guerriers de Saiil que David
était malade. La ruse ne pouvait rester longtemps cachée, mais il
fallait retourner auprès du roi pour l'interroger sur ce qu'il y avait
à faire dans cette circon-stance, et pendant ce temps David put gagner
du terrain et s'échapper. Mical s'excusa auprès de son père en disant
que David l'avait menacée de la tuer si elle essayait de le retenir.
C'est probablement pendant cette absence de David que Mical fut donnée
par son perfide père à Palti, 23, 44., mais cette séparation, et ce
second mariage auquel David n'avait pas consenti, furent nuls aux yeux
de David, qui ne put appliquer à ce cas l'interdiction prononcée par la
loi, Deu 24, 4., et qui reprit son épouse aussitôt qu'il le put, 2 Sam.
3, 13. Le dernier trait de la vie de Mical n'est pas à sa louange ;
elle aimait son époux, elle n'aimait pas le roi théocratique et
prophète : lorsque l'arche fut transportée de la maison d'Hobed-Edom à
Jérusalem, David, plus joyeux des bénédictions divines que soigneux du
décorum et de l'étiquette, David qui n'avait pas pris des leçons de
royauté à la cour de Saiil, s'abandonnait à toute l'allégresse dont son
àme était pleine ; Mical le vit sautant de toute sa force devant
l'Eternel, et elle le méprisa dans son cœur : puis à son retour elle
l'accueillit avec des paroles ironiques, qui lui valurent une réponse
pleine d'a-mertume, et qui amenèrent entre ces deux époux qui se
comprenaient pour les choses de la terre, mais qui ne se comprenaient
plus lorsqu'il était question des choses du ciel, un refroidissement
qui dura jusqu'à la mort de Mical (6, 16. sq. ! Chr. 15, 29.). Le récit
sacré finit en disant qu'elle n'eut pas d'enfants jusqu'au jour de sa
mort, ce qui emporte tout à la fois l'idée d'un châliment de Dieu sur
la fille de Saiil, et de la cessation des rapports entre David et son
épouse. La sagesse de Dieu est souvent folie devant les hommes ; le
chrétien fidèle peut être un objet de ridicule pour les bien pensants
de ce siècle et pour les Phari-risiens du bon ton.
MICHÉE. 1° Prophète, fils
de Jimla, 397 av. C, fut, à
la demande deJosa-phat, consulté par Achab sur l'issue de la campagne
qu'il se proposait d'entreprendre contre la Syrie, 1 Rois 22, % Chr.
18. Achab le haïssait à cause de plusieurs oracles qu'il avait déjà
prononcés contre lui, et peut-être ce prophète est-il le même que celui
dont il est parlé 1 Rois 20, 28. 41. Mandé auprès du monarque, il est
averti en chemin que tous les autres prophètes, au nombre de 400, ayant
annoncé l'heureux succès de la guerre, il ait à en faire autant ; mais,
prophète de l'Eternel, vrai prophète, il ne dira que ce que Dieu lui
dira. Il connaît les mauvaises dispositions d'Achab, il ne craint pas
de les irriter encore par l'ironique amertume de son début. Achab voit
que ses promesses de bonheur ne sont que dérisoires, et, lorsque le
prophète, changeant de langage, lui annonce, d'une voix solennelle, la
confusion de ses armées, la dispersion du peuple, sa mort à lui-même,
il voit murmurer le monarque et ses faux prophètes; il continue alors,
il instruit le procès de chacun, il frappe le roi, il frappe les
messagers de mensonge, il raconte une vision divine, le conseil de Dieu
et de ses anges, l'esprit d'étourdissement envoyé sur Achab, de
mensonge sur ses prophètes-courtisans. En vain l'orgueilleux et violent
Tsidkija donne un soufflet à Miellée ; en vain Achab fait jeter le
prophète en prison, l'oracle ne saurait être changé, la vérité demeure,
les prédictions s'accomplissent, Israël est vaincu, Achab est tué. —
L'Histoire sainte s'arrête ici, sans donner aucun détail ultérieur sur
la vie et l'activité de ce prophète; mais, dans ce peu de détails, on
reconnaît partout l'homme ferme, juste, fidèle à son maître comme à la
vérité : rien ne l'émeut, rien ne l'abat, rien ne l'irrite. Il était
contemporain d'Elie, et rappelle, à quelques égards, ce grand caractère
plein de feu, d'énergie, et parfois d'ironie, un se demande pourquoi
Josaphat, désirant entendre un prophète du vrai Dieu, fait chercher
Michée plutôt qu'Elie. C'est peut-être qu'on ignorait où se tenait ce
dernier ; peut-être aussi parce que la haine d'Achab contre le grand
prophète était trop implacable ; plus probablement et plus simplement
enfin parce que Michée était là, et qu'il avait aussi l'esprit du
Seigneur comme luie.
2°
Michée, le sixième des petits prophètes
(758-699). Nous n'avons sur sa personne et sur sa famille d'autres
indices que ceux qu'il nous donne lui-même, 1,1. Il était de Morésetli,
et fut contemporain des rois Jotham, Achaz et Ezéchias, contemporain,
par conséquent, du prophète Esaïe, d'Osée et d'A-mos, et de deux
siècles postérieur au fils de Jimla, dont il a été parlé ci-dessus.
Les
royaumes de Juda et d'Epliraïm, ce dernier surtout, étaient dans ces
jours de crise qui préparaient leur ruine : Salma-nassar se levait
contre Ephraïm, Sanehé-rib contre Juda, et, malgré quelques délivrances
momentanées et miraculeuses, le temps était à l'orage. Cependant le
peuple n'y prenait pas garde, et cette fatale sécurité, qui précède les
grandes catastrophes, régnait sur les habitants des deux royaumes et
les endormait. Les prophètes seuls veillaient. Michée déclare tour à
tour à Jérusalem et à Samarie, à Juda et à Ephraïm, les châtiments qui
les attendent, et les invite à la repentance et au salut ; mais il sait
bien qu'on ne l'é-coutera pas ; il le dit lui-même : « Un esprit
d'erreur, un prophète de mensonge qui prêcherait le vin et la cervoise,
voilà qui serait un prophète pour ce peuple » (2, 41). Son nom et
l'amertume de ses prédictions contribuèrent, cent ans plus tard, à
sauver les jours èe Jérémie (26, 18. cf. Micli. 3, 12.). que les
principaux de Jérusalem voulaient mettre à mort, parce qu'il avait
censuré leur mauvais train, et annoncé la ruine de la ville sainte. —
Le style de Michée est vif, chaleureux, animé, pittoresque ; il abonde
en figures, et revêt, par moments, la forme du dialogue. Son livre se
divise en trois parties : 1° les chapitres 1-3, qui renferment la
description de l'état moral du peuple, et les châtiments qui
l'attendent; 2° les chapitres 4 et ? sont une prophétie messianique, un
coup d'oeil dans l'avenir, la perspective de jours meilleurs; 3° retour
à la première partie, 6 et 7. On peut aussi le diviser historiquement
en trois parties, dont la première (1-2, 10.) renferme les oracles
prononcés sous Jo-tham, roi de Juda, et sous son contemporain, Pékah
d'Israël ; la seconde (2, 10.-4, 8.) a été prononcée sous Achaz et sous
Ezéchias, qui fut associé à son trône pendant les dernières années de
sa vie, ainsi que pendant la fin du règne de Pékah en Israël ; la
troisième enfin appartient au règne d'Ezéchias, dont les six premières
années coïncident avec la plus grande partie du règne d'Osée, le
dernier roi d'Israël (4,9.-7,). C'est dans cette dernière portion de
son livre que se trouve cet oracle si clair et si connu des Juifs, de
la naissance du Messie en Bethléem de Juda. — Esaïe, 2, 2-4., a copié
presque littéralement Mich. 4, 1-3; du moins l'opinion inverse qui
suppose que c'est Michée qui a copié Esaïe se justifie moins bien, de
même que celle qui veut que tous les deux aient emprunté ces versets à
un troisième prophète plus ancien. — v. Preiswerk, Morgenl. 1839, p.
129. sq.
3°
FilsdeGuémaria, Jér. 36,11. Ayant entendu lire dans la salle de son
père les oracles de Jérémie contre Jéhojakim, et peut-être ayant vu
l'impression que ces paroles avaient faites sur le peuple, il trouva la
chose assez importante, et courut avertir les princes. Il ne paraît pas
qu'il se proposât de nuire au prophète, et l'on aurait tort de voir en
lui un délateur; il a voulu servir les intérêts de ses maîtres, et n'a
pas cru pouvoir mieux les servir qu'en leur faisant connaître la parole
de l'Eternel ; il était assez naïf pour croire que les grands et les
chefs des nations désirent d'être éclairés. Si le roi s'est irrité, si
la vie du prophète a été en danger, la faute n'en est pas à lui, mais
aux mauvaises dispositions de Jéhojakim et à son inimitié contre la
vérité.
MICHEL, v. Micaël.
MICHMÉTHA, ville située sur
les frontières d'Ephraïm et
de Manassé, non loin de Sichem, vers l'est-nord-est, Jos. 16, 6. 17,7.
MICMAS, ville des
Benjamites,Esd. 2, 27. Néh. 11,31.
cf. 7, 31., au sud de Mi-gron, dans la direction de Jérusalem, Es. 10,
28., età l'est de Béthaven, I Sam. 13, 5. C'est dans le défilé de ce
nom, situé à l'est de la vallée d'Ajalon, que Jonathan remporta, par la
foi, la victoire sur les Philistins, après avoir jeté l'épouvante dans
leur camp. La position de Micmas était importante sous le pas de vue
militaire, à cause des deux rochers qui fermaient l'entrée du défilé,
cf. Es. 10, 29. 1 Sam. 14, 4. et 1 Macc. 9, 73. Ses environs étaient
extrêmement fertiles. On trouve encore quelqu< et même des
cabanes habitées, placement de l'ancienne Mien faut les chercher plus
loin moins à l'ouest de Jérusalem. j
M1CTAM. v. Psaumes.
MIDDIN, ville du désert de
Juda, Jos. 18,61.
MIEL, substance bien
connue, qui a été de tous
temps, et qui est encore de nos jours, un des principaux régals des
Orientaux, v. Gen. 43, 11.1 Sam. 14, 27. 2 Sam. 17, 29. Ps. 19, 10.
(cf. Siraeh 39, 31.) Cant. 5,1. Prov. 24, 13. Ez. 16.13. Luc 24, 42.
etc. Bochart a consacré vingt-huit pages à l'éclaircissement des
passages bibliques où il est parlé du miel, et son travail doit être
consulté.
Les
païens avaient coutume d'offrir du miel en sacrifice à leurs divinités,
et c'est peut-être pour éloigner toujours plus les Israélites des
usages païens, que Dieu leur avait défendu de le faire sur ses autels;
d'un autre côté, pour les rattacher cependant à la vie paisible de
l'agriculture, il avait maintenu les prémices du miel avec toutes les
autres offrandes en nature, comme devant être offertes aux prêtres pour
servir à leur entretien ; cf. Lév. 2, 11.2 Chr. 31, 5. — Quelques
auteurs pensent que dans plusieurs passages de l'Ancien Testament, et
notamment Gen. 43,11. Ez. 27,17. Jér. 41,8., il ne s'agit pas du miel
d'abeilles, mais d'une espèce de liqueur sucrée, de sirop, qui découle
des dattes lorsqu'elle sont en pleine maturité (les docteurs juifs,
Maïmonide, Josèphe ; Hitler, Celsius, Ged-des, etc.); ils s'appuient
entre autres sur ce que le mot hébreu debash qui signifie miel, a en
arabe le sens de dattes ; d'autres pensent qu'il faut l'entendre d'un
miel de raisins, c'est-à-dire du jus de la vigne, cuit avec ou sans
sucre, jusqu'à épaisseur de sirop (Rosenmuller) ; cette boisson se fait
de nos jours encore en Syrie et en Palestine (Shaw, Russel,
Burck-hardt). Trois quintaux de raisins donnent un quintal de cette
liqueur, nommée encore debs (debash). On l'emploie au lieu de sucre, en
la délayant d'eau ; pour les pauvres elle remplace aussi le beurre, et
pour les malades le vin. Les Grecs et les Romains connaissaient aussi
le miel du raisin, et ils s'en servaient non seulement avec le vin et
le lait, mais aussi pour l'assaisonnement des fruits cuits (Virg.,
Ovid., Plin., etc.). On fait observer encore que le miel était si
commun en Palestine qu'on a pu appeler cette terre un pays découlant de
lait et de miel, Ex. 3, 8.13,5. Deu 32,13. Ps. 81,16. etc., et que par
conséquent un présent de miel ne pouvait pas être quelque chose de bien
rare pour le gouverneur de. l'Egypte, tandis que du miel de raisin
était plus digne de lui êlre offert, et plus capable de le bien
disposer, Gen. 43, 11.
Quoi
qu'il en soit de cette question, les abeilles
abondaient en Palestine, et les forêts pleines de leurs essaims,
étaient chargées de rayons dont les cellules, se fondant à l'ardeur du
soleil, laissaient échapper leur miel qui coulait le long des arbres et
sur les rochers, pur de toute espèce d'alliage, de mélange de cire,
plus délicat et plus recherché que le miel des abeilles de jardin : les
Hébreux l'appelaient yaarah, mot que nos versions ont improprement
traduit par rayon de miel, 1 Sam. 14, 27. Cant. 3, 1.,au lieu de : miel
qui coule, ou de : ce qui distille des rayons de miel; v. aussi Mattn.
3,4. D'après Suidas, Kuhnol, Fritsehe, ce miel de forêts désignerait
une espèce de manne qui découle des feuilles de certains arbres, soit
naturellement, soit par suites des piqûres d'un insecte ; mais cette
opinion ne se justifie que par des analogies éloignées. — Le mot
nopheth employé Ps. 19,10. Prov. 5, 3.24,13.27, 7. Cant. 4,11., a paru
à Harmer désigner le miel de dattes, mais il signifie étymo-logiquement
ce qui distille, et le mot noub qui correspond en arabe à l'hébreu
nouph ou nopheth, signifie encore miel sauvage, ce qui distille des
rayoïu de miel (Forskal, Russel). Hasselquist, Maundrell et Shaw, ont
trouvé dans les plaines émail-lées de Jérico des rayons de miel sauvage
aussi gros et aussi soignés que s'ils eussent été dans des ruches.
Le
beurre et le miel sont nommés dans l'Ecriture parmi les
rafraîchissements les plus délicieux, 2 Sam. 17,29.Cant. 4,11. Job
20,17. Es. 7,15. Dans le passage 1 Sam. 14, 27. cf. 30.,l'effet produit
par le miel sur les yeux de Jonathan, n'est autre chose que les forces
et la clarté d'esprit que retrouve un homme fatigué et affamé lorsqu'il
s'est un peu reposé et qu'il a pris quelque nourriture. Mais comme de
violenls désirs ont de violentes fins, et que la voracité s'engloutit
et se tue elle-même dans sa satisfaction, Sa-lomon a choisi l'exemple
du miel pour recommander à l'homme la sobriété, Prov. 25, 16.
Les
Hébreux appelaient bakbuk le vase destiné à
contenir le miel coulé, 1 Rois 14, 3.: d'après Jér. 19, 1. lu., il
paraît que c'étaient des vases de terre, et nos versions ont
improprement traduit ce mot par bouteille, car il est évident que c'est
de vaisseaux évasés et non de vases à longs cous que les Hébreux
devaient se servir, pour y mettre une liqueur sirupeuse aussi facile à
se candir que le miel.
MIGDAL. \°Migdal-El, ville
de la tribu de Nephthali,
Jos. 19, 38. L'endroit dont parle Eusèbe sous le nom de Mag-diel, tombe
en dehors des limites de cette^tribu, et ne doit ainsi pas être
confondu avec cette ville. — 2° Migdal-Gad, dans les plaines de Juda,
Jos. 15, 37.
MIGDOL, ville d'Egypte
située non loin du golfe
arabique, à la fronlière septentrionale du pays, Ex. 14, 2. Nomb. 33,
7. Jér. 44, 1. 46,”14. Ez. (hébr.) 29. 10. 30. 6. La version
d'Alexandrie, et Hérodote, la nomment Magdol, et dans la langue des
Egyptiens elle s'appelait Meschtôl au dire de Champollion. Elle était
entre Pelusium et Daphné, à environ 4 lieues 1 fè de Pelusium.
MIGRON, ville au
sud-sud-ouest d'Aï, et au nord de
Micmas, Es. 10, 28.1 Sam. 14, 2. D'après Rosenmuller il y aurait eu
aussi un endroit de ce nom près de Guib-hath-Saûl, et c'est de cette
place qu'il serait question dans le dernier passage; il s'appuie sur ce
que Saiil étant à Guib-hath, 13,16., et les Philistins à Micmas, 13,
23., il ne pouvait avoir franchi IST-mée ennemie pour se rendre
au-delà, à Migron ; mais comme le fait observer Winer, c'est une
difficulté qu'une connaissance plus exacte des lieux et des défilés
ferait peut-être disparaître ; il n'est d'ailleurs pas probable que si
près de Migron, se trouvât un endroit du même nom sans désignation
spéciale.
MILET, ville de l'Asie
Mineure, peu éloignée d
Ephèse ; d'abord appelée Le-îégeis elle a pris successivement les noms
de Pityusa, d'Anactoiia et de Milet, et ses ruines portent maintenant
le nom de Palat ou Palatsa : Chandler, dernier éditeur des marbre de
Paros, paraît du moins avoir bien établi l'identité de ces deux
endroits, car à Palat il a trouvé sur le côté du théâtre qui avoisine
la mer, une inscription en gros caractères, grossièrement taillée, dans
laquelle le nom de la ville de Milet est répété sept fois. — Célèbre
par la finesse de ses laines et la beauté de ses étoffes, Milet,
capitale de l'Ionie, avait ouvert quatre ports au commerce, et
possédait un grand nombre de colonies : Thaïes, Anaximandre et Cad-mus
étaient originaires de cette ville, qui possédait encore beaucoup
d'autres citoyens illustres ; mais plus tard des habitudes de luxe et
de volupté corrompirent les mœurs, et avec elles s'évanouit la bonne
réputation de sagesse et d'intelligence qu'avaient longtemps méritée
ses habitants. L'apôtre Paul y passa se rendant de Macédoine à
Jérusalem, et il y eut une conférence avec les pasteurs d'Ephèse, qu'il
avait fait venir ne pouvant se rendre auprès d'eux, Act 20, 13. 17. cf.
aussi 2 Tim. 4,20.
MILLE. 1° Nombre qui se
prend souvent dans
l'Ecriture pour exprimer une quantité considérable, mais indéfinie, Deu
5,10.7, 9.Ps.84,10.105, 8. Apoc. 20, 2. 3. 4. C'est sur ce dernier
passage que repose toute la doctrine du chiliasme ou du rèsne personnel
de notre Sauveur sur la terre pendant mille ans, doctrine que nous ne
pouvons examiner ici, qui a été crue des premiers pères comme elle
l'était des Juifs, qui a été condamnée par l'Eglise à cause des
aberrations de ses sectateurs, et qui, si elle doit être acceptée par
le chrétien fidèle et humble, doit l'être simplement, et sans les
additions et les développements d'une fausse sa-gesse ou d'une riche
imagination, car il y a autant et plus de danger à la défigurer qu'à la
rejeter; dans le premier cas on flatte la chair en matérialisant
l'esprit, dans le second on se prive d'une espérance et d'un privilège.
2”Mille,
Mat o, 41., mesure de distance qui varie beaucoup d'un pays à l'autre ;
les Juifs ne connurent que depuis la domination romaine cette mesure
qui leur fut donnée par les conquérants; le milliare ou milliarium
comptait mille pas géométriques, soit 5,000 pieds, soit plus exactement
encore 1,800 mètres, ou bien un tiers de lieue de 25 au degré; c'est le
mille anglais, ou le tiers du mille géographique. Les talmudistes ont
conservé à cette mesure le nom de mil, mais ils la réduisent à 7 1/2 au
lieu de 8 stades. Les Romains établirent sur les grandes routes de la
Palestine des pierres mil-liaires qui indiquaient les distances des
villes les plus rapprochées ou les plus importantes, v. Villes.
MILLET, plante qui doit
avoir reçu son nom de son
abondante et facile reproduction, parce qu'elle rend beaucoup plus que
toute autre, et qu'un épi peut porter sinon mille grains, au moins un
nombre très considérable (Martin, Lexic. étym.). Il est encore, selon
Niebuhr, très abondant en Egypte et dans l'Arabie Heureuse, où il forme
la nourriture la plus ordinaire des pauvres, mais il est si désagréable
au goût que ce voyageur lui préfère de beaucoup le pain d'orge ; on
l'appelle durra. On a cru le reconnaître dans le dochan d'Ez. 4, 9., et
dans le nisman d'Es. 28, 25. Il est probable, en effet, que par dochan
il faut entendre une espèce de millet (holcus dochna L.) qui atteint
une hauteur de 2 à 3 mètres, et dont les grains, à peu près semblables
au riz, donnent une farine peu délicate; on en fait la moisson au
commencement de novembre. Mais le passage d'Esaïe est moins facile à
comprendre ; quelques auteurs ont voulu lire sésame au lieu de nisman,
et l'on a fait plusieurs hypothèses de ce genre ; d'autres, prenant
nisman pour un nom de plante, l'ont un peu au hasard traduit par
millet, et lisent à la fin du verset : « ne sème-t-il pas dans sa terre
du froment, de l'orge, du millet et de la vesce, chacun en sa place ; »
nos versions sont meilleures, elles regardent nisman comme un adjectif
pris adverbialement, et elles portent « l'orge en son lieu assigné. »
Ce verset rappelle les soins minutieux que les Orientaux donnaient à
l'agriculture; le laboureur met le blé en ligne, l'orge à sa place, et
l'épeautre pour bordure.
MINES. G Bien que les
montagnes de la Palestine
fussent riches en divers métaux, il ne paraît pas que les Hébreux en
aient jamais fait une exploitation régulière, et maintenant encore, on
ne trouve aucune trace de mines, anciennes ou modernes dans ce pays.
Les allusions faites à i'art des mines, Job 28, l.sq., prouvent que cet
art a été connu fort anciennement, mais non qu'il ait été connu, et
encore moins qu'il ait été pratiqué des Hébreux. Il est parlé I Macc,
8, :!. des mines d'or et d'argent qui se trouvaient en Espagne ; elles
étaient célèbres dans l'antiquité et ont fait une partie de la fortune
des Phéniciens, qui en écoulaient les produits par Tyr dans tous les
marchés de l'Asie.
2°
Mine, monnaie grecque-attique, évaluée à cent
drachmes, un peu plus de 80 francs de notre monnaie, Luc 19,13. (dans
le texte). La mine paraît avoir été d abord une mesure de poids, et
c'est comme telle qu'on la trouve mentionnée 1 Macc. 14, 24. cf. 15,
18.; le bouclier d'or dont il s'agit dans ce passage, aurait pesé,
d'après l'évaluation ordinaire de la mine, plus de 880 livres. — Les
Hébreux avaient une mine différente de celle des Grecs, tout à la fois
mesure de poids pour les vases d'or ou d'argent, 1 Rois 10, 17., et
monnaie fictive pour l'appréciation de sommes d'argent considérables,
Esd. 2, 69. Néh. 7, 71.; d'après 2 Chr. 9, 16. cf. 1 Rois 10, 17., elle
pesait 100 sicles; Ezé-chiel, 45,12., parle d'une mine plus petite, du
poids de 60 sicles ou même de 50 seulement, si l'on admet la correction
plus* probable de cet obscur verset « Alors (dans le nouveau royaume
d'Israël) le sicle vaudra 20 oboles, une pièce de S sicles vaudra 5
sicles, une pièce de 10 en vaudra 10, et la mine en vaudra 50 ;
>< c'est-à-dire que les poids et les monnaies une fois
fixés, ne seront pas exposés à perdre de leur valeur par des
altérations ou des dépréciations.
MINNITH, ville située
au-delà du Jourdain dans le pays
des Hammonites, entre Hesbon et Rabbath-Ammon, dans une plaine riche en
fourrages et en blés, Jug. 11, 33. Ez. 27,17. Saint Jérôme l'appelle
Mannith, et Eusèbe Maanilh.
MIRAGE, phénomène des
sables du désert, apparences
trompeuses produites par l'évaporation forte et continue qui s'élève de
la terre au matin, dans les pays chauds ou la rosée est plus abondante
que chez nous ; son nom hébreu est sharab qui emporte une idée de
chaleur; il en est parlé Es 35, 7., et l'on peut croire que Jér. 15,
18. y fait allusion, quoiqu'il soit possible aussi que le prophète ait
en vue ces sources éphémères que le voyageur trouve sur sa route, mais
qui ne tardent pas à sécher ou à disparaître sous des collines de
sable, et qu'on ne peut plus retrouver quand on les cherche de nouveau.
Voici comment en parlent MM. Keith, etc. (Les Juifs d'Eur. et de Pal.,
p. 35) : « Nous vîmes dansl'éloignement le phénomène bien connu du
mirage auquel le prophète Esaïe fait probablement allusion, etc Nous
vîmes d'abord ce qui nous semblait une rivière coulant paisiblement, et
réfléchissant sur sa surface unie des arbres qui croissaient sur ses
bords, tandis que quelque objet plus éloigné faisait l'effet d'une
belle maison entourée d'arbres. Puis cette vue se transforma en
châteaux entourés de palmiers, sur le bord d'un beau lac qui s'étendait
de notre côté. Ce changement continuel d'aspect, ainsi que la vapeur
répandue dans l'atmosphère, sert à faire reconnaître l'illusion du
mirage. »
MIROIRS. Les miroirs de
verre ne sont connus que
depuis le treizième siècle; jusqu'à cette époque, les anciens ne se
servaient, comme font maintenant encore presque tous les peuples de
l'Orient, que de miroirs de métal poli, de cuivre, d'é-tain, d'argent
ou d'un alliage d'étain avec l'un de ces deux autres métaux ; l'usage
en était si commun déjà du temps de Pline, que les domestiques même
avaient souvent des miroirs d'argent. Cet objet de luxe et de propreté
était une invention des Sidoniens. Les Hébreux le connaissaient, Job
37,18., et il ressort de Ex. 38, 8., qu'il n'était pas rare du tout, et
que les femmes hébreues en possédaient un fort grand nombre; c'étaient
peut-être des miroirs portatifs retenus à la ceinture par des agrafes,
ou fixés sur les bagues en guise de chaton. Ces petits miroirs avaient
leur rôle dans quelques cérémonies païennes, et les femmes, en les
présentant à leurs déesses, semblaient leur rendre hommage et se mettre
dans leur dépendance ; on a voulu voir dans le passage cité de l'Exode
une allusion à cette coutume, mais on ne l'a ni prouvé, ni même rendu
probable (Gesenius). Une autre espèce de petits miroirs est nommée, Es.
3, 23., parmi les objets de luxe que le Seigneur détruira dans Juda en
punition des péchés du peuple; v. encore Jacq. 1, 23. 1 Cor. 13, 12.
L'idée de miroirs se retrouve aussi 2 Cor. 3, 18., qui serait mieux
traduit peut-être : « Nous tous qui faisons rayonner (comme en un
¦miroir) la gloire du Seigneur, » etc.
On
comprend que, pour pouvoir être, non seulement
portés, mais achetés facilement, des miroirs de métal devaient être
très petits ; leur forme était ordinairement ronde ou ovale. Cependant
il paraît qu'avec le temps, on attacha beaucoup d'importance à ces
objets de luxe, et Sénèque se plaint d'avoir vu des miroirs aussi
grands que le corps humain. La dot offerte par le sénat aux filles de.
Scipion n'aurait pas suffi, dit-il, à acheter un miroir à la fdle d'un
affranchi de son temps. — Il y avait, chez les païens, une divination
par le miroir, dont nous n'avons pas à nous occuper ici. v. Pausan. 7,
21.; d'Herbelot, Bibl. Orient., p. 392.
MISAEL. 1° Misaël et
Eltsaphan, fils de Huziel,
dernier fils de Kéhath, étaient ainsi cousins de Moïse et d'Aaron. Ils
furent chargés de conduire le deuil de Nadab et d'Ahibu, frappés par la
vengeance divine pour avoir profané le sanctuaire, et ils remplacèrent,
dans cette triste cérémonie, Aaron et ses fils, qui auraient dû
naturellement y présider, mais dont la présence, dans ce cas
particulier, eût eu l'air de regrets, et presque d'une protestation
contre le jugement de Dieu, Ex. 6, 22. Lév. lu, 4. Nomb. 3, 30. — 2° ?.
Mésac.
MISÉAL, ville lévitique de
la tribu d'Aser, Jos. 19,
26. 21, 30.; d'après Eusèbe, elle était sur les côtes de la
Méditerranée, non loin du Carmel: c'est probablement la même que Masal,
1 Chr.6,74.
MITHKA, un des campements
des Israélites dans le
désert, entre Térah et Hasmonah, Nomb. 33, 28.; du reste, inconnu.
MITHRÉDAT. ?. Bislam.
MITSPA, nom de ville, qui
signifie un signal, une
tour d'observation, un lieu élevé, du haut duquel on surveille toute la
contrée; plusieurs de ces villes portent ce nom. — 1° Jug. 11, 11. 34.,
la résidence de Jephthé, au-delà du Jourdain, différente probablement
de Mitspé de Galaad, v. 29. — 2° Mitspa, appelée aussi Mitspé, Jos. 18,
26., la frontière militaire de Juda contre Ephraïm, située en Benjamin
: c'était presque le pas central des tribus d'Israël. C'est là que les
Israélites se rassemblèrent vers l'Eternel pour punir Benjamin, Jug.
20, 1.21, 1. Elle acquit sous Samuel une certaine importance : Samuel y
juge et y sacrifie ; il en fait un lieu de prières, 1 Sam. 7, 5-17. cf.
1 Macc. 3, 46. Israël, à sa voix, y abandonne ses idoles et devient
vainqueur des Philistins ; Saiil y est désigné roi par le sort, 1 Sam.
10. Plus tard, le roi de Juda, Asa, la fortifie et en fait le boulevard
de ses états du côté d'Ephraïm, 1 Rois 15, 22. 2 Chr. 16, 6. Après la
destruction de Jérusalem, le gouverneur Guédalia. établi par
Nécabudnetsar sur la Judée, y fixe sa résidence, Jér. 40, 6. 41, 1 4. 2
Rois 25, 22-25. Au retour de l'exil, quelques Juifs s'y établirent de
nouveau, Néh. 3, 7. 19.
MITSPÉ. 1”Ville des
plaines de Juda, Jos. 15, 38. —2°
Ville de Moab, 1 Sam. 22, 3. — 3° Vallée du Liban, Jos. 11,8.
— 4° et 5° v. Mitspa,
et Ramoth.
MITYLÈNE, ville maritime de
l'île de Lesbos, avec deux
ports, plusieurs canaux, et des ponts de marbre blanc. C'était un
séjour agréable et distingué par l'étude des lettres; Alcée, Eschine et
Sapho y naquirent. Saint Paul y passa, se rendant d'Assos à Samos, Act
20, 14.
MNASON, Cyprien de nation,
établi à Jérusalem, donna
l'hospitalité à Paul, à Luc et à leurs compagnons de voyagé, soit qu'il
ait fait le voyage de Césarée à Jérusalem avec l'apôtre, soit, comme on
peut le traduire aussi, que les disciples aient conduit Paul chez lui.
Son titre d'ancien disciple semble indiquer qu'il avait été converti
déjà pendant la vie du Seigneur.
MOAB, Moabites. Moab
était le fils de Lot et de sa
fille aînée, Gen. 19, 37. Ses descendants, riches en troupeaux,
occupèrent les contrées situées à l'orient de la mer Morte et du
Jourdain, après qu'ils en eurent chassé la race géante des Emims, Deu
2, 10. Le nom de campagnes de Moab était plus spécialement affecté aux
plaines qui se trouvaient en face de Jérico, Nomb. 22, I. Deu 34, 1. 8.
Jos. 13, 32. L'Arnon, qui se. jette dans le Jourdain, les séparait de
Gad et de Ruben. Les Moabites avaient aussi possédé d'abord la partie
comprise entre l'Arnon et le Jabbok; mais ils en avaient été dépossédés
par les Amorrhéens qui, à leur tour, durent se retirer devant Moïse, et
céder leurs montagnes et leurs pacages aux troupeaux des Rubénites et
desGadites, Jos. 13, ISomb. 21, 13. 26. Jug. 11,18. Pendant le voyage
du désert, les Israélites respectèrent le territoire et les frontières
de Moab, Deu 2, 9. Jug. 11, 15. 18. 2 Chr. 20, 10.; ils le devaient,
mais ils allèrent plus loin qu'ils ne devaient, et se souillèrent aux
fêtes de ces impurs idolâtres. Nomb. 25, 1. Sous les juges, les
Moabites s'étaient rendu tributaires les Israélites, au moins la partie
méridionale du pays et les tribus transjourdaines ; mais, au bout de
quelque temps, ils furent vaincus à leur tour, et soumis par Ehud, Jug.
3, 12. 30. Le livre de Ruth semble indiquer une époque d'alliance, ou,
tout au moins, de relations amicales entre les deux pays. Puis, sous
Saiil, les hostilités recommencèrent, et David imposa aux Moabites un
tribut en menu bétail (1 Sam. 14, 47. 2 Sam. 8,
2. 2 Rois 3, 4.), qu'ils payèrent dans la
suite
aux rois d'Israël, jusqu'au jour où ils trouvèrent le moyen de s'en
affranchir, après la mort d'Achab, 1Rois, 1,1.
3. 4. sq. cf. Es. 16, 2. Le roi Joram leur
fit
la guerre pour les soumettre de nouveau : mais, quoiqu'il envahît leur
pays après les avoir vaincus, on ne trouve plus aucune mention d'un
tribut qu'ils auraient payé, 2 Rois 3, 4. 2 Chr. 20, 1. ; il paraît
qu'ils se relevèrent sous Joas, mais que Jéroboam II les soumit de
nouveau, 2 Rois 13, 20. 14, 28. Am. 6, 14. Après que les tribus
transjourdaines eurent été emmenées en captivité par les Assyriens, les
Moabites s'emparèrent peut-être de toute la contrée qu'elles avaient
occupée, peut-être aussi furent-elles bientôt refoulées au-delà de
l'Arnon par l'invasion de Tiglath-Pilézer, qui eut lieu peu de temps
après, 1 Chr. 5, 26. C'est peut-être à cette époque que se rapporte
l'oracle d'Esaïe (18 et 16), ainsi que celui de Jér. 48. Les Moabites,
soumis par l'armée caldéenne, et rendus tributaires de Nébucadnetsar,
conservèrent cependant leurs propres chefs, et mirent bientôt au
service du conquérant des troupes auxiliaires qui agirent de concert
avec lui contre Juda, 2 Rois 24, 2.; puis, lorsque l'armée caldéenne
eut quitté la Palestine, les princes moabites, avec les chefs de
quelques états voisins, cherchèrent à détourner Sédécias de la fidélité
qu'il avait promise, comme vassal, à Nébucadnetsar, Jér. 27, 3. On ne
connaît pas le résultat de cette démarche; mais on sait qu'après la
ruine de Juda, sous son dernier roi, les Moabites firent éclater, sur
les malheurs de ce royaume, une joie maligne que les prophètes leur
reprochent amèrement, Soph. 2, 8. Ez. 25, 8., ce qui n'a pourtant pas
empêché quelques Juifs, fuyant la guerre des Caldéens, de trouver un
asile parmi eux, comme on le voit Jér. 40, 11. L'historien Josèphe
(Ant. Jud. 10, 9, 7.) rapporte que, cinq ans après la destruction de
Jérusalem, Nébucadnetsar fitla guerre aux Moabites, et qu'il les
subjugua. Cependant la date de cette expédition n'est pas très sûre; il
paraîtrait même qu'elle doit être placée encore onze ans plus tard,
après la prise de Tyr, qui eut lieu seize ans après celle de Jérusalem.
Quand les Juifs furent rentrés dans leur pays, au retour de la
captivité, le pays de Moab était habité comme auparavant, mais la
population était mé-langée; on voit même, Esd. 9, I. Néh. 13, 23., que
beaucoup de Juifs avaient épousé des femmes moabites et hammo-nites.
Dès lors, le nom de Moab se perd ; il n'en est plus guère fait mention
que Dan. M, 41., et Jos. Ant. 13, 14, 2. 15. et 4. Guer. des Juifs 3,
3, 3., et il se confond probablement sous le nom plus général d'Arabes.
Le
nom des Moabites apparaît souvent dans les
oracles des prophètes, niais il est toujours accompagné de menaces et
de malédictions qui se rattachent aux rapports politiques et religieux
de Moab et d'Israël depuis les jours de Balaam, Es. 11,14.1 S, 16, 25.
10. Jér. 48, Am. 2, 1. Soph. 2, 8. cf. Ps. 60, 8. 83, 6., etc.
Le
pays de Moab, une partie du Kérek de nos jours, était en général
montagneux, mais coupé de riches vallées et de plateaux fertiles,
arrosé par les eaux de l'Arnon, du Séred, et du torrent du désert, Am.
6, 14. Es. 15, 7. (mal traduit dans ce dernier passage ?a vallée des
Arabes) : le blé, la vigne et les arbres fruitiers y étaient cultivés
avec avantage, et le bétail y prospérait, Ruth 1,1.2 Rois 3, 4. Es”16,
8.
La
capitale du pays était Har-Moab, ou
Rabbath-Moab, (Aréopolis) située près del'Arnon,à6 lieues est de la mer
Morte, et à 12 lieues sud-est de Calirrhoé : on remarquait encore la
forteresse de Kir-Moab, et dans la partie méridionale du pays Tsohar et
Luhith, Es. 15, 5.
Nous
avons peu de données sur la constitution
politique et religieuse des Moabiles ; ils paraissent avoir été régis
monarchiquement, Nomb. 22, 4. Jug. 3, 12. 1 Sam . 22, 3. Jér. 27, 3.,
et avoir conservé leurs rois (vassaux) même sous la domination des
Israélites, 2 Rois 3, 4.; mais à côté de ces rois se trouvaient, comme
chez les nations voisines, les chefs de famille, anciens et seigneurs,
espèce d'aristocratie dont les prérogatives modéraient ce qu'il y avait
de trop absolu dans l'exercice de la royauté, Nomb. 22, 8. 1 i. 23, 6.
La religion de Moab était un culte (voluptueux) de la nature, Nomb. 25,
1., de Rahal-Péhor, et de Kémos, Nomb. 21, 29. 25, 3.; des sacrifices
humains sont aussi mentionnés 2 Rois 3, 27.
MOINEAU.
Ce désagréable petit oiseau, mi-domestique, mi-sauvage, au nom duquel
Buffon donne la même éty-mologie qu'au nom de moine, à cause de son
caractère solitaire, et de son isolement habituel, est compris en grec
sous le nom général de st?a?d??, puis désigné plus spécialement sous
celui de t??-/).?tt,? : le premier seul apparaît dans l'Ecriture, Mat
10, 29. Luc 12, 6., mais peut signifier aussi l'hirondelle, cf. Tobie
2, 9.; il correspond à l'hébreu tsippor, qui s'applique aux oiseaux
purs dont la chair n'était pas défendue par la loi, et peut désigner
aussi quelquefois le passereau, le moineau ou l'hirondelle, quoiqu'il y
ait pour ce dernier oiseau un nom particulier. On peut conclure des
deux passages du Nouveau Testament cités plus haut, que la chair du
moineau, qui est très abondante en Orient, servait parfois de
nourriture aux pauvres gens.
MOIS. Les mois des
Israélites étaient lunaires, et
le nom même de mois était chez eux, comme dans plusieurs langues
modernes, le même que celui de lune; on sait qu'en allemand les deux
mots ont beaucoup de rapports, monat et mond, peut-être en anglais de
même, moon et month. Le mois commençait avec la nouvelle lune, et toute
l'organisation des fêtes mosaïques est basée sur une année lunaire.
Pour marcher avec la lune, les mois durent être d'abord alternativement
de 30 et de 29 jours ; on appela les premiers pleins, et les
seconds vides : plus tard encore on s'aperçut qu'outre les 29 jours et
12 heures il y avait un surplus d'environ 3/4 d'heure, tellement qu'au
bout de 32 lunaisons on se trouverait en retard d'un jour ; on ajouta
donc ce jour à chaque troisième année qui compta ainsi 355 jours au
lieu de 334, et qui fut appelée abondante ; mais comme cette quantité
était un peu trop forte, on dut retrancher de temps en temps un jour à
l'année qui ne lut ainsi que de 353 jours, et fut nommée déficiente
(Heidegger).
Les
Hébreux ne distinguèrent d'abord les mois que
par leur rang dans l'année, le premier, le second, etc., v. Gen. 7, H.
8, 3. 4. 2 Rois 25, 27. Jér. 32, 31. Ez. 29, 1. On trouve cependant
quelques mois désignés par leurs caractères : ainsi celui A'abib ou des
épis, Ex. 13, 4. 23,
15.
Deu 16,1.; c'est celui dans lequel tombait la Pàque, et qui fut plus
tard le nisan ; le zif, ziv, ou mois de la floraison, 1 Rois 6, 1. 37.;
le but, qui signifie peut-être le mois des pluies, 1 Rois 6, 38.; et
Véthanim, ou mois des gros torrents, 1 Rois 8, 2. C'est surtout à
l'époque de David et de Salomon que prirent naissance ces noms
appellatifs ; nous ne connaissons que ces quatre appartenant à cette
époque. Après le retour de la captivité les Juifs adoptèrent les noms
en usage parmi les peuples chez lesquels ils avaient été esclaves, noms
qui sont évidemment d'origine caldéenne, à l'exception de adar qui est
syrien, 2 Macc. 15, 37. : ainsi on lit chez les auteurs postérieurs les
noms de nisan, sivan, kisleu, tebeth, sebat, et elul, Est.
3,7.2,16.8,9. Zach.1,7.7,1.INéh. 6,15.; mais l'usage si naturel de
désigner les mois par leur rang dans l'année ne fut pas abandonné
entièrement, comme on peut le voir Agg. 1, 1. 2, 1. Néh. 8, 2. Dan. 10,
4. Esd. 3, 1. Est. 9, 1., etc. Les Quakers ont conservé ou adopté le
même usage.
MOÏSE, chef et
législateur des Juifs, descendant de
Lévi, fils d'Hamram et de Jokébed, Ex. 6, 20. 2, 1. sq., naquit en
Egypte pendant les jours de l'esclavage (1571 av. C.) ; il était
divinement beau, dit l'apôtre, Hébr. Il, 23. Il fut adopté par une
princesse égyptienne, qui lui donna, en souvenir de sa naissance et de
sa délivrance, le nom qu'il a toujours porté depuis (en égyptien ma
signifie l'eau, et ysès ou oudsché sauvé, d'après Jablonsky ; ou bien
selon Renaudot, moou signifie l'eau, et si tiré). L'Histoire sainte se
tait presque entièrement sur les quarante premières années de sa vie;
elle raconte seulement qu'il fut instruit dans toute la science des
Egyptiens, et le Pentateuque qu'il a écrit porte partout l'empreinte
des profondes connaissances qu'il avait acquises; Moïse y apparaît
comme un homme versé dans toutes les spécialités. Entouré de pompes et
d'espérances, avec la perspective peut-être de monter sur le trône des
Pharaons, il préféra le ciel à la terre, et l'opprobre de Christ à la
gloire de ce monde : il quitta la cour et voulut devenir semblable à
ses frères qui gémis-
saient
sous l'ignominie et l'oppression ; il voulut les secourir, tua un
Egyptien, essaya d'intervenir comme médiateur entre deux Hébreux, et
comprit par la réponse qu'il reçut de l'un d'eux, que l'heure de la
délivrance n'était pas encore arrivée. Menacé de mort, il s'enfuit en
Ma-dian, et, allié d'un prince berger, il acheva de mûrir pendant
quarante années de solitude, en gardant les troupeaux de son beau-père,
les projets qu'il avait formés en faveur de son peuple ; l'indépendance
de sa nation pouvait être différée, mais elle ne pouvait être perdue
pour toujours; on peut croire aussi que vieillissant et
s'affaiblissant, il en vint à ne plus former que de simples vœux,
renonçant pour lui-même à l'honneur qu'il avait rêvé plus jeune,
d'affranchir son peuple de tant de misères. Une \ision miraculeuse,
accompagnée de grands prodiges et de paroles sublimes, vient dans sa
quatre-vingtième année l'arracher aux travaux paisibles dont il avait
pris l'habitude, et faire d'un conducteur de brebis uiî conducteur
d'hommes vivants. Faible, craintif, irrésolu, se défiant de lui-même,
et s'expri-mant avec peine, Moïse avait besoin de miracles pour se
décider, et il les obtint : la puissance de Dieu se manifesta dans son
infirmité, et le futur législateur, accompagné de son frère le futur
pontife d'Israël, part et vient sans mystère déclarer au monarque
polythéiste les desseins du seul vrai Dieu. Celui qui est. Les efforts
réunis des deux frères, leurs menaces, leur parole accomplie, dix
plaies qui frappent successivement l'Egypte en épargnant les Hébreux,
ouvrent à ceux-ci le chemin de la liberté, Ex. 6-14. Moïse conduit au
désert ce peuple d'esclaves, leur fait passer de pied sec la mer Rouge,
leur donne la loi en Sinaï, les organise en nation, règle leur culte et
leurs institutions religieuses et politiques, ne les entretient que de
miracles, ne voit chez eux que murmures et incrédulité, révoltes et
idolâtrie, Ex. 11-40, Nomb. 10-13. Désespérant enfin d'un peuple auquel
il a tout donné, excepté le cœur et l'amour des grandes choses, il sème
et perd au désert ces hommes qui préfèrent des oignons à la liberté,
laisse éteindre cette lâche génération d'esclaves, forme aux combats et
à la prière des hommes nouveaux et libres, leur promet à eux seuls et à
leurs efforts la possession de la terre sainte, abîme les peuplades
cananéennes situées en dehors des limites de la Palestine, et donne
leur territoire à quelques tribus plus impatientes; puis, à l'âge de
cent vingt ans, il dépose son autorité entre les mains du fidèle Josué,
et meurt ou s'endort sur la montagne du haut de laquelle sa vue encore
bonne a pu contempler la terre après laquelle il avait longtemps
soupiré, dont un mouvement d'in-crédulité l'a banni lui-même, et où il
n'est entré enfin que deux mille ans plus tard, lorsque Jésus le reçoit
sur le mont ïabor, Matin. 17, 3.
La
vie de Moïse embrasse les quatre derniers livres
du Pentateuque, et c'est lui-même qui l'a écrite. Elle est trop connue
pour qu'il soit nécessaire de la raconter ici en détail, et se rattache
d'ailleurs à une quantité de noms et de faits qui tous ont leurs
articles spéciaux, ?. Aaron, Balaam, Manne, Coré, Loi. Mer Rouge, etc.,
etc. Nous nous bornerons donc à éclaircir les points obscurs de son
histoire qui ne touchent qu'à lui seul, sans entrer dans l'examen de
questions qui sont résolues ailleurs.
1°
On ne peut ni prouver ni commenter les miracles, et l'histoire de Moïse
en est pleine : la foi seule les admet, l'incrédulité les rejette ou
cherche à les expliquer d'une manièie naturelle. Quoiqu'il faille en
général se méfier des explications, il faut cependant éviter aussi de
tomber dans l'excès contraire, qui cherche à multiplier inutilement une
intervention du Très-Haut dans les événements de la nature, lorsque
rien dans l'Ecriture ne justifie l'idée d'un miracle proprement dit.
C'est ainsi qu'on a voulu voir un miracle dans la délivrance du jeune
Moïse sauvé des eaux par une princesse d'Egypte; â ce compte-là, toutes
les préservations providentielles seraient des miracles, et si l'on
veut en effet donner ce nom à toutes les dispensations divines, à la
bonne heure; mais on doit se rappeler des faits tout semblables dans
les histoires de Sémiramis, de Cyrus, de Romulus, et d'autres
personnages historiques arrachés à la mort contre toute probabilité
humaine, mais par des moyens et des secours tout humains : c'étaient
des cas, si l'on veut, extraordinaires et inattendus, mais nullement
miraculeux. La défaite des Amalécites appartient à la même classe
d'événements ; ce fut une prière exaucée, mais la victoire d'armes
terrestres. 11 y a dans la vie de Moïse un second ordre de faits, c'est
celui de miracles réels produits par des causes naturelles; ainsi, le
passage de la mer Rouge, cf. Ex. 14, 21.; ainsi, peut-être,
quelques-unes des plaies de l'Egypte, le génie de Betsaléel et
d'A-holiab, les cailles du désert et les maux qui s'y rattachèrent, la
plaie de Sittim, etc. Enfin, l'on doit ranger dans une troisième classe
la vision du buisson ardent, les pouvoirs donnés à iioïse, la plupart
des plaies, la manne, la nuée du tabernacle, l'eau du rocher,
l'entretien des vêtements pendant quarante ans, la mort soudaine de
Nadab et d'Abihu, celle de Coré et de ses complices, le serpent
d'airain, etc. Ces distinctions sont permises, mais elles ne sont
justes qu'au pas de vue humain; elles sont claires lorsqu'on définit le
miracle une perturbation momentanée des lois ordinaires de la nature ;
elles sont inutiles quand on admet l'intervention constante de Dieu
dans tous les phénomènes, ordinaires et extraordinaires, du monde
physique, et qu'on se rappelle que pas un cheveu ne tombe en terre sans
la permission de celui qui dirige les mondes dans leur cours.
2°
On s'est étonné que Jobéked ait pu garder son fils pendant trois mois
sans que rien l'ait trahie ; que la princesse ait pu élever le jeune
Hébreu à la cour de celui qui avait porté l'édit de destruction ; et
enfin que Moïse, malgré ses relations avec la cour, soit représenté
plus tard comme y étant complètement inconnu et étranger. Mais la
première observation montre bien peu de connaissance du cœur d'une
mère, de ce cœur habile à tromper tous les ennemis, à déjouer toutes
les ruses, à écarter tous les dangers; l'on sait d'ailleurs, par des
faits qui se reproduisent continuellement de nos jours encore, et sous
nos yeux, qu'il n'est pas de lois, si sévères qu'elles soient, et
souvent même en proportion de leur sévérité, auxquelles bon nombre
d'individus ne réussissent à se soustraire. La seconde observation
prouverait également peu d'intelligence des rapports d'una tille avec
son père; il n'est pas de loi qui n'ait ses exceptions naturelles, et
la prière d'une fille, dans un cas surtout qui semblait présenter si
peu d'importance politique, a dû décider sans peine le monarque absolu
de l'Egypte. On pourrait ajouter aussi que Pharaon étant sans enfants
mâles, et sa fille étant sans enfants, l'adoption du jeune Moïse aura
été facilitée par cette circonstance, et qu'elle aura pu sourire au
vieux roi. D'anciens interprètes ont, en effet, compris Ex. 2, 10.,
comme si Moïse avait été destiné au trône de l'Egypte, et, si cette
opinion a été abandonnée, elle n'est cependant pas absolument sans
vraisemblance. Quant à l'objection tirée de ce que Moïse, reparaissant
à la cour, semble ne pas y être reconnu, elle rçe repose que sur le
silence de l'Ecriture à cet égard, et non sur un texte quelconque. Rien
ne dit que Moïse fut oublié ; comme aussi, à cause des rapports
nouveaux de Moïse avec Dieu, rien ne nécessitait la mention de ses
anciennes relations avec la cour : rappelons d'ailleurs qu'entre la
fuite de Moïse en Madian et sa réapparition en Egypte, quarante ans
s'étaient écoulés, et que le souvenir d'un homme avait pu s'effacer
dans cet intervalle, plusieurs rois s'étant peut-être succédé sur le
trône, et tout le personnel de la cour ayant pu être changé.
3°
11 est digne de remarque que Moïse ayantentrepris ladélivrance
desHébreux, àlaquelle il étaitcependant destiné, échoua dans sa
première tentative. C'est que son heure n'était pas encore venue; c'est
aussi que, lorsque Dieu veut que l'homme accomplisse une œuvre, il ne
suffit pas que l'homme l'entreprenne, il faut qu'il l'entreprenne au
nom de Dieu, avec son secours, avec le Saint-Esprit pour guide, pour
mobile, pour conseil et pour aide, non pas de lui-même et par lui-même,
mais par celui qui l'a envoyé. Dieu, en se servant des homme pour
l'accomplissement de ses desseins, veut toujours manifester sa force
dans notre infirmité, et le jeune, le puissant, le savant Moïse a
échoué, quand le vieillard affaibli, sans enthousiasme, sans courage,
sans élan, sans forces, a réussi. L'Ecriture nous présente un grand
nombre d'exemples de ce genre, et toutes les entreprises chrétiennes,
individuelles ou générales, feront l'expérience de leur faiblesse, même
dans le bien, quand elles voudront travailler en dehors des
inspirations divines, de leur force, même dans l'infirmité, quand elles
iront en avant par la foi.
4”L'enlèvement
des vases d'or et d'argent que les Israélites empruntèrent aux
Egyptiens, et qu'ils ne leur rendirent pas, Ex. 3, 22. 11,2. 12, 33.
36., a servi de thème aux déclamations de bien des incrédules. C'est un
vol, ni plus, ni moins, dès qu'on veut faire abstraction de tout ce qui
l'a accompagné ; ce n'en est plus un dès qu'on se rappelle (11, 2.) que
les Hébreux empruntèrent de bonne foi et avec l'intention de rendre, et
que les circonstances, la guerre étant survenue, ne le leur ont plus
permis ; chez les anciens, une déclaration de guerre faisait considérer
comme butin tout ce que l'on possédait appartenant à l'ennemi. Ce n'est
plus un vol quand on se rappelle que les Israélites abandonnaient,
entre les mains des Egyptiens, les cultures de Goscen, et beaucoup
d'autres propriétés dont la valeur était de beaucoup supé-rieure à
celle des vases qu'ils emportaient. Ce n'était plus un vol enfin, parce
que cet enlèvement avait lieu sur l'ordre de celui à qui toutes choses
appartiennent; de celui qui, après avoir prêté des richesses aux
Egyptiens, jugeait à propos de les répartir autrement, de les don-ner à
son peuple élu, de les faire passer en d'autres mains, afin que, plus
tard encore, elles servissent à l'ornement de sa demeure. Les
commandements que Dieu a donnés ne le lient pas lui-même : il peut
commander à Abraham le meurtre de son fils; aux Hébreux,
l'extermination des Cananéens ; à Osée, la fréquentation d'une femme de
mauvaise vie.—?. Grand-pierre, Essais sur le Pentateuque.
5°
La durée du séjour des Hébreux en Egypte
a-t-elle é é de 430 années, comme il est dit Ex. 12, 40., ou bien ces
430 années doivent-elles être comptées depuis la promesse qui fut faite
à Abraham, Gai. 3, 17.? Dans ce dernier cas, le séjour de l'Egypte
n'aurait duré que 215 ans. C'est une question qu'il n'est pas possible
de résoudre. A moins d'admettre une contradiction entre les historiens
sacrés, il faut admettre une altération dans les chiffres qui nous ont
été laissés. — v. Sardinoux, Comm. sur Gai. 3,17.
6°
Le nombre des hommes de guerre à la sortie
d'Egypte étant de 600,000, Ex. 12, 37., suppose une population totale
d'au moins un million et demi de personnes de tout âge, chiffre
imposant quand on se rappelle que c'était la postérité du seul Jacob,
venu auprès de Pharaon avec ses soixante-dix enfants et petits enfants,
mais dont l'exagération diminue et s'explique facilement, ainsi qu'on
le verra à l'art. Nombres.
7°
La grande émigration du peuple juif a été connue
des Grecs, et mentionnée par leurs historiens, ainsi que par les
historiens latins(Tacit. Hist. 3, 3. Justin 36, 2. Diod. de Sic. 40, 1.
34, 1.); mais ils la racontent, d'après des données égyptiennes, comme
une expulsion des Hébreux par les Egyptiens, nécessitée par une maladie
épidémique, peste ou lèpre, qui aurait régné dans les rangs des
Israélites, et menacé la santé publique. v. Lèpre. D'après Lysimaque,
le roi Boc-choris aurait fait noyer les malades, et chassé les autres
dans le désert. Les plaies envoyées sur les Egyptiens (Ex. 9) peuvent
avoir donné naissance à cette tradition malveillante, et l'on comprend
que le peuple païen ait saisi avec empressement un moyen de dénaturer
la vérité, et de rendre suspects les esclaves qui avaient secoué leur
joug. Ce ne serait pas, dans l'histoire, le dernier exemple de ce genre.
8°
On a essayé de comparer, à la disparition subite de Romulus, la mort de
Moïse sur le mont Nébo; on a voulu la rapprocher aussi de l'enlèvement
d'Enoch et de celui d'EIie. Le choix de ces deux derniers exemples
aurait, en tout cas, plus de valeur que le premier ; mais tout ce qu'on
a voulu voir de merveilleux dans la mort de Moïse, on a été obligé de
l'y mettre. Le texte biblique nous dit clairement et simplement : «
Moïse mourut là, selon le commandement de l'Eternel, et il l'ensevelit
dans la vallée, » Deu 34, o. 6. Ce qui peut donner lieu à discussion,
ce n'est donc pas le fait de sa mort, mais ce qui est dit, Jud. 9., de
la dispute du démon avec l'archange Michel, au sujet de son corps, ?.
ce qui a été dit à l'art. Michel.
9°
Moïse, d'après la chronologie ordinaire, à vécu
de 1571-1450 av. C, et nous nous contentons de cette date, faute d'une
base chronologique plus sûre ; d'autres placent sa naissance à l'an
1726, d'autres en 1948. La détermination des dynasties égyptiennes dont
le législateur des Hébreux a été contemporain, serait d'un grand
secours pour la fixation des dates, si celte détermination même était
possible, mais à cet égard aucun fait n'est acquis à la science : les
uns placent la fuite des Hébreux sous le neuvième roi de la 18e
dynastie, celle des Pharaons, dans la 16e ou 17e année de ce roi ;
d'autres la mettent au commencement de la 19e dynastie ; d'autres
enfin, mais c'est évidemment erroné, à l'époque de la 24e dynastie, qui
doit avoir été contemporaine de Pékali, roi d'Israël.
10°
On suppose que Moïse a employé les loisirs des
quarante années qu'il passa en Madian, à la composition de la Genèse,
et probablement du livre de Job ; il a écrit les quatre autres livres
qui portent son nom, pendant le voyage des Hébreux dans le désert, à
l'exception du dernier chapitre du Deutéronome, que l'on attribue à
Esdras, ou plus probablement encore à Josué son successeur, v.
Pentateuque. On croit aussi que c'est lui qui a composé le psaume 90.
v. Psaumes.
11°
Le nom de Moïse, le plus grand homme qui ait jamais existé, le chef de
l'ancienne alliance, reparaît constamment dans les Ecritures ; tout
repose sur lui dans l'Ancien Testament, tout achève son œuvre dans le
Nouveau. Josué le rappelle à chaque page ; les Juges, les Rois et les
Prophètes, se réclament de son nom et de son autorité en rendant
témoignage à la gloire et à la grandeur de sa mission : v. Jos. 1, 1.
3, 7. 8, 3-1. A, 24. etc. 1 Sam. 12, 6. 1 Rois 8, 53. Néh. 9, 14. Ps.
77, 20. 103,7. 105,26.106,16. etc. Es. 63. 11. 12. Jér. 15,1. Dan. 9,
11. Midi. 6, 4. Mal. 4, 4. — Dans le Nouveau Testament plusieurs de ses
prophéties sont rappelées, Jean 1, 43. Act 3,22.7, 37. Rom. 10, 19.:
son nom sert à désigner non seulement ses ouvrages, mais tous ceux qui
furent écrits dans l'esprit de son économie, Mat 8, 4. Marc 1, 44.
Luc2, 22. 20,28.24, 27. Act 6, 11.13,39.15, I. Rom. 5, 14. 1 Cor. 9, 9.
10, 2. Hébr. 3, 2. 7,14. et ailleurs. Il serait trop long de citer tous
ces passages ; notons au moins encore quelques expressions
particulières, telles que celle de disciples de Moïse, opposée à celle
de disciples de Christ, Jean 9, 28.; celle de chaire de Moïse,
désignant la fonction de l'enseignement mosaïque, Mat 23, 2.; celle de
cantique de Moïse, comme symbole des chants de triomphe des rachetés à
leur entrée dans la gloire, Apoc. 15, 3. L'Epître aux Hébreux est une
comparaison suivie des deux économies et de leurs chefs; d'autres
comparaisons de détail se lisent Jean 6, 32. 1 Cor. 10, 2. 2 Cor. 3, 7.
etc. v. enfin Jud. 9.
MOISSON. C'est
ordinairement vers le milieu d'avril,
ou d'abib, que tombait et que tombe encore en Palestine, la saison des
moissons, Jean 4, 35., quoiqu'en plusieurs endroits aussi les épis
commencent à mûrir déjà vers la fin de mars. La moisson était
officiellement et solen-nellement ouverte le deuxième jour de Pâque,
soit le quinzième de nisan, par l'offrande des prémices dans le
sanctuaire de la nation, Lév. 23, 10., et durait depuis ce moment
jusqu'à la Pentecôte, c'est-à-dire sept semaines, comprenant les
travaux de tous genres, depuis la faucille jusqu'à l'aire et au van,
Deu 16, 9. Ex. 23,16. Lév. 23, 10. sq.; puis on offrait derechef à
l'Eternel un gâteau nouveau. On recueillait d'abord les orges, 2 Sam.
21, 9. Ruth 1, 22. 2,3., puis vers la fin d'avril ou même plus tard le
blé, Gen. 30, 14. Jug. 15, 1. Ruth 2, 23. 1 Sam. 6,13. 12,17., et enfin
l'épeautre.
Partoul
on entendait les cris joyeux des moissonneurs, Es. 9, 2. Ps. 126, 6.;
au milieu du jour ils se reposaient de leurs pénibles travaux, et se
rafraîchissaient avec du pain trempé dans du vinaigre, Ruth 2, 14. La
faucille était, comme elle l'est encore en beaucoup de lieux,
l'in-strument du moissonneur, Deu 16,9. 23, 23. Le blé était ensuite
lié en gerbes, que l'on amassait les unes sur les autres jusqu'à ce que
la moisson fut finie, Ps. 129,7. Ruth 2, 16. 3, 7. Jug. 15, 5. Cant. 7,
2. Es. 17, 5. (?) : puis on foulait et on vannait le grain, souvent
dans le champ même, Ruth 2,17. (v. cependant Néh. 13, 15.), et la
récolte était ainsi portée dans des greniers ou granges, qui étaient le
plus ordinairement des trous fabriqués en terre, des espèces de puits
ou de creux, destinés à préserver le grain de la chaleur et du froid,
des vers et des vo-leurs, Mat 3, 12. 13, 30. Luc 3, 17. Job 5, 26. v.
Puits. Ces puits sont encore en usage dans les pays méridionaux ; on
les nomme silos en Algérie, et plus d'une fois ils ont été vidés par
les armées françaises. Les Juifs, surtout les riches, avaient cependant
aussi quelquefois des bâtiments construits exprès pour recueillir le
grain, cf. Luc 12,18. —La loi renfermait diverses prescriptions
d'humanité, auxquelles les Juifs se sont presque toujours
scrupuleusement soumis, et que leurs docteurs ont déterminées d'une
manière plus exacte encore, afin de ne laisser aucun subterfuge ; Moïse
voulait qu'on laissât quelques épis debout pour les pauvres, et les
rabbins ont fixé pour cela au moins la soixantième partie de la
moisson, mesure qu'ils étendaient aux fruits des arbres comme aux
grains des champs ; en outre, les moissonneurs ne devaient pas faire
trop attention aux épis qui pouvaient tomber des javelles, ni retourner
dans les champs pour chercher une gerbe oubliée par mégarde, Lév. 19,
9. Deu 24,19. Ruth 2,2. De même, pendant que les blés déjà mûrs étaient
encore sur pied, chaque passant pouvait pour son usage du moment en
cueillir ce qu'il lui fallait, sans que les gardes établis pour
protéger les champs contre les oiseaux, les bêtes sauvages et les
voleurs, eussent le droit de s'y opposer, Jér. 4,17. Deu 23, 28. Mat
12,1.
MOLADA, ville située dans
la partie méridionale de la
tribu de Juda, sur la frontière d'Edom, Jos. 13,26. Elle avait d'abord
appartenu à la tribu de Siméon, Jos. 19, 2. 1 Chr. 4, 28. Après l'exil
on la retrouve encore, Néh. 11, 26. Josèphe parle d'une ville iduméenne
nommée Ma-latha ; il est bien possible que ce soit la même, les limites
de Juda ayant pu être resserrées, et une partie de son territoire
conquis par les Iduméens.
MOLOC, ou Molec, Milcom,
Malcam; les Septante
traduisent ce nom hébreu en grec archonte ou roi. C'était une divinité
des Hammonites, affreuse idole à laquelle on sacrifiait de petits
enfants ; statue creuse, que l'on chauffait intérieurement, à forme
humaine et à tête de bœuf, dont les bras étendus et brûlants recevaient
les innocentes victimes qui étaient ainsi consumées, 1 Rois 11,5. 7.
33. 2 Rois 16, 3. 21, 6. 23,10.13. Lév. 18, 21. 20, 2-5. Jér. 2, 23. 7,
31. 19, 5. 32, 35. 49,1. 3. Salomon, séduit par les femmes de son
sérail, introduisit le premier en Israël ce culte abominable, et il
paraît que dès lors, en dépit de la loi qui punissait de mort une
pareille idolâtrie, Lév. 20, 2., les Juifs continuèrent sans
interruption de rendre à cette divinité, dans la vallée de Hinnom, le
culte qu'elle était censée demander, jusqu'à ce que vint Josias qui en
renversa de fond en comble les odieux sanctuaires. Quelques auteurs ont
cru que l'expression « faire passer les enfants par le feu, » indiquait
simplement leur consécration à Moloc, et ils pensent qu'on se bornait à
faire sauter les enfants sur un feu, ou à les faire passer entre deux
feux consacrés à cette idole ; mais des passages tels que Ps. 106, 38.
Es. 57,5. Ez. 16, 21. 23, 39., ne peuvent laisser aucun doute sur la
nature du culte de Moloc. v. Adrammélec. — Les Phéniciens, les
Carthaginois et les Cretois sont, au rapport des historiens, les
peuples qui dans l'antiquité se signalèrent le plus par leurs
sacrifices humains, et même en Afrique cette coutume barbare ne fut
entièrement abolie qu'au temps de Tibère. — D'après les caractères
connus de l'astrolâtrie babylonnienne, syrienne, et phénicienne, on
peut croire que Moloc était le nom donné par quelques-uns de ces
peuples à la planète, réputée malfaisante, de Saturne, et c'était pour
l'apaiser et se la rendre favorable, que tant de malheureux lui
offrirent si longtemps le sacrifice de ce qu'ils avaient de plus cher.
Le vrai Dieu ne demande pas de ses adorateurs un moindre esprit
d'abnégation, un moindre renoncement à soi-même, mais il le demande
autrement ; il refuse le sacrifice d'Isaac, et veut celui d'un cœur
froissé. —D'autres ont cru que Moloc était le même que Baal, et que le
soleil. — v. aussi Âct. 7, 43. cf. Am. 5, 26.
MONNAIE. Les Hébreux ne
connurent que fort tard
l'argent monnayé ; jusqu'aux jours de l'exil, on les voit peser
l'argent et l'or, et ne faire entrer en ligne de compte dans les dons,
les échanges ou les ventes que le poids des métaux, leur nature et leur
plus ou moins bon aloi ; Abraham pèse 400 sicles pour le tombeau de
Sara, Joseph est vendu pour 20 pièces d'argent, Elihéser donne à
Rébecca des bracelets pesant 10 sicles et des boucles d'oreilles de 2
sicles ; Moïse mesure en sicles les doses des divers objets qui doivent
entrer dans la composition du parfum du tabernacle ; le poids des
cheveux d'Absalon est de 200 sicles, et toujours l'unité de poids est
prise pour l'évaluation de l'argent, cf. Gen. 23,16.24, 22. 37, 28. 43,
21. 2 Sam. 18, 12. Jér. 32, 9. v. Mines, Sicle, Talent, etc. Chez tous
les peuples, les monnaies frappées au coin ne se sont introduites que
fort tard, et les Chinois, à l'heure qu'il est, ne les possèdent pas
encore, au dire des voyageurs. L'unité de poids chez les Hébreux,
n'était cependant pas aussi incertaine et flottante qu'on pourrait le
croire, parce que l'étalon en était conservé avec soin dans le
sanctuaire, Ex. 30, 24, et qu'il devait servir à découvrir les fraudes
et à maintenir immuablement l'unité une fois adoptée; cf. Lév. 27, 23.
Ez. 43,12. Am. 8, S. Il paraît que les Arabes ont eu aussi fort
anciennement des poids fixes destinés à la vérification des contrats ;
de là cette expression : « un sicle ayant cours chez les marchands, »
Gen. 23,16. etc. On s'en servait, sauf à les vérifier eux-mêmes, comme
de nosjours encore, les marchands orientaux acceptent nos pièces
monnayées, et ne les en pèsent pas moins. On se servait, comme chez
nous, de bourses et de sacs pour porter l'argent ou pour l'expédier, 2
Rois 5, 23.12,10. Les Phéniciens, et selon d'autres, les Indiens encore
avant eux, ont eu la première idée de donner une empreinte aux pièces
en circulation. Après l'exil, on trouve d'abord des monnaies perses,
les dariques, puis de l'argent gréco-syrien, des philïppes, des
archers, des bœufs, etc., suivant que l'image du roi, d'un archer ou
d'un bœuf se trouvait frappée sur le métal; enfin, après avoir été
regardés comme nuls pendant la captivité babylonienne et sous la
domination des Grecs, les Hébreux obtinrent sous Antiochus Sidétès la
permission de frapper des sicles et des de-mi-sicles à l'image de leur
prince Simon Maccabée ; c'est la première monnaie hébraïque connue. —
La pièce d'argent mentionnée Gen. 33,19. Jos. 24, 32. Job 42, 11., sous
le nom hébreu de kesitab, n'était qu'un poids déterminé d'or ou
d'argent qui, par la comparaison de Gen. 33,19. avec 23,16., devait
valoir4sicles environ ; les anciens traducteurs rendent ordinairement
ce mot par mouton, brebis, mais rien ne justifie cette version, quoique
Munter essaie de la maintenir en comparant une monnaie de Chypre qui
avait l'empreinte d'un mouton. — un trouve encore dans plusieurs
cabinets de médailles des sicles juifs à l'image de Simon, mais ils
renferment un bon huitième d'alliage de plus que les monnaies grecques;
on les connaît sous le nom de monnaies samaritaines ; la légende est en
vieux caractères hébraïques. Il ne parait pas, du reste, que ces sicles
maccabéens aient joui d'un grand crédit dans la circulation, et les
princes juifs n'étaient pas bien placés pour battre monnaie avec
avantage: l'argent grec n'a jamais été hors de cours chez les Hébreux,
et du temps de Jésus on calculait souvent encore en drachmes, en
didrachmes, et en patères. La pite, ou lepton, était la plus petite de
ces monnaies, Marc 12, 42. Luc 12, 39.; elle valait environ 7 centimes.
Sous
la domination romaine, les Juifs adoptèrent aussi le système monétaire
de leurs vainqueurs, et même il paraît que du temps de Jésus c'était,
sans exclusion des autres, celui qui avait le plus généralement cours ;
on trouve mentionnés dans le Nouveau Testament : le denier, cf. (0,83
cent.); l'as, Mat 10, 29. Luc, ?2, 6., à l'effigie de l'empereur; il
était de cuivre et valait d'abord 1/10, puis seulement 1 ?18 du denier
; enfin le quadrain de cuivre qui valait 1?4 d'as, Matlh. 5, 2fi. Marc
12, 42., selon d'autres 0,07 cent. — Pour se faire une idée, non pas
exacte sans doute, mais approximative de la valeur relative de l'argent
aux différentes époques de la vie juive, on peut comparer les chiffres
suivants : en temps ordinaire le sat de fine farine valait un sicle, et
pour le même prix on pouvait avoir deux sats d'orge, 2 Rois 7, 1. ; un
cheval d'Egypte valait sous Salomon 150 sicles,
1 Rois 10, 29. ; le prix ordinaire d'un
esclave
était de 30 sicles, Ex. 21,32. cf. Gen. 37, 28. Mat 26, 15.; sous les
juges un homme donna 10 sicles par an au sacrificateur de sa maison,
Jug. 17, 10. ; un bon cep de vigne est évalué à un sicle, Es. 7, 23.;
David achète pour 50 sicles une aire avec une paire de bœufs,
2 Sam. 24, 24.; une vigne doit rapporter à
Salomon 1,000 sicles par an, Cant. 8, 11.; cf. encore Jug. 17, 4. 1
Sam. 9, 8. Néh. 5,15. Dans le Nouveau Testament, nous voyons la journée
de travail payée un denier, Mat 20, 2., et les soins donnés à un malade
dans un caravansérail pour plus d'une journée, rétribués deux deniers,
Luc 10, 35. Plusieurs de ces chiffres laissent de l'incertitude dans
l'esprit à cause de l'indétermination des poids et des mesures; il en
ressort pourtant d'une manière générale que la vie n'était pas chère,
et que les denrées nécessaires à la vie étaient bon marché aussi bien
que la main d'œuvre.
MONTAGNES. La Palestine est
une contrée fort
montagneuse, partagée par le Jourdain du nord au sud en deux parties
naturelles d'inégale grandeur, Deu 11,11. Ez. 34, 13. Ex. 13,17.1 Rois
20, 23. Les chaînes qui la traversent se rattachent toutes au mont
Liban, et rejoignent au sud les hauteurs de l'Idumée et de l'Arabie
Pétrée. Au delà du Jourdain l'Anti-Liban se termine par le Djebel
Heisch qui s'abaisse par une pente douce et fertile vers l'orient,
tandis que sa face occidentale se précipite en rochers basaltiques
jusqu'au bord du lac de Génésa-reth. Le fleuve Hiéromax coupe un
instant le terrain de l'est à l'ouest, puis un nouveau plateau s'élève,
riche et varié, fertile, entrecoupé de vallées et de ruisseaux, de
plaines et de grottes, jusqu'à l'Arnon, frontière de l'ancienne Canaan,
et communique, au sud de ce fleuve dont les bords escarpés font la clef
de la Palestine, avec les montagnes iduméennes : vers l'est les
montagnes de ce plateau se perdent dans les plaines fécondes du
Hau-ran, et dans les sables arabes ; à l'ouest elles se jettent en
pentes rapides sur les rives du Jourdain. Dans la Palestine occidentale
les chaînes du Liban et de l'Anti-Liban marchent parallèlement jusqu'au
sud-ouest de la Galilée, et se terminent non loin de Ptolémaïs, en
coteaux que le Kison sépare du mont Carmel ; mais elles s'élèvent à
l'orient, forment le plateau de Jizréel, et s'abaissent en terrasses
vers les bords du lac de Génésareth : c'est là que se trouve le cœur de
la Palestine, ses plus fertiles districts, sa nature alpestre la plus
bénie, tandis que le nord-nord-ouest ne présente guère que des rochers
sauvages non susceptibles de culture, et que le sud offre plus de
jolies vallées et de gras pâturages, que de montagnes à forte
végétation, à plantations faciles, à fertiles vignobles. Au milieu de
ce plateau s'élève presque isole, et comme frontière entre la haute et
la basse Palestine, le puissant Mont-Tabor. Plus au sud, des montagnes
terminent le plateau, et couvrent dans presque toutes les directions la
plus grande partie de l'ancienne Samarie, escarpées et rocheuses, mais
avec quelques plaines et quelques vallées : elles s'avancent dans la
Judée un peu au nord de Jérusalem, et la couvrent aussi presque
entièrement : au sud de la ville sainte le plateau s'élève davantage,
les montagnes courent au sud-sud-est où leurs flancs escarpés donnent
une ceinture à la mer Morte, ou bien se confondent dans la plaine haute
d'El Tyh avec les rochers de l'Arabie Pétrée. A l'ouest les chaînes du
centre et du midi de la Palestine n'arrivent pas au bord de la mer,
mais s'abaissent par degrés, et se terminent par des plaines qui
deviennent toujours plus larges à mesure qu'on avance vers le sud ; à
l'est elles s'arrêtent brusquement aux rives du Jourdain, et ne
laissent que près de Jérieo se former une petite plaine qu'elles
entourent comme en amphithéâtre. La double chaîne, dans sa plus grande
largeur, n'a nulle part plus de 45 à 20 milles allemands (env. 50
kil.), et l'on peut aisément, en trois journées de voyage, la franchir
partout de l'est à l'ouest. — Ces montagnes sont presque toutes
calcaires et de la même formation que le Jura : on y trouve aussi
beaucoup de craies et de silex, surtout sur les hauteurs ; très peu de
sommets ont des nei-ges éternelles, et leurs formes présentent beaucoup
de variétés et d'irrégularités. Le nord-est offre dans une certaine
étendue un terrain basaltique dont les couches et les ramiflcations
s'avancent jusqu'aux bords du lac de Génésareth.
Les
montagnes les plus célèbres dont il est parlé
dans l'Ecriture, sont celles de 1 Idumée, le mont Horeb, le Hor, le
Sinaï, le Guilboah, le Nébo, le Tabor, le Liban, les monts d'Hen-Guédi,
le Calvaire, Hébal et Guérizim, les montagnes de Galaad, le mont
d'Hamalec, Morija, l'Hermon, le Gahaz, le Paran, le Pisga, le mont des
Oliviers, le Carmel, etc., les montagnes d'Ephraïm, de Juda, de
Neph-thali, les monts Abarim, etc. La carte de la terre sainte est
encore à faire pour ce qui concerne les montagnes, leur direction, leur
hauteur et leurs ramiflcations. Les voyageurs n'en ont guère étudié et
tracé que les sommets et les chaînes principales, et la carte de Grimm,
la meilleure de toutes, laisse encore beaucoup à désirer : si quelque
chose avait pu être fait avec les données actuelles, le génie actif,
laborieux et facile, de Ritter l'aurait fait.
L'Ecriture
nous apprend à regarder les montagnes comme aussi anciennes que le
monde, Ps. 90, 2. 404, 6. 8. Prov. 8, 25.; en plusieurs endroits elles
sont appelées coteaux d'éternité, ou montagnes éternelles, parce
qu'elles datent des jours de la création, Gen. 49, 26. Deu 33, 15.
Ailleurs cependant elles sont davantage mises en rapport avec les
terribles phénomènes, avec les bouleversements qui leur ont donné
naissance, Ps. 18,13-15. 104, 6. 8. 97, 5. 144, 5. Zach. 14, 4. 8.,
etc. Le nom de montagnes de ravage leur est donné Ps. 76, 4., parce
qu'elles étaient souvent des retraites de voleurs. — On remarque le
rôle important que les montagnes ont joué dans les grandes époques de
la religion ; le sacrifice d'I-saac, la promulgation de la loi, la mort
du Sauveur, ont lieu sur des hauteurs; c'est également sur des
montagnes que vont se promener les pieds des prophètes, et Jésus-Christ
s'y est souvent entretenu avec son père pendant la nuit ; c'est sur le
Tabor qu'il a été transfiguré, c'est du mont des Oliviers qu'il s'est
élevé vers les cieux.
La
montagne d'assignation, Es. 14, 13., ne désigne
pas la montagne sur laquelle était construit le temple à Jérusalem,
comme on l'a cru quelquefois en comparant Es. 38, 20. Si l'on fait
atten-tion à la personne qui parle, on verra que son idée ne pouvait
rien avoir de théocratique : ses vœux et ses espérances lui sont
reprochés; il est probable que le prophète introduit ici les idées
babyloniennes sur une ancienne et sainte montagne située vers les
confins du septentrion, et dans laquelle résidaient les sources de la
vie; on peut comparer ici l'Ai Bordsch des Perses, les Kuen-lun des
Chinois, le Mérou des Indiens, et l'Olympe des Grecs : le Nord était
regardé comme le commencement du monde, son origine, son principe, et
chaque peuple mettait ses dieux sur la montagne la plus septentrionale
de son territoire.
Les
Syriens, après avoir éié battus par les
Israélites dans une rencontre, prétendirent que ceux-ci étaient
protégés par les dieux des montagnes, 1 Rois 20, 23. On ne sait presque
rien de ces espèces de dieux, si ce n'est qu'ils devaient protéger ceux
qui se confiaient en eux, et qu'ils dirigeaient tout ce qui avait lieu
sur leurs flancs : quelques-uns d'entre eux avaient des noms
particuliers : Pau
appartenait
d'une manière éloignée à cette
catégorie. On se rappelle en tout cas le respect qu'avaient les païens
pour les hauts lieux en général.
Le
sermon de Jésus sur la montagne, admiré de tous
ceux qui le lisent, comme un des plus beaux résumés de la morale
chrétienne et de la sainteté évangélique, présente des difficultés de
détail, et surtout des difficultés d'ensemble qu'aucun ouvrage
théologique français n'a encore, ni résolues, ni même posées et
constatées. L'ouvrage allemand de Tholuck (Bergpredigt), traduit en
anglais, est le seul travail spécial que nous connaissions sur ce
sujet, et il serait digne d'être reproduit dans notre langue.
MONTRES. L'Orient, et
notamment la Babylonie, a connu
de très bonne heure l'art de mesurer, de diviser et de calculer le
temps au moyen d'horloges à soleil, de cadrans solaires, et par la
longueur relative des ombres aux différentes heures de la journée. De
bonne heure aussi, par suite des nombreux et fréquents rapports qui
existaient entre la Babylonie et l'Asie occidentale, cette connaissance
a pu être communiquée aux Hébreux, chez qui nous en trouvons des traces
déjà avant l'exil, % Rois 20, 9. Es. 38, 8.; v. Cadran. Ces horloges
primitives étaient tantôt une colonne qui projetait son ombre sur un
escalier dont chaque degré marquait les heures, tantôt une colonne
divisée en degrés, et qui recevait l'ombre d'un corps étranger. Les
Romains inventèrent plus tard les horloges d'eau ou clepsydres (1S8 av.
C.), au moyen desquelles on fixait aux orateurs la durée de leurs
discours, aux hommes de garde le temps de leur faction, et les heures
où les sentinelles devaient être relevées : on ne sait pas si les Juifs
au temps de Jésus avaient adopté celte manière de mesurer le temps,
mais il ressort de plusieurs passages qu'ils se servaient d'instruments
de ce genre, gnomons, clepsydres ou autres ; les besoins de la vie
civilisée, comme les progrès de la civilisation, en étaient venus chez
eux au pas qu'une découverte de ce genre devait être pour eux une
nécessité. On se sert de nos jours encore de clepsydres pour l'usage
ordinaire, dans l'Inde et le royaume de Siam.
MOPH,
Os. 9. 6., v.
Memphis.
MORE,
Gen. 12,6. Deu 11, 30.Jug. 7,1., colline située dans la
vallée de Jiz-réhel, non loin de Sichem; elle tirait probablement son
nom de son possesseur, qui était un Cananéen.
MORÉSETH-GATH, petite ville de la
Palestine, apparemment
voisine de Gath et d'Eleuthéropolis, patrie du prophète Michée, Mich.
1, 14. Jér. 26, 18. Quelques auteurs pensent que c'est la même que
Marésa, ainsi le paraphraste caldéen ; d'autres, sans plus
d'indication, disent que ce village était situé entre Jérusalem et la
Méditerranée, et le distinguent de Marésa.
MORIJA (l'Eternel y
pourvoira), colline de Jérusalem
sur laquelle le temple fut bâti par Salomon, 2 Chr. 3, 1. Elle était
située à l'est de Sion, et au sud-sud-est d'Akra, dont elle était
séparée par une vallée large et peu profonde, qui fut rehaussée et
presque comblée, sous Simon Maccabée, par les décombres d'une
forteresse ennemie quelesSyriensavaient construite sur Akra. Le vallon
des faiseurs de fromage séparait Morija de Sion, et un pont la mettait
en communication directe avec la ville haute. Au dire des anciens
auteurs, la colline de Morija, sous le temple, était pleine de
réservoirs souterrains immenses, dont les entrées n'étaient connues que
des prêtres. On a cru, à cause de la signification du nom de Morija,
comparée avec les paroles d'Abraham, Gen. 22, 8., que c'était là que
devait avoir eu lieu le sacrifice d'Isaac. Cependant, cette manière de
voir présente de grandes difficultés : les Samaritains, au lieu de
Morija, lisent More dans le passage de la Genèse, et prétendent que ce
fut de ces plaines que partit le père des croyants, et qu'il conduisit
son fils sur le mont Guérizim. — Le nom de Morija était peu usuel ; on
ne le trouve pas 1 Rois 6, où on aurait pu l'attendre, et Josèphe qui
parle beaucoup de Jérusalem et du temple, ne renferme qu'une seule fois
le nom de Morija, Ant. 1, 13, 1., et encore est-ce en parlant de Gen.22.
MORT. v. les art.
Meurtre, et Peines.
Conjurer
les morts, v. Python. Mer Morte, v. Mer. Le nom de mort a, dans
l'Ecriture, différentes significations que l'on ne doit pas confondre :
d'abord le sens simple et matériel, la séparation du corps et de l'àme,
la fin de la vie physique, la mort qui est entrée dans le monde avec le
premier péché, comme un dérangement, un affaiblissement de la nature
primitive qui avait été créée saine et immortelle. Cette mort n'est pas
naturelle ; c'est, au contraire, un accident violent dont la nature a
été troublée,mais qui a passé dans le cours ordinaire des choses comme
le péché. Puis l'ensemble de la vie actuelle, négation permanente de la
vie primitive, est également désigné dans l'Ecriture sous le nom de
mort; l'homme ne vit pas : il est mort dans ses fautes et dans ses
péchés, Eph. 2, 1. Cette mort est aussi appelée la colère de Dieu, et
il faut en être délivré pour hériter le royaume du bonheur éternel,
Eph. 2, 3. Si cette mort se consomme, elle est appelée la condamnation
: c'est dans ce sens que la parole de Dieu, qui parle d'une nouvelle
naissance, parle aussi de la conversion comme d'une résurrection, Col.
3, 1. Enfin, il faut distinguer le sens mystique du mot, la mort du
chrétien au monde et à la vie extérieure, la mort des sens, dont la
mort de Christ a été l'image sans préjudice à sa propre réalité ; elle
est appelée une vie cachée avec Christ en Dieu, Col. 3, 3. Celui qui
est mort au monde a cessé d'être sujet à la mort du péché ; le
rétablissement de l'être a commencé, il n'at-tend plus que la
résurrection du corps comme dernière délivrance. — La mort seconde
désigne aussi la damnation éternelle, Apoc. 20,6. 14.
On
trouve dans l'Ecriture plusieurs expressions poétiques et comparaisons
particulières pour rendre l'idée de mort ; mais elles se comprennent
facilement. La mort est appelée le roi des épouvante-ments, Job 18,
14.; les portes de la mort désignent le tombeau, Ps. 107, 18.; les
instruments de mort sont des armes meurtrières ; un fils de la mort,
c'est un homme condamné à mourir, ou qui a mérité la mort. L'amour est
fort comme la mort, dit Salomon, Cant. 8. 6., c'est-à-dire que l'amour
triomphe de tout, de même que rien ne peut résister à la mort. Les
Hébreux avaient, pour les corps morts, un grand respect, autant par
l'idée de la souillure légale qui résultait de leur contact, qu'à cause
de leur croyance en la résurrection des corps ; ils regardaient comme
un malheur réel la privation de sépulture, 1 Rois 14, 11.16, 4. 21, 24.
Jér. 7, 33. 8, 2. 9, 22-, etc. Ez. 29, 5., etc. Ps. 79, 3., etc. cf.
Sophocle, Ajax 1136. Le livre de Tobie 1,21.2,8., met au nombre des
œuvres de charité la sépulture de cadavres abandonnés. C'était aux plus
proches parents, aux fils, qu'était imposé le devoir d'enterrer leurs
pères et leurs mères, Mat 8, 21. Si un corps restait exposé ou
abandonné, il risquait de devenir promptement la proie de bandes de
chiens affamés et sans maîtres, ou celle des oiseaux de l'air, 1 Rois
14, 11. 16, 4., etc. 2 Rois 9, 38. cf. Iliad. 22, 41.; mais ce cas
était rare chez les Juifs, et n'arrivait presque qu'en temps de guerre,
car les criminels eux-mêmes étaient ensevelis après leur exécution, Deu
21, 23. Mat 27, 88. Il n'en était pas toujours de même chez les
Egyptiens, Gen. 40, 19. D'après le Tal-mud, il y aurait eu à Jérusalem
des sé-pulcres spécialement destinés aux suppliciés. La sépulture, ou
enterrement, a été chez les Juifs, dès les temps les plus anciens, la
manière ordinaire de faire disparaître les cadavres, Gen. 23, 19. 25,9.
35, 8.19. Jug. 2, 9.1 Sam. 25, 1. Jean 11, 17., etc. L'usage grec de
les brûler n'existait pas, et le seul exemple que nous en trouvions, 1
Sam. 31, 12., se présente avec des circonstances extraordinaires, qui
ont pu justifier ou provoquer cette mesure également extraordinaire.
Saiil était rejeté de Dieu : roi d'Israël, il s'était suicidé, et
lesusages, comme les nécessités de la guerre, la mutilation, et
peut-être la décomposition des corps, exigeaient qu'il en fût ainsi. On
peut comparer encore Amos 6, 10., dont l'idée principale est que le
malheur des temps voudra que les corps soient brûlés (et cela, par les
plus proches parents, à défaut d'autres), comme le seul moyen de s'en
défaire sans danger. Après l'exil, l'usage de brûler les corps n'entra
pas davantage dans les mœurs judaïques : le Talmud en fait
exclusivement une coutume païenne, et Tacite (H. S, o. 4.) dit aussi
que les Juifs ne se défaisaient pas de leurs morts autrement que par
l'inhumauon.
L'Ecriture
ne donne pas beaucoup de détails sur les
cérémonies funèbres et sur l'ensemble des funérailles ; on peut voir ce
que nous avons dit aux articles Cadavre, Deuil, et Sépulcres. Le corps
était ordinairement enveloppé de linges, Jean 19, 40. 11, 4i., et
emporté les pieds devant. Comme on ne se servait pas toujours de
bières, il n'était pas besoin d'un long temps entre la mort et la
sépulture, on le voit par l'exemple d'Ananias et de Séphirali.
Anciennement, des pleureuses à gages et des joueurs d'instruments
accompagnaient le convoi, auquel devaient se joindre, par respect, tous
ceux qui le rencontraient, usage auquel notre Sauveur semble faire
allusion, Luc 7, 32., et saint Paul, Rom. 12, 45.
MOSEL,Ez.
27, 19., ?. Uzal.
MOUCHES, Moucherons,
Moustiques. On trouve en Orient,
et surtout dans les plaines marécageuses de l'Egypte, un nombre fort
considérable d'insectes ailés, aussi incommodes par leur multitude que
dangereux par leurs piqûres, et qui attaquent indistinctement les
hommes et les bestiaux. L'existence d'un Dieu des mouches, ou
Bahalzébub, ne pouvait ainsi manquer d'être inventée par des peuples
qui divinisaient tout ce qu'ils craignaient, tout ce qu'ils haïssaient,
v. Bahal. Trois expressions différentes sont employées dans la Bible
pour désigner les insectes, mais l'exacte signification de chacune
n'est pas bien déterminée :
4°Zé6u6,Eccl.
io, 1. Es. 7, 18. C'est probablement
le nom général de toute la classe des insectes ailés.
2°
Ken (ou kinnim), Ex. 8, 17. cf. Ps. 105, 31. Nos versions l'ont traduit
par poux ; mais cette signification est fort peu probable, et la
plupart des voyageurs, comme la plupart des interprètes, la rejettent,
sans s'accorder, du reste, sur l'espèce d'insecte qu'il faut entendre
par là. Un simple nom d'animal ne peut être déterminé, après deux ou
trois mille ans, lorsque rien d'ailleurs ne tend à le faire connaître.
Les pères de l'Eglise, les Septante, Origène et saint Augustin, disent
qu'il s'agit d'un insecte fort petit, presque invisible à l'œil nu,
fort inquiétant, voltigeant toujours, et revenant à mesure qu'on le
chasse. Hasselquist et Maillet parlent aussi de fort petits insectes
dont ils ont été tourmentés en Egypte, et qui pourraient bien être les
mêmes. D'un autre côté, le docteur Clarke pense que l'espèce de poux
qui affligea l'ancienne Egypte est Yacarus sanguisugus, qui se trouve
dans cette contrée, et jusque dans la Cafrerie (». Voyage d'Arbousset
au nord du Cap, p. 138); il est plus gros que la mouche ordinaire, et
d'une forme plate et presque ronde ; il tourmente singulièrement les
hommes et les animaux.
Le
moucheron de Mat 23, 24. est-il le même que le ken del'Egypte? C'est ce
qu'on ignore, puisqu'on ne peut connaître celui-ci ; mais il paraît
plutôt que ce doit être le culex vinarius, l'hôte imperceptible du
vinaigre, et les raisons alléguées par Bochart semblent ne laisser
aucun doute sur ce pas.
3°
Harob. Nos versions le traduisent : un mélange d'insectes; c'étaitla
quatrième plaie de l'Egypte, Ex. 8, 21. cf. Ps. 78, 45.105,31. Selon
quelques auteurs, c'est le tabanus ou taon. Ruppel pense à de petits
insectes qui naissent, pendant les grandes chaleurs, du limon déposé
dans la vallée du Nil. Us se précipitent avec fureur sur les hommes et
sur les animaux, pénètrent dans les narines et dans les oreilles, et
causent aux yeux des douleurs infinies ; mais ce voyageur n'ayant pas
décrit l'insecte dont il parle, on ne sait à quelle famille il
appartient. Oed-mann croit qu'il s'agit de la blatta orien-talis à,e
Linnée, connue chez nous sous le nom de teigne, animal qui s'attache
aux vêtements comme aux hommes ; cette manière de voir souffre aussi de
grandes difficultés. D'autres enfin ont traduit ce mot par loups, mais
sans raison.— Harob dérive, selon les uns, d'un mot arabe qui signifie
manger; selon les autres, du mot hébreu liarab, mêler, et c'est de
cette dernière élyniologie que sont partis les traussi bien que les
chevaux, conliès aux soins d'un inspecteur en chef, 1 Rois 18, 5. Les
mulets étaient employés comme montures en temps de guerre, 2 Sam. 18,
9. cf. Zachar. 14, 1S., et en Perse, les courriers du gouvernement s'en
servaient comme de chevaux et de dromadaires, Est. 8,40.14. Le
transport de fardeaux se fai-sait aussi â dos de mulet, 2 Rois 5,17.
cf. Es. 66, 20. 1 Chr. 12, 40. Esd. 2, 66., et la force, comme la
marche sûre et ferme de cet animal, le faisait généralement préférer au
cheval et à l'âne, dont il réunissait en lui-même les différentes
qualités. On voit, 1 Rois 10,25., que parmi les tributs que les peuples
voisins payaient annuellement à Salomon, se trouvent des mulets : la
contrée de Tho-garma (Arménie), était surtout renommée pour ses beaux
produits en ce genre, Ez. 27, 14., qui sont encore admirés de nos jours
; un mulet de Syrie se paie de 750 à 8S0ou 900 francs(Burckhardt).—Le
nom hébreu est péred ou pirdah ; quelques anciens interprètes ont cru
que les jemim de Gen. 36, 24., signifiaient aussi des mulets, et ils
attribuent à Hana l'honneur d'avoir découvert le mélange du cheval et
de l'âne, mais v. Hana. MURIER, Luc 17, 6., v. Svcomore. MUSETTE, v.
Musique. MUSIQUE. Cet art, presque aussi ancien que le monde, et qui
doit survivre au monde, cet art magique dont la puissance se fait
sentir pour le mal comme pour le bien, qui élève les âmes vers
l'Eternel, et qui souvent divinise la matière et favorise tant de
désordres, qui souffle la guerre, qui inspire la volupté, qui, tour à
tour, calme les douleurs ou arrache des larmes aux cœurs joyeux,
puissant dans le Ranz des vaches, puissant dans la Marseillaise,
puissant dans les Te Deum, bienfaisant et malfaisant, reli-gieux ou
impie, cet art, connu des anciens Hébreux, et maintenant encore cultivé
avec tant de succès par leurs descen-dants, depuis Asapb jusqu'à
Mendelsohn, a été connu dès avant les jours du déluge, et peut-être que
le premier homme a entendu déjà les chants meurtriers des enfants de
Gain. C'est à cette famille, en effet, que l'Ecriture sainte attribue
l'inducteurs français, Luther, etc. C'est, dans l'incertitude, la
traduction la plus sûre et la moins compromettante.
Luther
a traduit de même le mot tse-latsal, Deu 28, 42., où nos versions
portent hanneton. Il est plus probable, étymologiquement, qu'il faut
entendre par là le grillon, gryllus stridulus de Linnée. ». Sauterelles.
Toutes
les mouches étaient déclarées impures parla loi, Lév. 11, 42.
MOUT. v. Vin.
MOUTARDE, Mat 13, 31. 17,20.
Marc 4, 31. Luc 13, 19.
17, 6. La famille du sénevé compte treize espèces, dont cinq étaient
particulières à l'Egypte. C'est un arbrisseau à siliques qui vient
souvent sans culture, mais dont plusieurs espèces, et notamment la
sinapi nigra, et l'alba, sont aussi cultivées avec soin, comme épices
et assaisonnement, soit en Orient, soit même dans l'Europe méridionale.
Les Juifs en cultivaient dans leurs jardins. Les grains de moutarde,
employés déjà par les anciens comme un piquant assaisonnement,
désignaient proverbialement une chose extrêmement petite, Matthieu 13,
32. II paraît aussi, d'après ce passage, que, dans les pays chauds, le
sénevé devenait un arbre véritable, et atteignait une certaine hauteur,
non pas seulement par extraordinaire, mais I assez habituellement ; en
Europe, il ne s'élève guère qu'à 70 centimètres de terre. MOUTON, v.
Brebis. MUGUET, ?. Lys.
MULET, produit stérile de
l'âne et du cheval;
participe toujours plus des qualités de son père que de celles de sa
mère ; l'espèce inférieure, produit de l'âne et de la jument, est
cependant la plus répandue. On peut croire, à cause de la défense
indiquée Lév. 49,19., que les Hébreux ne firent pas naître de mulets,
mais il ne leur était pas défendu d'en acheter et de s'en servir; nous
voyons en effet, surtout depuis les jours de David, que les mules et
les mulets étaient assez communs parmi eux ; ils servaient même de
monture aux rois, 4 Rois, 1, 33. 38. 44., aux princes, 2 Sam. 18, 9.13,
29., etc., et dans les écuries royales ils étaient,
vention
des instruments de musique; Jubal, dont le
nom rappelle la joie et les jubilations, fut le premier qui découvrit
ou qui inventa les sons éclatants des instruments de cuivre, Gen. 4,
21. En rapportant cette triste origine, l'Ecriture ne paraît pas
vouloir jeter de la défaveur sur l'art lui-même, non plus que sur les
bergers en général, sur les nomades comme tels ou sur les ouvriers en
fer ou en airain, dont les premiers furent aussi Caï-nites ; elle ne
paraît pas blâmer ces découvertes en elles-mêmes, et cependant la
mention qu'elle en fait n'est pas absolument indifférente non plus.
L'homme était destiné primitivemont à l'agriculture; c'était le genre
de vie le plus facile, le plus agréable, le plus en rapport avec son
organisation, celui aussi qui exigeait le moins de soucis, qui élait le
moins de nature à détourner sa pensée des choses de Dieu ; mais la
famille de Gain s'étant détachée de celui qui a la vie éternelle, et ne
vivant plus que pour ce monde, elle a pu diriger toutes les pensées
vers les beaux-arts et vers les arts utiles à l'homme ; elle a été mise
en mesure de bien mériter de la race humaine, d'autant plus que sa
direction était devenue toute humaine; terrestre, et vivant pour la
terre, la famille de Caïn a dû chercher à orner le séjour qu'elle
habitait, et moins elle faisait de progrès dans la connaissance des
mystères divins, plus elle devait en faire dans la connaissance des
arts et des sciences de la terre. Lémec, père de Jubal, chantait sans
doute ses crimes, Gen. 4, 23., et l'on regrette que les plus anciens
souvenirs du chant et de la musique se rattachent à des meurtres et à
une famille proscrite de Dieu.
Il
est assez probable, que le monde ayant fait invasion dans l'Eglise, et
la famille de Caïn dans celle de Seth, les arts passèrent d'une famille
dans l'autre, et que c'est ainsi qu'ils survécurent au déluge, à la
race détruite de Caïn. La Bible ne dit pas que la musique ait été une
seconde fois inventée, et l'on peut croire que Noé et ses fils, avertis
du sort réservé à la terre, profitèrent du terme de 120 ans qui leur
était donné, pour recueillir tout ce qui pouvait être conservé d'utile
et d'agréable de l'ancien monde. Quoi qu'il en soit, nous voyons la
musique généralement en usage aux jours de Laban, Gen. 31, 27.; nous la
retrouvons aux jours de Moïse après l'esclavage d'Egypte, Ex. 15, 1-22.
Nomb. 10, 2. David organise de nombreux chœurs de chantres et de
musiciens pour le service du temple, et les choisit parmi les Lévites
dont les occupations ont diminué depuis l'érection du tabernacle, 1
Chr. 25, 1. cf. 2 Chr. 29, 23. 30, 21. 35,15. ?. Chantres. — Il paraît
que les rois avaient aussi leur musique particulière, comme on peut le
conclure de 1 Chr. 25, 2. 2 Sam. 19, 35. Eccl. 2, 8. Chez les Hébreux,
la musique était souvent accompagnée de danses.
Quant
à sa nature il est difficile d'en rien dire, car elle est perdue, et
les conjectures nombreuses que l'on a faites prouvent mieux que tout le
reste, qu'on ne doit pas songer à la retrouver. Il est probable
cependant qu'elle était simple et sérieuse, peut-être même sans
con-naissance de l'harmonie, qui est un perfectionnement, ou selon
quelques-uns, une détérioration du goût naturel, une corruption, dans
tous les cas la civilisation transportée dans la musique, par
conséquent l'art dans le sens ordinaire de ce mot. Ils chantaient, à ce
qu'on pense, unisono, chacun suivant la force et la portée de sa voix,
et l'on sait que J.-J. Rousseau regardait ce chant comme le plus pur et
le plus beau, tandis que la musique composée n'était, selon lui, qu'une
volupté artificielle réellement inférieure. C'est une affaire de goût
sur laquelle on ne peut disputer, mais il est sûr que de grandes masses
chantant à l'unisson peuvent produire de grands effets, et que
plusieurs airs perdent plutôt qu'ils ne gagnent à un accompagnement. En
tout cas, on doit croire que la musique vocale et instrumentale sur
laquelle devaient se chanter de si beaux psaumes, était elle-même
belle, excellente et parfaite. Qu'on se rappelle l'impression pro-duite
par la harpe de David sur la sombre mélancolie de Saûl, 1 Sam 16, 23.,
l'impression produite par les prophètes de Samuel sur les hommes
envoyés par Saul pour prendre David, et sur Saûl lui-même, 1 Sam. 19,
23. 24. cf. 10, 5.,1a manière dont le prophète Elisée calma l'émotion
qui l'agitait, et se disposa à recevoir les impressions du
Saint-Esprit, 2 Rois 3,15., et l'on comprendra la puissance mystérieuse
de cette musique sacrée, simple, sans recherche, mais profonde.
A
côté des chants religieux nous voyons mentionner
aussi la musique des festins qui assaisonne la joie des amis, mais
nulle part elle n'est rappelée comme innocente, Es. S, 42. 14, 11. 24,
8. Am. 6, S. Lam. 5,14.: il paraît que les Israélites pieux se
contentaient pour leur intérieur, du chant des saints cantiques, et que
les Psaumes fournissaient à leurs joies do-mestiques tous les textes
qu'ils pouvaient penser et désirer. La joie publique se manifestait
aussi au son des instruments, 1 Rois 1, 40., mais rien ne laisse
supposer qu'il s'agisse dans ce passage d'une musique étrangère à la
joie théocratique : en voyant couronner son roi légitime, le peuple
pouvait célébrer son avènement par des chants religieux qui répondaient
à ses besoins intérieurs, et faisaient ressortir le bonheur d'une
nation gouvernée par un roi choisi de Dieu.
Un
assez grand nombre d'instruments sont nommés
dans l'Ecriture, d'où l'on peut conclure que l'orchestration était
connue des Israélites, mais on ne peut rien affirmer de positif sur
leur forme et leur importance : c'est même là une des parties les plus
obscures de l'archéologie des Israélites. On divise ordinairement ces
instruments en trois classes, et nous rapportons ici les suppositions
les plus généralement adoptées.
1°
Espèces de tambours ou tambourins, a) Le thoph ou tambourin, cercle de
bois ou de métal, recouvert d'une peau tendue, de 8 pouces de diamètre
: on le frappait avec le doigt, et il servait surtout à marquer la
mesure : avec l'accompagnement de la cymbale ou des cas-tagnettes il
produisait un effet qui n'était pas désagréable. C'étaient
ordinairement les femmes qui battaient le tambourin en Orient, Ex.
15,20. Jug. 11,34. Ps. 68, 23. Jèr. 31, 4., et c'était dans les
réjouissances publiques qu'on en faisait usage, ?. aussi Job 21, 12. 2
Sam. 6, S. Es. 5,12. 24, 8. 6) Les tseltselim ou cymbales, cf. c)Les
mnahanehim, 2 Sam. 6, 5., traduits sistres dans nos versions, d'après
la Vulgate et les interprètes juifs; instrument composé de deux verges
qui se coupent à angle droit, et dont les deux autres extrémités, se
rejoignant, dessinent une figure ovale, ou allongée, en forme de
baudrier : des anneaux de métal attachés à cet instrument produisent,
lorsqu'il est secoué, un bruit qui rappelle de loin les tintements du
chapeau chinois. Le sistre était autrefois fort commun en Egypte, où
l'on s'en servait surtout pour le culte d'Isis. d) Shalishim, 1 Sam.
18, 6., probablement, comme l'indique son étymologie, l'instrument
encore connu sous le nom de triangle, soit qu'on en frappe les trois
côtés avec une baguette de fer, soit que ces côtés portent des anneaux
métalliques qui rendent, lorsqu'ils sont agités, le même son aigu que
les anneaux du sistre. Le triangle est, d'après Athénée, une invention
syrienne.
2°
Instruments à vent, a) Le hougab, que nos versions traduisent orgues,
Gen. 4,21. Job 21, 12., et qui d'après saint Jérôme, appuyé des
interprètes juifs et cal-déens, doit plutôt s'entendre de la cornemuse.
6) La soumphonia, Dan. 3, 5. 10. 18., que nos versions rendent par
symphonie. C'est apparemment le même instrument que le hougab, du moins
les interprètes juifs le traduisent ainsi : la cornemuse s'appelle
maintenant encore en italien sambuja, et c'est la langue des traditions
musicales. La cornemuse est une espèce de flûte dont les deux moitiés
sont séparées par une grande vessie, ou sac de cuir, qui reçoit le
souffle du joueur, se gonfle, et communique par la pression l'air au
tuyau inférieur: ce dernier tuyau est percé de trous comme une flûte
ordinaire, et rend des sons suivant le jeu des doigts ; cet instrument
a plutôt des tons criards, nasillards, et peu harmonieux. Quelques
auteurs, dont Calmet, croient cependant que le hougab désigne la flûte
de Pan, ou chalumeau, composé de roseaux d'inégale longueur. c) Le
mashrokhita, Dan. 3, 5., serait d'àprès Winer la flûte de Pan : les
bergers de l'Orient s'en servent de nos jours encore, comme ceux de la
Suisse et de l'Italie ; c'est le mot que nos versions ont traduit par
clairon, d) Hhalil ou nehhil, Ps. 5,1. etc. On est généralement
d'accord à penser qu'il s'agit ici de la flûte. Cet instrument qui
servait à célébrer la joie comme le deuil, 1 Rois 1, 40. Es. 5,
12.
30, 29. Matlh. 9, 23., était fait de diverses
matières ; il y en avait de roseaux, de bois, de corne, et d'os, et
l'on en comptait chez les Israélites, comme chez les Grecs et les
itomains, différentes espèces, suivant le nombre de trous qu'elles
portaient; elles étaient loin toutefois de pouvoir être mises en
comparaison avec nos flûtes modernes, si compliquées et si parfaites,
e) La hhatsotserah, que nos versions ont traduit par trompette, Nomb.
10, 2. cf. 31,0.2 Rois 11, 14. 12,
13. Os. 5, 8. Moïse avait ordonné que deux
de
ces instruments, d'argent massif, fussent employés au service du
tabernacle, pour convoquer les chefs ou le peuple, et pour annoncer le
moment du départ. La forme de ces trompettes, telles du moins qu'elles
existaient dans le se-cond temple, a été conservée avec celle de tous
les vases du sanctuaire, sur l'arc de triomphe de Titus : elle rappelle
singulièrement celle des Alpenhœrner : c'est une espèce de long tube
qui va en s'évasant vers son extrémité inférieure, et qui paraît avoir
dû rendre un son éclatant, mais un seul : aussi Moïse, en marquant les
divers signaux qui devaient être donnés par ces trompettes, n'indique
pas qu'elles fussent susceptibles d'aucune modulation : leur usage
devait être celui des cloches; suivant que l'on sonnait une ou deux
fois, suivant que les trompettes sonnaient ensemble ou séparément,
l'assemblée devait être avertie, soit de se réunir, soit de prier, soit
de partir, f) Le sho-phar, traduit par trompette, Lév. 25, 9. Job 39,
28., par cor, Jér. 4, 5. 6, 1. Ez. 33,6. Es. 58, I.Ex. 19, 16. 19. Os.
5,8. Jos. 6, 4., peut en effet se traduire des deux manières, en
réservant l'incertitude où l'on est sur sa signification véritable. On
s'en servait pour annoncer l'année du jubilé ; on s'en servait à la
guerre, les sentinelles et les gardes s'en servaient pour donner des
signaux. Le shophar avait un son fort étendu, auquel Moïse compare le
son du tonnerre, lors de la promulgation de la loi sur le Sinaï. Ce
qu'il est permis de supposer sur la forme de cet instrument d'après ce
qui est dit Jos. 6, 4., c'est que c'était peut-être une corne d'animal,
comme les patres des Alpes s'en servent souvent encore, ou bien que
c'était un instrument qui affectait cette forme, et qui par conséquent
ne pouvait, non plus que le précédent, donner qu'un seul son, mais
clair et bruyant. C'est apparemment le même mot qui se rend en caldéen
par kharna, Dan. 3, 5. et que Martin a traduit par cor. g) Le susan ou
sosannim-hédulh, Ps. 45, 60, 69, et 80. Heidegger en fait un instrument
à (six) cordes : c'était plutôt un instrument à vent, semblable à notre
trompette ou à la clarinette ; son nom de susan (lys) fait croire qu'il
avait quelque ressemblance avec cette fleur. Susan héduth signifierait
la trompette du témoignage, ou la trompette destinée aux chants
(lyriques).
3°
Instruments à cordes. Leur nom général était
neguinoth. a) Kinnor et 6) Nebel, v. Harpe. C'était probablement une
espèce de lyre ou de guitare plus ou moins grande, c) Le sabeka, Dan.
3, 5., traduit saquebute; instrument triangulaire semblable à la harpe,
avec quatre cordes ou même davantage, qui se pinçaient avec les doigts
et rendaient des sons aigus; les bayadères de l'Orient voyageaient avec
la saquebute, et Tite-Live, 39, 6., raconte qu'il en vint jusqu'à Rome
(psaltrise sambuçistriaeque). d) Le psanther, Dan. 3, 5., traduit
psaltérion, était également une espèce de harpe, mais d'une forme qu'on
ne peut déterminer, e) Le kithros, Dan. 3, 5., v. Harpe.
Les
Hébreux connaissaient-ils une manière quelconque de noter la musique ?
C'est fort peu probable ; la simplicité de leur musique non composée ne
leur faisait pas sentir le besoin de compositions écrites, et la
supposition que les accents ou la ponctuatiou des Psaumes servaient en
même temps de notes, est dénuée de fondement ; les accents ne remontent
pas aux beaux jours de l'antiquité israélitique, et même si cela était,
ils n'auraient pu fournir qu'une notation très incomplète. L'Occident
n'a connu les notes de musique qu'au onzième siècle, et l'Orient
moderne ne fait pas remonter les siennes au-delà du dix-septième. Qu'il
y ait eu quelques expressions destinées à indiquer soit la mesure, soit
des changements de ton, c'est possible, mais il ne faut pas en demander
davantage. ». les articles Psaumes, Sélah, Séminith, Hala-molh,
Guittith, etc. — Quant au chant des psaumee, il ne faut pas le juger
par la monotone et souvent nasillarde eantii-lation qu'on entend dans
les synagogues modernes; ce devait être un chant proprement dit,
c'est-dire de la musique; mais si l'on se rappelle que le chant des
Grecs même n'a pu être encore déterminé, on comprendra que pour celui
des Juifs il ne soit guère possible non plus de
Mvutre
chose que des généralités. MIRA, ville maritime de la Lycie, Act 27,
5.; elle était située, d'après Strabon, 3 Mvm'IIeS de 'a mer' sur une
col,ine-MYRRHE, parfum végétal qui découle en gomme d'un arbrisseau
commun en Arabie. On la mélangeait quelquefois à a autres parfums,
surtout pour le service du sanctuaire, Ex. 30, 23. Cant. 3, 6; ou bien
on l'employait pour parfumer les vêtements, et les lits, pour embaumer
les morts, et pour oindre les personnes qu'on aimait ou qu'on honorait,
Est. 2, 12. Ps. 45, 9. Prov. 7,17. Jean 19, 39. Cant. 5, o. Un peut
conclure de Mat 2,11., que la myrrhe ne croissait pas naturellement en
Palestine, quoiqu'elle ait pu être cultivée dans quelques jardins et
sur quelques coteaux, Cant. 4, 6. Dans tous ces passages”est question
de cette myrrhe si recherchée de l'ancien monde, qui a été vantée par
Pline (13, 2. 21, 18.), par Dioscoride (1,73.), par Athénée(3,101.),
parEuripide (Troad. 1064.), et par tant d'autres. Al'état liquide ou à
l'état solide, gomme ou huile, elle était l'ingrédient principal dont
on composait les encens ou les parfums les plus précieux ; on la mêlait
aussi au vin, non pour le rendre plus fort, mais pour lui donner un
goût plus fin, quelque chose de plus recherché (comme on fait infuser
de l'angéliquedansdel'eau-de-vie); peut-être aussi ce mélange
communiquait-il au vin une vertu étourdissante, et l'employait-on à
cause de cela pour amortir chez les suppliciés le sentiment trop vif de
la douleur, Marc 15, 23. —La myrrhe découlait, soit naturellement, soit
par des incisions artificielles, de l'écorce d'un arbre ou arbrisseau
de l'Arabie et de l'Ethiopie, que les anciens, qui ne ne le
connaissaient que par ouï-dire, n'ont pas décrit d'une manière exacte
et suffisante. Les naturalistes modernes eux-mêmes n'ont, pendant
longtemps, pu déterminer non plus d'une manière précise l'arbre de la
myrrhe, et l'on s'est contenté de voir et d'apprécier dans le commerce
ces morceaux te parfum, durs, opaques, en forme de larmes, que les
marchands orientaux venaient échanger contre nos produits. Ehrenberg,
en 1829, est le premier qui ait décrit l'arbre auquel on donne
maintenant le nom de balsamodendron myr-rha ; l'écorce en est unie et
d'une couleur gris cendré, le bois est d'un jaune blanchâtre, les
feuilles fort nombreuses reposent soit isolées, soit réunies en
fais-ceaux, sur des pétioles courts et unis; elles se composent de
trois folioles ovées d'inégale grandeur ; les fruits reposent également
sur des pétioles; ils sont ovés et se terminent en pointe, leur peau
est brune. La résine d'abord huileuse, puis de la consistance du
beurre, est d'un blanc jaunâtre ; elle passe ensuite au jaune doré et
devient rougeâtre en se durcissant. 11 est probable que d'autres
arbrisseaux donnent cependant aussi de la myrrhe, et Belon dit avoir
trouvé en Palestine près de Rama, un buisson qui distillait cet encens.
— Ce qui est appelé de la myrrhe franche, Ex. 30, 23. Cant. 5, 5., ou
plutôt de la myrrhe libre, c'est celle qui coule d'elle-même et sans
incisions, c'est l'essence de la résine de l'arbre; elle est encore
connue et recherchée de nos jours sous le nom de myrrha electa.
MYRTE, arbuste de l'Asie
qui s'élève quelquefois à
une hauteur de 6 à 7 mètres. Il a l'écorce rougeâtre, des rameaux forts
et flexibles, des feuilles unies, ovées et toujours vertes; des fleurs
blanches, tirant parfois sur le rouge, et entourées
d'un
calice à trois sépales. Elles apparaissent au
mois de mai, et donnent naissance à des baies ovales, pleines de pépins
blancs et d'un goût très fort; ces baies deviennent noires en
mûrissant. Les feuilles, comme les fleurs, répandent une odeur agréable
( Virg., Egl. 2, 34.), et ont un goût épicé avec une vertu légèrement
astringente. Le myrte choisit de préférence les vallées et le bord des
ruisseaux (amantes littora myrti, dit Virgile), cf. Zach. 1,8. Virg.,
Géorg. 4, 124. On en trouve cependant aussi sur les hauteurs, Néh. 8,
15. Plin. 16, 30. Les anciens faisaient du myrte un des plus beaux
ornements de leurs jardins, soit à cause de son feuillage toujours
vert, soit à cause de son parfum ; ils en connaissaient et en
cultivaient plusieurs espèces. Le myrte d'Egypte passait pour le plus
odoriférant. Dans toutes les solennités, dans toutes les fêtes
publiques ou domestiques, on ne manquait jamais de décorer les maisons
et les appartements avec des branches de myrte; des couronnes étaient
tressées pour ceindre la chevelure des jeunes gens et des jeunes
filles, et le front chauve des vieillards, Plin. 18, 36. Théophr.
Plant. 4, 6. Les Hébreux ont aussi cultivé le myrte, comme on peut le
conclure de Es. 41,19.35,13. Cependant, il est possible aussi qu'ils
n'aient connu cet arbuste que dans son état sauvage, le mvrtus
sylvestris.
MYSIE, Act 16, 7.,
province de l'Asie Mineure,
voisine de la Bithynie, au nord de la ïroade. Lors du voyage de Paul,
ce district appartenait tout entier à la province romaine de l'Asie,
cf., et le nom de Mysie ne servait plus que comme ancienne
dénomination, facile à comprendre et d'un usage commode, comme celui
des anciennes divisions, de même qu'en France on se sert encore plus
volontiers de la division par provinces que de celle par départements.
On disait la Mysie comme on dit le Languedoc, la Bourgogne; mais les
géographes étaient d'autant plus embarrassés pour donner des limites
exactes à ce district, que les Mysiens et les Phrygiens avaient maintes
fois, par suite de diverses circonstances, occupé une portion du
territoire les uns des autres. La Mysie était, en tout cas, un petit
district ; sous les empereurs, il touchait à l'HelIespont et à la
Propontide, et comprenait les embouchures de l'Mso-pus et du Granique.
On comptait peut-être encore dans l'origine, comme appartenant à la
Mysie, le district occidental qui longeait la mer Egée jusqu'au fleuve
Caïcus, et qui prit le nom d'jEoli-de depuis que les ./Eoliens s'en
furent emparés, ?. Strabon 12, 564.
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