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Les lettres de Clément de
Rome aux Corinthiens, qui font partie du Codex Alexandrinus, sont des
lettres essentielles de la tradition chrétienne primitive. De
nombreux témoignages attestent de l’authenticité de ces
dernières.
L’apôtre Paul est le
premier à faire l’éloge de Clément lorsqu’il affirme:
“Clément et mes autres compagnons dont les noms sont écrits dans
le livre de vie” (Philippiens 4,3).
Les écrits de Clément sont
cités dans l’ouvrage d’Irénée de Lyons “Contre les Hérésies”
(HE.3), lui-même un excellent témoin de l’authenticité et de la
fidélité du presbytre Clément.
Nombreux en fait sont les
auteurs primitifs qui mentionnent la fidélité et la respectabilité
de ce pasteur du Christianisme naissant qui reçut l’imposition des
mains directement des Apôtres.
Clément fut le troisième
responsable de l’église de Rome après Pierre. Sa première lettre
date des dernières années du règne de l’empereur Domitien qui
fut assassiné en l’an 96, soit seulement une trentaine d’années
après la grande persécution de Néron.
Phil. 4,3, Compagnon d'œuvre de saint Paul à Philippes, que Grotius
et Steiger supposent avoir été l'un des anciens de cette ville;
quoiqu'il soit inconnu, et que l'on ne puisse rien affirmer de
positif sur son compte, l'ancienne église paraît avoir regardé ce
Clément comme identique avec le Clément de Rome, connu par ses deux
lettres aux Corinthiens, et par la tradition qui en fait Je troisième
pape, successeur supposé de Linus et de Pierre, évèques supposés
d'une ville qui n'était rien dans le monde religieux d'alors. Ou
peut accepter cette identité, tout en se rappelant qu'il est arrivé
bien des fois que l'on a attribué à un personnage connu, divers
faits et gestes qui appartenaient à un personnage plus obscur, mais
du même nom.
Clément de Rome
Clément fut presbytre de l'église de Rome (40-101)
Irénée, nous apprend que Clément de Rome "avait connu saint
Pierre et saint Paul et s’était entretenu avec eux". Origène
le premier, fait l'amalgame de Clément de Rome avec le Clément que
saint Paul, dans sa lettre aux Philippiens, (4,3) s’est plu à
nommer parmi ses auxiliaires. Clément était de la race sénatoriale
et apparenté à la dynastie des Flaviens. - Pseudo-Clémentines.
Quelques critiques modernes ont même identifié Clément de Rome au
consul Titus Flavius Clemens, ce cousin de Domitien que l’empereur
fit exécuter pour cause d’athéisme, c’est-à-dire de
christianisme. Tertullien, et une bonne partie des Latins tiennent
Clément pour le successeur immédiat de saint Pierre à Rome,
Irénée, Jérôme, Epiphane, rangent avant lui Lin et Anaclet.
Augustin, assigne à Clément le troisième rang, de sorte que Lin
aurait succédé à saint Pierre, Clément à Lin, et Anaclet à
Clément. En fait d'aprés Rufin, Lin et Anaclet ont été nommés
presbytres du vivant même de saint Pierre, qui, absorbé par les
travaux de l’apostolat, se serait déchargé sur eux du soin
d’administrer l’Eglise de Rome; en sorte qu’il est exact de
dire à la fois que Lin et Anaclet ont été les prédécesseurs de
Clément et que celui-ci a été le successeur immédiat de Pierre.
Eusèbe, place la charge de Clément dans la dernière décade du Ier
siècle, de 92 à 101 Les Actes grecs du presbytre, qui relatent les
miracles qu'il aurait opérés, précisent que Clément fut relégué,
sous Trajan, au-delà du Pont-Euxin, dans une ville de la Chersonèse
Taurique, et plus tard, en punition du succès de son apostolat parmi
les condamnés aux mines, précipité dans la mer, une ancre au cou.
Il est indéniable que la tradition du martyre de saint Clément fut
trés tôt établie.
Les lettres de Clément de Rome aux Corinthiens
Clément rédigeât deux lettre destinées à l'église de Corinthe.
Cette église, particulièrement difficile, ne cessait de créer des
problèmes importants;
Une excellente version syriaque, conservée à la bibliothèque de
l’université de Cambridge, a été éditée à Cambridge en
1899Germain Morin a retrouvé, au séminaire de Namur, une traduction
de cette lettre en latin qui date du IIe siècle, et qui rend mot à
mot l'excellence du texte grec.
Suivant l’usage de cette époque, elle est écrite au nom de
l’Eglise toute entière et adressée à l’Eglise de Corinthe,
envisagée de la même façon collective.
La lettre fut écrite au sortir d’une persécution de l’Eglise de
Rome. Tout comme Eusèbe, Hégésippe, le plus vieil historien de
l’Eglise, place cette lettre vers la fin du règne de Domitien.
Tout s’accorde avec ces données pour placerla composition de cette
lettre à la dernière année du règne de Domitien, ou au début du
règne de Nerva, 96-98
De nouveaux troubles avaient éclatés dans l’Eglise de Corinthe;
des membres du collège presbytéral avaient été déposés.
L’Eglise de Rome, instruite de ces troubles, jugea de son devoir
d’intervenir. Elle fit partir pour Corinthe deux de ses membres,
Claudius Ephebus et Valerius Vito, avec Fortunatus, un Corinthien,
porteurs de la lettre qui est d’un bout à l’autre une
exhortation à la paix.
On y distingue deux parties, la première dépeint l’ancienne
prospérité de l’Eglise de Corinthe et l’état déplorable où
ses dissensions l’ont réduite.
Clément, prévient contre l’envie et la jalousie. Il rappelle
l’obligation de la pénitence, recommande énergiquement
l’humilité, la soumission, et, d’une façon générale, la
pratique de toutes les vertus chrétiennes. Partout il emprunte à
l’Ancien Testament des exemples ou des figures de ces vertus.
Dans la seconde partie, l’auteur met en relief l’institution
divine de la hiérarchie ecclésiastique et le précepte de
l’obéissance à l’autorité légitime de l’Eglise. Il adjure
tous les fidèles de s’aimer, et aux fauteurs des désordres de se
repentir et de se soumettre. Il résume enfin les traits essentiels
de sa lettre, recommande ses envoyés à la bienveillance des
Corinthiens, exprime l’espoir de voir bientôt la paix refleurir
dans l’Eglise de Corinthe.
Eusèbe, nous fait connaître que l'église se releva un temps et
suivit les conseils donnés.
Ecrite d’un style clair, simple et grave, tout à fait en rapport
avec le sujet, empreinte à la fois d’onction et de fermeté, d’une
bonté paternelle et de ce sens du pouvoir qui était le caractère
distinctif de l’ancienne Rome, la lettre aux Corinthiens est un
modèle d’éloquence pastorale. Aussi, à peine a-t-elle paru qu’on
la voit entourée dans l’Asie Mineure et dans l’Egypte d’un
éclatant prestige.
La lettre reflète la connaissance des hommes, l’habileté à
corriger les esprits et les cœurs, l’art de la composition et une
rare culture intellectuelle.
Partant, des vérités de la foi elle s'appuie sur les vérités de
la foi ses leçons et ses exhortations, qui toutes vont ramener les
Corinthiens à l’obéissance de leurs pasteurs légitimes, et, en
dernière analyse, à la soumission aux vouloirs divins. Elle en
appelle aux dogmes de l’unité et de l’infinité de Dieu, à ceux
de la création, de la trinité, de l’incarnation, de la
rédemption, de la grâce et de l’Eglise. En sorte qu'elle nous
offre un tableau des croyances chrétiennes vers la fin du Ier
siècle.
Nulle préoccupation chez l’écrivain, soit de dire du neuf, soit
d’imposer aux Corinthiens ses idées personnelles. Clément n’est
pas un homme de parti non plus qu’un novateur. Il ne puise qu’aux
deux sources authentiques et surnaturelles de l’Ecriture et de la
tradition; toutefois, par un contraste frappant avec saint Ignace et
saint Polycarpe, pénétrés l’un et l’autre des pensées, des
figures, des expressions du Nouveau Testament, c’est dans l’Ancien
de préférence que Clément puise à pleines mains. La lettre de
Clément n’est que le miroir et l’écho de l’enseignement des
apôtres.
Clément fait ressortir les principaux attributs de Dieu, sa bonté,
sa miséricorde, sa puissance créatrice; c’est un Dieu prodigue de
son amour et de ses bienfaits, en même temps qu’un maître. Non
content de combler l’homme de ses dons, il prépare aux justes une
récompense qui sera un épanouissement des biens de la grâce. Avec
saint Pierre et saint Paul, les justes iront après la mort dans
le lieu saint, et leurs mérites seront manifestés au jour du
jugement. Les corps mêmes ressusciteront au dernier jour. Clément
fait voir dans les phénomènes de la nature plus d’un symbole de
la résurrection de la chair, dans l’exemple de Jésus-Christ,
notre chef, un clair présage, dans la parole de Dieu, un sûr
garant.
Le sang de Jésus-Christ, rançon du genre humain, mérite à tous
ceux et à ceux-là seuls qui ne le rejettent pas, le pardon des
péchés, la sainteté, l’amitié de Dieu.
Il faut être soumis aux prêtres; ils sont les chefs, les guides des
âmes. Il faut les honorer au lieu de les priver sans raison de
l’exercice de leur charge, comme ont fait les Corinthiens. C’est
l’envie qui a produit chez eux les dissentiments, Point de division
dans le corps du Christ. L’obéissance et la charité, s’imposent
à tout chrétien.
L’intervention de la communauté romaine dans les troubles de
Corinthe atteste enfin la notoriété de l’Eglise de Rome.
La seconde lettre Un original ?
Dans les manuscrits de la Bible, tels que l’Alexandrinus, et
l’usage de la lire dans les églises. Les critiques modernes, sauf
toutefois Mgr Bryennios et M. Nirschl, Patrologie, Mayence, 1881, t.
I, p. 70, en rejettent unanimement l’authenticité. Le fait que les
anciens, pour parler avec Eusèbe, n’ont pas connu la IIa
Clementis, le contraste saisissant du style lourd et embarrassé de
l’opuscule avec le style du pape saint Clément, les citations
empruntées par l’auteur à l’Evangile des Egyptiens, et
l’allusion, aux théories gnostiques qui niaient la résurrection
de la chair, tout concourt à désavouer la paternité littéraire de
Clément de Rome et à porter la date de l’homélie vers le milieu
de IIe siècle, où même un peu plus bas.
La IIa Clementis, en effet, s’ouvre par une affirmation énergique
de la divinité de Jésus-Christ, et indique au passage sa double
nature, Jésus-Christ, envoyé aux hommes par le " le seul Dieu
invisible ", est le Sauveur du monde, il a beaucoup souffert
pour nous. Il nous a fait connaître " le Père de la vérité
",et nous a procuré l’immortalité.
On rencontre aussi deux fois le nom du Saint-Esprit. L’auteur,
après Hermas, mixe le Saint-Esprit et le Christ.
Aux côtés de Jésus-Christ nous apercevons l’Eglise, qui est
'l’Eve', l’épouse, la chair du Christ.
Eglise une, devenue visible de spirituelle et invisible qu’elle
était d’abord. En représentant le Christ et l’Eglise comme deux
éons célestes, et leurs rapports comme des rapports de sexe,
l’homéliste a parlé peut-être la langue de l’école de
Valentin, pour payer son tribut à la mode du temps. Il nomme le
baptême d’un nom assez rare, un sceau, qu’on doit conserver pur
et immaculé afin d’obtenir la vie éternelle et d’éviter
l’enfer. On le garde en observant les commandements de Dieu. Il
n’est fait mention que des presbytres.
Enfin, l’eschatologie de la IIa Clementis affirme la croyance
millénariste, l’imminence de la manifestation de Dieu, quoique le
jour nous en demeure incertain; dans la proclamation du dogme de la
résurrection de la chair, la foi à l’éternité de l’enfer,
aussi bien que l’éternité de la béatitude céleste.
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