- DALMANUTHA
- DALMATIE
- DAMAR1S
- DAMAS
- DAN
- DANIEL
- DANNA
- DARDAH
- DARIUS
- DATHAN
- DATTES
- DAVID
- DËBIR
- DÉBORA
- DECOURAGEMENT
- DEDAN
- DEDICACE
- DEHAVIENS
- DELAIA
- DELUGE
- DÉMAS
- DEISIER
- DÉNOMBREMENT
- DENYS
- DÉPOTS
- DERBE
- DÉSERT
- DETTE
- DEUIL
- DEUTÉRONOME
- DEVIN, v. Divination.
- DIABLE
- DIACRE
- DIAMANT
- DIANE
- DIDRACHME
- DIDYME
- DIKLA
- DILHAN
- DIMANCHE
- DIME
- DIMON
- DINA
- DINHABA
- DIOTRÈPHES
- DISPERSION
- DIVINATION
- DIVISION
- DIVORCE
- DIZAHAB
- DOBERATH
- DODANIM
- DOEG
- DOIGT
- DOMITIEN
- DONS
- DOPHKA
- DOR
- DORCAS
- DOTHAIN
- DRACHME
- DRAGON
- DROGUES
- DROITURIER
- DRUSILLE
- DUCS
- DUMA
- DURA
|
DALMANUTHA
Marc 8, 10. La comparaison de ce passage avec Mat
1o, 39., montre que celte bourgade devait être située dans le voisinage
de Magdala ; mais c'est tout ce que l'on en sait. D'autres (Calmet,
etc.), lisent au lieu de Magdala Magedan, et comparent la ville de
Médan près du lac Phiala et des sources du Jourdain, où les Arabes
tiennent chaque année une grande foire (medan en arabe), qui a donné
son nom à l'endroit: c'est à la fois faux et forcé.
DALMATIE
La province de ce
nom, indiquée dans la
Bible, 2 Tim. 4, 10., comme ayant été évangélisée par Tite, était,
selon Pline III, 28., située dans l'ancienne Illyrie, au bord de la mer
Adriatique, entre les fleuves Titius et Drinus.
DAMAR1S
Act 17, 34. Cette
femme que l'on peut supposer avoir été d'un rang élevé, et que
quelques-uns font femme de Denys l'aréopagite, fut du petit nombre de
personnes qui se convertirent à Athènes par suite de la prédication
de saint
Paul.
DAMAS
Au milieu d'une
vaste plaine de la Syrie qui
s'étend vers le nord jusqu'aux chaînes de l'Antiliban, et dont le
Chrysorrhoas qui la traverse, se divisant en plusieurs bras, fait une
des contrées de la terre les plus fertiles et les plus riantes, s'élève
de nos jours encore l'antique et célèbre ville de Damas ; le fleuve la
sépare en deux parties. Sa position comme pas central entre l'Asie
Mineure et l'Asie intérieure, lui donna, dès les temps les plus
reculés, une grande importance sous le rapport commercial et politique.
Maintes fois détruite par des tremblements de terre ou par les chances
des combats, elle a toujours été rebâtie, grâce à la beauté de sa
position, à la douceur de son climat, à la variété de ses productions
en tous genres ; ses habitants y voient le paradis terrestre.
Maintenant elle est encore le chef-lieu d'un pachalik turc et ne compte
pas moins de 200,000 âmes, dont 25,000 chrétiens.
Elle
est déjà nommée comme existant à l'époque
d'Abraham, et quelques auteurs font de ce patriarche le premier roi de
Damas, après que son fondateur Dam-mésec eut été détrôné par lui.
Elihézer, l'intendant de la maison d'Abraham, était Damascénien,Gen.
13, 2.; Abraham poursuivit Kédor-Lahomer et les cinq rois alliés
jusqu'à Hobar qui est plus au nord et à la gauche de Damas (14,15.).
Depuis ce moment il n'en est plus reparlé jusqu'au temps de David qui
s'en empara, 2 Sam. 8, 5. 6. Elle fut reprise déjà sous Salomon,par
Rézon fils d'EIjadab, 1 Rois 11,24. Parmi les rois qui la gouvernèrent
depuis cette époque, nous remarquerons surtout les suivants, dont
l'histoire fut plus ou moins liée à celle du peuple d'Israël :
Ben-Hadad
I, fils de Tabrimon, fils de Hezjon ; il
fit alliance avec Asa roi de Juda, contre Bahasa roi d'Israël, et
remporta sur ce dernier une importante victoire, 1 Rois 15,18.
Ben-Hadad II, fils du précédent; il marcha
contre Achab roi d'Israël, et fit le siège de Samarie, aidé de
trente-deux rois, mais il fut obligé de quitter la place. L'année
suivante il fut de nouveau battu par Achab, et comprit que le Dieu
d'Israël était un Dieu de la plaine comme un Dieu des montagnes; il dut
faire la paix, et rendre les villes que ses ancêtres avaient prises sur
Israël, 1 Rois 20. Il se releva cependant contre Joram, fils d'Achab.
Hazael,
un de ses officiers, lui succéda après
l'avoir étouffé dans son lit ; il fut dans la main de Dieu un
instrument pour châtier à la fois son prédécesseur qui avait combattu
contre le peuple de l'alliance, et ce royaume des dix tribus qui avait
abandonné le culte du vrai Dieu : il ravagea en particulier les
provinces situées à l'est du Jourdain, et s'avança jusque sous les murs
de Jérusalem, 1 Rois 19, 14. la. 2 Rois 8, 28. 10, 32. 12, 17.
Ben-Hadad
III, fils de l'usurpateur se para du nom
de l'ancienne dynastie. Trois fois il fut battu par le roi d'Israël
Joas, et finalement fut obligé de rendre toutes les conquêtes de son
père, 2 Rois 13,25. ; on peut même conclure de 2 Rois 14,28. qu'il
perdit momentanément sa capitale.
Retsin.
Ce qui causa la ruine du petit royaume de
Damas, c'est que ce malheureux prince s'étant ligué avec Pékach roi
d'Israël, contre Achaz roi de Juda, celui-ci se vit obligé de
solliciter l'alliance et l'intervention de Tiglath-Piléser. L'Assyrien,
pour faire une diversion utile à son allié, entra sur les terres de
Retsin, prit Damas, tua Retsin lui-même, emmena une partie de ses
sujets en captivité, et réunit ce territoire à l'empire d'Assyrie, 2
Rois 16, 9. Es. 17.
Damas continua cependant de subsister,
mais
soumise ; elle passa successivement sous la domination des Babyloniens,
des Perses, des Séleucides, et enfin depuis Pompée sous celle des
Romains, (cf. Es. 7,4. 8.8, 4. 10,9. 17,1. Am. 1, 3. 5. Ez. 27,18. Jér.
25, 9. 49, 23. 24. Zach. 9,1.). Elle compta toujours parmi ses
habitants, surtout sous les Séleucides, un grand nombre de Juifs
(Josèphe, Guerre des Juifs I, 2, 25. II, 20, 2. Act 9, 2.). Elle marqua
encore. dans l'histoire du christianisme, comme le lieu de la
conversion et de la première prédication de saint Paul, Act 9, 3. 19.
Gai. 1,17.
On montre encore, à cinq cents pas de
Damas,
l'endroit ou Paul fut renversé par la voix du ciel, et dans la ville,
la rue et la maison où Ananias le baptisa. Cette maison fut d'abord
changée en église, les Turcs en ont fait une mosquée. C'est également
avec les mêmes garanties qu'on montre dans les environs de Damas le
jombeau d'Abel, long d'environ 14 mètres, eu égard à la grandeur des
premiers hommes. Quelques écrivains, traduisant le nom de Damas
(Dammésec) un sac de sang, pensent que ce fut dans ses environs que se
commit le premier meurtre.
2°
La Syrie de Damas, ou Aram Damas, est le nom
qu'on donnait à la partie de la Syrie qui formait le territoire de la
ville de Damas, au nord-est de la Palestine, 2 Sam. 8, 6. cf. Es. 7, 8.
17, 3. Am. 1,5.
DAN
Atait fils de Jacob et de Bilha,
Gen. 30, 3. On
avait assigné à la tribu qui porta son nom un territoire entre les
tribus de Juda, de Benjamin et d'E~ phraïm, Jos. 19, 40.; mais, outre
que ces limites étaient passablement restreintes, il paraît qu'il se
passa un temps assez long avant qu'elle pût en chasser les Cananéens et
en prendre entièrement possession : c'est ainsi qu'il faut entendre les
passages, Jug. 1, 34. 18, 2. Ce fut là sans doute la cause de
l'expédition contre la ville de Laïs, qui eut lieu déjà du temps de
Josué, Jos. 19, 47., mais que nous ne trouvons racontée avec détails
que Jug. 18. La nouvelle ville qui fut construite sur l'emplacement de
Laïs, reçut aussi le nom de Dan. Ils possédèrent ainsi tout le cours
supérieur du Jourdain, et la partie septentrionale du pays, de sorte
que pour dire d'une extrémité à l'autre de Canaan, on finit par dire
proverbialement de Dan à Béersébah, 1 Sam. 3, 20. etc. v. Béersébah.
Quant à l'ancien territoire de la tribu, il avait pour voisins et pour
ennemis les Philistins, sous l'oppression desquels les Danites gémirent
pendant quarante ans, jusqu'à ce qu'enfin un homme de cette tribu,
Samson, les en eut délivrés, Jug. 13, 1. 2. Les Danites avaient des
vaisseaux, Jug. 5,17., et l'on croit qu'ils possédaient la ville de
Joppe au bord de la mer.
Jacob, à son lit de mort, annonce que «
Dan
jugera son peuple, aussi bien qu'une autre des tribus d'Israël (Samson)
; qu'il sera un serpent sur le chemin, et une couleuvre dans le
sentier, mordant les cornes du cheval, et celui qui le monte tombe à la
renverse, » ce qui signifie que ses conquêtes et ses victoires seront
dues à la ruse plutôt qu'à la force (Gen. 49, 16. 17.). Moïse au
contraire dit de cette tribu : « Dan est comme un jeune lion, »
montrant ainsi que, si la ruse est son partage, la force cependant ne
lui manquera pas.
Quant
aux raisons pour lesquelles cette tribu ne se
trouve pas mentionnée avec les autres Apoc. 7, 5-8., les commentateurs
sont partagés : on pourrait penser que c'est parce qu'elle fut dès le
commencement le principal siège de l'idolâtrie, Jug. 18,1 Rois 12, 30.
v. Tribus.
DANIEL
1° Troisième fils
de David, par Abigaïl, 1
Chr. 3, 1. —2° Descendant d'Ithamar, nommé parmi ceux qui revinrent de
la captivité de Babylone, Esdr. 8, 2.-3° Prophète hébreu.”
Daniel le prophète étaitd'une naissance
illustre, et même, selon Josèphe (An-tiq. 10, 10.), il appartenait à la
famille royale et descendait directement d'Ezé-chias ; cf. 2 Rois 20,
18. Fort jeune encore, âgé peut-être de 12 à 15 ans, il fut emmené
captif en Caldée, après la prise de Jérusalem par Nébucadnetsar, la
quatrième année de Jéhojakim (av. C. 606). Il fut élevé avec trois
autres de ses compatriotes et compagnons d'âge pour le service de la
cour, et reçut le nom deBel-tesatsar, Dan. 1, 7. 2, 26. Il se distingua
par ses abstinences et sa fidélité, refusa de se souiller en goûtant
des mets qui lui étaient défendus par la loi de Moïse, et commença, au
bout de trois années de préparation, son service auprès du monarque.
Les quatre jeunes gens ne tardèrent pas à gagner la confiance de leur
maître par leur sagesse et leur science admirables ; Daniel, en
particulier, ayant su rappeler au roi un songe remarquable que celui-ci
avait fait et qu'il avait entièrement oublié, et lui en ayant en même
temps donné l'interprétation, devint l'objet d'une haute considération
et fut élevé à la dignité d'inspecteur de la caste des mages, 2, 46.,
charge qu'il paraît avoir perdue cependant sous l'un des successeurs de
Nébucadnetsar, et qu'il n'exerçait plus sous Belsatsar, 3, 10-16. C'est
revêtu de ce titre nouveau qu'il fut appelé auprès du roi pour lui
expliquer un second songe, mais personnel à Nébucadnetsar, et plus
terrible que le premier; il lui annonça qu'il serait, pendant un
certain nombre d'années, réduit à l'état de bête sauvage. Puis, pendant
deux ou trois règnes, ceux d'Evil-Mérodac, de Né-riglissor et de
Laboroso-Archod, Daniel disparaît de la scène : les armes de Cy-rus
remplissent déjà l'Asie, sa renommée est portée sur toutes les bouches,
ici la crainte, là l'espérance. Daniel, qui sait la succession des
monarchies et le renversement de Babylone par la puissance mé-do-perse,
Daniel qui sait que la fin de la captivité, que le terme des soixante
et dix années approche, Daniel enfin qui se rappelle que c'est un
guerrier du nom de Cyrus qui doit présider au retour des Juifs dans
leur pays, dire à Jérusalem : sois rebâtie, et à son temple: sois
refondé, Daniel attend dans le silence le développement et
l'accomplissement de ces faits dont aucun autre peut-être n'a la clef.
Puis, une nuit, pendant que Belsatsar est dans la salle du festin,
Cyrus marche dans le lit du fleuve mis à sec, et l'ange écrit sur la
muraille du festin des mots mystérieux et redoutables. Après avoir
inutilement consulté les mages et les devins, Belsatsar mande le
prophète hébreu. Daniel apparaît: ses paroles sont sévères ; il parle à
un roi puissant, mais qui n'a plus que peu d'heures à vivre ; il lui
reproche ses crimes et lui déclare que le moment de la vengeance est
arrivé : bien loin de profiter de l'expérience de ses pères, il a
résisté au vrai Dieu, il s'en est détourné, il a foulé aux pieds les
choses saintes ; les coupes et les vases sacrés du temple de Jérusalem
sont encore là, sur la table, pleins de vin, destinés à passer par les
lèvres des courtisans et des concubines royales. Frappé de terreur, et
voulant essayer peut-être de parer le coup fatal en s'amendant à la
hâte, Belsatsar fait revêtir Daniel d'écarlate, lui met un collier d'or
au cou, et le déclare le troisième du royaume. C'était trop tard.
Darius le Mède, grand oncle de Belsatsar, et pour qui Cyrus avait fait
cette conquête, s'empara du royaumeàràged'environ soixante et douze ans
; il continua d'avoir pour Daniel le même respect et la même
considération que lui avaient témoignée ses prédécesseurs; il établit
cent vingt sa-trapes dans le pays, au-dessus d'eux trois gouverneurs,
et Daniel comme leur chef. Darius fut le sixième roi que Daniel fut
appelé à servir d'une manière ou de l'autre dans l'administration ; il
servit encore plus tard sous Cyrus, Dan. 6, 28. Cependant l'envie et la
malveillance ne dormaient pas; la religion fut le moyen que l'on mit en
avant pour perdre Daniel ; on arracha à Darius un édit par lequel tout
homme qui, pendant trente jours, adresserait des prières à une autre
divinité qu'au roi lui-même, serait jeté aux lions. Daniel, qui n'a
jamais fait étalage de piété, ne craint pas non plus de montrer sa foi
; il doit l'exemple à ses coreligionnaires, il doit lés soutenir dans
ce combat entre les dieux de Darius et Jéhova : sa position l'y oblige;
s'il cède, tous céderont ; s;il persévère dans le bien, tous y
persévéreront. Aussi, trois fois le jour il ouvre sa fenêtre du côté de
Jérusalem, se met à genoux, prie et célèbre son Dieu comme il faisait
auparavant. Découvert, accusé, condamné malgré le roi que sa parole
engage, on le descend dans la fosse aux lions; mais ces animaux affamés
respectent l'oint de l'Eternel, et quand, au jour suivant, Darius, qui
croit au Dieu de Daniel, s'approche avec une vague et faible espérance
de trouver son ami vivant, Daniel lui répond: 0 roi, vis éternellement.
Mon Dieu a envoyé son ange, et a fermé la gueule des lions, tellement
qu'ils ne m'ont fait aucun mal, parce que j'ai été trouvé innocent
devant lui ; et même à ton égard, ô roi, je n'ai commis aucune faute.
Daniel sort du tombeau triomphant; ses ennemis, qu'on y jette avec
leurs femmes et leurs enfants, sont dévorés « avant même qu'ils soient
parvenus au bas de la fosse. >¦ Le pro-phète reprend dans
l'empire son rang et son autorité, Dan. 6, 11.; c'est en grande partie
à son influence qu'il faut attribuer la permission donnée aux Juifs de
retourner dans leur patrie. Lui-même resta à la cour, surveillant
jusqu'à sa mort les intérêts du règne de son divin maître, et mourut, à
ce que l'on peut croire, âgé d'au moins quatre-vingt-dix ans, quelques
années après l'avènement de Cyrus.
Dieu
n'avait envoyé Daniel à Babylone, et ne
l'avait revêtu du ministère public qu'en vue du peuple d'Israël, dont
la régénération morale devait s'opérer pendant l'exil. Or, quoi de plus
propre à atteindre ce but que la mission de Daniel ? Tous les
Israélites pouvaient attacher leurs regards sur lui comme sur un modèle
de fidélité : ils voyaient se déployer en lui, même au milieu des
idoles, toute la puissance du vrai Dieu; jeune, il les encourage par sa
fermeté ; plus tard, il les soutient de son crédit et par les
révélations de sa sagesse surhumaine ; vieillard, il affronte les
lions, et, par sa haute position, s'expose aux premiers coups, aux
premiers châtiments, comme le sapin de la montagne qui détourne la
foudre des arbustes qui l'environnent, en l'attirant sur lui-même.
Enfin ses prophéties consolantes devaient relever leur courage abattu,
et leur montrer dans un avenir peu éloigné le moment que les fidèles
appelaient de leurs vœux les plus chers.
Deux
passages d'Ezéchiel, 14, 14. 28, 3., nous
montrent que sa destinée providentielle fut comprise au moins par
quelques-uns de ses compatriotes ; ils nous font voir en même temps
combien Daniel devait être un homme de prière, puisque de son vivant,
un de ses contemporains, mû par l'esprit de Dieu, ne craint pas de le
citer avec Job et Noé, comme un des hommes dont l'intercession eût pu
avoir le plus de succès auprès du trône des mi-séricordes et de la
justice. Sa sagesse y est également exaltée.
On s'est étonné quelquefois que Daniel
n'ait
pas été enveloppé dans une même condamnation avec ses trois amis qui
furent jetés dans la fournaise ardente pour avoir refusé d'adorer la
statue de Nébu-cadnetsar, Dan. 3; mais outre que Daniel pouvait se
trouver accidentellement éloigné, il faut remarquer que la fête de
cette dédicace se fit dans la province de Babylone où les trois autres
jeunes gens étaient établis, tandis que Daniel qui avait un autre poste
dans la ville même de Babylone, à la porte du roi, 2, 49., était
peut-être retenu par sa charge même, loin d'une scène d'idolâtrie dans
laquelle il aurait certainement participé à la conduite, au supplice et
à la délivrance de ses amis, s'il eût été appelé à y assister.
Quoique
le prophète ait été un homme pécheur comme
nous, et qu'il le reconnaisse avec tant d'humilité dans la belle prière
du chapitre neuvième, on a fait la remarque que sa vie telle qu'elle
est racontée ne présente aucune espèce de taches, de même que celle de
Joseph en Egypte : ce sont deux figures qui nous offrent la plus grande
pureté de caractère, nobles, droits, fidèles dans tout ce que nous en
connaissons.
Livre de Daniel. Les six premiers
chapitres se
rapportent à la biographie du prophète ; les six autres contiennent les
prophéties proprement dites, qui ont essentiellement pour objet
l'histoire des principaux peuples aux destinées desquels le peuple de
Dieu fut mêlé et enchaîné. Ce devait être pour les Israélites pieux une
grande consolation de pouvoir ainsi discerner clairement, au milieu des
révolutions politiques, la main de celui qui fait concourir toutes
choses au bien de ceux qui l'aiment. Le sujet du chapitre 7e est le
même que celui du songe expliqué au chapitre 2e, la succession des
quatre monarchies, chaldéenne, médo-perse, macédonienne et romaine. Le
chapitre 8e annonce avec plus de détail l'histoire de la deuxième et
troisième de ces monarchies. Le 9e détermine de la manière la plus
remarquable et la plus précise l'époque des bénédictions messianiques,
il renferme le passage des septante semaines. Les chapitres 10e et 11e
prédisent les destinées du peuple Juif sous la domination égyptienne et
sous la domination syrienne. Enfin, le 12e s'étend de nouveau jusqu'aux
temps du Messie. Ces douze premiers chapitres sont écrits partie en
caldéen, partie en hébreu ; les catholiques en ajoutent deux autres
écrits en grec, et renfermant les histoires de Susanne, de Bel et du
Dragon; on les compte ordinairement à part. v. Apocryphes.
Le livre de Daniel contient des vérités
tellement précises, les miracles qu'il rapporte sont si inexplicables,
qu'il devait être une pierre d'achoppement pour tous les ennemis de la
révélation : aussi les voyons-nous se liguer dans leurs attaques contre
son authenticité, depuis le païen Porphyre jusqu'aux rationalistes
modernes inclusivement. Cette authenticité, cependant, repose sur des
preuves assez solides et assez nombreuses pour que sous ce rapport
Daniel puisse se mesurer avec tout autre livre de l'antiquité
hébraïque. 11 existait déjà en collection du temps des Maccabées, 1
Mac. 2, o9, 60., et Josèphe nous apprend, Ant. 11, 85., qu'il fut
présenté à Alexandre-le-Grand, fait dont nous n'avons aucune raison de
douter. L'auteur montre aussi une connaissance si approfondie des mœurs
et des événements de l'époque dont il parle, qu'il serait difficile
d'admettre que ce livre ait été écrit à une époque postérieure. Enfin
et surtout, nous avons en faveur de son authenticité le témoignage
solennel de notre Sauveur, qui ajoute : que celui qui lit ce prophète y
fasse attention, Mat 24, 15.
Pour
l'étude de ce livre difficile nous indiquerons
parmi les meilleurs ouvrages à consulter, le Commentaire de Calvin,
l'Apologétique de Sack, Hengstenberg's Beitrsege zur Einl. in das Alte
Test., le commentaire de Hœvernick, en anglais Tregelles, et en
français les Leçons sur le prophète Daniel, données dans une école du
dimanche, par M. Gaussen.
DANNA
Jos. 15, 49.,
ville de Juda située dans les
montagnes.
DANSE. De tout temps les
Hébreux paraissent avoir
été grands amateurs de la danse, Prov. 26, 7. Eccl. 3, 4. C'étaient
principalement les femmes et les jeunes filles qui s'adonnaient à cet
exercice, Jér. 31,4. Jug. -21, 21., et les enfants les imitaient dans
leurs jeux au milieu des rues, Mat 14, 17. Luc 7, 32.; plus
ordinairement, les danses se composaient de chœurs et de groupes; on
voit cependant j aussi quelques exemples de solos de danse, 2 Sam. 6,
14. 16., Mat 14, 6. Elles faisaient partie des réjouissances
particulières, Luc 15, 25.; on les trouve aussi pratiquées dans les
réjouissances publiques, accompagnant les récoltes, Jug. 9, 27., les
fêtes politiques, I Sam. 18, 6. 21, II. 30,16., et même les fêtes
religieuses, Ex. 15, 20. Jug. 21, 19-21. 2 Sam. 6, 5. 14. Les femmes
s'accompagnaient du tambourin, Jér. 31, 4., quelquefois on y joignait
le chant, 1 Sam. 18, 7. 21, 11., et des instruments de musique,
cymbales et autres, 2 Sam. 6, 5. Ces danses, en général d'un caractère
reli-gieux, se justifiaient par le besoin naturel à l'homme d'exprimer
sa joie, sa reconnaissance pour son Dieu, aussi bien par les mouvements
de ses membres, que par les sons de sa voix ; mais elles n'avaient
aucun rapport avec les dissipations et les danses toutes charnelles,
habituellement voluptueuses, des bals et ballets modernes. On peut
conjecturer d'ailleurs qu'elles ressemblaient à quelques égards aux
danses à la fois énergiques et gracieuses de l'Orient actuel.—Plus tard
seulement on vit paraître dans le voisinage de la Palestine, et
peut-être en Palestine même, des danseuses étrangères, prostituées et
musiciennes, vraies baya-dères, parcourant les villes, et les amu-sant
de leurs chants et de leurs danses, Es. 23, 16.
DARDAH
1 Rois 4, 31., v.
Ethan.
DARIUS
Trois rois
de ce nom sont
mentionnés dans l'Ecriture, et le nom même de Darius qui signifie en
persan un roi, semble indiquer que c'était une espèce de titre
dynastique commun à tous les rois de ce pays, mais plus
particulièrement porté par quelques-uns.
1°
Le premier dont la Bible nous parle est Darius
le Mède fils d'Assuérus (As-tyage) et connu dans les historiens grecs
sous le nom de Cyaxare II (Josèphe An-tiq. X, 41, 1.), d'Astyage dans
l'apocryphe Dan. 14, 1. Ce fut lui qui avec le secours de Cyrus son
neveu réunit à ses états l'empire babylonien (538 av. C), et commença
la seconde monarchie annoncée par Daniel. Sur la fin de son règne, il
se livra à la mollesse et aux plaisirs, et abandonna l'exercice de
l'autorité royale
à
Cyrus dont il avait fait son gendre, et qui
bientôt fut son successeur dans les empires réunis. Le trait principal
de son règne est, à côté de son affection et de son estime pour Daniel,
la faiblesse avec laquelle il signa le fol édit qui défendait à tous
ses sujets d'adresser des vœux à un autre qu'à lui pendant l'espace de
trente jours ; cette impie mesure qui flattait son orgueil, et qu'il
n'avait pas examinée davantage, eut pour conséquence (comme elle avait
eu pour motif chez les ambitieux ennemis du prophète) l'arrestation de
Daniel et sa condamnation. Darius, esclave de sa parole et le jouet de
ses courtisans, crut devoir livrer celui qu'il avait établi naguères
gouverneur de toutes les satrapies du royaume, et le fidèle fut jeté
aux lions. Au milieu de ces bêtes féroces et affamées, le vieillard
passa une nuit plus tranquille que le malheureux monarque dans son
palais et sur sur sa couche royale. Darius avait cependant quelque
faible espérance ; un miracle ne lui paraissait pas impossible : Ton
Dieu, lequel tu sers incessamment, sera celui qui te délivrera,
avait-il dit à Daniel; maisaveccette faible foi de païen, chargé
d'ailleurs, dans sa conscience, d'un meurtre qu'il se reprochait à
lui-même, parce qu'il eût pu le prévenir et l'empêcher, fatigué
peut-être aussi de se voir la victime de ses insolents serviteurs,
Darius ne put fermer l'oeil de toute la nuit; il se rendit à l'aube du
jour, et en grande hâte, vers la fosse des lions, pour voir si Dieu
avait, dans sa bonté, réparé le mal que lui, dans sa folie, avait
ordonné ou laissé faire. Daniel était sauvé ; on ne trouva en lui
aucune blessure, parce qu'il avait cru en son Dieu. Alors Darius, comme
tous les esprits faibles qui passent promptement d'un extrême à
l'autre, fit jeter aux lions les accusateurs du prophète et leurs
familles, pensant, par sa cruauté, racheter sa faute et expier sa
faiblesse. Il réintégra Daniel dans ses fonctions, et publia un édit
remarquable qui semble prouver que la délivrance miraculeuse de son
ministre favori avait produit une profonde impression sur son âme, Dan.
6.
2° Darius fils d'Hystaspe, qui, à l'aide
du
hennissement frauduleusement obtenu de son cheval, monta sur le trône
après le mage Smerdis, vers l'an 522 av. C. La 2e année de son règne,
et à la parole d'Aggée et de Zacharie, il confirma, malgré les nombreux
ennemis des Juifs, la permission que Cyrus avait donnée de reconstruire
le temple de Jérusalem, et qui avait été momentanément retirée sous le
règne d'Artaxercès, Esd. 6, 1 -1H., cf. 4, o. 24. 6, 1. Agg. 1, 1. 2,
1. Zach. 1,1. Son royaume s'aggrandit par plusieurs conquêtes : ce fut
sous lui que se révolta Babylone, désireuse de retrouver son
indépendance première, mais après un siège et des horreurs sans
pareilles, et à la tête de toutes ses troupes, il fit rentrer cette
ville dans la soumission,, ayant accompli, sans le savoir, les
prophéties juives d'Esaïe, 47, 1. 48,44, et de Jérémie, 30, 8. 9. 81,
1. 6. 9. 43., cf. Zach. 2, 7. On peut remarquer aussi que dans ces
passages Dieu donna aux Juifs renfermés dans Babylone, le conseil
pressant de quitter cette ville avant le siège redoutable dont elle est
menacée. — Bossuet croît reconnaître en lui l'Assuérus du livre d'Ester
; mais v. cet article.
3°
Darius de Perse. Le roi ainsi nommé, Néh. 12,
22., est très probablement Darius Nothus fils d'Artaxercès Longuemain,
dont le règne très agité dura dix-neuf ans, et qui mourut vers l'an 406
av. C. Josèphe, Grotius et Leclerc ont cru qu'il s'agissait plutôt du
règne de Darius Codoman, parce que le souverain sacrilicateur Jadduah,
qui semble indiqué dans ce verset comme contemporain de Darius, était à
Jérusalem lorsque Alexandre le Grand s'approcha de cette ville, et l'on
connaît le rôle qu'il joua dans cette circonstance. Mais on peut très
bien admettre que son père Johanan ait seul été contemporain de Darius,
et Néhémie peut avoir encore vu, avant de mourir, le jeune Jadduah
commencer à exercer la charge de sacrificateur.
DATHAN
Frère d'Abiram, cf.
DATTES
Le dattier,
maintenant assez rare en
Palestine, y était autrefois très abondant, surtout dans les environs
de Jéricho, de Hen-Guédi, et du lac de Gé-nézareth. C'est l'arbre que
nos versions ont traduit par palme ou palmier, indi-
quant
le genre sans désigner l'espèce, Jug. 4, ».
Joël '1, 12., cf. Josèphe Ant. 1», 4. 2. Pline 13, 6. On retrouve le
dattier sur des monnaies romaines comme symbole de la Palestine, et la
ville de Jéricho avait reçu le nom de ville des dattes, à cause de la
quantité de ces arbres qui se trouvaient dans son voisinage. Il y en
avait aussi en Egypte, en Perse et en Arabie, Ex. 15, 27., et ils
étaient regardés dans ces contrées comme des arbres utiles et des plus
précieux. Le dattier recherche les terrains chauds et sablonneux, mais
sans craindre l'humidité. 11 s'élève souvent jusqu'à la hauteur de 30
mètres, et atteint l'âge de deux siècles. Son tronc droit et élancé
porte à son sommet un bouquet de branches feuillées, élégamment
recourbées vers la terre, assez longues d'abord, mais se raccourcissant
de beaucoup vers le haut de l'arbre. Ses fruits sont ramassés en
grappes nombreuses; ils ont la forme de glands, mais sont plus grands
et recouverts d'une peau rougeàtre : ils offrent un manger délicat,
très goûté en Orient, soit frais et tels qu'ils sont cueillis sur
l'arbre, soit pressés en petits gâteaux. On en fait aussi une espèce de
liqueur connue sous le nom de vin de dattes, et fort estimée; v.
Cervoise. Après que le premier jus a été exprimé, on verse de l'eau sur
les dattes qu'on laisse ainsi macérer quelques jours, et l'on en fait
une nouvelle liqueur, un petit vin peu agréable, mais dont on se sert
volontiers comme rafraîchissement. Avec les branches de l'arbre, on
fabrique des paniers, avec leurs fibres des cordes, avec les feuilles
des nattes, et le tronc même, quoique assez mou intérieurement, comme
celui des monocotylédo-nes en général, est assez solide au dehors pour
qu'on puisse l'employer comme bois de charpente (Xénoph. Cyrop. 7, 5.
11.)— Gen. 43, 11., v. Pistaches.
DAVID
Fils d'Isaï, de la
tribu de Juda, comptait
parmi ses ancêtres Ruth la Moa-bite, Rachab l'hôtelière de Jéricho, et
Tamar la Cananéenne. Il fut le chef de la dynastie des rois de Juda, et
le Christ, qu'il avait préfiguré dans sa royauté, est sorti de sa race,
et a porté, comme l'héritier de son trône, ie nom caractéristique de
fils de David. David naquit à Bethléhem, 1085 ans av. C. Samuel avait
alors cinquante-quatre ans. L'heureuse influence du dernier des juges
répandait la piété et la prospérité chez les Israélites. Le septième et
dernier fils d'Isaï, occupé dans sa jeunesse à paître les troupeaux,
avait dix-neuf ans lorsqu'il fut désigné, par l'onction sainte répandue
sur sa tète, pour succéder, sur le trône d'Israël, à Saiil,
désobéissant et rejeté. Néanmois sa destinée ne devait se dérouler que
successivement, et Dieu, pour le préparer au trône, le lit passer à
travers bien des vicissitudes et des dangers. Peu après son sacre, il
fut appelé auprès de Saiil pour distraire, par le charme delà musique,
la mélancolie du roi que possédait un mauvais esprit. Rentré chez son
père, après le succès de ses soins, il ne tarda pas à se faire
connaître de nouveau du roi et du peuple par sa victoire sur Goliath,
le géant Philistin. Il est beau de voir un jeune homme de vingt-trois
ans, soutenu par sa foi, s'avancer avec une fronde et cinq pierres du
torrent, contre un ennemi colossal armé de toutes pièces. Il remporta
la victoire parce que Goliath s'était confié dans sa force et avait
défié le Dieu d'Israël, au nom duquel David se présentait pour le
combattre. Dès ce moment, David entra définitivement au service du roi,
qu'il ne quitta plus. Mais la jalousie de Saiil, excitée par les
louanges du peuple, s'alluma bientôt contre David et, sauf quelques
intermittences, ne cessa de le poursuivre avec un acharnement toujours
croissant. La protection divine, qui reposait sur David, fit tourner à
sa gloire, à sa popularité, à l'affermissement de son royal avenir, les
missions périlleuses confiées à sa jeunesse par le mauvais vouloir de
Saiil, et consacrées par l'enthousiasme et la confiance de l'armée.
Saiil, après avoir, dans le mariage de sa fille ainée, manqué à la
promesse qu'il avait faite au vainqueur du Philistin, voulut faire
servir à l'assouvissement de sa haine l'amour que Mical, sa seconde
fille, éprouvait pour le jeune capitaine. La prudence et la vaillance
de David déjouèrent ces perfides manoeuvres ; Saiil dut l'accepter pour
gendre, et sensible aux remontrande Jonathan son (ils, l'ami de David,
il imposa pour un moment silence à son injuste animosité. Cène fut
qu'une trêve. Les succès du héros d'Israël, dans la guerre qui venait
de recommencer contre les Philistins, rallumèrent les flamheaux de la
jalousie et de la haine dans le cœur de son puissant ennemi. Deux fois,
lorsque la harpe de David cherchait à soulager les souffrances morales
de Saûl, souffrances d'envie et de rage qui s'irritaient peut-être de
leur injustice même, deux fois, joignant l'ingratitude à h folie, Saûl
avait cherché à clouer contre la paroi, d'un coup de javeline, son
chantre fidèle et dévoué. Parvenue à son comble, la fureur de Saûl
force David à s'enfuir. Délivré une première fois par la puissance de
l'esprit de Dieu qui, en se répandant sur les émissaires de Saûl, et en
gagnant Saiil lui-même, les contraint d'oublier, aux pieds de Samuel,
leurs mauvais desseins, et de glorifier le Seigneur, David est bientôt
contraint de fuir de nouveau. II est secouru par Ahimélec et
l'enveloppe dans sa disgrâce. Puis, après avoir tenté de se réfugier
auprès d'Akis, roi de Gath, et après avoir placé son père et sa mère en
lieu de sûreté, il se met à parcourir le pays à la tête de gens
malheureux comme lui, vivant dans les lieux écartés et mettant sa
troupe, forte d'environ 400 hommes, au service de ses concitoyens, pour
les protéger contre les incursions des peuples environnants. Dans les
montagnes, trahi par ceux-là même qu'il avait aidés et délivrés, il
n'échappe à la mort que grâce aux merveilles réitérées de la protection
divine, et, par deux fois, il épargne Saûl qu'il avait l'occasion de
frapper à coup sûr. L'ingratitude et la persévérance de son ennemi
lassent enfin sa constance et sa foi, il se retire chez les Philistins,
et reçoit Tsiklag pour refuge et habitation. Cette faute grave fut
punie par la position fausse et difficile où il se trouva placé chez
les ennemis de son peuple, obligé de vivre pendant deux ans environ
dans la dissimulation, le mensonge et la cruauté. A la bataille de
Guilboah, conduit par Akis dans les rangs des Philistins, il se trouve
dans l'alternative inévitable ou de faire la guerre à son peuple, ou de
tirer perfidement l'épée contre un bienfaiteur trop confiant, dont il
avait accepté l'hospitalité. La méfiance des Philistins, en le faisant
renvoyer, lui épargna un crime; la prise de Tsiklag, qu'il trouva
brûlée et pillée par les Amalécites, paraît avoir été le châtiment dont
Dieu se servit pour le faire rentrer en lui-même. Près de périr par la
main des siens, que l'enlèvement de leurs femmes, de leurs enfants et
de leurs biens avait exaspérés, il se fortifia en son Dieu, apaisa ses
gens, poursuivit et atteignit les pillards, reprit tout ce qu'il avait
perdu, et fit en outre un immense butin. C'est ce butin qui lui servit
à regagner, par des présents faits à propos, la bienveillance des
principaux Israélites.
Sur
ces entrefaites, la mort de Saiil lui ouvrit
les avenues du trône, et la tribu de Juda le reconnut pour son roi. Il
avait trente ans alors; il choisit pour résidence l'antique ville
d'Hébron. Is-Boseth, fils de Saûl, fut mis à la tête d'Israël par les
légitimistes de l'époque, et une longue guerre s'en suivit. La
défection et la mort d'Abner, la trahison de Bahana et de Récab, qui
assassinèrent Is-Boseth, y mirent un terme. David, en punissant de mort
les meurtriers de Saûl d'abord, puis les lâches assassins du fils de
Saûl, se montra juste et récompensa dignement les traîtres. On regrette
qu'il n'ait pas montré la même fermeté envers Joab, son neveu,
meurtrier d'Abner. Le crédit et l'influence de ce vaillant homme de
guerre auprès de l'armée le sauvèrent; David n'osa pas en le punissant
compromettre une autorité faible encore et précaire.
Maître de tout Israël, à l'âge d'environ
quarante ans, David prend Jérusalem sur les Jébusiens, et y fixe sa
résidence. Il abaisse et humilie les Philistins, ces ennemis constants
du peuple de Dieu. L'arche, qui depuis la mortd'Héli, était
restéesépa-rée du sanctuaire, est conduite avec pompe et aux
acclamations unanimes du peu-ple, dans un tabernacle dressé pour elle
en Sion. David projette la construction du temple ; Dieu réserve cette
gloire à Salomon, mais prononce dans cette occasion solennelle l'oracle
qui fixe dans la famille de David la succession de la royauté qui
devait aboutir au Messie. La prospérité de David parvient à son comble,
ses ennemis sont subjugués tout alentour, leurs insultes et leurs
efforts ne servent qu'à étendre la domination d'Israël, et les limites
annoncées par Moïse sont atteintes pour la première fois.
Cette
prospérité, le succès de ses armes et la
gloire de son règne exercèrent sur l'âme de David une funeste
influence. Ses mœurs s'amollirent ; son âme s'endormit dans les
délices. Pendant qu'il savourait à Jérusalem les douceurs et le luxe
d'une royauté orientale, et que son armée, sous la conduite de Joab,
faisait le siège de Rabbath-Hammon, David se laissait séduire par la
beauté de Bath-Sèba, femme d'Urie, et tombait dans l'adultère ; après
avoir échoué dans les odieuses intrigues qu'il tenta pour cacher les
traces de son crime, il fut conduit de péché en péché, à faire périr,
par la main des Hammonites,Urie et plusieurs de ses plus vaillants et
de ses plus fidèles serviteurs. Enfin réveillé de son sommeil de péché,
et rappelé à lui-même par la voix fidèle de Nathan, David montra, par
sa sincère et profonde repentance, les dispositions saintes qui
l'animaient et qui, après une funeste et trop longue interruption,
avaient repris possession de son âme. Il avait alors 32 ans.
Mais, dès ce moment, la prospérité qui lui
avait été si fatale se retira de lui, et depuis cette époque jusqu'à la
fin de son règne, son âme fut maintenue dans l'humilité, la défiance
d'elle-même et la soumission au Seigneur, par une suite de calamités
publiques ou particulières. Les désordres domestiques qui souillèrent
et ensanglantèrent sa maison. la violence exercée par Amnon contre sa
sœur Ta-mar, la vengeance sanglante qu'Absalon tira de cette offense,
l'exil de ce fils bien-aimé qui en fut la suite, le retour toléré
d'abord, puis la grâce complète de ce jeune homme dont le crime n'était
pas sans excuse, l'ingratitude de celui-ci, ses menées, la guerre
civile qu'il alluma pour enlever à son père le royaume et la vie,
révolte qui fut bien près d'être couronnée par la victoire ; tous ces
événements trouvèrent David, souvent faible peut-être dans le
gouvernement de sa famille, mais humble, mais fort, mais grand dans sa
foi et dans sa piété, sous la puissante main du Dieu qui le châtiait
dans son amour. Le succès presque complet de la tentative d'Absalon
semblerait indiquer que, depuis son crime, David, soit influence de
l'âge, soit surtout consciencede son humiliation, et souvenir de ses
fautes, avait perdu cette force de volonté, cette présence d'esprit et
cette fermeté de décision qui l'avaient porté, de vicissitudes en
vicissitudes, jusque sur le trône de Juda et d'Israël. Toutefois la
fidélité et le dévouement de ceux qui entourèrent et sauvèrent David
dans cette circonstance, montrent que, s'il avait perdu sous quelques
rapports, il était cependant toujours le vrai roi de ce peuple un
moment égaré, mais qui n'avait pas cessé d'avoir pour lui confiance et
affection : c'est ce que prouvent encore l'insuccès de la révolte de
Scéba, fils deBicri, qui succéda à celle d'Absalon, et la fin sanglante
de ce rebelle.
A peine le fléau de la guerre civile
eut-il
fini de troubler le pays, qu'une autre calamité, la famine, se fit
sentir en Israël. C'était un châtiment du massacre des Ga-baonites, que
Saûl avait fait mourir, au mépris de la foi jurée. Ce crime avait été
inspiré à Saûl par un faux semblant de zèle, et par le besoin de
conserver ou d'augmenter sa popularité. Si le châtiment tomba sur le
peuple, c'est que celui qui sonde les cœurs avait découvert dans
l'esprit du peuple le germe et la vraie source de cette iniquité. De
même la vengeance qui, à la demande des Gabaonites, tomba sur la
famille de Saiil, se justifie aux yeux de quiconque connaît l'unité
d'esprit qui, à ce degré de civilisation, caractérise les grandes
familles, ou, pour employer un mot de nos langues modernes, les clans :
chacun de leurs membres adopte comme siennes les intentions du chef; il
s'y associe de cœur, et les exécute de pas en pas avec l'apparence, au
moins, de la plus entière spontanéité. On peut donc dire que le crime
de Saiil était celui de sa famille, et que le châtiment qui frappa ses
enfants atteignit cer-tainement des coupables. La famine fut pour les
Israélites une leçon haute et importante. Ils apprirent par là que le
Dieu d'Israël, bien que leur protecteur suprême, ne faisait aucune
acception des personnes ; Dieu recherchait sur son peuple, même en
faveur de profanes Cananéens, les iniquités commises contre ceux-ci ;
le châtiment leur rappelait que le seul titre personnel à la faveur
divine se trouve dans la justice et dans l'obéissance.
Les
dernières années de David furent consacrées aux
immenses préparatifs de la construction du temple, réservée à Sa-lomon,
mais que David eut toujours devant les yeux. Moins agitées que les
précédentes, elles furent cependant troublées par le péché du
dénombrement, et par la conspiration d'Adonija. L'orgueil présida au
dénombrement du peuple. 11 fallait que ce péché fut bien évident,
puisque Joab même, le sanguinaire et mondain Joab, reprit David à ce
sujet. Toutefois le cœur du roi se montre encore dans sa piété
généreuse, dans sa confiance pleine et entière en son Dieu, lorsque,
appeléà faire le choix douloureux d'un châtiment, il préfère tomber
dans les mains de celui dont les compassions sont en grand nombre. La
mortalité qui punit l'orgueil de David et décima son peuple, est une
preuve de plus que le droit de Dieu sur les hommes pécheurs est de les
faire périr quand et comme il le veut, et en même temps, que le dernier
mot de sa justice distributive est réservé pour une autre dispensation.
A cet événement se rattache le choix de l'emplacement du temple ; ce
choix, marqué par un sacrifice en dehors du rite lévitiqne, et par une
expiation efficace, puisque c'est là que l'ange apparut et que la plaie
s'arrêta, avait ainsi une valeur typique, et recevait d'en haut une
consécration indispensable sous l'économie mosaïque.
Comme un flambeau consumé jette un dernier
éclat avant de s'éteindre, nous retrouvons la fermeté, la décision,
l'humilité, la piété, tous les beaux traits du caractère de David, dans
sa conduite au sujet de la tentative d'Adonija. Et comme le soleil
couchant, avant de disparaître, se dégage des nuages pour embraser la
terre et les cieux de l'éclat de ses derniers rayons, ainsi les
derniers actes publics de David, relatifs à la construction du temple,
ont une grandeur et une beauté de foi toute particulière, et couronnent
dignement la vie de ce grand serviteur de Dieu. Il mourut âgé de 71
ans, en laissant, suivant une dispensation divine, le trône à un fils
de Bath-Séba.
Le
testament de David, les ordres qu'il donna à
Salomon, concernant Joab et Simhi, se justifient clairement aux yeux de
quiconque les examine avec foi et avec impartialité. David, par
diverses causes, au font! desquelles se trouvait une coupable
faiblesse, avait laissé vivre ce neveu qui, chéri de l'armée, était «
trop puissant pour lui. » Joab avait d'ailleurs mis le comble à ses
crimes, en participant à l'entreprise d'Adonija. David ordonne à
Salomon de faire justice. — David, comme homme, avait pardonné à Simhi,
et l'avait laissé vivre en paix tout le temps que lui-même avait vécu ;
maintenant qu'il va mourir, qu'il n'a plus rien à faire avec les
passions de la terre, qu'il a entièrement et jusque au bout donné la
preuve de la sincérité de son cœur en pardonnant, il peut laisser venir
le tour de la justice, et faire châtier par le roi son fils un crime
contre la royauté. Sa conduite envers les meurtriers de Saiil et
d'Is-Boseth montre la droiture de son caractère dans les affaires de ce
genre, et prouve que son unique préoccupation était le châtiment d'un
sujet rebelle, sans qu'il s'y mêlât aucun sentiment de ran-cune
personnelle.
Le rôle de David, dans l'histoire du
peuple
d'Israël, a été capital. Il est le fondateur de la royauté
théocratique. Il a été ce que Saiil aurait pu, mais n'a pas voulu être.
La fondation de la royauté était une déviation du principe de la
théocratie ; cette déviation devait trouver son correctif dans le
caractère personnel du roi et dans l'esprit de la royauté. Saùl,
demandé par le peuple, s'est trop souvenu de l'origine de sa puissance
; il a tout sacrifié à la popularité. Ce fut la source de ses
désobéissances et la cause de sa ré-jection. David a été l'homme selon
le cœur de Dieu ; il a été roi de la part de Dieu, pour diriger le
peuple dans les voies divines, non pour complaire au peuple, et par une
fatale complaisancel'égarer loin de Dieu. C'est là le trait saillant
qui distingue les deux rois et les deux royautés. Celle de Saiil (cf.)
a été mondaine, celle de David a été sainte. A ce titre il a été type
du Messie, et il a eu l'honneur d'être le dernier des patriarches,
ancêtres désignés du Sauveur.
L'œuvre
de David, comme prophète, n'a pas été moins
importante. Sans parler des prédictions nombreuses et détaillées
relatives au Christ, qui sont répandues dans les psaumes ; sans parler
de cet admirable recueil auquel son nom se rattache, et dont il a écrit
la plus grande partie [v. Psaumes), il fut l'auteur d'une révolution
importante dans le culte mosaïque, révolution correspondante à la
construction du temple qui a été son œuvre, autant et plus peut-être
que celle de Salomon. Depuis la mort d'Héli, l'arche ne se trouvait
plus dans le sanctuaire, et le culte n'était plus qu'imparfaitement
célébré. Il n'a même pu l'être de nouveau d'une manière complète que
dans le temple où il a été restauré avec une splendeur
inconnuejusqu'alors : David a d'avance organisé le service et les
fonctions des lévites, qui, n'étant plus chargés du transport d'un
tabernacle longtemps errant, désormais fixé, devenaient disponibles
pour d'autres fonctions. Celles de gardiens et de chantres leur furent
dévolues. Cette fonction de chantres qui coïncide avec la première
formation du Psautier signale l'introduction de l'élément de
l'édification directe, qui d'abord se mêle au culte typique, pour le
remplacer presque entièrement plus tard. Le symbole, à peu près la
seule forme du culte sous Moïse, fut aux différents âges de l'église
judaïque, successivement mélangé avec la parole qui, sous le
christianisme, occupe le culte presque entier, et n'a laissé au symbole
qu'une place, éminente il est vrai, mais restreinte dans ce qu'on
appelle d'ordinaire les sacrements.
Tel a été David, homme d'une haute
intelligence, d'un noble caractère, d'un cœur chaud et dévoué. Sur tous
les trônes et dans tous les temps, il eût été un monarque distingué, le
héros de son peuple. L'histoire profane, étrangère à l'austère
simplicité du style biblique, n'eût pas manqué d'exalter ses rares
vertus, sa gloire et ses triomphes ; elle eût caché ou pallié ses
chutes. 11 ne pouvait en être de même dans le récit inspiré, car c'est
à Dieu seul qu'appartient la gloire ; la Bible a été écrite pour nous
donner des exemples à suivre et non des hommes à idolâtrer. Mais, pour
qui sait apprécier les choses, pour qui accompagne David d'un œil
clairvoyant au milieu des vicissitudes si diverses d'une carrière
longue et remplie, pour qui lit dans les mouve-ments de cette âme si
droite, si chaleureuse, souvent si grande dans ses premiers élans, si
habituellement dirigée par la pensée et l'amour du Seigneur, l'éloge
biblique si remarquable qui lui a été décerné à tant de reprises,
malgré les côtés sombres de sa conduite, n'aura rien qui étonne, et
l'on répétera avec une conviction croissante, que c'était bien là «
l'homme selon le cœur de Dieu. »
L'histoire
de David embrasse le premier livre de
Samuel, depuis le chap. 46 ; tout le second livre de Samuel, et 1 Rois
1-2,. Elle est reproduite avec plus ou moins de détails, I Chr. 11-29.
Son nom, qui signifie bien aimé, reparaît continuellement dans l'Ancien
Testament, et une quarantaine de fois dans le Nouveau.
DËBIR
Deux villes de ce
nom. 1° Une dans la tribu
de Gad, Jos. 13, 26. 2° Une autre qui paraît avoir été située dans le
voisinage d'Hébron, Jos. 10, 38.; elle s'appellait auparavant Kiriath -
Sépher, Jos. 15, 15.; lors de la conquête les entants d'Israël
l'enlevèrent aux Cananéens, Jos. 10, 38. Elle fut d'abord incorporée à
la tribu de Juda, 15, 49., puis plus tard cédée aux sacrificateurs, 21,
15. 1 Chr. 6, 58.
DÉBORA
1° Nourrice de
Rébecca : elle accompagna en
Canaan la jeune fiancée d'Isaac, et paraît avoir été dès lors traitée
avec beaucoup d'affection et de respect par la famille du patriarche,
Gen. 24, 59. 3o, 8. Elle fut ensevelie au-dessous de Béthel, sous un
chêne.— 2° Fem-
me
pleine de foi et douée de dons prophétiques, le
quatrième des juges d'Israël, qui fut dans la main de Dieu un
instrument pour délivrerle peuple d'Israël, opprimé depuis longtemps
par le roi cananéen Jabin, Jug. 4, 4. 3, 1-31. Nous avons donné dans
nos Juges d'Israël â côté de l'histoire de cette femme remarquable, une
traduction nouvelle et annotée de l'hymne sublime qu'elle composa pour
bénir Dieu de la victoire qu'il avait accordée à son peuple (p.
39-48.).v. aussi Herder, De la poésie des Hébreux.
DÉCAPOLE
Ou Décapotis (les
dix villes), nom d'un
district situé au nord-est de la Palestine, touchant à la frontière de
Syrie. Il était ainsi nommé à cause des dix villes principales qui se
trouvaient sur son territoire, mais on ne peut plus en déterminer les
noms avec certitude, les différents auteurs qui nous en parlent n'étant
pas d'accord entre eux ; Pline cite les suivantes: Damas, Philadelphie,
Raphana, Scylhopolis, Gadara, Hippon, Dion, Pella, Galasa et Canatha ;
elles étaient presque toutes habitées par des païens ; Jésus y prêcha
souvent, Mat 4, 25. Marc 5, 20. 7, 31.
DECOURAGEMENT
Perte
de courage, d'énergie ; abattement ;
démoralisation : ex.
"Renoncer par découragement."
Qu'en pensent
les Saintes Ecritures ?
DEDAN
Il y avait deux
peuplades de ce nom. 1° Celle
qui descendait d'Abraham par Kétura, Gen. 25, 3., et qui habitait la
partie septentrionale de l'Arabie, près de l'Idumée, Jér. 25, 23. 49,
8. Ez. 25,13. — 2° Celle qui descendait de Cus, Gen. 10,7., et qui
habitait la partie orientale de l'Arabie, près du golfe persique.
C'était une peuplade fort commerçante, Es. 21, 13. Ez. 27, 15. 20. 23,
13. 11 y a encore dans le golfe persique une île de ce nom, Daden.
DEDICACE
(Fête de la), Jean 10,
22. Fête qui fut établie par Judas Maccabée (1 Mac. 4, 56. 2 Mac. 10,
6.), et qui se célébrait en hiver pendant huit jours à dater du 25
kisleu (décembre), par une riche illumination des maisons à Jérusalem,
et dans les autres villes. Cette illumination était le symbole de la
joie, comme aussi de l'espérance. La fête fut instituée après le retour
de la captivité, en souvenir de la purification du temple qui avait été
souillé et profané par Antiochus Epiphanes.
D'autres dédicaces solennelles sont encore
mentionnées dans l'Ancien Testament, celle du temple de Salomon, 1 Rois
8, celle des nouveaux murs de Jérusalem après l'exil, Néh. 12, 27.,
celle du nouveau temple, Esd. 6, 16.; v. encore Ex. 40, Nomb. 7,.
C'était aussi une coutume des Hébreux, coutume bien naturelle et
commune à bien des peuples, de dédier à Dieu leurs maisons nouvellement
construites, Deu 20, 5.: cette dédicace n'était dans les cas ordinaires
qu'une simple bénédiction prononcée, et l'inscription de quelques
passages de la Loi au-dessus de la porte.
DEHAVIENS
Cette peuplade
mentionnée Esd. 4,9., comme
une de celles d'où des colons furent transportés à Samarie, est sans
doute la même que celle dont les auteurs profanes nous parlent sous le
nom de Dahi ou Dahae, et qui se trouvait à l'est de la mer Caspienne,
soumise à la domination persane, (Hérod. 1,125. Stra-bon 11, 508. 311.)
DELAIA
Fils de Sémahia et
officier de Jéhojakim, fut
un de ceux qui, ayant entendu par Michée que Baruc avait lu des
prophéties sévères de Jérémie contre leur roi, prièrent Baruc de leur
en faire une lecture particulière. Effrayés des menaces contenues dans
cet écrit, ils résolurent d'en donner connaissance à Jéhojakim, après
avoir pourvu d'abord à la sûreté des deux prophètes. Le roi irrité à la
lecture à peine commencée de ces lignes, ayant déchiré le rouleau et
voulant le jeter dans le feu, Délaïa et les autres officiers
s'opposèrent, mais en vain, à cette impie résolution.
DELILA
Courtisane de la
vallée de Sorek,
probablement, philistine, sut par ses charmes séduire Samson, juge
d'Israël, s'en fit aimer sans l'aimer, profita de son amour pour le
trahir, et spécula sur la confiance du héros. Gagnée par les
Philistins, elle fatigua Samson de ses importunités pour lui arracher
le secret de sa force ; trois fois il lui répondit d'une manière
évasive, s'approchant plus ou moins de la vérité, trois fois elle
revint à la charge, et Samson que Dieu abandonnait en punition de son
impure passion, finit par s'abandonner lui-même, et
se livra à cette femme qui le livra aux ennemis
d'Israël, Jug. 16.
DELUGE
Inondation
extraordinaire et universelle
arrivée l'an du monde 1656 (2348 av. C), par laquelle Dieu détruisit
entièrement toutes les créatures vivantes qui se trouvaient sur la
terre ferme, à l'exception de celles qui furent enfermées dans l'arche.
Les eaux qui, au commenment de la création, couvraient toute la
surface du globe, et qui s'étaient retirées partiellement au troisième
jour, v. Création, couvrirent encore une fois la terre ; puis elle se
retirèrent à l'ordre du Tout-Puissant, le sec parut, la terre poussa
son jet comme au troisième jour, et fut de nouveau peuplée d'hommes et
d'animaux.
On
peut lire, Gen. 6,12-21. 7,11-24., la narration
à la fois concise et riche en détails que fait l'historien sacré de la
première partie de ce cataclysme.
Basnage
(Antiq. Judaïq. II, p. 309) donne un
calendrier de cette triste année; Calmet l'a copié; mais comme ce
calendrier ne nous paraît pas s'accorder toujours avec le texte, nous
essaierons de le rectifier. On doit placer le commencement de l'année
diluvienne à la même époque que celui de l'année civile des Juifs,
c'est-à-dire vers l'équinoxe d'automne, au mois de Tisri ; car l'année
ecclésiastique n'ayant été introduite qu'en vue des fêtes reli-gieuses
des Juifs, il n'est pas probable que Moïse y ait voulu rattacher la
chronologie du déluge. La computation des années de douze mois
ordinaires du calendrier juif ne pouvant suffire aux périodes
d'accroissement, de décroissement et de séjour des eaux, nous avons été
conduits à supposer que l'année du déluge doit avoir été une de celles
où se trouvait le mois intercalaire de Beadar. Voici ce calendrier:
An du
monde 4656. — 601e DE NOÉ.
1er mois, Tisri, de 30 jours. Méthusélah
meurt,
âgé de 969 ans; son fds, le pieux patriarche Lémec, père de Noé,.
l'avait précédé de cinq ans dans la tombe, Gen. 3, 27. cf. Es. 57,1. 2e
mois, Marchesvan, de 29 jours. 10e jour. — Dieu ordonne à Noé d'entrer
dans l'arche avec sa famille et Jes animaux, Gen. 7, I. 4.
17e jour. — Noé entre dans l'arche un jour de
sabbat, et immédiatement la pluie de 40 jours commence, 7, 13. 4.10.11.
¦12.
3e mois, Kisleu, de 30 jours.
28e jour. — La pluie s'arrête. Il paraît en effet,
d'après les versets 17 et 12 comparés entre eux, et avec les versets 11
et 13, que les 40 jours doivent se compter de celui où Noé entra dans
l'arche. 4e mois, Tébeth, de 29 jours.
Les eaux se renforcent sur la terre; l'arche flotte
à leur surface, v. 18. 5e mois, Sébat, de 30 jours.
Les eaux se renforcent prodigieusement, et couvrent
les montagnes les plus élevées, « sous tous les cieux, » v. 19,
c'est-à-dire, évidemment, sur toute la terre, ce qui donne le démenti
le plus formel à ceux qui ne veulent voir dans le déluge qu'une
inondation locale et partielle.
6e mois, Adar, de 29 jours.
Les eaux s'élèvent de 15 coudées au-dessus des plus
hautes montagnes, v. 20. Il n'est cependant pas possible de déterminer
le temps qui s'est écoulé entre les divers degrés ou étages de cette
effrayante progression ; le texte sacré nous dit seulement que les eaux
du déluge furent sur la terre 150 jours, v. 10 et 24, avant de
décroître.
Mois intercalaire, Beadar, de 29 jours.
20e jour. — Dernier jour de la permanence des
hautes eaux, et fin des 150 jours.
21e jour. — Les eaux commencent à diminuer. Les
sources de l'abîme et les bondes des cieux sont fermées, et le vent
souffle. Peut-être est-ce ce vent qui poussa l'arche jusque sur le lieu
où elle devait s'arrêter, 8, 1. 2. 3. Il semble aussi que 7, 18.
indique un mouvement dans les eaux, comme celui d'un courant qui aurait
déjà pu déplacer l'arche, diriger son inertie flottante, et la pousser
loin du lieu où elle avait été bâtie. La traduction litté-rale est : «
L'arche allait sur les eaux. » 7e mois, Nisan, de 30 jours.
Les eaux se retirent de plus en plus, 8,3.18
17e jour. — L'arche s'arrête sur les montagnes
d'Ararat, v. 4.
8e mois, Ziph, de 29 jours.
Les eaux continuent à baisser, 8, 5. 9e mois,
Sivan, de 30 jours.
Les eaux décroissent encore jusqu'à la fin du mois.
Ainsi, depuis le 20e jour de Beadar, que commence
la baisse, jusqu'à ce que l'arche s'arrête, il s'écoule 26 jours :
depuis que l'arche s'arrête jusqu'à ce que le sommet des montagnes soit
découvert, 72 jours; et depuis ce moment jusqu'à l'entière retraite des
eaux, 88 jours; ce qui ferait donc 26 + 72 + 88 = 186 jours pour la
décroissance du déluge. 10e mois, Thammuz, de 29 jours.
1er jour. — Le sommet des montagnes paraît au
dessus de l'eau, 8, 3. Noé attend encore 40 jours, v. 6.
11e mois, Ab, de 30 jours.
12e jour. — Noé lâche un corbeau qui va
et
vient, 8, 6. 7., se nourrissant probablement des poissons morts que les
eaux en se retirant pouvaient avoir laissés autour de l'arche sur les
rochers qui la soutenaient, et revenant se poser sur l'arche lorsqu'il
était fatigué, car il n'est pas dit qu'il y soit rentré, et il n'est
pas probable qu'il ait trouvé plus de facilité à se percher sur des
arbres que la colombe qui sortit après lui.
-19e jour. — Noé lâche une colombe, v. 8. Quelques
interprètes croient qu'elle sortit en même temps que le corbeau, mais
au verset 10 nous voyons qu'avant de la lâcher une seconde fois, Noé
attendit « encore sept autres jours, » ce qui indique évidemment qu'il
s'était écoulé une semaine entre la sortie du corbeau et la première
sortie de la colombe.
26e jour. — La colombe sort une seconde fois et
rapporte dans son bec une branche d'olivier, v. 11.
12e mois, Elut, de 29 jours.
2e jour. — Noé lâche la colombe pour la troisième
fois, et elle ne revient plus, v. 12.11 attend quatre semaines.
An du monde 1657. — 602e DE NOÉ.
1er mois, Tisri, de 30 jours. 1er jour. —
Noé
lève la couverture de l'arche et regarde la terre qui se sèche, v. 13.
2e mois, Marchesvan, de 29 jours.
27e jour. — La terre étant suffisamment desséchée
pour être habitable, Dieu commande à Noé de sortir de l'arche avec sa
famille, v. 14.46.18. Ils sortent.
Voici
maintenant les raisons pour lesquelles
l'addition du mois intercalaire nous a paru nécessaire. Le chapitre 8,
versets 1 et 2, nous dit que ce ne fut que le 450e jour que les eaux
s'arrêtèrent, puis qu'elles diminuèrent pendant quelque temps; ce n'est
qu'après qu'il a été dit, v. 3, que les eaux se retiraient de plus en
plus de dessus la terre, que le verset 4 nous parle du jour où l'arche
s'arrêta. Si l'on suppose l'année composée de 12 mois ordinaires des
Juifs, qui sont alternativement de 29 et de 30 jours, la fin des 150
jours de la croissance des eaux, comptée depuis le 17e jour du 2e mois,
porterait au 20e jour du 7e mois. Selon ce calcul, l'arrêt de l'arche
n'aurait guère pu avoir lieu que tout à la fin du 7e mois ou au
commencement du 8e. Mais il est dit que cet événement se passa le 17e
jour du 7e mois, ce qui, dans la supposition de l'année de 12 mois,
bien loin de laisser l'espace de temps indiqué par le verset 3 pour la
diminution préalable des eaux, ne donnerait même que 147 jours à teur
croissance, au lieu des 150 indiqués dans le texte.
Jusque
vers la fin du dix-septième siècle, personne
n'avait mis en doute la vérité de l'histoire du déluge ; mais depuis
Isaac Vossius, qui attaqua alors son universalité, jusqu'aux savants de
la lin du siècle dernier, qui en vinrent à le nier entièrement, et à
Voltaire qui chercha à le tourner en ridicule, un grand nombre
d'opinions diverses ont été proposées, soit pour l'expliquer par des
causes naturelles, soit pour redresser ou réfuter telle ou telle partie
du récit de Moïse. Mais la Bible et la nature sont deux monuments
impérissables de la vérité divine contre lesquels viendra toujours se
briser la malice des incrédules ; ils subsisteront lorsque toutes ces
folles théories et les noms de leurs auteurs seront depuis longtemps
ensevelis dans l'oubli ; et. plus on les étudiera, plus aussi l'on y
reconnaîtra, dans
les
plus pelits détails, l'entière concordance de
tous les faits géologiques qui se rattachent au déluge, avec la
description de cette catastrophe telle qu'elle a été conservée dans la
Genèse. Les faits nouveaux expliqueront des passages encore obscurs
pour nous, et réciproquement, la foi à la vérité, de ces passages
conduira à des dé-couvertes nouvelles sur la constitution de notre
globe.
Parmi
les difficultés qui se présentent, et que
nous n'éluderons pas plus que nous ne les nierons, la première est
celle-ci : Comment l'eau répandue sur la surface du globe a-t-elle pu
suffire à l'inonder ? Cette question nous conduit à examiner les causes
du déluge.
La cause première, origine de toutes les
autres, doit sans doute être cherchée dans le conseil de Dieu, dans la
volonté arrêtée du Tout-Puissant, dont la souveraine sagesse a voulu ou
permis cet événement. Les causes secondes sont de deux
natures : les unes morales, les autres physiques. Les causes
morales sont indiquées, Gen. 6, 5-13. ; ce sont les péchés des hommes,
leurs extorsions, leur violence, leur mépris de Dieu et de ses
com-mandements. Les causes physiques peuvent se découvrir, Gen. 1,6.7.
9. et 7, 11. 12. Avant le déluge, les eaux appartenant à notre planète
n'étaient pas distribuées comme elles le sont à présent : sur la terre
antédiluvienne il ne pleuvait pas, 2, '6. ; l'atmosphère de notre globe
était entourée d'une couche liquide, comme d'une sphère aqueuse,
désignée dans la Bible par le nom d'eaux supérieures, 1, 7., « qui sont
au-dessus de l'étendue » ou des cieux. C'est probablement la rupture de
l'équilibre de ces eaux que l'Ecriture désigne en disant que, lors du
dé-luge, « les bondes des cieux furent ouvertes, » 7, 41.
D'un autre côté la Bible, par l'expression
«
abîmes », semble indiquer des amas d'eaux souterraines dont
l'impor-tance nous est inconnue ; ce sont les eaux sur lesquelles la
terre est fondée et étendue, Ps. 24, 2.136, 6., et qui ont été
rassemblées comme en un amas dans les lieux cachés de l'intérieur de la
terre, Ps. 33,7. L'eau que recelaient les entrailles du globe se mit à
jaillir à sa surface par torrents, comme cela arrive encore de nos
jours dans certains tremblements de terre très violents ; elle grossit
en même temps les mers, qui s'accrurent, s'élevèrent et débordèrent,
selon l'énergique expression d'Eliphaz, « comme un fleuve qui a emporté
anciennement le fondement des injustes, lesquels ont été retranchés
avant leur temps, » c'est-à-dire avant la fin naturelle de leur longue
vie, Job 22,16.
Le
texte ne dit pas quelle est la cause qui a
expulsé les eaux souterraines du sein de la terre, et les a fait
jaillir à sa surface; mais une tradition rabbinique donnera peut-être
laclé de ce phénomène. Les rabbins prétendent, en effet, que les eaux
du déluge étaient chaudes ; s'il en est ainsi, l'on pourrait chercher
la cause de leur soulèvement dans une action extraordinaire de la
chaleur interne (Rou-gemont, Fragments, etc. p. 23).
Enfin
la pluie, phénomène atmosphérique tout
nouveau pour le monde antédiluvien, et qui dura quarante jours et
quarante nuits, fut la troisième, et probablement la moins importante
des causes qui amenèrent le déluge. On pourrait croire que la nouveauté
de ce phénomène parut alors si extraordinaire, que les mots « les
fontaines de l'abîme et les bondes des cieux » ne se trouvent là que
par amplification, comme par une figure de rhétorique ; mais si l'on
fait attention au texte, l'on verra que la pluie ne tombe que pendant
quarante jours, 7, 17., tandis que les eaux continuent à croître par
trois degrés bien marqués, après qu'elle a cessé de tomber, v. 18. 19.
20., croissance qui ne pouvait plus être attribuée à la précipitation
de l'humidité contenue dans l'atmosphère.
En
considérant comme des effets ces trois
déplacements des substances liquides de notre planète, diverses causes
ont été proposées pour en expliquer l'origine. Nous ne répéterons pas
ici les théories fantastiques de Woodward, Whiston, Scheuchzer,
Demaillet, Lamarck, Rodig, Patrin et autres; mais il en est une, celle
de Burnet, qui mérite d'être citée comme plus conforme à certains
passages de la Bible et à certains phénomènes naturels.
sentants modernes, les éléphants, se
trouve
près des tropiques, l'on en avait conclu que la zone torride avait
autrefois passé par les pôles. En admettant la justesse de ces
observations, nous devons cependant nous opposer à la conclusion que
l'on en tire ; nous ferons remarquer 1° que toutes les découvertes
géologiques confirment pleinement le système qui attribue à la terre
antédiluvienne une température générale beaucoup plus élevée et
beaucoup, plus égale que celle dont elle jouit maintenant, circonstance
qui explique suffisamment la présence des ca-davres de mammouths au
nord de la Sibérie ; et 2° que la forme sphéroïdale de la terre et son
aplatissement aux deux pôles, montre assez que son axe de rotation n'a
pas changé depuis que la figure de notre globe a été déterminée par la
main toute puissante qui lui a fixé sa route dans l'espace. Mais cet
aplatissement ne prouve pas que l'axe, restant d'ailleurs le même, son
inclinaison par rapport au plan de l'orbite, n'ait pu varier. On
pourrait alors admettre avec Burnet qu'avant le déluge, l'axe était
perpendiculaire à l'écliptique, en sorte que cette ligne n'en formait
qu'une avec l'é-quateur, ce qui établissait dans chaque zone une grande
égalité de température. On comprend que le changement subit de la
position de notre globe, malgré la continuation de la révolution diurne
et de la révolution annuelle, ait pu rompre l'équilibre des eaux et
causer un déluge ( c'est peut-être alors que commença le mouve-ment de
nutation de l'axe de la terre, qui serait ainsi comme un reste ou une
trace de l'ébranlement que subit alors notre globe ; ce mouvement
s'accomplit en dix-neuf ans environ); mais cette secousse, cette
position nouvelle ne pouvait provenir que de celui qui avait
anciennement créé la terre et les cieux. On ne doit pas voir dans la
théorie de Burnet l'in-tention d'expliquer par des causes se-condes et
naturelles, ce qu'il y eut de miraculeux dans le cataclysme par lequel
l'Eternel jugea à propos de détruire l'ancien monde, mais seulement le
désir de rechercher par quels moyens il plut à Dieu d'amener le
châtiment de ses créaatures coupables.
En
1680, l'évêque Burnet publia un livre intitulé ; « The sacred Theoiy of
the Earth, containing an accountof the Original of the Earth, and of
ail the gênerai Changes which it hath already undergone, or is to
undergo, till the consummation of ail things. » Quoique ce titre
soit passablement ambitieux,
l'ouvrage le justifie du moins à un certain degré, car en prenant
l'Ecriture sainte pour guide, le génie de Burnet a deviné pour ainsi
dire plusieurs faits relatifs aux révolutions de la surface du globe,
que les découvertes de la science, un siècle après sa mort, ont
confirmés, ou rendu de plus en plus probables. Il attribue à la terre
antédiluvienne une température plus égale que celle d'aujourd'hui, et
semblable à un printemps perpétuel ; il fait sortir les eaux du déluge
des lieux profonds et cachés de la terre ; il parle de la conflagration
qui attend notre globe, et des nouveaux cieux et de la nouvelle terre
qui paraîtront après cet embrasement. Tout cela est, à la vérité,
mélangé de diverses erreurs, provenant de l'ignorance où l'on était
alors de la plupart des lois de la physique ; mais ces erreurs ne
doivent pas nous faire rejeter ce qu'il y a de vrai dans l'ensemble de
ses idées. — L'un des principaux traits de ce système, c'estsa théorie
du changementde l'axe de la terre, opinion déjà proposée par un Italien
(Alessandro degli Alessandri), au commencement du seizième siècle;
cette idée fut combattue par Newton et, plus tard, par Laplace qui
cherchèrent à démontrer son improbabilité, ainsi que par Butler qui
tourna le système de Burnet en ridicule. Cependant, si l'on suppose que
ce changement d'axe n'a eu lieu que par rapport au soleil, et non par
rapport aux pôles actuels du globe, l'improbabilité diminue de
beaucoup. En faveur d'un véritable changement d'axe, l'on a cité des
faits dans le genre de la découverte du mammouth de Pallas, et l'on a
dit que de tels animaux, originaires des pays chauds et trouvés près du
pôle, indiquaient que”ces contrées avaient joui autrefois d'une
température bien plus élevée que celle qui y règne de nos jours, et
comme l'habitation actuelle des rhinocéros et des mastodontes, ou
plutôt de leurs représentants.
Nous venons de remarquer que la position
de
l'axe perpendiculaire à réclip-tique, établissait pour chaque zone un
climat à peu près invariable (nous disons à peu près, car, même dans
cette supposition, la forme elliptique de l'orbite et la circonstance
que le soleil en occupe, non le centre mais un des foyers, pourrait
avoir occasionné quelque légère différence de température aux diverses
époques de l'année) ; il s'en suit naturellement que le changement
survenu dans la position de cet axe doit avoir introduit un changement
correspondant dans les climats, et avoir fait que les zones tempérées,
par exemple, connussent des élévations et des diminutions alternatives
de températures qu'elles ne connaissaient pas auparavant. Or, que nous
dit à cet égard la Bible ? — Nous remarquerons que le mot moh'adim,
Gen. 1, 14., que nos traductions rendent dans ce verset par saisons, ne
se trouve nulle part employé pour signifier les variations de la
température ; il est toujours traduit par lieu, signe, temps, ou temps
marqué pour des solennités (tempus constitutum); dans d'autres endroits
il signifie année, comme Dan. 12, 7., etc. — Il ne signifie saisons que
d'une manière métaphorique, comme lorsque nous disons qu'une chose ou
expression « n'est plus de saison » ; ainsi, Ex. 13,10. Les saisons
proprement dites sont indiquées pour la première fois, mais sans être
nommées, Gen. 8, 22., lorsque Dieu promet à Noé qu'il n'enverra plus de
déluge sur la terre pour la faire périr : « Tant que la terre durera,
dit-il, les semailles et les moissons, le froid et le chaud, l'été et
l'hiver, le jour et la nuit, ne cesseront pas. » Le jour et la nuit
existaient depuis le quatrième jour de la création, mais les six autres
termes de cette promesse, expressions correspondantes aux six saisons
des Juifs, semblent indiquer qu'il était survenu, pendant le déluge ou
en conséquence de ce cataclysme, de grands changements atmosphériques
ou géologiques, et que l'uniformité de la température des zones ayant
été rompue, elle serait remplacée par les saisons et leurs variations
régulières.
Mais,
dira-t-on peut-être, ces explications des
causes du déluge, ces eaux souterraines, ces eaux supérieures que vous
dites avoir existé autrefois et dont vous cherchez à établir
l'existence par quelques passages difficiles à entendre, sont bien
problématiques, et s'il est vrai par exemple que les eaux supérieures
se soient versées sur la terre, que sont-elles devenues maintenant?
Sont-elles encore confondues avec les océans et les mers P Y a-t-il
actuellement assez d'eau sur le globe pour qu'elle ait jamais pu
couvrir toute la terre habitable ?
Les
considérations suivantes nous semblent répondre
d'une manière satisfaisante à cette question. Ajoutons que plusieurs
sont textuellement empruntées au Manuel de géologie de De la Bêche,
livre écrit uniquement en vue de la science et sans prétentions
théologiques ou religieuses. Elles auront donc d'autant plus de poids
qu'elles se recommandent par leur parfaite impartialité.
«
La proportion actuelle de la surface aqueuse du
globe à la surface sèche est environ de trois à un ; l'on peut donc
dire que près des trois quarts de notre globe sont couverts d'eau ; la
superficie de l'Océan Pacifique surpasse même à elle seule l'ensemble
de toutes les terres connues. Quoique d'après l'idée que nous nous en
formons ordinairement, nous disions que certaines parties de la terre
sont fort élevées au-dessus du niveau de la mer, cette élévation se
réduit en réalité à fort peu de chose, si on la considère par rapport
au diamètre du globe. » L'épaisseur du globe à l'équateur est de
12,753,702 mètres, soit 2,866 lieues géographiques (de 25 au degré ou
de 4,450 mètres) ; le plus haut pic connu, le Chamalari, n'atteint qu'à
8,518 mètres; les plus hautes cimes des Alpes ne s'élèvent guère à plus
de 4,500 mètres ; le Mont-Blanc seul à 4,810 mètres environ, et la
moyenne d'élévation de la partie de la croûte terrestre qui est
au-dessus de l'eau, en y comprenant toutes les montagnes, plateaux,
plaines et dépressions, ne dépasse probablement pas 600 mètres, ce qui
ferait, seulement 1/21,000e de l'épaisseur du globe.
Les
aspérités de la surface du globe sont donc,
relativement à son volume, infiniment plus petites que celles de la
peau d'une orange ne le sont relativement à la grosseur de l'orange. Et
si l'on suppose un globe terrestre de 1 m 50 de diamètre, on ne pourra
y indiquer le plus haut pic dont on connaisse l'élévation .(le
Chamalari) que par une légère protubérance d'un millimètre ; le
Mont-Blanc aurait un demi-millimètre ; le Jura et les montagnes plus
basses ne pourraient se distinguer des plateaux el des plaines.
Quant à la profondeur de la mer, autant
qu'on
peut en juger,, la moyenne est de 4 à 8,000 mètres. Pour faciliter les
calculs, et pour ajouter à leur évidence, exagérons dans les deux sens,
c'est-à-dire donnons une plus grande hauteur moyenne aux terres, et une
moins grande profondeur moyenne aux mers ; en d'autres termes,
supposons plus de terres élevées, et moins d'eau pour les couvrir qu'il
n'y en a réellement dans le sein des mers ; il en restera encore pour
submerger la terre et tout ce qu'elle contient. Supposant donc que la
hauteur moyenne des continents et des îles soit de 2,225 mètres, et que
la profondeur de la mer soit de 4,000 mètres, puisque les continents
n'occupent qu'un quart de la surface du globe, « il est très facile de
se représenter telle position relative de la terre et des eaux, que la
terre ferme se trouve de fait occuper le fond des mers, et que de
toutes parts la surface de notre globe ne présente à l'extérieur qu'une
couche d'eau. » Dans cette supposition, la couche de terre étendue au
fond des mers aurait une épaisseur de 1,668m 75, et les eaux qui la
recouvriraient en auraient le double, c'est-à-dire 3,337m 50. « Nous ne
devons considérer les terres ou continents, que comme une certaine
partie de la surface inégale du globe qui se trouve temporairement
élevée au-dessus du niveau des mers, sous lesquelles elle pourrait de
nouveau disparaître, comme cela est déjà plusieurs fois arrivé. » (La
Bêche.) Ainsi, en ne tenant compte que des eaux actuellement connues,
on voit qu'il y aurait amplement de quoi inonder toute la terre.
M. Elie de Beaumont croit que l'élévation
des
hautes chaînes de montagnes, comme celle des Andes, par exemple,
produite par un soulèvement du terrain, aurait été suffisante pour
occasionner un déluge de l'autre côté du globe; cette idée adoptée par
de savants géologues, Buckland, Sedgwick, de La Bêche, est combattue,
presque tournée en ridicule par un autre savant, Lyell, et au milieu
des opinions et des systèmes les plus divers sur les moyens dont il a
plu à Dieu de se servir pour effectuer le déluge, il est difficile de
distinguer où est la vérité. Jusqu'à présent il nous a paru que
l'hypothèse de De Luc, déjà proposée par Hooke en \ 688, était encore
celle qui concordait le mieux avec la Bible; et bien qu'elle soit
rejetée par des savants modernes pour les lumières desquels nous avons
une haute estime, c'est à elle que nous croyons devoir nous arrêter
jusqu'à ce qu'on nous en fasse connaître une qui se justifie davantage.
Voici comment elle est présentée par Cuvier : <¦¦ Je pense donc,
avec MM. Deluc et Dolomieu, que s'il y a quelque chose de constaté en
géologie, c'est que la surface de notre globe a été victime d'une
grande et subite révolution dont la date ne peut remonter beaucoup
au-delà de 5 ou 6,000 ans; que cette révolution a enfoncé et fait
disparaître les pays qu'habitaient autrefois les hommes et les espèces
d'animaux aujourd'hui les plus connues ; qu'elle a, au contraire, mis à
sec le fond de la dernière mer, et en a formé les pays aujourd'hui
habités; que c'est depuis cette révolution que le petit nombre des
individus épar-gnés par elle se sont répandus et propagés sur les
terrains nouvellement mis à sec. Mais ces terrains avaient déjà été
habités auparavant, sinon par des hommes, du moins par des animaux
terrestres ; par conséquent une révolution précédente les avait mis
sous les eaux, et si l'on peut en juger par les différents ordres
d'animaux dont on y trouve les dépouilles, ils avaient peut-être subi
jusqu'à deux ou trois irruptions de la mer. » (Cuvier, Discours sur les
révolutions de la surface du globe, 3e édition, p. 283. ) Comparons
maintenant ce résultat de la science avec ce que nous dit la Bible, et
nous y trouverons un accord remarquable. En parlant des hommes
antédiluviens, Dieu dit : « Je les détruirai, et la terre avec eux »,
6, 13. Soutenir que « toutes choses demeurent dans le même état qu'au
commencement de la création, c'est ignorer volontairement ceci : c'est
que les deux et la terre furent autrefois créés par la parole de Dieu ;
» cette terre ¦ qui fut tirée de l'eau, et qui subsistait parmi l'eau,
périt par ces choses mêmes; » « le monde d'alors périt étant submergé
par les eaux du déluge, » 2 Pier. 3, 4. S. 6. Or, ces expressions si
fortes : « je détruirai la terre des méchants, » — « le monde
d'alorsperit par les eaux, » peuvent-elles s'entendre d'une submersion
momentanée d'un pays ? Supposons que l'Angleterre, par un affaissement
des couches souterraines, par une élévation de l'Océan, ou par toute
autre cause, vienne à être inondée pendant quelques mois; puis qu'elle
ressorte des eaux et se couvre comme auparavant de végétation; qu'un
petit nombre d'Anglais échappent à l'inondation dans un vaisseau, avec
des animaux, puis qu'un an après, lorsque les eaux se sont écoulées,
ils débarquent sur ce même pays, qu'ils l'habitent de nouveau et le
cultivent comme auparavant, pourra-t-on dire que l'Angleterre a été
détruite P qu'elle a péri avec tout ce qu'elle contenait P Non, ces
expressions indiquent une destruction plus complète, telle, par
exemple, que celle qui aurait été la conséquence naturelle de
l'affaissement des anciens continents et de leur submersion permanente.
Ceci explique aussi pourquoi l'on ne trouve pas sur la terre actuelle
de fossiles humains; tous les habitants de l'ancien monde, tant hommes
qu'animaux terrestres, ont dû être entraînés au fond de l'Océan, où,
mêlés avec le limon qui y a été déposé dans la suite des siècles, ils
contribueraient maintenant à la formation des roches submarines ( comme
les animaux victimes des révolutions antérieures), si le. jour ne
s'approchait pas où la mer sera forcée de « rendre les morts qui sont
en elle », Apoc. 20, 13. A cette théorie l'on a objecté que la Bible en
nous donnant, Gen. 2, la description d'une partie du monde
antédiluvien, emploie les noms de lieux actuellement existants, nous
parle du Gihon, de l'Euphrate, du pays de Havila, du pays de Cus, de
l'Assyrie ; c'est donc en ces lieux, a-t-on dit, et autour de ces
lieux, qu'ont habité les premiers hommes ; lés anciens continents sont
donc aussi les mêmes que ceux que nous connaissons aujourd'hui. Mais si
l'on insiste sur la si-milarité des noms, on oublie les rapports de
position relative qui nous sont indiqués dans ce chapitre, rapports qui
ne se retrouvent nullement dans les localités actuellement existantes.
En effet, que lisons-nous P « Un fleuve sortait d'Eden pour arroser le
jardin, et de là il se divisait en quatre fleuves. » Les savants et les
commentateurs de la Bible se sont donné une peine infinie pour
expliquer ce passage ; on a voulu voir dans les fleuves du paradis
quatre rivières existantes de nos jours. Quant à l'Euphrate, dit-on, il
ne peut y avoir aucun doute, c'est le fleuve connu aujourd'hui sous ce
même nom; le Tigre est clairement désigné dans la Bible sous le nom de
Hiddekel ; le Phasis est le Pison, et l'Araxe le Gui-hon : ces quatre
fleuves sortent tous de l'Arménie; c'est là donc qu'était le paradis
terrestre. Mais il est évident que quoique ces rivières prennent leur
source dans des contrées peu éloignées les unes des autres, elles n'ont
jamais pu former un seul fleuve divisé en quatre bras. L'Euphrate a
deux sources ; celle qui est la plus voisine de L'origine du Tigre en
est encore distante de 400 kilom. La source de l'Araxe (qui se jette
dans la mer Caspienne ) est, il est vrai, à quelques lieues d'une des
sources de l'Euphrate, près d'Erzeroum, mais elle en est séparée par
une chaîne de montagnes; le Phasis enfin, que l'on suppose être le
Pison, prendsa source à près de 320 kilom. au nord de celle de
l'Euphrate. On ne peut donc rattacher les fleuves paradisiaques à
l'Euphrate actuel.
Les raisons qui ont été proposées en
faveur de
cette hypothèse pourraient tout aussi facilement s'appliquer au Djihoun
(l'Oxus), qui prend sa source à 2,000 kilomêtres d'Erzeroum, dans les
monts du Be-lour, et se jette dans la mer d'Aral. II serait facile de
chercher dans le Sinon ou Jaxartes, et dans deux autres grandes
rivières dont les sources sont peu éloignées de celles du Guihon, le
Hiddekel, le Pison et l'Euphrate.
Si
les noms des fleuves sont un guide incertain
pour trouver le site d'Eden, et par conséquent l'emplacementdes anciens
continents, les noms des pays le sont tout autant. Où est le pays de
Havila ? Deux descendants de Noé ont porté ce nom, l'un fils de Cus,
l'autre fils de Jok-tan, Gen. 10, 7. 29., et cela lors de la dispersion
; duquel des deux s'agit-il, et où leur portion leur a-t-elle été
assignée ? Qu'est-ce aussi que ce pays de Cus ? Ce nom est donné dans
la Bible tantôt à l'Arabie Pétrée, tantôt à la Bactriane, tantôt à
l'Assyrie, tantôt à l'Ethiopie ou la Nubie. Après toutes ces
incertitudes, qui nous garantit que le pays nommé Assur, Gen. 2,14.,
soit bien le même qui fut plus tard l'Assyrie P
Nous ne rappellerons pas ici les diverses
hypothèses qui ont été faites pour concilier la description du jardin
d'Eden avec un endroit quelconque de la terre ; il est facile de les
réfuter. L'on n'a pu découvrir jusqu'à présent la véritable position du
paradis terrestre, et on ne Je pourra jamais, s'il est vrai, comme nous
le croyons, qu'il ait été englouti au fond des mers par le déluge avec
les anciens continents; mais l'explication qui nous paraît la plus
naturelle et la plus simple est celle-ci : de même que les colons
européens qui se sont établis en Amérique, ont donné aux localités
nouvelles pour eux des noms de leur ancienne patrie qui leur étaient
chers, comme Nouvelle-Espagne, Nouvelle-Angleterre, New-York,
Nouvelle-Orléans, ou même des noms européens sans y ajouter l'épithète
de nouveau, comme Boston, Vevey, Paris, Francfort, etc.; ainsi les
Noachides, à leur sortie de l'arche, donnèrent probablement aux
montagnes, aux vallées, aux rivières qu'ils découvrirent, les noms qui
leur avaient été familiers avant le déluge ; cela explique comment on
trouve de grandes rivières comme le Guihon, le Hiddekel (ou'Tigre), et
l'Euphrate, portant des noms antédiluviens, quoique dans une position
géographique relative très différente de leurs prototypes.
Autre
difficulté : le mont Ararat, sur lequel
l'arche de Noé s'arrêta, est aujourd'ui couvert de neiges qui ne se
fondent jamais; comment Noé et sa famille ont-ils pu vivre dans une
température si froide et dans un air si raréfié ? — Réponse : à mesure
que les eaux s'élevaient, les couches atmosphériques s'élevaient avec
elles, de telle façon que l'air qui environnait l'arche au moment même
de la plus haute crue des eaux, n'était ni plus froid, ni plus raréfié
que celui qu'on respirerait de nos jonrs au niveau de la mer à la même
latitude. Ceci est d'autant plus important à remarquer que nous verrons
tout à l'heure que l'arche s'est probablement arrêtée dans des régions
bien autrement élevées, relativement aux basses terres actuelles, que
ne le sont les montagnes de l'Arménie.
Pour n'avoir pas voulu recevoir purement
et
simplement le récit de Moïse, on s'est aussi créé bien des difficultés
relativement à l'arche. Nous ne les rappellerons pas ici, puisqu'elles
sont traitées et aplanies dans une autre partie de cet ouvrage (v.
Arche) ; nous ajouterons seulement que, si comme on a tout lieu de le
croire, la température de la terre était avant le déluge plus chaude et
plus uniforme qu'elle ne l'est de nos jours; si de plus, comme M. de
Rougemont l'a établi, le nombre des espèces d'animaux était moindre
avant qu'après le déluge, il n'y a rien que de très facile à comprendre
dans tout ce récit. Avant le déluge, les hommes ne formaient qu'un
peuple ; les animaux habitaient probablement ensemble les mêmes
climats, les mêmes contrées ; par conséquent ils n'eurent pas de longs
voyages à faire pour se rendre dans l'arche, ainsi qu'on a voulu le
supposer. Nous ne pouvons nous empêcher de faire ici un rapprochement
qui offre quelque intérêt. En 1839, un ouragan effroyable avait soulevé
les flots du golfe de Bengale avec tant de violence que la mer se porta
avec une force extraordinaire sur les terres, remontant à quelques
lieues dans l'intérieur par le Delta du Gange; les îles qui se forment
à l'embouchure du fleuve par l'accumulation du limon, et qui dans ce
climat chaud et humide se couvrent promptement de végétation et
d'animaux, furent en partie entraînées par les eaux* ce fut en
particulier le sort de la grande îlede Saint-Edmond qui était cultivée
et habitée par une population assez nombreuse. On vit alors hommes et
quadrupèdes, oiseaux et reptiles chercher le même abri contre la fureur
des eaux ; dans un jardin dont les murs avaient résisté au courant, se
réfugièrent pêle-mêle et sans penser à se nuire réciproquement, des
Européens, des Malais, des Indous, des animaux domestiques, des
serpents, des cerfs et deux tigres sauvages, tout autre instinct ou
disposition de timidité ou de férocité naturelle cédant au besoin de
pourvoir à la sûreté individuelle, et disparaissant devant l'effroi
qu'inspirait le combat des éléments déchaînés.
Sans
doute les animaux furent dirigés vers l'arche
par une intervention spéciale de la Providence, comme celle qui fit
prendre aux deux génisses des Philistins le chemin de liethsémès, 1
Sam. 6, 9-42. Mais il est bien possible que l'effroi que devait leur
causer des phénomènes aussi effrayants et aussi inaccoutumés que la
rupture des sources du grand abîme et des cataractes des deux,ait été
un moyen de dompter temporairement leur férocité naturelle, et de les
assujettir au très petit nombre d'hommes qui se trouvaient enfermés
avec eux.
Au cent cinquantième jour, est-il dit dans
le
texte, l'arche s'arrêta sur les montagnes d'Ararat; les eaux
environ-nantes continuèrent à décroître, et ce ne fut que dix semaines
plus tard que l'on aperçut le sommet des montagnes; il fallait donc que
celui de l'Ararat fut excessivement élevé en proportion des autres, et
cela ne s'accorde pas avec ce qui nous est connu des centrées de
l'Arménie où existe de nos jours le volcan de ce nom. L'on peut
concilier de plusieurs manières cette contradiction apparente. En
effet, il est bien possible que la Genèse, en disant, 8, 4., que
l'arche s'arrêta sur les montagnes d'Ararat, veuille dire simplement
au-dessus, mais sans les toucher ; s'il en est ainsi, l'on comprend
qu'il se soit écoulé soixante et douze jours entre le moment où l'arche
s'arrêta, et celui où les premiers sommets des montagnes parurent ;
car, pour ne pas parler des hautes cimes des monts Yunnan en Chine, qui
n'ont pas encore été mesurées, le plus haut pic dont on connaisse
l'élévation en nombres, celui du Chamalari dans l'Himalaya, a 26, 266
pieds, (environ 9000 mètres); ce qui, en y ajoutant lo coudées, soit 22
pieds, donnerait pour le maximum de la crue des eaux diluviennes une
hauteur totale de 26,288 pieds. Lors donc que le sommet du Chamalari
parut à fleur d'eau, il y avait encore au-dessus de l'Ararat une couche
de liquide de 14,288 pieds d'épaisseur, puisque celui-ci n'a que 12,000
„pieds d'élévation; ou, ce qui revient au même, le Chamalari devait
déjà être de 14,260 pieds hors de l'eau quand le sommet de l'Ararat
parut. Si l'on veut entendre par le mot sur, Gen. 8, 4, que l'arche
toucha effectivement les rochers de l'Ararat, on peut faire remarquer
que le v. S du ch. 8, ne parle pas (comme 7, \ 9.) de toutes les plus
hautes montagnes qui étaient sous tous les cieux, mais simplement des
montagnes, et cela après avoir fixé la position de l'arche ; l'on
pourrait donc l'entendre des montagnes de la contrée environnante ;
effectivement elles sont bien plus basses que l'Ararat, dont le double
pic, toujours couvert de neiges éblouissantes, s'élève comme un géant
au milieu d'une vaste plaine et domine toutes les hauteurs qui
l'entourent. Mais voici une troisième solution qui nous paraît être la
véritable.
Si
au lieu de chercher l'Ararat dans le système des
monts appartenant au Caucase occidental, on le cherche dans le Caucase
indien, l'immaûs des anciens, qui comprenait l'Himalaya et le
Hindou-Koush, nous arriverons à des résultats plu* satisfaisants et qui
concorderont mieux avec le récit biblique, et avec les traditions des
plus anciens peuples. Cette idée, proposée il y a plus de deux siècles
et demi par sir Walther Raleigh, adoptée
et
soutenue depuis lors par Shuckford, Kirby et
quelques autres savants, est aussi celle qui paraît la plus naturelle.
Nous ne connaissons pas, il est vrai, de pic ou de cime appartenant à
ces chaînes qui porte le nom d'Ararat, mais si nous remarquons, d'une
part, que ces pays sont encore fort peu connus des Européens et, de
l'autre, que les noms des lieux ont souvent changé, nous ne nous
étonnerons pas que celui de la montagne sur laquelle descendit l'arche,
ait pu se perdre dans les siècles suivànls. Ce qu'il y a de certain,
c'est qu'après le déluge, les premiers hommes descendirent bientôt des
montagnes dans les régions plus basses, étant chassés par le froid qui
augmentait sur les terres élevées à mesure que les eaux s'abaissaient
ou que les continents surgissaient du sein des mers; et qu'après avoir
cheminé, pendant plusieurs années, d'orient en occident, ils arrivèrent
dans le pays de Sinhar où ils bâtirent Babel. Or, s'ils étaient venus
de l'Arménie, ils auraient cheminé du nord au sud, ou même au
sud-sud-ouest, ce qui est tout à fait contraire à l'expression
mikkedem, employée Gen. 44,2.
La
direction de l'émigration des premiers hommes,
indiquée dans le passage que nous venons de citer, s'accorde d'une
manière remarquable avec la tradition du Zend Avesta sur les premiers
établissements des nations sur la terre. Dans le 1er Fargard du
Vendidat, Or-muzd raconte à Zoroastre qu'il avait créé un lieu de
délices, nommé Eerîeene-Veedjo ( confondant l'habitation d'Adam avant
la chute, avec celle de Noé après le déluge): là dessus Ahriman,
l'esprit du mal, crée l'hiver qui chasse les premiers hommes, et les
contraint à former d'autres établissements; Balkh, Nesa, et Meru en
Khorassan, al Soghd, Caboul, Hérat sont nommés successivement, et
toutes ces villes sont aux environs de la haute chaîne de montagnes qui
lie le système de l'Himalaya avec les chaînes de l'Asie centrale.
(Heeren, Id. ub. die Politik, etc.)
Les traditions indiennes et chinoises
placent
aussi dans cette partie de l'Asie le berceau de l'espèce humaine
(Rougemont, Fragments, etc. Kirby, Brid-gewater Treatise, I, p. 4o.
46., etc.). Un fragment de poésie sanscrite, traduit il y a quatre
années dans le Quarterly-Review, nous représente Menou ( le Noé indien)
et les sept personnes qui avaient avec lui échappé au déluge, comme
seuls dans le monde sur un grand vaisseau conduit par un poisson. Après
avoir vogué ainsi pendant des années, ils atteignent le plus haut pic
du Himavan (Himalaya) qui paraissait au-dessus des eaux ; le poisson
dit à Menou d'y attacher son navire, et de nos jours encore, dit
l'auteur sanscrit, ce pic porte le nom de Nau-bandhana. Les Afghans
croient que l'arche s'arrêta sur le Suffid-Koh, entre Caboul et
Peshawur, montagnes couvertes de neiges éternelles ; mais il est
probable que ce n'est pas encore là le véritable Ararat.
La grande chaîne de l'Himalaya, qui forme
la
frontière septentrionale de l'Inde, depuis l'Assam au Punjab, perd son
nom après avoir passé l'Indus au nord-est de Cachemire, et prend celui
de Hindou-Koush ; quoique le nom soit donné par extension à toute la
chaîne qui s'étend de Gilget à Hérat, ce n'est à proprement parler que
celui d'un pic immense qui s'élève à une hauteur si considérable
au-dessus des monts environnants, que le voyageur Burnes dit qu'il les
fait paraître comme des collines insignifiantes (A. Burnes, gênerai and
geographical Memoir on part of central Asia, et, Travels into
Bo-khara). Et cependant une de ces collines, le Koh-i-Baba, mesuré par
Burnes, a 18,000 pieds d'élévation, et le col ou passage de Kalou sur
la route de Caboul à Barnian est déjà à 4 3,000 pieds. Dans ces
montagnes, cette dernière mesure est bien au-dessous de la limite des
neiges dites éternelles ; à 4 0,000 pieds au-dessus de la mer on y voit
des champs labourés que l'on ensemence à la fin de mai pour les
moissonner en octobre, tandis que sur les Alpes on trouve déjà la neige
perpétuelle entre 8 et 9 mille pieds (D'après Humboldt, la limite des
neiges sur lesCor-dillières de Quito (sous l'équateur) est de 4 4J60
pieds de roi : sur les Cordil-lières de Boljvia, elle est même à plus
de 46,000 pieds). — Quant au grand pic auquel appartient proprement le
nom de Hindou-Koush, il n'a jamais été mesuré; mais à en juger par la
longueur de son manteau de neige et l'extrême rareté de l'air sur le
col qui est à sa base, il doit être probablement la montagne la plus
haute du monde ; les hommes les plus robustes des environs,
quoiqu'accoutumés à respirer les couches d'air raréfié qui se trouvent
à 10 ou 12 mille pieds au-dessus de la mer, ont la plus grande peine à
traverser ce col ; la respiration devient très difficile, l'on éprouve
des vertiges et des vomissements, la plupart des bêtes de somme qui
tentent ce passage y périssent, et même les oiseaux, ne pouvant se
soutenir en l'air, sont contraints de marcher et meurent presque tous
sur les neiges. Ce fait est attesté par des historiens anciens aussi
bien que par les voyageurs modernes. Ceux qui se hasardent dans ce
périlleux passage évitent toute espèce de bruit, de crainte,
disent-ils, que l'ébranlement ne détermine la chute des avalanches.
Puisque
les symptômes éprouvés au passage du
Hindou-Koush sont les mêmes que ceux qu'on éprouve au sommet du
Mont-Blanc ; que la ligne des neiges sur le revers septentrional de
l'Himalaya est, d'après Maltebrun, à environ 15,600 pieds, tandis que
sur les Alpes elle est à 8,220 ; puisque d'autre part la cime du
Mont-Blanc atteint 14,600 pieds, c'est-à-dire 6,380 pieds au-dessus des
neiges éternelles, ce n'est pas trop que de supposer la même différence
sur le Hindou-Koush, entre la limite des neiges et le haut du col, ce
qui donnerait à ce dernier près de 22,000 pieds d'élévation ; la
pyramide du Hindou-Koush, qui s'élève au-dessus du col, pourrait donc
avoir une hauteur totale, égale ou supérieure aux plus hautes cimes de
l'Himalaya, et l'arche aurait pu s'arrêter sur cet Ararat indien, alors
même que l'eau dépassait de beaucoup la hauteur des plus hautes
montagnes qui sont sous tous les cieux.
C'est
ce géant entre les montagnes que nous croyons
être le véritable Ararat, et si l'on admet cette supposition, elle
explique et la longueur de l'espace de temps qui s'est écoulé entre le moment où l'arche
s'y
serait arrêtée, et celui de l'apparition des sommets des montagnes
voisines, et le voyage des !sToachides qui venait de l'Orient
lorsqu'ils arrivèrent au pays de Scinhar ; et la tradition du Yen-didat
sur les premiers établissements des hommes ; et bien d'autres
circonstances encore, entre autres l'application des noms des rivières
paradisiaques à des fleuves post-diluviens, et l'ordre de cette
application. En effet, supposant queNoé et ses enfants eussent abordé
sur le Hindou-Koush, les premiers hommes se seront naturellement
répandus sur le haut pays environnant ; puis la difficulté d'y voyager
les aura engagés à descendre dans des parties plus accessibles, la
diminution de la chaleur leur faisant en même temps rechercher les
plaines. 11 n'est pas extraordinaire qu'ils aient donné aux grands
fleuves qu'ils trouvaient sur leur chemin, des noms qui leur étaient
déjà connus ; ils auront nommé le premier Pison ; peut-être était-ce le
Caboul ou l'Indus ; après avoir exploré une partie des contrées au sud
de l'Hindou-Koush jusqu'à l'une de ces deux rivières, trouvant le pays
trop montueux, ils se seront peut-être tournés vers le nord, puis ils
auront donné à l'Oxus le nom de Guihon ou Djihoun, qu'il porte encore
de nos jours. De là, continuant leur chemin d'Orient en Occident,
presqu'en ligne droite, de Balkh (ou Bactres) à Ba-bylone, le troisième
grand fleuve qui se trouvait sur leur route est le Tigre, qu'ils auront
appelé Hiddékel ; le quatrième est l'Euphrate ; c'est le même ordre
dans lequel ils sont énumérés dans la Genèse.
Une difficulté reste encore à examiner :
d'où
provenait la branche d'olivier que la colombe rapporta à Noé ? Les
commentateurs qui ont fait aborder l'arche en Arménie ont été
embarrassés de trouver que l'olivier ne croissait pas dans ce pays ;
mais d'autres ont prouvé qu'il y croissait anciennement, lorsque la
température de la terre était plus chaude qu'elle ne l'est de nos jours
(Richter, Hausbibel); d'autres aussi ont démontré que les oliviers
peuvent pousser des feuilles sous l'eau. Mais, d'un autre côté, les
géologues pensent que la force dissolvante et corro-sive des eaux du
déluge, dont on voit de nos jours tant de traces, de ces eaux qui
avaient enlevé les rochers des plus hautes cimes, creusé des vallées,
rompu en quelques lieux des digues naturelles, élevé ailleurs des amas
de débris, de boue et de cailloux, laissé après leur passage des lacs
et des méditerranées ; — ils pensent, disons-nous, que des eaux
agissant avec une telle force, doivent avoir détruit toute la
végétation, enlevant dans leur cours les couches de terre végétale, et
tout ce qui y croissait. Comment alors l'olivier aurait-il résisté?
Pour nous qui croyons, avec Cuvier et d'autres, que les anciens
continents ont été détruits, nous ne pouvons admettre qu'aucun arbre
antédiluvien se trouvât dans le voisinage de l'arche, croissant au lieu
qui l'avait vu naître avant le cataclysme; il n'aurait pu s'y trouver,
à la rigueur, que quelques plantes marines. Nous pensons que lors
qu'après les 150 jours Dieu lit sortir la terre du sein de l'eau, ce
qui se passa fut une répétition du 3e jour de la création ; Dieu dit: «
Que les eaux qui sont au-dessous des cieux soient rassemblées en un
lieu et que le sec paraisse, et ainsi fut. » Et la terre après cette
crise, ou soir cos-mogonique, obéissant aux lois qui lui avaient été
données au 3e jour, poussa son jet et produisit de l'herbe portant sa
semence selon son espèce, et des arbres qui avaient leur semence en
eux-mêmes. De même que pendant les trois derniers jours de la création,
et après les soirs cosmogoniques qui les avaient précédés en
bouleversant tout ce qui se trouvait sur la surface du globe, la
végétation s'était chaque fois reproduite, ainsi, après le déluge, la
terre nouvelle qui venait de sortir des eaux se couvrit de plantes et
d'arbres utiles à ses nouveaux habitants ; les conditions de chaleur et
d'extrême humidité qui furent alors si défavorables à la longueur de la
vie des hommes, durent, au contraire, pénétrer les plantes, comme sous
les régions humides des tropiques, d'une vigueur végétative
extraordinaire, et leur procurer une prompte croissance ; ainsi,
lorsque la colombe sortit pour la première fois, les plantes ne
faisaient que de commencer à germer sur la partie de la terre que les
eaux avaient laissée à découvert ; une semaine après elle trouva déjà
des rameaux et des feuilles, mais pas de branche assez forte pour
qu'elle pût s'y percher; lorsqu'elle sortit pour la troisième fois, le
bois commençait déjà à pouvoir la porter. La température de ces hautes
contrées étant alors celle des plus basses régions de l'air, il n'est
pas étonnant qu'il put y croître des oliviers dans ce temps-là, tandis
qu'aujourd'hui l'on ne trouve à leur place que des neiges qui ne
fondent jamais.
Nous
devons faire observer ici que l'histoire du
déluge nous donne une preuve remarquable de la manière de compter le
temps ; il était évidemment divisé en semaines, 7, 4.10.8,9.10.12., ou
espaces de sept jours ; et il n'est pas probable que le pieux
patriarche Noè, cet homme juste et plein d'intégrité, qui marchait avec
Dieu, négligeât ses commandements et oubliât de sanctifier le septième
jour établi pour être un jour de repos dès la création du monde.
Il paraît que longtemps encore après le
déluge
il continua de s'opérer dans le monde des changements remarquables; la
vie des hommes fut abrégée, les langues et les nations se formèrent, et
prirent d'une manière permanente les caractères nationaux qui forment
leur cachet distine-tif. Les variétés produites chez les animaux par la
différence des climats, de la nourriture et du genre de vie, donnèrent
naissance aux espèces. Dans la nature inanimée il s'opérait des
changements correspondants : les contrées volcaniques qui forment
l'archipel indien, celui du Japon, les Kouriles, les Aléoutes, les
Antilles, après avoir été assez longtemps élevées au-dessus des mers
pour que les isthmes qui les joignaient eussent pu servir de passage
aux hommes qui allèrent s'y établir, s'enfoncèrent probablement dans
l'eau à peu près au pas où nous les voyons aujourd'hui, de manière à ne
lais-ser au-dessus de la surface que les parties les plus élevées de ce
vaste continent sous la forme d'îles et d'îlots. Si l'on trouve cette
hypothèse trop hardie, l'on n'a qu'à examiner ce qui se passe
actuellement dans ces mêmes régions, et l'on sera convaincu que si de
nos jours encore des îles et des montagnes surgissent de l'Océan,
tandis que d'autres contrées sont englouties par la mer, de semblables
changements ont bien pu avoir lieu il y a 4,000 ans. Dans les îles
Aléou-tes, par exemple, en 1806, une île sortit de la mer, qui avait 4
milles géographiques de tour ; une autre fut formée en 1814, sur
laquelle était un pic de 3,000 pieds de haut. En 1737, par suite de
tremblements de terre et d'irruptions volcaniques, la côte du
Kamtchatka subit, de grands changements : des lieues entières de côtes
s'enfoncèrent dans la mer, des plaines furent soulevées et devinrent
des plateaux, de nouvelles baies et de nouveaux lacs furent formés. Le
4 février 1797, une étendue de pays de 40 lieues de long et 20 de
large, près de Quito, reçut une forte impulsion d'ondulation qui dura
quatre minutes et renversa de fond en comble toutes les villes et
villages ; ce mouvement se fit sentir plus ou moins sur une longueur de
170 lieues du nord au sud, et de 40 de l'est à l'ouest; au pied du
volcan de Tunguragua la terre s'entrouvrit et donna passage à des
torrents d'eau et d'une boue fétide, qui dans des vallées de 1,000
pieds de largeur atteignirent à la hauteur de 600 pieds, laissant sur
leur passage des dépôts de limon qui interceptèrent une rivière et
amenèrent la formation de lacs, jusqu'à ce que l'eau accumulée pendant
80 jours, eut acquis une masse suffisante pour rompre et entraîner ces
digues. (Lyell, Principlesof Geologv, vol. l,p. 470. 510. 472.)
Il serait facile de multiplier à l'infini
les
exemples, mais nous croyons en avoir dit assez pour démontrer la
possibilité de la rupture des isthmes qui unissaient au nord l'Asie
avec l'Amérique, au sud l'Asie avec la Nouvelle-Hollande et toutes les
îles intermédiaires, isthmes qui n'étaient plus nécessaires après avoir
contribué à l'exécution de l'ordre de Dieu, Gen. 8, 17. 9, 1., en
fournissant aux hommes et aux animaux un chemin pour se répandre sur
la- plus grande partie de la terre et la peupler. — Nous ne prétendons
pas cependant par là, que toutes les îles, et tous les pays aient été
habités dès le temps de la dispersion ; au contraire, il est notoire
que plusieurs lieux sont restés inhabités pendant des siècles, jusqu'à
ce que les progrès de la navigation y aient fait aborder des hommes,
soit par suite de voyages, de découvertes et de conquêtes, soit qu'ils
y aient été jetés contre leur gré par des tempêtes et des naufrages.
Pour ne citer que l'exemple le plus rapproché de nos pays, l'Islande
n'a été découverte que dans le huitième siècle, et la première colonie
s'y établit l'an 874 ; ce ne fut qu'un siècle plus tard, qu'un
seigneur, Torwald, découvrit le Groenland et s'y établit ; il en est
sans doute de même d'un grand nombre d'îles de la mer du Sud. A ce
propos nous ferons remarquer que les pays dont nous venons de parler,
offrent une nouvelle preuve du refroidissement graduel de la chaleur du
globe, car l'Islande et le Groenland jouissaient il y a mille ans d'un
climat doux et tempéré ; il y croissait beaucoup d'arbres, les côtes
étaient couvertes de verdure, la mer très poissonneuse et les forêts
pleines de gibier, (Mallet, Introd. à l'hist. du Danemark). A la même
époque la vigne et le grenadier croissaient en Angleterre.
On peut reconnaître dans cette
interruption des
communications, une direction particulière de la sagesse éternelle, qui
voulait qu'après trente-sept siècles de séparation, les hommes, en se
retrouvant, retrouvassent aussi chez presque tous les peuples ces
traditions si remarquables sur la création, la chute des premiers
hommes, le meurtre d'Abel et surtout ce déluge duquel date la formation
de toutes les races actuelles, ce déluge qu'on voit représenté dans la
langue hiéroglyphique des Chinois, comme sur les monuments mexicains et
sur la médaille d'Apamea Kibotos ; événement dont le souvenir se
retrouve non seulement chez toutes les nations instruites de
l'antiquité européenne et asiatique, mais encore aux îles Sandwich,
chez les tribus errantes de l'Amérique du nord, comme chez les
Péruviens et les Mozcas dans la Péninsule méridionale. — Il serait trop
long de donner ici un résumé de ces traditions ; ceux de nos lecteurs
qui désireraient examiner ce sujet, trouveront des détails intéressants
dans les Fragment de l'histoire de la terre, de M. F. de Rougemont, que
nous avons souvent eu l'occasion de citer ; dans l'ouvrage du docteur
Wiseman, intitulé Lectures on the connexion between science and
revealed Religion, I, 4 33. 328-371., II, 127-152. ; dans le
Dictionnaire des cultes religieux, article Déluge ; v. aussi le
Discours sur les Révolutions de la surface du globe, par Cuvier, p.
165-179 ; l'Histoire des Incas, de Garcilasso de laVega; la Conquête du
Pérou, par don Augustin de Zarate ; l'Analyse des traditions
religieuses des peuples de l'Amérique, par Kastner, et en général
toutes les mytthologies.
Quelques
auteurs croient que les traditions
diluviennes qui portent le nom de Yao en Chine, d'Ogygès et de
Deucalion dans l'occident, ne sont pas des traces défigurées du déluge
universel seulement, mais se rattachent à des inondations postérieures
qui auront eu lieu par la rupture de lacs, et divers changements
volcaniques ou autres survenus depuis Noé sur la surface du globe; nous
ne prétendons pas décider cette question, mais ce qui nous paraît
certain, c'est qu'à toutes ces traditions se trouve mêlée l'idée du
repeuplement de la terre par une seule paire d'êtres humains, idée qui
est évidemment la même que celle qui nous est donnée sous sa véritable
forme dans le récit de Moïse.
Nous
ne pouvons quitter cet intéressant sujet, qui
mériterait d'être traité bien plus longuement qu'on ne peut le faire
dans un ouvrage de cette nature, sans faire encore quelques
rapprochements.
L'histoire du déluge a été inscrile dans
nos
livres sacrés par la direction du Saint-Esprit, non comme un simple
document historique qui, seul entre tous les livres que possèdent les
hommes, raconte leur véritable origine et donne la clé de la formation
des langues et des nations, et des traces de bouleversement que l'on
remarque sur notre globe, mais surtout pour nous donner une grande et
effrayante leçon, qui enseigne aux hommes à fuir le péché et à
s'attacher à l'Eternel comme au rocher des siècles, qui seul subsiste,
lorsque les grandes eaux des tribulations engloutissent tous les
rochers terrestres sur lesquels nous cherchons trop souvent notre
appui. Le déluge est un emblème du châtiment éternel qui atteindra un
jour les méchants, et l'arche est celui du seul moyen de salut qui nous
est offert ; il ne servit de rien aux hommes de se tenir près de Noé et
de nager à côté de l'arche en suivant la même direction; c'est dans
l'arche qu'il fallait être : ainsi l'on aurait beau être près de la
vérité, tout près de la foi, si l'on n'est qu'à peu près chrétiens à
l'heure où l'abîme du tombeau viendra réclamer sa proie, si l'on n'a
pas contracté alliance avec Dieu par Christ le seul médiateur, cela ne
servira de rien ; les flots du déluge arriveront mugissants, non pas
ceux du grand abîme seulement, mais les flots de « l'étang ardent de
feu et de souffre, ce feu éternel qui est préparé au diable et à ses
anges.» (Apoc. 19, 20. .lude 6,7.— Mat 23, 41.) — Si au contraire,
comme Noé, nous avons trouvé grâce devant Dieu par la foi au sang de
Christ, et que comme lui nous marchions avec Dieu, Gen. 6, 8. 9., nous
n'aurons rien à craindre : quand nous passerons par les eaux, Dieu sera
avec nous, et elles ne nous noieront pas, Es. 43, 2. Qu'est-ce qui a
perdu l'ancien monde ? Les mauvaises pensées et leurs fruits, savoir:
la désobéissance, l'impiété, la malice, la corruption, l'extorsion,
Gen. 6, 5. 11. 12. 1 Pier. 3, 20. 2 Pier. 2,5. 3, 7., l'incrédulité en
un mot, car Noé était à l'ancien monde un prédicateur de justice
pendant qu'il bâtissait l'arche et que la patience de Dieu attendait
pour !a dernière fois. Mais ils ne crurent pas à sa parole, ils ne
l'écoutèrent pas, ils ne se repentirent pas, comme le firent les
Ninivites à la prédication de Jonas ; ils ne changèrent rien à leur
conduite ni à leur genre de vie, « on mangeait, on buvait, on prenait
et on donnait en mariage, et le déluge vint qui les fit tous périr ; »
mais Noé crut, comme Abraham, et cela lui fut imputé à justice, « car
c'est par la foi que Noé ayant été divinement averti des choses qu'on
ne voyait pas encore, craignit, et bâtit l'arche pour sauver sa famille
; par là il condamna le monde et fut fait héritier de la justice qui
est par la foi » Hébr. 14, 7., — «.les Sermons de Rochat, t. VI.
DÉMAS
Un des membres de
l'église primitive ; il se
trouvait à Rome pendant la première captivité de saint Paul, et lui
témoignait alors de l'attachement, Col. 4, 14. Philém. 24.; plus tard
il l'abandonna par faiblesse, par crainte de la persécution peut-être,
et par amour du monde, 2 Tim. 4, 10., nous laissant un triste exemple
de l'inconstance et de l'infidélité produite par l'attachement à ce
présent siècle et par les soucis de la vie.
DÉMÉTRIUS, 1° Act 49, orfèvre
d'E-phèse dont le
principal revenu consistait dans la fabrication de petits temples en
argent, représentant le fameux temple de Diane qui se trouvait à
Ephèse, et que l'on considérait comme l'une des sept merveilles du
monde. La prédication de saint Paul ayant détourné un grand nombre de
personnes du culte de cette déesse, fit baisser considérablement le
prix de la marchandise, ce que Démétrius et les siens prirent en
mauvaise part : Démétrius en particulier qui retirait le plus grand
profit de cette vente, et qui paraît avoir été habile et rusé, réunit
ses ouvriers et les gens de son métier, s'arma des grands noms de la
religion, de la divinité, du culte en danger ; échauffa toutes les
têtes, et fit si bien qu'après qu'il eut parlé, tous sortirent en
criant pendant plusieurs heures : Grande, grande est la Diane des
Ephésiens ! toute la ville fut dans la confusion; on courut au théâtre,
Paul même voulut s'y rendre et n'en fut empêché que par ses amis ;
Alexandre ne put se faire eutendre parce qu'il était juif, et ce n'est
que tard que le secrétaire, l'un des magistrats de la ville, réussit à
apaiser la sédition en faisant craindre au peuple que les magistrats
supérieurs, les proconsuls, n'élevassent contre eux tous une
accusa-lion d'émeute, et ne les fissent condamner.
2° Démétrius, 3 Jean 12. ^chrétien fidèle
auquel l'apôtre rend un excellent témoignage, ajoutant que la vérité
aussi le lui rend ; quelques-uns supposent que c'est le même que le
précédent ; il aurait été converti plus tard; rien n'appuie comme rien
ne combat cette Supposition, cependant peu probable; on croit qu'il
était pasteur.
DÉMON
Cf. aussi. Diable.
DEISIER
Monnaie romaine
qui s'introduisit en Judée,
Mat 4 8, 28. Marc 14, S. Luc 7, 41. Au temps de Jésus-Christ, elle
avait pour empreinte un portrait de l'empereur, et c'est à l'occasion
d'une tentative des Hérodiens et des Pharisiens contre Jésus, que
celui-ci leur répondit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à
Dieu ce qui est à Dieu, » Mat 22,19. Marc 12,16. Le denier équivalait à
la drachme attique, Plin. 21, 109. (environ 83 centimes). C'était
l'impôt par tète que les Juifs étaient obligés de payer aux Romains.
DÉNOMBREMENT
Act o, 37., ou
Description, Luc 2, 2., v. ce
que nous avons dit â l'article Cyrénius. Ces deux dénombrements furent
ordonnés par des païens, maîtres d'Israël. Un dénombrement plus célèbre
dans l'histoire de ce pays est celui qui fut fait par David et puni
d'une mortalité qui emporta 70,000 hommes. L'ambition, sans doute, et
peut-être cette inquiétude vague qui accompagne dans la paix et
l'oisiveté celui qui a vécu jusque-là dans l'activité la plus
prodigieuse, au milieu des combats et des guerres, ce besoin de faire
quelque chose quand on n'a rien à faire, ce besoin que l'on éprouve
dans le moment de la transition entre une activité extérieure et une
activité intérieure, lorsqu'on est assez calmé pour renoncer à
l'agitation et pas assez pour se livrer à des travaux tranquilles, tout
cela contribua à pousser à cette mesure le malheureux roi qui oubliait
que jamais jus-alors, aucun dénombrement n'avait été fait que sur
l'ordre exprès du grand et vrai Roi d'Israël. On trouva dans les deux
royaumes 4,300,000 hommes de guerre, sans compter les infirmes, les
femmes et les enfants. Ce péché d'orgueil fut puni : un ange vint de la
part de l'Eternel annoncer à David la destruction d'une partie de ce
peuple dont il était fier, et lui donna le choix entre sept années de
famine, trois
mois
de défaites à la guerre, ou trois jours de
mortalité : ce dernier moyen fut celui que David préféra, aimant mieux
tomber entre les mains de l'Eternel qu'entre les mains des hommes, 2
Sam. 24.1 Chr. 21.
D'autres
dénombrements eurent lieu, à la sortie
d'Egypte, pendant le voyage du désert, lors de l'établissement d'Israël
en Canaan, et après le retour de la captivité, Ex. 12, 37.30,12. 38,
26. 2 Chr. 17, 14. Esd. 2. Néh. 7.
DENYS
Act 17, 34. Un des
membres de l'Aréopage, qui
fut converti par la prédication de saint Paul à Athènes : nous ne
savons que cela de lui, mais l'on a ajouté beaucoup de détails à son
histoire ; on l'a fait mari de Damaris qui fut convertie en même temps
que lui ; on l'a fait premier évêque d'Athènes et martyr ; on. l'a fait
enfin premier évêque de Paris, en le confondant avec celui qui plus
tard, en effet, devint évêque de cette ville. Les écrits qui nous
restent sous son nom ne sont certainement pas authentiques.
DÉPOTS
Les conventions
écrites n'étant guère en
usage aux temps anciens, la loi avait dû s'occuper d'une manière
spéciale de garantir les dépôts à leurs propriétaires, contre la
négligence et surtout contre la mauvaise foi des dépositaires. Suivant
les cas, le serment intervenait comme garantie de la véracité des
parties intéressées, Ex. 22, 7-13.; le dépositaire n'était tenu qu'à la
restituton du dépôt si c'était lui-même qui l'avait détourné ; si un
larron l'avait dérobé de chez lui sans sa complicité, le propriétaire
devait se contenter du serment; c'était lui qui était volé et qui
perdait.
DERBE
Ppetite ville de
Lycaonie près des monts
Isauriens, au sud d'Iconie, au sud-est de Lystre. C'est à Derbe que
Paul et Barnabas se retirèrent après avoir été chassés d'Iconie, Act
14. 6. Gaïus, l'ami de saint Paul était derbien, 20, 4. La tradition
porte que Timothée était aussi natif de cette ville.
DÉSERT
Ce nom, qui dans
notre esprit, revêt
ordinairement des images d'horreur ou de majesté, qui ne marche qu'avec
les épithètes de sauvage ou de terrible, qui rappelle des sables, des j
tourbillons et des tomheaux, ce nom cependant ( midbar en hébreu ) doit
se prendre dans une signification'beaucoup plus étendue, s'appliquant
non seulement à ces mers de sable que l'on trouve en Orient et
particulièrement en Arabie, mais encore et surtout à ces paisibles
solitudes qui forment comme la banlieue des villes de bergers,
solitudes de plaines et de montagnes, quelquefois rocheuses, rarement
boisées, presque toujours riches en pâturages abondants, et fréquemment
baignées par les eaux d'un torrent. Esaïe, Jérémie, Joël, et presque
tous les prophètes, nous parlent en quelques endroits de déserts
inhabitables, sauvages asiles des bêtes féroces, lieux de deuil et de
cris lugubres ; mais ailleurs, et dans la plupart des cas, il ne s'agit
que de pacages solitaires que parcourent les troupeaux, et où l'on
rencontre encore les ambulantes cabanes des bergers qui font ressortir
la solitude en voulant rappeler les hommes, Ps. 63,12. Jér. 9, 2. 10.
Joël 1, 20. Luc 15, 4. Les villes de la Judée avaient presque toutes,
et suivant leur grandeur, des steppes fertiles pour l'alimentation de
leurs troupeaux; et c'est ainsi que nous devons nous représenter les
déserts nombreux dont il est parlé dans l'Ecriture. Nous n'en
indiquerons que les principaux. Le désert de Juda, Jos. 15,20.61. Jug.
1, 16., od désert de la Judée, Mat 3, 1., cf. 11, 7 ; distr.ict
rocailleux dans la partie orientale de la tribu de ce nom, et
s'étendant de la rive droite du Cédron, jusque vers la ville de
Hen-Guédi, et le long des bor.ds de la mer Morte. De nos jours encore
on remarque, près du couvent de Sabas, un désert nu, plein de cavernes,
de crevasses et de rochers, et dont le caractère sauvage augmente en
avançant vers le Nord. — Au sud-ouest du désert de Juda, mais y
attenant, le désert de Tékoah, 2 Chr. 20, 20., au sud-est le désert de
Hen-Guédi, 1 Sam. 24, 2., le désert de Ziph, 23, 14., celui de Manon,
23, 25., et au sud celui de Béer-Sébali, Gen. 21, 14. C'est dans le
désert de Juda que Jean Baptiste prêcha la repentance, et vit accourir
à ses paroles sévères tant d'âmes pieuses, et tant de curieux
indifférents; si la tradition nous montre encore à deux lieues de
Bethléhem un endroit connu sous
le
nom de désert de saint Jean, ce ne peut être la
solitude qui fut le théâtre de son activité, et s'il y a quelque
fondement à la tradition on doit admettre plutôt que c'est le désert
dans lequel il se prépara, par le jeûne et la prière, à la vie publique
à laquelle il allait être appelé.
Le désert de Jéricho, Jos. 16, 1., se
trouvait
compris entre la ville de Jéricho et la montagne des Oliviers ou le
village de Béthanie, à 8 kilom.de Jérusalem, dans une contrée aride et
crevassée, où la tradition place la scène du Samaritain miséricordieux
Luc 10, 30. Cet endroit porte encore le nom de Kan du Samaritain. Après
une rapide descente, on arrive dans les plaines de Jéricho, et l'on
voit vers le nord s'élever une montagne calcaire fort escarpée, la
Quarantania, dans les cavernes et les solitudes de laquelle on veut que
Jésus ait passé les quarante jours de son jeûne, Mat 4.
Au
nord de Jérusalem, le désert de Ga-baon, 2 Sam.
2, 24.
Près
de là, sur la frontière nord-ouest de la tribu
de Benjamin, et adossé à la tribu d'Ephraïm, le désert de Beth-Aven,
Jos. <I8, 12.
Celui des Bubénites, dans le plat pays,
Deu 4,
43. C'est là que se trouvait Bet-ser, la ville de refuge.
Le
désert de Bethsaïda, Luc 9, 10.
En
dehors des limites de la terre promise,
plusieurs autres solitudes sont en-' core mentionnées dans l'Ecriture.
Le
désert de Sur dans lequel s'enfuit Agar, chassée
de la maison d'Abraham, Gen. 16, 7., et qui fut une des premières
stations des Israélites dans le désert, Ex. 15, 22. On l'appelait aussi
désert d'Etham, 13,20.
Celui
de Paran dans l'Arabie Pétrée, près de
Kadès-Barné; Ismaël y demeura, Gen. 21, 21. Les Hébreux y voyagèrent et
y passèrent quelque temps, Nomb. 10, -12. 13, 1. On l'appelait aussi
désert de Tsin, 20, 1.
Le
désert de Sin (différent de Tsin), entre Elim et
le mont Sinaï, Ex. 10,1.
Le désert de Sinaï, dans le voisinage de
la
montagne de ce nom, Ex. 19, 2., célèbre par la promulgation de la loi.
1.
Celui
de l'Arnon, Nomb. 21,13., sur les frontières
de Galaad et de l'Arabie déserte, une des dernières stations des
Israélites avant la traversée du Jourdain.
Celui
d'Edom, 2 Rois 3, 8., dont on ne peut
déterminer exactement l'étendue et la position.
Celui
de Tadmor ou Palmyre, 2 Chr. 8, 4., entre
l'Euphrate, l'Oronte etleChry-sorrhoas.
Le
désert de Diblathajim, Nomb. 33, 46., dans le
pays de Moab, Ez. 6,14. Jér. 48, 22.
Enfin le désert d'Egypte, Ez. 20. 36.,
autrement dit encore le désert d'Arabie, ou le grand désert, le lieu
hideux, Deu 32, 10., qui comprend sous un nom général la plupart des
solitudes que nous venons de nommer, celles que traversèrent les
Israélites pour se rendre d'Egypte en Canaan, et qui firent donner à
cette longue marche le nom de Voyage du désert. On trouvera la suite et
le narré de ce voyage, Ex. 14,-19, 32, depuis la sortie d'Egypte
jusqu'à la promulgation de la loi; et Nomb. 10, 11.-22, 1. jusqu'à
l'arrivée d'Israël aux bords du Jourdain vis à vis de Jéricho. La
partie du voyage comprise entre le mont Horeb (Sinaï)et l'arrivée des
Israélites dans le pays des Amorrhéens, est racontée Deu t, 2. 19. 2,
1. 10, 6. et suiv. Enfin le 33e chap. des Nombres, 5-SO., offre laliste
des stations parcourues depuis Rahmésès jusque près du Jourdain de
Jéricho ; il nomme entre Hatséroth et le désert de Paran (Nomb. H,
33.12, 45. 13, 1.) dix-huit stations ou campements dont il n'est pas
parlé dans le récit plus détaillé de l'Exode et des Nombres; en
revanche on n'y trouve pas les endroits mentionnés Nomb. 41, 1.
21,16.49. On peut remarquer encore d'autres petites variantes, cf.
Nomb. 33, 30. avec Deu 10, 6. et Nomb. 20,'22; mais ces différences
s'expliquent tout naturellement par le fait que le chap. 33e des
Nombres est, en quelque sorte, une carte routière, une liste de route
qui indique la marche générale, tandis que les autres chapitres ne
mentionnent que les faits remarquables, sans rien dire, par conséquent,
des lieux où il n'y avait rien à dire, où aucun événement digne d'être
raconté n'a eu lieu. Il n'est pas besoin de prendre des ciseaux pour
concilier ces divergences, en retranchant ici et là des passages ou des
noms propres, à la façon de certains rationalistes.
Quant
à l'exacte position de la plupart de ces
campements, on peut désespérer de la connaître jamais : posés sur le
sable, un coup de vent a dû les faire disparaître du jour au lendemain.
Là où aucun signe particulier ne peut faire reconnaître la place, on a
beau lui donner un nom, elle se perd; cependant on a retrouvé plusieurs
de ces stations, que les sources ou les montagnes voisines ont
préservées de l'oubli ; les voyages modernes, et parti-culièrement
celui du professeur Schubert, ont jeté une nouvelle lumière sur
plusieurs de ces noms. La carte de ce voyage peut se dresser avec
passablement d'exactitude quant aux traits généraux, avec aucune pour
les détails, (Voy. des enf. d'Isr.; v. la carte.)
Quarante années furent consacrées à cette
expédition, pour laquelle quarante jours auraient suffi. Nomb. 14, 33.
33, 38. Deu 8, 2. Deu 2, 4 4. L'Ecriture nous en donne la raison, Nomb.
14, 23. 30. cf. 26, 65. ; après de longues rebellions, de longues
incrédulités, le peuple de la promesse, arrivé à Kadès-Barné, à la vue
du pays promis, avait refusé encore de croire à la parole de son Dieu :
douze espions envoyés n'avaient pu, malgré le tableau brillant qu'ils
avaient fait de cette contrée, vaincre la résistance du peuple. Dieu,
ennuyé de cette généra-tion, avaitjuré dans sa colère qu'ils
n'entreraient jamais dans son repos, Ps. 95,10. Nomb. 14, 23. 30. 34.
26, 65. Ils durent errer de nouveau dans cet affreux désert pendant
quarante années, jusqu'à ce que tous les hommes âgés de plus de vingt
ans y eussent laissé tomber leurs corps en poussière. On pourrait
facilement, sans l'intervention divine, comprendre encore ces longs
errements : il ne s'agissait, après tout, que de mener une vie nomade,
et les Israélites ne voulant ni essayer la conquête de la Palestine, ni
rentrer en Egypte, n'avaient de ressource que dans les pâturages du
désert ; ils allaient d'une station à l'autre, s'étendant sur un assez
long espace de pays, et donnant à leur campement le nom de l'endroit où
se trouvait le tabernacle de l'Eternel. On pourrait croire aussi que le
chef terrestre de ce peuple, désespérant de réussir avec la génération
vivante, eût résolu de la laisser s'éteindre, et d'attendre une race
neuve, qui n'eût goûté ni la servitude, ni les concombres de l'Egypte,
et qui, plus forte, plus dure et moins efféminée, devait lui promettre
davantage l'obéissance et le courage nécessaires au succès de son
entreprise.—Pour ceux des théologiens modernes qui sont aussi
incrédules que l'étaient les Juifs d'alors, il reste une difficulté
insoluble, c'est de savoir comment les Hébreux ont pu être nourris
pendant quarante ans, au nombre d'environ trois millions d'âmes :
ceux-là ne comprennent pas non plus que notre Sauveur ait pu nourrir
cinq mille hommes avec cinq pains et deux poissons; il faut
naturellement regarder toutes ces histoires comme des fables, ou croire
que Dieu voulut user de sa puissance créatrice : le chrétien le croit,
il accepte le miracle ; l'incrédule ne le croit pas ; il dit en son
cœur : Il n'y a pas de Dieu ; la manne et le rocher d'eau vive ne lui
suffisent pas.
Mentionnons encore comme une dernière
acception
du mot désert, celle dans laquelle ce mot est pris Ex. 23, 31. cf. Deu
11,24. Jos. 1, 4. Dieu promet aux Israélites d'étendre leurs frontières
de-puisle désertjusqu'aufleuve (l'Euphrate); le désert comprend alors
toutes les contrées situées entre le Jourdain, les montagnes de Galaad
et l'Euphrate.
DETTE
Les lois juives
sur les dettes étaient, comme
presque toutes les autres, favorables au pauvre, au malheureux, au
débiteur. La loi du jubilé s'opposait à ce que, parmi les Hébreux, les
uns devinssent trop riches et les autres trop pauvres; cependant une
pauvreté momentanée pouvait tomber sur l'agriculteur ; ses champs
pouvaient être sans moisson, sa vigne sans vendange ; les accidents ou
les maladies pouvaient lui détruire son bétail, sa demeure pouvait
avoir besoin de réparations; il était dans la gène et il lui fallait de
l'argent. Moïse,
pour le soulager, avaitdeux cbosesà faire:
lui
procurer d'abord cet argent nécessaire, puis empêcher que ce prêt ne
lui devînt onéreux ; ce dernier but fut atteint par la simple défense
que le législateur fit aux riches de recevoir aucun intérêt sous aucune
forme, Ex. 22, 25. Lév. 25, 35-38. Deu 23, 19. 20. (excepté des
étrangers commerçants, Deu 23, 20.). D'un autre côté, puisque le riche
ne trouvait aucun intérêt à prêter son argent, et qu'il eût pu ne pas
le faire, le législateur l'y engage, le lui commande, au nom de la
fraternité universelle, de la conscience et de Dieu lui-même, Lév. 25,
35. Deu 45, 7.8.14. Maintenant un juste équilibre entre les droits du
prêteur et ceux de l'emprunteur, le riche pourra demander un gage, mais
le pauvre choisira ce qu'il lui conviendra de donner, Deu 24,6.10-12.
17. Si enfin l'emprunteur se trouvait décidément hors d'état de payer,
le capital n'était pas perdu pour celui qui avait prêté : il était
hypothéqué sur le champ du débiteur, sur ses meubles, sur sa personne
même qui entrait en servage; mais en l'année bénie du jubilé, l'égalité
des fortunes venait effacer de nouveau la créance du riche et la dette
du pauvre.— De prisons pour dettes, il n'en est jamais question.
DEUIL
Les Hébreux, comme en général les
Orientaux, exprimaient leur douleur d'une manière plus vive, plus
bruyante, plus extérieure, que. ne font les peuples de l'Occident :
quel que fût le sujet de leur affliction, que ce fût le déshonneur, la
misère, l'exil, ou la mort d'un proche et d'un ami, ils criaient et
gesticulaient avec violence jusqu'à ce que le premier paroxismede leur
peinefûtpassé : Ils mettaient la main sur la tête, 2 Sam. 13, 19. ; ils
se frappaient la poitrine ou les reins, Nah. 2, 7. Luc 18,13. Jér.
31,19. (cf. Virg. JEn. 4, 673.); ils s'arrachaient ou se rasaient les
cheveux de la tête et le poil de la barbe, Esd. 9, 3. Job 1, 20. (cf.
JEn. 42, 870.); ils se versaient des cendres sur la tête, 4 Sam. 4,12.
2 Sam. 4,2.43, 49. 15, 32. Néh. 9, 1. Ez. 27, 30. Lam.2, 4 0. Job 2,
12.; ou s'as-seyaient et se roulaient dans la cendre et dans la
poussière, Ezéch. 27, 30.
2 Sam. 12, 46. 13, 31. Es. 47, 4. Néh. 1,
4.
Job 2, 8. 16, 45. Mat 41, 24. ; ils déchiraient leurs vêtements sur la
poitrine, Gen. 37, 29. 44,4 3. Jug. 11, 35. 1 Sam. 4, 42. 2 Sam. 1, 2.
11. 13, 31. 3, 31. ( ordonnance royale pour honorer la mémoire et le
convoi d'Abner : ce passage prouve combien cette pratique était en
usage), 1 Rois 21, 27.2 Bois 5, 8. 6, 30. 11, 44. 19, 1. 22, 11. 49.
Esd. 9, 3. Est. 4, 1.; ils se faisaient des incisions ou des
égratignures au visage et sur le corps, Jér. 16, 6. 41, 5. 47, 5. et
48, 37., quoique cet usage païen (JEn. 4, 673. 12, 874.)fût
expressément défendu par la loi de Moïse, Lév. 4 9, 28. Deu 14, 1.,
comme il l'était aussi par la Loi des douze tables (Cicer. De Legib. 2,
23.). Ils jeûnaient (v. Jeûne) lorsqu'ils menaient deuil sur un mort,
revêtaient certains habits de deuil (v. Sac), négligeaient leurs
vêtements et les soins même de la propreté, ne se lavaient pas,
n'oignaient pas leurs corps, 2 Sam. 4 2, 20. 4 4, 2. 19, 24. cf. Mat 6,
17.; ils dépouillaient tous leurs ornements en bijoux et en broderies,
Ez. 26, 16., et, comme on l'a dit, ils se coupaient la barbe qu'ils ne
regardaient pas comme un de leurs moindres ornements; ils se couvraient
le bas du visage, Ez. 24,47. 22. Midi. 3, 7. ou même la tête toute
entière, 2 Sam. 15, 30. 19, 4. Est. 7, 8., Jér. 4 4, 3. ; ils se
tenaient courbés et marchaient lentement, 1 Rois 21, 27. ; enfin ils
montaient sur les plates - formes de leurs maisons pour y pleurer, Es.
45, 3. 22, 1.
Le temps du deuil pour les morts était en
général de sept jours, 1 Sam. 31, 13. 1 Chr. 10. 12.; dans des cas
extraordinaires, il était plus long : Aaron et Moïse furent, chacun,
pleures pendant trente jours, Nomb. 20, 29. Deu 34, 8., et Jacob
pendant soixante et dix jours par les Egyptiens, pendant sept autres
jours par Joseph, Gen. 50, 3.10.
Pendant
le deuil, leurs amis venaient les visiter,
soit pour les consoler, soit pour leur apprêter de la nourriture, Prov.
31, 6. ; mais tout ce qu'ils mangeaient était souillé, Os. 9, 4.
DEUTÉRONOME
Ce nom du cinquième
livre de Moïse signifie en grec seconde loi, ou
répétition, récapitulation de la loi. Le Deutéronome est ce qu'indique
son titre, mais il est une récapitulation générale et non minutieuse,
d'idées et non de paroles, d'histoire et non de détails: il est grand,
noble, sérieux, tendre, plein d'onction, plein d'une sublime poésie;
c'est presque un chant épique. Moïse avait cent vingt ans lorsqu'il le
composa ; c'était la dernière année de sa vie ; il était dans les
plaines de Moab (4, 5. cf. 34, 1.) : vieillard deux fois aussi âgé que
tous ceux qui l'entourent (sauf Caleb et Josué), il a bien des conseils
de sage expérience à donner; législateur envoyé de Dieu, il doit à sa
mission de lui rendre témoignage encore avant de mourir, il maintiendra
jusqu'à la fin les lois qu'il a données, les vérités qu'il a prê-ehées,
et il les maintiendra comme justes et saintes, comme imposées de Dieu,
comme étant par là même la seule source de bonheur pour les Israélites
qui voudront y obéir ; il les sanctionnera de son dernier souffle.
La période comprise dans le livre du
Deutéronome est de deux moijs environ; elle s'étend depuis le premier
jour du onzième mois de la 40e (Deu 1,3., plusieurs éditions portent
par erreur 4e) année de la sortie d'Egypte jusqu'au onzième jour du
douzième mois de la même année.
On peut diviser ce livre en quatre
par-tics
principales : 1° Récapitulation de l'histoire des Hébreux contenue dans
les livres précédents, eh. 1-4. ; 2° répétition des lois morales,
cérémonielles et judiciaires, 5-26. ; 3° confirmation de la loi, 27-30.
; 4° derniers jours de Moïse; il annonce au peuple que Josué lui
succédera dans le gouvernement général et dans l'autorité; puis il
écrit les choses qu'il vient de dire, confie aux lévites et aux anciens
le livre qui contient ses paroles, et ordonne que lecture en soit faite
tous les sept ans dans l'assemblée générale, à la fête des Tabernacles
: il termine par un cantique de bénédictions, mais il annonce en
mèmetempsauxllébreux leurs infidélités futures, et veut que ses
dernières paroles soient copiées et méditées de tous ; il monte enfin
sur le mont Nébo, où Dieu recueille son esprit et rend à son corps les
derniers devoirs.
Quelques
auteurs ont pensé que le Deutéronome
n'était pas de Moïse, puisqu'il allait jusqu'à la mort de ce
législateur; mais rien ne justifie une pareille supposition ; et l'on
peut en détacher le dernier chapitre seulement, que l'on croit avoir
été, dans l'origine, le commencement du livre de Josué. — v.
Pentateu-que; cf, aussi le commentaire de Calvin, et Haevernick, Einl.
in das A. T.
DEVIN, v. Divination.
DIABLE
Ce nom qui
signifie en grec accusateur,
calomniateur, est celui que le Nouveau Testament donne au prince des
ténèbres, à l'esprit du mal, au tentateur, Mat 4, 1. 5.8.11. Apoc. 12,
9. 20, 2. 1 Jean 3,8. Le plus grand des anges déchus, grandeur sublime
tombée, il s'est séparé de Dieu par un premier essai d'indépendance,
qui a été d'autant plus efficace que sa nature était plus relevée ; il
ne pouvait être médiocre en s'isolant, mais par là même il s'est perdu
: dans sa chute il a cherché et réussi à en entraîner un grand nombre
d'autres, qui l'ont suivi dans son péché et dans sa ruine ; il a de
môme séduit et assujetti à la condamnation les hommes que Dieu avait
d'abord créés droits. — Différents noms lui sont donnés : Satan, Job
2,1.; Bahal Zébub, 2 Rois 1, 2., ou Béelzébut, Mat 12,24.; tentateur,
Mat 4, 3.; Antichrist, 1 Jean 2,18. 22. 2 Jean 7.; démon, Jean 10, 20.;
serpent ancien et dragon, Apoc. 12, 9. 20. 2.; meurtrier et menteur dès
le commencement, Jean 8, 44. ; enfin dans les livres apocryphes,
Asmodée, Tobie 3, 8. 6,1 S., démon voluptueux qui tuait les maris dont
il était jaloux.
Le nom de démon était une épithète
générale
qui, chez les païens, se prenait dans un sens favorable, signifiant un
génie, une divinité : dans l'Ecriture, il se prend toujours en mauvaise
part, tantôt en parlant des esprits infernaux, tantôt pour désigner les
esprits des morts, bons ou mauvais, réels ou imaginaires, Mat 9, 32.
Luc 41, 14.13, 16.1 Chr. 24. 1. 1 Rois 22, 21. Eph. 0,16.1 Pier. 5, 8.
Mille questions surgissent autour de cet
effroyable ennemi du genre humain ; l'on se demande comment il est
fait, où il habite, quelle est son action sur l'humanité, quels sont
ses moyens de séduction, quels sont ses rapports avec Dieu, quel sera
son sort final : on s'estdemandé enfin si même il existait ! Plusieurs
de ces questions sont permises, mais on ne peut y répondre : d'autres
proviennent de mauvaise curiosité, l'on ne doit pas y répondre : la
dernière est faite par l'incrédulité.
11 faut convenir que de tous les moyens de
séduction, puisque nous en avons dit un mot, le plus habile que puisse
employer le malin esprit, c'est d'empêcher les gens de croire à son
existence : avec personne il ne revêtira sa forme naturelle et
repoussante ; aux âmes pieuses il se présentera déguisé en ange de
lumière ; à ceux que son existence pourrait gêner, il tâchera de faire
croire qu'il n'est qu'une chimère, qu'il n'existe réellement pas, qu'il
n'est pas question de lui dans la Bible, que les anciens pères et les
anciens orthodoxes n'étaient que des rêveurs, que depuis qu'on necroit
plus aux revenants on ne doit plus croire au diable non plus. Cette
croyance, ou plutôt cette absence de croyance, est évidemment de nature
à soulager beaucoup celui qui désire être débarrassé d'un frein aussi
redoutable : si les uns vous disent que le diable est le père du péché,
quelle chaîne pour vous que celle qui vous unit à lui ; mais si le
diable peut vous persuader que la parole de Dieu n'est qu'un mauvais
songe, quel allégement! Oui, quel allégement! mais qu'il durera peu!
car après la mort il n'y a plus d'illusion possible, et celui qui le
premier vous ôtera le bandeau, c'est celui qui vous l'avait mis; c'est
le prince de la terre venant s'emparer des victimes qu'il aura
séduites. Ceux qu'il ne peut convaincre théologiquement qu'il n'existe
pas, il Le leur persuade pratiquement, il s'en fait oublier, il se met
pour eux sur l'arrière-plan; sur le premier, ses séductions, ses
jouissances, ses faux appâts, de l'or, des places, des parures, des
danses, tout ce que la terre peut offrir, et il se place derrière tout
cela, jusqu'à ce qu'avec le temps tout cela ayant disparu, il ne reste
plus que lui. — Quel allégement ! Mais quel allégement plus grand, plus
doux, plus réei, plus sûr, de se remettre entre les mains de celui qui
a brisé la tète du serpent, et qui triomphe et nous fera triompher au
dernier jour. 11 n'y a pas une vérité qui ne vaille toutes les erreurs
possibles.
Les raisons qu'on allègue pour essayer de
soutenir cette thèse moderne qui tue d'un même coup et le péché qui n'a
plus d'origine, et l'enfer qui n'a plus ni prince ni but ; ces raisons,
si l'on peut les appeler ainsi, reviennent toutes à de simples
assertions. On commence par dire qu'il n'est pas parlé du diable dans
l'Ancien Testament, et par tourner en poésie les passages les plus
historiques où il en est fait mention, Gen. 3, Job 2,1.1 Chr. 21, 1.
Zach. 3, I., etc. Puis l'on applique au Nouveau Testament le même
système d'interprétation, en le modifiant au moyen de la méthode
d'accommodation que notre Seigneur était censé employer lorsqu'il
parlait aux Juifs, adoptantleurs idées afin de leur mieux inculquer les
siennes ; de cette manière, les passages Mat 4, ¦1. Luc 4, 1. Jean 13,
2. 1 Jean 3, 8. 1 Pier. o, 8. Apoc. 12,9. 20, 2., et cent autres ne
prouvent, en effet, absolument rien ; mais avant d'admettre ce système,
nous attendrons qu'il soit lui-même prouvé . et l'on peut poser en fait
qu'il n'est pas un lecteur sérieux de la Bible qui ne voie l'existence
du diable clairement établie par nos saints livres.
Quant
à la forme de cet être malfaisant, il est
clair que l'on n'en peut rien savoir, mais de toutes les imaginations
de l'homme, la plus belle conception est sans contredit celle de ce
peintre hardi, habile et plein de génie, dont le pinceau a tracé une
figure qui de loin, par le jeu des couleurs, paraît pleine de grâce, de
fraîcheur, de beauté, mais qui, lorsqu'on s'en approche, est pâle,
maigre, décharnée, ne respirant que la malice et le fiel, et rongeant
une chaîne : c'est le séducteur; il charme de loin, de près il repousse.
Le
pieux Bunyan, l'auteur du Voyage du Chrétien, a
publié, en anglais, un second ouvrage du même genre que le pre-
mier,
intitulé Diabolos ou la Sainte Guerre, dans
lequel il représente l'histoire de l'âme et l'histoire de l'humanité,
sous la parabole d'une guerre entre Satan et l'Eternel, guerre qui se
termine par la victoire du fils Emmanuel. Cet ouvrage, dont il vient de
paraître une traduction française, peut, à bien des égards, être une
lecture utile, non seulement pour la jeunesse, à laquelle il est plus
particulièrement destiné, mais encore pour un âge plus avancé.
DIAMANT
(Hébr. shamir). Le péché
de Juda est écrit avec une
pointe de diamant, dit Jérémie, 17, 1. J'ai renforcé ta face contre tes
ennemis, dit l'Eternel, et j'ai rendu ton front semblable à un diamant,
Ez. 3, 9. Ils ont rendu leur cœur dur comme le diamant, pour ne pas
écouter la loi, Zach. 7, 12. Le diamant, cette pierre si précieuse, si
belle, et si dure, n'est considérée dans la Bible que sous ce dernier
rapport : on sait que le diamant ne peut être travaillé que par
lui-même ; on l'emploie non seulement comme parure, mais comme
instrument tranchant, comme poinçon pour couper le verre ou pour
graver. Quelques auteurs ont pensé qu'il s'agissait plutôt de l'émeri,
substance composée de terre sigillée et de chaux de fer, dont le nom
grec smyris a de l'analogie avec l'hébreu shamir ; mais ces analogies
accidentelles sont si fréquentes (par exemple, en hébreu péshah, péché
; soumphonia, symphonie, etc. ), que l'on ne peut les regarder comme
preuves, et la traduction des Septante, adoptée par la Vulgate, est une
autorité plus forte. — On a voulu traduire encore par diamant le mot
yahalom, Ex. 28, 18.39, M. Ez. 28,13., que nos versions ont rendu par
jaspe, cf.
DIANE
Iivinité célèbre
du paganisme, que les poètes
font tille de Jupiter et de Latone, et qu'ils comptent au nombre des
douze grands dieux. On l'adorait sous trois formes, et son caractère
variait selon ces différents points de vue. Comme déesse des forêts,
elle était chaste, mais flère, hautaine et vindicative ; comme déesse
des enfers, et sous le nom d'Hécate, elle est cruelle, sanguinaire,
impitoyable ; comme déesse de la lune et des cieux, elle est quinteuse,
capricieuse, amoureuse : c'est Phœbé. L'aventure d'Ac-téon appartient
donc à la Diane des bois ; ses amours avec Endymion, à la lune.
Quelques poètes la font encore présider aux accouchements, sous le nom
de Lutine. Le plus célèbre de tous ses temples était celui d'Ephèse,
bâti sur les dessins du fameux architecte Ctésiphon, et qui passait
pour l'une des sept merveilles du monde. Il avait 425 pieds de long
(153m) et 237 de large ; l'extérieur était décoré de tout ce que la
nature et l'art offrent de plus précieux ; l'or, l'argent, les
pierreries, les tableaux, les statues, y étaient prodigués : on y
comptait, entre autres, 127 colonnes, dont chacune avait été érigée par
un roi, qui s'était efforcé de l'embellir et de la rendre digne de cet
auguste lieu. VJn fanatique, possédé du désir de s'immortaliser, y mit
le feu : c'était un moyen comme un autre ; de nos jours, on tire sur
les rois ou sur les reines. Le temple de Diane fut détruit la même nuit
dans laquelle naquit Alexandre le Grand. La mémoire de la déesse ne
périt pas dans la grande ville dont elle était la pa-trone, et nous
voyons, Act 19, 24. suiv., un orfèvre faire son principal travail de la
fabrication de petits temples d'argent, ou de médailles représentant,
aussi bien que la tradition en avait conservé le souvenir, l'effigie de
ce monument illustre de l'architecture ancienne et du paganisme. Le
passage Jér. 7,18. (cf, 11,13. 44, 17.18. Ez. 16,15.) se rapporte
probablement au culte de Diane. DIBLA. v. Beth-Diblathajim. DIBON (
intelligence ), 1 ° ville située dans une plaine au nord de l'Arnon.
Lors de la conquête du pays de Canaan, nous la voyons d'abord entre les
mains des Gadites, Nomb. 32, 34., d'où elle prit le nom de Dibon-Gad,
que Moïse lui donne quand il l'indique comme un des campements des
Israélites dans le désert, Nomb. 33, 4o. Plus tard, elle fut assignée à
la tribu de Ruben, Jos. 13, 17. Du temps d'Esaïe, elle était tombée
entre les mains des Moabites, Es. 15,2. Jér. 48, 22. C'est probablement
la même ville qui est appelée Dimon, Es. 15,9., et saint Jérôme dit que
de son temps encore on l'appelait indifféremment Dimon ou Dibon, à
cause de la ressemblance des lettres. — On trouve aujourd'hui dans
cette localité des ruines qui portent le nom de Diban. — 2° Ville de
Juda, Jos.15,22.Néh.11,25.; elle subsistait encore du temps d'Eusèbe;
elle est appelée Dibon dans le dernier des passages cités, et Dimona
dans le premier.
DIDRACHME
Mat 17,24.,
monnaie grecque valant 2
drachmes, et équivalant à peu près à un demi sicle hébraïque, (1 fr. 66
c.)
DIDYME
Jean 11, 16. 20,
24., nom grec de l'apôtre
Thomas, ces deux mots signifiant l'un et l'autre jumeau. Ces noms
devaient rappeler sans doute la naissance de l'apôtre, et la tradition
lui donne effectivement une sœur jumelle nommée Ly-sia (Patres apostol.
Ed. Coteler. I, p. 272, cf. p. 501). D'après Eusèbe, 1,13., Thomas
aurait été le même que Judas, frère de Jésus ; c'est ainsi que le
veulent également les Actes de saint Thomas (v. Co-teler.), et cette
parenté donnait au surnom de Didyrae une signification tout à fait
grande et honorable ; mais rien dans l'Ecriture n'appuie cette
tradition, et il est plus qu'évident que notre Sauveur n'a pas eu de
frère jumeau, v. Thomas.
DIKLA
Gen. 10, 27., nom
d'une peuplade sémitique
qui habitait l'Arabie, mais
dont
il est difficile de fixer exactement le
territoire. On ne peut faire à cet égard que des conjectures; Bochart
(Phaleg 2, 22.) pense que c'est la même peuplade qui porta plus tard le
nom de Minéens, parce que les Minéens habitaient une contrée riche en
palmiers, arbre qui se nomme en syriaque dikla. C'est assez
vraisemblable.
DILHAN
Ville de la tribu
de Juda. Jos. 15,38.
DIMANCHE
Jour du Seigneur,
Apoc. 1,10. Les chrétiens
ont dès le commencement honoré d'une façon particulière le jour de la
résurrection du Sauveur, qui arriva le lendemain du sabbat, et les
apôtres semblent avoir transporté sur ce jour les obligations morales
que la loi juive avait attachées au sabbat. « Il n'y a doute, dit
Calvin, que ce qui estoit cérémonial en ce précepte, n'ait esté aboli
par l'ad-uénement du Christ... Néanmoins... combien que le sabbat soit
abrogé, cela ne laisse pas d'auoir lieu entre nous, que nous ayons
certains iours pour nous assembler à ouir les prédications, à faire les
oraisons publiques, et célébrer les sacrements : secondement pourdonner
quelque relâche aux seruiteurs et gens mécaniques. » Quelle que soit la
manière de voir des chrétiens sur l'obligation de la sanctification du
dimanche, il est de fait que l'observation de cejour, non seulement
accompagne les réveils religieux, mais encore les prépare, les amène et
les fortifie ; il est de fait aussi que les personnes pieuses
sanctifient le dimanche, et que celles qui ne sont pas converties ne le
sanctifient pas. Ces deux faits étant reconnus, il sera facile à chacun
de voir en quelle manière il peut se croire libéré de l'observance
judaïque, et astreint à l'observance chrétienne.
Un grand nombre d'ouvrages ont paru sur ce
sujet dans les derniers temps ; celui de Liebetrut, en allemand, et les
sermons de Wilson, en anglais, doivent être cités en première ligne. En
français, on possède un certain nombre de brochures publiées par la
Société de Vevey pour la sanctification du dimanche, et la traduction
de Pearl of days, ce remarquable ouvrage d'une servante anglaise,
auquel a donné naissance, en 1848, la fondation du prix de M.
Hentlerson. Le mouvement qui s'est produit à cette occasion en
Angleterre et en Ecosse offre un caractère véritablement historique
dont les journaux religieux français ne donnent qu'une faible idée (v.
Archives 1848, p. 278; 1849, p. 8), et qu'il faut lire dans les
journaux de Londres et de Glascow ; v. spécialement le Christian Times,
depuis le mois de septembre 1848.
DIMON
Es. 15, 9., et
Dimona, Jos. 15, 22. v. Dibon.
DINA
(Jugement), fille
de Jacob et de Léa, Gen. 30,
21., probablement la fille unique du patriarche. Son nom rappelle un
événement qui fut pour la famille patriarcale un grand malheur. Par une
légèreté coupable, elle se laissa entraîner à former des relations avec
les jeunes filles cananéennes qui habitaient Sichem, puis elle fut
séduite et enlevée par le fils du prince de cette ville. Les frères de
Dina ne crurent pouvoir venger cet affront que dans le sang des
Sichémites ; dans ce carnage ils égorgèrent celui qui devait être
l'époux de leur sœur; cette action perfide et cruelle fut pour leur
père un continuel sujet d'inquiétudes et d'affliction, Gen. 34. On
ignore ce que devint Dina ; mais elle continua de vivre, et accompagna
plus tard son père en Egypte, Gen. 46, 15.
DINHABA
Ville de l'Idumée,
Gen. 36, 32.1 Chr. 1, 43.
Il est possible que ce soit celle qu'Eusèbe indique sous le nom de
bourg de Dannéa, et Jérôme sous celui de Damnaba, comme ayant été
située à8millesd'Aréopolis,ducôtéde l'Arnon.
DIOTRÈPHES
Prebytre
d'une Eglise inconnue, 3
Jean 9. On ne sait de lui que ce qu'en dit l'apôtre, c'est qu'il était
jaloux d'être le premier, orgueilleux, médisant et inhospitalier.
Quelques-uns en font un hérétique (OEcume-nius, Beda); d'autres le font
judaïsant, d'autres enfin prétendent au contraire qu'il ne voulait
recevoir que les chrétiens convertis d'entre les gentils. Il
appartenait à la même Eglise que Gaïus (v. 1.), probablement à l'une
des sept Eglises de
l'Apocalypse.
Son intolérance envers les bons, et
son amour de la prééminence n'ont eu que trop d'imitateurs dans
l'Eglise chrétienne.
DISPERSION
L’épître de saint
Jacques, et la 1re de saint
Pierre sont adressées aux juifs de la dispersion, c'est-à-dire aux
tribus qui sont dispersées dans les pays voisins de la Palestine, dans
le Pont, en Galatie, en Gappadoce, en Asie, en Bithynie, etc. On doit
entendre par le mot général de dispersion, tout l'ensemble des juifs
qui demeuraient en dehors des limites de leur pays, parmi les nations
étrangères. Il n'y avait, au temps de Jésus, aucun pays de l'ancien
monde dans lequel ne se trouvassent des juifs expatriés,
volontairement, ou par le fait de circonstances indépendantes de leur
volonté. On peut grouper en cinq classes les juifs appartenant à la
dispersion.
D'abord
ceux de l'Assyrie, de la Mé-die, de la
Babylonie et de la Mésopotamie, demeurant au delà de l'Euphrate,
descendants des juifs emmenés en captivité et qui avaient refusé, lors
de l'édit de Cyrus, de rentrer dans leur patrie. Ils se comptaient par
milliers et vivaient dans le bien-être, continuant d'entretenir avec
Jérusalem des relations religieuses, et fidèles à payer annuellement
les tributs, les prémices et les dîmes.
En second lieu, les Juifs d'Egypte.
Alexandre
le Grand les établit en grand nombre dans la ville à laquelle il avait
donné son nom, et leur accorda les mêmes droits qu'aux Grecs. Ptolémée
Lagus en envoya une colonie à Cyrène, et fortifia la colonie égyptienne
par de nouvelles émigrations de la Judée, 320 av. C. Ptolémée
Philadelphe fit traduire en grec, à grands frais, le code sacré des
Hébreux, 284 av. C. Puis vint le cruel Ptolémée Philopator qui
persécuta, par des mesures cruelles, ceux que ses prédécesseurs avaient
favorisés. Sous Ptolémée Philométor (180 av. C.), les juifs d'Egypte
sont de nouveau en grande faveur; ils remplissent des charges à la
cour, et sont revêtus des principales dignités militaires; sous la
domination romaine et sous les premiers empereurs, ils jouissent d'une
paix entière, et Auguste les protège à Cyrène contre la malveillance
des populations grecques. Ils ont de magnifiques synagogues, et
occupent à eux seuls presque les trois cinquièmes d'Alexandrie; leurs
rapports avec la métropole juive ne sont pas interrompus quoiqu'ils
aient à Jérusalem un culte à part, de même que les Cyrénéens, Act 6,
9.; ils continuent de payer le tribut pour le temple. Leur chef
temporel et le juge de leurs ditférends est un ethnarque, assisté d'un
conseil, espèce de sanhédrin.
En
troisième lieu viennent les Juifs de la Syrie :
ils avaient émigré sous Séleu-cus Mcator, et par lui, avaient obtenu à
Antioche et ailleurs des privilèges égaux à ceux des Macédoniens. Les
rois suivants, à l'exception d'Antiochus Epipha-nes, leur furent
également favorables, et les Juifs furent libres jusque dans le
prosélytisme : cependant le peuple les haïssait, et cette haine
longtemps comprimée éclata sous Néron, et plus encore sous Vespasien.
Titus leur rendit le repos. C'est de Syrie qu'ils prirent le chemin de
l'Asie Mineure, 1 Pier. 1,1.; ils obtinrent la bourgeoisie en lonie.
Quatrièmement, la dispersion parmi les
Grecs,
Jean 7, 33. De l'Asie Mineure, un grand nombre de Juifs se rendirent en
Grèce et en Macédoine, où ils eurent la permission d'établir, dans les
principales villes et dans les ports les plus commerçants, des
synagogues et des maisons de prières, Act 16-20.
Cinquièmement,
enfin, les Juifs de Rome et d'Italie
; plusieurs étaient esclaves, d'autres étaient venus s'y établir
librement et en vue de spéculations commerciales ; ils étaient
généralement riches, et occupaient tout un quartier au delà du Tibre :
leur prosélytisme n'avait pas été sans fruit. Ils furent chassés de
Rome sous Tibère et sous Claude César. Rome leur fut longtemps fatale,
et les murailles du Goïto ne sont tombées que sous le souffle du
dix-neuvième siècle.
DIVINATION
Devins. Désireux
de connaître, ambitieux
d'avenir, supportant avec impatience un corps qui le retient à la terre
et au moment présent, qui le gêne, qui le rapetisse, l'homme qui par sa
nature se précipite vers les choses qui
étaient
le privilège de celui qui n'avait pas
péché, a dans tous les temps cherché à se soustraire à la matière, à
s'émanciper du corps, à sonder l'avenir, à voir dans les ténèbres, à
marcher sûrement dans l'incertitude, à découvrir ce qui lui est caché.
De là, ces efforts inouïs, gigantesques ; ces recherches de tous les
temps, cet amour du merveilleux, cette croyance à la divination, à la
magie; travaux de jongleurs, travaux de chimistes, travaux de rêveurs ;
imposteurs, mystiques, oracles, prophètes, charmes, enchanteurs et
devins : de là celte passion des hommes pour ce qui paraît les faire
avancer dans les sciences occultes, espèce de succès chez les uns,
complaisance à croire chez les autres.
Sans
s'arrêter à la question dogmatique de savoir
si l'homme peut, en dehors de l'adresse, de la physique et de la
chimie, obtenir des résultats merveilleux ; sans entrer dans un examen
quelconque relatif aux moyens par lesquels l'homme peut arriver au
surnaturel, s'il le peut par lui-même, ou par des forces latentes qu'il
développe, ou enfin par l'intervention des esprits qui sont dans l'air,
bons ou mauvais; sans même approfondir tout ce qu'il peut y avoir de
vrai dans certains faits que rapporte l'histoire, ou que l'expérience
vient chaque jour démontrer de nouveau contre l'esprit fort moderne, on
doit cependant convenir de certains faits que nous nous bornons à
enregistrer, et qui sont de nature à jeter du jour en les simplifiant,
sur les questions passablement graves, malgré qu'on en ait, qui
viennent d'être posées.
On
avoue généralement que toutes les croyances
populaires, quelles qu'elles soient, exagérées ou dénaturées, reposent
sur un fondement vrai : en les dépouillant de leur entourage, de leurs
adjonctions, de leur écorce, on arrive à un noyau substantiel, solide,
historique ; or, de toutes les croyances populaires, la plus invétérée,
la plus entêtée, c'est la foi aux sorciers, à la magie, à la divination
: ne serait-ce absolument qu'une chimère?
Chacun croit aux pressentiments ; chacun
en a,
chacun s'y fie, même sans le vouloir : c'est là une espèce de
divination, générale sans doute, mais sûre.
Niera-t-on que les songes ne soient un
degré de
pressentiment plus avancé que le pressentiment de la veille? « Le Dieu
Fort, dit Elihu à Job (33, 14.15), parle par des songes, par des
visions de nuit, quand un profond sommeil tombe sur les hommes et
lorsqu'ils dorment dans leur lit ; alors il ouvre l'oreille aux hommes,
et scelle leur instruction.
Le
magnétisme avec ses merveilles, si longtemps
réfuté par de l'esprit et des plaisanteries, n'en est pas moins acquis
maintenant à la science comme un fait ; ceux qui en doutent
appartiennent à la classe la moins éclairée, et ceux qui s'en sont
occupés ont vu et vérifié des prodiges que tout l'art et le génie de
l'homme ne sauraient accomplir; ces prodiges touchent par plusieurs
points à la divination.
Enfin, une considération tout à fait
générale,
mais qui ne laisse pas d'avoir son application dans le cas particulier,
c'est qu'une réaction va toujo”urs beaucoup plus loin qu'elle ne doit
et qu'elle ne veut aller, comme celui qui veut éviter le précipice
tombe sur le rocher de la montagne ; c'est plus sûr, mais ce n'est pas
toujours sans quelques inconvénients. Longtemps on a trop cru aux
merveilles des arts occultes et de la divination ; pour un fait
effectif, le charlatanisme en a forgé des milliers de faux, de
mensongers, de stupides, et, pour le dire en passant, les clergés de
toutes les sectes n'y ont pas mal nui dans le moyen âge, jusqu'à
l'illustre siècle de Léon X : quand une fois on a voulu rompre avec ces
fables, on a tout rejeté, le bon et le mauvais, le vrai et le faux,
parce qu'on se souciait peu de la chance, même infiniment petite,
d'être abusé de nouveau. Le pays où les réactions se font toujours le
moins vivement ressentir, l'Allemagne a su se tenir beaucoup plus que
d'autres peuples dans un sage milieu, quoiqu'on y trouve aussi l'un et
l'autre extrême représentés, notamment celui de l'imagination.
Ces choses étant dites, il ne sera pas
nécessaire de les rappeler à propos de chaque cas spécial, et nous
raconterons les croyances de l'Orient sans penser devoir les critiquer
à chaque fois, sans les donner pour vraies, sans les rejeter toujours
absolument comme fausses. Chez les Israélites, d'ailleurs, il faudra
toujours distinguer les révélations divines, et les moyens illicites
par lesquels ils pouvaient essayer de satisfaire leur curiosité ou leur
intérêt particulier.
Les Israélites paraissaient en effet avoir
eu
plus que d'autres peuples le besoin intérieur de connaître l'avenir ;
peut-être l'avaient-ils apporté d'Egypte, peut-être aussi les
prophéties anciennes et glorieuses qu'ils n'ignoraient pas, mais dont
ils n'avaient pas non plus une intelligence bien claire, leur
faisaient-elles désirer d'en connaître davantage, et de pénétrer plus
avant dans un mystère pour eux plein d'espérances et de charmes. Quoi
qu'il en soit, le mal existait : Moïse, en leur donnant la loi qui
devait en faire un peuple à part, leur annonça d'un côté que l'esprit
de prophétie ne sortirait pas du milieu d'eux (». Urim et Thummim),
mais il leur défendit de l'autre sous des peines extrêmement sévères
d'user de divination, de pronostiquer le temps, de rechercher ceux qui
ont l'esprit de Python, les devins, les sorciers, les enchanteurs, ceux
qui disent la bonne aventure et ceux qui consultent les morts, Lév. 19,
26. 31. 20, 6. Deu 48, 10. Ces lois étaient si rigoureuses que les
malheureux animés de l'esprit de Python, ou qui faisaient seulement
profession de l'être, étaient condamnés à mort, et lapidés vifs. Lév.
20, 27.
Malgré ces lois, ou plutôt parce qu'une
loi qui
contrarie un penchant l'excite au lieu de le réprimer (cf. Rom. 5,
20.), les Israélites se montrèrent dans toutes les périodes de leur
histoire, et surtout sous les rois idolâtres, adonnés aux mages, aux
sortilèges et aux superstitions de toutes espèces, cf. 1 Sam. 28, 3.
9.2 Rois 21, 6, 23, 24, Es. 8, 19. Jér. 29,8. Mich. 3,11. Zach. 10, 2.
: ils allèrent même consulter les oracles des païens, 2 Rois l, 2. Le
culte de Bahal avait son cortège de prophètes divinateurs, 1 Rois 18,
19., les Philistins fournissaient leur contingent, 1 Sam. 6,2., et les
Juifs eux-mêmes virent dans leur propre sein surgir de ces industriels
auxquels le peuple, comme partout, s'empressait d'apporter de l'argent,
Mich. 3,11. cf. Act 16, 16.
Il y avait diverses sortes de divinations
et de
devins ; les uns se bornaient à l'examen de certaines circonstances, ou
ac-cidens naturels, c'est ce qu'on a appelé magie naturelle; d'autres
empruntaient tout simplement le secours de l'art, c'était la magie
artificielle ; d'autres consultaient les morts ou les mauvais esprits
(magie noire ou diabolique) ; d'autres enfin devinaient d'inspiration,
de pressentiment, de seconde vue. A la première classe appartenaient,
parmi les exemples qui nous sont conservés dans l'Ecriture :
—a)L'interprétation des songes, cf.—6) l'examen des mouvements des
serpents : c'est même cette espèce de divination que semble indiquer le
terme hébreu, Lév. 19, 26., Deu -18, 10. 2 Rois 17,17. 21,6. (nichesh
deviner, nachash serpent). Bo-chart a recueilli quelques faits à
l'appui de cette idée; les Egyptiens avaient des serpents qu'ils
appelaient de bons génies, et dont ils aimaient à placer la figure sur
leurs abraxas ou talismans : beaucoup de peuplades orientales ont
encore leurs serpents sacrés que consultent les jongleurs, et l'on se
rappelle les serpents de Pallas (Virg. Mn. 2.). Les mots grecs et
latins par lesquels les Septante et la Vulgate ont traduit l'hébreu,
font entrer dans leur composition les oiseaux (augures), au lieu de
serpents ; mais il est clair que, soit dans le texte, soit dans les
traductions, il convient de s'en tenir à l'idée générale de divination,
sans égard aux moyens employés. — c) Les baguettes, ou bâtons
divinatoires ; on croit en trouver la trace, Ez. 21, 26. (il a secoué
les flèches), et Os. i,12. ( mon peuple demande avis à son bois, et son
bâton lui répond ). Le premier de ces passages contiendrait une
allusion à l'ancien usage des Caldéens, d'écrire sur des flèches ou sur
des baguettes le nom des villes où ils voulaient se rendre, ou des
choses qu'ils voulaient entreprendre, de mêler ensuite ces baguettes
dans un carquois, de tirer au hasard et de se décider suivant celle qui
sortait la première. La plupart des peuples ont connu ce moyen de
deviner, qui est peu malin, et que les enfants remplacent chez nous par
le jeu d'épingle. Cette interprétation est possible ; le prophète
dirait alors que le roi de Babylone, incertain par quel ennemi
commencer, a jeté sur les villes le sort des flèches, et qu'il marchera
d'abord contre Jérusalem : on peut le comprendre cependant autrement
encore. Quant au passage d'Osée, il supporte également cette
explication, mais d'autres aussi sont permises; ou bien : il consulte
ses idoles de bois, et elles lui répondent (par le moyen de leurs
prêtres) ; ou bien : ce peuple aveugle, qui ne peut se diriger par la
lumière, se dirige au moyen de son bâton, en tâtonnant. « Il me semble,
dit Calvin, que le plus simple est d'y voir une condamnation contre les
Israélites, qui se sont adressés à des idoles mortes au lieu de
s'adresser au Dieu vivant. » (ad Hos. 4, 12.). — d) L'examen des
entrailles sacrifiées était chez les peuples païens un grand moyen de
divination; si les entrailles étaient sèches, dures ou lâches, s'était
un présage fâcheux : si au contraire elles étaient saines et rouges,
c'était un bon signe : on peut croire que le passage, Ez. 21, 26. (il a
regardé au foie), se rapporte à la divination par les intestins ; mais
c'est la seule trace qu'on en trouve dans l'Ecriture. — e) La
divination, d'après le cours des nuages, Deu 18, 10. (pronostiqueurs de
temps) % Rois 21, 6., ou d'après les signes des cieux, ¦1er. 10, 2.,
c'est l'hébreu meonen; v. cependant l'art. Enchanteur. — f) Enfin, par
l'eau ou par la coupe ; v. Coupe.
Quant à la divination par inspiration, qui
se
distingue des précédentes par l'absence d'art, « quod arte careret, »
dit Ci-céron, voici comment ce même auteur païen la caractérise, Divin
1,18. « Carent autem arte, qui non ratione aut conjectura, observatis
ac notatis signis, sed concitatione quâdam animi aut soluto li-beroque
motu futura praesentiunt, quod et somniantibus saepe contingit et non
nunquanivaticinantibusperfurorem,»etc. Souvent chez les païens (et les
oracles reposaient presque tous sur cette théorie), on cherchait à
produire une excitation factice et purement physique sur les nerfs des
pauvres prêtres et prêtresses, qui faisaient de gré ou de force, le
triste métier d'annoncer les choses futures ; cette excitation se
traduisait en gestes violents et en convulsions que l'on donnait pour
les signes de la présence de la divinité, (cf. Mn. 6, 46. et suiv.) :
on recueillait les paroles de leur délire, et quelques habiles
arrangeaient ces paro-res à leur guise, et leur donnaient telle forme
obscure et ridicule qu'ils jugeaient convenable. C'était là ce qu'on
appelait insanire, être fou ; il y avait folie en effet, et chez le
malheureux patient, et chez ce prêtre qui, avec une gravité
majestueuse, cherchait tant bien que mal la raison dans la déraison, la
clarté de l'avenir dans l'obcurité du présent. Cependant il y avait
aussi une inspiration plus calme, plus naturelle, soit dans le sommeil
soit dans la veille ; elle se trouvait dans un état nerveux habituel
que l'on peut rattacher à un développement considérable du système
ganglionnaire, et qui produisait chez ceux qui étaient atteints de
cette infirmité, un penchant très fort au sommeil magnétique, au
somnambulisme, et à la seconde vue. Il faut peut-être du courage pour
mettre en avant de telles idées, qnand on ne peut ni les dévelop-per,
ni les expliquer, ni les appuyer ; mais tout cela trouvera sa place
ailleurs, et nous ne pouvons entrer ici dans des détails psycologiques
qui demanderaient, pour être traités convenablement, un ouvrage tout
spécial. Du reste, dans cette ligne d'idées ce qui est le plus
singulier, ce n'est pas tant l'explication du fait, que le fait
lui-même ; et comme tous les efforts pour nier les faits ont toujours
été inutiles, et qu'il faut bien finir par les accepter, la seule chose
à faire c'est de tâcher de les comprendre, autant du moins qu'ils
peuvent être compris. Le passage, Act 16, 16. sq. cf. 19,13. sq.,
paraît expliquer cette vertu divinatoire par la possession d'un démon.
—v. encore les art. Enchanteur, Possession, Python, etc.
DIVISION
"Dissension, désunion, due à la séparation des intérêts
ou des idées : Semer la division dans les esprits". -Dict. Larousse
Si la Parole de Dieu nous présente Jésus comme le promoteur de la
divison dans les familles, il est évident que celà n'est pas de son
fait, mais l'annonce seule des conséquences de l'annonce de la bonne
nouvelle, qui serait rejétée par les impies et les pécheurs. (Mat
10,34-36).
Par
contre, dans les derniers temps, nous dit l'Ecriture, se lèveraient des
gens à l'esprit méchant et mondain, du sein même des églises locales,
imbus de leur personnes, le coeur rempli de toutes sorte de péchés, qui
tenteraient de séduire les membres faibles pour un profit personnel et
déhonnête.
L'Esprit
saint nous engage à nous tenir éloigné de tels 'Chrétiens' afin de
conserver notre pureté devant Christ.
Versets clés des
Saintes-Ecritures
DIZAHAB
Deu 1,1., ville ou
bourg dans le désert
d'Arabie, bâtie peut-être dans une localité riche en palmiers, que
Burkhardt a retrouvée sur les bords du golfe arabique, sous le nom de
Dahab.
DOBERATH
Nom que porte dans
quelques mss. la ville de
Dabrath, cf.
DODANIM
(Amours). Cette peuplade
japhétique étant
nommée, Gen. 10, i., avec d'autres qui ont habité la Grèce, on a
rapproché avec assez de vraisemblance son nom de celui de Dodone en
Epire. Bochart cite un Targum qui rend Doda-nim par Dardanim ; on sait
que ce nom se trouve dans les anciennes fables des Grecs : selon eux
Dardanus émigra en Asie Mineure où il fonda la ville de Troie. Dans le
passage parallèle, 1 Chr. 1,7., de même que dans le
Penlateuque samaritain et
dans les Septante, nous trouvons Bodanim qui signifierait selon les uns
l'île de Rhodes, selon les autres même le Rhône, Rhodanus ; mais c'est
aller un peu loin ; d'ailleurs il y a tout lieu de croire que la leçon
conservée dans la Genèse est la primitive ; le copiste du livre des
Chroniques pouvait facilement confondre les deux initiales, qui en
hébreu ont en effet la plus grande ressemblance.
DOEG
(Soucieux) ;
iduméen qui était l'inspecteur en
chef des troupeaux de Saùl ; il était à Nob lorsque David y vint auprès
d'Ahimelech lui demander des vivres et des armes. David qui l'aperçut
et qui sans doute le connaissait, craignit une trahison et s'enfuit
sans avoir dit à Ahimélech quels étaient ses rapports avec le roi ; il
feignit même d'être en course pour une mission spéciale, et fut bien
éloigné de vouloir l'entraîner dans une révolte ou dans un complot.
Mais Doëg, sur les instances de Saûl qui cherchait partout des témoins
contre David, raconta en la dénaturant la conversation qui avait eu
lieu à Nob, et chercha à la représenter comme une conjuration
politique. Saûl qui ne pouvait atteindre David voulut se venger au
moins sur les sacrificateurs ; il lit comparaître Ahimélech avec toute
sa famille, les condamna à mort sans forme ni procès, et chargea ses
archers d'exécuter la sentence : sur leur refus il donna le même ordre
à Doëg, qui de délateur devint sans peine bourreau, et s'acquitta de sa
commission avec cruauté ; il mit à mort quatre-vingt-cinq
sacrificateurs, et passa au fil de l'épée tous les habitants de Nob, 1
Sam. 21, 7. 22, 9-23. David a rappelé cette trahison Ps. 52,1.
DOIGT
Il est parlé
plusieurs fois dans l'Ecriture
du doigt de Dieu pour désigner sa puissance, Ex. 8,19. 31,18. Ps. 8, 3.
Es. 58, 9. Luc 11, 20. — Le mot doigt exprime souvent aussi une mesure
naturelle prise de l'homme comme la coudée, et équivalant à un peu
moins de 3/4 de pouce, Jér. 52,21.
DOMITIEN
"C’est encore lui qui a élevé au
pouvoir
suprême Marius et César, Auguste et Néron, Titus, les délices du genre
humain, et Domitien, le plus cruel
des tyrans."- Augustin d'Hippone, Citée de Dieu, L05, 21
DONS
Ou présents. Les
dons ont, dès les temps les
plus anciens, été considérés comme une marque d'honneur, et comme un
témoignage d'estime ou d'amitié, Gen. 32. Ils consistaient soit en
argent, 2 Sam. 18,11., soit en armes ou vêtements précieux, 1 Rois 10,
25., soit enfin en fruits, fourrage, ou provisions de toutes espèce, 1
Rois 10, 25. 14, 3. Gen. 24, 53. 32,13. 43,11.1 Sam. 9, 7.16, 20.2 Chr.
17, 11.; mais comme ils étaient toujours proportionnés à la fortune des
donateurs, ils se trouvaient être parfois de très peu de valeur, 1 Sam.
9, 8. 16, 20. Des amis se faisaient des présents lorsqu'ils se
visitaient ou à certains jours de fêtes, Est. 9,19., les inférieurs
quand ils recevaient leurs supérieurs, 1 Sam. 9, 7. Gen. 43, 11. Malth.
2,11., surtout les sujets à leur souverain, 1 Rois 4, 21. 10, 25. 2
Chr. 17, 5.; ce dernier cas paraît même être devenu une coutume
obligatoire, tellement que ceux qui à l'avènement d'un roi ne lui
apportaient pas de présents, pouvaient être regardés comme de méchants
hommes, 1 Sam. 10, 27. Les Hébreux appelèrent aussi présents les
tributs qu'ils devaient payer à des monarques étrangers, pour déguiser
sans doute par la douceur de l'expression ce que la chose avait de
pénible pour tout véritable Israélite, Jug. 3, 15. 17. 2 Sam. 8, 2. 2
Rois 17, 3. 4. 2 Chr. 17, 11. 26, 8. Ps. 45,13. 68, 30. 72, 10., etc.
Les rois faisaient de même quelquefois des présents à leurs favoris, 2
Sam. 11, 8., à des étrangers, à des ambassadeurs, ou à leurs propres
employés civils et militaires, Est. 2, 17.; ces cadeaux consistaient
ordinairement en vêtements précieux, 2 Rois 5,22. Est. 6,8. 8,15. Dan.
5,46.29. cf. 1 Sam. 18, 4. Dans les jours de fêtes on faisait au peuple
des distributions de vivres, 2 Sam. 6, 19. Les rois s'envoyaient
mutuellement des cadeaux lorsqu'ils voulaient contracter des alliances,
I Rois 15,19. 2 Rois 16, 8.20,12. Es. 39, 1.
C'est dans tout l'Orient une espèce de
cérémonie que le fait même de la présentation des cadeaux, et elle se
fait toujours avec une pompe proportionnée à la grandeur des présents :
on va jusqu'à prendre un grand nombre de bêtes de somme pour porter un
présent qu'un seul homme eût pu présenter : quelquefois on les fait
porter par des esclaves, et aucun des porteurs ne doit être chargé de
manière à en être gêné.
Il était défendu de faire des présents aux
juges et aux témoins : cette honteuse corruption, flétrie Ex. 23, 8.
Deu 16, 19. 27, 25. cf. I Sam. 12, 3. Ps. 15, 5. Prov. 15, 27. Es. 33,
15., n'en a pas moins été souvent mise en usage, et l'on trouve bien
des magistrats qui y ont été accessibles, 1 Sam. 8, 3. : aussi les
livres sacrés sont-ils remplis de plaintes et de reproches à cet égard,
Job. 15, 34. Ps. 26, 10. Prov. 17,23,18, 16. Es. 1, 23. 5, 23.
Ez.22,12. Mich. 3, 11. Cadeaux de noces, v. Mariage.
DOPHKA
L'un des
campements des Israélites dans le
désert, Nomb. 33, 12. Inconnu.
DOR
(Demeure). Ville
cananéenne située au bord de
la Méditerranée, non loin du Carmel ; lors de la conquête, elle fut
donnée à la tribu de Manassé, Jos. 11,2. 12, 23.17,11.1 Rois 4,11. 1
Chr. 7, 29. On trouve de nos jours, dans cet endroit, une bourgade sous
le nom de Tortura ou Tantura.
DORCAS
OuTabitha
(chevreuil, en grec et en syriaque),
femme demeurant à Juppé, disciple, pleine de bonnes œuvres et d'aumônes
qu'elle faisait, Act 9, 36. Etant morte après une courte maladie, on
lava son corps et on le déposa dans une chambre haute ; puis pendant
que les malheureux menaient deuil auprès d'elle en pleurant, les
disciples ayant su que Pierre était à Lydde, où il venait de guérir un
homme paralysé depuis plusieurs années, espérèrent que, peut-être, il
pourrait rendre à la vie celle qu'ils aimaient comme leur bienfaitrice,
et envoyèrent auprès de lui deux hommes pour le prier de venir sans
délai. Pierre étant arrivé, monta dans la chambre haute, où il vit le
beau spectacle de ces veuves et de ces pauvres qui, pour toute oraison
funèbre, montraient les robes et les vêtements que Dorcas avait
travaillés pour eux. Alors, les ayant fait sortir à l'exemple de son
maître, Mat 9, 25. Marc 5, 40., et sans doute pour mieux pouvoir se
recueillir, l'apôtre se mit à genoux auprès du lit funéraire, et pria;
puis, se tournant vers le corps, il dit : Tabitha, lève-toi ! Et elle
ouvrit les yeux, et voyant Pierre elle s'assit. Et lui ayant donné la
main, il la leva et la présenta aux saints et aux veuves qui se
trouvaient là. Ce miracle fut connu de toute la ville de Joppe, et un
grand nombre de personnes crurent à la prédication de l'Evangile qui
opérait des choses si merveilleuses.
Il
n'y a aucune difficulté dans cette histoire, à
moins qu'on ne veuille en trouver une dans la résurrection même de
Dorcas ; quelques-uns, en effet, la nient et prétendent que Dorcas
était seulement en léthargie ; la voix de Pierre à son oreille aurait
suffi pour la réveiller. Si l'on ne peut résoudre la difficulté que par
la puissance de Dieu, on ne peut comprendre l'objection que par la
puissance des ténèbres.
DOTHAIN
Gen. 37, 17., ou
Dothan, 2 Rois 6, 13., ville
de Palestine qui se trouvait dans une gorge de montagnes, non loin de
Jizréel, sur la route que les caravanes prenaient pour se rendre
d'Egypte en Galaad.
DRACHME
Monnaie grecquequi
passa en Palestine après
l'exil, I Chr. 29, 7. Esd. 2, 69. 8, 27. Néh. 7, 72., et qui était
surtout en usage à l'époque de Christ, Luc 15, 8. 9. Il y en avait
plusieurs espèces, qui valaient de 4a à 83 centimes.
DRAGON
Es. 43,
20., v. Chacal. —Dragon, ou Serpent ancien, Apoc. 12 et 13, v. Serpent.
— Fontaine du Dragon, Néh. 2,13., t'.Siloé.
DROGUES
Gen. 37, 25., v.
Stacte.
DROITURIER
Jos. 10, 13., v. Jasar.
DRUSILLE
Féconde en maris,
cette femme qui est nommée, Act 24, 24., comme l'épouse du procurateur
romain Félix,était fille d'Hérode Afrippale Grand, Act 12, 23., et sœur
d'Agrippa ie Jeune : elle avait été fiancée d'abord à Antiochus
Epiphane; mais comme celui-ci n'avait pas voulu embrasser le judaïsme,
elle épousa Azizus, prince d'Emessa, puis finit par se laisser séduire
par Félix, dont elle eut un fils, Agrippa qui périt plus tard, comme
elle, par une éruption du Vésuve. Ces deux époux, curieux d'entendre le
prisonnier chrétien, le firent comparaître ; mais comme il leur
parlait de justice, de chasteté, de jugement à
venir, Félix
tout effrayé le renvoya en lui disant : Pour le moment va-t-en, et
quand j'enaurai la commodité je te rappellerai.— Drusille passait pour
la plus belle femme de son temps, mais non pour la plus chaste.
DUCS
Dan. 3, 2. 3., le
même mot qui est
ordinairement traduit par gouverneurs, Est. 3, 12. Esd. 5, 3. C'était
une charge d'administration, inférieure à celle des satrapes ; v.
Baillis. Le mot traduit par ducs, Gen. 36, 15. sq., signifie plutôt
chefs (de famille ou de tribus).
DUMA
(Silence), 1° ville
de la tribu de Juda, Jos.
15, 82. ; 2° peuplade arabe descendant d'Ismaël, Gen. 23, 14. Es. 21,
11. Le territoire qu'elle occupait est peut-être indiqué aujourd'hui
par une ville située dans la province de Nedschend, sur la frontière de
l'Arabie et du désert de Syrie, et qui porte le nom de
Dumath-Aldschandel.
DURA
Nom d'une plaine
de la Baby-lonie,
probablement même celle où la ville de Babylone était bâtie, Dan. 3,1.
Hérodot. 1, 178
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